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<<Chapitre précédant<< Sommaire >>Chapitre suivant>>Chapitre 58— Ils arrivent, indiqua le stormtrooper en s’approchant de Poldrei.
Le Moff tapotait les doigts sur la table de conférence au bout de laquelle il était installé. La couleur jaune surreprésentée dans la décoration du bâtiment s’étalait sur tous les murs et touchait même le mobilier.
— Merci, répondit-il en accompagnant la parole d’un signe de tête. Maintenant, retournez à côté.
— Le capitaine Quarvin insiste pour que vous soyez protégé.
— Mon autorité est supérieure à celle du capitaine, rappela Carth. Et de toute façon, vous n’avez pas d’arme. Allez.
Sans ajouter un mot, le soldat se retira et rejoignit ses camarades la pièce adjacente par la porte dérobée à la gauche du Moff.
Nous y sommes presque, se dit-il pour se redonner du cœur à la tâche. Malgré ce qu’il avait dit au stormtrooper, le doute et un certain stress l’assaillaient. Il tenta de ne pas y penser, en se demandant notamment ce que Thrawn aurait pu déduire de la décoration de l’endroit – à supposer que le Grand Amiral supporte un tel étalage de mauvais goût.
Il entendit soudainement le pépiement croissant d’un essaim de bimms – soit, suivant leurs standards, deux ou trois individus horriblement bavards. La voix métallique haut perchée d’un droïde de protocole tentait de couvrir ces couinements :
— …et la décoration de ce couloir imite celle de l’ère pré-républicaine… Oui, oui, désolé, elle date de l’ère pré-républicaine. Les Bimms vous font savoir qu’ils sont ouverts pour la vente de pièces similaires si cela vous intéresse.
— Si j’ai envie de m’installer dans une omelette ? railla une voix masculine. J’ai déjà assez de kitsch avec un certain droïde doré.
— Une fois que la planète aura rallié la Nouvelle République, le marché de l’art de Coruscant leur sera plus facilement accessible, indiqua une femme d’un ton remarquablement posé.
Nouvelle avalanche de pépiements.
— Votre Altesse, il semblerait que les négociations aient pris un nouveau tournant depuis notre départ de Coruscant.
— Je n’en ai pas été informée. Peuvent-ils m’en dire plus ?
La voix était à présent juste derrière la porte. Carth prit une inspiration. Il était prêt.
Quelques boutons furent pressés sur le panneau de contrôle, et la porte coulissa, révélant les visages de trois des plus implacables ennemis de l’Empire.
Luke Skywalker, le dernier Jedi, fut le seul à demeurer impassible alors que Carth se levait en signe de respect pour les nouveaux venus. La princesse Leia Organa, figure éminente de la Nouvelle République, afficha un air indéchiffrable entre la surprise, la douleur et la résignation – comme si elle avait déjà vécu cette même scène. Quant à son époux, l’ex-général Han Solo, il porta la main à son holster, prêt à tirer le premier – pour s’apercevoir finalement qu’il était désarmé, comme le voulait la coutume de Bimmisaari.
— C’est un foutu piège ! tempêta le contrebandier avec un regard assassin envers leurs hôtes.
— Je suis honoré de vous rencontrer, indiqua le Moff avec un signe de tête respectueux. Prenez place, si vous le voulez bien.
— Vous êtes Carth Poldrei, devina Organa, qui s’était bien vite remise de ses émotions.
— Tout à fait, Votre Altesse, répondit le polcaphréen avec un sourire courtois. Nous nous sommes déjà rencontrés, comme vous vous en souvenez peut-être.
— Non, désolée…
— Je comprends tout à fait. C’était au Palais Impérial, voilà dix ans. Il y avait de nombreux officiers ce soir-là, et peu de demoiselles de votre qualité, ajouta-t-il en se remémorant sans peine les turpitudes de la Cour tandis qu’il se rasseyait.
Les trois rebelles l’imitèrent, et leur droïde de protocole alla se placer près de l’entrée tandis que leurs guides bimms s’éclipsaient discrètement.
— J’imagine que vous n’avez appris mon nom que tout récemment, reprit-il en les regardant à tour de rôle.
— Vous voulez dire : quand vous avez commencé à organiser des opérations en douce pour déstabiliser la Nouvelle République et ses alliés ? lança Solo. Comme voler un destroyer…
— Si vous parlez du
Virulence, ce n’était qu’une opération de récupération, répliqua le Moff. D’un ancien navire impérial… Et il n’y a eu aucun mort parmi les civils, ajouta-t-il en tournant le regard vers Skywalker.
Des trois, le jeune Jedi était celui qui l’intéressait le plus. Les rapports sur lui avaient toujours été mal renseignés, tant sur ses origines que ses capacités. Il savait que c’était l’homme qui avait détruit l’Étoile Noire – tuant du même coup Thalas et Lyn Garind, les parents d’Ahris et ses meilleurs amis – et anéanti à la fois Vador et l’Empereur. Plus encore, c’était le dernier représentant d’un ordre qu’il avait longtemps cru éteint – exterminé – et il semblait en suivre les préceptes avec autant de zèle qu’un maître de l’ancien temps.
Et, pour finir, il offrait un agréable contraste avec cet effrayant C’Baoth que Thrawn avait déniché sur Wayland.
— C’est tout à votre honneur, répondit le jeune homme.
— Je vous en remercie, mais le mérite ne m’en revient pas directement. Je n’ai pas supervisé la bataille.
— C’est ce que vous dites, remarqua le contrebandier. Ce n’est pas un gage de vérité.
— Pourtant, capitaine Solo, dit-il en se tournant vers l’intéressé, un ancien de la Marine Impériale devrait savoir qu’on ne renie jamais une victoire. Et, de toute façon, victoire ou pas, je ne suis plus militaire. J’ai suffisamment à faire sur le plan diplomatique.
— C’est pour cette raison que vous êtes ici ? demanda Leia Organa. Pour que participer aux discussions avec les Bimms ?
— Les négociations n’auront pas lieu, corrigea Poldrei. J’ai déjà réglé la situation.
— Je ne vois pas ce que vous pourriez leur offrir de mieux que nous. Vos forces militaires ne sont plus ce qu’elles étaient il y a cinq ans encore, et le spécisme impérial les empêcherait de bénéficier d’un statut équivalent à celui des humains.
— Vous avez raison, naturellement, sur tous les points, lui accorda Carth. Même si les choses pourraient évoluer bien plus vite que vous ne l’imaginez. Mais vous oubliez une chose : les Bimms n’ont pas une mentalité de militaires ou de diplomates, mais de commerçants. En fait, je ne leur ai proposé qu’une simple chose : un statut neutre.
Il eut un sourire sardonique.
— Je les ai autorisés à commercer avec nous sans être rattachés à un gouverneur impérial. Je n’ai eu qu’à leur dire la vérité : la guerre est encore incertaine et pourrait bien se renverser prochainement. Alors, ceux qui auront attendu de voir comment la situation évolue pourront tirer leur épingle du jeu.
— Vous présumez beaucoup des forces de l’Empire, répondit bravement Leia Organa – mais son air impassible peinait à masquer sa profonde contrariété ; elle savait qu’elle avait perdu toute chance de rallier prochainement les Bimms à la Nouvelle République.
— Et vous de ses faiblesses, répliqua le Moff avec le même calme.
— Je ne fais que constater une évidence, dit-elle avec un air presque désolé pour son interlocuteur. Depuis la mort de l’Empereur, nous sommes parvenus à conquérir la moitié de la Galaxie, et les mondes qui cherchent à nous rallier augmentent de jour en jour. Ce que vous avez fait ici avec les Bimms ne masquera pas ce mouvement qui concourt, inévitablement, à la chute finale de votre Empire.
— Vous omettez un facteur essentiel, Votre Altesse, avança le Moff en se penchant vers l’aldéranienne. L’adhésion des populations de la Galaxie à l’idéologie impériale.
Leia le dévisagea comme s’il venait de se transformer en Hutt sous ses yeux.
— L’adhésion des populations… ?
— Vous n’avez plus que vos partisans humains, lança Solo, confiant. Tous les autres sont ligués contre vous – et votre foutue « Haute Culture Humaine ».
— C’est vrai, concéda Carth. Et ça le restera tant que le spécisme fera partie des mœurs de l’Empire… C’est-à-dire plus très longtemps, si j’ai mon mot à dire. Cela étant, je pense que vous faites fausse route. L’euphorie conquérante de la Nouvelle République aura très bientôt fait long feu. Vous avez éliminé Zsinj, vous avez éliminé Isard… Qui chasserez-vous à présent ? Et sous quel motif ? Qui paraîtra suffisamment dangereux pour unir vos forces ?
Il fixa intensément la jeune femme.
— Vous savez de quoi je parle, ajouta-t-il. La dislocation de votre coalition…
— Un tel évènement ne surviendra jamais, assura Leia sans trembler.
— En êtes-vous certaine ? Les Bothans ont déjà agi sans votre consentement pour m’attaquer.
— Il y aura toujours des crises, prophétisa Skywalker, mais nous pourrons les traverser. L’Ancienne République a tenu vingt-cinq mille ans…
— C’est une vision très théorique, maître Skywalker. Et qui, malgré votre connaissance de la Force, vous dépasse de beaucoup. Lorsque la Crise Séparatiste a éclaté, dix mille Jedi n’ont pas suffi à ramener l’ordre. Aujourd’hui, vous êtes seul.
— Pour un impérial, vous semblez hautement tempéré à l’égard des Jedi, nota le jeune homme avec curiosité.
— J’en ai connu un, autrefois…
Comme il laissait ces paroles planer, Leia Organa poursuivit à sa place.
— Maître Plo Koon, déclara-t-elle sans cligner.
— Je vois que les services du général Cracken méritent leur réputation ! confirma Carth. Plo Koon. Un être hors pair. Quand il est arrivé, nous – la Résistance Polcaphréenne - étions à bout de forces. Deux ans de lutte sans espoir, et le voilà, avec quelques commandos clones, prêt à inverser le sens de la bataille. Il s’est battu avec son sabre, il nous a protégés avec la Force, mais ce n’était pas l’important. Il nous a offerts de l’espoir.
— Et pourtant, vous êtes devenu un soldat de l’Empire qui l’a assassiné et détruit tout ce pour quoi il s’était battu, nota Luke.
Carth soupira, autant par agacement que par regrets. Ce débat le travaillait régulièrement depuis… Vingt ? Vingt-cinq ans ? Avec le temps, il s’était peu à peu forgé une réponse convenable.
— C’est bien plus complexe que vous ne le croyez. Ce que Plo Koon a fait sur Polcaphran, c’est ce qu’il avait fait sur Rendili avant, ou surtout lors de la Guerre Hyperspatiale de Stark. Ce soutien moral, aucun vétéran ne l’a jamais oublié.
Son regard se perdit dans de vieux souvenirs.
— Ça me rappelle une anecdote qu’on m’a racontée… C’était trois ou quatre ans après la Guerre des Clones, dans une station spatiale du côté de New Holstice. Un groupe d’officiers déjeunait dans le mess quand des clones du même rang sont arrivés. Là-dessus, ils entament une discussion sur leurs états de service, et elle bascule très vite sur l’Ordre 66. L’un des soldats se vante alors d’avoir abattu maître Koon. Un tir de chasseur par derrière, sur Cato Neimoïdia. Éclats de rire de la part du groupe. Un des officiers se lève ; c’est un vétéran de la Guerre de Stark. Sans un mot, il s’approche du groupe et sort son arme. « Goûte à présent à ton honneur », lui lança-t-il avant de tirer. Le clone s’abattit sur la table, mort.
— Qu’est-il arrivé à l’officier ? demanda Leia.
— Ses homologues l’ont applaudi. L’incident n’a jamais été consigné.
— Alors c’est une fable, le railla Solo. L’absence de punition, passe encore… Mais celle du rapport, c’est de trop !
— Et pourtant, Général… Palpatine savait que chez les vieilles générations d’officiers, l’anéantissement de l’Ordre n’était pas sa mesure la plus populaire. Il a pu endoctriner les jeunes recrues, mais ceux qui avaient vu la vérité… Des gens comme Dodonna ou Tallon, par exemple.
— Mais ils nous ont rejoints, rappela Organa. Au contraire de vous.
— Nous avons tous fait nos choix, dit gravement Poldrei. J’ai préféré rester fidèle à mon serment et faire évoluer l’Empire en y impliquant mes convictions et mon honneur.
— L’Empire n’a rien de tout cela, contre-attaqua la jeune femme. Et il l’a prouvé en détruisant ma planète.
— La destruction d’Aldérande était un crime impardonnable, approuva le Moff.
— Mais, une fois encore, vous êtes resté.
— Et, une fois encore, vous ne comprenez pas. Tarkin était mort… Et, avec lui, sa stupide Doctrine de la Peur. Du moins, c’est ce que je croyais… Avec le recul, je comprends qu’il n’en était rien. Puis Endor est venue… Et l’Empire s’est divisé entre tous ces Seigneurs de Guerre qui se sont entretués ou que vous avez éliminés. Aujourd’hui, ces… Ces pourritures qui ont corrompu l’Empire ont presque disparues. Les plus sages, et les plus raisonnables – Voilà ceux qui ont survécu. Et qui ont aujourd’hui la possibilité de bâtir quelque chose de différent, bien plus en accord avec les véritables principes de l’Ordre Nouveau.
— Ils n’existent pas, assura Leia. Ils n’ont jamais existé. L’Empire est né dans le sang de la volonté d’un seul homme. Palpatine avait tout planifié pour renverser la démocratie, jusqu’à la Guerre des Clones elle-même. Vous en avez conscience ?
— C’est une théorie parmi d’autres. J’ai aussi entendu dire que les Jedi avaient déclenché la guerre pour prendre le contrôle de la République, ou que c’était une tentative des conglomérats commerciaux pour s’affranchir de toute législation. Quelle hypothèse est vraie, quelle hypothèse est fausse ? Pour ma part, je considère que le conflit était hélas inévitable. Pendant que le Noyau regorgeait de richesses, la Bordure était étouffée, sans pouvoir choisir son destin.
Un groupe de Bimms arriva sur ces faits pour leur proposer des rafraîchissements. Carth décida de prendre un verre de jus de shuura ; sur un signe de tête de Skywalker, les autres l’imitèrent.
— Vous n’avez toujours pas répondu à ma première question, rappela Leia après quelques instants où ils dégustèrent leurs boissons en silence. Si votre mission auprès des Bimms est terminée, que faites-vous encore ici ?
— Je voulais juste parler, éluda Carth.
Une nouvelle fois, il eut un sourire mystérieux.
— J’ai toujours admiré Bail Organa. Dans les derniers jours de l’Ancienne République, il était l’un des derniers sénateurs que j’appréciais vraiment. Il avait cette prestance, cette éloquence… J’ai assisté à une de ses conférences, avant la crise séparatiste. C’était, je crois, sur Ord Cantrell. Il était venu avec la sénatrice Amidala – une autre pacifiste. Ses mots sonnaient juste, et on voyait clairement qu’il éprouvait ses convictions. Vous tenez de lui, je crois, ajouta-t-il avec un petit rire.
— Merci, répondit Leia. C’est plaisant de voir qu’il y a encore un Impérial qui se souvient de mon père en tant qu’homme de bien.
— Votre père adoptif, corrigea Poldrei. On dit que vous êtes la sœur de maître Skywalker ? demanda-t-il en se tournant vers le Jedi.
— C’est exact, confirma l’intéressé.
— Et vous êtes les enfants d’Anakin Skywalker.
— Oui.
— Le « Héros sans Peur »… Il était extrêmement populaire, à une époque. Et c’était un véritable génie tactique. Il a fait de la Cinq Cent-Unième une unité d’élite, le fer de lance de la lutte contre les Séparatistes. Il a mis au point une cinquantaine de tactiques qui sont entrées dans le programme d’instruction des cadets, sur terre comme dans l’espace… L’Empire s’est abondamment servi de ce qu’il avait construit, et Vador plus que tout autre.
Il ajouta, après un instant de silence :
— Vous avez eu votre vengeance, d’ailleurs ? lança-t-il en regardant plus précisément le Jedi. Vous avez éliminé Vador.
Luke acquiesça, en silence, l’air mal à l’aise.
— Et vous étiez son lieutenant, l’attaqua Leia.
— L’un d’entre eux, corrigea Carth.
— Alors vos belles paroles ne sont que du vent. Vador était un criminel de guerre. Un monstre qui a observé impassiblement la destruction de ma planète. Voilà pour qui vous vous battiez.
— J’obéissais aux ordres, répondit Carth en faisant mine de se lever de sa chaise.
Solo réagit immédiatement, avec les réflexes aiguisés d’un vétéran n’aimant guère être pris au dépourvu.
— Je n’ai jamais eu à affronter de cas contrevenant à ma conscience. Si cela avait été le cas… Qu’aurais-je fait ? Je l’ignore. J’aurais sans doute cherché une échappatoire, une issue me permettant de rester fidèle à mes convictions. Et si je n’avais rien trouvé… Mais on ne bâtit rien avec des « si », surtout dans le passé.
— Vous vous dérobez.
— Et vous ne comprenez pas de quoi je parle. C’est très caractéristique des Rebelles.
Il se rassit confortablement au fond de son siège, bien décidé à ne plus rien laisser paraître de son agitation intérieure.
— Pour vous, un officier de l’Empire n’est rien de plus qu’un sadique avec un bel uniforme et un vaisseau triangulaire.
— Ou une armure blanche bien brillante, corrigea Solo.
— Je ne nierai pas qu’une bande d’imbéciles et de crétins à l’ego hypertrophiés ont donné corps à cette réputation. Mais de là à la généraliser ? Derrière ces caricatures, il reste des hommes avec leurs blessures… Des hommes comme moi. J’en ai connu beaucoup. Des vétérans qui ont vu des choses si horribles pendant la Guerre des Clones qu’ils ont pris des sédatifs chaque nuit pendant toute leur carrière… Ou se sont mis leur blaster sous le menton, avant d’appuyer sur la détente. Moi, j’ai retrouvé ma famille massacrée par une bande de lâches utilisant des droïdes de combat contre des civils désarmés. Tout ça parce que l’Ancienne République avait été trop faible pour négocier et imposer un compromis satisfaisant les deux camps. Combien de temps pensez-vous tenir avant d’être confronté à la même erreur ?
— Ce sera toujours mieux qu’un Empire tyrannique prêt à détruire des planètes pour « l’exemple » !
— Bon courage pour trouver ne serait-ce qu’un seul officier sous mes ordres qui soit encore favorable aux superarmes et autres gadgets inutiles et hors de prix !
— Vous oubliez « bourré de défauts », intervint le contrebandier. Ce gars-là peut en témoigner, ajouta-t-il en désignant son beau-frère.
— Mais vous ne représentez pas l’Empire, asséna Leia. Je doute que vos idées soient majoritaires dans votre propre camp.
— Peut-être pas pour l’heure, admit Carth. Et pour nos dirigeants. Mais le temps viendra où cela changera… Bientôt, très bientôt.
— Ce sont des menaces ?
— Un avertissement. Votre Nouvelle République finira par sentir le vent tourner inéluctablement.
Il sortit un morceau de flimplast et un stylo.
— Comme vous l’aurez peut-être saisi, je peux éprouver un certain respect pour mes ennemis, dit-il en griffonnant une série de coordonnées. Vous en faites partie. Aussi, quand la situation deviendra ingérable pour vous, je serai prêt à vous aider.
Il tendit à Leia la feuille ; la jeune femme s’en saisit et la regarda d’un air dubitatif.
— Cette ligne de comlink est toujours ouverte. J’y répondrai, et vous aurez droit à un traitement équitable.
— Une cellule grand luxe dans une prison impériale ? maugréa Solo.
Les autres n’y prêtèrent pas attention ; Skywalker semblait perturbé et Organa hésitait sur la conduite à tenir.
— Merci, répondit-elle finalement. Je peux vous promettre la pareille…
— Je doute que cela soit nécessaire. Néanmoins, si tel était le cas, je serais prêt à négocier une reddition.
— C’est raisonnable de votre part.
— Conseillère, répondit le Moff, le regard brillant, malgré mon idéalisme, je suis avant tout un homme pragmatique.
* *
*
Quinze minutes plus tard, la corvette CR-90 du Moff quittait la surface de Bimmisaari.
Installé dans un siège à l’arrière du poste de pilotage de l’
Iron Consular, Carth suivait le décollage d’un air distrait, en repensant à l’entretien qu’il venait d’avoir.
Il était plutôt satisfait de lui. Les Noghris de Thrawn n’auraient pas pu accomplir un tel travail de sape… Il savait que le sentiment de danger était capable d’unir même les adversaires les plus farouches, et il ne voulait pas que les Rebelles se sentent menacés. Non, il voulait au contraire qu’ils aient la paix… Et tout ce qu’elle impliquait, à commencer par des dissensions politiques. D’après les sources du Grand Amiral au Palais Impérial, cette phase-là était en bonne voie.
Et il avait pu jauger Solo, Organa et Skywalker. Ces trois-là avaient un sacré palmarès à leur actif… Et il comprenait maintenant pourquoi. Même si la situation s’y prêtait mal, il avait perçu leur complicité de combattants, celle d’une amitié forgée dans le creuset de la guerre… Ce qu’il avait jadis partagé avec Thalas, Lyn et…
Mais il y a quelque chose d’autre, réalisa-t-il soudainement.
Skywalker avait l’air mal à l’aise quand j’ai évoqué Vador. Bien loin de la propagande rebelle qui l’érige en Jedi victorieux… Il a fallu que sa sœur lui vienne en aide. C’est étrange… Ce n’était qu’un point de détail, pourtant il l’intriguait plus que le reste de la discussion.
Que s’est-il passé ce jour-là sur l’Étoile de la Mort, avec l’Empereur ? Avec la campagne qui se préparait, ç’aurait dû être la dernière de ses préoccupations. Mais son instinct lui soufflait que cette question était d’une importance cruciale.
Il se morigéna ; d'autres soucis étaient désormais prioritaires. Il s'était chargé des Rebelles avec succès, et la suite de sa mission ne les concernait plus désormais.
À présent, l’Alignement de Pentastar l’attendait.