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Chapitre 35. Egouts
 
Le jeune cadre impérial était un sentimental. Confortablement installé dans le point de contrôle de l’entrée Trois-14 de la Centrale d’Energie locale, il aimait se repasser inlassablement le même holo-film, Hindentanic, l’histoire de ce grandiose paquebot interstellaire modèle Katana que l’on croyait totalement indestructible mais qui avait rencontré son destin sous la forme d’un astéroïde isolé. Lequel avait perforé la coque tribord, condamnant à mort le grand vaisseau…

L’holo-film, inspiré de faits réels ancrés dans la légende, était une réussite. Le réalisateur avait délibérément insisté sur le caractère intimiste de la chose, en adoptant le point de vue de deux jeunes humains blancs de peau, l’un militaire prolo, l’autre issue de l’aristocratie, tous deux réunis dans l’amour et peut-être dans la mort… Gasp… Le cadre impérial avait maté une centaine de fois le film en question, et ça demeurait toujours aussi bon…

- Eh…

Le cadre impérial sanglotait. Il n’y avait pas suffisamment de navettes de sauvetage, plus de la moitié des passagers du paquebot allaient clamser…

- Oh… Je vous parle…

Le cadre se retourna. Un type aussi blanc de peau que les héros et en tenue d’ingénieur militaire le dévisageait, l’air aimable mais ferme.

- Je dois faire ma tournée d’inspection…

De sale humeur pour le coup, le cadre examina la datacarte que l’autre lui tendait. Il avait beau chercher, non, il n’avait jamais vu ce type… Cela dit, ses papiers étaient en règle.

- Il est devenu quoi, celui qui vient d’habitude ? demanda le cadre, qui n’avait qu’une hâte, revenir au film.
- Yameh ? répondit le visiteur. Oh, en ce moment, il est un peu camé, Yameh…
- Il en avait le genre, en effet. Va falloir passer au scan’ facial, attendez deux minutes que j’arrange l’appareil…

Le jeune cadre tritura l’espèce d’holo-caméra qui surplombait son bureau et la braqua à la tronche du visiteur. Quelques secondes, les bips habituels qui ne servaient à rien, sinon stresser les importuns, et…

- … Bien, vous pouvez passer.
- Y a pas de quoi.

D’accord, le contrôle avait été un peu bâclé, songea le cadre impérial. Mais bon, qu’est-ce qu’il risquait ? Sinon rater son film ?

Lando reprit sa datacarte et se l’enfonça dans une des pochettes de sa vareuse. Ce crétin avait mieux que marché : sprinté, oui ! A présent, il s’agissait de trouver l’endroit d’où il pourrait rejoindre le tunnel…

Il se demanda comment se débrouillait Nora.




L’Hobbie One était l’un des night-clubs-restaurants-lieux de rencontre les plus huppés de la Capitale impériale, et ça ne datait pas d’hier. Sous l’Ere du Déclin, c’est à dire l’Ancienne République, il s’était appliqué à respecter la loi, et l’Ordre Nouveau n’y avait rien changé, les patrons avaient toujours fait montre de leur fidélité au Gouvernement. Conséquence, de solides vigiles plantés à l’entrée veillaient à l’application du règlement : l’endroit était interdit aux pauvres, aux rebelles, et surtout, surtout, aux non-humains.

Wetzel, revêtu de son uniforme de cérémonie, put admirer Nora en pleine lumière dès qu’ils sortirent de la Zundyel. Ses cheveux blonds remontés en arrière, sa robe de soirée argentée ne tenant sur ses épaules que par de minces bretelles luminescentes ne faisaient que lui donner davantage de sensualité… Sa posture était matinée de grâce et de simplicité. Son visage se tourna vers le sien, leurs yeux se croisèrent, et Wetzel se souvint à quel point il l’aimait. Et l’amour devait réellement rendre aveugle, car elle n’avait guère porté attention aux quelques bleus et éraflures parsemant le visage du colonel, bleus et éraflures qu’il s’était acharné à dissimuler…

Le directeur de l’endroit, un vieux type guindé, vint les accueillir, tout frétillant.

- Colonel, major… C’est un plaisir…
- La table est réservée, je crois, fit Wetzel.
- Evidemment… répondit avec joie le directeur. Veuillez me suivre…

Beaucoup de gens étaient de sortie, ce soir, songea Wetzel. Le resto était bondé. Sur la scène, une plantureuse jeune femme en robe rouge hyper-moulante chantait au milieu d’un chœur de donzelles aussi affriolantes les unes que les autres, devant une gigantesque effigie de dragon crachant une épaisse fumée pourpre par ses narines. Wetzel reconnut l’air, un vieux classique de la guerre des Clones, Anything goes… En version Enng-Lish, une vieille langue dérivée du basic.

Times have changed
And we've often rewound the clock
Since the Puritans got a shock
When they landed on Yavin Rock.
If today
Any shock they should try to stem
'Stead of landing on Yavin Rock,
Yavin Rock would land on them.

- Kyte Cap-Show a tenu à faire son apparition ce soir... précisa le directeur non sans fierté.
- Je vois cela, sourit Wetzel.

La star du soir le remarqua, lui adressa de loin un clin d’œil en se trémoussant.

In olden days, a glimpse of stocking
Was looked on as something shocking.
But now, God knows,
Anything goes.

Nora le vit, et lui adressa une discrète bourrade dans le ventre.

- Tu es jalouse ? répliqua ironiquement Wetzel.
- Je n’ai pas à l’être de cette pétasse liftée, lui dit Nora en lui adressant son sourire habituel.

Good authors too who once knew better words
Now only use four-letter words
Writing prose.
Anything goes.

Le Directeur les fit s’asseoir à une table richement décorée. Les mets promettaient d’être aussi appétissants que la déco. Génial. Ca lui ferait du bien, à Wetzel, après l’Invisec.

If driving fast cars you like,
If low bars you like,
If old hymns you like,
If bare limbs you like,
If Twi’lecks you like,
Or me undressed you like,
Why, nobody will oppose.

- Non, certainement pas moi... dit Wetzel en ciblant les yeux de Nora.
- Toujours aussi pervers, mon colonel, rit-elle.

Il lui prit la main. Ressentit une décharge lui traverser le corps.

- Tu es la Tentatrice personnifiée, le savais-tu ? répondit-il.

Elle ne trouva rien à redire.

When ev'ry night the set that's smart is in-
Truding in nudist parties in
Studios.
Anything goes.



Un dédale de tuyaux, de conduites, de machins électroniques et autres joyeusetés ferraillées. Lando avait dû apprendre le plan par cœur mais redoutait de se perdre entre tous ces passages. Il croisait à l’occasion des patrouilles de Soldats de Choc et d’ingénieurs, ce qui n’était pas sans ajouter à la tension qu’il éprouvait depuis… trop longtemps.

La centrale n’était pas un modèle récent. Elle crachait la vapeur et la fumée au mépris total de la législation sur l’effet de serre. Mais les Impériaux s’en contre-tapaient.

Un couloir, une sortie, encore un couloir… un sas, cette fois… un ascenseur… Un couloir… Lando surveillait les indications… Ouais, encore quelques mètres, le prochain tournant… Yep !

Un sas d’ouverture, au sol. Lando jeta un coup d’œil derrière, autour de lui. Personne. Rien que des jets de vapeur. Génial.

Lando s’agenouilla, tapa le code d’accès. Le couvercle du sas s’ouvrit en émettant un son aigu, ‘achement désagréable. Restait à descendre l’échelle, si possible en évitant les flash-backs.




Leurs voisins étaient au nombre de trois, autour une table ronde. Trois types de grande taille, maigres, la peau fripée et livide aux limites du grisâtre, revêtus de costards noirs. Wetzel les avait trouvé étranges dès le départ. Sinistres, même.

Sur la scène, la chanteuse enchaînait les airs à succès, sous les applaudissements du public.

Il revint à Nora, échangeant quelques banalités, essayant d’éviter de causer boulot.

- J’ai entendu dire que l’Invisec avait été pris d’assaut, déclara la jeune femme.

Et chié… S’il voulait causer loisirs, c’était râpé.

- Oui, mais je n’y étais pas, répondit abruptement le colonel, gêné. Tu me connais.

Sourire fabuleux de Nora. « Oui, je te connais. C’est pour cela que je t’aime. »

Ces propos lui firent chaud au cœur, lequel battait la chamade. Si elle n’avait pas été là, il se serait déjà tiré une rafale de blaster dans la bouche… Tout ce qu’il avait été obligé de faire, d’accepter, de subir, pour arriver à ce résultat… Ce résultat imminent…

- Que t’arrive-t-il ? demanda-t-elle, inquiète. Tu m’as l’air soucieux, tout à coup.

Il lui caressait toujours la main. Son visage redevint gai.

- Rien, rien… Je suis un anxieux, tu sais bien.
- Je peux essayer de te délivrer de ton anxiété, dit-elle d’une voix suave.

Cette fois, il ressentit autre chose… L’instinct primaire, gamorréen, reprit le dessus dans son cerveau. Wetzel était colonel, membre des Services de Renseignements, civilisé, intelligent, mais… mais mec avant tout.

Il faudrait trouver le moyen de la sortir de là quand les Bothans arriveraient…

Nora détourna la tête, un bref instant. Wetzel, intrigué, se retourna. Un beau gosse sosie de… oui, c’était ça, vraiment frappant, un sosie de… Yan Solo… revêtu d’un smoking blanc, venait de s’asseoir à la table des trois Sinistres…

L’esprit gamorréen ne sommeillait pas uniquement chez les mecs.




Lando descendit de l’échelle, traversa un autre couloir, beaucoup plus poisseux que les précédents. Et… une dernière conduite… Il savait qu’il s’approchait car la chaleur produite par l’immense décharge d’énergie se faisait plus forte. Et effectivement… Il tomba sur un énorme rayon d’énergie électrique, manqua d’en être aveuglé, enfila ses lunettes de soleil haut-niveau.

Il lui faudrait attendre quelques secondes encore. 5… 4… 3… 2… 1…

Top.

Que dalle. La décharge d’énergie ne disparut pas. Lando ne put s’empêcher de frissonner. Mince, c’était pas vrai, les neutrons et les protons n’allaient pas faire des heures sup’, non ?

A peine le frisson lui eut-il ravagé l’échine et le dos que la décharge disparut, aussi soudainement qu’elle était apparue à Calrissian.

Après avoir branché ses lunettes sur le mode infra-rouge, il sortit quatre objets de taille réduite de son sac à dos, les assembla. Deux mini-réacteurs, une… planche, même modèle que dans l’holo-film Retour vers Vision du Futur II… Lando aimait ça, le laser-skate. Son pied droit se posa sur la planche, son pied gauche poussant sur le sol…

Il se jeta dans le vide…

La planche se stabilisa correctement, à quelques mètres du sol cylindrique. Lando réajusta ses lunettes spéciales, et démarra en trombe, se rappelant les 400 coups de sa jeunesse sur une planète oubliée de l’Univers Etendu.




Le problème de l’endroit était son insuffisance d’insonorisation. Ou peut-être, au fond, étaient-ils mal placés, car Wetzel parvenait à tout entendre : Nora, la chanteuse, les Sinistres. Lesquels étaient en grande discussion avec le smoking blanc.

- Zhaetor kouz-may… commença le type.
- Dowin to gu ! répondit le Sinistre en commettant un sourire bizarre. Docteur Jones, vous ne m’aviez pas dit que vous parliez ma langue…
- Je ne le fais que dans les grandes occasions, répondit le sosie de Solo.
- Et ceci… en est une ! persista dans son sourire bizarre le Sinistre.

« Eh ! Tu m’écoutes ? »

Ce ton vindicatif, c’était Nora.

- Ca dépend, répondit Wetzel avec amusement.
- Toi aussi tu suis la conversation des trois clones, là-bas ?

Le regard du Major Reeze s’était fait aussi langoureux que possible. Ce qui permit au colonel de dévier ses yeux de sa poitrine au visage même de l’être adoré.

- Ils sont… étranges, tu ne trouves pas ? s’expliqua laborieusement Wetzel.
- Tu flaires quelque chose de suspect ?
- Tu me connais.

Elle éclata de rire.

- Tu vois ton problème, colonel ? C’est de mêler trop souvent travail et vie privée.
- Au Service pour un jour, au Service pour toujours, fit Wetzel en rappelant la devise officieuse du Bureau.
- La vérité fera de vous des hommes libres, répliqua Nora en rappelant la devise officielle de l’Ubiqtorate.
- Vraiment très forte, tu es.
- J’ai eu un bon maître de stage.
- Je serais curieux de le rencontrer…
- Oh… (la moue de Nora était outrageusement scandalisée) Tu fais ton jaloux, à présent ?
- Pas besoin : j’imagine l’instructeur classique, chauve, vétéran, voire même peut-être avec deux bras mécaniques suite à une vieille campagne sur Ord Blinis…
- Au contraire, il était grand, brun, le teint buriné, l’expérience du vrai mâle.
- Ah, tu m’insultes ! s’esclaffa Wetzel.
- Tu veux me punir, peut-être ? murmura Nora en lui adressant un de ces regards dont elle avait le secret.

Ca devenait limite torride, ici.




C’était vraiment torride, ici. Le tunnel avait beau se constituer de plaques isolantes et de son propre système mural de refroidissement, la chaleur dégagée par la décharge d’énergie subsistait, l’imprégnait, le… oui, j’arrête.

Or, donc, Lando cherchait des yeux la cavité, indiquée d’un numéro-code. Pas évident, à la vitesse où il allait. 9654-54… Punaise, un numéro à 6 chiffres, dans cette immense grotte artificielle ? Oh bravo… 9403-25… 9403-26… 9403-27…

La chanteuse en robe rouge avait rejoint les trois Sinistres – peut-être étaient-ils les nouveaux proprios de la boîte ?

La chanteuse blondasse enchantée d’être là. – Oh, vous me faites les présentations ?
Le sosie de Solo (se levant). – Dr. Jones.
La chanteuse blondasse enchantée d’être là. – Enchantée d’être là !
Le Sinistre du milieu. – Ma chère, resplendissante vous… Euh, vous êtes resplendissante…
La chanteuse blondasse enchantée d’être là. – Oh, merci…
Dr. Jones (s’asseyant au côtés de la chanteuse blondasse enchantée d’être là). – Où en étions-nous ? Ah oui : je n’aime pas la manière dont tournent nos accords.
Le Sinistre du milieu. – Exposez-moi vos griefs.
Dr. Jones. – Vous n’auriez peut-être pas dû m’envoyer votre frère de lait hier soir… Je n’apprécie pas beaucoup que l’on essaie de voler le produit de mes efforts.
Le Sinistre du milieu (plus dur). – Vous avez insulté mon frère.
Dr. Jones. – C’est vous qui m’avez insulté.
Le Sinistre de droite (l’air furaxe). – Kane a bar !
Le Sinistre du milieu (encore plus dur, à son frangin). – Ferme-là ! (souriant) Et maintenant, Dr. Jones, si nous en venions au fait ?

- Tu as la même impression que moi ? fit Nora en découpant sa tranche de viande calamari.
- Grave, répondit Wetzel.
- Soleil Noir ? Hutts ?
- Je l’ignore, en fait. Je n’ai jamais vu ces types. Attendons de voir la suite…




Lando avait trouvé la cavité, s’y engagea… Une étroite conduite d’aération faisant partie du système de refroidissement, laquelle menait vers les égouts, lesquels étaient pulsés en air… Un système complexe, qui aboutissait à ce que ladite conduite, sale et visqueuse, peuplée d’insectes microscopiques, fût encore surchaufée.

Lando démonta son laser-skate, le rangea dans son sac à dos et, à plat ventre, longea ladite conduite. « Lando est dans la place, tout baigne… ». Heureusement, ses lunettes infra-rouges ne déconnaient pas… On n’y verrait goutte, sans.




Le Sinistre du milieu. – Avez-vous l’index de Mongei Shai ?
La chanteuse blondasse enchantée d’être là. – Hein ? C’est quoi, Mongei Shai ?
Dr. Jones. – Je l’ai trouvé sur Bimmiel.
La chanteuse blondasse enchantée d’être là. – Attendez… Vous faites quoi, dans la vie ?
Le Sinistre du milieu (re-souriant). – Le Dr. Jones est… archéologue. Est-ce bien ce terme qui revient à vous désigner ?
Dr. Jones. – Ouaip.
La chanteuse blondasse enchantée d’être là. – C’est curieux… Je n’imaginais pas les archéologues comme vous… Plutôt le genre intello farfouillant dans des sites poussiéreux à la recherche de momies…
Dr. Jones. – Le beau rêve. Cela dit, des momies, l’on peut hélas en rencontrer chaque jour dans la rue, n’est-ce pas Laoh-Shai ?
Le Sinistre du milieu (Laoh-Shai, donc, pour ceux qui suivent). – Revenons-en à nos… euh, bref. Alors ? Mongei Shai ?
Dr. Jones (sortant une petite urne d’une des poches intérieures de son smoking). – Le voici.
La chanteuse blondasse enchantée d’être là. – Quoi ? C’est ça, Mongei Shai ? Il est bien petit…
Laoh-Shai. – Normal, ma petite conne, c’est son index.
La chanteuse blondasse enchantée d’être là. – Ah, oui, c’est vrai…

- Ca ressemble à du pillage de tombes, et rien d’autre, estima Nora.
- Tu as sans doute raison. Au fait, chérie, peux-tu me passer le sel ?
- Doucement, pour ton cholestérol.
- J’aime vivre dangereusement.



Combien d’acariens et autres dérivés insectoides ramassait-il en se traînant difficilement dans le boyau, Calrissian ne savait et ne voulait pas le savoir. Un bruit de chute d’eau lui rappela qu’il se rapprochait davantage des égouts. Trop bon…

Allez, encore un effort… Avec Hambly, t’y serais resté plusieurs pages…Pourquoi que ce n’est pas moi qu’on réserve pour la soirée mondaine ? Et nom d’une pipe, que fait donc Nora ???




Dr. Jones. – Le voici, donc… Mais d’abord, livrez-moi ce dont nous étions convenus.
Laoh-Shai. – Mongei-Shai d’abord.
Dr. Jones. – Pas question.
Laoh-Shai. – Je ne crois pas que vous soyez en position de négocier, Dr. Jones.
Dr. Jones. – Ah oui ? (agrippant la chanteuse blondasse, pourquoi ?) Et maintenant ?

- Ca a l’air de partir en live, fit remarquer Nora en s’essuyant délicatement les lèvres.
- En attendant, leur viande est succulente.

La chanteuse blondasse moins enchantée d’être là. – Eh… Lâchez-moi, grande brute !
Dr. Jones. – Alors, Laoh ? Qu’attendez-vous ?

- Que fait-il, cette fois ? demanda Nora.
- Le Sinistre du milieu ? Oh, il sort une espèce de bourse et la pose sur la table.
- L’archéologue sait se faire respecter.
- J’en ai bien l’impression.

Dr. Jones (lâchant la blondasse moins enchantée d’être là et s’emparant de la bourse). – Vous voyez, si vous êtes réglo, tout se passe dans le meilleur des mondes.
La chanteuse blondasse, moins enchantée d’être là. – Laoh ! Ce monstre a fait un trou dans ma robe !!!
Laoh-Shai (récupérant la fiole remise par le Dr. Jones). – Ah…
Le Sinistre de gauche. – Zhaetor Zha !
Dr. Jones. – Hein ? Les quoi ?
Laoh-Shai (le visage illuminé). – Mongei Shai, le Grand Eclaireur… Notre héros suprême…
Dr. Jones (portant un verre à ses lèvres). – Bon retour chez toi, Mongei Shai…

- Tiens ? observa Wetzel.
- Quoi ?
- Nos Sinistres sont hilares.




Ayé, j’y suis… Lando avait atteint le bout de la conduite – ses nerfs, fort heureusement, n’y étaient pas encore, à bout.

Devant lui, en bas, un fleuve d’eau grise et noire, charriant diverses ordures et quelques cadavres. Au loin, à gauche, un son de cascade. Devant de l’autre côté du fleuve boueux, une paroi qui devait s’étendre sur des kilomètres.

Et vraiment devant lui, forée sur la paroi, une autre conduite… Mince, il y était abonné.

Lando sortit une espèce de blaster de son sac-à-dos, lequel était pourvu d’un lance-filin. Il visa rapidement, pressa la détente. Le filin bondit de sa cachette, et se planta quelques centimètres au dessus de la conduite.

Lando se mit sur le dos, plastiqua le début du filin juste au dessus de la conduite qu’il allait quitter incessamment sous peu. Il n’y avait plus qu’à se traîner de l’autre côté, en surplombant le fleuve… Le tout dans le noir complet. Très joyeux, décidément. Au fond, le danger était là : si ses lunettes lâchaient, il était foutu.

Lando inspira profondément, ses mains empoignèrent fermement le filin, et il se lança.




Laoh-Shai (toujours mort de rire). – Et maintenant, Dr. Jones, rendez-nous la bourse.
Dr. Jones (mort de rire à son tour). – Ben pourquoi ?
Laoh-Shai. – Ce verre, que vous venez de porter à vos lèvres, contient un poison très violent. Et très rapide.
Dr. Jones (la voix aussi blanche que son smoking). – Vous bluffez !
Laoh-Shai (lui montrant, de loin, un tube minuscule). – Et ceci est l’antidote. Donc : rendez-nous la bourse. Ou perdez la vie.

- Chéri ?
- Moui ?
- Ne devrait-on pas intervenir ?
- Tu parles du meurtre qui est en train de se commettre ?
- Non, de la crise bakuranne.
- Je pense que le Dr. Jones n’est pas du genre à se laisser faire ainsi.
- On attend ?
- Oui ! s’impatienta soudainement Wetzel. Un type va peut-être mourir sous nos yeux, mais ce n’est pas tous les jours qu’on peut se payer des congés…

Nora le dévisagea.

- Oui, fit-elle, convaincue. Tu as peut-être raison.
- Au fait, dit-il en mâchonnant un morceau de pain. Comment trouves-tu cette mousse ?




Le remous des flots évoquait davantage une longue plainte infernale que le doux clapotis des canaux d’Alderaan. Lando, perché sur son filin, y jeta un coup d’œil. S’il ne faisait que tremper un orteil dans ce marécage en mouvement, il était certain de claquer dans les quatre heures…

L’orifice était de plus en plus proche… Allez, gngn… C’était pas le moment de lâcher…




Un serveur venait de rejoindre la table des Sinistres. Wetzel et Nora avaient immédiatement remarqué qu’il tenait un blaster sous son plateau. La question était de savoir pour qui il bossait…

- Ca devient de plus en plus sportif, reconnut Nora.
- Je te jure que je ne pensais pas une seule seconde que…

Elle l’interrompit par un éclat de rire.

- Nous vivons une époque troublée, admit-elle.
- Oui, approuva Wetzel en lui servant un verre de vin. Mais il y a des limites, tout de même.

Dr. Jones (la voix excitée). – Tout n’est pas encore joué, Laoh ! Ce jeune serveur travaille pour moi, et un coup de blaster suffira à t’éradiquer les boutons d’acné !
Le jeune serveur naïf. – Et je m’y connais, en chirurgie faciale, n’est-ce pas, docteur Jones ?

- Le Sinistre du milieu m’a l’air d’écumer de rage, marmonna Wetzel.
- Décidément, c’est l’improvisation totale, ce soir…




Calrissian était parvenu à rejoindre la paroi d’en face et s’était glissé dans le conduit, pieds devant. Mains et orteils collés au ferrobéton, il avançait, lentement, mais sûrement…

… jusqu’à ce que ses pieds ne sentissent que le vide…

… il se laissa conduire et…

… sauta en avant…

Il atterrit magnifiquement, style gentleman-cambrioleur (« Oui mais c’est un gentleman… »), sur une surface plane quelque peu mousseuse. Pile à temps pour apercevoir la forme verdâtre qui le dévisageait.




Dr. Jones. – Alors, Laoh ?
Laoh-Shai. – Grrr….

Brusquement, un coup de feu retentit.

- Non, pas un coup de feu, corrigea Nora.
- Champagne, ajouta Wetzel sur le ton du spécialiste.
- Merci, remercia le narrateur, confus.

Sur une autre tablée, plus loin, un haut-gradé sabrait des bouteilles, tandis que volaient les bouchons et que la mousse aspergeait les invités.

Chez les Sinistres, le serveur semblait s’être affaissé… Et le Sinistre de gauche avait rangé quelque chose dans son veston.

Le serveur naïf (la voix de plus en étouffée). – Ah… Dr. Jones, je… vous ai suivi dans toutes vos aventures… Les Aventuriers du Derche Perdu… Le Temple Soldé… La Dernière Poilade… A présent, je vais… rejoindre mes ancêtres et devenir une étoile pour veiller sur vous…
Dr. Jones (dévoré par la tristesse). – C’te à dire que maintenant, il me faudrait davantage un flingue qu’une étoile…
Le serveur naïf (fermant les yeux). – Ayé… je vois la lumière… Ahhh…
La chanteuse blondasse de moins en moins enchantée d’être là. – Oh bin mince… Il est mort…
Laoh-Shai. – Hein ?
La chanteuse blondasse plus du tout enchantée d’être là. – Euh… Il pointe devant le Grand Barbu pour le dépôt de bilan…
Laoh-Shai (air entendu). – Ah…

- Je crois qu’il y a eu homicide, ce qui justifie, de notre part, une intervention, intervint Nora.
- Attends, je n’ai pas fini le dessert…




« Géant-vert ! » Cette holo-pub célèbre fut la première pensée de Lando à la vue de la… chose, quoique si la forme s’avérait verdâtre, c’était du fait d’une colorisation foireuse de ses lunettes infra-rouges…

Il avait immédiatement reconnu la créature. Et avait immédiatement flippé. Car le.. la… enfin le truc mouvant qui se dirigeait vers lui était rien moins que la pire chose qu’il eût voulu éviter.

Un Chton. Un salopard de Chton. Un membre de cette peuplade cannibale et dépourvue d’yeux qui écumait les égouts de Coruscant à la recherche de nourriture. Les Chtons, individus cauchemardesques aussi redoutés et légendaires que les Sith, avaient été classés M.A.L. par la police scientifique : Mutants Aquatiques en Liberté.

Lando, tout en maudissant l’auteur du scénar’ pour avoir lu L’Ombre du Chasseur, sortit son blaster et visa le gros tas anthropophage, lequel l’avait immédiatement perçu par le boucan que notre héros avait involontairement commis – et aussi, probablement, grâce à ses capacités olfactives. Un rayon de blaster fendit l’air, découpa la tête du monstre. Lando se mit à courir alors que le Chton s’effondrait lourdement sur le sol.

Calrissian, tout en courant, crut entendre des gémissements, des cris… des gémissements, des cris qui ne venaient pas du Chton qu’il avait abattu, mais d’autre part… d’autres Chtons… Il y en avait donc plusieurs ! Et visiblement peu disposés à se contenter du rôle de guest-stars dans La Doctrine Tarkin.

Lando accéléra… mais… dérapa… se vianda au sol… glissa sur la mousse… s’écrasa sur… sur…

… ce qui ressemblait à des mollets…

… des mollets de Chton…




Les Sinistres rigolaient, plus que jamais. Le Dr. Jones parut ne plus y tenir, se leva, titubant, sous les rires de ses futurs anciens commanditaires. Un droïd-plateau passa non loin, transportant de fort appétissantes brochettes géantes enflammées… Le Dr. Jones s’y précipita, en saisit une et, se retournant vers les Sinistres…

- Aie… maugréa Wetzel.

Nora interrompit son mâchonnement, moue interrogative.

La brochette atterrit dans la gorge du Sinistre de droite, allumant sa tête comme une torche… Le dénommé Laoh-Shai poussa un cri de rage, son voisin se leva, grimpa sur la table en se frappant le torse, hurla des insultes guerrières et se jeta sur le Dr. Jones… mais ce dernier fut plus rapide… Le Sinistre s’explosa la face sur le parquet…

Un cri. Deux cris. Plusieurs cris. Les consommateurs, en smoking, en livrée, en tenue d’apparat, en robes de soirée, succombèrent à cette terreur si rapidement déchaînée… En quelques secondes, ce ne fut qu’hurlements et cavalcades dans la salle de restauration… D’aucuns se battaient pour sortir le plus vite possible, ou régler quelques comptes…

- Avec un peu de chance, on n’aura pas à payer l’addition, fit remarquer Nora en s’essuyant froidement les lèvres.
- J’insiste, fit Wetzel en déposant une liasse de billets.

Tranquillement, ils se levèrent, et se mêlèrent à la castagne.




Le Chton le saisit par le sac à dos, le soulevant d’une seule main. Lando lui asséna un violent direct du droit, en pleine tronche. La créature ne réagit point. Ah, si : elle grogna. Un ricanement ? Le son produit par la faim qui devait la démanger ?

Mince… où était son blaster… A terre, juste devant le Chton… Par les puces de Chewie, qu’allait-il faire ? Le monstre allait lui briser le cou… Et Lando pouvait entendre les autres rappliquer…

Non… Non… Non ! Il lui restait encore… un outil…

Le Chton criait, cette fois. Lando sortit une grenade thermique de sa vareuse, l’enfonça dans la mâchoire de la chose qui, stupéfaite et la gorge bloquée, le lâcha soudainement… Lando ramassa son blaster, se releva et fonça vers… vers là où il devait aller…

Il ne se retourna pas pour assister à la désintégration du Chton… Le sol trembla sous ses pieds, des morceaux de chair furent projetés à travers le tunnel… Il n’avait pas le temps d’observer… Plus le temps… Plus le temps !




La gracieuseté du tracé de jambe de Nora vers le faciès d’un des Sinistres charma Wetzel au plus haut point. L’avantage des robes de soirée était qu’elles pouvaient permettre à l’œil aguerri masculin – ou lesbien – de mater une large surface…

Wetzel aplatit la gueule d’un sale type qui essayait de venir en aide auxdits Sinistres, et encore une autre, et encore une autre… Le tout au milieu d’une foule hurlante – mais richement vêtue…




Lando avait couru longtemps, suffisamment pour mettre le plus de distance possible entre lui et les Chtons… Problème : il aurait nécessairement, au retour, à croiser leur route. Mais cette fois, l’effet de surprise ne jouerait plus sur lui…

Il ne devait plus être loin, à présent. Et effectivement… il s’arrêta devant une paroi qui aboutissait à faire du tunnel un cul-de-sac. Mais loin de le décourager, cet obstacle ne fit que le rassurer. Il suffisait de chercher au plafond… Bingo ! Lando aperçut la grille… Une banale grille d’aération… Un coup de blaster suffit à la détruire… Il sauta, s’agrippa à l’ouverture ainsi faite… se balança pour mieux se pousser à l’intérieur de cette énième conduite d’air… Et rampa. Combien de temps ? Quelques minutes, peut-être… On n’avait pas le temps de faire du Hambly…

Or, donc, Lando rampa… puis aperçut… une lueur… une lumière… Encore quelques mètres… oui… Il put enfin retirer ses lunettes… Il venait d’arriver devant une nouvelle grille d’aération. La dernière. Par les fentes, il contempla la zone qui s’étendait sous lui… Une suite de dalles métallisées, éclairage assez faible mais existant, tamisé donc. Apparemment pas de marquage laser… Peut-être des détecteurs thermiques ? Lando scruta le sol et les murs, attentivement. Non, vraiment rien.

Il retira lentement la grille d’aération, l’installa de l’autre côté de l’ouverture. Il rampa quelques secondes, de manière à laisser ses pattes sortir les premières et… se laissa chuter au sol…

Lando avait cru, au dernier moment, que le système d’alarme se déclencherait, d’une manière ou d’une autre… Mais non, il ne se passa rien. Rien du tout.

Lando faisait simplement face à une porte blindée pourvue d’un logiciel d’ouverture. Il touchait au but…




L’ordre revint rapidement. La salle, les tables étaient saccagées, le sol était constellé de quartiers de viande, de sauce, de légumes piétinés… Une cohorte de bourgeois blessés, fatigués, geignaient et gémissaient… Comme d’habitude, se mit à penser Nora en rajustant sa robe, nullement déchirée, ni même tâchée, encore moins déchirée.

Les Sinistres avaient disparu, le Dr. Jones également… Avait-il pu absorber l’antidote ? Cette question disparut très vite de l’esprit du Major Reeze. Une autre, autrement plus importante, s’y était substituée.

Où était donc passé Wetzel ?
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