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1. Description
 
Episode III - Revenge of the Sith

Années de composition : 2004-2005
Année d'enregistrement : 2005

Sortie CD : 02 Mai 2005
Label : Sony Classical
Référence : SK 94221

Prix : 20 €

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2. Contenu & Analyse (01:12:02)
 
Piste 1 : Star Wars, Revenge of the Sith (7’31)

C’est reparti, le fameux thème de Star Wars se fait entendre pour introduire le dernier film qui lie les deux trilogies. Inchangé depuis 1977, il est toujours commun aux autres B.O accompagnant le texte déroulant et je ne réengagerais pas l’étude dessus. Suite à ce thème, bien connu de tous, on plonge directement dans la « bataille », c’est le cas de le dire car il y a un rythme assez marqué par les percussions et les trompettes. Par-dessus, les autres cuivres se mettent à jouer le thème de la Force et ce, presque dans son intégralité mais toujours avec ce rythme entraînant de la marche militaire. Puis, laissant place à un moment plus étouffé, la tension se fait plus présente au niveau musical, la mélodie toujours jouée par les cuivres. C’est alors que l’on change de caractère. Toujours plus pressant avec un ostinato (rythme régulier ininterrompu) aux cordes et percussions qui marquent l’omniprésence de la tension dans la scène (entrecoupée ça et là d’interventions stridentes des bois les plus aigus : flûtes et piccolo et aussi trompettes et cors avec des rythmes accélérés et irréguliers). Brièvement, l’ostinato change de voie, passant aux cuivres avec le développement de la mélodie aux cordes. Puis comme un cri de rappel, on entend le raisonnement des cors qui relancent la machine. Retour de la basse obstinée et de la marche militaire. Rassemblement des instruments derrière les cuivres et les cordes qui jouent rapidement. C’est alors qu’il y a une modulation, les nuances deviennent moins fortes mais le rythme reste pressant, stressant. Avec un crescendo progressif, l’ostinato retourne aux cordes pendant un long moment, entrecoupé de coups de fanfare par les cuivres. D’un seul coup, le rythme diminue, et les nuances de moins en moins fortes conduisent à la fin du morceau.

Piste 2 : Anakin’s Dream (4’46)

La piste commence d’abord doucement, un violon solo est accompagné par une harpe. On peut alors entendre le thème d’Anakin (Episode I) joué par les flûtes avec le violon en contre-chant et accompagné par le reste de l’orchestre à cordes. Ce thème est développé presque dans son ensemble. Le caractère est très calme, très reposant. Puis, la mélodie devient plus floue et les intervalles stridents. Les notes qui se frottent apportent une sensation de malaise. Il y a un brusque arrêt de la musique qui reprend sur un crescendo. Ensuite, on retrouve la mélodie jouée toujours aux cordes, plus calme, mais toujours teintée d’inquiétude voire de mélancolie. Il y a alors le retour du thème d’Anakin aux bois (flûte et clarinette) mais pas entièrement cette fois-ci. Une transition aux cordes les plus graves ramène la sensation de malaise (fort contraste entre les instruments aigus et les cordes graves). Subrepticement, on voit le retour du thème de la Force joué par les clarinettes à plusieurs reprises. Il y a de nouveau une transition par les instruments graves au-dessus desquels viennent se greffer les cuivres qui ramènent les cordes, puis c’est la fin du morceau. Cette piste fait un peu penser aux cendres d’Angéla et à la Liste de Schindler. 

Piste 3 : Battle of the Heroes (3’42)

Voilà le petit nouveau de la série. LE thème de la B.O qui annonce dès le titre la destinée du combat. Lancé par une introduction aux cordes, le thème est d’abord exposé aux cors et joué 2 fois. Il est repris ensuite par l’intégralité de l’orchestre et par-dessus les voix humaines sur ’’aaahhh’’ ajoutent à la sensation d’intemporalité et du caractère grandiose du combat. Le rythme est assez soutenu. Le thème est alors développé puis transposé sur une autre tonalité. On a de-ci de-là, des coups de cuivres qui entrecoupent le retour du thème aux différents instruments. Puis par-dessus tout cela, il y a le développement du thème de la Force par des cuivres mais avec un accompagnement dissonant. C’est alors qu’il y a le retour du thème Battle of the Heroes (BOTH) et un rassemblement de l’orchestre derrière les cuivres. Puis, sur un grand crescendo, il y a la répétition d’un même accord rythmé, ce qui crée une tension. De nouveau, le thème est développé, légèrement transformé aux bois (clarinette et hautbois), il y a alors une diminution du rythme et des nuances jusqu’au grand crescendo final et un accord conclusif par tout l’orchestre.

Piste 4 : Anakin’s Betrayal (4’04)

Cette piste débute sur une mélodie très morose aux cordes en legato (lié) sur lesquelles viennent se superposer les voix, ajoutant au caractère de destinée de l’action (moment de l’ordre 66). Il y a alors un grand crescendo jusqu’à l’entrée des cuivres qui amènent la mélodie. Le rythme s’accélère légèrement à l’orchestre avant de retomber. Puis, brusquement, il y a un changement de caractère et presque immédiatement, la mélodie qui était menée par les cordes de l’orchestre passe aux chœurs et aux vents jusqu’à la fin du morceau.


Piste 5 : General Grievous (4’07)


Un nouveau personnage, semi mécanique, pour lequel Williams insère une musique aux rythmes endiablés et aux sonorités dissonantes entrecoupées par des interventions de cuivres et xylophone aussi en dissonance. Une percussion est entendue pendant presque tout le début du morceau. Tout à coup, vient se faire entendre le thème de Luke rapidement effacé. Le rythme diminue alors au profit de sonorités toujours tendues et reprend avec le même caractère pressant accentué par l’entrée du tambourin. Cette fois-ci, on a l’intervention de cuivres (avec sourdine) et des vents. En accélérant, on a une nouvelle partie du morceau mais suivant toujours le même caractère rapide et oppressant qui reste omniprésent jusqu’à la fin du morceau, qui s’interrompt brusquement.

Piste 6 : Palpatine’s Teachings (5’25)

Le morceau commence par une note tenue aux instruments graves et les voix, sur une onomatopée par-dessus lesquels Williams fat jouer les harmoniques d’un instrument à vent. Cela donne une sensation surnaturelle à ce début de morceau. Une transition aux cordes graves amène la mélodie à une trompette solo. L’orchestre entre alors toujours morne et arythmique. Puis c’est au tour des cordes aigues de montrer des dissonances qui introduisent le thème de Vador joué par les bois les plus graves (basson, clarinette basse…), et ce presque dans son intégralité. D’un coup, on se met à entendre le thème de la Force joué par l’orchestre derrière un rythme légèrement accéléré. Il y a ensuite une sorte de dialogue entre les cordes graves et les vents graves. Le caractère reste mystérieux. Puis tout à coup, on a l’entrée d’une fanfare (similaire au retour vers Naboo dans l’Episode I) qui clôt le morceau.

Piste 7 : Grievous and the Droids (3’28)

Comme pour la piste 5 on retrouve du rythme dès le début du morceau, très mécanique mais un peu plus mélodique que cette dernière. Le début est un peu fanfaronnant (militaire), puis les nuances deviennent plus piano. On entend alors le thème de la Force. Toujours piano, il y a différentes interventions par-dessus des notes graves tenues. Il y a alors un retour du rythme avec des temps accentués par tout l’orchestre, très régulièrement ponctué par des interventions des cuivres. Avec toujours des sonorités dissonantes qui mettent en place une sensation de tension à l’action. Alors les nuances se calment et on entend les premières notes du thème de la Force. Brusquement le morceau s’arrête.

Piste 8 : Padmé’s ruminations (3’17)

Cette piste commence par une note grave tenue, par-dessus laquelle viennent s’insérer des sonorités électroniques (c’est la première fois dans Star Wars). Une voix féminine modifiée intervient. Le but de ces sonorités est d’accentuer le caractère inquiet et angoissant du moment. Puis dans les aigus on peut entendre le thème de Across the Stars (Love theme de la prélogie introduit à l’épisode II). Cette mélodie résonne dans le lointain et est très effacée. Puis, on entend une sorte de marche avec des rythmes lents aux cordes, les nuances restent presque à plat. Cette mélodie passe aux bois entrecoupés ça et là par des interventions de cuivres. La mélodie retourne alors aux cordes et aux sonorités frottantes entre elles. Le rythme diminue et les nuances aussi jusqu’au silence.

Piste 9 : Anakin VS Obi-Wan (3’57)

Cette piste commence de la même manière que la piste 3, c'est-à-dire le BOTH retentit aux trompettes avant d’entendre le thème de Vador, puis un retour de BOTH toujours aussi intense et de nouveau coupé par la Marche Impériale entièrement développée et fanfaronnante. Elle est suivie par un ostinato dans les cordes aigues, très rapide. Ce rythme endiablé se conclut par un brouhaha dans les cordes. On arrive à entendre par-dessus la marche impériale, accentuée dans un deuxième temps par l’orchestre. C’est alors qu’après une transition, on retrouve le thème de Battle of the Heroes mais avec cette fois-ci, l’intervention des chœurs comme dans sa version originale. De nouveau, le thème s’arrête un instant avant de reprendre, s’arrête à nouveau, et recommence avec une reprise du thème de la Force qui prend une connotation fataliste. Brusquement un accord interrompt l’orchestre et clôt le morceau.

Piste 10 : Anakin’s Dark Deeds (4’05)

Cette piste commence calmement avec une mélodie aux voix féminines accompagnée par quelques cordes. D’un coup, le chœur sonne le glas et il y a une accélération du rythme à tout l’orchestre. La mélodie passe ensuite aux cordes avant de passer par différentes autres familles d’instrument dans l’orchestre. Une sorte de chorale de cuivres ramène alors les voix et l’orchestre en fanfare avec un caractère affolé et un peu fataliste. Puis la musique se calme et on retrouve une mélodie sobre et grave aux cuivres dans des nuances modérées, accompagnée faiblement par l’orchestre. La mélodie est ensuite reprise aux cordes graves et aux cuivres avec un contre chant aux instruments les plus aigus. Un grand crescendo ramène la fanfare des cuivres qui conduit à la fin du morceau.

Piste 11 : Enter Lord Vador (4’14)

La piste commence en fanfaronnant, très vite remplacée par une atmosphère plus calme avec une mélodie aux cordes puis aux bois très simplement. C’est alors que le cor joue une transition qui amène de nouveau un rythme très régulier et militaire. Brusquement ce rythme s’interrompt et on a un passage plus calme suivi par un crescendo à l’orchestre, et tout de suite après le rétablissement de l’atmosphère feutrée. Nous avons ensuite le retour du rythme plus militaire mais sans accentuation par les percussions. Puis il y a un grand crescendo et il y a la reprise de la marche. Interrompue brièvement par un silence, elle reprend, mais c’est la marche impériale qui se fait entendre aux cuivres avec une mélodie fanfaronnante suivie rapidement d’un decrescendo. On peut alors percevoir le thème de l’empereur. Le retour du tintement des cuivres termine le morceau.

Piste 12 : The Immolation Scene (2’42)

Cette séquence est très dramatique dans le film et cela s’en ressent dans la musique. Cette piste se rapproche très fortement dans le caractère de La Liste de Schindler. Il y a l’exposition de la mélodie aux cordes très legato et en mode mineur avec de temps en temps quelques dissonances. La nuance va toujours en s’amplifiant et l’orchestre reste assez uni. La musique de cette piste est très bien conçue et ajoute au caractère fataliste de l’action. La mélodie passe alors aux bois puis aux cordes, plus accélérée mais sans presser. Un léger ralenti termine le morceau avec un unisson à l’orchestre.

Piste 13 : Grievous speaks to Lord Sidious (2’49)

Le morceau commence assez rapidement avec un thème aux cuivres, les cordes faisant un accompagnement rapide, ponctué par des interventions du chœur. Il y a alors un grand crescendo suivi d’un moment de silence. Une note est tenue aux cordes, puis une mélodie peu précise émerge aux cordes les plus aigues. Sur un nouvel accroissement des nuances, le rythme s’accélère et le thème repasse aux cuivres en alternance trompette et cor. Ce thème est repris ensuite par les cordes dans un changement de caractère qui rappelle un peu Across the Stars. La mélodie repasse aux trompettes et sur un decrescendo général, le morceau se termine.

Piste 14 : Birth of the Twins & Padme’s Destiny (3’37)

La piste commence par un passage au célesta accompagné par les cordes et quelques vents. C’est une atmosphère dramatique et très feutrée. Il y a alors un duo entre la harpe et le célesta par-dessus lequel viennent s’intercaler les bois et les cordes qui font un crescendo tenu. C’est alors qu’on a le retour du thème funèbre de Star Wars, très religieux et accompagné par l’orchestre. Il y a la présence des cloches. On y retrouve aussi un petit passage du thème de la Force. Ce thème dramatique dévoilé dans l’Episode I est redéveloppé dans son intégralité la première fois, puis reprit une deuxième fois après une petite transition à l’orchestre. Cette fois, le thème est raccourci sur la fin avec une mélodie passant à l’orchestre qui, sur un decrescendo, termine le morceau.

Piste 15 : A New Hope & End Credits (13’06)

Ce morceau est un beau medley de tous les thèmes les plus poignants de la Saga. On y retrouve ainsi le thème de Leia ressorti depuis 25 ans dans sa version originale (un peu ralentit par rapport à la version de l’Episode IV). Ce thème est vite remplacé par le thème de Luke développé aux cordes. Une transition au célesta amène le thème de la Saga au cor a cappella, et est repris en grande pompe par l’orchestre qui termine le film par le traditionnel morceau de fin. Pour ce qui est des morceaux qui s’en suivent, nous retrouvons successivement le thème original de Leia, qui après une courte transition enchaîne par le petit dernier de la série : Battle of the Heroes. Ce dernier est développé aussi dans sa quasi intégralité. Il y a alors une petite surprise (une bonne surprise), puisqu'on retrouve la fanfare finale qui clôturait l’Episode IV légèrement modifiée et rééxploitée par rapport à sa version originale. Non content de le développer une fois, Williams le développe une seconde fois à un tempo légèrement plus lent, dans un style très anglais, un peu copié d'un compositeur comme William Walton dont Williams apprécie la musique. Avec entre les deux fois le thème de la saga joué au hautbois puis au cor. Mais le point final se fait par le thème de la série, celui par qui tout a commencé. La boucle est bouclée…

Analyse initialement rédigée par tyty pour KamuiWeb.Com.
3. DVD Bonus "Star Wars A Musical Journey" (01:10:50)
 
Seize vidéo-clips, avec la musique de John Williams (en Dolby Digital 5.1), illustrés par des images tirées des films. Chaque séquence musicale est précédée d'une petite introduction de Ian McDiarmid.
  • Chapter 1 : A Long Time Ago - "Star Wars Main Title"
  • Chapter 2 : Dark Forces Conspire - "Duel Of The Fates" (Episode I)
  • Chapter 3 : A Hero Rises - "Anakin's Theme" (Episode I)
  • Chapter 4 : A Fateful Love - "Across The Stars" (Episode II)
  • Chapter 5 : A Hero Falls - "Battle of the Heroes" (Episode III)
  • Chapter 6 : An Empire Is Forged - "The Imperial March" (Episode V)
  • Chapter 7 : A Planet That Is Farthest From - "The Dune Sea of Tatooine / Jawa Sandcrawler" (Episode IV)
  • Chapter 8 : An Unlikely Alliance - "Binary Sunset / Cantina Band" (Episode IV)
  • Chapter 9 : A Defender Emerges - "Princess Leia's Theme" (Episode IV)
  • Chapter 10 : A Daring Rescue - "Ben's Death / Tie Fighter Attack" (Episode IV)
  • Chapter 11 : A Jedi Is Trained - "Yoda's Theme" (Episode V)
  • Chapter 12 : A Narrow Escape - "The Asteroid Field" (Episode V)
  • Chapter 13 : A Bond Unbroken - "Luke and Leia" (Episode VI)
  • Chapter 14 : A Sanctuary Moon - "The Forest Battle" (Episode VI)
  • Chapter 15 : A Life Redeemed - "Light Of The Force" (Episode VI)
  • Chapter 16 : A New Day Dawns - "Throne Room / Finale" (Episode IV)
4. Battle of the Heroes
 
Battle of the Heroes
(from Star Wars Revenge of the Sith)
CD 2 titres promotionnel

Sortie CD : 2005
Label : Sony Classical

01. Battle of the Heroes (3:42)
02. Battle of the Heroes (dialogue and sound effects mix) (3:36)

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5. Critique
 
Tout a été dit, ou presque, sur la dernière composition de John Williams pour la saga Star Wars : brillante, manque d’inspiration, grandiose, peu innovante… Le meilleur comme le pire a servi pour commenter cette bande originale, et tour à tour, selon les critiques, La Revanche des Sith s’est vu attribuer le titre de la meilleure ou de la moins réussie des trois compositions pour la nouvelle trilogie. Bien entendu, il est difficile de la juger correctement tant que l’on n’a pas vu le film : plusieurs passages clés ne figuraient pas sur le CD simple de La Menace Fantôme. Il faut espérer par contre que le film ne connaîtra pas le montage musical de l’Episode I (non conforme à la volonté de Williams, pour la dernière partie du film notamment) ou les copier-coller de l’Episode II. Le plus simple est sans doute d’analyser la B.O piste par piste.

1. Star Wars & The Revenge of the Sith

L’album s’ouvre sur le Main Title traditionnel qui, pour une fois, n’a pas été réenregistré. Il s’agit en fait d’une réutilisation de l’enregistrement de l’Episode I. Personnellement, cela ne me gêne pas, mais apparemment cela ne fait pas l’unanimité. La véritable originalité de ce Main Title réside dans l’enchaînement avec l’action du film, qui se fait de manière plus brutale que d’ordinaire, au bout de 1'15" : on est d’emblée projeté dans la bataille de Coruscant, que nous avons déjà pu découvrir à travers les derniers épisodes de Clone Wars. Certains petits veinards qui ont déjà vu le film nous assurent que le Main Title s’y déroule comme d’habitude jusqu’à son terme. Le rythme et la tension sont sans doute les deux points qui se dégagent des 6 minutes d’action ininterrompue. On peut entendre vers le début une excellente utilisation militaire du thème de la Force. Le morceau est très efficace, et sans doute accomplit-il à l’écran son travail à la perfection. Sur album, il souffre un peu d’être en fait un assemblage de diverses scènes dans le film : c’est le gros reproche qui est adressé à Williams sur ce film, il manque un peu de cohésion, et si les moments d’action sont bâtis sur plusieurs motifs, ceux-ci sont bien plus rythmiques que thématiques, contrairement au style traditionnel de Williams. Le même reproche s’adresse aux deux morceaux d’action qui suivent, General Grievous et Grevious and the Droids. On notera aux alentours de la 5ème minute une citation de ce qui pourrait être le thème de Grievous et que l’on retrouve dans Grievous Speaks to Lord Sidious.

Je dois dire enfin que si j’ai été un peu déçu à la première écoute de ce morceau (qui, en dehors du rythme et de la tension, laisse peu de souvenirs), je l’aime de plus en plus d’écoute en écoute.

2. Anakin’s Dream

Le premier des morceaux à illustrer la chute d’Anakin, et qui sont à mon avis les sommets de cet album. Le morceau s’ouvre sur une atmosphère de tendresse et d’intimité qui introduit très vite une délicate version d’Across the Stars, accompagné d’une mélodie en contrepoint jouée au violon, ce qui lui donne des accents crépusculaires exceptionnels. La scène du rêve reprend un petit peu la même atmosphère glacée que dans l’Episode II, et laisse place à un long développement au violon, tendre et entrecoupé par une nouvelle citation du thème amoureux. La fin traduit le déchirement intérieur d’Anakin, et sa peur de perdre Padmé. Quelques notes soulèvent un peu de noirceur, que le thème de la Force ne suffit pas vraiment à combattre.

3. Battle of Heroes

Un morceau que beaucoup attendaient au tournant, seul thème à recevoir le droit à un traitement en version concert. Il illustre le duel que des générations de fans ont attendu avec impatience : Anakin face à Obi-Wan. Le morceau est très différent de Duel of the Fates, puisqu’il illustre un duel d’un tout autre genre, un duel entre deux frères. Et cela, pas mal de commentateurs semblent l’avoir oublié. Cette musique est plutôt difficile à décrire ; elle est bâtie sur un thème à 9 notes dérivé en trois lignes musicales et accompagné d’un chœur grandiose. L’aspect incroyable de ce morceau, c’est sans doute son caractère organique qui, pardonnez moi l’expression, prend aux tripes, alors que le Duel of the Fates était plus intellectuel. Il ne s’agit pas d’un combat entre le bien et le mal, mais d’un combat entre deux anciens frères, Obi-Wan ne veut pas tuer Anakin, et cela fait toute la différence avec l’Episode I. Le chœur non parlé m’a fait penser la première fois aux vieux péplums, qui y avaient souvent recours pour illustrer de grandes mélodies, et le passage central avec le thème de la Force m’a donné des frissons ; c’est la première fois que Williams lui donne un traitement choral (ce qu’avait déjà fait de manière plus légère McNeely dans Shadows of the Empire).

4. Anakin’s Betrayal

Ce morceau est la quintessence de tout ce que je trouve admirable dans l’album. Son utilisation dans les derniers spots TV laisse présager une superbe expérience pour le film. Tout ici est déchirement, conflit intérieur, passion, dans un écrin de toute beauté. Ce morceau ne s’explique pas, il se ressent. Certains ont pu comparer les passages choraux à ceux de Hook (You are the Pan) et c’est effectivement le même genre de sentiments, plus tragiques toutefois, qui se dégagent. Seul petit regret : absence totale du thème d’Anakin et de la Marche Impériale.

5. General Grievous

Là où le titre laisse présager un thème, c’est en fait une pièce d’action endiablée qui nous est offerte. La première partie du morceau est ponctuée par un roulement de percussions du plus bel effet et qui me fait penser aux Jurassic Park, d’abord à Denis Steals the Embryos, puis à l’une des nombreuses poursuites du second film. Comme déjà dit précédemment, le rythme l’emporte sur la thématique, mais l’impression de rouleau compresseur, d’ennemi implacable est telle que l’on ne boude pas son plaisir. On retrouve le même aspect déstabilisateur que la musique accompagnant le Général et ses droïdes dans la série Clone Wars, en plus percutant toutefois. Un bon moment, mais qui en dehors des sensations précédemment évoquées ne laisse pas un souvenir impérissable.

6. Palpatine’s Teachings

Des voix gutturales, relevées par une atmosphère sombre et évasive, ouvrent le morceau, installant un climat de noirceur. Ceux qui ont déjà vu le film disent que cette minute trente est en fait une source music pour la scène de l’Opéra. Des trompettes font soudain entendre leur plainte et sont évocatrices de la scène de l’Episode II où Anakin s’entretenait avec le Chancelier Palpatine dans ses bureaux. Les premières notes du thème de Shmi résonnent, puis le motif attribué au rêve d’Anakin, et enfin la marche impériale affrontant dans les pensées du jeune Jedi le thème de la Force. Une scène mystérieuse suit, accompagnée d’un bruissement des chœurs puis d’une trompette obscure, qui introduit très brièvement des motifs qui rappellent très fortement des scènes avec l’Empereur dans le Retour du Jedi. Le morceau se termine de manière peut-être abrupte, du moins en désaccord avec les tonalités évoquées jusqu’à présent, sur une brillante reprise de la Fanfare de Coruscant présentée dans l’Episode I. C’est, jusqu’au final, le seul moment de lumière dans le CD.

7. Grievous and the Droids

Une bonne scène d’action, dans laquelle on ne retrouve toutefois ni le motif de Grievous, ni les percussions de General Grievous. Le morceau se distingue pourtant par l’inclusion très brève du thème de Luke ce qui, à ce moment de la chronologie, soulève quelques questions. Un ensemble efficace, dans le même esprit que Jango’s Escape de l’Episode II.

8. Padmé’s Ruminations

Un morceau qui a fait couler de l’encre (ou plutôt qui a fait enfoncer pas mal de touches de claviers) tant la première moitié ne ressemble à aucun autre morceau de la carrière de John Williams. The Street Singer, dans l’Ultimate Edition de La Menace Fantôme, est peut-être ce qui y s’en approche le plus en terme d’étrangeté. L’atmosphère est très irréelle, soulignée par des gémissements électroniques qui font penser à des instruments orientaux. Une voix solitaire plane au-dessus de tout ça, étrange, douloureuse. C’est une scène qui doit avoir du relief à l’écran. Une brève citation d’Across the Stars fait la transition avec le reste du morceau, très méditatif, dominé par des cordes graves.

9. Anakin’s vs. Obi-Wan

A partir de ce morceau, le CD atteint ses sommets. On est d’emblée projeté dans le thème de Battle of the Heroes, joué d’une toute autre façon que dans la version concert. Plus dépouillé, il est aussi plus rapide, et les premières secondes me font penser au survol des snowspeeders dans l’Empire Contre-Attaque, à moins que ce ne soit à l’échappée finale. Après deux séries du thème à 9 notes, la magie opère. On fait un bond dans le temps (je vous laisse décider du sens de ce bond, selon la chronologie réelle et celle des films) : la Marche Impériale surgit, dans sa version du duel final de l’Empire Contre-Attaque. Ce n’est d’abord qu’une courte intrusion, mais après deux nouvelles séries de 9 notes, elle revient en force, et suit à peu de changements près (lesquels changements sont plutôt efficaces) le déroulement que nous lui connaissons. Les arpèges sont beaucoup plus longs, et la transition qui s’opère avant une réitération de Clash of the Lightsabers colle au plus près au style de Williams lors de la Trilogie Originale. Battle of the Heroes explose à nouveau, avec les chœurs puis l’orgue, avant de se lancer dans une magistrale exécution du thème de la Force, plus puissante encore que dans la version concert. Un morceau tout simplement génial.

10. Anakin’s Dark Deeds

Il semblait dur d’égaler le morceau qui précédait. Et pourtant, c’est bien le cas d’Anakin’s Dark Deeds. Difficile d’éviter la comparaison avec le Seigneur des Anneaux d’Howard Shore pour les premiers instants de la piste : une chorale (sans doute électronique), fredonne un motif doux, très proche du thème de l’Anneau dans les films de Peter Jackson. La surprise est grande quand les chœurs véritables éclatent, plus agressifs encore que dans le Duel of the Fates. Un motif récurrent dans la pièce fait son apparition, qui, lui, rappelle un peu le thème militaire pour Stargate de David Arnold. Des morceaux de noblesse alternent avec des passages sombres, dominés par les chœurs : la chute d’Anakin dans toute sa splendeur. Au bout de 2 minutes, l’orchestre enchaîne sur un nouveau motif, dans la lignée d’Anakin’s Betrayal, qui est d’une grande beauté. L’explosion finale semble condamner le personnage au Côté Obscur. Ces deux morceaux, le 09 et le 10, forment, avec Anakin’s Betrayal, le cœur de l’album.

11. Enter Lord Vader

Personnellement, le titre du morceau me faisait espérer un long développement de la Marche Impériale, croissant au fur et à mesure de la transformation d’Anakin pour aboutir à quelque chose proche de la fin de l’Episode II, en plus sombre peut-être. Eh bien, pas du tout. Le morceau déroge à toutes mes attentes. Mais sans doute est-ce une surprise bienvenue. Une brève fanfare nous introduit à quelques notes tristes, qui évoquent l’ancienne grandeur d’Anakin et sa déchéance présente. La fanfare revient au bout d’une trentaine de secondes, plus proche d’une marche militaire. Un passage d’underscore athématique suit, puis une grande envolée des cordes qui rappelle un peu les Indiana Jones réintroduit la marche, dont le caractère militaire est accentué. La tension monte ensuite, de façon extraordinaire : on attend tous la marche impériale, on sait qu’elle est au bout du chemin. Anakin est mort, place à Vador. Et la marche impériale vient en son temps, de façon trop brève à mon goût, juste les neuf premières notes (qui renvoient peut-être aux neufs notes de Battle of the Heroes), mais très efficace. C’est dans ces moments qu’on comprend le concept aristotélicien de catharsis. Très vite, une fanfare reprend le dessus, et nous introduit, via la première moitié du thème de la Force, à une courte citation du thème de l’Empereur.

12. The Immolation Scene

Un morceau triste et mélancolique, dominé par les cordes, sans motif ni thème particulier. Il se fait malheureusement trop vite oublier.

13. Grievous Speaks to Lord Sidious

La première minute est le premier véritable développement thématique de l’album, très sympathique, notamment dans les passages avec chœur, et parfait pour le Général Droïde. La discussion est ensuite soulignée par des accents lointains de ce thème à la trompette. On retrouve l’atmosphère musicale des deux premiers films de la nouvelle trilogie.

14. The Birth of the Twins & Padmé’s Destiny

La naissance des jumeaux est illustrée par une musique très atmosphérique, dominée par le célesta. Quelques arpèges de la harpe nous rappellent la planète Naboo, et tout dans ce morceau en rappelle la beauté. On regrettera l’absence du thème de Luke et Leia à cet endroit ; sans être repris complètement, il aurait été bien de l’évoquer. La tension monte brutalement et suggère l’inévitable catastrophe. Un bond est fait jusqu’aux funérailles, qui reprennent à double reprise (et trois fois dans le film) le thème utilisé pour les funérailles de Qui-Gon. Cette version est toutefois beaucoup plus triste, avec une plus grande présence féminine. Je pense que ce passage sera très effectif à l’écran, ce thème étant sans doute l’un des plus beaux de la nouvelle trilogie.

15. A New Hope & End Credits

Cette suite de 13 minutes qui clôture le film et la prélogie est entièrement dédiée aux fans, j’en suis persuadé. En une minute, les trois thèmes principaux de l’Episode IV se succèdent, illustrant le destin de Leia et de Luke. Il est amusant de noter que le thème de Luke résonne plus des accents de l’enfance alors que celui de Leia, malgré l’orchestration, fait beaucoup plus mature. Réentendre ces deux thèmes donne le frisson. Une transition bien trouvée conduit au thème de la Force dans toute sa splendeur, à mi-chemin entre Binary Sunset et Light of the Force. Les crédits de fin suivent le schéma traditionnel : fanfare, thème de Luke, puis enchaînement sur quelques notes du crédit de fin de l’Episode IV. Le cœur de la version concert du thème de Leia est suivi par la réexposition complète de Battle of the Heroes. Le morceau se termine par The Throne Room, que l’on retrouve avec un plaisir sans égal, dans la même version que sur le CD de Sony Classical où John Williams conduit le Skywalker Orchestra. Et puis, quand on croirait que tout est fini, la musique se relance et débouche sur la toute fin des crédits du Retour du Jedi. Pour notre plus grand bonheur, le morceau semble ne plus vouloir finir, et pourtant il faut bien mettre un terme à cette prélogie.

Conclusion

Il est très difficile de juger cet album de façon objective. Est-il le meilleur des trois ? Le moins bon ? Je me refuse à tout classement, d’autant plus que nous n’en connaissons qu’une version tronquée. Certes, musicalement parlant, la nouvelle trilogie s’est éloignée de l’ancienne, surtout à partir de l’Episode II. On peut regretter l’absence ici de thème fédérateur : chaque film en dispose de plusieurs, à l’exception de l’Attaque des Clones centré sur Across the Stars ; Battle of the Heroes ne couvre qu’un moment spécifique du film, sans le parcourir complètement. La chute d’Anakin convoque de très nombreux motifs, tous plus beaux les uns que les autres, mais s’ils se font écho par ce qu’ils évoquent, ils ne sont pas bâtis autour d’un thème commun. En dehors du thème de la Force, les anciens thèmes ne sont guère présents, notamment la Marche Impériale.

Mais, une fois de plus, nous ne connaissons que 70 min sur un peu plus de 120, et l’expérience des deux précédents albums nous a appris à modérer nos propos. Le thème d’Anakin, par exemple, dans l’Episode II, est absent de tout le CD en dehors des crédits de fin, mais on le retrouve plusieurs fois dans le film. Pareil pour le thème de la Force dans l’Episode I. Le copier-coller ne sera pas absent du film, avec la reprise de passages d’Escape from Naboo, de Duel of the Fates ou encore de The Arena. Je pense pourtant que sa place sera plus limitée, vu que Williams a pu se consacrer complètement à l’écriture de cette musique, ce qui apparemment n’avait pas été le cas pour l’Attaque des Clones (tout comme, la même année, pour le second volet d’Harry Potter).

On a attendu beaucoup de cette B.O, peut-être même beaucoup trop. Certes, les scènes d’action, en dehors du duel Anakin/Obi-Wan, ne sont pas les plus inspirées du compositeur, et l’absence de thème fédérateur se fait sentir par moment, mais l’on ne saurait, comme je l’ai déjà dit, bouder son plaisir. L’ensemble est merveilleux, tout simplement, d’une puissance émotionnelle rare. Certaines des meilleures pistes de la nouvelle trilogie sont contenues dans cet album. On ne saurait rêver meilleure vitrine pour aiguiser notre faim de voir le film…

Benje Socar (Jean-Christophe BENZAL).
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