La naissance de Tartak Vil
 
  • 18/12/2024
     (85 %)  •  Langue : VF

    Scénario : Une série qui a changé de public, donc ?

    Laissons de côté la série se déroulant pendant la Phase 2 : cette nouvelle série est la suite directe de la série La Haute République – Les Aventures, première du nom… et effectivement, le ton a changé. Lancée en 2021, la première série était destinée aux lecteurs de tout âge, certes, mais tout de même en priorité à un public plutôt jeunesse, cohérent au vu des âges et de l’aspect des protagonistes. Mais en 2024, ce public jeune a grandi, et correspond peut-être davantage à un jeune adulte désormais. Et ça tombe bien, Daniel José Older va jouer cette carte à fond : les lecteurs ont grandi, les personnages aussi. Et ça commence avec Zeen Mrala, qu’on retrouve un an après la disparition de sa meilleure amie Lula Talisola, une perte dont elle ne parvient pas à se remettre, et pour cause : elle n’a pas eu le temps de lui avouer les sentiments plus profonds qu’elle ressentait à son égard avant que Lula ne disparaisse lors de la chute du Flambeau Stellaire. On retrouve donc une Zeen qui traverse différentes étapes du deuil en quelques pages, colérique, abattue, refusant de ne rien faire, même quand tout espoir est perdu.

    Bon, ça tombe bien, tout espoir n’est pas perdu.

    Alors oui : j’ai eu l’occasion il y a quelques temps de critiquer les trop nombreuses survies suite à la destruction du Flambeau Stellaire mais là, clairement, ça se justifie, et pour plusieurs raisons. La première, et pas des moindres, c’est que nous n’avions pas vu Lula mourir, ou en tout cas aucun auteur ne nous l’avait fait croire (encore que, il y a bien le récit Coda, mais vu qu’il n’est pas repris en VF… j’espère tout de même que nous y aurions droit dans une inévitable intégrale de la Phase 1, Panini si tu me lis ! ;-). Ensuite, la survie a une conséquence directe sur le personnage, et ce qui lui est arrivé nous est narré par le détail au cours de l’arc. Enfin, très clairement, le parcours narratif de Lula n’était pas terminé, et sa relation avec Zeen était en train de franchir un nouveau cap, donc pour toutes ces raisons, je ne me plains pas.

    La lecture est donc très efficace, et même si les deuxième et troisième numéro contiennent de longs flash-backs, ceux-ci s’insèrent parfaitement dans le récit et ne viennent à aucun moment couper le rythme de lecture. Daniel José Older en profite pour glisser au passage quelques personnages déjà connus, au détour d’une case et sans doute amenés à réapparaître plus tard, avant de montrer Lula se reconnecter petit à petit avec son passé : point de baiser magique ici, les événements passés ont eu des conséquences, et la Jedi doit se réapproprier sa vie, le tout étant assez rapide tout de même (l’intérêt n’est pas de passer 10 épisodes sur ce thème) sans pour autant donner l’impression d’être bâclé. Et comme si cela ne suffisait pas, l’épisode se termine sur un cliffhanger assez efficace même si la série me donne l’impression de tomber dans un travers commun à la Phase 3 de la Haute République. On aura l’occasion d’en reparler...

     

    Dessins : Dark Horse nous fait une Marvel ?

    Harvey Tolibao est de retour, et il frappe fort. Il nous propose des couvertures magnifiques aux compositions très travaillées (sérieusement, quand vous comparez ses couvertures et celles de Phil Noto sur la série Marvel, ce n’est pas flatteur pour ce dernier), magnifiquement mises en lumière et colorisées.

    Et à l’intérieur, c’est la même. Tolibao s’éclate, propose des scènes variées (la première double-page est magnifique), la série se permet de proposer une dernière page du premier numéro iconique et c’est avec joie qu’on entame le second numéro… pour se rendre compte qu’il n’est plus seul aux dessins, soutenu par Nick Brokenshire. Alors fort heureusement, ce partage des crayons a été mûrement réfléchi : Tolibao s’occupe du présent, Brokenshire des flash-backs… au point de collaborer sur certaines cases dans lesquelles on a droit à des plans flash-backs en arrière-plan et une Lula du présent au premier plan ! Bref, le duo fonctionne très bien, et si je trouve dommage que le dessinateur principal ne signe pas l’intégralité de ce court arc (3 numéros tout de même), force est de constater que l’équilibre fonctionne plutôt bien.

     

    Conclusion

    Un premier arc très efficace et qui permet des retrouvailles très appréciables, le tout en lançant une intrigue de longue haleine sur la planète Eriadu. Et comme en plus la partie graphique est d’une belle solidité, vous n’avez aucune excuse pour ne pas donner sa chance à cet arc. Daniel José Older m’a même réconcilié avec Zeen après sa dernière apparition dans le médiocre roman Horizon Funèbre, c’est dire ! :-D

     

    Note : 85 %