Vous avez sans doute déjà rêvé d'avoir un sabre laser et de vous prendre pour un Jedi ou un Sith, et vous avez certainement entendu parlé d'associations qui offrent des cours de pratique de ce genre d'escrime. Toujours intéressé ? Ça tombe bien, cet article est le premier d'une série qui s'attachera à décortiquer ce qui existe en France.

On commence avec l'ouvrage Manuel de combat au Sabre Laser, publié aux éditions Budo Editions. Écrit par Juan Jimenez et Thomas Andreu, ce livre se veut avant tout un guide d'initiation à l'escrime artistique. Il présente les techniques de bases et les règles de sécurité propres à la discipline, le tout dans un habillage Star Wars.
Le manuel est très complet et accompagnera parfaitement les personnes souhaitant découvrir l'escrime artistique. De quoi faire un premier pas vers l'épée !

Pour plus de précisions, je laisse ma place à Juan Jimenez, spécialiste de l'escrime artistique qui a bien voulu répondre à mes questions ! Encore merci à lui.

Votre parcours :

Star Wars Universe : Vous étiez danseur, puis vous vous êtes tourné vers la comédie : Comment la passion de l'escrime s'est-elle imposée à  vous ?

Juan Jimenez : Depuis que je suis enfant, je rêvais de jouer à D'Artagnan ou à Zorro, une épée à la main, défendant la veuve et l’orphelin. Alors que je travaillais sur la comédie musicale « Notre-Dame de Paris » en 2001, un ami comédien m’a dit, un jour, qu’il était possible d’apprendre l’escrime « comme dans les films » : l’escrime artistique. Alors je me suis renseigné et j’ai découvert cet art auprès des maîtres Patrice Camboni et François Rostain à Paris.

JJ : L’escrime sportive est un sport de confrontation, l’escrime artistique est un art de collaboration. En artistique on a en face un partenaire et non un adversaire. Les duellistes travaillent ensemble à produire un duel crédible. L’escrime artistique nous donne la possibilité de travailler l’imaginaire et de se plonger dans des personnages variés et des situations improbables, ce qui n’est pas le but de l’escrime sportive qui s’attache à marquer des points et gagner un assaut. L’escrime artistique permet à chacun d’exprimer son potentiel créatif et son imaginaire.

SWU : Est-ce votre expérience en danse qui vous a poussé vers cela ?

JJ : Non, juste le désir de réaliser mes rêves d’enfant. Il est vrai que la danse était un atout considérable, ayant déjà acquis par ce métier les notions essentielles du spectacle vivant et les conditions physiques requises (aisance corporelle, sens du rythme, sens de l’espace, précision et vocabulaire chorégraphique).

SWU : Devenir artiste, était-ce un choix influencé par le cinéma, ou par Star Wars en particulier ?

JJ : Je pense que l’on ne devient pas artiste. On l’est ou on ne l’est pas, on ne choisit pas de l’être. Les qualités artistiques se dévoilent ou pas selon qu’on laisse à chacun la possibilité de les exprimer et si les professeurs savent les développer. On ne se réveille pas un matin en s’autoproclamant artiste. Je ne sais pas si j’en suis un, ça c’est aux autres de le dire. Maintenant pour parler d’influence, j’ai eu celle de mes parents pratiquant la musique et la danse et celle de mon grand-père à qui, apparemment, je ressemble beaucoup.

Vous et Star Wars :

SWU : Quand et comment avez-vous découvert Star Wars ?

JJ : Je ne m’en souviens plus très bien en fait. Certainement par mon grand frère, ou les amis à l’école. J’ai toujours connu cette saga, sans en être un fan extrême, j’ai toujours aimé la science-fiction et Star Wars fait partie indéniablement de ma culture.

SWU : Quel aspect de la saga préférez-vous ?

JJ : J’ai toujours aimé l’humour et le côté « sale gosse » de Han Solo, le caractère de Yoda aussi. L’arme qu'est le « sabre laser » est hypnotisante, c’est un fait, mais ce qui me plaît le plus ce sont les décors des planètes et les vaisseaux spatiaux.

JJ : Oui, bien sûr j’attends fermement la sortie de Rogue One, comme j’ai attendu impatiemment celle de l'Épisode VII.

SWU : Collectionneur ?

JJ : Non

JJ : Je m’y suis intéressé dans le cadre de l’élaboration du manuel. J’ai beaucoup échangé avec le co-auteur du manuel : Thomas Andreu qui s’y connaît bien plus que moi en ce qui concerne l’univers étendu et la science-fiction. Le travail de la communauté des fans est énorme et très respectable et elle alimente la saga et l’imaginaire du public. C’est un travail remarquable.

SWU : Participez-vous à des animations autour de la sortie des films, ou durant l'année ?

JJ : Non, pas autour de la sortie des films. Je me consacre plus à donner des stages afin de faire découvrir l’escrime artistique enseigné par mes maîtres d’armes.

Le Sabre Laser :

SWU : Pratiquez-vous l'escrime artistique uniquement dans un cadre lié à Star Wars ?

JJ : Je ne pratique pas l’escrime artistique dans un cadre lié à Star Wars. Je pratique simplement « l’escrime artistique » qui utilise plusieurs outils/armes : cannes, rapières, épées médiévales, boucliers, grand bâton-hache et, pourquoi pas, sabre laser. Il est important de ne pas faire d’amalgame, je m’en explique plus bas dans la question liée à la licence SW.

SWU : Faites-vous partie d'un "club" ou d'une association qui pratique cet art ? Si oui, peut-on et comment vous rejoindre ?

JJ : Oui, j’enseigne à Montpellier pour l’association GARE A LART 34. Je règle également des combats pour quelques web-séries montpelliéraines.
Notre contact : garealart34@free.fr

JJ : Je trouve ça très bien. C’est une belle émergence de créativité et de rencontre. Les pratiques de combat sportif au sabre laser ont un vrai créneau à prendre dans nos activités sportives régulières, pour peu qu'elles soient bien encadrées par des professeurs reconnus et qualifiés.

SWU : Suivez-vous cet engouement ?

JJ : Oui pour analyser et mieux comprendre le phénomène, moi qui suit dans une approche totalement différente de cette pratique sportive.

JJ : Sur la couverture du livre et dans le sous-titre du livre, il est écrit « Initiation à l’Escrime Artistique ». Cela veut dire que j’appuie ma pratique sur des outils techniques et pédagogiques tirés de l’escrime et reconnus par la FFE. Cette même escrime qui m’a été enseignée par des maîtres d’armes, qui l’ont apprise eux-mêmes de leurs maîtres d’armes, etc... Cela pour bien faire comprendre que les techniques sont sûres et étudiées par des maîtres depuis... Eh bien, quelques siècles en fait ! Et non inventé en 1970 !

Ensuite, il y a le mot « artistique ». C’est là que réside toute la créativité exprimée notamment au travers des chorégraphies ! Donc pour répondre à votre question je ne trouve pas qu’il y ait d’autres associations « plus créatives », elles le sont toutes. Seules les manières de faire diffèrent, et tant mieux.

Questions sur l'édition du livre :

SWU : Comment avez-vous eu l'idée de réaliser ce livre ?

JJ : Il y a quelques années maintenant qu’il n’y a pas eu d’édition de manuel sur l’escrime artistique (2009 si ma mémoire est bonne). C’est une vrai volonté de faire parler de l’escrime artistique, de la faire découvrir à un nouveau public et pourquoi pas avec cette arme légendaire, ludique et tellement visuelle.

SWU : Utiliser en partie la licence Star Wars a t-il posé problème ? (droits, approbation de Disney...)

JJ : En aucune façon je n’ai eu à demander une quelconque autorisation ou approbation à Disney.

En effet l’idée du sabre laser n’est pas la propriété exclusive Disney. Dans le droit international, une idée ne peut être déposée. Bien évidemment, le terme « sabre laser » (non déposé à l’INPI à ce jour) évoque indéniablement l’univers de Georges Lucas, je ne m’en cache pas. Je fais bien référence à cet univers certes, ce qui dans la législation gérant les œuvres littéraires n’est pas interdit et n’est soumis à aucun demande d’autorisation obligatoire et/ou licence (Tant que je ne tiens pas de propos discriminatoire, malveillant ou injurieux) ! Deux termes de l’univers SW sont utilisés sur les 127 pages du manuel : « Tatooine » et « Bantha » qui ne sont tous deux, à ce jour, toujours pas déposés à l’INPI.

Pour conclure, je m’attache à faire la promotion de l’escrime artistique, c’est là ma seule prétention, je n’ai donc aucune autorisation et approbation à demander à Disney ou George Lucas. L’approbation seule des maîtres d’armes qui ont supervisé mon travail, me suffit et me conforte dans l’idée d’exercer librement et respectueusement mon droit à la liberté d’expression.

SWU : A qui conseillez-vous l'ouvrage ?

JJ : Cela va en surprendre plus d’un, mais ce livre n’est pas un livre fait PAR des fans POUR des fans. Ce manuel n’a pas la prétention d’être la Bible d’un chevalier de l’ombre ou de la lumière, bien au contraire et je suis loin d’être un fan de la première heure. Je conseille ce livre à toutes les personnes qui veulent découvrir une activité ludique qui allie esprit sportif, condition physique, créativité, expression artistique, dépassement de soi et rencontre avec le public.

SWU : D'autres projets d'édition ?

JJ : Oui, si le livre trouve son public nous ferons la suite, à savoir un manuel de perfectionnement à l’escrime artistique avec de plus un travail à deux armes et peut-être une expérience visuelle inédite, pour un manuel d’escrime ! Merci d’ailleurs à « Budo éditions » qui nous donne toute sa confiance et m’a permis, encore, de réaliser ce petit rêve.

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Je tiens à remercier chaleureusement Juan Jimenez d'avoir accepté de répondre à mes questions. Si l'escrime artistique vous intéresse, je ne peux que vous conseiller de jeter un oeil à ce livre. Merci également à Budo Editions pour l'exemplaire offert.

Pour plus d'informations sur le Manuel de combat au Sabre Laser, jetez un oeil à sa fiche, et on en parle sur les forums.