Bien je vais reprendre ton message et essayer de me montrer plus clair.
C'est exactement ça l'évolution des personnages dans cette postlogie. Ce qui est important c'est plus ce qui leur arrive et va construire leur personnalité que le fait qu'au début du film ils étaient comme ceci et qu'à la fin ils sont comme cela.
Les deux sont intimement connecté. Dans une bonne histoire, ce n'est pas les événements qui construisent la personnalité d'un personnage. La personnalité du personnage est d'entrée de jeu là (avec ses qualités et ses défauts). De fait au début du film le personnage se comporte d'une certaine manière et les événement l'amène à faire des choix. Ces choix l'amène à changer en révisant son être ou en révisant sa vision du monde. Ce peut être plus ou moins flagrant.
John Truby, L'anatomie du scénario a écrit:La plupart des auteurs ont une très mauvaise approche du héros. Ils commencent par faire la liste de tous ses signes ditinctifs, racontent son histoire, puis d'une façon ou d'une autre le font changer à la fin. Cette technique ne peut pas fonctionner.
Poe dans
TLJ est traité de cette façon. On nous fait la liste de ses défauts et qualités le distinguant des autres au début du film, on raconte son histoire, et à la fin d'un coup il change et devient responsable.
On a eu droit en ce qui concerne Rey à quelque chose de similaire dans
TFA. On a la liste de ses qualités et
défauts qui la distingue des autres. La bille de flipper Rey suit son histoire et à la fin du film elle devient super forte en Force et bat le méchant. Dans
TLJ, elle n'a de ce point de vue à mes yeux aucun évolution, ni morale, ni dans sa personnalité, ni dans ses capacités.
John Truby, L'anatomie du scénario a écrit:La plus grande de toute les erreurs que commettent les auteurs en créant leurs personnages, c'est de penser le héros et tous les autres personnages comme des individus distincts. Le héros est seul, dans sa bulle, sans aucun lien avec les autres. Résultat : non seulement le héros est faible, mais l'adversaire est un géant aux pieds d'argil, et les personnages secondaires sont plus faibles encore.
Cette grossière erreur est exacerbé dans les scénario qui accordent de l'importance à la prémisse High Concept. Dans ces histoires, le héros l'air d'être la seule personne qui compte. Mais ironiquement, cette mise en avant extrême du héros, plutôt que de le définir de façon plus clair, ne tend qu'à le faire passer pour un outil marketing fade.
Pour concevoir de bons personnages, il faut les concevoir comme les différentes parties d'un réseau dans lequel chacun permet de mieux définir l'autre. En d'autres termes, un personnage est souvent défini par ce qu'il n'est pas.
Reprenons l'exemple d'Anakin dans
AOTC. Quels que soit les défauts du film et en particuliers des scènes de romances (qu'en ce qui me concerne, je trouve mal amené et mise en scène) il n'en reste pas moins que le duo Padme/Anakin se répond selon ce principe de réseau définit par Truby.
Padme est l'incarnation de la démocratie dans sa forme la plus pure. Et elle en défend naturellement les aspect réellement bons. C'est cette particularité de Padme qui permet de mettre en avant les prédispositions naissante d'Anakin pour un fonctionnement totalitaire. C'est dans cette discussion opposé à Padme qu'on met en avant qu'il est capable de s'identifier à un individu dirgeant fort qui a tout du dictateur (ce que lui dit Padme en mettant en avant qu'il ne s'agit plus là d'une démocratie).
Ce n'est pas un changement brusque et immédiat, mais c'est un changement par rapport à ce qu'on connaissait de lui au préalable dans
TPM. C'est également un changement par rapport à la doctrine qu'il est sensé suivre depuis le début du film.
Le personnage d'ailleurs ne cesse d'expliquer qu'un Jedi se doit de ne pas avoir de pensées égoistes ni d’attachements, les événements l'amenant à faire le choix inverse de ce qu'il est sensé défendre, puisqu'il fait le choix de l'attachement et de l'égoisme (son mariage).
Car dans un film une évolution n'est pas forcément positive. L'enjeux du film n'est pas obligatoirement de montrer comment un personnage va évoluer et changer (c'est le cas le plus courant), il peut aussi consister à montrer en quoi il échoue à changer (et Anakin est justment dans ce cas là).
John Truby, L'anatomie du scénario a écrit:Pour le héros, la confrontation est une experience intense et douloureuse. Cette épreuve de la confrontation le mène à une importante prise de conscience sur la véritable nature de son être. La qualité de votre histoire sera en grande partie fondée sur la qualité de cette prise de conscience. [...]
Dans une prise de conscience psychologique, le héros retire le masque derrière lequel il vivait et se voit tel qu'il est vraiment pour la première fois.[...]
N'amenez pas votre héros à mettre les pieds dans le plats en disant ce qu'il a appris. Ce serait moralisateur, pas assez subtil, et celà tendrait à rebuter le public. Il vaut mieux suggérer les pensées du héros par le biais des actions qu'il entreprend et qui l'amène à la prise de conscience.
John Truby, L'anatomie du scénario, exemple à propos du Parrain a écrit:Prise de conscience Psychologique : Il n'y en a pas. Michael (Corleone) pense toujours que son sentiment de superiorité et son dogmatisme sont justifiés.
Prise de conscience morale : Il n'y en a pas. Michael est devenu un tueur impitoyable. Les scénaristes ont utilisés une structure narrative très étudiée en donnant la prise de conscience à la femme du héros Kay, qui voit ce que son mari est devenu au moment ou la porte se referme sur son visage.
Nouvel équilibre : Michael a tué ses ennemis et s'est "élevé" à la place de Parrain. Mais d'un point de vue moral, il a chuté et est devenu "le diable en personn". Cette homme qui à une époque ne voulait en aucun cas être lié à la violence et aux crimes de sa famille est devenu son leader et tuera quiconque tenterait de le trahir ou de lui mettre des batons dans les roues.
Ce n'est donc pas qu'Anakin ne change pas, c'est qu'Anakin échoue à aller au delà de ses travers.
Qu'en est il de Rey, peut on dire qu'elle échoue à aller au delà de ses travers ? Difficile, puisqu'elle n'en a aucun. A-t-elle une prise de conscience ou une révêlation qui l'amène à se dépasser moralement ou psychologiquement ? Difficile également, elle n'a aucune faille.
Et ce n'est pas la multiplication de péripéties qui changera ça.
L'intérêt n'est donc pas de construire une personnalité à l'aide d'évennements, la personnalité se doit d'être construite dès le début du film. Ce qui rend une histoire formidable c'est comment les choix des personnages face aux événements auxquels ils sont confrontés va leur permettre de devenir meilleur ou pas.
La comparaison entre le manque de changement de Rey et celle d'Anakin (qui comme tu dis n'a pas vraiment changé d'un iota...) manque donc à mon avis de pertinence, puisque tous l'enjeux narratif autour d'Anakin est jutement de montrer que malgré les épreuves, malgré les avertissements de son entourage il ne parvient pas à évoluer.
Pour reprendre l'exemple de Truby sur la faille psychologique, après le massacre des Tuskens, Anakin refuse de se voir tel qu'il est vraiment préférant rejeter la faute sur les autres (obi-wan) et sur ses pouvoirs pas assez grands...
Les ellipses entre les films permettaient du temps de Lucas d'écrire différemment les personnages pour le film entier. Anakin dans l'Episode II n'est pas le même que dans l'Episode I, mais entre le début et la fin de chaque épisode, il n'a pas vraiment changé d'un yota non plus même s'il a vécu des trucs par exemple.
Oui Lucas a intelligemment utilisé les ellipses qu'il a mis en place. En n'en mettant pas en place, la postlogie a pris un risque qui verrouille ses possibilités d'action. Les personnages n'ont pas d'évolutions à cause de cette ellipse, pire pour certains ils répètent la même situation narrative que dans le film d'avant (Finn par exemple).
L'ellipse n'est d'ailleurs pas fait pour "écrire différemment les personnages", entre
ANH et
ESB, Han ne change fondamentalement pas. Ca reste un vaurien, un aventurier qui a des dettes, une menace de mort sur sa tête et doit sauver sa peau. Luke est toujours un jeune homme épris d'un idéal de justice. Leia n'est pas non plus fondamentalement différentes. D'un autre côté, l'ellipse ne remet pas fondamentalement en cause les choses apprises dans le film précédent. Luke n'a pas renoncé à devenir un Jedi et à maitrisr la Force. Han n'est pas redevenu un solitaire qui ne pense qu'à lui même, il est encore avec eux par amitié et ce n'est qu'un évennement exterieur (le chasseur de prime d'OrdMantel) qui le pousse à repartir (désir contrarié par l'arrivée de l'Empire), Leia n'a pas céssé de vouloir mettre fin à la dictature.
Non l'ellipse n'élude pas l'évolution précédente, elle permet de gagner du temps en permettant de ne pas en perdre à montrer Luke dévellopant ses pouvoir, ou Han rencontrant ce chasseur de prime qui le pousse à vouloir repartir. L'ellipse est intelligemment utilisé pour poursuivre l'évolution initié dans le précédent film et permettre la mise en place de nouveaux obstacles (et donc de nouvelles problématiques à dépasser).
L'absence d'Ellipse pour
TLJ amène à mon sens bien plus de problèmes qu'elle n'en résout. Car il n'était en rien obligatoire de reprendre exactement là ou on avait laissé l'histoire dans
TFA. Tout comme du fait de ce choix pour
TLJ, il sera difficile de créer une ellipse sans que ça ne passe pour une facilité scénaristique pour résoudre les difficultés posés par la fin de
TLJ...
Bunny a écrit:Pandisha a écrit:Puisqu'on parle de Rey, quelle différence réelle entre le premier film et le second (et soyons fou, même le troisième ?) ?
Au début de
TFA, elle est seule, anonyme ("quelle fille ?"), survit sur Jakku et ne vit que de l'espoir de voir ses parents revenir.
A la fin de
TLJ, elle a des gens qui tiennent à elle et à qui elle tient, elle est quelqu'un ("je sais"), est le plus grand espoir de la rébellion (la seule qui pourrait songer battre Kylo Ren ?), a un objectif et ne vit plus dans l'attente de ses parents puisqu'elle n'existe plus à travers son passé, mais à travers le présent, ce qu'elle est et ce qu'elle peut apporter aux autres.
C'est déjà le cas à la fin de
TFA. Elle a déjà des gens qui tiennent à elle (au point d'aller la chercher sur Starkiller) elle est déjà quelqu'un et déjà le dernier espoir de la Résistance (le nouvel espoir qu'on envoie chercher Luke) et elle ne vit déjà plus dans l'attente de retrouver ses parents (Maz s'est déjà chargé de lui dire que cette quête était vaine... mais qu'un autre pouvait remplir cette fonction).
Mais tu ne parles là en rien du personnage en lui même, tu ne parles que de son environnement. Quels changement moral ou psychologique subit le personnage de Rey dans
TLJ ?
Luke à la fin de
ESB peut remettre en question la réalité de ce qu'il pensait savoir sur la Force, les Jedis et son histoire suite à la révélation de Vador. Il n'est plus seulement un fils qui veut devenir un Jedi comme son père avant et défendre la justice, il est un fils qui veut devenir un Jedi comme son père, alors que celui-ci s'est détourné pour devenir un suppot du mal...
Quel changement de perspective sont amené par les aventures vécu par Rey ? L'enseignement de Luke ne lui apporte rien, elle croyait avant, elle croit après (envers et contre Luke). La proposition de Kylo n'apporte rien, il a fait la même dans
TFA, elle a refusé à ce moment là et l'a vaincu avant que la sol ne se fissure pour les séparer. Ici il fait la même proposition, elle refuse toujours avant que le sabre d'Anakin ne se fissure et les sépare...