Vador (Darth Vader #01 à 06) par Kieron Gillen et Salvador Larroca
Suite aux débâcles de l’Étoile Noire et de Cymoon 1, Dark Vador le Seigneur Noir des Sith, doit prouver à son Maître qu'il est toujours digne d'être son apprenti et le bras armé de l'Empire. Pour cela, Palpatine le place sous le commandement du Grand Général Tagge, mais le Sith entend bien montrer qu'il reste une force avec laquelle compter. Il n'a plus de commandement direct ? Qu'importe, il se trouvera une armée privée, peu importe les moyens ! Dans le même temps, il poursuit sa traque du pilote rebelle qui a détruit l’Étoile Noire, quitte à mettre le plus redoutable des chasseurs de primes sur sa route.
Série sœur de
Star Wars de Jason Aaron et John Cassaday,
Dark Vador promet d'être la série qui nous explique comment Vador, disgracié suite au plus grand échec militaire de l'Empire, redevient le commandant impitoyable qu'il est dans
l'Empire contre-attaque. Aux commandes de la série, le duo Kieron Gillen – qui a déjà écrit des titres centrés sur des anti-héros – et le controversé dessinateur Salvador Larroca. Pari bien peu réussi dans ce premier arc qui, s'il a quelques forces, fait surtout preuve de beaucoup de faiblesses.
Le tout premier numéro de l'arc, et de la série, est excellent. Les deux auteurs donnent l'impression de savoir ce qu'ils font, lancent des pistes, décrivent d'excellents Vador et Palpatine, plaçant même dans la bouche de ce dernier un très bon mot concernant la fonction d'« Élu » de son apprenti. Il y a des mystères, des liens avec la série
Star Wars mais aussi avec la prélogie et la trilogie (des liens qui reviendront régulièrement dans l'arc, ce qui est une bonne chose mais risque fort de relancer le débat sur la dualité Anakin/Vador)... Rien à redire. C'est malheureusement dans la suite de l'arc que la qualité baisse.
En effet, arrivé au second numéro, l'affaire se corse. Vador est censé obéir à Tagge... mais Tagge disparaît aussi vite qu'il est apparu dans la série, et bien malin qui peut dire, subitement, pourquoi le Sith est ainsi libre de ses mouvements alors que Palpatine stipulait bien qu'il devait rendre compte au Général. En lieu et place, l'auteur introduit le personnage d'Aphra, aussi bavarde que Vador est silencieux, une jeune femme intrigante et nécessaire aux plans de Vador. Mais pour les exécuter, tous deux vont avoir besoin de deux droïdes tout de noir vêtu, l'un de protocole, l'autre astromécano. Le manque de subtilité dans ce choix et dans leurs designs fait hélas peine à voir... D'autant plus que, pour l'amateur de l'
UE Legends, difficile de ne pas comparer 0-0-0 à HK-47 !
La fin de l'arc donne l'impression d'être totalement en roue libre, le passage sur une planète bien connue donnant l'impression d'être dispensable, les « remplaçants » de Vador manquant cruellement de charisme, et Palpatine et Vador reprenant leurs rôles du Maître et de l'Apprenti "classiques", déjà vu à maintes reprises chez Dark Horse. Tout ça pour faire place nette très vite, afin de permettre aux dernières pages d'être raccord avec les événements de
Star Wars #6... A ce sujet, on notera d'ailleurs que l'arc entier se déroule pendant les numéros 4 à 6 de
Star Wars : soit Vador se déplace très très vite, soit il y a un léger souci de temporalité dans les deux séries, sans doute dû au décalage dans le lancement des deux séries.
Que dire des dessins de Salvador Larroca, si ce n'est qu'ils ne sont pas glorieux ? Au fur et à mesure que l'on progresse dans l'arc, la qualité des dessins décroît : il suffit de comparer Palpatine entre les numéros 1 et 6, ou bien le personnage de Vador lui-même, qui semble souvent « tassé », ou petit par rapport aux autres protagonistes. Les designs des « remplaçants » sont assez douteux, les décors vides et les scènes d'action sont pour certaines à la limite de l'incompréhensible, notamment ce qu'il se passe sur Géonosis ou bien dans l'arène... J'ai, et de loin, préféré les dessins de John Cassaday sur
Star Wars. Espérons que le dessinateur s'améliorera par la suite !
Déception donc que ce premier arc de
Dark Vador, qui donne par moment l'impression d'être une succession de one-shots plutôt qu'un arc cohérent et construit tel quel. Si le scénario a le mérite d'introduire plusieurs nouveaux personnages amenés à revenir dans la série, il peine à convaincre sur les épreuves affrontées par Vador, et il n'est pas aidé par un dessinateur qui livre une prestation tout juste correcte, et donc indigne de ce à quoi peut prétendre un Seigneur Noir des Sith. La suite de la série se doit d'être plus convaincante car, en l'état, ça ne l'est pas.
Note : 60%