Vous ne l'espériez plus ? Moi non plus ! Et pourtant, le chapitre 10 est arrivé !
Chapitre 10« Mustafar a démontré une chose : la République n’est pas aussi forte que je l’imaginais. Il va falloir agir vite et en bonne intelligence pour limiter les effets indésirables. »Déclaration de l’amiral Jagen Eripsa au Chef de l’État Bail Organa.
Cuirassé Sluis Van
Qui-Gon Jinn, en transit hyperspatial dans le secteur Sluis, 15 RC – Jour 168.
Les réacteurs de la navette étaient à peine éteints quand Jagen sortit par la rampe et entra de ce fait dans le vaste hangar du
Qui-Gon Jinn, dont il ignorait encore le nom. Il découvrit avec surprise que deux personnes l’attendaient, deux personnes auxquelles il n’avait pas pensé à ce moment-là.
- Maître Kenobi ? Capitaine Van Kennen ? Que faites-vous là ?
- C’est amiral Van Kennen, à présent, précisa l’ancien résistant de Sluis Van. J’ai gagné des galons depuis la Guerre des Clones.
- J’en suis le premier satisfait, répondit le Commandeur Suprême. Comment avez-vous pu répondre à notre appel, tous les deux ?
- Le
Rogue Ecliptic a lancé un signal de détresse, expliqua Obi-Wan. Mes vaisseaux étaient les seuls à le capter, alors j’ai relayé le message jusqu’à Sluis Van.
- D’où ma venue, conclut Van Kennen. Voyant que nos ennemis se retiraient, j’ai préféré rejoindre ce vaisseau pour la réunion qui s’annonce.
- Quelle réunion ? demanda Jagen, surpris.
- La réunion qui s’impose, intervint Ait Convarion derrière lui. Jag, nous avons été attaqués par des forces hutts au service d’un Sith.
- Autant dire que l’Empire est derrière tout ça, renchérit Mell Tinor.
Thrawn, qui descendait à son tour, était visiblement plus partagé.
- La vraie question est de savoir qui était vraiment cet homme, dit le chiss. À partir de là, nous pourrons extrapoler l’identité de nos agresseurs. Et même dans ce cas-là, rien n’exclut qu’il s’agisse d’un dissident.
- Je vois que vous avez réfléchi à la question, répondit Jagen avec un sourire. Mais il n’y a qu’un seul homme qui peut nous renseigner sur cet assassin.
Les regards se tournèrent vers Anakin, qui enlaçait Padmé, comme soulagé de la retrouver après cette épreuve. Il releva la tête, visiblement gêné par tant d’attention.
- Un Sith, confirma-t-il. C’était bel et bien un Sith.
Jagen le fixa, pensif. L’ancien Jedi semblait toujours cacher quelque chose d’important.
- Et mes officiers de pont m’indiquent à l’instant qu’un de vos pilotes a déclaré que les chasseurs étaient contrôlés par des droïdes, ajouta Van Kennen. Pourtant, il ne s’agit pas de véritables chasseurs droïdes, mais d’appareils hutts. Tout concorde. L’Empire essaye de leur faire porter le chapeau.
- Il faut réagir, dit fermement Filnis Kuat.
- Il n’en est pas question, répondit Bail Organa. Nous devons prendre tout le temps disponible pour…
Il se tut en voyant le regard tranchant de Jagen. Kenobi et Van Kennen avaient beau être des alliés loyaux, il y avait certains secrets que l’amiral préférait ne pas éventer.
- ...pour entraîner nos hommes, acheva-t-il précipitamment. De plus, tant que cette histoire n’est pas tirée au clair, je refuse de trancher entre l’un et l’autre. Les Hutts et l’Empire, c’est la peste et le choléra : mieux vaut ne pas s’y frotter.
Ils acquiescèrent tous avant de se séparer. Jagen alla du même côté qu’Anakin et Padmé, soupçonnant quelque chose. Il vit qu’ils retournaient dans la navette, à présent vide. Il entra à leur suite et referma la rampe derrière eux.
- Souhaiterais-tu nous parler, Jagen ? demanda Padmé, suspicieuse.
- À Anakin, surtout, mais tu peux évidemment rester.
L’ancien Jedi semblait s’y attendre, car il n’eût aucune réaction.
- Je suppose que vous voulez savoir qui était ce Sith ? demanda-t-il.
- Je voudrais surtout comprendre pourquoi il te perturbe autant.
- C’est assez compliqué…
Il narra l’ensemble du combat, les enchaînements à répétition, les coups toujours déviés, la plateforme, la rivière de lave et son coup victorieux lorsque son adversaire avait utilisé le Vaapad. Enfin il parvint au moment fatidique.
- …Et il a retiré sa capuche.
Il se tût, se refusant toujours à admettre la suite.
- Et ? Qui était-ce ?
- Moi, répondit Anakin d’un ton lourd de conséquences. Moi.
Jagen resta interdit, ébahi de ne pas avoir envisagé cette possibilité plus tôt.
- Un clone, poursuivit-il. Palpatine m’a cloné.
Padmé était horrifiée, sur le point de craquer.
- Palpatine t’a cloné. Par la Force, il a donc réussi. Comment était-il ?
- Qui ?
- Le clone, bien sûr ! Était-il sain d’esprit ?
- Il a basculé du Côté Obscur, et vous savez comment sont les utilisateurs de la Force Sombre…
- Oui, mais à part ça ?
L’ancien Jedi semblait ne pas comprendre.
- Pourquoi cette question, Jagen ?
- Parce que les clones sensibles à la Force finissent généralement fous, expliqua l’amiral. C’est en grande partie pour cela que l’armée clone a été basée sur Jango : il a un très faible taux de midichloriens dans son sang, l’héritage de plusieurs millénaires de culture mandalorienne rejetant les voies de la Force. C’est encore plus visible sur les clones arrivés à maturité rapidement. Et je sais – d’après les informations récupérées dans les archives personnelles de Palpatine – qu’environ cent cylindres volés pendant la Guerre des Clones chez Spaarti Créations n’ont jamais rejoint la base de Centax II, où Palpatine a conçu son armée de secours.
Il s’arrêta un instant, puis reprit :
- J’ai entendu dire que les Kaminiens avaient réussi un tel clonage, mais qu’il était extrêmement cher. Et je ne vois pas comment ils auraient pu en créer un, surtout depuis la fin du clonage commercial. Les installations de clonage thérapeutique sont sous contrôle… Je ne vois vraiment pas…
- Il y avait une scientifique kaminienne très douée, Ko Sai, je crois, qui a disparu après la bataille de Kamino…
- Elle est morte, répondit Jagen, un sourire à l’évocation de ce souvenir. Non, il faut suivre une autre piste. Mais toujours en partant de Kamino. Leur matériel compte pour beaucoup.
- Du matériel détourné ? dit Padmé. Mais par qui, et comment ?
- Je crois qu’il s’agit de l’œuvre de ce traître qui agit de plus en plus depuis quelques temps. J’avais repéré quelques agissements suspects l’année dernière, mais rien de plus, et j’ai préféré attendre pour repérer les éventuelles ramifications. Mais le temps est à l’action. Il a frappé le premier en attaquant Mustafar.
- Nous n’en sommes pas sûrs, tempéra Anakin. L’Empereur aurait pu nous détecter grâce à la Force.
- La Force ne permet pas tout, sinon les Jedi ne se serviraient pas de…
Il s’interrompit ; une nouvelle idée avait germé dans sa tête. Une idée qui était la réponse parfaite à toutes ces questions, mais qui impliquait des conséquences bien plus graves qu’il ne l’avait imaginé jusqu’à présent.
- Jagen ?
- Je crois que j’ai une piste. Une piste valable, à mon avis. Mais il me faut le vérifier par moi-même. Pour l’heure, il faut d’abord organiser le rapatriement de Bail et des autres dans le Noyau. Allons régler ça avec Obi-Wan et Van Kennen.
Ils sortirent de la navette, l’amiral en tête. Il ruminait toujours son idée, inquiet des retombées politiques qu’un tel suspect pourrait avoir. Et des conséquences tragiques qui pourraient arriver bien assez tôt, évidemment.
Si j’ai raison… Si j’ai raison, alors il me faudra vérifier au plus vite deux-trois points essentiels, et sans tarder. Si les couloirs qu’ils traversèrent étaient vides, le pont, lui, était en effervescence. Les navigateurs s’affairaient autour de plusieurs terminaux qui semblaient endommagés. Des câbles pendaient d’ailleurs du plafond au-dessus de l’un d’eux particulièrement amoché. Padmé semblait terrorisée ; Jagen tourna la tête dans la même direction qu’elle pour voir ce qui la dérangeait. C’était une tâche sombre, en face de ce terminal éventré. Un droïde passa alors, et ses projecteurs révélèrent qu’elle était de couleur écarlate.
Détournant la tête, l’estomac passablement retourné par ce spectacle dérangeant, l’amiral se mit en quête de Kenobi et Van Kennen. Il ne tarda pas à les trouver, dans la baie babord, en train de discuter devant une holocarte.
- Quelles sont les pertes ? demanda Jagen en arrivant à la hauteur du Jedi.
- Trois hommes, répondit Obi-Wan d’un air las. Un sur le pont, là-bas, et deux sur une batterie qui a explosée. Et l’infirmerie est pleine de blessés.
- Mes effectifs sont saufs, ajouta Van Kennen, mais il s’en est fallu de peu. Je suis assez surpris qu’ils aient déguerpi aussi vite. Ils auraient pu nous faire subir de larges pertes.
- Encore un mystère qu’il faudra éclaircir, dit le natif de Bespin. Un de plus. Mais pour l’heure, il faut organiser le rapatriement des participants à la réunion. Bail en particulier. Il doit absolument être à Coruscant avant la reprise des sessions parlementaires dans trois jours.
- Je pourrais affecter un de mes vaisseaux pour ramener tout le monde dans le Noyau, déclara Van Kennen.
- Le mieux serait de passer par Rhen Var, déclara Anakin. Un cuirassé serait trop visible. De plus, nous pourrions faire croire que Bail menait une inspection.
- Très bonne idée, Anakin. Amiral Van Kennen, je peux donc compter sur vous ?
- Oui, répondit le militaire de Sluis Van. Je vais faire parvenir mes ordres immédiatement. Le
Van Nekkeren partira dans la journée.
- Parfait. Anakin, je te confie la charge du groupe.
- Vous ne venez pas avec nous, Jagen ? s’étonna Padmé.
- Non, répondit l’amiral en se tournant vers Obi-Wan.
Maintenant, c’est quitte ou double. - Maître Kenobi, je crois savoir que vous retournez sur Tython. Cela vous dérangerait-il que je fasse le voyage avec vous ?
Tython, Quartier des cellules, Temple Jedi, 15 RC – Jour 169
- Bon appétit, Comte, dit le padawan en s’inclinant.
- Merci, jeune homme, répondit Dooku en s’approchant de la table.
Le padawan sortit rapidement, et il le suivit du regard. Il sortait peu de sa cellule, à présent, même si on l’autorisait de temps à autre à méditer aux côtés de son ancien maître. Mais à l’heure du dîner, c’était à présent un padawan qui venait lui apporter son repas, et cela lui réchauffait plus le cœur que l’habituel droïde de protocole – fort maladroit et bavard d’ailleurs.
Et puis, il était toujours l’un des Comtes de Serenno, quoi qu’on en dise, et il portait à ce titre une attention particulière au protocole.
Il eût un picotement familier à la base de la nuque. Le signal du danger. Mais il n’y prêtait plus attention. Cela faisait bientôt vingt ans qu’il le ressentait.
Ce soir, cependant, il était plus insistant.
Bah. Il ne m’est jamais rien arrivé jusqu’ici. Alors, pourquoi maintenant ?Il souleva la cloche en argent qui maintenait son assiette au chaud, et sourit en voyant ce qu’elle cachait. Une escalope de roba sur fond de crème bakurienne aux quatre-épices. Un plat de choix.
Il se servit un verre de vin borlésien, et coupa une tranche de viande, et la piqua de sa fourchette.
Bon appétit, en effet.Tython, Piste d’atterrissage du Temple Jedi, 15 RC – Jour 170
Je suis prêt. Pendant tout le voyage, Jagen s’était entraîné pour la confrontation qui s’annonçait. Pas un entraînement au combat, non, mais pour contrôler ses nerfs. C’était son plus gros problème depuis quelques temps. Les séquelles de l’âge, sans doute. Mais il voulait être au meilleur de sa forme pour ce qui l’attendait.
Une vibration de taille secoua la structure. Chancelant légèrement, Jagen s’accrocha à un tuyau apparent. À côté de lui, Kenobi n’avait pas eu besoin de recourir à une telle aide.
- Nos pilotes ne sont pas encore habitués à ce modèle, dit-il avec un grand sourire.
- Il existe des simulateurs, répliqua Jagen, pas très rassuré. Je peux vous faire un bon prix…
Le sas s’ouvrit au moment où la navette coupait ses moteurs. L’amiral descendit la rampe aux côtés du Jedi, habillé de son habituel uniforme de voyage. Le temps s’était rafraîchi depuis sa dernière visite, mais pas suffisamment à ses yeux pour justifier un autre vêtement.
Un padawan s’inclina en les voyant arriver. Obi-Wan fit de même.
- Maître Kenobi, dit le jeune homme.
- Padawan Solusar, répondit le vieux Jedi.
- J’ai de bien tristes nouvelles, maître, dit-il en jetant un coup d’œil à Jagen. Le Comte Dooku est décédé cette nuit.
- Une bien triste nouvelle, en effet, répondit Obi-Wan.
- Je ne peux qu’approuver, ajouta Jagen.
Dire qu’il s’agissait du chef de nos ennemis. De l’un des deux Sith. De l’homme qui a failli détruire la République. Mais il s’est repenti. Pourtant, je ne pense pas qu’une telle chose soit possible pour Palpatine. Pour retrouver le chemin de la lumière, il faut l’avoir connu un moment.- Mais il était âgé, reprit-il. Plus de cent ans, en tout cas.
- Cent trois, monsieur, corrigea Solusar. Mais…
Le jeune homme avait l’air gêné, lançant des coups d’œil autour de lui comme s’il était poursuivi.
- …Mais il n’est pas mort naturellement, acheva-t-il d’un souffle.
Le choc qu’éprouva Jagen devait être palpable, puisque les deux Jedi se tournèrent vers lui, avant de se faire de nouveau face.
- Que voulez-vous dire, Solusar ? demanda Obi-Wan
Nouvelle hésitation de la part du jeune Jedi.
- Il a été empoisonné, monsieur. Il a eu une crise cardiaque en prenant son repas. Lorsque les services médicaux sont arrivés, il était trop tard, mais ils ont tenu à faire une analyse sanguine. Et elle s’est révélée positive.
- Sait-on qui est à l’origine de ce crime ?
- Le padawan Flint, qui devait lui apporter son repas, a été arrêté dans la matinée.
- Flint… Son père est mort sur Belderone, à la fin de la Guerre… Il aurait une bonne raison d’en vouloir à Dooku.
- Mais ce n’est pas lui, intervint Jagen d’une voix dure.
Obi-Wan, surpris, se tourna vers lui et le dévisagea. Puis une lueur de compréhension apparut dans ses yeux.
- Vous n’êtes pas venu sur Tython pour vous reposer, déclara-t-il.
- Tout juste, répondit l’amiral. Et à présent, je me rends compte que ce traître est passé lui-même à l’action. Il faut à tout prix l’arrêter. À présent, maître Kenobi, menez-moi devant le Conseil.
Le Jedi le fixa intensément, puis acquiesça, et se dirigea vers les bâtiments, Jagen à sa suite. Lorsqu’ils entrèrent dans les bâtiments, l’atmosphère légère et fraîche de l’extérieur laissa place à une ambiance pesante et lourde très différente de celle qui régnait habituellement dans les couloirs du Temple. Le silence qui l’emplissait était presque insoutenable, tant il semblait étouffant. S’il n’avait vu quelques Jedi en robes traverser les couloirs sans prononcer le moindre mot, l’amiral aurait pu croire qu’il avait pénétré dans un tombeau.
Le Conseil Jedi était malgré tout au complet lorsqu’ils entrèrent dans la salle. Obi-Wan alla s’installer à sa place après avoir salué ses collègues, laissant Jagen seul au centre de la pièce.
- Votre présence ici inhabituelle est, commença Yoda. Deux fois en si peu de temps… De grands troubles cela signifie.
- En effet, maître, répondit l’amiral. Mais comme ma précédente visite a été écourtée, il était naturel que je revienne assez vite. Par ailleurs, je ne souhaite pas attirer l’attention sur ce qui s’est passé ces derniers jours.
- Que voulez-vous dire ? demanda Mace Windu.
- L’attaque qui a eu lieu sur Mustafar. Si maître Kenobi est en retard sur son planning, ce n’est pas pour rien.
- Nous n’avons pas été informés d’une quelconque attaque… commença Ki-Adi Mundi, mal à l’aise.
- C’est normal, expliqua Jagen. Je ne voudrais pas que les médias apprennent que le chancelier Organa a failli être tué.
- Le chancelier Organa ? répéta Windu.
- Et tout l’État-Major, en fait, ajouta l’amiral.
Un silence pesant s’abattit sur la salle. Jagen observa les alentours. Par la grande baie vitrée circulaire, il pouvait voir tout le panorama des environs. D’immenses oiseaux reptiliens planaient au-dessus de la jungle, probablement à la recherche de proies.
Comme moi à cet instant, songea le militaire.
- Un grand danger menace, dit maître Yoda. Unir nos forces nous devons.
- Je n’en suis pas si sûr, répliqua Jagen.
Le choc fut palpable dans la salle. Maintenant, je ne peux plus reculer.
- Bien entendu, commença Windu. Comme d’habitude. Vous vous servez de nous, puis vous nous laissez de côté.
- La force d’intervention qui nous a attaqués était composée de troupes hutts, déclara Jagen sans lui prêter attention. Mais leur chef… leur chef était un Sith. Un Sith du nom de Dark Vador.
- Vous soupçonnez l’Empire ? demanda Mundi.
- Évidemment, répondit l’amiral. Mais c’est là que j’ai dû faire face à un nouveau problème. Comment l’Empire avait-il pu être averti de la présence de tous ces officiels sur Mustafar ? Alors que j’ai personnellement supervisé la sécurisation des convois ? Alors que j’avais traqué toutes sortes de mouchards qui auraient pu révéler ne serait-ce qu’une parcelle de mon plan ? Alors que tout fonctionnait à merveille lors de la Guerre des Clones, avec le succès que l’on connaît et les difficultés inhérentes à l’infiltration du gouvernement ? C’est alors que j’ai compris… que j’ai compris que la fuite venait de moi.
Il se tut un instant, fixant tour à tour chacun des Maîtres du Conseil.
- Oui, la fuite venait de moi. J’ai agi stupidement. Oh, rassurez-vous, ce n’est pas la première fois ; mais il est rare que je me fasse aussi bien berner.
- De quoi parlez-vous ? demanda Plo Koon.
- Des communications. D’habitude, un cryptage quadruple givin est la norme pour ce genre de messages. C’est ce que j’ai fait lorsque j’ai invité personnellement chacun des participants au Congrès. Cependant… Cependant, je ne l’ai pas fait lorsque Bail m’a contacté lors de mon séjour ici.
Il s’interrompit à nouveau. Le silence était de plus en plus pesant sur la pièce.
- L’Empire aurait piraté nos corrections ? demanda Melena Nash, son visage habituellement paisible déformé par l’inquiétude.
- C’est ce qu’il semblerait, répondit Jagen.
- Impossible, dit Ki-Adi Mundi. Nous l’aurions remarqué.
- Peut-être, admit l’amiral. Ou… peut-être pas.
Il ne reste que quelques instants, à présent.- Mais cela signifierait… reprit Melena, cela signifierait qu’il y a un espion au sein de l’Ordre.
- Effectivement, dit Jagen avec un sourire.
Il se tourna légèrement pour fixer le siège à la gauche de Yoda.
- Depuis combien de temps travaillez-vous pour l’Empereur, Windu ?
Lentement, tous les autres membres du Conseil tournèrent leur regard vers WIndu, qui fixait paisiblement Jagen dans les yeux.
Puis, sans crier garde, il leva la main.
Les maîtres Jedi sautèrent en dégainant leurs armes mais s’arrêtèrent aussi nets. Jagen recula, par crainte. Ils étaient comme entourés par une sorte de bouclier qui les empêchait de bouger.
Un champ de stase, songea-t-il.
Le Jedi baissa la main jusqu’à sa ceinture, et saisit son sabre-laser. Il le dégaina, et une lame d’un violet intense en surgit. Tout cela s’était passé en moins d’une seconde.
Puis il sauta en direction de Jagen, la pointe de l’arme dirigée vers son cœur.
L’amiral n’eût même pas le temps de se pencher. En une fraction de secondes, Windu était sur lui. Le bout de la lame toucha sa poitrine, perçant son uniforme.
Puis elle dévia, entraînant Windu avec elle.
Le Jedi s’écrasa violemment contre le mur. Jagen profita de l’occasion pour s’éloigner vers le siège que Windu venait de quitter. Celui-ci se releva, et Jagen le fixa avec tout le mépris qu’il était capable d’éprouver.
-
Cuy beskar, di’kut.Puis il saisit les deux sabre-lasers bleus accrochés à sa ceinture.
Jagen savait pertinemment qu’il n’avait pas la moindre chance de résister à l’un des plus grands duellistes qu’ait jamais connu l’Ordre Jedi. Mais il savait aussi que le champ de stase se romprait bientôt, et qu’à douze ils pourraient aisément venir à bout de Windu.
Il décida de tenter le tout pour le tout. Il arracha ce qui restait de sa veste pour révéler les plaques d’armure cachées en-dessous. Le plastron était noirci à l’endroit où le sabre de Windu l’avait heurté, mais il remplissait encore sa fonction principale, c’est-à-dire dévier les lames énergétiques. Jagen alluma les siennes, et se prépara à se défendre.
Windu se releva avec peine. Son nez saignait abondamment.
Il ne s’attendait pas à ça, songea l'amiral avec satisfaction. Le Jedi regarda autour de lui, et s’avança pas à pas. Il était maintenant au centre du cercle du Conseil.
Derrière lui, une Jedi mirialienne réussit à se libérer du champ de stase. Elle se précipita sur lui au moment ou Jagen faisait de même.
Windu perçut le danger et donna un large coup horizontal tout en se baissant. Une expression de surprise puis de douleur apparut sur le visage de la Jedi. Consterné, Jagen vit que la lame violette lui avait ouvert le ventre.
Mais il ne recula pas pour autant.
Les autres membres du Conseil sortaient progressivement de la stase, et Windu s’en rendit compte. Au moment où Jagen attaquait, il leva sa lame et tendit la main.
L’amiral eut l’impression qu’un poing géant le projetait en arrière. Il passa à travers la baie vitrée en la brisant du même coup, et tomba en arrière sans aucun espoir de se rattraper. Il sentit très vite un grand choc, puis une douleur intense et il perdit connaissance.
************
- Amiral ? Amiral ?
Au son de la voix, Jagen ouvrit les yeux, et vit le padawan qui l’avait accueilli quelques minutes plus tôt. Ou quelques heures, corrigea-t-il en voyant que le soleil était en train de se coucher.
- Je vais bien, répondit-il. Enfin, presque. Que s’est-il passé ? A-t-on réussi à arrêter Windu ?
- Je… je ne sais pas, dit le padawan. Maître Yoda ne nous a rien expliqué… Il nous a juste dit de vous chercher ici et de vous ramener à la Salle du Conseil.
Jagen était totalement éveillé, à présent, et il pouvait sentir le feuillage en-dessous de lui. Il avait sans doute amorti la chute.
Quoi qu’en disent les Jedi, la chance doit avoir une part de responsabilités là-dedans.- Alors, ne perdons pas de temps, déclara-t-il en se levant.
Il avait fait une chute d’une vingtaine de mètres, constata-t-il en regardant au-dessus de lui. D’énormes éclats de verre gisaient autour de son point d’atterrissage, et lui-même était coupé aux épaules et aux jambes. Ses plaques de protection étaient cabossées, et il dut les enlever avant de pouvoir avancer.
Le trajet vers la Salle du Conseil parut durer une éternité. Jagen, impatient de découvrir ce qui s’était passé suite à sa sortie, marchait à toute vitesse, mais était tellement embrouillé qu’il avait du mal à se repérer et devait au final revenir aux côtés de Solusar. Lorsqu’ils y parvinrent enfin, l’amiral franchit seul les portes de la Salle, le padawan attendant à côté.
Les maîtres restants du Conseil étaient assis sur leurs sièges.
Aussi immuables que des statues, songea Jagen avec dépit. Mais deux manquaient. Windu, évidemment, et la Jedi mirialienne qui avait également combattu.
- Que lui-est-il arrivé ? demanda Jagen en désignant le siège de la Jedi. Est-elle…
Yoda acquiesça tristement, et échangea quelques regards chargés de mélancolie avec d’autres membres du Conseil.
- La perte de maître Offee est une tragédie, dit Obi-Wan.
- Tout comme la trahison de maître Windu, ajouta Ki-Adi Mundi.
Jagen les observa en silence, avant de prendre la parole.
- Et pourtant, Mace Windu passait vos journées avec vous. Et vous n’avez pas senti la corruption qui le gagnait. Il s’est volontairement exilé, et vous l’avez réintégré dans vos rangs sans poser de questions.
- Il n’était ni le premier ni le dernier Jedi à quitter temporairement le Conseil, répliqua Plo Koon.
- Nous avions discuté de cela lors du retour de Windu, dit Djinn Altis. J’étais contre sa réintégration. Nous ne savions pas où il s’était retiré, et le reprendre dans nos rangs sans examen préalable était risqué.
- Maître Windu était le membre le plus ancien de notre Conseil après Yoda lui-même, intervint Ki-Adi Mundi. Et il a officié comme Général Jedi en chef lors de la Guerre des Clones. Jamais il ne nous est apparu qu’il aurait pu suivre Dark Sidious.
- C’est bien le problème, Ki ! s’emporta Melena. Nous n’avons rien remis en cause, même après la Guerre !
- Nous en parlerons une autre fois, dit Plo Koon.
Apparemment, la situation n’est pas au beau fixe au sein de l’Ordre, constata Jagen avec un sourire intérieur.
- Que s’est-il passé pour Windu ? demanda l’amiral.
- Il s’est enfui, expliqua Kenobi. Le temps que nous donnions l’alerte, il avait déjà décollé.
- Donc l’un des maîtres Jedi les plus doués au sabre-laser depuis la création de l’Ordre nous a non seulement trahis en livrant des informations à l’ennemi, mais a en plus réussi à s’enfuir alors qu’il était entouré par le Conseil Jedi en armes ? récapitula Jagen, dépité.
- La poussée de Force qui vous a expédié à l’extérieur nous était aussi destinée, tempéra Mundi. Le temps que nous puissions nous en remettre, il avait déjà filé.
L’amiral lui lança un regard désabusé qui en disait long.
- À présent, dit-il, Windu est l’un des principaux ennemis de la République, et le plus dangereux après Palpatine. Il va me falloir des ressources considérables pour l’arrêter, sans parler des codes à renouveler ou des flottes à déplacer.
Mais heureusement pour moi et pour la République, il n’est pas au courant pour la Stealth Fleet
, pas plus que pour le projet Enforcer
et les chantiers Katana.- Cependant, la présence de Windu aux côtés de l’Empereur indique une chose, poursuivit-il. En mon for intérieur, j’étais persuadé que les Jedi Noirs de la Guerre des Clones n’étaient que de fausses pistes destinées à tromper l’ennemi sur l’identité du deuxième Sith. Mais à présent… à présent, je vois qu’il n’en était rien. La Règle des Deux a bel et bien été brisée. Ce qui indique que nous allons au-devant de gros ennuis.
Il regarda les membres du Conseil. Pas un n’osa prendre la parole.
- Bref, j’ai encore du boulot devant moi, conclut-il.
Bon, j'espère que la surprise était là, parce que les rebondissements ne sont pas finis...