C'est lu !
Sana Starros (Sana Starros #01 à 05), par Justina Ireland et Pere Pérez
Après la rupture (provisoire?) de trop (?) avec une certaine archéologue, Sana Starros décide de rendre visite aux siens, histoire de décompresser et de se ressourcer un peu. Mais la famille Starros est loin d’être aussi apaisée qu’on pourrait le croire, et Sana a peut-être, entre tous, le mode de vie le plus sain ! Et lorsque sa cousine enceinte se fait plus ou moins enlever par son mari, officier Impérial, Sana et les femmes de la famille vont tout risquer pour la sauver. Quitte à s’attirer davantage d’ennuis ?
J’étais quelque peu sceptique à l’annonce de cette mini-série car, finalement, si Sana Starros gravite dans les comics Star Wars depuis bientôt 7 ans, elle n’a le plus souvent (toujours?) été qu’un rôle secondaire, subissant davantage les situations que les provoquant ou tentant de rattraper les erreurs des autres. De fausse ex-femme de Han Solo, le personnage a assez vite évolué en véritable ex du Docteur Aphra, migrant de la série-mère vers celle consacrée à l’archéologue, sans finalement qu’elle soit finalement beaucoup plus développée que cela, jouant le rôle de l’acolyte raisonnable face à une Aphra provoquant plus ou moins volontairement des situations catastrophiques. L’annonce de cette mini-série a donc permis d’imaginer un développement net du personnage, de sa famille, de son passé. Et là, pour le coup, j’ai été servi.
A ce titre, le premier numéro est une véritable réussite. Sana « vit » enfin, a de la place pour elle, retourne auprès de ses proches, nous en apprend davantage sur eux, et c’est une véritable famille qu’on découvre petit à petit au fil des pages. Et alors, révélation suprême qui ne concerne que moi, c’est que grâce à cette mini-série, j’ai enfin percuté qu’Avon et Ghira Starros de l’ère de la Haute République sont… des Starros, et pas des Aphra. Je me suis fait un mic-mac cérébral dans la Phase et je m’étais convaincu qu’Avon Starros était en fait l’ancêtre d’Aphra. N’importe quoi, donc, mais du coup, la lecture de cette mini m’a remis les idées en place !
Et après ce premier numéro qui lance définitivement la mini-série… les choses ralentissent un peu. C’est là qu’on retrouve Justina Ireland, qui va nous faire revenir l’une de ses créations, Deva Lompop, pour un résultat qui détonne un peu avec ce qu’on avait déjà vu du personnage dans
War of the Bounty Hunters, à coup de références à Hynestia, à Dalna, bref aux précédents écrits de la scénariste, le tout sous fond de course-poursuite, de capture de membres de la famille, de comptes à régler, de services à rendre, ce qui fait qu’au final… Sana reste une fois de plus celle qui semble la plus raisonnable du lot, donnant presque l’impression de subir les événements. Qui est véritablement Sana Starros ? A cette question, la mini-série semble avoir bien du mal à répondre. Le lecteur, comme Sana, est embarqué dans un rythme de péripéties, de retournements de situation, de découvertes, ce qui fait que la mini-série est un
page-turner efficace mais qui a du mal à convaincre lorsqu’on réfléchit davantage à ce qu’on lit, notamment sur la figure des antagonistes. Ce qui est tout de même problématique...
Alors oui : avec une famille de femmes noires dont l’une d’elle est mariée à un officier supérieur Impérial blanc, difficile de ne pas faire de lien avec le mouvement Black Lives Matter aux USA notamment. Sauf que… dans la galaxie Star Wars, le racisme semble inexistant, et il n’est à aucun moment sous-entendu quoi que ce soit de ce genre dans la mini. On s’attardera donc davantage sur le contexte des violences faites aux femmes, avec un époux qu’on nous montre un peu, mais qu’on devine surtout, violent envers Aryssha, la cousine de Sana. Ça de quoi intéresser, d’autant plus que ça a été finalement rarement traité dans la licence ! Mais le problème… c’est qu’on ne croit pas à ce couple, à cette relation. Aryssha déteste son mari, et ne se prive pas de le faire savoir. A aucun moment, on n’a droit à un flash-back, une explication, quelque chose qui expliquerait pourquoi ces deux-là sont tombés amoureux, s’ils ont jamais été amoureux, tout au plus une phrase nous dira que le jeune femme aime les défis, et basta.
D’autant plus que Cerasus Ehllo (« dont le père connaît l’Empereur ! ») aligne toutes les cases du cliché de l’officier Impérial : imbu de sa personne, arrogant, antipathique, fier comme un coq de son nom de famille, légèrement bedonnant, il n’a rien pour lui, ce qui fait d’autant plus se poser des questions au lecteur : pourquoi ? D’où vient cette relation ? Justina Ireland aurait pu nuancer le personnage, elle ne le fera pas. Elle aurait pu imaginer une magouille en lien avec le
McGuffin, mais en fait non. On est avec ce postulat de départ, mais qui n’est pas crédible, d’autant plus vu les personnalités des femmes de la famille Starros. Et c’est sans compter le frère jumeau (!) de Sana, régulièrement mentionné dans les trois premiers épisodes et qui apparaît assez tardivement sans laisser de marque particulière au lecteur. Une ligne de dialogue, cependant, semble indiquer que quelque chose ne tourne pas rond, ce qui fait qu’on se pose des questions, mais de bonnes questions ici. Encore que, Sana ne sortant pas grandi ce qu’on semble découvrir…
Aux dessins, Pere Pérez fournit un très bon travail. C’est dynamique, bien réhaussé par une colorisation très efficace (il faut dire qu’ils s’y sont mis à trois!), d’autant plus qu’il n’y a aucun personnage iconique de la saga, et que si Sana est bien appropriée par le dessinateur, toutes les femmes du clan Starros sont immédiatement reconnaissables et, surtout, leurs âges respectifs sont visibles. Rien que sur la couverture, cela se voit. C’est du bon boulot !
En fait, on sent presque que cette mini-série est un peu trop conçue comme une première mini-série. Efficace, rythmée, mettant en vedette des personnages essentiellement inconnus, la mini-série appelle une suite, sous une forme ou une autre. J’espère personnellement qu’elle se concrétisera et permettra ainsi à Justina Ireland de corriger les quelques défauts qui m’ont tout de même gêné à la lecture !
Note : 75 %