par Havelock » Mar 13 Avr 2004 - 17:03 Sujet: Re: Mic Mac sur Coruscant
MIC MAC SUR CORUSCANT
EPOQUE : Ancienne République, peu de temps avant l’avènement de l’Empire.
CHAPITRE UN
Accoudés au bastingage du vaisseau, Pinto Block, Berphys Anastasius et moi-même, autrement dit Havelock Bench le valeureux, nous regardons mélancoliquement le quai de débarquement de l’immense station spatiale qui dessert Coruscant.
Le luxueux vaisseau de ligne qui rallie notre terre natale, Corellia, à la ville-planète, siège du sénat, a fait le voyage en cinq jours. Long de presque deux kilomètres et pouvant accueillir cinq mille passagers, le vaisseau de construction Haj, comprend tout le confort qu’un être civilisé peut espérer. Pourtant nous sommes bel et bien en mission pour la CorSec.
La CorSec, ignares que vous êtes, est la force de sécurité Corelliene. Dirigée directement par le gouvernement Corellien, elle a pour but de démasquer les organisations criminelles et œuvre dans le contre-espionnage et la protection de personnalités. Mes deux acolytes et moi-même en sommes parmi les plus éminents spécimens. Que l’orgueil m’étouffe si je ne dis pas la vérité !
Mais revenons à notre sujet.
Sur le quai de débarquement se presse une foule qu’un auteur plus confirmé que moi qualifierait certainement de bigarrée mais qui, en tout état de cause, est sans conteste nombreuse !
Dans l’immense hall des gens se congratulent avec des effusions humides.
Les passagers du vaisseau sont presque tous descendus. Pourtant quelques-uns sont encore aux prises avec les forces de la sécurité de Coruscant
Les opérations de débarquement sont longues sur la ville-planète. Les douaniers et les régulateurs de l’immigration font du zèle. On vous cloque des numéros, on vous tamponne, on vous composte, on vous interroge et pour finir une armée de droïds médicaux vous examinent. Bref c’est du sérieux. Les passagers sont ensuite transférés au Spatioport dans de petites navettes.
Berphys-le-valeureux (autrement nommé le gros, l’enflure ou tout simplement Berp, pour les intimes), mon très cher compagnon donc, émet un bâillement à côté duquel la gueule du sarlacc n’est qu’un trou de scurrier. Cette opération me permet une vue panoramique sur ses amygdales qu’il a spongieuses et violacées.
--- Combien de temps qu’on va avoir à attendre ici ? s’enquiert-il dans son basic plus qu’approximatif.
--- Je ne sais pas. On attend d’être contacté.
Berphys saisi un poil de son nez, l’arrache d’un coup sec, essuie les larmes résultant de l’opération, et mire le poil avec attention.
--- Mets-le de côté, conseillais-je. Quand tu en auras assez, tu pourras te confectionner un chouette pinceau. Paraît que les poils de bantha, c’est l’idéal pour la peinture ! Tu sais dès fois je m’demande si t’es vraiment un humain…
Il ne réagit pas et laisse tomber son poil dans la moquette épaisse.
--- Ce voyage me fait tarir, affirme le Gros avec une brusque véhémence.
--- Pourtant il est couronné de succès, fais-je observer.
--- Il aurait pu l’être d’épines, renchérit Pinto qui ne manque jamais l’occasion d’étaler la profondeur insondable de sa connerie.
Il faut dire qu’effectivement notre mission était terminée. Nous avions durant ces cinq jours de voyage, en outre des nombreuses cuites prises au bar du vaisseau, réussit à mettre la main sur les plans des nouveaux vaisseaux de la Corporation Technique Corellienne, qui avaient été dérobés par une organisation du crime très organisée. La jeune Twi’lek qui gardait les plans avait préféré combattre jusqu'à la mort plutôt qu’être prise en vie.
Nous en sommes là de nos pertinents échanges de points de vue, lorsqu’un droïd de protocole en grande tenue vient nous quérir de la part du commandant.
Intrigués nous lui filons le train jusqu'à la cabine du seul maître à bord. Le Droïd frappe, nous annonce, et s’efface dans un grincement de rouage pour nous laisser entrer.
La pièce est grande pour une cabine. C’est un burlingue luxueux avec des meubles d’essences rares, un bar bien achalandé, des fauteuils profonds comme des tombeaux et une baie vitrée ouvrant sur les ténèbres spatiales.
Le commandant est là, dans sa tenue numéro un, l’air distingué. Très Corellien, très prestigieux… Il se trouve à côté d’un homme balancé comme un cargo stellaire, avec une mâchoire carrée, des yeux de porcelaine bleue et un uniforme sombre de la sécurité Sénatoriale. Il nous regarde entrer d’un œil aussi acéré qu’une vibrolame. On dirait qu’il rumine une sombre rancœur car ses maxillaires ont un léger mouvement de bielles, mais en y regardant de plus près je constate qu’il mâche une chique de tabac.
Le commandant nous salue.
--- Commissaire, me dit-il, permettez-moi de vous présenter un de vos collègues de Coruscant, l’inspecteur Olandy qui a une communication de la plus haute importance à vous faire de la part de vos supérieurs.
--- Comment allez-vous ? Eructe l’indigène en avançant vers moi une paluche qui flanquerait la pétoche à un rancor fou furieux.
Je lui réponds que ça boume, bien que mon cor au pied me fasse un peu souffrir, et je confie ma dextre aristocratique aux deux kilos de viande qu’il brandit devant moi.
Il m’écrase quatre phalanges, procède de même avec mes valeureux collaborateurs lorsque je les lui présente.
Le commandant met les adjas en nous assurant que nous pouvons user de son bureau aussi longtemps que ce sera nécessaire.
Nous voici donc entre flics. Le Coruscant s’anime.
--- Votre chef s’est mis en rapport avec le mien pour l’affaire qui vous a fait monter sur ce vaisseau.
--- Alors ?
--- Il dit que les plans volés sur Corellia venaient ici, mais que vous avez pu les intercepter avant le débarquement. Exact ?
--- Oui. Ils sont actuellement dans le coffre fort du commandant !
--- Bravo !
--- Trop aimable.
--- Seulement mon chef est très curieux de savoir à qui ils étaient destinés ici, vous comprenez ?
--- O.K.
--- Il a demandé à votre chef de vous permettre d’enquêter avec nous car vous aviez débuté l’affaire. Comprenez-vous ?
--- Tu parles, mon pôte !
Il acquiesce.
--- Bien. Il est possible que nous découvrions un gros réseau d’espionnage.
Le gnace sort de ses profondes une grosse enveloppe.
--- Voici trois permis de séjour d’un mois. Et deux mille crédits.
J’enfouille le tout. Berphys en glousse d’aise. Il va enfin pouvoir visiter Coruscant
--- Maintenant mon adresse, déclare l’autre en me tendant un databloc et un comlink. Vous appelez mon service à n’importe quelle heure. D’accord ?
--- Très bien, merci !
Je suis un peu commotionné par la tournure des événements. Pas mécontent du tout, je vous prie de le croire. Moi qui pensais rentrer illico dans mes pénates !
Olandy me tend à nouveau son broyeur, mais je prends les devants cette fois et c’est moi qui lui fais un consommé de cartilages.
Il ne sourcille pas et quitte la cabine après avoir administré dans le dos de Pinto une tape cordiale qui décroche le poumon gauche de mon estimable comparse.
Nous nous regardons.
--- Ca se corse, lance Berphys en se massant l’abdomen. On va pouvoir déhotter de ce barlu et visiter le patelin.
--- Oui mais dans quelles conditions, Gros ! Nous voilà chargé d’enquêter dans une immense ville-planète dont nous ne connaissons rien !
--- T’inquiète pas affirme le mastodonte, très optimiste. On ne connaît pas les lieux, mais on connaît le système D ! Allez, caltons, je commence à avoir des fourmis dans les tiges !
Un tas de gens prétendent se rappeler leurs vies passées. Je prétends, moi, me rappeler une autre vie présente.
(Philip K. Dick)