Merci pour la lecture et le comm' Ve'ssshhh !

Thrawn est donc semi-victorieux, la Nouvelle République aussi divisée que dans le livre de Zahn... Mais
quid de Pentastar ?
<<Chapitre précédant<< Sommaire >>Chapitre suivant>>Chapitre 88 La troisième et dernière rencontre entre Carth Poldrei et Ardus Kaine se déroula en orbite de Yaga Minor. Cette fois, le Grand Moff était d’humeur joyeuse et cela se voyait sur son visage.
— Comment allez-vous, Carth ? demanda-t-il en accueillant son invité qui venait tout juste de descendre de l’
Iron Consular.
— Très bien, répondit Poldrei, sur ses gardes. Surtout après avoir vu un tel spectacle.
Il fit un geste en direction de la baie du hangar : dans l’espace séparant la station Golan où ils se trouvaient des principales installations navales, une flotte attendait silencieusement les ordres de son nouveau maître.
— Mes chantiers sont les meilleurs, s’enorgueillit Kaine en bombant le torse. Yaga Minor, Ord Trasi et Jaemus disposent d’installations de pointe. Votre flotte est prête dans les délais… Et j’ai démobilisé quelques-uns de mes unités pour vous fournir le complément.
— Vraiment ? s’étonna Carth.
— Mais certainement. L’effectif reviendra très vite à la normale. Tant que vous occupez la Rébellion, je ne crains rien ni personne.
Poldrei acquiesça distraitement.
— Bien sûr.
Kaine se retourna alors et fit signe à un de ses officiers de le rejoindre.
— Vilim, approchez ! Carth, vous connaissez peut-être Vilim Disra ?
La question laissa le Polcaphréen perplexe ; Kaine avait-il oublié leur précédente rencontre sur Sartinaynian ?
— Nous nous sommes croisés une fois ou l’autre par le passé, éluda Disra en saluant Poldrei.
Le regard entendu qui accompagnait cette poignée de main confirma ce que Carth avait pressenti, et il ne put s’empêcher d’éprouver un peu de tristesse pour la déchéance d’un esprit aussi brillant que celui de Kaine.
L’arrivée d’un jeune homme blond à ses côtés le tira de sa rêverie.
— Voici mon aide de camp, le colonel Ahris Garind, dit-il à ses hôtes.
— C’est un honneur, déclara celui-ci en saluant les dignitaires.
— Un fier jeune homme que vous avez là, commenta Kaine. Il s’agit donc de votre assistant ?
— Le meilleur de tous, Excellence, répondit doucement Carth.
Le regard de Kaine se troubla un court instant, puis le Grand Moff reprit toute sa contenance.
— Bien, très bien… Où en étions-nous…
— Nous devions finaliser la vente, Excellence, intervint Disra.
— Oui, bien sûr. Nous pourrions peut-être le faire sur Sartinaynian ? J’y possède un superbe domaine nommé Armeval. Ce serait sans doute le cadre idéal pour un tel accord…
— Une autre fois peut-être ? suggéra Poldrei, mal à l’aise en repensant à sa visite à Armeval. Comme je vous l’ai indiqué, je dois regagner rapidement Polcaphran. J’ai d’importantes affaires à régler, et elles ne peuvent pas attendre.
— Comme vous voudrez ! Yaga Minor a aussi son charme. Une belle planète, si on omet les Yagaïs. Il y a des arbres de toute beauté. Carth, c’est la première fois que vous venez ?
— La deuxième, corrigea le Moff. Mais la dernière fois remonte à bientôt quarante ans… Pour le lancement du
Vol vers l’Infini. Les chantiers ont bien changé depuis lors.
— J’imagine ! Ainsi, vous avez assisté au départ des cuirassés ? C’est un événement dont beaucoup se souviennent ici ! Je crois avoir vu une holoimage représentant l’événement dans une des baies d’observation… Carth, vous voudriez peut-être la voir ?
— Excellence, intervint Disra, nous devrions peut-être achever la vente d’abord ?
Kaine perdit aussitôt de sa jovialité et se fit pensif.
— Eh bien, oui, j’imagine que vous avez raison, Vilim. Tout est déjà prêt, n’est-ce pas ? Eh bien, venez, suivez-moi !
Le Grand Moff partit vers le fond du hangar et les entraîna dans une série de coursives. Il avançait plutôt rapidement, Garind à ses côtés. Les deux autres suivaient à quelques mètres de distance, Carth examinant Kaine du regard avec beaucoup d’insistance.
— C’est moi ou son état s’est encore dégradé ? chuchota-t-il à l’oreille du Moff de Sartinaynian.
— Il a eu une nouvelle attaque, peu de temps après votre départ, confirma Disra. Son aide de camp, le lieutenant Jaddar, l’a retrouvé étendu sur le parquet de sa chambre. Il est passé à deux doigts de la mort.
— Si près que ça ?
— Nous avons déployé beaucoup de moyens pour le sauver. Nous y sommes parvenus, mais pas assez vite. Ses périodes de lucidité se font de plus en plus rares… Au moins est-il joyeux, maintenant, et plus agressif comme avant.
— C’est une bonne chose.
— Je dirais plutôt que c’est surprenant. Il est devenu imprévisible et la situation empire de jour en jour. Jaddar s’est enfui, et nous avons perdu sa trace. Il commence à y avoir des rumeurs… Des bruits de fond… Son état va finir par se savoir, et tout le monde cherchera à en profiter.
Carth acquiesça.
— Les Moffs accepteront-ils un rapprochement avec l’Empire ?
— Pas sans quelques garanties. Concernant le Conseil Intérimaire, par exemple.
— Nous l’avons déjà marginalisé.
— Il faudra plus.
— Entendu. Je vais voir ce que je peux faire.
Kaine et Garind, qui semblaient en grande conversation, s’engouffrèrent dans un ascenseur. Avant que les portes ne se referment, le regard du jeune homme, chargé d’appréhension, croisa celui de son mentor.
— Nous prendrons le suivant, indiqua Poldrei.
Ils rejoignirent une autre cabine, sur la gauche, et y entrèrent.
— Pont d’observation, déclara Disra quand ils furent tous deux installés. Nous voulons aussi avoir notre mot à dire sur le fonctionnement de l’Empire…
— Il sera réorganisé, assura Carth. Et ça n’est pas négociable. J’ai des projets de plus en plus précis à ce sujet, et le soutien du Grand Amiral Thrawn pour les accomplir.
C’était là un semi-mensonge ; Thrawn s’était clairement exprimé en faveur de tout ce qui pouvait renforcer l’Empire. Et Carth était absolument convaincu que son œuvre était en mesure d’y parvenir.
— Ce n’est pas ainsi que nous parviendrons à un accord, se plaignit Disra.
— Je vous offre une alternative à la guerre civile. Vous pensez vraiment que l’Alignement pourrait s’en remettre ? Croyez-moi, les Moffs ont bien plus à gagner en me reconnaissant comme chef.
— Vous n’êtes pas Grand Moff.
— Un titre vide de sens sans le pouvoir qui va avec. Et le pouvoir, je l’ai déjà.
— Grâce à la flotte que nous vous fournissons.
Carth le fixa droit dans les yeux.
— Même sans elle. J’ai reçu des nouvelles très intéressantes de la part du
Chimaera juste avant l’accostage. Thrawn a attaqué les chantiers navals de Sluis Van.
— Il s’en est emparé ? demanda Disra, surpris.
— Non, mais il est parvenu à capturer une partie de la flotte de Teradoc en maintenance là-bas. À ce que j’ai compris, les Rebelles ont même été forcés de détruire le reste.
L’ascenseur arriva au sommet de sa course et ses portes s’ouvrirent sur une immense salle, recouverte d’un dôme de transparacier aux larges montants. La flotte et les chantiers de Yaga Minor étaient entièrement visibles, offrant un spectacle fantastique à observer.
— Imaginez ce que Thrawn pourrait faire ici… suggéra Carth à Disra.
Le Moff ne répondit pas.
Ils avancèrent dans la salle. Elle comportait plusieurs sections où des techniciens s’affairaient sur d’immenses ordinateurs, mais aussi d’autres espaces plus esthétiques. Devant eux, il y avait même un espace entouré de végétation, où se dressait une table et quelques chaises. Ardus Kaine et Ahris Garind y étaient déjà installés face à face.
— C’est un jeune homme très cultivé que vous avez là, Carth ! s’exclama le Grand Moff en désignant l’aide de camp de Poldrei. Avec de remarquables connaissances en botanique. Nous avons eu une conversation très intéressante sur la flore de Corulag.
— J’en suis ravi, répondit Carth en s’asseyant à côté d’Ahris.
Disra s’installa sur le siège restant, disposé devant un petit terminal où il inséra un cylindre de données. Aussitôt, une vue holographique de la flotte apparut entre eux.
— Douze destroyers de classe Impériale-II, énonça-t-il d’une voix monocorde. Quarante croiseurs Enforcer. Douze cargos de classe Gabelu et leur chargement, soit deux plateformes Golan Mark Trois. Ainsi que quatre docks mobiles Sienar. Le tout pour cinquante trilliards de crédits.
— L’Empire paiera comptant, annonça Carth. Nous avons les fonds requis.
— Pour une planète comme Polcaphran, cela représente bien une vingtaine d’années de revenus fiscaux, remarqua alors Kaine.
Poldrei se tourna vers le Grand Moff. Son attitude venait de changer du tout au tout ; il n’y avait plus de trace de bonhommie sur son visage, où brillait à nouveau son intelligence acérée.
Il est passé en un instant de la volaille au rapace.
Y-a-t-il encore de l’espoir pour lui ? — L’estimation est exacte, reconnut-il avec un sourire. Mais nous disposons de ces ressources. Palpatine avait de nombreux secrets enfouis…
— C’est ce que prétendent les rumeurs, dit Kaine. Et je ne doute pas de leur véracité. Seulement de l’usage que vous pourrez en faire…
Carth retint son souffle. Allait-il repartir dans un délire paranoïaque, comme lors de leur dernière rencontre ?
— Thrawn a sans doute quelques capacités stratégiques, reconnut le Grand Moff, mais il va commettre une erreur, tôt ou tard.
— Qu’est-ce qui vous le fait dire ?
— L’Histoire. C’est toujours ainsi que cela finit. Il va attaquer les Rebelles, et cela se retournera contre lui. Il perdra, comme tous les Seigneurs de Guerre qui ont voulu porter le flambeau impérial avant lu. Vous en avez conscience, n’est-ce pas ?
— L’Histoire peut changer, assura Carth. Et l’Empire
va changer.
— C’est la voie que j’ai choisi en créant l’Alignement. Vous savez que mon offre, pour Polcaphran tient toujours… En fait, je serais même prêt à vous
donner cette flotte en échange.
D’un geste, il embrassa tous ces vaisseaux amassés dans leur champ de vision.
— Oui, tout cela, en échange de votre ralliement. Que vous la gardiez pour vous ou que vous l’offriez à Thrawn, peu importe. La place de Polcaphran est dans l’Alignement.
Carth regarda les croiseurs pendant quelques secondes, le temps de formuler sa réponse. L’offre était tentante, il ne pouvait le nier. Et il l’aurait accepté quelques mois plus tôt. Mais il était à présent trop engagé aux côtés de Thrawn pour reculer. Et, quels que soient ses doutes sur les méthodes et les capacités du Grand Amiral – et il en avait encore quelques-uns – il sentait qu’il y avait là une opportunité de changer les choses, en profondeur, comme il l’avait espéré dans sa prime jeunesse. Il pouvait à présent construire, et plus seulement détruire comme il l’avait trop souvent fait.
— Je regrette, Ardus, mais ma réponse est toujours la même, assura-t-il avec un bref soupir.
Le Grand Moff accepta sa décision.
Pendant l’heure qui suivit, ils réglèrent les détails du paiement et quelques autres questions nécessitant leur attention. Carth observait discrètement le comportement de Kaine, qui semblait parfaitement normal. Il s’émerveillait aussi de la place à laquelle il était parvenu, lui, le petit commerçant polcaphréen parlant d’égal à égal avec le successeur de Wilhuff Tarkin à la tête de la Bordure Extérieure.
Il était plus qu’un simple Moff, à présent. Et c’est armé de cette conviction qu’il s’adressa une dernière fois à Kaine, alors que leurs discussions s’achevaient.
— Vous savez, Ardus, mon offre à moi aussi est toujours valable, dit-il d’une voix qui se voulait conciliante. La place de l’Alignement est aux côtés de l’Empire.
Il vit bien le regard mi-surpris mi-sceptique que lui lança Disra, mais il n’en tint pas compte. Il devait faire cette proposition, pour apaiser sa conscience.
Et, plus encore, pour apparaître comme celui qu’il était finalement devenu. Le chef politique d’un régime vacillant, à bout de souffle, rejeté par la Galaxie, abandonné par celui qui aurait pu légitimement le relever, malmené par ceux qui en avaient assuré la régence.
L’héritier de l’Empire.
— Non, Carth, répondit Kaine avec un sourire. Pentastar restera indépendant. Notre heure de gloire n’est pas encore venue…
— Elle ne viendra peut-être jamais.
— C’est possible. Toutefois, quand Thrawn aura perdu, il y aura toujours ici un refuge pour vous.
— Je vous remercie, répondit Poldrei avec une résolution nouvelle en lui.
Les dés étaient jetés, à présent.
Il salua Kaine.
— Au revoir, Ardus.
— Au revoir, mon ami, répondit le Grand Moff en serrant la main qui lui était tendue.
Il ignorait encore que cet acte venait de sceller son destin.
Ainsi s'achève la Partie 2, L'Héritier de l'Empire. Bilan ? Thrawn a commencé la mise en oeuvre de son Grand Plan avec Pellaeon toujours à ses côtés, Celric a exploré ses origines et découvert son affinité avec la Force, Beny'lya s'est tiré de son mauvais pas judiciaire, les sorts de Tierce et de Corran semblent bien incertains... Et Poldrei, déçu par le manque de soutien d'Ardus Kaine et de Pentastar, s'est finalement résolu à jouer un rôle de premier plan dans la refonte de l'Empire.
Si vous avez aimé mon récit jusque lors, je pense que la suite vous plaira davantage encore !
