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Chapitre III
 
-Pourquoi est-ce que tu m'aimes, Sev'rance ?
Elle lui avait posé la question au début de leur relation, désorientée de voir qu'elle pouvait être aimée, surtout par quelqu'un d'apparemment aussi obnubilée par la victoire des Chiss ; Sev'rance étant aussi peu encline à s'étaler sur ce qu'elle ressentait
que Safera, elle avait haussé les épaules.
-Parce que... je ne sais pas, mais c'est comme ça. Pourquoi, tu crois que tu n'es pas digne d'être aimée ?
-Je ne sais pas, c'est juste que... personne ne fait attention à moi d'habitude...
-Et moi, d'habitude, tout le monde me voit soit comme une fanatique dangereuse, soit comme une brillante commandante... On m'admire, on se méfie de moi ou on me déteste, mais dans tous les cas, je suis toute seule. Tu es la seule personne qui a pris la peine de voir au-delà, et pour moi, cela fait de toi la chose la plus précieuse que je connaisse. J'ai passé ma vie à combattre pour les Chiss et à rêver de changer quelque chose à cette Galaxie ; mais maintenant que je t'ai rencontrée... je me rends compte que je n'en peux plus d'être toute seule. Tu sais, ça me fait presque peur, mais maintenant que je te connais... Eh bien, je n'ai plus besoin d'essayer d'accomplir à tout prix quelque chose d'exceptionnel ; en fait... en fait, si cette guerre prend fin un jour, je crois que je vais quitter l'armée. J'ai tué assez de gens comme ça...
-Moi aussi !
-Tu sais, peut-être que personne ne le voit, mais c'est bien toi qui est la plus admirable de nous deux... Tu as subi la méfiance et le mépris tout autant que moi, tu combats pour les Chiss depuis des années comme moi, et pourtant... et pourtant, je ne sais pas comment l'expliquer, mais tu n'es pas devenue comme moi...
-Comment ça ?
-C'est... compliqué. C'est un peu moins vrai depuis que je te connais, mais j'ai besoin de défendre une cause de toutes mes forces. Ce n'est pas seulement parce que les Chiss sont mon peuple et ont des principes que je trouve honorables que je les défends de toutes mes forces ; c'est parce que... parce que je ne peux pas vivre sans servir quelque chose de plus grand que moi-même. Et le servir jusqu'au bout ! Je... je te le dis parce que je te fais confiance, mais franchement, si je devais trahir l'Ascendance Chiss pour faire ce que je crois juste, je le ferais ; et je pourrais faire bien pire, si c'est pour une cause en laquelle je crois. Je préfère ne pas savoir jusqu'où je pourrais aller... Et toi... toi, j'ai l'impression que tu continues à combattre sans... enfin, sans que cela ne te dévore comme moi.
-Quelqu'un qui est prêt à se donner tout entier à une cause et à faire pour elle des choses qu'il déteste mérite d'être admiré. Il n'y a rien d'intéressé dans tout ce que tu fais, Sev'rance.
-Non, mais toi aussi tu es désintéressée ; tu es toujours prête à aider ceux qui en ont besoin quoi que cela puisse te coûter...
-Toi aussi !
-Oui, mais toi, tu fais tout cela sans haïr quoi que ce soit ; je sais que tu ne ferais jamais plus de mal que nécessaire, et que tu détestes déjà ce que tu dois faire. Tu es une vraie perle, Safera. Et c'est bien grâce à toi que pour la première fois depuis des années, je n'éprouve plus le besoin de combler le vide que je ressens en cherchant à tout prix quelque chose à détruire ; d'un côté, cela me fait peur, je me demande si je ne me détourne pas de mon véritable destin, mais d'un autre... Je suis peut-être tout simplement en train de guérir.
-Sev'rance... Je ne sais pas ce que tu as fait ou ce que tu peux faire, mais ce que je sais, c'est que tu ne ferais jamais de mal à quelqu'un sans raison, et que tu es prête à tout pour aider ceux qui combattent avec toi ; et je sais surtout que tu m'aimes. Tu aimes, Sev'rance. Les vrais fanatiques ne font pas ça. Quel que soit ton dévouement envers l'Ascendance Chiss ou n'importe quelle cause que tu pourrais servir, tu n'es pas un monstre.
Sev'rance sourit tristement.
-Et tu penses qu'il n'y a que les monstres qui peuvent être dangereux ?
-Peut-être pas... Mais quoi qu'il en soit, moi, je t'aime, Sev'rance. Et même si tu n'arrives pas à le voir toi-même, tu es aussi une perle, à ta façon.
Cette conversation était restée gravée dans l'esprit de Safera, celle où elle avait compris que Sev'rance avait autant besoin de Safera que Safera d'elle, et qu'à sa façon, malgré son génie tactique, son intelligence, son étrange intuition et tout ce qui en faisait une combattante exceptionnelle, Sev'rance était aussi fragile ; ce n'était pas son corps ou son esprit qui étaient fragiles, mais bien son cœur. Elle se sentait si seule sans Safera qu'elle avait absolument besoin de se dévouer corps et âme à une cause pour combler le vide qu'elle ressentait.
Safera ne l'en avait que plus aimée, elles étaient comme deux branches brisées qui se tenaient mutuellement pour s'empêcher de tomber ; elles n'étaient plus seules.

Pas de son.
D'étranges lumières qui défilaient à côté d'elle.
Et surtout, la vie.
Ce furent les premières choses dont Safera prit conscience à son réveil... D'où venait-elle? Elle revoyait le visage de Sev'rance, elle s'entendait à nouveau discuter avec elle, c'était arrivé à l'instant même ; non... non, c'était un rêve, elle avait rêvé d'une vieille conversation avec Sev'rance Tann parce que c'était sa seule pensée réconfortante en cet instant... Elle avait également comparé Hautemer à une « perle bleue », cela avait dû réveiller ce souvenir dans son inconscient...
D'où venait-elle, alors? Ou plutôt, que lui était-il arrivé ? Et soudain, elle se rappela... Le combat au-dessus de Hautemer, la disparition de Valdie, elle se jetant à l'eau et se déshabillant pour aller la sauver... échouant au dernier moment... Telin et Wyntar qui l'avaient sauvée, eux trois bloqués sur cette planète... Son plongeon désespéré pour trouver les ravisseurs de Valdie... Et enfin, ses forces qui l'avaient abandonnée dans la majesté de l'océan où elle s'enfonçait.
Étrangement, tous ces évènements lui semblaient finalement moins réels et plus lointains que son rêve.
Était-elle morte ?
Elle était habillée, à présent, et plus seulement de sous-vêtements, elle sentait le tissu contre sa peau. Elle était allongée sur quelque chose. Où se trouvait-elle ? Tout était flou... comme si elle était toujours sous l'eau, mais dans ce cas, elle ne respirerait pas... Pourtant, elle sentait bien un liquide sur son visage... ah. Elle n'avait pas été seulement habillée, elle portait un casque. Difficile de dire ce qu'étaient exactement ces lumières indistinctes, mais à l'évidence, elle était toujours sous l'eau, vêtue pour pouvoir respirer et supporter le froid... Le liquide dans son casque devait lui permettre de respirer, d'une façon ou d'une autre ; il paraissait étrange qu'elle ne se soit pas aperçue qu'elle ne respirait pas de l'air, mais son corps avait dû s'y habituer pendant qu'elle dormait.
À présent que son cerveau se remettait à fonctionner, il lui apparaissait qu'elle était probablement chez les hypothétiques ravisseurs de Valdie... Ça ou elle était dans un endroit où s'éveillaient toutes les âmes qui avaient péri dans les profondeurs de l'océan... Ce n'était certainement pas le cas bien sûr, mais elle joua tout de même un instant avec cette idée qui stimulait son imagination... Un immense temple où ceux qui avaient péri dans l'eau étaient contraints à en respirer, un endroit dominé par une divinité sous-marine, un immense serpent de mer ou un céphalopode géant doué de parole...
Bon. Sérieusement, où se trouvait-elle ?
Elle essaya de se relever ; la combinaison qu'on lui avait passée n'était pas spécialement lourde et elle avait retrouvé ses forces, elle se redressa sans peine. À présent, elle apercevait une sorte de plafond noir au-dessus d'elle, traversé par ces étranges flux de lumière ; c'était difficile à dire pour le moment, mais il lui semblait que ce plafond était minéral, et non métallique. S'il y avait un plafond, il devait y avoir des murs, en toute logique... oui, il y en avait un juste à côté d'elle, fait de la même matière noire, lui aussi parcouru de lumières colorées, et un autre derrière l'espèce de lit sur lequel elle était maintenant assise... Le lit en question était fait d'un matériau rouge, étrangement organique... Safera apercevait les derniers murs, mais ils étaient assez éloignés, la pièce était vaste... Il y avait une ouverture dans celui devant elle, pas de porte fermée...
Non loin d'elle, il y avait d'autres lits rouges, qui ressemblaient en fait plus à des langues gigantesques qu'à des lits, ou encore à des tiroirs organiques... Des corps vêtus de combinaisons noires y étaient allongés. Ses compagnons ?
Safera se décida à se lever.
La jeune femme marcha dans l'eau jusqu'aux autres lits, ce qu'elle pouvait faire sans problèmes, n'ayant plus d'air dans les poumons. Oui, c'était bien Telin et Wyntar, vêtus comme elle de combinaisons noires. Ils étaient inconscients. Les êtres qui les avaient capturés étaient-ils humanoïdes, s'ils disposaient de telles combinaisons ? Cet endroit était-il une sorte de base secrète Kryshzla ? Il était peu probable qu'on ait pu fabriquer ces combinaisons spécialement pour eux à temps pour les sauver.
Une seconde... Safera était sûre qu'elle entendait du bruit... Quelque chose se déplaçait dans l'eau et venait par ici...
Décidant qu'il valait mieux qu'elle voit à quoi ressemblaient ses ravisseurs avant qu'ils ne la sachent réveillée, elle revint vite s'allonger sur l'étrange lit et cessa de bouger, essayant de ne pas penser à ce qui se passerait si c'était bien des Kryshzlas qui les avaient capturés pour les interroger...
Ce ne fut pas un Kryshzla qui entra, mais Safera n'en fut pas plus rassurée pour autant.
C'était une chose noire qui se mouvait à une vitesse surprenante, de la taille d'un homme mais en plus mince ; elle n'avait pas de jambes mais une longue queue noire et serpentine dont elle se servait manifestement pour nager. Son torse et ses bras étaient couverts d'une sorte d'armure vert sombre, lisse et bien articulée ; elle avait des mains qui se terminaient par de longues griffes. Safera ne voyait pas sa tête, laquelle disparaissait sous un casque du même vert si sombre qu'il en était presque noir ; cependant, elle était probablement reptilienne d'après la forme du casque. La chose était réellement effrayante, et elle tenait quelque chose qui ressemblait bien trop au goût de Safera à une arme blanche, une sorte de mélange entre une épée et une trique aux longues lames entièrement noires et qui devait sûrement pouvoir transpercer un homme de part et d'autre d'un seul coup.
La chose se tourna vers Safera, qui put voir luire dans l'ouverture du casque deux yeux jaunes et reptiliens... Safera sentait son cœur battre à toute vitesse et sa respiration se faire haletante alors que la chose l'étudiait sans bouger... Pourquoi s'attardait-elle ainsi sur elle ? Avait-elle senti d'une façon ou d'une autre que Safera ne dormait pas vraiment ?
La chose repartit en émettant d'étranges sons imprononçables pour une Chiss... Prévenait-elle quelqu'un que Safera était réveillée ? Il devait s'agir d'une sorte de garde qui veillait sur les trois Chiss ; suivant qu'ils étaient des hôtes ou des prisonniers, il appelait un médecin ou un geôlier, ils étaient dans un hôpital ou une prison...
Une autre créature de la même espèce entra ; elle portait la même armure, mais pas d'arme. Safera supposa que c'était bon signe.
-Êtes-vous réveillée ?
Safera sursauta. Oui, c'était bien la créature qui lui avait demandé si elle était réveillée, il n'y avait aucun doute possible, et cela n'avait rien à voir avec les sons étranges et serpentins que le garde avait émis précédemment ; elle s'était exprimée en cheunh, ce qui n'aurait pas dû être possible avec les cordes vocales dont devaient disposer ces créatures pour émettre les sons employés par le garde précédemment, encore moins sous l'eau... et comment avaient-elles appris cette langue?
Quoi qu'il en fût, Safera décida qu'il était inutile de continuer à feindre le sommeil plus longtemps ; avant qu'elle n'ait pu répondre, la créature lui dit quelque chose dans une autre langue qui n'était pas non plus celle dans laquelle le garde s'était exprimé précédemment... Celle des Kryshzlas ?
Safera se releva et répondit en cheunh, un peu anxieuse :
-Oui, je suis réveillée. Qui êtes-vous ?
-Je suis le docteur Iblir Fayg-Eka, médecin de la cité de Fayg. Je suis un Hynor. Quoi, vous ? Vous n'êtes pas Kryshzla, n'est-ce pas ? Chiss ?
Le plus probable était que ces créatures soient des alliés des Kryshzlas, puisque ceux-ci disposaient clairement d'une base secrète dans les environs ; cependant, Safera choisit de ne pas lui mentir, parce que ce n'était peut-être pas le cas et qu'il fallait bien que quelqu'un accorde sa confiance à l'autre en premier.
-En effet. Euh, comment faites-vous pour me parler ? Je n'ai pas l'impression que nous ayons des cordes vocales compatibles avec...
-Non, mais nos casques sont équipés pour que nous puissions aussi parler vos langues, et les vôtres pour que vous puissiez nous entendre. Les mots correspondants sont traduits en cheunh quand ils existent, même si la grammaire et les expressions idiomatiques peuvent poser problème suivant les connaissances du locuteur.
Comme souvent, Safera n'était pas à l'aise dans la conversation, mais elle n'avait pas le choix, c'était trop important.
-Et comment avez-vous appris le cheunh ?
-Ceux vous appelez les Kryshzlas... ils avaient des prisonniers Chiss. Certains venus, sont venus avec nous lorsque nous sommes partis, et nous avons appris leur langue via celle des Kryshzlas ; c'est grâce à eux que nous avions ces combinaisons pour vous d'ailleurs, nous en avions emportées plusieurs.
-Partis ? Vous fuyiez les Kryshzlas ?
-Oui. Nous ne sommes pas dans leur camp, ne vous inquiétez pas pour cela ; et nous avons pu observer grâce à nos instruments votre combat contre eux dans les airs... Vous et vos compagnons vous êtes brillamment battus. Comment vous appelez ? Vous appelez-vous ?
Hess'afer'ajaldo, mais appelez-moi Safera, ça ira aussi vite.
-Vous êtes une femelle ?
-Oui. Je suppose que nous sommes à... quel nom avez-vous donné ? Fayg ?
-Fayg, oui. Nous vous avons sauvée de la noyade.
-Merci... Avez-vous trouvé une autre femelle Chiss ? Elle est tombée un peu avant moi...
-La blessée? Celle abattue par les Kryshzlas premier ? Oui, c'est même nous qui l'avons emmenée sous la surface, voyant qu'elle était en train de mourir... C'est vous qui nagiez pour essayer de la sauver ?
-Oui.
-Nous ne vous avons pas emmenée à ce moment-là parce que nous supposions que vous aviez tenté cela en ayant un moyen sûr de repartir ; mais puisque vous avez plongé, j'imagine que ce n'était pas le cas. Vous avez abandonné vos vêtements, n'est-ce pas ? Vous avez bravé le froid parce que vous craigniez de ne pas arriver à temps pour la sauver ?
-En effet. J'avais vu qu'elle était blessée, et ma combinaison de pilote n'était pas franchement faite pour l'eau...
-Vous n'êtes vraiment pas Kryshzla, conclut le médecin.
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