StarWars-Universe.com utilise des cookies pour faciliter votre navigation sur le site, et à des fins de publicité, statistiques, et boutons sociaux. En poursuivant votre navigation sur SWU, vous acceptez l'utilisation des cookies ou technologies similaires. Pour plus d’informations, cliquez ici.  
The Last BordExtpress
Fiche | Prologue | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Epilogue
Chapitre 5
 
Après être passé à son compartiment pour y déposer l'Oiseau de Feu et changer de chemise, Zardrr retourna au salon et fut invité à disputer une partie de pazzak. Il joua contre monsieur Soqus et apprit à mieux le connaître. Il était d'un naturel bien plus aimable et plus ouvert d'esprit que sa femme. Au détour de la conversation, Zardrr découvrit que Soqus venait d'être nommé par sa compagnie à la tête d'un gigantesque chantier d'extraction de minéraux. Nommé pour au moins cinq ans, l'humain s'était décidé à emmener sa famille avec lui, pour ne pas la perdre de vue. Zardrr aurait été personnellement peiné de quitter le confort du Noyau pour une vie de rudesse sur la Bordure Extérieure mais Soqus semblait prendre la chose avec philosophie :

_Et puis ce sera une bonne expérience pour Wekis, dit Soqus en remportant le pli. Je ne voudrais pas qu'il devienne un de ces coruscantis à l'esprit obtus. Fréquenter d'autres cultures sera très enrichissant pour lui.

_Si je puis me permettre, objecta l'elomin, je ne sais pas si Tatooine est l'endroit le plus sûr de la galaxie pour élever un enfant.

Soqus rit doucement :

_Je croirais entendre ma femme. Bien sûr, Tatooine est une planète dangereuse. Mais Coruscant l'est aussi. Je suis pratiquement sûr que votre planète natale l'est également. Alors que devrions nous faire ? Nous calfeutrer derrière des barrières et des boucliers, pour empêcher quiconque de venir à notre rencontre ? Ou au contraire, sans prendre de risques inconsidérés, vivre notre vie comme nous l'entendons ?

Zardrr lui concéda le point. Soqus était décidément quelqu'un de très sympathique avec un esprit très...rationnel. Profitant du fait qu'il se trouvait devant le père de l'enfant qui avait trouvé le sifflet-scarabée, Zardrr décida d'élucider ce mystère.

_Et dites moi, je me demandais : le sifflet de votre fils, avec lequel il jouait aujourd'hui...savez-vous où il se l'est procuré ?

_Je l'ignore, répondit franchement Soqus. Mon fils a déclaré qu'il l'avait trouvé qui rampait dans les couloirs du yacht, hier soir.

_Il rampait ?

Soqus éclata de rire :

_Vous savez comment sont les enfants de sept ans...ils débordent d'imagination. Il a dû rêver voilà tout.

_Sans doute.

Ils jouèrent ensemble jusqu'à l'heure du dîner où l'humain le quitta pour rejoindre sa famille et aller manger. Zardrr le salua et n'ayant pas encore très faim, décida d'aller manger au second service. Pour passer le temps, il lirait un des hololivres qui traînaient dans la valise de Lun. En passant devant le compartiment F, il ne put s'empêcher de remarquer que la porte était entrouverte. Unaa, qui se tenait droite face à la vitre, jouait de la viole. La mélodie était plus douce et plus mélancolique que ce qu'elle avait déjà joué. L'elomin ne comprenait pas vraiment l'état d'esprit des musiciens. C'était trop émotionnel à son goût, pas assez rationnel. Ce qui ne l'empêchait pas d'aimer tout simplement la musique.

_Je croyais que vous étiez descendue à Iktotch, dit-il en se tenant sur le pas de la porte.

Sans s'arrêter de jouer, elle lui répondit :

_Et pourquoi aurais-je fait cela, selon vous ?

_Je ne sais pas. Mais je suis content que vous soyez restée.

Est-ce qu'il venait vraiment de prononcer cette phrase ? Il ne pouvait en croire ses oreilles. Il aurait pu difficilement faire pire en termes de phrase creuse. Tout Elom se serait moqué de lui ! Zardrr préféra corriger sa faute sans attendre en entraînant la discussion sur un terrain plus concret.

_Que va t-il arriver à Ank Fid ?

_Le Département Judiciaire l'attendra à Rodia. Les armes seront découvertes et confisquées. Puis, il sera conduit sur Coruscant, pour son procès.

_Je vois. Du beau travail. Vous devez être fière de vous.

Le ton de voix de la farghul ne changea pas d'un iota mais le rythme de la mélodie s'accéléra brusquement :

_Vous pouvez parler. Est-ce que trafiquer des armes est votre idée d'une profession honorable ?

_Est-ce bien ma profession ? demanda honnêtement Zardrr.

La farghul arrêta soudainement de jouer et se tournant pour faire face à son interlocuteur, pointa l'archet dans sa direction comme un doigt accusateur :

_C'est un jeu pour vous. Choisir des camps. Aujourd'hui les loyalistes, demain, les séparatistes. Vous voulez savoir pourquoi Lun est mort ? Depuis des milliers d'années, les êtres sensibles de la galaxie s'entretuent. Cela ne va pas s'arrêter à cause d'un seul elomin. Notre histoire est un bain de sang. C'est comme cela et n'a rien à voir avec vous. Lun est mort, dit-elle avec force, vous ne pouvez le ressusciter ! Pourquoi ne pas rentrer chez vous avant qu'il ne vous arrive la même chose ?

Zardrr soupira longuement :

_Lun était mon ami. Je ne sais pas ce que cela veut dire pour vous mais pour moi, quand un ami me demande de l'aide et que j'arrive trop tard, je n'en reste pas là.

Unaa se laissa tomber sur la banquette :

_Partez, dit-elle d'une voix lasse. S'il vous plaît.

Zardrr hocha la tête et quitta la farghul. Puis, il reprit sa route vers son compartiment. Dans ce dernier, il se saisit de la valise de Lun et l'ouvrant, s'empara d'un des hololivres. Il jeta un œil à la couverture et fit la moue. "Le Petit Bantha Perdu". Le conte préféré de Lun. Étonnant que même adulte, Lun gardait cet apologue avec lui. Zardrr quant à lui, n'allait quand même pas compulser un livre pour enfants ! Laissant retomber l'ouvrage au fond de la valise de Lun, Zardrr arrêta son choix sur un hololivre traitant des Quatre Sages de Dwartii, ces philosophes controversés, ayant vécus aux temps premiers de la République Galactique. Zardrr n'était pas spécialement féru de philosophie. Il lui préférait d'autres disciplines plus concrètes, comme les mathématiques. Cela dit, n'ayant rien de plus exaltant sous la main, Zardrr passa une demi-heure en compagnie de Sistros, Faya, Yanjon, et Braata.
Puis, son estomac se rappela à lui et laissant l'hololivre sur la banquette, il quitta son compartiment, le ferma à l'aide du passe et se rendit jusqu'au module restaurant. En entrant, il croisa la famille Soqus qui quittait justement le module. Zardrr salua monsieur Soqus d'un signe de tête respectueux et les deux hommes promirent de s'affronter à nouveau le lendemain. Au restaurant, l'elomin remarqua qu'à part Ank Fid qui buvait verre sur verre et mangeait fort peu contrairement à son habitude, le module était vide. Il s'assit à une table en retrait et consulta la carte.
Il avait mangé bien assez de nourricubes pour les jours à venir. Il était sur le BordExtpress et voulait une nourriture digne de ce nom. Il arrêta son choix sur du potage fin, du see, des fruits et des desserts.
Le droïde serveur transmit sa commande en cuisine et ne fut pas long à lui apporter son entrée. La soupe, bien qu'un peu trop froide au goût de l'elomin était parfaite. Il aurait pu l'expédier en quelques cuillerées mais il voulait la savourer pleinement. Après tout, on avait souvent vanté les mérites culinaires des droïdes du yacht, les comparant aux plus grands restaurants du Noyau. Zardrr n'irait pas jusque là mais il fallait bien avouer que pour un repas de navire spatial, cela dépassait de loin ce que proposaient les autres lignes. Son potage terminé, il tendit l'assiette vide à un droïde qui la posa sur une desserte. Puis, un autre droïde lui apporta son poisson. Le see avait un goût un peu fade mais que Zardrr rehaussa par quelques pincées de sel.
Entre deux bouchées, il se surpris à songer au meurtre de Lun. Il avait d'abord parié que le vol était le motif de l'assassinat, ce qui semblait évident. Mais l'affaire était plus complexe que de prime abord. Unaa avait avoué le vol de l'Oiseau de Feu. Selon ses dires, il reposait sur la table, hors du coffre. Quelqu'un l'avait donc sorti du coffret. Peut-être Lun lui-même. Et le sifflet lui, s'était retrouvé on ne sait comment dans les couloirs, où Wekis Soqus l'avait récupéré. Ce qui amenait fatalement à une seule conclusion : le vol n'était pas le mobile du crime. Celui ou celle qui avait fait ça n'en voulait pas aux trésors Sith. Cette personne visait Lun personnellement. Motifs politiques ? A la connaissance de Zardrr, seul Fid était séparatiste à bord et il n'allait sûrement pas éliminer un partenaire en affaires. Motifs personnels alors ? Non, Zardrr sentait que ce devait être autre chose. Mais quoi ?
Piochant de temps à autre dans son assiette, Zardrr vit Fid se lever de table et tituber jusqu'au module salon. Le colicoïde avait apparemment bu plus que de raison.
Zardrr termina son repas en une petite heure et resta un moment devant les plats vides avant de songer à rejoindre son lit. La journée avait été particulièrement riche en informations et toute aussi fatigante. Un peu de repos lui ferait le plus grand bien.
Mais à peine avait-il franchi les portes du module salon qu'il sentit une des grosses pattes de Fid l'attraper et le forcer à s'assoir devant lui. Fid était fin saoul et d'après ce que Zardrr voyait, il voulait partager quelques verres avec l'elomin.

_Monsieur Antus ! bourdonna joyeusement le colicoïde. Prenez donc un verre, dit-il en versant une grande rasade dans un verre qu'il tendit au médecin. Cela rendra le voyage plus court.

_Merci, bredouilla Zardrr, surpris de recevoir tant d'attentions de la part du marchand d'armes.

Il effleura la surface du liquide du bout des lèvres et manqua de tout recracher. Mais par toutes les glaces d'Elom, c'était presque de l'alcool pur !

_J'ai mal jugé mademoiselle Airan, affirma Ank en remplissant son propre verre. Il n'y a pas d'autre explication. Encore et encore, je me demande...ai-je tout imaginé ? Est-ce que c'était une illusion, un rêve romantique ?

Zardrr sourit derrière son verre. Ayant obtenu les renseignements qu'elle voulait, Unaa n'avait plus besoin de charmer le colicoïde pour les obtenir. Voilà qui devait grandement troubler Fid et expliquer son penchant pour la boisson ce soir.

_Mais je me souviens de la façon dont elle me regardait, de la lumière qui brillait dans ses yeux...quelque chose l'a changée...

Zardrr but un peu d'alcool et haussa les épaules :

_Et bien Ank vous savez, c'est une artiste...

Un sourire éclaira le visage de Fid :

_Une artiste...oui. Quand je retournerais sur Colla IV, elle jouera pour moi. Chez moi.

La vision de la farghul jouant de la viole pour un être aussi grossier manqua de faire éclater Zardrr de rire. Il parvint toutefois à garder son sérieux. Fid se saisit de la bouteille et remplit à nouveau le verre de l'elomin.

_Vous au moins, lança Fid avec aplomb, vous ne m'avez pas déçu.

Comme pour appuyer ses propos, le colicoïde vida une nouvelle fois son verre.

_Oui...reprit-il. Ce sera une merveilleuse soirée.

Il pointa une de ses griffes sur Zardrr :

_Vous serez là, bien sûr.

Le colicoïde se leva brusquement sans cesser de parler :

_Et Kronos. Et les Archisiri. Nous serons tous ensemble, dans une grande pièce dorée. Et elle jouera. Et nous danserons !

D'autorité, Fid attrapa le médecin et le força à danser au milieu du module salon. L'elomin, plus amusé que réellement gêné, le laissa faire quelques pas avec lui avant de le lâcher et de le laisser s'écraser sur son fauteuil de cuir. Fid saisit un verre vide et porta un toast :

_La vie est courte monsieur Antus ! Alors dansons !

Puis, la fatigue sembla le gagner et il finit par s'assoupir presque immédiatement. Zardrr attendit d'être sorti du module pour se laisser aller à un rire tonitruant. Si on lui avait dit qu'à vingt-neuf ans, il valserait dans les bras d'un colicoïde, il aurait traité son interlocuteur de fou ! Une chose était sûre en tout cas : il aurait vraiment quelque chose à raconter aux siens en parlant de son voyage à bord du BordExtpress !
Devant la porte de son compartiment, Zardrr eut la surprise découvrir Srinia, qui semblait bien plus nerveuse qu'à l'accoutumée.

_Monsieur, demanda t-elle, puis-je vous parler en privé ?

Zardrr hocha la tête, ouvrit son compartiment et invita la jeune fille à entrer. Elle prit place sur la banquette et tortilla de façon inquiète une de ses mèches de cheveux.

_Vous avez été si gentil avec mon grand-père, dit-elle avec un petit sourire. Je ne voyais pas vers qui d'autre me tourner.

_Son état a t-il empiré ?

_Non, non, le détrompa t-elle. Il va bien. C'est Alric.

L'image de l'adolescent émacié apparut dans l'esprit du médecin. Il fit signe à la kuatienne de continuer.

_Il m'a demandé de quitter le yacht avec lui à Rodia.

_Vous êtes sérieuse ?

Elle hocha doucement la tête :

_Oui, il m'a même suppliée. Mais je ne pouvais pas. Mon grand-père est malade, je ne peux pas le laisser.

Elle déglutit difficilement, puis reprit :

_Quand je lui ai répondu non, il a commencé à dire ses choses terribles. Que j'étais sa seule connexion avec la vie et que si je ne partais pas avec lui, sa vie ne signifiait plus rien. Vous ne le connaissez pas. Je crois vraiment qu'il va faire une folie !

_Faire quoi ?

_Je crois que...

Les mots de l'adolescente moururent dans sa gorge. Elle inspira profondément, puis parla à nouveau :

_Je crois qu'il veut tuer mon grand-père avec une bombe. Il ferait sauter le vaisseau et tuer des dizaines d'innocents.

Zardrr bondit :

_Quoi ? Quel type de bombe ?

_Alric a toujours été doué pour l'électronique. Il l'a faite de ses mains. Bien sûr, en temps normal, il ne l'utiliserait pas mais maintenant...

Elle fondit en larmes :

_Je l'aime tellement !

_Je vais voir ce que je peux faire.

La jeune fille arrêta de pleurer et releva la tête :

_Vraiment ? Oh merci monsieur !

Il la prévint toutefois :

_Mais j'aurais besoin de votre aide. Pensez-vous pouvoir le tenir hors de son compartiment quelques minutes ?

_Euh...hésita t-elle. Je pourrais lui demander de m'accompagner au salon, lui faire croire que je pourrais revenir sur ma décision.

_Parfait, dit Zardrr. Retenez-le dix minutes. Je n'aurais pas besoin de plus de temps.

L'adolescente hocha la tête et quitta le compartiment de l'elomin, pour accomplir sa mission. Zardrr resta collé à la porte pour entendre la jeune fille pousser son ami d'enfance à ouvrir la porte de son compartiment et la suivre jusqu'au salon. A son grand soulagement, Helredes accepta. Il entendit également le kuatien demander au droïde de fermer son compartiment mais ce n'était plus comme si c'était un problème pour Zardrr...
Il resta l'oreille plaquée contre la porte jusqu'à ce que les pas du couple soient hors de portée auditive. Puis, il passa par le cabinet de toilette et utilisant le passe, pénétra dans le compartiment d'Alric Helredes. Il était relativement propre et bien rangé. Quelques holojournaux étaient empilés sur la table basse mais le reste du compartiment était vide.
Zardrr aperçut la valise de l'adolescent dans le porte-filet et l'en dégagea. Il fit sauter les fermoirs et l'ouvrit. La valise ne contenait qu'un change de vêtements et quelques objets de toilette. C'est en soulevant une chemise que l'elomin trouva son bonheur : un cadran digital, gros comme une pièce d'un crédit, pourvu d'une sorte de bouton central. Zardrr n'était pas un expert en explosifs mais il lui semblait que pareil objet aurait été idéal pour indiquer la minuterie d'une bombe et faire office de détonateur. En revanche, son expérience de la vie lui avait appris une chose : dès que l'on abordait le domaine de l'électronique, il suffisait qu'il manque la plus petite part d'un objet pour que l'objet en question ne fonctionne plus ou mal. Il lui suffirait donc de prendre le cadran et Alric ne pourrait faire sauter sa bombe. Un plan parfait.
Rationnel en somme.
L'elomin remettait la valise en place et cachait sur lui le détonateur quand la porte du compartiment s'ouvrit.
Zardrr se retourna, certain de devoir expliquer à Helredes sa présence dans ses quartiers mais ce n'était pas le kuatien qui lui faisait face. A moins que d'humain, il ne soit brusquement devenu un lepi. Nexran regardait le médecin d'un air inquisiteur :

_Et bien, dit le lepi, je crois que vous vous êtes trompé de compartiment.

Zardrr le saisit aimablement par le bras et sortit avec lui du module d'Helredes.

_Je crois que nous nous sommes tous les deux trompés de compartiment.

A peine dehors, Nexran fila si vite que le médecin ne put le retenir. C'était vraiment étrange que le lepi soit entré dans le compartiment deux. Premièrement, il n'avait rien à y faire. Et deuxièmement, comment était-il entré ? Alric avait fait verrouiller la pièce avant de partir. Nexran disposerait-il d'un passe lui aussi ?
Zardrr ne pouvait répondre à ces questions. Mais il avait au moins la fierté d'avoir désamorcé -et au sens propre- une situation explosive. Satisfait, Zardrr retourna à son compartiment et pour plus de sécurité, s'assura de rendre le détonateur inutilisable en le jetant dans l'incinérateur domestique. Les flammes firent leur office destructeur et rapidement, firent fondre les composants indispensables de l'appareil. Ce dernier ne serait peut-être pas détruit en entier mais au moins, il ne pourrait plus jamais servir. L'elomin patienta ensuite un petit quart d'heure, juste le temps d'entendre Alric revenir du salon. A peine avait-il regagné son compartiment que Zardrr quittait le sien pour informer Srinia de la réussite de leur opération. Elle se montra débordante d'enthousiasme, le couvrit de remerciements et alla même jusqu'à l'enlacer.
Zardrr fut quelque peu surpris par ce débordement d'émotions -c'était décidément quelque chose dont il n'avait pas l'habitude- mais l'étreignit tout aussi amicalement. Elle lui apprit qu'elle n'avait pas réussi à faire revenir Alric sur sa décision de quitter le yacht mais c'était prévisible après tout. Après tout, cela comptait peu maintenant. Zardrr avait fait ce qu'il devait faire. Souhaitant bonne nuit à la jeune fille, il la laissa et regagna son compartiment.
Il avait tout juste fermé la porte quand la fatigue le frappa comme une lame de fond. La tension accumulée se libéra brusquement et il n'eut qu'une envie : dormir. Il se jeta sur le lit tout habillé et s'endormit en peu de temps. Il rêva à nouveau mais ce ne fut pas un cauchemar.
Il vit un château antique de grès, surplombant une falaise verte. Aux pieds des rochers, une mer houleuse venait s'écraser avec force à intervalles régulier. Tout l'édifice était plongé dans le noir, excepté le donjon. Zardrr s'y trouvait, en compagnie d'Unaa. Le couple s'enlaçait amoureusement quand des coups frappés à la porte de la pièce poussèrent Zardrr à aller ouvrir, malgré les supplications de la farghul.
Étonnamment, quand il ouvrit la porte, le décor du rêve changea. Il ne vit plus un château sur une falaise mais le BordExtpress. Pour être plus précis, le compartiment du baron Archisiri. Il vit Alric Helredes entrer à l'intérieur, s'approcher du lit du vieil homme et lui déclarer que c'était la dernière fois qu'ils se voyaient. Srinia qui se trouvait auprès de son grand-père, le mit en garde contre Helredes et empoigna ce dernier pour le faire sortir du compartiment. Alric eut juste le temps d'expliquer qu'elle ne comprenait pas que leur lutte l'amena de dos par rapport au vieillard. Le baron plongea alors la main sous son oreiller, en tira un large couteau, se leva et sans hésiter, trancha la gorge de l'adolescent. Alric s'effondra sur le lit alors que le vieil homme le poignardait à deux reprises dans le cœur, sourd aux cris et aux pleurs de sa petite fille.
Zardrr s'éveilla en sursaut. C'était un rêve bien étrange de penser que le baron avait tué Helredes. Cela semblait si réel que Zardrr en avait l'esprit troublé. Si bien qu'il lui fallut quelques secondes pour entendre les cris qui provenaient du module passager voisin. Des cris kuatien.
L'elomin bondit sur ses pieds et courut jusqu'au compartiment A. Il y trouva la porte entrouverte et eut un mouvement de recul en reconnaissant la scène de son rêve. Tout y était à sa place : Helredes, poussant son dernier soupir sur le lit du vieil homme, ce dernier, les mains jointes, psalmodiant en joignant les mains, priant les dieux qu'il n'avait fait que se défendre et la jeune Srinia, couverte du sang d'Alric, pleurant et gémissant la mort de son ami. Zardrr ne chercha pas à comprendre le sens que tout ceci avait avec son rêve. Ce qu'il savait, ce qu'il devait se rendre au chevet du jeune homme.
Alric saignait énormément et il avait du mal à respirer. Zardrr ne pourrait pas le sauver, les deux hommes le savaient. Pourtant, le kuatien trouva la force d'agripper le veston du médecin pour lui demander d'approcher son oreille. Ce que Zardrr fit.

_Le vaisseau va sauter, affirma t-il d'une voix pâteuse. Quelques innocents vont mourir mais cela sauvera des millions de vies sur Kuat. Je suis content de mourir pour ma cause. Vive l'Anarchie !

Puis, il fut prit d'une quinte de toux qui ne s'arrêta que dans la mort. Zardrr par respect, lui ferma les yeux et quitta le compartiment. Dans le couloir, il vit Nexran qui s'entretenait avec le droïde chef de bord :

_Ma compagnie a un accord avec Rodia, disait le lepi. Si vous me laissez parler aux autorités quand nous nous poserons à Iskaayuma, je pense être en mesure d'expliquer ce terrible accident. Je vous assure qu'il n'y aura aucune publicité. Vous imaginez un peu la réputation d'une ligne comme celle du BordExtpress, sapée par cet incident. La compagnie ne s'en relèverait peut-être pas.

Le droïde hocha la tête et se dirigea vers le droïde contrôleur du module, sans doute pour le mettre au courant de l'évènement. Nexran tourna ensuite son attention vers Zardrr :

_Est-ce que vous m'accompagneriez autour d'un verre ?

_Ce serait avec plaisir mais j'ai d'autres projets dans l'immédiat. Comme éviter que le yacht ne se transforme en boule de feu.

_Qu'avez vous dit ?

_Helredes m'a affirmé avoir piégé le vaisseau. Où est-ce qu'un passager pourrait déposer une bombe pour qu'elle ait le maximum d'effet ?

Nexran hésita puis se dirigea en queue de module, près d'un petit panneau de commande.

_Là, déclara t-il en pointant de son index. C'est le système de contrôle local. Ses ramifications courent dans tout le module. Si une explosion venait à se produire ici, elle pourrait se propager très rapidement et faire d'énormes dégâts.

_Il faut l'ouvrir, dit Zardrr.

Le droïde chef de bord ouvrit le panneau de commandes et fit coulisser la console. Derrière, un enchevêtrement impressionnant de fils électriques semblaient former un véritable nœud. Le droïde scanna les fils et remarqua la présence d'une petite boîte en bois, de la taille d'une boîte à cigare, reliée par deux fils à ce maelström électronique. Il allait la déplacer quand Zardrr le retint. Faire bouger la boîte alors qu'elle était encore raccordée aux autres fils était trop dangereux. Il fallait d'abord l'en séparer. Grattant une allumette, Zardrr fit fondre le revêtement qui protégeait les deux fils et les torsadant, il put les briser et libérer la boite sans plus de mal. il posa la boîte à terre, sous le regard inquiet du droïde, de Nexran mais également celui d'Unaa qui s'était jointe au petit attroupement.
La première tentation de Zardrr fit d'ouvrir la boîte mais sans pouvoir l'expliquer, il sentit que ce n'était pas la chose à faire. Il préféra faire pivoter la boîte deux fois de façon à avoir les charnières en face de lui et il ôta les rivets avant de retirer le couvercle. Quatre pains de ce qui devait être de l'explosif trônaient dans la boîte, tandis qu'une horloge mécanique égrainait les secondes, au rythme d'une paire de lames qui se rapprochaient inexorablement.
L'esprit rationnel de Zardrr s'étonna de comment un kuatien avait pu mettre la main sur une horloge mécanique, objet on ne peut plus rare dans la galaxie. L'esprit émotif de Zardrr qu'il commençait juste à domestiquer l'enjoignit de stopper le mouvement de ces lames avant qu'un incident malheureux n'arrive. Mais Zardrr n'avait rien sur lui pour empêcher le contact. Rien à part des allumettes, le passe d'Unaa et le datapad de Lun.
Datapad.
Mais oui !
Zardrr sortit l'objet en question et priant pour qu'il soit assez fin, le glissa à la rencontre des deux lames. Ces dernières butèrent contre le datapad et ne purent continuer leur avancée. Le mouvement mécanique de l'horloge s'arrêta, de même que ses aiguilles. La bombe n'exploserait plus.
Derrière lui, le trio poussa un soupir de soulagement.

_Bien joué, dit honnêtement le lepi en applaudissant. Vous venez de nous sauver la vie.

Puis, se penchant vers le médecin :

_Alors et ce verre ?

_J'arrive, déclara Zardrr, confiant la bombe désormais inoffensive, aux bons soins du droïde en chef.

Ce dernier assura que l'engin serait expulsé dans le vide spatial avec les déchets du vide-ordure immédiatement. Même si elle se réactivait, elle serait sans danger dans l'espace infini.
Zardrr suivit donc Nexran au salon -dans lequel Unaa buvait une verre- habité par un étrange sentiment. Un sentiment de fierté. Il n'avait pas écouté sa raison mais son cœur. Et ce dernier venait de se montrer bien plus utile que sa consœur située plus haut. Un elomin qui écoutait son cœur...peut-être encore plus drôle que sa valse avec Fid.

_Quelle horrible histoire, dit le lepi en servant un verre à l'elomin et à lui même. Mais au moins, c'est terminé. Ça m'arrange.

_Ça vous arrange ? dit Zardrr en buvant un peu d'alcool.

_Et bien le bruit courrait qu'un anarchiste profiterait de ce voyage pour tenter de tuer le baron Archsiri. Alors ma compagnie m'a chargé de monter à bord pour le démasquer et l'en empêcher, voyez-vous ?

Zardrr se rembrunit. Quelle était donc cette "compagnie" qui envoyait un employé veiller à la sécurité d'un des possesseurs des CNK ?

_En fait, dit Nexran en jouant avec son verre, j'ai un moment cru qu'il s'agissait de vous.

_Moi ? s'étonna le médecin.

_Et bien vous voyagez sans billet, sous un faux nom...vous comprendrez mes doutes. Mais sans rancune, j'espère !

Le lepi et l'elomin trinquèrent.

_Dites-moi, dit Nexran. Avez-vous déjà songé à travailler dans cette branche ?

_Les bombes ?

Le lepi secoua la tête :

_Je pense que vous savez que nous sommes à l'aube d'une guerre. La République et certains autres organismes -dont ma compagnie- on des intérêts en commun. Un individu capable de se sortir de n'importe quelle situation serait un atout précieux.

_Le Département Judiciaire a une autre opinion de moi.

_Ah ! fit le lepi en grimaçant. Ce problèmes autour de la mort de ce policier de Metellos. En fait, je crois que vous n'auriez pas dû aider ce séparatiste, même s'il était blessé. La police tient à venger les siens et est parois un peu aveugle dans sa quête de justice.

_Je suis médecin, répondit froidement Zardrr. L'opinion politique, la race ou la planète d'origine de mes patients ne compte pas. J'ai prêté serment en sortant de la faculté de médecine de guérir tout être sensible qui aurait besoin de mon aide.

_Bien sûr, bien sûr ! Ma compagnie saura parfaitement expliquer à Metellos et au Département Judiciaire que vous n'aviez rien à voir avec la mort de ce policier, que vous n'avez fait que d'aider un homme qui souffrait, fut-il un terroriste séparatiste. Quoi qu'il en soit, cela renforce l'opinion que nous avions de vous. Vous êtes un être de valeur.

_Vous avez un dossier sur moi ?

Nexran eut un rire :

_Pensez-vous que l'on peut vivre dans l'entourage de Lun Antus sans être surveillé soi-même ? L'incident de Sepan vous a révélé au grand jour. Vous pourriez mettre vos compétences au service d'une noble cause.

_Désolé Ookef. Je ne suis pas Lun.

_Bien entendu. Je voulais simplement vous faire remarquer que la galaxie change et que nous devons changer avec elle. Les camps se brouillent et il devient de plus en plus dur de distinguer le bon camp de celui des mauvais. Je ne voudrais pas que votre potentiel sous utilisé à mauvais escient.

Mais Zardrr ne l'écoutait plus qu'à moitié, l'esprit tourné vers la farghul qui venait de quitter le salon dans un bruissement de soie.

_Je saurais m'en souvenir, dit Zardrr en se levant et en quittant la table. Passez une bonne nuit.

Puis, quittant le module salon, il emboîta le pas de celui de la farghul avant de l'apostropher.

_Je suis très fatiguée, l'implora t-elle. Laissez-moi, s'il vous plaît.

Elle tourna les talons et progressa jusqu'à la porte de son compartiment. Sans en démordre, l'elomin la suivit jusqu'au moment où elle allait entrer dans ses quartiers. Elle se tourna vers lui et lui adressa un petit sourire :

_J'ai tant à dire, déclara t-elle. C'est juste que...je suis fatiguée. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point.

Puis, soudainement, elle se pencha vers lui et ses lèvres effleurèrent celles de l'elomin. Le baiser ne dura qu'un court instant avant qu'elle ne lui dise qu'ils parleraient ensemble demain et qu'elle lui souhaitait bonne nuit. Zardrr resta seul dans le couloir. Seul et abasourdi. C'était la première fois qu'il embrassait quelqu'un. Cela pouvait sembler ridicule mais il était elomin. Les baisers, les embrassades, tout ceci était bien trop émotionnel pour qu'il s'y engage. Cela était trop incertain. Trop dangereux. Il n'y avait qu'une chose rationnelle à faire c'était aller dormir. Oui, il devait s'étendre et dormir. Il aurait tout le temps de voir Unaa demain, le voyage était encore long.
La partie rationnelle de son être lui hurla de s'en aller. Mais toujours habité par cette étrange chose qui lui nouait le ventre et faisait battre la chamade à son cœur -l'émotion-, il décida de la suivre pour la seconde fois de la soirée. Il entra dans le compartiment de la farghul au moment précis où elle défaisait son chignon, lâchant ainsi ses cheveux. Elomin et farghul s'entreregardèrent et il n'y eut plus besoin de mots.
Zardrr avait l'impression de ne plus être dans son corps quand il s'avança vers elle. Comme s'il était une sorte de fantôme ou d'entité extérieure, qui regardait un elomin aller totalement à l'encontre de tout ce que son peuple lui avait enseigné. Que c'était sur un autre que lui que Unaa se jetait littéralement, l'embrassant avec passion. Que ce n'était pas lui qui répondait à ce baiser, d'abord timidement, puis avec fièvre.
Puis Zardrr renvoya cette entité à des kilomètres sur la glace d'Elom. Il mit en pièces toute pensée rationnelle et se laissa guider pleinement par son cœur.
Il rompit leur étreinte un court moment, le temps de reprendre son souffle. Pourtant, Unaa sembla se détacher de lui. Et à bien y regarder, le reste du compartiment aussi !
Il fallut quelques secondes au couple pour comprendre que le yacht traversait une zone de turbulences.

_Quelque chose ne va pas, déclara la farghul en se retournant et en scrutant le tourbillon de l'hyperespace. Nous devrions avoir réintégré l'espace réel pour nous poser sur Rodia.

Effectivement, c'était pour le moins curieux. Rodia était une étape importante du BordExtpress, pourquoi ne ralentissait-il pas ? Sans compter qu'à l'approche de la planète, le vaisseau était soumis à son attraction. Continuer en hyperespace devenait difficile, sinon dangereux. Un problème technique peut-être ?
Mais la réponse vint d'elle même quand Tekky et un autre aqualish de la Main Noire firent irruption dans le compartiment d'Unaa et suggérèrent au couple, à l'aide d'armes, de quitter la pièce pour se rendre dans le couloir. Apparemment, les autres passagers subissaient le même sort. Il semblait bien que la Main Noire était décidée à détourner le vaisseau.
Un fusil collé contre son épine dorsale, Zardrr préféra ne rien dire.
Les aqualish lui firent traverser le premier module passager en direction du second module à bagages, placé désormais en queue, là où était le module de Kronos. Un des aqualish frappait au compartiment quatre et ordonna au garde du corps twi'lek de sortir pour se mettre avec les autres. Le twi'lek ne devait pas l'entendre de cette oreille, ce qui permit à Zardrr de le voir pour la première et dernière fois. En effet, le garde du corps surgit brusquement de son compartiment, brandissant un sabre gigantesque avec lequel il tenta d'embrocher l'aqualish. Tekky fut plus rapide. D'un tir de fusil blaster bien ajusté, elle tua net le twi'lek, sauvant ainsi la vie de son compagnon. Zardrr tenta de profiter de cette distraction pour s'emparer de l'arme de l'aqualish mais encore une fois, elle fut plus prompte à réagir et d'un coup de crosse en plein visage, expédia Zardrr dans un sommeil sans rêves.
<< Page précédente
Page suivante >>