par harnis29 » Ven 28 Avr 2017 - 8:39 Sujet: Re: La Révolte des Poussières - Ch 20: La Bataille de Cachin
La Révolte des Poussières.
la Bataille de Cachin (4ème partie)
Un feu d'éclairs. Un orchestre d'étincelles jouait sa partition dans les ruines de Cachi-Mee. Anakin et Darth Myseris étaient en plein combat à mort. Ce combat serait le dernier pour l'un des deux protagonistes. Les deux sabres lasers s'entrechoquaient dans un ballet chorégraphié. Aucun des deux ne reculait. Tandis qu'Anakin était mué par la Force, le côté Obscur transcendait Darth Myseris. Ils jouaient d'égal à égal. Jamais Anakin ne s'était senti aussi puissant et jamais la rage de Darth Myseris n'avait été aussi redoutable. Darko, depuis l'intérieur de sa silique au fond de la tour, suivait le combat d'un œil attentif. Prêt à intervenir si sa mère lui ordonnait. Le robot suivait donc sa maîtresse, son bras armé en canon pointait constamment le Padawan. Mais Anakin n'était pas totalement seul. En effet, caché derrière un mur, après la retraite précipitée, Ruhn Rapuhn avait traîné son canon avec lui. Personne ne pouvait le voir. Et lui aussi pointait son adversaire. En l’occurrence Darth Myseris. Si jamais elle prenait le dessus sur le garçon alors il n'hésiterait pas une seconde.
Le combat devenait de plus en plus violent et de plus en plus intense. D'un certain point de vue, le combat était inégal, car à chaque fois que Darth Myseris perdait son ascendant sur Anakin, elle usait de son bras de Cinium pour lui envoyer des décharges de boules d'énergie qu'il devait parer, obligeant le jeune Padawan à reculer. Mais à chaque fois, la détermination d'Anakin devenait plus forte. La Force qui palpitait dans son corps et dans son esprit était traversée par des flux de colère. Et quand une bouffée de colère l'embrasait alors il se jetait sur son adversaire avec une férocité et une rapidité démentielle.
Anakin se sentait de plus en plus léger. A chaque bond, il sautait plus haut et plus loin. Et Darth Myseris le suivait à la trace. Ils se battaient sans relâche, sur la terre comme dans les airs. Aussi bien à l'intérieur d'une construction en ruine que sur des épaves de vaisseaux en flammes. Anakin maîtrisait chacun de ses gestes. Il mettait en œuvre tout ce que lui avait appris Obi-Wan. Il contrait toutes les attaques de Darth Myseris avec une facilité déconcertante. Il pouvait prédire à l'avance chaque mouvement de son adversaire. Anakin se dit à lui-même qu'il maîtrisait parfaitement l'art du combat au sabre laser. Cependant, Darth Myseris arrivait quelquefois à l'atteindre. Elle l'effleurait du bout de sa lame rouge et déchirait sa tenue d'apprenti Jedi. Si bien qu'au bout de quelques minutes, la cape du Padawan était en lambeaux. Et maintenant elle le gênait plus qu'autre chose. Sans réfléchir, il l’arracha et la jeta au sol. Darth Myseris en profita pour se projeter sur lui. Pour l'éviter, il fit un bond de Jedi. Et il sauta si haut et si loin, qu'Anakin finit par atterrir sur le haut d'un immeuble. Et Darth Myseris le suivit. Maintenant ils se battaient au sommet d'un bâtiment de Cachi-Mee. Le robot se mit à grimper à son tour sur l'immeuble, mais il était tellement lourd que le bâtiment commença à s'effondrer.
Voyant que l'édifice allait s'écrouler, Anakin sauta dans le vide et contre toute attente, le choc contre le sol n'en fut pas un. Il se posa lentement, avec légèreté. Quelque chose ne tournait pas rond.
Il regarda autour de lui et vit que la pluie s'élevait du sol. Il pleuvait à l'envers.
Et puis, tout à coup, il sentit la puissance de Gorgatt. L'énorme lune de Cachin aspirait le ciel. En quelques secondes tout changea. Anakin dut user de la Force pour se maintenir au sol. Des blocs de pierre commençaient à s'élever. Runh Rapuhn, lui aussi, était irrésistiblement attiré vers le haut, d'une main il tenait une poignée de son canon et de l'autre il s'agrippait fermement à une prise de fortune d'un mur troué.
Darth Myseris lévitait. Elle se maintenait à quelques centimètres du sol. En usant de la Force, elle s'élança à l'encontre du Padawan. Mais cette fois, Anakin peinait. Se maintenir les pieds rivés au sol lui demandait beaucoup de concentration. Et Darth Myseris en profitait pour lui asséner coups sur coups.
— Tu ne crois quand même pas faire le poids face à moi ! Criat-elle. Aucun Jedi n'est à mon niveau. Encore moins un apprenti.
Anakin reculait. Elle prenait le dessus.
— Vous n’êtes rien face à Maître Yoda. Riposta Anakin.
— Tu parles de la pitoyable créature verte ?! Ce vieux croulant qui n'est même pas capable de se déplacer sans traîner la patte ? Tu te fiches de moi ?
— Je connais une autre créature qui traîne la patte ! Fit Anakin en pointant du menton le pied robotisé de Darth Myseris. Et elle est misérable, je vous l'assure !
— Tais-toi bâtard ! C'est à cause de toi si je souffre le martyr.
— Tout le plaisir est pour moi. Fit Anakin avec un sourire sarcastique.
Pris de rage, Darth Myseris redoubla ses coups contre Anakin.
— Je n'ai pas de leçon à recevoir d'un fils de putain ! Hurla-t-elle.
Mais c'était mal connaître Anakin. Cette insulte le perça en plein cœur, et comme un vase qui déborde, la colère jaillit du plus profond de son âme. Et en deux temps et trois mouvements, il se détacha de l'emprise de Darth Myseris, encore trois coups de sabre et il coupa en deux son bras de cinium.
— Je dois avouer que tu as un certain talent. Fit Darth Myseris tout en regardant son bras se reconstruire.
Anakin haletait. Il aurait dû profiter de cet instant et en finir mais il devait absolument reprendre son souffle. Au même moment un mur entier de l'immeuble qui s'était effondré, grimpait dans le ciel. Malgré tous ses efforts, Anakin ne prenait pas vraiment le dessus. Elle l'avait atteint plusieurs fois et il commençait à ressentir des douleurs un peu partout. Il fit encore un bond de Jedi et sauta en direction du pan de mur qui montait lentement dans les airs.
« Chaque élément qui t'entoure, chaque grain de sable est une arme en puissance, tu dois utiliser tous les composants de la nature. »
Il entendait ces mots prononcés par son Maître. Utiliser chaque élément. C'était pour cette raison qu'il avait sauté en direction du mur. Il fallait changer la donne. D'une certaine manière, il était en train de fuir le combat. Il s'accrocha au mur, son sabre laser toujours allumé et regarda en direction de la sorcière, cette aberration de la nature. Elle ne quittait par du regard le Padawan. Elle attendait. Elle attendait que son bras soit de nouveau entièrement fonctionnel. Quand elle put de nouveau envoyer des boules d'énergie, elle appela sa créature.
— Lance-moi ! Lui dit-elle. Lance-moi sur lui.
Le robot prit Darth Myseris dans sa main gauche et la jeta en direction d'Anakin.
Le Padawan vit une furie foncer droit sur lui, le sabre laser en avant. Une vision cauchemardesque de harpie furieuse qui allait le hanter pendant quelque temps. Juste avant qu'elle ne l'atteigne, il vit le visage déformé de l'ancienne princesse. Dans ses yeux régnait une folie indomptable. Anakin pointa son sabre laser vers elle et ferma les yeux. Il n'avait plus la force de continuer.
C'était sans compter Runh Rapuhn.
Il tira de son canon en plein dans le mile.
Darth Myseris fut emportée au loin.
Le recul du canon projeta ensuite Runh dans les airs.
Quand Anakin ouvrit les yeux, il planait toujours dans le ciel. Il vit au sol, le Robot changer à nouveau de forme. Il reprit l'aspect d'une créature tentaculaire en seulement quelques secondes et traversa un quartier entier de la ville à la recherche de sa génitrice, ses tentacules s’enfonçant dans le sol pour l'empêcher de se faire aspirer par Gorgatt.
Anakin était exténué. Son cœur tapait dans sa poitrine et résonnait dans tout son corps. Il finit par éteindre son sabre et en profita pour trouver une meilleure prise sur ce pan de mur qui ne cessait de monter dans le ciel. Si cela continuait encore comme ça, dans quelques minutes il finirait par manquer d'oxygène. Tout autour de lui, il voyait les décombres de la guerre flotter avec lui. Il voyait des corps décharnés et désarticulés. Des bouts de droïdes et des pattes de Cyclattes. Parfois il entendait les cris de Cadiens qui n'avait pas réussi à s'accrocher. Tout le monde était en train de se faire happer par la gravité de la grande sœur d'Hacott. C'était un spectacle d'apocalypse. Un sentiment de honte et de culpabilité l'envahit. Et puis il vit à quelques mètres de lui, un Cadien, le visage terrorisé, il tendait les bras vers Anakin. Il le suppliait de l'aider. Il criait qu'il ne voulait pas mourir. Anakin usa de la Force pour l'attirer vers lui. Quand il fut assez près, le Cadien lui attrapa la main et il s'agrippa au pan de mur.
Au moins, dans toute cette désolation chaotique il avait peut-être sauvé la vie de quelqu'un. Même si ce n'était que pour quelques minutes. Le Cadien pleurait.
Anakin commençait avoir peur. Plus les secondes passaient et plus il était entraîné, lui et son compagnon d'infortune, vers l'espace. Il contempla longuement Gorgatt qui plombait le ciel. Elle était traversée par des crevasses immenses. Elle était d'un jaune pâle et crachait du soufre par les centaines de petits volcans qui constellait sa face visible. Mais à peine recraché, le soufre était instantanément attiré par la propre gravité de Gorgatt et se retrouvait plaqué avec violence à la surface de la lune.
Et puis Anakin entendit le vaisseau amiral du Roi Zaharcha en perdition. Il le vit traverser le nuage au-dessus de Cachi-Mee et faire un demi-tour complet sur lui-même. Il y avait encore des Chasseurs qui se battaient dans le ciel.
Et il entendit enfin un son connu, rassurant : Celui du vaisseau du Conseil Jedi qui s'approchait de lui. Le vaisseau fit plusieurs fois le tour d'Anakin avant de se stabiliser. Et enfin, il vit la silhouette de Yoda quand la porte latérale s'abaissa. Avec la Force, il attira Anakin et son compagnon jusqu'au vaisseau. Anakin attrapa la main du Cadien et ils sautèrent à l'intérieur de la navette.
— Content de te voir en vie, je suis. Dit Yoda d'une voix sereine.
— Pas plus que moi. Lui répondit Anakin. Maître, Sajura Zaharcha est un seigneur Sith. Anakin pointa du doigt en direction de l'Ouest. Elle est sûrement encore en vie, par là-bas.
— Une Sith, elle n'est pas encore. Et une force plus puissante à l’œuvre est ici.
— Que voulez-vous dire ?
— L'anomalie. La singularité. Ici elle est.
— Je ne comprends pas Maître.
— Sa puissance ne ressens-tu pas, en toi, jeune Padawan ? Te plonger dans la Force tu dois maintenant.
Anakin ferma les yeux quelques instants. Ce que venait de dire Maître Yoda le perturbait. Il fit le vide en lui et sonda la Force. Il lui fallut plusieurs secondes avant de comprendre ce qui se passait. Maître Yoda avait raison. En explorant les confins de la Force, Anakin ressentit la présence de Darth Myseris. Sa présence était claire et sans demi-mesure. Elle était encore en vie et se débattait dans les gravats en appelant sa créature à l'aide. Mais il ressentit quelque chose d'autre. Quelque chose de plus profond. Opaque. Sourd. Mais d'une puissance gigantesque.
— T'ouvrir à tes sens, tu dois. Continua Yoda.
Machinalement et alors que la situation ne s'y prêtait pas, Anakin s'assit en tailleur au milieu du vaisseau. Il plongea encore plus loin dans sa méditation. Il ressentait la présence de tous les Jedis sur Cachin. Il vit Obi-Wan et Mace Windu plaqués contre le plafond de l'arsenal. Il ressentit aussi la présence de Runh Rapunh en danger dans le ciel.
— Il y a un ami que nous devons récupérer. Fit Anakin sans ouvrir les yeux. À Bâbord. Juste à quelques centaines de mètres.
Yoda ordonna à Ki-Adi-Mundi de suivre les ordres d'Anakin. Au bout de quelques secondes, Runh Rapuhn était sauvé et de sa masse énorme, il remerciait à genoux Yoda de l'avoir secouru.
Mais Anakin n'en avait pas finit. Il continua son exploration de la Force. Tout n'était que vibration. Il ressentait la force de gravité de Gorgatt et il comprit rapidement qu'elle s'en allait. Que dans quelques minutes, elle disparaîtrait dans l'espace. Il sonda encore plus profond. Il ressentit une vague noire. Cela lui rappela le gaz meurtrier de la tombe du Sith qu'ils avaient découvert, lui et Obi-Wan quelques semaines plus tôt. Il lui avait semblé que ce gaz était vivant. Il sonda encore plus profondément. Il n'entendait plus rien. Un silence de mort, pesant, caché, dissimulé, se révélait à lui. Là il comprit ce qu'il avait pressenti lors de son arrivée sur Cachin. Depuis le début, il était intimement convaincu que cela était dû à la présence de Darth Myseris et du côté obscur. Mais il se trompait. Ce n'était pas elle qu'il ressentait. C'était quelqu'un d'autre. Darth Myseris n'était qu'une imposture. Elle n'était qu'un écran de fumée. Une diversion. Depuis le début il s'était focalisé sur elle. Et c'était ce que voulait cette autre force. Ce quelqu'un d'autre préférait l'ombre. Il restait caché. Il ne voulait pas être découvert. A chaque fois qu'Anakin était prêt de toucher et de révéler cette présence, celle-ci s'évanouissait encore plus loin, encore plus profond. Toujours les yeux fermés dans une profonde méditation, Anakin s'adressa à Yoda :
— Maître, je la ressens. L'anomalie. La singularité. Elle est là. Mais je n'arrive pas à la cerner. Elle m'échappe.
— Normal, ceci est. Car forme humaine, elle n'est pas. La débusquer, nous devons.
Soudain Anakin ouvrit les yeux et cria :
— Attention ! Darth Myseris ! Elle fonce droit sur nous !
Ki-Adi-Mundi fut lui aussi submergé par la Force. Et heureusement. Car il eut juste le temps de faire pivoter le vaisseau afin d'éviter que la créature de Cinium ne les percute de plein fouet. Le vaisseau Jedi parti en vrille. Et au moment où Ki-Adi-Mundi pensait qu'ils étaient hors de danger, un tentacule s'enroula autour du vaisseau et commença à le broyer et à le briser en deux.
Yoda alluma son sabre laser et sans réfléchir fit un bond de Jedi gigantesque en direction du centre de la créature. Il sautait et virevoltait entre les tentacules. Il s'évertua à découper celui qui était en train de broyer le vaisseau Jedi.
Anakin le suivit. Il monta sur un tentacule, les batteries rechargées à bloc grâce la méditation et se rua à corps perdu en direction de la capsule de sûreté de Darth Myseris. En trois secondes les deux Jedis enfonçait leur sabre laser au cœur de la bête. Et elle finit par céder. Le tentacule qui enserrait le vaisseau lâcha prise, lui redonnant sa liberté.
Darth Myseris n'était que rage et colère. Elle fulminait à l'intérieur de sa capsule transparente. Son visage était déformé. Elle n'avait plus aucune once d'humanité. Cela se voyait dans son regard. Elle était devenue une bête aussi sauvage que sa créature. En voyant Anakin qui essayait de s'approcher pour briser une nouvelle fois son enveloppe de protection, elle somma sa créature de le déchiqueter.
Cette fois-ci, se furent des dizaines et des dizaines de tentacules qui essayairent de l'attraper. Même Yoda dû interrompre sa tentative de percer au cœur le robot s'il ne voulait pas se faire embrocher.
La scène était hallucinante. Toute droite sortie d'un esprit aliéné : à une centaine de mètres du sol, une sorte de pieuvre géante se battait contre elle-même. Les tentacules se cognaient entres-elles. Les deux Jedis sautaient dans tous les sens, leur sabre tourbillonnant. Ils découpaient les tentacules et aussitôt ceux-ci se reformaient. C'était un combat perdu d'avance. Les deux Jedis ne tiendraient pas longtemps. Fatalement ils finiraient par se fatiguer. Et fatalement, le robot les détruirait.
Anakin réussit malgré tout à s'approcher de Darth Myseris au centre du robot. Elle ne le laissa pas crever sa capsule. Elle désactiva la protection et se lança à sa rencontre, sabre laser en avant.
Darko était désorienté. Il risquait de blesser sa mère si un tentacule la percutait.
Pendant que Yoda se battait contre les tentacules, Anakin luttait contre Darth Myseris. Et quoi qu'elle fasse, il paraît tous ses coups. Darth Myseris rageait. Elle n’arrivait pas à prendre le dessus sur le Padawan. Le bâtard lui tenait tête. Encore.
Au fur et mesure du combat. Anakin sentit que Gorgatt s'éloignait de plus en plus vite. Et aussi vite qu'elle était apparue, sa force de gravité s'estompait.
Tout ce qui était dans le ciel commençait à redescendre.
Le vaisseau Jedi finit par réussir à se poser non sans mal. Runh Rapuhn en bondit et sauta sur un tentacule. Il ne pouvait pas faire grand-chose mais il voulait aider le Padawan et la gentille créature verte qui l'avait sauvé. Au moment où un bras tentaculaire aller se saisir d'Anakin, Runh réussit à s'interposer et c'est lui que le bras attrapa. Mais ce n'était pas simple de broyer le géant orange. Il était fort et robuste. Le bras le serrait de plus en plus en fort et Runh n'eut d'autre solution que de se transformer en carapace. Il le fit si vite qu'il s'échappa de l'étreinte mortelle du robot. Sa carapace tomba au sol.
Aussitôt il reprit sa forme normale et tenta de retourner au combat. Mais un tentacule le percuta et l'envoya valdinguer à plusieurs dizaines de mètres.
Ki-Adi-Mundi sorti à son tour du vaisseau Jedi, sabre laser allumé et commença à essayer de découper les bras du robot.
Gorgatt avait disparu de l'horizon. Elle était partie. Sa force de gravitation était encore présente mais beaucoup moins forte. Si bien que presque tout était revenu à la normale.
Darth Myseris luttait encore contre Anakin.
Et soudain son regard fut attiré par quelque chose.
A la périphérie de Cachi-Mee, le tram continuait son manège. Dans quelques minutes il passerait par le sous-sol de la tour du dôme.
Et ce fut comme un signal d'alarme qui lui traversa l'âme. Tout à coup elle se désintéressa totalement de son combat contre le Padawan. Elle n'eut à cet instant qu'une seule idée en tête : atteindre le plus vite ce tram de malheur.
— Mon fils, lance-moi ! Dit-elle à sa créature. Ensuite occupe-toi de retrouver la Fontaine au plus vite. C'est ta mission première. Rien d'autre ne compte. Même pas moi.
Darko fut submergé par une émotion de tristesse. Il se dit à lui-même, que peut-être il ne verrait plus jamais sa mère.
Un tentacule saisit délicatement Darth Myseris et la catapulta en direction du tram.
Toujours vaillant, Runh Rapuhn revenait en courant pour prêter main forte aux Jedis qui affrontaient le robot. Celui-ci, se désintéressa lui aussi du combat contre les Jedis et pris la direction du centre-ville. Bien décidé à s'emparer de la Fontaine de l'Étoile.
En voyant Darth Myseris planer dans le ciel, Anakin ordonna à Runh d'en faire autant avec lui.
— Ruhn, Peux-tu me lancer jusqu'au tram ?
— Maître Anakin. C'est bien trop loin. Répondit Runh, complètement essoufflé.
— T'aider nous allons. Ajouta Yoda qui fit un signe à Ki-Adi-Mundi. Et te souvenir d'une chose, tu dois, jeune Padawan. Un seigneur Sith, elle n'est pas.
Runh attrapa Anakin par le col déchiré d'une main et par le haut de son pantalon de l'autre. Il inspira un grand coup et jeta de toute ses forces le Padawan dans l'air. Yoda et Ki-Adi-Mundi joignirent leur main et en usant de la Force, ils projetèrent le Padawan encore plus loin.
Anakin volait. C'était une sensation fantastique.
Yoda se tourna alors vers Runh Rapuhn.
— Porter secours à Anakin, vous devez. Dit Yoda à Runh. Vous aider nous aussi, nous allons.
A l'intérieur de l'arsenal, tout le monde commençait à redescendre. Et dès que Haïn et Jiin posèrent le pied au sol, ils filèrent en direction du chariot posé de travers dans un couloir. Ils replacèrent la bombe dessus et prirent la direction du tram. On aurait dit deux jeunes garçons qui fuguaient avec la ferme intention de faire des bêtises. Et soudain Jiin s'arrêta net.
— Mon seigneur ! Quel imbécile je fais ! S'exclama Jiin en se tapant le front.
— Oui tu es un imbécile Jiin.
— J'ai oublié le plus important !
— Mais quoi donc ? S'emporta Haïn.
— Comme l'a dit Monsieur Obi-Wan, une seule bombe ne sera jamais suffisante. Il nous faut les deux autres. Ha mais quel imbécile je fais !
— Cours vite les cherchez sombre crétin.
Et Jiin de repartir en courant dans le sens inverse, les mains en l'air et en se traitant lui-même de sombre crétin.
— Et prends aussi des grenades ! Ajouta Haïn en criant. Et des blasters ! Jiin ! Prends des blasters. Ha mais quel abruti ! Tu sais que sans moi, tu ne serais qu'un servile serviteur au fond du trou de Kaseldhinne. Et tu serais sûrement déjà mort !
On entendait au loin la voix de Jiin : « Je sais mon Seigneur, je sais... »
Haïn poirota quelques minutes avant que Jiin ne revienne. Il tirait les deux énormes bombes avec beaucoup de peine. Son gilet était recouvert de grenades et deux blasters étaient accrochés sur son dos.
— Plus vite, plus vite ! Jiin ! Chaque seconde que tu passes à traînailler nous rapproche d'un destin plus funeste. Je devrais te corriger, tu le sais mon frère. Mais tu as de la chance que je sois miséricordieux.
— Oui mon Seigneur. Je le sais.
Et ils repartirent ensemble. Haïn n'aidant aucunement son frère Jiin qui tirait de toutes ses forces le chariot de fortune avec les trois bombes posées dessus.
Quand ils sortirent enfin de l'arsenal, le soleil pointait le bout de son nez entre les trous du nuage déchiré au-dessus de Cachi-Mee. D'énormes puits de lumière éclairaient comme des projecteurs certains points de la ville en ruine.
En tournant le regard vers la gauche, ils virent le titanesque vaisseau Amiral du Roi Zaharcha qui venait de mettre les gaz, carbonisant au passage un chasseur inconnu. Le vaisseau tentait de quitter l'attraction de Cachin et de Gorgatt combinées. Et puis en tournant la tête vers la droite, ils virent l'énorme pieuvre robotisée qui venait à peine de toucher le sol et qui semblait être devenue complètement folle en se battant contre elle-même. En plissant les yeux, Haïn vit deux sabres laser toupiller dans tous les sens au cœur même de la créature.
— Les Jedis ! Fit Haïn. Comme si deux misérables sabres laser étaient en mesure de battre un tel monstre. Je me demande qui sont les plus crétins. Tu le sais toi, Jiin ?
— Oh mon seigneur, ce sont eux les crétins. Ils le sont plus que moi en tout cas.
— Tu as entièrement raison. Tu es un imbécile mon frère, mais à côté d'un Jedi, tu es un génie.
— Oh merci mon Seigneur. Vous êtes vraiment trop bon avec moi.
— Je le sais Jiin. C'est parce que tu es mon frère. Aller en avant. Et tache d'être un peu plus rapide, je ne voudrais pas rater le tram.
Ils firent quelques centaines de pas et entendirent le tram de Cachi-Mee qui arrivait. Depuis que la Fontaine de l'Étoile avait retrouvé sa place, le tram avait repris son travail permanent : Faire le tour de la ville, s'arrêter aux stations habituelles et continuer son cercle perpétuel. Il était programmé pour cela et ne savait rien faire d'autre.
Haïn consentit à aider son frère lorsqu’ils furent obligés d'emprunter l'escalier menant à la station. Une fois sur le quai, alors que Jiin reprenait son souffle, Haïn prépara le chariot.
Une fois le tram arrivé à la station, les portes s'ouvrirent et les deux Saboteurs placèrent le chariot à l'intérieur d'un wagon. Le tram n'avait pas servi depuis des décennies. Si bien, qu'une couche épaisse de poussière s'était accumulée au fil des ans. Les deux Saboteurs toussèrent pendant de longues secondes, jusqu’à ce que Jiin replace son foulard sur son visage. Quand Haïn le vit faire, il en fit de même. Et le tram reparti avec, en son sein, deux Saboteurs bien décidés à saboter.
Les deux Saboteurs placèrent ensuite les trois bombes les unes à côtés des autres. Et tant qu'a faire, ils placèrent aussi toutes les grenades tout autour. Au bout de quelques minutes, ils reculèrent un peu pour admirer leur œuvre. Et ils n'étaient pas peu fier de leur pièce montée.
— Bon alors. Fit Haïn. Comment ça marche ?
— Aucune idée mon Seigneur. Répondit Jiin.
— Comment ça tu n'en a aucune idée ?!
— Oh mais ne vous faite pas de bile ! C’est enfantin ! Regardez. Il y a trois boutons. En supposant que le premier, celui de gauche soit celui de la mise en route. Le second doit être le minuteur et le troisième doit servir à l'activation. Rien de plus simple.
— Et combien de temps dure le minuteur ?
— Aucune idée mon Seigneur.
— Mais bon sang Jiin ! Comment veux-tu qu'on fasse sauter les bombes si nous ne savons pas dans combien de temps elles vont exploser !? C'est un coup à nous faire sauter avec.
— Mon seigneur. Qui pourrait construire une bombe avec un minuteur qui ne lui laisserait pas le temps de s'enfuir ?
— Tu marques un point Jiin. Mets-les en route.
Jiin s'affaira à mettre en route les trois bombes. Quand il appuya sur les premiers boutons, les bombes se mirent à vibrer.
— C'est bon signe. Fit Jiin.
Ensuite il appuya sur ce qui était censé être le bouton des minuteurs. Il n'y eut aucune réaction. Rien ne se passait. Alors il appuya plusieurs fois dessus. Toujours rien. Jiin resta perplexe.
— On s'en fiche. Ajouta Haïn. Appuie sur le dernier bouton pour voir !
Jiin appuya et là, les trois bombes émirent un son un peu plus strident. Et tout à coup, juste au-dessus des boutons, sur chaque bombe, un écran s'alluma. Et le décompte commença.
— Règle le minuteur Jiin !
Jiin appuya encore une fois sur le bouton du milieu et effectivement cela modifiait l'affichage du minuteur. Mais n'ayant aucune connaissance de langue de Cachin, il était impossible de le régler avec précision.
— Alors Jiin ! Tu y arrives ?
— Je crois que oui mon Seigneur. Si c'est logique… alors… voilà. La bombe doit exploser dans une trentaine de secondes.
— Non mais ça va pas ! S'emporta Haïn. Trente secondes c'est trop court !
Jiin appuya encore sur le bouton. Et encore. Et encore.
— Voilà ! Conclu Jiin. Elle est maintenant réglé en tout logique sur cinq minutes. Enfin… je pense.
Le tram filait à toute vitesse. Il passait parfois par des tunnels et remontait ensuite à la surface pour longer la périphérie de Cachi-Mee. Haïn jeta un coup d’œil au travers d'une fenêtre. Dans quelques minutes tout au plus, le tram passerait par le sous-sol de la tour du dôme. Et c'est exactement à ce moment-là que devait exploser en chœur les trois bombes de Cachin.
Le moment de vérité approchait. Bientôt la bataille de Cachin prendrait fin dans un feu d'artifice monstrueux.
— Jiin. Je te félicite. Tu as mené ta mission avec l'ardeur digne d'un Saboteur. Pour te récompenser, je te nomme, Archi-amiral de ma future flotte de combat. Quand nous aurons pris le commandement de la Cantine Solitaire, tu en seras le chef suprême… juste après moi évidemment.
— Oh mon Seigneur, vous êtes trop bon.
— Je sais bien. Tiens voici l'insigne d'Amiral.
Haïn sorti de sa poche le pendentif qu'il avait subtilisé à Shauska pendant une nuit dans le désert. Il le passa autour du cou de Jiin.
— Ne serait-ce pas le bijou de Shauska ? Demanda Jiin.
— Si c'est bien celui-ci. Répondit Haïn. Elle me l'a donné pour nous remercier d'aider son peuple à se débarrasser de la vilaine qui martyrise son peuple.
— J'aimais bien Shauska. Elle était gentille.
— Gentille et généreuse. Ajouta Haïn. Allez maintenant, sautons de ce tram avant qu'il nous explose à la tête.
Mais soudain, un autre cycle débuta.
Jiin redevint Seigneur. Et Haïn son valet.
— Ha bravo ! Fit Haïn. C'est comme ça que tu me remercies ?!
— Haïn, tu sais bien que je n'y suis pour rien.
— Bon sang de bon sang de bon sang ! Tu as intérêt à faire ce qu'il faut !
— Tais-toi Valet ! Cria Jiin. Maintenant, Sortons d'ici !
Les deux Saboteurs entreprirent d'ouvrir les portes du tram en marche. Ils essayèrent pendant un petit moment et voyant qu'ils n'arrivaient à rien, Jiin ordonna à Haïn d'y mettre un bon coup de blaster. Et c'est ce qu'il fit.
Haïn explosa la porte du tram.
Ils allaient sauter quand ils se rendirent compte qu'ils filaient à toute allure sur un pont, à une bonne trentaine de mètres du sol. Sauter de cette hauteur et à cette vitesse, c'était vraiment trop dangereux. Les deux Saboteurs sans se consulter décidèrent d'attendre un peu. Jiin regarda par la porte éventrée.
— Valet ! Regarde. Le tram va passer au-dessus de la rivière dans quelques minutes. Nous pourrons sauter à ce moment-là.
Tout se déroulait à merveille. C'était un plan mené avec brio et qui resterait dans les annales de l'histoire des Saboteurs. Les deux frères souriaient. Ils étaient vraiment impatients de voir les bombes à l’œuvre. Cela serait un grand spectacle, ils en étaient certain.
Tout à coup, un boum retenti sur le toit du tram. Et instantanément, la lame d'un sabre laser rouge découpa le toit en cercle. Haïn et Jiin reculèrent. La seconde d'après, Darth Myseris faisait son entrée.
Les deux Saboteurs pointèrent leur blaster dans sa direction et ouvrirent le feu.
Mais Darth Myseris dévia tous leurs tirs.
Ils cessèrent le feu au bout de quelques secondes. Cela ne servait à rien.
Soudain, une autre explosion.
Anakin venait d’atterrir à son tour sur le toit du tram.
Et de nouveau les deux Saboteurs tirèrent sur Darth Myseris.
Anakin découpa lui aussi un morceau du toit et se glissa à l'intérieur du wagon. Il tomba juste derrière les deux Saboteurs qui arrosaient copieusement la vilaine sorcière.
— Cessez le feu ! Hurla Anakin. Vous allez tous nous faire sauter avec vos bêtises ! Protégez les bombes. Je me charge d'elle.
Les deux Saboteurs laissèrent passer Anakin, qui sauta par-dessus les bombes pour attaquer Darth Myseris. De nouveau ils s'affrontaient. Et de nouveau c'était un combat d'égale à égale.
Encore un boum. Mais bien plus lourd. Cette fois c'était Runh Rapuhn qui venait d'atterrir sur le toit. Il passa sa tête par le trou fait par Anakin. Il repéra instantanément les deux Saboteurs, les bombes et Anakin luttant encore une fois contre la calamité de Cachin. Il se glissa à son tour de son énorme masse orange dans le wagon.
Le tram venait de dépasser la rivière. Bientôt, dans une minute tout au plus, le tram allait passer par la tour du dôme. Sans leur dire quoique se soit, Runh saisit Haïn par son gilet, se cala dans l'embrasure la porte défoncée et l'envoya de toutes ses forces en direction de la rivière. Quand il le vit tomber dans l'eau, il se tourna vers Jiin.
— Non, non, non. Runh ? Non. Geint Jiin en agitant ses bras maigrelets.
Sans se démonter, il le saisit lui aussi par le gilet et le lança. Il vérifia que Jiin tomba bien dans l'eau et aussitôt porta son attention sur Anakin, dévoré par la colère, en train de donner des coups de sabres laser contre Darth Myseris.
— Anakin ! Cria Runh. Nous devons sortir d'ici maintenant, sinon nous allons tous mourir !
— Il n'y en a qu'un seul ici qui va mourir ! Hurla Darth Myseris. Et c'est ce fils de rien. Je vais te crever !
Darth Myseris usa de son bras de Cinium pour tirer une décharge d'énergie en pleine poitrine sur Anakin.
Anakin fut obligé de reculer. Le choc était intense. Il baissa sa garde. Darth Myseris se jeta en avant et en profita pour planter son sabre laser dans le flanc droit du Padawan. Par chance, elle ne put enfoncer sa lame que de quelques centimètres. Trois tout au plus. Maintenant il suffisait qu'elle donne un coup de poignet sur la droite et elle éventrait l'apprenti. Mais elle n'en eut pas le temps.
Runh, sans réfléchir, se jeta de toutes ses forces et flanqua un coup de poing gargantuesque en plein visage de l’horrible femme.
Darth Myseris vola jusqu'au bout du wagon et s'écrasa contre la paroi en se cognant violemment la tête.
Runh pris Anakin entre ses bras, jeta un dernier regard sur Darth Myseris qui peinait à se relever et sauta directement dans le vide.
Runh percuta un pylône et sa carcasse craqua. Mais il tenait toujours Anakin. Ils finirent par tomber en roulé-boulé sur le sol poussiéreux de Cachi-Mee. Runh protégeant au mieux le Padawan blessé.
Dès qu'ils s'arrêtèrent, Runh Rapuhn se releva aussitôt. Il parcourut du regard les environs à la recherche d'un abri. Il vit un conduit qui s'enfonçait dans le sol. Il ne chercha pas plus longtemps. Il n'en avait pas le temps. Il couru jusqu'au conduit et sauta dedans avec Anakin.
Quand Darth Myseris reprit ses esprits, le tram venait d'entrer dans un tunnel. Elle se rua aussi vite qu'elle put pour désactiver les bombes.
Mais elle ne put que constater une dernière chose.
Le compte à rebours égraina sa dernière seconde.
Il est trop tard.
Elle écarquille les yeux, ouvre la bouche et la bombe explose.
Tout d'abord il y eut un flash de lumière verte.
Ce fut comme s'il n'y eut plus que deux couleurs dans le monde. Le vert du soleil de l'explosion et le noir de la nuit en plein jour. Le noir de l'ombre projetée, le noir des blocs de pierres qui explosaient. Le vert qui se confondait avec le gris du nuage, qui l'absorbait comme un virus. La bombe était une infection et elle mangerait tout dans le souffle de son courroux.
Toph venait de sortir de l'arsenal accompagné par Obi-Wan et Mace Windu.
Ils étaient aux premières loges. Ils seraient les premiers témoins.
La tour se disloqua en premier. Au ralenti.
Et puis, ensuite, le dôme se fit emporter par le souffle.
— A couvert ! Cria Mace Windu.
— Pas la peine ! Ajouta Toph. C'est un bombe Cadienne qui vient d'exploser. C'est une bombe de défense. Le souffle de l'explosion sera uniquement dirigé vers l'atmosphère de Cachin. Ne ne subirons que l'onde de choc.
Et l'onde de choc ne tarda pas.
Tout le monde fut projeté en arrière.
Et effectivement le souffle de l'explosion commença à s’élever dans le ciel. Un immense brasier de lumière verte gonfla comme un ballon de baudruche pour ensuite se déchirer au sommet. Une immense déflagration d'énergie comme personne n'en n'avait jamais vu traversa l'atmosphère pour embraser l'espace. Si le vaisseau amiral du Roi Zaharcha avait été sur la trajectoire de l'explosion, il aurait été instantanément vaporisé. Heureusement pour lui, l'onde de choc le fit s'écraser au sol, emportant avec lui les derniers chasseurs et drones qui se battaient encore dans le ciel.
Le vaisseau Jedi bascula sur le côté. Yoda eut juste le temps de créer un champ de force pour le protéger lui et Ki-Adi-Mundi.
La terre se mit à trembler. L'onde de choc abattait les derniers immeubles encore à moitié debout. Si Cachi-Mee n'était qu'une ruine, après l'explosion, il n'en restera que de la poussière. Seul quelques bâtiments résistèrent à l'onde choc. Notamment le temple, l'arsenal, le palais royal et quelques autres.
Tout le reste fut réduit à l'état de gravats.
La dernière calamité venait d'anéantir Cachi-Mee.
A l'instant où la tour explosa, la créature de Cinium, le robot invincible de Darth Myseris s'effondra. Il redevint une masse informe de métal, visqueuse et poisseuse. Et pourtant il n'était qu'a une centaine de mètres du temple de la Fontaine.
Le capitaine de la Garde Républicaine, Darko, enfermé dans son sarcophage fut projeté au-delà de la cité. Le souffle l'emporta loin. Sa capsule percuta un gros arbre et s'écrasa ensuite dans le sol meuble du désert.
Runh Rapuhn fermait les yeux. Il serrait entre ses bras le jeune Padawan mutilé qui regardait par l'ouverture du conduit le nuage d'énergie vert gonfler dans le ciel. Anakin avait mal. Mais ce n'était pas la blessure infligée par Darth Myseris qui lui faisait le plus mal. Non. Depuis le début de la révolte des Poussières, il était convaincu d'avoir agi pour le bien de tous et pour la justice. Mais en voyant les corps des Cadiens dans le ciel, en voyant toute la souffrance qu'impose la guerre et enfin en voyant cette immense explosion détruire les derniers vestiges de la civilisation Cadienne, il sentit en lui monter une honte et une culpabilité indescriptible. Si tout cela était arrivé, c'était sa faute. Il avait mené une guerre. Il avait brisé le code Jedi sans la moindre hésitation. Il comprenait maintenant les conséquences de ses actions. Il avait pensé qu'une fois Darth Myseris anéantie, il serait soulagé. Mais ce n'était pas le cas. Loin de là. La colère brûlait encore son cœur. Une colère contre lui-même. Il s'en voulait. Il regrettait. Il était consumé de remords. La mort de Shauska. Il en était aussi le grand responsable.
Alors il ferma les yeux. Il voulait partir. Loin d'ici. Il voulait retourner sur Tatooine. Retrouver sa mère, retrouver son travail chez Watoo, réparer des machines oublier tous ses rêves. Il voulait finir son droïde de protocole. Il voulait oublier son sabre laser. Il voulait le perdre. Il voulait oublier tout ce qu'il avait appris. La Force était une malédiction. Les Jedis ; une supercherie. Tout ce chaos, toute cette désolation, il en était l'auteur. Il suffirait qu'il arrête de respirer. Voilà. Il arrêterait de respirer et se laisserait emporter dans le néant. Comme ça, il ne verrait pas le regard deçu d'Obi-Wan sur lui. Comme ça, tout était finit. Il imaginait déjà Obi-Wan annoncer sa mort à sa mère. Elle le pleurait et puis, avec le temps, reprendrait sa vie d'esclave.
Sans s'en rendre compte il plongea dans une profonde méditation. Et après quelques errements dans les limbes de ses songes, il vit la vague noire s'emparer de lui.
Cette présence. Elle était toujours là. Tout autour de lui.
Et soudain, il ouvrit les yeux. Il venait de comprendre.
— Runh ! Emmène-moi tout de suite auprès de Maître Yoda. C'est la Fontaine, Runh, c'est la Fontaine !
Haïn et Jiin avait assistés au spectacle en pataugeant, la tête hors de l'eau. Et ils s'extasiaient. Jamais ils n'avaient vu pareille magie. Les trois bombes de Cachin offraient un enchantement de rayons verts et d'étincelles dorées.
— C'est une merveille ! S'exclama Jiin. Mon bon valet, as-tu déjà vu une telle féerie ?
— Non mon Seigneur. Vous êtes un génie. Vous venez de sauver la planète toute entière.
Haïn était sincère.
— Oui tu as raison Haïn. J'ai sauvé la planète en la faisant sauter !
— Haïn et Jiin Môche. Les Saboteurs de Cachin. On célébrera notre nom pendant des siècles.
— Jiin et Haïn Môche. Ça sonne mieux. Conclu Jiin.
Un cycle passa. Encore une fois.
Jiin enleva sa couronne de cuir et la donna à Haïn. Leurs crêtes avaient disparu.
— Haïn et Jiin Môche. Les Saboteurs de Cachin. Tu entends crétin ?! Ça ! Ça sonne bien.
— Vous avez plus que raison mon Seigneur. Ajouta Jiin.
Aross Talphar et Ish Atam ne purent éviter l'onde de choc. Leur deux vaisseaux se percutèrent et ils s’écrasèrent au sol. Ish Atam réussit à sortir de son épave sans difficultés. Mais ce n'était pas le cas d'Aross. Il eut toutes les peines du monde à se détacher de son siège. Et quand enfin il y parvint, il se traîna jusqu’à la porte, Ish Atam l'attendait. Tous deux regardèrent l'explosion de la bombe. Cet immense champignon vert qui crachait toute son énergie dans l'espace. Ils étaient vivants. Ils étaient des survivants. La bataille Cachin était terminée.