Ayé, j'ai terminé TFP et ça m'a presque autant déçu que la trilogie de l'Hérétique, pour des raisons diamétralement opposées :
Dans la trilogie, les auteurs ont fait trainer des évènements en longueur, pour un résultat trois fois trop long, tandis que la lecture du dernier roman de Keyes donne l'impression que ce bouquin a été bâclé, écrit à la va-vite. Pas que le style soit mauvais, surtout comparé au duo australien, mais aucune péripétie n'est approfondie. Ce roman va bien trop vite pour faire plus qu'effleurer les évènements qui y sont relatés et du coup, son résumé pourrait tenir en quelques lignes.
Ca lui fait donc quand même un point commun avec le tome 1 de l'Hérétique, au sujet duquel j'avais dit que le problème ne venait pas de ce qui était écrit dans ce livre, mais bien de ce qui manquait. TFP était potentiellement une bombe, avec l'établissement d'un vrai dialogue entre Jedi et représentants des diverses classes YV, qui montrait enfin une société moins rigide, moins soudée aussi qu'il n'y paraissait, avec des opposants, des intérêts particuliers, bref une société vue de l'intérieur, et dont certains membres étaient capables de réflexion individuelle.
Deuxième point fort, la rencontre avec Sekot, bien plus intéressante et prometteuse que dans l'Hérétique, grâce à sa confrontation avec les YV et à la possible réalisation, quoique involontaire de la prophétie. Les relevés et découvertes de Nen Yim, sa révélation et l'attitude de Harrar font clairement partie de ce que le
NOJ a pu apporter de mieux jusqu'ici.
Hélas, quel gâchis Keyes a fait de tout celà ! D'abord en multipliant des rebondissements (Quoréalistes, drones saboteurs de l'Holonet...) bien trop tardifs dans la trame générale et pas même correctement développés dans ce tome.
Ensuite en faisant systématiquement terminer en queue de poisson toutes les situations un tant soit peu intéressantes du roman, en éliminant systématiquement tout élément susceptible de faire avancer le schmilblick : Nen Yim découvre la solution et peut devenir une alliée des Jedi, elle meurt ; Harrar se retourne contre Nom Anor et peut devenir un allié des Jedi, il meurt. Une fois c'est bien, c'est tragique et tout et tout, mais là c'est franchement répétitif.
Au final que reste-t-il de la lecture de ce roman, en quoi a-t-il fait avancer la trame générale ? On a droit à une énième bataille spatiale dont le résultat ne semble pas modifier vraiment le rapport des forces, ZS est blessée mais pas mortellement, Tahiri donne toujours l'impression d'être Riina à, allez, soyons généreux, 10%. Nom Anor est identique à lui-même et Corran Horn assez transparent (sauf quand il se découvre tout à coup un don pour la lévitation, lui qui a toujours été nul pour la télékynésie - pas été convaincu par la pseudo-explication de Keyes, pour le coup). Alors oui, moi aussi je trouve qu'il ne s'agit que d'une inutile introduction à TUF, qui va avoir un grand nombre de points à traiter avec un nombre de pages forcément limité. Certains auraient du être réglés dans TFP, et ce déséquilibre aurait sans doute pu être évité en confiant les deux derniers tomes à un seul et même auteur.
En fait, ce roman, tel qu'il est construit, aurait pu être parfait, placé au milieu, voire aux trois quarts de ce cycle. En lançant de nombreuses pistes comme il le fait, il aurait considérablement ouvert le champ des possibilités pour la suite, que ce soit pour les dissensions internes des YV, où les recherches sur les liens entre eux et ZS. En particulier, le passage où Nen Yim se connecte au Qahsa modifié aurait pu donner une toute autre tournure à la prophétie, à condition que l'un des YV en réchappe et ramène cette "relique" sur Yuuzhant'ar pour initier une conversion de l'intérieur, chaque contact avec le Qahsa apportant la "révélation" aux adeptes, permettant ainsi de propager le mouvement hérétique. Ce sera peut-être le cas dans TUF, mais un tome sera bien trop court por détailler ce qui aurait pu être une véritable révolution intérieure et ne restera qu'une simple révolte.
Enfin, c'est assez dommage car j'avais gardé un très bon souvenir de la duologie de Keyes (tome 7&8). Mais le problème, à mon avis, c'est qu'il a justement gardé la même façon d'écrire, de faire avancer son récit, alors que les problématiques d'un roman de milieu et de fin de cycle sont fondamentalement différentes.
- Lord Vader...
- Yes, Master ?
- RISE TO SUBMISSION ! I'M STILL BENEATH IN THE SOIL !!