Sergorn a écrit:Concernant l'aspect fondamental de la guerre de L'OT, je dirais juste que si durant ma génération y avait beaucoup de fans pour qui L'OT c'était avant tout la Rébellion contre l'Empire, les batailles spatiales, les dogfight, les "TIE et les X-Wing" (pour citer J.J
), génération pour qui l'aboutissement de leur passion c'était des jeux comme X-Wing, plus que les Jedi ou les sabres lasers... Y a peut être une raison
Ça reste quand même une approche assez "fun", pour ne pas dire triviale de la guerre. Alors oui, on nous montre que les gens meurent dans les combats, qu'il s'agisse des pilotes ou des Ewoks, mais la guerre impacte assez peu les personnages, elle est essentiellement un vecteur d'accomplissement, un champ de manifestation de l'héroïsme.
Dans un sens, Lucas traite la guerre comme on traiterait au cinéma d'une course automobile. On montre que c'est dangereux - puisque des gens y laissent leur peau - mais ça reste une expérience "fun", grisante, qui fait grimper l'adrénaline. En celà, il n'y a pas de différence fondamentale entre une course de pods et une bataille spatiale. Ce que nous dit quasi-explicitement
TPM, mais aussi l'intro de
ROTS ("This is where the fun begins").
Dans l'OT, la guerre se résume à un terrain de jeu, champ d'accomplissement du ou des héros. Elle est un rouage fonctionnel du parcours héroïque. Dans la prélogie, la guerre est une arnaque, un complot. Donc ni l'une, ni l'autre ne traite véritablement de la guerre, de son impact sur les individus comme sur le collectif. La guerre ne prête quasiment pas à conséquence.
Dans
ROTS, Lucas essaie vaguement de nous dire que les gens sont lassés de la guerre mais échoue à nous le montrer. Les gens ne sont pas affectés/traumatisés par la guerre (alors que l'
UEL via la série BD "Republic" essayait d'introduire cet élément dans la psychologie et le basculement d'Anakin, ce qui n'est pas le cas de Lucas).
C'est la différence notable avec le Seigneur des Anneaux, par exemple, où les héros reviennent de la guerre changés, affectés et pas uniquement grisés.
Je trouve que "Rogue One" et la postlogie en revanche traitent davantage de la guerre comme thème, comme sujet. On voit des gens traumatisés par le conflit, qui y ont même laissé leur santé mentale (Saw Gerrera), des gens las de la guerre (Leïa et Luke), des gens tiraillés par les décisions opérationnelles à prendre (Cassian Andor), confrontés aux conséquences collectives de leurs initiatives individuelles ou à la discipline imposée par leur hiérarchie (Poe Dameron), les souffrances endurées par les populations exposées à la barbarie (qu'on ne visualise réellement que dans
ANH chez Lucas avec la mort d'Owen et Beru). Les notions de sacrifice et d'héroïsme y sont questionnées.
Qu'on soit clair, ça ne rend pas la postlogie "supérieure". C'est juste une approche différente. Ça montre aussi qu'au-delà des apparences, la postlogie n'est pas qu'un reboot de l'OT. Elle transmet un autre regard, d'autres points de vue ou une autre façon d'appréhender cet univers.
Pour en revenir à la prélogie - puisque c'est d'elle qu'il est question ici - je trouve le message politique intéressant et pertinent dans sa globalité. Pour moi, c'est un avertissement que lance Lucas à ses compatriotes, aux Etats-Unis : attention, nous sommes une démocratie mais nous pouvons un jour devenir une dictature, voire basculer dans le totalitarisme, nous ne sommes pas immunisés contre ça ; attention, ce n'est pas parce qu'on se considère comme les gentils qu'on ne peut pas devenir les méchants. C'est ce qu'illustre la prélogie en tant que fable politique et les références et clins d'oeil historiques sont là pour renforcer le propos (il y a eu par le passé d'autrés démocraties qui ont basculé dans la dictature).
Le souci, c'est que j'ai le sentiment que le propos de la prélogie ne prêche finalement que les convaincus. Je suis donc assez sceptique sur sa portée. Notamment parce que ce message souffre d'un manque d'incarnation, d'un manque de chair dans les films. Et qu'il s'égare parfois dans les "simplismes".