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Reeva était encore sonnée et avait du mal à réaliser ce qu'il venait de se produire. Les autorités locales l'avaient effectivement mise en garde, elle ainsi que le reste de la population, mais tout était arrivé si vite… Certes, les tensions au sein de la ville s'étaient amplifiées ces derniers mois et des mesures de sécurité avaient été votées, mais tout de même… Jamais elle n'aurait pu imaginer que cette fois-ci, les citoyens seraient réellement visés. Il y a un peu moins de trois heures, sa vie avait été profondément chamboulée. Réveillée par l'odeur des cendres et de la poussière, elle n'avait eu d'autre choix que de quitter l'appartement au plus vite avec les siens. Le son de la panique, de la peur, et des enfants qui pleurent résonnent encore dans sa tête. Elle revoit les images de désolation; tout autour d'elle et à perte de vues, des scènes de chaos et de destruction, des êtres autrefois vivants qui gisaient au sol. Elle entend encore les tirs de blaster au loin ainsi que les cris des citoyens apeurés qui se rapprochent, se précipitant vers les portes de sortie de la ville au plus vite.
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Les capsules de sauvetage n'étaient plus qu'à une vingtaine de mètres à présent, le cauchemar allait bientôt prendre fin. Reeva inspira à pleins poumons et se remémora les mots du chef de patrouille. Des officiers s'étaient portés volontaires et devaient évacuer l'intégralité de la population. D'ici quelques minutes, Reeva et ses proches auraient la certitude d'être en sécurité et pourraient se réfugier sur une planète voisine, en toute sécurité, selon les accords qui avaient été négociés. Certes, sa famille n'avait désormais plus rien, mais elle n'aura plus à craindre les affrontements et la planète Corveba ne serait plus qu'un mauvais souvenir. Elle en était intimement convaincue, jusqu'à ce qu'elle emprunte le dernier virage qui la séparait elle et sa famille de la liberté. Tous les officiers de sécurité avaient été abattus. Ces ignobles terroristes avaient pris leur place et contrôlaient tous les accès aux hangars. Reeva avait même reconnu cet horrible Rodien qui avait pris en otage la casse qu'elle et son patron gérait. Il était là, aux portes du hangar principal, à menacer de pauvres innocents en les pointant de son blaster avec son air narquois et sa cicatrice qui lui traversait le visage en diagonale. Et soudain, tout s'accéléra. Des tirs de blaster résonnaient à l'arrière, et Reeva comprit rapidement que quelques civils téméraires avaient récupéré des armes sur les cadavres et allaient jouer le tout pour le tout. Elle était désormais prise entre plusieurs tirs de blaster, et elle sentait la main de sa sœur se resserrer de toutes ses forces autour de son poignet. Elle l'entendait également hurler et pleurer à cause de la fumée et des explosions. Son premier réflexe fut de plaquer sa petite sœur à terre afin de la protéger, puis elle se plaqua au sol afin d'éviter qu'elle ne se fasse piétiner par la foule qui était en train de se disperser dans tous les sens. Au bout de longues minutes, elle put se relever et voir que l'accès aux hangars était possible. Risqué, certes, mais possible. Si elle arrivait à regrouper toute sa famille et à foncer jusqu'aux capsules, elle serait hors de danger. Il fallait qu'elle le tente. Malheureusement, elle n'avait pas entendu la nouvelle horde de terroriste qui venait de faire irruption dans la zone et qui tiraient sur toutes les cibles vivantes qu'ils croisaient, sans même prendre la peine de viser ou de sélectionner une cible. Plusieurs tirs de blaster venaient de la rater, et elle sentit la main de sa petite sœur la lâcher. Reeva était paniquée, elle était si proche du but… Elle sonda rapidement les environs, repéra un cadavre de civil à quelques centimètres d'elle. Elle prit une grande inspiration, plongea sur l'arme et tira une dizaine de coups au loin, car la fumée et l'obscurité du hangar ne lui permettaient pas de bien voir ses assaillants. Elle entendit quelques cris étouffés, ce qui lui confirmait que quelques cibles avaient été touchées. Mais sa famille ne se trouvait plus là. Elle avait beau sonder la zone le plus rapidement du regard, elle ne la trouvait plus. Elle était apeurée, et courait dans tous les sens pour la retrouver. Reeva bousculait la foule, pleurait à chaudes larmes de peur qu'il ne soit arrivé un malheur à ses proches. Puis elle vit sa mère. Et son frère, et sa petite sœur, et toute la masse compacte de civils qui les étouffait. La capsule se refermait, et la mère de Reeva était en train de cogner sur la vitre, en pleurs, alors qu'elle quittait le hangar. Et puis les pas se firent plus lourds et s'intensifièrent. Il était temps pour Reeva de prendre une décision. Elle se retourna instantanément, et revit le sale Rodien à trois mètres d'elle, qui levait son blaster. Ni une ni deux, elle lui flanqua un tir de blaster dans le haut de la cuisse, plongea en direction de la première capsule de libre, et martela les codes d'entrée. Elle s'ouvrit en un clin d'oeil, et Reeva s'engouffra dedans. Le Rodien était en train de se relever. Prise de panique, elle se mit à marteler le pavé digital. Et la capsule se referma et quitta également la plateforme, en essuyant deux tirs de blaster sur la vitre blindée.
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Reeva n'espérait désormais qu'une chose : que sa navette soit également à destination de celle dans laquelle ses proches avaient été entraînés, ou bien que ces derniers puissent rapidement entrer en contact avec elle et que leurs retrouvailles soient vite organisées. L'annonce automatique indiquait qu'il restait environ trois heures de vol. N'ayant pas d'autre choix, Reeva s'allongea sur la banquette de fortune de la capsule et s'assoupit assez vite, épuisée par ces poussées d'adrénaline et l'état de panique permanent dans lequel elle s'était retrouvée. Son sommeil fut cependant de très courte durée, puisqu'un signal sonore strident retentit dans la capsule. Reeva se leva en urgence. La voix automatisée signala : "Erreur de calcul. Réserves de carburant insuffisantes pour la destination sélectionnée. Trajet redirigé vers la planète la plus proche. Atterrissage dans vingt minutes." Reeva se remit à paniquer. Cette erreur de calcul ne devait certainement pas faire partie du programme de sauvetage voté par les gouverneurs Corvebéens et la capsule de sauvetage ne disposait d'aucun poste de pilotage, l'espace intérieur étant simplement réduit à son usage le plus primaire, à savoir le transport d'êtres vivants. Résignée, Reeva se mit à faire les cent pas dans sa capsule. Elle s'était jurée de ne pas aller regarder au hublot afin d'appréhender l'atterrissage le plus sereinement possible, mais dès lors que la voix automatisée indiqua "Procédure d'atterrissage enclenchée, ouverture prévue dans deux minutes", elle ne put s'empêcher d'aller regarder à la vitre. La planète semblait être volcanique, à en juger par les différents cratères rouges écarlates qui se dessinaient. Reeva remarqua également que les conditions géographiques semblaient être assez difficiles, car plusieurs volutes de fumée s'échappaient de la terre au fur et à mesure que la capsule rentrait dans l'atmosphère de la planète. Elle put également noter que la végétation semblait être assez abondante et luxuriante. Avec ses très maigres connaissances du monde au-delà de Corveba, Reeva était dans l'incapacité la plus totale d'identifier l'endroit où elle venait d'atterrir. Elle se préparait désormais à sortir de la capsule, la main droite fouillant sa poche. Cette dernière était vide. Le blaster avait dû tomber au moment où elle avait composé le code de départ de la capsule. Résignée, elle inspira profondément et s'avança vers l'arrière de la capsule, qui s'ouvrit à l'atterrissage, et foula ce sol qui lui était totalement étranger.