Système Gursis, quelque part entre le Noyau et Coruscant. Un vaisseau de transport corellien, le Glaive de Stern, se dirige doucement vers son point de rendez-vous. A son bord, Stern Esdezal et son épouse Baazda transmettent leurs codes de transpondeur à un autre vaisseau, orbitant à une distance raisonnable du soleil en fin de vie du système.
- Dis-moi Baazda, tu es sûre qu’ils sont réglos ?
- Puisque je te le dis. Tu vas me le demander encore combien de fois ?
- Excuse-moi, c’est juste que j’ai un mauvais pressentiment à propos de ce rendez-vous. Pourquoi ont-ils exigé de se rencontrer ici, au milieu de nulle part ?
- Pour la trente-quatrième fois, mon époux bien-aimé, nous sommes des contrebandiers, nos activités sont illégales et celles de nos acheteurs doivent l’être tout autant. Alors, autant de pas le faire devant les douanes républicaines.
- N’empêche qu’en vingt-six ans de carrière, on ne m’a jamais fixé un rendez-vous aussi tordu. Rien que pour arriver ici, il faut contourner toutes les anomalies gravitationnelles qui sont légions dans le secteur et de plus…
- Nous avons l’autorisation de les accoster.
Maugréant dans son coin, Stern alla vérifier une dernière fois la cargaison qu’ils devaient livrer. Il n’en revenait toujours pas. Contrebandier émérite sur Nar Shadaa, on avait fait appel à lui pour livrer des animaux ! Dont la commercialisation est strictement réglementée, certes, mais des animaux ! N’importe quoi ! Des épices, d’accord. Des armes pourquoi pas. Du matériel militaire passe encore. Mais des animaux ! Allait-il ouvrir une animalerie ? S’il n’y avait pas eu sa femme, jamais il n’aurait accepté un tel contrat. Mais comme toujours, Baazda avait su le convaincre, d’autant plus que le montant du contrat était exceptionnellement élevé.
L’arrimage eu lieu sans incident notable. Trois humanoïdes reptiliens, dont Stern ignorait l’espèce, entrèrent sur le Glaive. Discutant dans un dialecte que le vieux contrebandier ignorait tout autant, Baazda et ses acheteurs se mirent vite d’accord. Le plus petit des humanoïdes sortit un blaster de son holster et tira à deux reprises sur Stern qui s’écroula avec une expression d’horreur sur le visage.
Baazda avait tourné la tête, refusant de voir le regard interdit et accusateur de son mari alors qu’il rendait son dernier souffle. Elle remercia le trio d’assassin en leur indiquant les caisses à emporter, lutta pour ne pas fondre en larmes devant eux et attendit ce qui lui sembla une éternité qu’ils repartent sur leur vaisseau.
A ce moment précis, Baazda ne savait plus quoi faire. Cela faisait près d’un an qu’elle préméditait ce plan, qu’elle en avait réglé les moindres détails, qu’elle s’était assurée que la vente de ces animaux ne laisserait pas de traces et que leur prix serait la vie de son mari. Son mari. Voilà un terme qui cachait depuis plusieurs années un dégoût qui se faisait de plus en plus amer à mesure que Stern s’enfonçait dans les délires du ryll. Quand il n’avait pas pris une dose assez importante pour le rendre violent et taper sa femme à l’insu de leurs deux enfants, il devenait une véritable loque incapable de penser par lui-même, sombrant dans la dépression.
Cette situation était devenue invivable pour elle, mais surtout pour son fils cadet, Zil, qui n’aurait plus jamais la chance de grandir avec son frère aîné Vintar qui était mort à la suite d’un des accès de fureur de son père. Personne sur la Lune des contrebandiers n’avait songé à venger Vintar ou aider Baazda. Il avait alors fallu qu’elle s’occupe de tout. Mais comment porter ce poids maintenant qu’elle s’était débarrassée de ce tyran ?
De retour sur Nar Shadaa, elle n’eût même pas à fournir d’explication à qui que ce soit concernant la mort de son mari. Pour la simple et bonne raison que tout le monde s’en fichait. Depuis plusieurs années, le comportement de Stern avait éloigné tous les amis qu’ils avaient et de plus, ce genre d’incident arrivait souvent dans la profession. Quand on lui demanda pourquoi Stern n’était pas là, elle expliqua vaguement qu’un rendez-vous s’était mal passé et que son mari s’était sacrifié pour elle. A travers un torrent de larmes feintes, cela passait très bien. Baazda s’occupa distraitement des détails concernant l’inhumation de son mari en la confiant à une de ses connaissances. Le plus dur allait être de l’annoncer à Zil.
Fin de la première partie
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