Bonne lecture!
Végétalis
Nombre de chapitres prévus: une dizaine
Résumé: Pendant la Guerre des Clones, Plo-Koon et le Wolfpack sont envoyés en mission pour détruire une base séparatiste.
Style: Hurt/comfort
Chapitre 1
« Nous avons été envoyés sur Nabta car les Séparatistes viennent d’y établir une base, déclara Plo-Koon. Elle doit impérativement être détruite au plus vite: nous ne sommes qu’à trois jours de Coruscant, et nous ne pouvons pas laisser notre ennemi aussi proche du coeur de la République. »
Autour de lui, les clones hochèrent gravement la tête.
« Comme vous avez pu le remarquer en arrivant, reprit Plo-Koon, des perturbations électromagnétiques surviennent la nuit et brouillent tous les instruments de relevés. Cela a permis à notre transporteur de se mettre en orbite sans être repéré, puis nous avons pu discrètement poser nos appareils dans cette forêt. Je vous savais suffisamment bons pilotes pour réussir cette opération sans relevés, et avec une faible visibilité. »
Plo-Koon perçut une vague de fierté émaner de ses hommes, et quelques-uns se permirent un petit sourire de remerciement.
« Nous attaquerons demain matin, c’est-à-dire dans trois heures: les nuits sont courtes sur cette planète. Puis nous retrouverons notre transporteur qui nous déposera à Coruscant. Nos chasseurs ont besoin d’un bon check-up… et vous avez bien mérité quelques jours de repos! »
Cette fois-ci, aucun clone ne put s’empêcher de sourire.
« -Merci, mon général, dit Wolffe, parlant pour ses hommes. Nous nous montrerons dignes de cette faveur.
- J’en suis sûr, commandant », répondit Plo-Koon en souriant à son tour à travers son masque.
Ils prirent leur dîner dans une ambiance plus informelle, assis par terre, entourés de leurs chasseurs. Ils avaient atterri au milieu d’une forêt au sol nu, hormis les buissons touffus qui poussaient au pied des arbres gigantesques. La nuit était chaude, le ciel était clair, et aucune espèce agressive n’avait été répertoriée dans ce secteur de Nabta.
Plo-Koon mangeait paisiblement, écoutant les discussions de ses hommes. Au début, le voir retenir sa respiration et soulever légèrement son masque pour prendre une bouchée avait été un spectacle que les clones avaient découvert avec curiosité, le plus discrètement possible (mais pas suffisamment pour échapper au Jedi), plongeant le nez dans leurs rations et jetant des coups d’oeil furtifs au Kel Dor. Celui-ci ne s’en était pas formalisé, et avait prétendu ne rien remarquer: il fallait bien que ses hommes et lui apprennent à se connaître, et les contraintes de son masque en faisait partie.
A présent, les clones n’y prêtaient même plus attention.
« -Une fois à Coruscant, j’irai visiter le conservatoire animalier, dit Comet en piquant dans sa ration avec sa fourchette. Il paraît qu’il y a un targon, j’aimerais bien voir ça. Qui voudra venir avec moi?
-Tu perdras ton temps, répliqua Sinker la bouche pleine, il y a bien mieux à faire! Moi, je me rendrai dans le premier bar venu et je commanderai une coru-glacière!
-Ca ne m’étonne pas de toi, j’ai vu ta tête quand le pilote du transporteur en a parlé, dit Wolffe en riant. Tu es toujours prêt à goûter toutes les nouveautés qui te tombent sous la main. »
Comet se tourna vers Plo-Koon.
« -Et vous, mon général? Est-il indiscret de vous demander où vous passerez votre temps libre? Si vous voulez vous joindre à l’un de nous, je crois que ça ne déplairait à personne.
-Merci, Comet, mais je ne pense pas que je ferais un bon compagnon, répondit Plo-Koon en souriant. Je n’apprécie pas beaucoup de voir des êtres vivants en captivité, même s’ils sont bien traités. Et les Jedi ne prennent pas d’alcool. Non, ne faites pas cette tête! Il ne s’agit pas d’une interdiction sans fondement. L’alcool, comme les anti-douleurs, brouille notre relation avec la Force. »
Les clones l’écoutèrent gravement, comme chaque fois qu’il parlait de la Force. Ses hommes avaient conscience qu’ils ne pouvaient pas y comprendre grand-chose, mais respectaient infiniment sa condition de Jedi.
« -Mais alors, demanda timidement Sinker, comment faites-vous quand vous êtes blessés ou malades?
-Se relier à la Force aide beaucoup à diminuer les sensations d’inconfort et de douleur, répondit Plo-Koon. Cela demande des années d’entraînement, mais nous préférons largement conserver cette relation, plutôt que la supprimer avec des antalgiques. »
Sinker hocha pensivement la tête, et le silence s’établit. Le dîner touchait à sa fin. Plo-Koon comprit que ses hommes n’oseraient plus aborder de sujets plus légers, et il se leva.
« Je vous propose de vérifier une dernière fois vos appareils, puis de vous reposer un peu. Je vous réveillerai avant le lever du soleil, pour que nous puissions atteindre la base avant que les capteurs ne nous repèrent. »
Les soldats s’éloignèrent pour inspecter rapidement leurs vaisseaux. Ces derniers avaient été minutieusement inspectés avant leur arrivée, mais Wolffe les avaient habitués à ce rituel, comme pour les préparer à l’action.
Plo-Koon ouvrit son esprit aux variations de la force et fit lentement le tour du campement sommaire. Le Kel Dor percevait nettement les émotions de chacun de ses hommes, mais refusa délicatement d’y porter attention de manière individuelle. Il préféra s’arrêter à une impression globale, où se mêlaient l’excitation et l’appréhension envers la mission, ainsi que l’impatience du séjour à Coruscant.
Trois fois, il sentit que l’un d’eux le regardait à la dérobée, mais feignit de ne rien remarquer. Chaque fois, il perçut les même sentiments: gratitude, obéissance admirative, mais aussi une sorte d’affection un peu timide.
Pour la énième fois, il se demanda si son comportement envers eux était le bon. Certes, il ne faisait qu’obéir au code des Jedi, qui exigeait la compassion envers toute forme de vie, mais l’étrange tendresse qu’il ressentait de plus en plus envers les clones sous son commandement risquait peut-être, à la longue, de brouiller son objectivité…
Il faudrait qu’il prenne le temps de méditer là-dessus. Mais cela devrait attendre Coruscant.
Son attention se détourna de ses hommes et se concentra sur la forêt alentour. Il ne ressentit aucune menace, hormis celle, très lointaine, de la base des Séparatistes. En revanche…
« -Y a-t-il un danger, mon général? demandant Wolffe en le voyant s’immobiliser, tourné vers la forêt.
-Non, commandant, tout va bien, répondit le Kel Dor. Mais je perçois une grande émanation de la Force autour de nous, venant spécialement des buissons au sol. Par précaution, pourriez-vous aller dire à vos hommes de ne pas y toucher, ni de les abîmer? Je ne sais pas de quoi il s’agit, et je n’ai pas le temps d’étudier ce phénomène. Cependant, je ne ressens aucune obscurité, et cela ne devrait pas influencer notre mission. Ensuite, allez dormir, Wolffe! Je vais veiller.
-Bien, mon général », répondit le clone avant de s’éloigner.
Plo-Koon lança un dernier regard à la forêt, et relâcha dans la Force sa frustration de ne pas bénéficier de davantage de temps. Il alla s’asseoir contre son chasseur, resserra son manteau autour de lui, ferma les yeux et commença une méditation qui, au petit matin, lui permettrait d’aiguiser ses sens et la vitesse de ses réflexes.
Dans un parfait ensemble, les chasseurs survolèrent la base, la frôlant presque, pis virèrent tandis que les structures métalliques explosaient et s’effondraient sous l’effet des missiles.
« -Bien joué, les gars, dit Wolffe par radio. Mais ouvrez l’oeil, j’ai aperçu des vaisseaux séparatistes quitter la base juste avant notre arrivée. Rest à savoir s’ils choisiront de quitter la planète ou de nous combattre.
-Ils sont six à nous suivre, sur notre gauche, commandant, avertit Plo-Koon, dans le chasseur juste derrière. Ils ont activé leurs boucliers anti-vue, mais je les sens grâce à la Force. Ils devront les désactiver juste avant de tirer.
-Alors, manoeuvre Spirale immédiate », annonça Wolffe.
C’étai Plo-Koon qui avait mis cette tactique au point: les pilotes s’associaient deux par deux et se protégeaient l’un l’autre, tandis que Wolffe, couvert par Plo-Koon, s’occupait de détruire les chasseurs ennemis. Quand le Kel-Dor avait expliqué cette manoeuvre, les clones n’avaient pas manqué de faire remarquer que cela le laissait sans protection. Plo-Koon, qui s’était attendu à cette réaction, leur avait répondu que c’était le meilleur moyen de se débarrasser rapidement des ennemis avec un risque minimal de pertes, et que, de plus, la Force lui permettrait de détecter plus facilement une éventuelle menace.
Cela fonctionna bien au début. Wolffe abattit rapidement deux chasseurs, mais six autres surgirent par derrière, et le Wolffepack se retrouva en surnombre. Les séparatistes, qui apparemment avaient compris leur tactique, utilisèrent la même, restant groupés pour se protéger les uns les autres, et visant principalement Wolffe et Plo-Koon.
Attentif à suivre le commandant, qui multipliait les feintes et les manoeuvres osées, Plo-Koon aperçut du coin de l’oeil l’un de leurs appareils prendre feu et disparaître en piqué. Il se força à rester concentré sur sa tâche, et aperçut deux missiles séparatistes foncer sur Wolffe. Le Kel-Dor fit appel à la Force et tira à son tour. Sa torpille alla heurter l’un des tirs ennemis, le faisant exploser avant l’impact; mais Plo-Koon n’eut pas le temps de tirer une seconde fois. Presque instinctivement, il fit la seule chose qui lui restait à faire, et vint se placer entre Wolffe et le missile. Il se força à ignorer l’avertissement de la Force, juste avant de ressentir un choc terrible dans son aile droite, et partit en vrilles incontrôlables. Les yeux fixés sur la cime des arbres, déjà trop proche, il défit les sangles de son siège et appuya sur le bouton d’évacuation d’urgence. Il eut le temps de penser que l’appareil tombé avant lui était celui de Beaver, puis quelque chose le heurta à la tête et il perdit connaissance.
Chapitre 2
Quand Plo-Koon ouvrit les yeux, la luminosité commençait déjà à baisser. Après le fracas du combat, la forêt semblait étrangement silencieuse.
Il gisait sur le flanc, adossé à un tronc d’arbre, au milieu des buissons qui le recouvraient à moitié. Il ne percevait aucune autre présence autour de lui… ah, si: quelque part sur sa droite, une présence floue dans la Force. Beaver.
Il tenta de se redresser, et se laissa retomber avec un grognement quand une violente douleur lui laboura le côté. Par réflexe, il relâcha la douleur dans la Force…ou essaya, en tout cas, car il n’y parvint presque pas.
S’efforçant d’ignorer l’inquiétude qui montait en lui, il contraignit son esprit brouillé à réfléchir. Le soir tombait, et il ne lui restait plus beaucoup de temps avant que le rayonnement de la planète ne l’empêche de communiquer avec ses hommes. C’était le plus urgent -plus encore que de rejoindre Beaver.
A tâtons, il porta la main à sa ceinture et trouva son communicateur. Il sentait ses forces décroître rapidement, et se contenta d’activer le signal de détresse. Puis son attention se tourna vers Beaver.
Il fit appel à la Force, mais le surcroît d’énergie qu’il obtint se dissipa presque aussitôt. Il comprit d’un coup, et se mit à ramper fébrilement: c’était les plantes qui, de même qu’elles se nourrissaient de la terre qui les portait, absorbaient la Force à leur portée.
Quand il se fut enfin dégagé, hors d’haleine et couvert de sueur, sa relation avec la Force avait cessé de diminuer. Il prit un instant pour évaluer son état. Hormis des écorchures un peu partout, une longue plaie traversait sa poitrine et la moitié de son abdomen, et saignait lentement. Sans ses pleines facultés d’accéder à la Force, le Kel-Dor était incapable de savoir plus précisément la gravité de ses blessures, ni de pouvoir les guérir.
Il releva la tête. Dans la lumière mourante, il distinguait la silhouette de son vaisseau, d’où s’échappait une fumée plus noire que les ténèbres. Il s’était écrasé juste à côté de celui de Beaver. Si Plo-Koon avait voulu atterrir pour lui porter secours, il n’aurait pas choisi un meilleur endroit. Il remercia silencieusement la Force, puis se leva péniblement et tituba vers le clone.
Beaver était étendu sur le dos, à quelques mètres de son appareil. Plo-Koon le percevait à peine dans la Force, mais il n’en avait pas besoin: la flaque sombre qui s’étendait lentement sous le clone était suffisamment parlante.
Le Kel-Dor ne gaspilla pas ses faibles capacités de guérison. Il s’agenouilla maladroitement à côté de Beaver, posa une main sur son front et lui envoya des ondes de paix et de réconfort. Même s’il avait disposé de toute sa puissance, plus rien ne pouvait sauver le clone.
Celui-ci remua et ouvrit péniblement les yeux. Il parvint à esquisser un sourire en reconnaissant son général. Il bougea les lèvres, mais sa respiration laborieuse l’empêcha de parler. Plo-Koon ferma les yeux et se concentra, lisant directement dans l’esprit de Beaver.
Rien ne l’avait préparé à ce qu’il perçut au milieu de la douleur et de la confusion.
Buir. Merci.
Puis ce fut tout.
Plo-Koon fut pris de vertiges, incapable de gérer les émotions qui tourbillonnaient brusquement en lui. Ce n’était pas la première fois qu’il perdait un homme, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles. Et cette affection mêlée de reconnaissance qu’il avait sentie… Qu’avait-il fait pour la mériter? Avait-il eu un comportement trop amical envers Beaver? Et les autres membres du Wolfpack avaient-ils la même vision des choses?
Avec effort, il repoussa ces questions sans réponse. Il lui fallait faire ce qu’il devait à l’instant présent. Beaver méritait l’adieu traditionnel de ses frères, que ceux-ci ne seraient peut-être pas en mesure de lui donner.
Le Kel-Dor se recueillit de son mieux dans la Force, où la présence de Beaver venait de se fondre, avant de fermer les yeux du clone d’une main tremblante. Puis il se pencha en avant. Son front se posa sur celui de Beaver.
« Repose en paix… »
Il hésita.
« …Beaver. »
Il se redressa, étrangement calme, comme si un vide s’était fait en lui. La nuit était si noire qu’il ne distinguait presque plus les arbres autour de lui.
La douleur sourde de son côté le guida vers ce qu’il devait faire à présent. Presque à contrecoeur, il s’assit le moins inconfortablement possible et ferma les yeux. Si son lien avec la Force avait cessé de diminuer, il était bien loin d’avoir retrouvé sa puissance initiale. La Force n’était plus qu’une faible lueur, comme une bougie qui brillait à grande distance. Avant de faire appel à son énergie guérissante, Plo-Koon étendit sa conscience autour de lui: savoir que le Wolfpack avait reçu son signal le réconforterait.
Effectivement, il perçut des présences s’approcher; mais il se leva en chancelant et saisit son sabre laser. Bientôt, le pas cadencé de droïdes résonna dans la forêt.
Chapitre 3
Les premiers tirs qui rompirent le silence le firent presque sursauter. Instinctivement, il leva vivement son sabre et les para. Les tirs suivants subirent le même sort, et quelques-uns touchèrent des droïdes qui s’effondrèrent dans un nuage d’étincelles. Plo-Koon songea que, même sans la Force, ses nombreuses années d’entraînement lui donnaient une agilité et une vitesse impressionnantes.
Cependant, son expérience et son courage étaient insuffisants face au feu nourri des droïdes. Il était épuisé, et sa blessure limitait ses mouvements. Un tir le toucha à la cuisse, et il tomba à genoux avec un cri sourd.
S’appuyant sur une main, il para encore quelques tirs, puis l’un d’eux lui traversa l’épaule. Il lâcha son sabre tandis que la violence du choc le projetait en arrière, et il tomba sur le dos.
Les tirs cessèrent brusquement. Curieusement, il se sentait en paix. Il s’était battu jusqu’au bout. Maître Tyvokka serait sans doute fier de lui. Les yeux fixés sur le ciel étoilé entre le feuillage sombre des arbres, il se réjouissait d’être bientôt uni à la Force alors qu’il la percevait si peu à présent. « Pourvu qu’ils ne profanent pas le corps de Beaver » fut sa seule inquiétude, mais cela ne dépendait plus de lui.
Un cliquetis métallique s’approcha de lui, le sortant brutalement de ses pensées. Les droïdes s’approchaient pour analyser la situation. Rassemblant ses dernières forces, Plo-Koon balaya l’air de son bras valide. Sous l’attaque des griffes meurtrières, un droïde tomba, les jambes fauchées.
Plo-Koon ne bougea plus, le bras tendu sur le côté, attendant le coup fatal tandis que le fracas des tirs reprenait autour de lui… mais curieusement, aucun ne le touchait. Péniblement, il essaya de se concentrer sur son environnement. Il distinguait des voix. Des voix humaines. Il réussit à tourner la tête: des silhouettes blanches encerclaient les droïdes et les abattaient méthodiquement.
Incapable de percevoir ses hommes dans la Force, le Kel-Dor ferma les yeux et laissa son esprit dériver au loin.