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[Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Messagepar Hiivsha » Mar 10 Fév 2015 - 21:59   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Vers chapitre 10 : Explications (début 1/2)


CHAPITRE 10 - Explications (fin - 2/2)


— Là, nous devons faire preuve d’imagination, Valin. Ma théorie est la suivante : Remus détenait l’artéfact de longévité. On peut supposer qu’il s’est servi de la force d’attraction du trou noir comme d’une fronde pour passer en hyperespace ce qui l’a catapulté on ne sait où… peut-être très loin de la galaxie. Dès lors, je vois deux possibilités. La première c’est qu’effectivement le Ragnarok a été projeté infiniment loin et a mis trois siècles à revenir. L’artéfact aurait alors rendu les hommes quasi immortels en stoppant leur vieillissement et leur métabolisme… La seconde, le passage si près du trou noir et l’hyperespace conjugués au pouvoir de l’artéfact a enveloppé l’équipage d’une forme de stase temporelle qui leur a permis de se projeter dans le temps, ou d’attendre trois siècles que l’artéfact reprenne vie… au moment où votre artéfact en se réveillant a lancé l’émission que nous savons…
— Cette onde puissante que le Defiance a émise ?
— Oui… sans doute une sorte de signal de l’artéfact pour retrouver les autres… un « cri » qui aurait alors réactivé l’artéfact de Remus et sorti l’équipage de sa stase… mais là, on ne peut qu’élaborer toutes sortes de conjectures. Ce qui est certain, c’est que le signal émis par votre artéfact a mis Remus sur votre piste.
— Qu’est-il advenu du Terreur Noire après sa fuite ? demanda Isil qui entrevoyait déjà la réponse.
— Il fut capturé peu de temps après par la République, réarmé et renommé… Defiance.
Quelques murmures de surprise prouvèrent à la jeune femme que tous les auditeurs de Darillian n’avaient pas entraperçu la solution de l’énigme.
— Ainsi le Defiance est l’ancien vaisseau de Remus, murmura Narcassan pensif.
— Oui, et si on s’en réfère au personnage, il essaiera de vous détruire même si vous n’avez plus l’artéfact à bord, annonça Darillian presque sentencieusement.
— Voilà qui est fâcheux.
— À moins que nous ne parvenions à le détruire avant.
Narcassan observa un instant son hôte en essayant de déchiffrer l’énigmatique expression de son visage.
— Vous suggérez une alliance de circonstance ?
— Exactement. Nous œuvrons ensemble pour retrouver les deux derniers artéfacts et nous allons sur Mahon pour les détruire. Nous attirons ainsi Remus et nous l’éliminons à son tour.
— Vous pensez venir à bout de ce prototype invisible avec le Fulgurant et le Defiance ?
Darillian grimaça d’un air embarrassé.
— Pas vraiment… mais il se trouve que depuis que le Ragnarok est réapparu, j’ai rassemblé une flotte qui me suit de loin, à quelques minutes d’hyperespace… au cas où…
— Au cas où le Ragnarok vous aurait attaqué ? Vous n’aviez aucun artéfact, pourquoi s’en serait-il pris à vous ?
Dark Dalius eut de nouveau un geste vague.
— À présent j’en ai un et je compte bien trouver les autres… Mais ne craignez rien, je ne cherche pas à m’en emparer pour moi… seule leur destruction est au programme.
— Jaster, faut-il que je doive vous croire sur parole ?
Les deux hommes se jaugèrent un long moment les yeux dans les yeux.
— Vous me cachez encore quelque chose, lâcha Narcassan.
Darillian parut encore plus embarrassé. Isil enchaîna :
— Comment Remus a-t-il su que le Defiance était le Terreur Noire… il y a trois siècle que ce changement est intervenu ! Et comment a-t-il pu nous trouver si vite après la destruction de vos croiseurs impériaux ?
Keraviss Sayyham continua :
— Vous semblez tout connaître de ce qui se passe à bord du Defiance… nous avons trouvé à bord un espion travaillant sans doute pour vous, peut-être y’en a-t-il d’autres ?
— Pourquoi notre bâtiment vous intéresse-t-il autant, Jaster ? renchérit Narcassan. L’objet de cet… intérêt est-il présent autour de cette table ?
Darillian cacha mal son agacement sur ce feu roulant de questions.
— Vous connaissez l’intérêt des renseignements… et le commandant Sayyham doit parfaitement me comprendre. Le but est d’avoir toujours un coup d’avance sur l’adversaire. L’intérêt de l’Empire est de surveiller la flotte de la République.
— Allons, Jaster, ne me dites pas que vous avez placé des espions sur tous les bâtiments républicains… pourquoi le Defiance en particulier ? Est-ce que cela a un rapport avec la présence de la Jedi Valdarra à bord ?
Darillian commençait à perdre patience.
— Mais enfin, pourquoi voulez-vous que je m’intéresse particulièrement à elle ?
Isil souffla longuement et assez bruyamment pour attirer l’attention.
— C’est une affaire de famille… laissa-t-elle tomber d’un ton monocorde. Il prétend qu’il est mon père biologique.
Un silence de stupeur frappa le groupe. Diverses expressions purent se lire sur les visages. Maître Torve fronça les sourcils, visiblement préoccupé par la révélation et ses implications ; l’amiral ne put cacher son étonnement comme la plupart des autres personnes ; le commandant Sayyham afficha un sourire énigmatique tandis qu’Argail lançait un regard meurtrier à son hôte. Darillian se retourna vers la jeune femme :
— Je ne crois pas qu’il était nécessaire d’en arriver là, Isil…
Puis se retournant vers Narcassan :
— Écoutez, Valin, j’ai plusieurs choses à dire. Entre Isil et moi, c’est une affaire privée. Laissons-la de côté. J’admets avoir gardé l’œil sur elle… surtout depuis que Dal-Karven a failli s’en débarrasser dans mon dos. Mais ceci a été réglé. Isil n’a plus rien à craindre de moi ni du Fulgurant et je veux sincèrement son bien. Nous en reparlerons à l’occasion si vous le souhaitez mais pour l’instant, concentrons-nous sur Remus. Je dois vous avouer que j’ai mis le Ragnarok sur les traces du Defiance… il fallait que je vous force la main en vous montrant à qui vous aviez à faire. Je serais intervenu avec ma flotte s’il l’avait fallu… vous avez plongé vers cette nébuleuse au moment où je comptais intervenir. J’ai vite compris que le Defiance s’en tirerait sans trop de dommages et que nous pourrions alors aller de l’avant ensemble.
Un nouveau silence lourd de sous-entendus régna de nouveau autour de la table. Narcassan reprit d’une voix blanche :
— Des hommes sont morts dans l’affrontement, Jaster !
— C’est la guerre, Valin, on ne gagne pas une guerre sans dommage collatéraux. Et croyez-moi, il y en aura d’autres sous peu. Vous êtes un militaire, vous le savez !
La voix de Darillian s’était raffermie. Il montait à présent à l’assaut.
— C’était nécessaire ! Nous ne serions pas autour de cette table à avoir cette discussion si Remus ne s’en était pas pris au Defiance… et croyez-moi, tôt ou tard, il vous aurait trouvé. Et il aurait trouvé l’artéfact même sur Tython ! Avez-vous pensé aux effets qu’un bombardement orbital du Ragnarok aurait pu avoir sur le Temple Jedi, tout cela pour récupérer un artéfact ? Croyez-moi, mieux vaut choisir notre terrain avant de l’affronter et avoir un plan solide pour cela. Nous devons avoir tous les atouts en main !
L’amiral échangea un regard avec Maître Torve.
— Je vous accorde le bénéfice du doute, Jaster. Mais nous en reparlerons un jour prochain.
— Si vous voulez, Valin. Et croyez-le ou non, je suis sincèrement désolé de vous avoir mis dans cette situation… mais je savais que vous seriez à la hauteur de votre réputation. Et puis avec Isil à bord, jamais je n’aurais laissé Remus détruire le Defiance !
— Je ne sais pas si je dois en être rassurée, grommela Isil qui pour la première fois depuis le début de l’échange avait perdu de l’assurance dans le ton.
Darillian lui prit la main. Elle la retira vivement.
— Oublions cela, voulez-vous ? fit-elle sèchement cependant que Shalo Torve levait un sourcil en la regardant.
La jeune femme croisa le regard du Maître Jedi et baissa les paupières.
— Voilà ce que je vous propose, reprit Jaster Darillian. Il faut aller sur Corellia à la recherche de l’artéfact du Vindicator. Ceci veut dire qu’il faut retrouver l’emplacement où ce dernier a coulé.
— Pourquoi ne pas y aller vous-même ? grinça Isil.
— Corellia est au bord d’un gouffre… politiquement et militairement. Le Traité de Coruscant est mort et la guerre reprend un peu partout. Un vaisseau du genre du Fulgurant en orbite autour de Corellia serait du plus mauvais effet et politiquement je ne peux me le permettre. Par ailleurs, des impériaux ont peu de chance d’apprendre quoi que ce soit sur le sujet. Il faut qu’une ou deux personnes y aille pour rencontrer le professeur Indus Janhahonus. Il passe son temps entre le département d’histoire et d’archéologie de l’université et la bibliothèque de Coronet City où il consulte des ouvrages pour l’écriture de son prochain livre. C’est un grand spécialiste de l’histoire ancienne corellienne et notamment de la période qui nous préoccupe. Il sera sans doute d’un grand secours pour aider à localiser l’épave du Vindicator. Je pense que tu dois y aller. Avec ta maîtrise de la Force, tu pourras surmonter les épreuves qui t’attendent.
— Je vais avec elle, lança Lillaia d’un air décidé après un discret mais impérieux coup d’œil de Dark Dalius.
— Je les accompagne, renchérit Argail d’un ton qui ne supportait pas la contradiction.
Darillian se tourna vers Valin Narcassan.
— Je pense que trois personnes seront suffisantes pour mener à bien cette mission.
L’amiral se tourna vers Maître Torve puis vers le colonel Vellaryn qui approuvèrent l’un et l’autre d’un hochement de tête.
— C’est entendu, conclut l’amiral. Le reste de l’équipe revient sur le Defiance.
Darillian écarta ses bras.
— Évidemment, Valin, ils ne sont pas prisonniers ici !
*
* *

Isil avait été priée de rejoindre le Defiance à bord de la navette de l’amiral, elle-même suivie par celle initialement affrétée pour Tython et qui ramenait les autres membres de la CPM. Elle tenait sur ses genoux le coffret spécial construit par Darillian pour enfermer le cas échéant l’artéfact de la passion. Un compartiment central pour l’accueillir doublé d’une matière censée stopper tout rayonnement et de chaque côté, un espace renfermant des pierres de lumière irradiant de la Force vive destinée à amoindrir sinon annuler les émanations obscures de l’artéfact rakata. Une serrure d’un haut degré de complexité capable de se brouiller automatiquement complétait le tout. Certes, comme l’avait fait remarquer Darillian, Isil était capable avec sa puissance dans la Force de passer outre le système de fermeture mais il comptait sur elle pour parvenir à résister au côté obscur diffusé par l’objet.
Lorsque l’amiral le lui demanda, Isil donna sans se faire prier mais sobrement, des explications sur les éventuels liens qui pouvaient exister entre elle et l’ancien Conseiller à la Sécurité, ajoutant que pour sa part, elle n’avait jamais cherché confirmation de ses assertions.
Ils l’écoutèrent gravement, en silence, la laissant parler jusqu’au bout sans l’interrompre. La jeune femme raconta son histoire familiale telle que sa mémoire l’avait retrouvée au fil des mois après la mort de Beno Mahr, le Maître Jedi qui l’avait formée. Ce fut Maître Torve qui fit la première réflexion.
— Mais enfin, Isil, pourquoi n’en as-tu rien dit au Conseil ? Pourquoi ne pas l’avoir dit à Maître Satele lorsqu’elle t’a interrogée sur Tython ?
La jeune femme leva un regard dur vers Shalo Torve et répondit d’un ton ferme que l’amiral nota mentalement :
— Je n’en ai pas vu la pertinence… après tout, Darillian avait pu fort bien inventer cette histoire pour simplement me déstabiliser lors de notre affrontement. Et même actuellement, nous n’avons aucune preuve de ce qu’il avance.
— Et tu n’as pas envie de le savoir ?
— Pourquoi ? Qu’est-ce ce cela changerait ? Mon père est et restera à tout jamais Jann Valdarra, tué par celui qui se fait appeler Dark Dalius…
Sa tête se baissa et sa voix ajouta amèrement :
— Et qui a également tué ma mère.
Maître Torve se racla la gorge.
— Ce sont là tout de même des choses lourdes à porter, même pour un Jedi. Te confier à un Maître aurait pu t’aider.
De nouveau elle leva ses yeux teintés d’acier vers le Jedi.
— J’ai passé l’âge qu’on me tienne la main, répondit-elle sans animosité mais d’une voix assurée. Je ne suis plus une enfant, ni même une Padawan.
Les officiers se regardèrent muettement. Shalo Torve parut un rien embarrassé.
— En effet, tu as raison, Isil. Tu es un chevalier Jedi à présent, apte à prendre ses décisions.
— Et je n’ai pas besoin du Conseil pour mener ma vie privée à bien.
À son tour le regard du Maître Jedi se durcit.
— Tant que tu te conformes aux préceptes de l’Ordre, tu as raison, Isil. Mais mon devoir de Maître est de te rappeler que tu peux compter sur le Conseil si tu sentais le besoin d’être épaulée. Il ne faudrait pas que la passion t’envahisse.
Isil hocha la tête.
— C’est noté, Maître Torve, et j’en suis consciente. Ne vous inquiétez pas pour moi.
Un silence lourd suivit l’échange jusqu’à ce que le colonel Vellaryn rompe le charme.
— Tout de même, il ne me plaît guère que ce Sith mène la danse et pense pouvoir se servir de la CPM comme il l’entend.
— Pareil pour moi, renchérit Keraviss Sayyham en écho.
L’amiral eut un geste d’apaisement.
— Nous ne ferons rien que nous n’aurons décidé par nous-mêmes. Il faudra avoir notre nouvel allié à l’œil lorsque nous entrerons en possession des artéfacts.
— Ne devrions-nous pas mettre l’État-major au courant et demander l’aide de la flotte ? proposa Vellaryn.
Narcassan secoua la tête.
— Non, cette histoire d’artéfacts rakata ne doit pas s’ébruiter… et plus il y aura du monde mêlé à cette histoire, plus le Ragnarok risque de faire des dégâts et des victimes. Tant qu’il nous cherche et cherche les artéfacts, il se concentre sur une cible restreinte. À nous de l’assumer.
— J’espère que Dark Dalius est vraiment prêt à nous aider en cas de confrontation avec Remus, soupira la Loordienne. Aussi bien commandé que soit le Defiance, il est moins lourdement armé que ce prototype d’Interdictor géant.
— Le moment venu, il faudra peut-être le battre de l’intérieur, murmura Isil.
— À quoi penses-tu ? interrogea l’amiral intrigué.
— À rien de particulier pour l’instant, amiral. Une citadelle n’est imprenable que de l’extérieur. Mais il est trop tôt pour y penser. Il faut nous concentrer sur la recherche de ces artéfacts. Je vais aller sur Corellia avec mon vaisseau pour tenter de découvrir l’épave du Vindicator et vous ramener l’artéfact rakata s’il est encore à l’intérieur depuis toutes ces années.
— Il vous faudra redoubler de volonté et de prudence, intervint Maître Torve. Il ne s’agit pas de renouveler l’expérience de la navette pour Tython.
— Hum, l’artéfact de la passion… murmura Isil. Il n’y a pas de passion, il y a la sérénité…
— Que la Force vous accompagne, renchérit Torve.

(à suivre... )


Vers chapitre 11 : Mission sur Corellia (début 1/2)
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Modifié en dernier par Hiivsha le Ven 20 Fév 2015 - 18:00, modifié 1 fois.
Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Ven 20 Fév 2015 - 17:57   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Vers chapitre 10 : Explications (Début 1/2)
Vers chapitre 10 : Explications (Fin 2/2)




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11 - Mission sur Corellia


(Début 1/2)


Le lendemain matin, l’ancien vaisseau de Maître Beno Mahr quittait le Defiance pour effleurer quelques heures plus tard l’atmosphère corellienne. Outre Isil qui pilotait et son fidèle droïde astromécano P2-A2, les deux sergents, Argail Vif-Argent et Lillaia Sanders, l’accompagnaient.
— Je ne pouvais pas rêver meilleure compagnie pour une mission, lâcha Argail visiblement de bonne humeur après avoir jeté un œil aux couleurs chatoyantes de la planète. Deux splendides jeunes femmes pour moi tout seul…
— Normalement, ça en fait une de trop, non ? plaisanta Isil en activant les volets déflecteurs.
— Pourquoi ? Deux c’est ringard, répondit le militaire en adressant un clin d’œil à son homologue féminin.

Lillaia sourit malicieusement à son tour.
— Argail a raison. À trois, c’est beaucoup mieux.

Elle rendit le clin d’œil à son coéquipier en désignant silencieusement Isil d’un mouvement du menton. La Jedi hésita avant de continuer.
— À trois ? Deux femmes pour un homme ?
— Pourquoi deux femmes pour un homme, répliqua aussitôt Lillaia un rien provocatrice. De mon point de vue, je vois plutôt un homme et une femme pour une femme.

Le sourire d’Argail s’accentua en attendant la réponse d’Isil. Le vaisseau entrait à présent dans l’atmosphère corellienne. Son pilote prit le temps d’obéir à la demande d’identification du contrôle au sol, avant de continuer.
— Une femme pour une femme ?
— Tu vas choquer notre chevalier Jedi, murmura Argail en se penchant vers Lillaia.

Celle-ci laissa échapper un petit rire.
— Ben quoi, tu es mignonne, bien fichue, tu dois plaire à plus d’une femme… sans parler des hommes évidemment.
— Oh ! s’exclama Isil.

La jeune femme resta un instant interloquée avant de continuer :
— Tu veux dire que tu…
— Pourquoi bouder les plaisirs ? l’interrompit Lillaia alors que sa coéquipière cherchait ses mots tout en dirigeant habilement l’appareil vers Coronet City. Un homme… une femme… il faut goûter à tout dans la vie, c’est ma philosophie. Tout bon moment est à prendre sans le dédaigner. Tu n’as jamais essayé, Isil ? Non ? Ben, crois-moi, tu devrais. Je me porte volontaire pour être ton instructeur. J’ai toujours pensé que les Jedi étaient ringards au point de vue de la sexualité !

Elle éclata d’un rire joyeux. Isil se demanda si la militaire était sérieuse ou si elle avait décidé de la taquiner. Argail intervint :
— Décidément, sergent Sanders, je vais finir par tomber amoureux de toi !

Isil s’exclama :
— Oh, je me demande même si ce n’est pas déjà fait ! J’ai bien observé certains regards échangés entre vous deux depuis quelques jours. En tout cas, toi, Argail… Lillaia, je ne sais pas…
— Argail est un bel homme et plutôt dans le genre qui me plaît, répondit l’intéressée. Grand, baraqué, viril, belle gueule… Tomber amoureuse je ne sais pas, mais faire des galipettes avec lui, sûrement.

L’objet de leur discussion resta un instant à son tour bouche bée en dévisageant le sergent féminin.
— Oups, je crois que ce coup-ci, j’ai choqué Argail, lança-t-elle en riant.
— Il t’a fait le coup de la cantina du pont quatre ? demanda perfidement la Jedi de plus en plus amusée par la légèreté de la conversation.
— Bah non, c’est quoi ?
— La cantina des mécanos du bord. C’est là qu’il emmène les filles pour les draguer et les saouler.
— Pour me saouler, il risque avoir du mal, prévint Lillaia. Pour me draguer, c’est quand il veut.
— Pardon, pardon, réagit enfin Argail émergeant de sa rêverie. C’était en toute amitié que je t’y ai emmenée, Isil, tu avais besoin de penser à autre chose qu’à ton contrebandier. J’ai vite compris à ce propos qu’il n’y avait pas de place pour un autre homme dans ton cœur. Même ce jeune mécano avec qui tu as dansé n’a pas eu sa chance avec toi.

Lillaia s’esclaffa :
— Tu plaisantes ? C’est une Jedi, elle n’a pas le droit d’aimer !
— Je fais ce que je veux ! grogna Isil les dents serrées.
— Oups, réagit Lillaia, y’a comme qui dirait de la rébellion dans l’air chez les chevaliers Jedi. Bon, ce n’est pas moi qui te donnerai tort. Cette histoire de sentiments qu’on doit étouffer pour suivre le Code, j’ai toujours trouvé ça antique… et frileux qui plus est. Faut savoir s’assumer pleinement même quand on est un Jedi.
— Merci pour ton soutien, ne put s’empêcher de répondre Isil avec un sourire.
— En tout cas pour ma proposition initiale… à trois ou en tête à tête, ça tient toujours.
— Tu peux toujours rêver ! conclut une Isil hilare en initiant une manœuvre d’approche vers l’astroport de la capitale corellienne.
— Bah, soupira le sergent féminin, il ne faut jamais dire jamais. Enfin, il me reste Argail, n’est-ce pas, sergent Vif-Argent ?

Elle tapota complaisamment les genoux de ce dernier. Celui-ci grogna, embarrassé :
— On verra, sergent Sanders. La mission d’abord.


À peine descendus de leur vaisseau, ils furent surpris par la présence militaire anormalement élevée dans l’astroport puis à travers les rues de la capitale. Dès leur sortie du hangar dans lequel Isil avait aligné son appareil, ils furent interceptés par un groupe de trois policiers de la CorSec en uniforme orange et gris, emmenés par une Twi’lek à la peau rosée, vêtue d’une longue robe émeraude cuirassée de noir et arborant un sabre laser à la ceinture.
— Contrôle de sécurité, annonça la Jedi.
— Je suis le chevalier Kal’Andil-Valdarra, se présenta Isil en s’inclinant respectueusement devant la Twi’lek qui en fit de même. Et voici les sergents Sanders et Vif-Argent. Nous sommes du croiseur de la République, Defiance, en mission sur Corellia. Voici notre ordre de mission.

Elle tendit un bloc de données à la Twi’lek. Cette dernière l’étudia attentivement avant de le lui rendre et se présenta à son tour.
— Je m’appelle Neema’Aden, des Jedi corelliens. En quoi consiste votre mission ?
— Nous souhaiterions rencontrer le professeur Indus Janhahonus. Vous pourriez peut-être nous aider à le trouver ?
— En quoi le professeur Janhahonus peut-il intéresser l’Ordre Jedi de Tython ?
— Je ne puis vous le dire, chevalier, ma mission doit rester secrète dans l’immédiat. Pouvez-vous nous renseigner ?

La Twi’lek jaugea en silence les trois personnes avant de répondre :
— Vous devriez vous rendre à l’enclave Jedi, à l’est de la zone commerciale de Coronet et demander à parler au Maître Lansil. Il pourra sans doute vous aider.
— Je vais suivre votre conseil, chevalier. Merci infiniment, répondit doucement Isil en s’inclinant de nouveau avant de se remettre en route. Argail et Lillaia adressèrent un salut amical aux policiers et la suivirent.

La Twi’lek s’empara de son communicateur et échangea quelques mots avec son interlocuteur tout en observant s’éloigner les visiteurs d’un air circonspect. Les trois amis se dirigèrent vers la sortie de la zone astroportuaire pour héler un speeder-taxi et lui demandèrent l’enclave Jedi. Durant le trajet, ils purent observer de nombreux mouvements de troupes plutôt inquiétants. Dans certains endroits stratégiques, les militaires installaient de l’artillerie et des check-points ou massaient des blindés autour des parcs de la capitale.
— On dirait bien que Corellia se prépare à la guerre, remarqua Isil pensivement.
— C’est que la situation politique n’a jamais été aussi tendue, lança le chauffeur en jetant un coup d’œil à ses passagers dans le rétroviseur. Le pouvoir est déchiré entre pro et anti républicains. On parle de plus en plus de la possibilité d’un coup d’état préparé par le camp impérial pour faire sécession d’avec la République. D’ailleurs les communications avec Coruscant sont de plus en plus difficiles… certains attribuent cela à des actes de sabotages !
— Ce serait dommage qu’une guerre civile éclate sur une si belle planète, soupira Argail. Cela risquerait fort de faire fuir les touristes.
— Ne m’en parlez pas, renchérit le taxi. Il paraît que les fréquentations des stations balnéaires ont déjà chuté de plus de trente pour cent. Les hôteliers sont inquiets.
— Espérons que tout cela ne sera que bruits de bottes et agitations politiciennes, répondit Lillaia d’un ton plutôt pessimiste.
— Puissiez-vous avoir raison, mademoiselle, conclut le chauffeur. Tenez, on arrive, voilà l’enclave Jedi. M’est avis que les Jedi Verts vont avoir fort à faire ces prochains jours.

Ils réglèrent la course et quittèrent le véhicule avant de prendre le temps d’admirer les lignes puissantes et élancées des bâtiments abritant les Jedi.
— Tu sais quoi toi, sur le Temple corellien ? demanda Lillaia à Isil. Je n’en ai jamais vraiment entendu parler.

Isil secoua la tête.
— Moi non plus. J’avoue humblement que ni Maître Beno ni aucun autre Maître ne m’ont parlé des Jedi de Corellia. Je suppose que ce sont des Jedi comme les autres.
— Hormis leur uniforme, ajouta Argail en observant entrer et sortir des hommes et des femmes dans le même apparat que la Jedi Twi’lek de l’aéroport. Leur tenue me semble plus homogène que sur Coruscant ou sur Tython, même si vous avez une faiblesse pour le genre bure et tunique comme tu en portes si souvent.
— Tu as raison. On dirait bien un uniforme. C’est sans doute à cause de lui que le chauffeur les a appelés Jedi Verts. Allons-y, proposa Isil en se dirigeant vers les jardins ceignant les bâtiments.

Les gardes de l’entrée les observèrent passer d’un œil inquisiteur mais sans les arrêter.
— Cette enclave est immense, nota Isil, nous allons avoir du mal à trouver la bonne personne.
— Bah, il suffit de demander, répondit Argail en interceptant une femme en robe émeraude.

Arborant son plus grand sourire, il demanda :
— Bonjour, Jedi, nous cherchons Maître Lansil, pour pourriez nous aider à le trouver ?

La femme réfléchit un instant puis répondit :
— Vous risquez de tomber sur lui dans le bâtiment des opérations. Prenez ce couloir là-bas à droite puis le premier à gauche. Allez au fond puis après la DOPJ tournez à gauche. Vous verrez un grand escalier. Montez au premier étage, prenez le couloir central et passez devant le BDE puis tournez à droite et prenez la longue galerie vitrée sur votre gauche. Vous arriverez ensuite dans le bâtiment des OPS. Il y a un accueil, on pourra sans doute vous renseigner.
— Vous êtes bien aimable, Jedi, remercia Argail avec un geste de tête désespéré.

La femme s’éloigna. Il grogna :
— Ça a l’air simple. Bon sang, le terrain me manque !

Les deux jeunes femmes sourirent.
— Allons, sergent, encouragea Isil en flattant son épaule. Un bâtiment administratif, ce n’est pas la mort.
— Ça dépend, plaisanta Lillaia, y’en a qui s’y sont perdus et n’en sont jamais ressortis.
— Ou alors qui en sont ressortis fous, soupira Argail en mimant un dément.
— Allez, courage les amis, conclut Isil en riant. En avant !
— Pourquoi ne te sers-tu pas de la Force pour le trouver ?
— Il y a trop de Jedi ici… comment veux-tu que je le distingue… je ne le connais même pas.

Dix bonnes minutes plus tard, après avoir demandé leur chemin deux fois, ils s’arrêtèrent devant l’entrée d’une série de grandes salles grouillantes d’activité. De nombreux personnels étaient affairés devant des consoles surmontées d’écrans géants animés d’une multitude de schémas, d’indications multicolores, de tableaux…
— Je pense que nous y sommes, déclara Lillaia. Ce doit être le centre des opérations.

Avisant un jeune rouquin dont la tresse de Padawan oscillait devant un nuage de tâches de rousseurs, elle lui adressa un large sourire et l’appela de l’index. Le jeune s’approcha en lui rendant son sourire.
— Bonjour, je peux vous aider ?
— Nous cherchons le Maître Lansil.
— Ah, oui, Maître Lansil… il doit être dans la salle trois, celle de gauche, par là, indiqua-t-il d’un doigt. Tenez, là-bas, le grand général, vous voyez ?

On apercevait effectivement de loin un homme de haute stature entouré d’autres personnes, en train de parler en faisant de grands gestes.
Ils remercièrent et slalomèrent dans les allées circulaires de la salle dans la direction indiquée jusqu’à parvenir tout près du groupe.
— Il nous faut prendre les devants si nous ne voulons pas risquer une surprise de taille. Exécution ! ordonnait le Jedi comme ils arrivaient.

Le groupe se dispersa. Isil en profita pour l’interpeler :
— Maître Lansil ?

L’homme se retourna. Il portait beau une cinquantaine bien entamée, le visage solidement encadré par de courts cheveux bruns coupés en brosse et de longs favoris. Son regard noir se posa sur la jeune femme qui paraissait toute frêle devant sa puissante silhouette.
— Frao Lansil, c’est moi répondit-il d’une voix forte. Qui le demande ? Non, laissez-moi deviner… vous êtes l’équipe du Defiance que le chevalier Neema’Aden a contrôlée à l’astroport.

Isil récusa un effet de surprise et se contenta d’incliner la tête. Le Maître Jedi les dévisagea longuement puis son regard inquisiteur se posa sur le visage d’Isil.
— Vous avez dit « Valdarra » en vous présentant à Neema’Aden. Ce nom a-t-il un rapport avec celui de feu le général Jann Valdarra ?

La surprise fut cette fois visible chez la jeune femme et elle chercha un instant ses mots avant de répondre laconiquement :
— C’était mon père.

L’étonnement changea de camp. Le visage du Maître Jedi se modifia et ses yeux scrutèrent Isil différemment. Peut-être cherchait-il à trouver des éléments de ressemblance ? Il s’aperçut soudain qu’il la dévisageait en silence.
— Pardonnez-moi, ce n’est guère poli d’examiner une personne avec insistance comme je le fais mais… comprenez que ma surprise est de taille. Je connaissais bien Jann et Jaina et… vous dites que vous êtes leur fille, Isil ?

La jeune femme acquiesça de la tête.
— Impossible, s’exclama Frao Lansil. Si ma mémoire est bonne, leur fille est morte dans l’incendie qui a suivi l’attaque de leur domaine. Est-il vraisemblable que…
— J’ai été sauvée à l’époque par Maître Beno Mahr qui m’a extirpée des flammes avant de me prendre comme Padawan sur Tython.

Lansil frotta vigoureusement sa joue d’une main.
— Mais pourquoi n’en avons-nous jamais rien su ?
— Il a sans doute cherché à me protéger des assassins de mes parents. Par ailleurs, sous l’effet du traumatisme subi, j’ai perdu la mémoire… et je n’ai retrouvé les souvenirs de mon passé que très récemment.
— Bon, bon… voilà qui est des plus surprenants…

Il attrapa de nouveau Isil par les épaules et l’examina attentivement sous toutes les coutures.
— J’avais l’intuition lorsque tu t’es approchée que tu pouvais avoir un rapport avec la famille Valdarra, mais de là à imaginer… À bien y regarder, tu as la beauté de ta mère, ses yeux, ses cheveux, sa bouche… Je connais plein de gens qui seraient heureux de te rencontrer mais peut-être ne le souhaites-tu pas ?
— En effet, Maître, je préfèrerais que tout cela reste entre nous. Tout bien réfléchi, j’ai peut-être eu tort de me présenter sous mes deux noms, celui que l’Ordre m’a donné et celui de mon père. Peut-être faudra-t-il que j’y fasse attention à l’avenir.
— À toi de voir, tu dois avoir tes raisons je suppose. Qu’est-ce qui amène sur Corellia un chevalier de l’Ordre Jedi de Tython et deux militaires du Defiance ?
— Nous cherchons le professeur Janhahonus, un spécialiste de l’histoire de…
— Je connais Janhahonus. Malheureusement, vous arrivez trop tard. Le professeur est décédé il y a trois semaines de cela… crise cardiaque.

Isil échangea avec ses deux amis un regard de découragement. Maître Lansil continua :
— Puis-je te demander pourquoi vous vouliez le rencontrer ?
— Nous cherchons l’épave d’un vaisseau qui s’est écrasé quelque part sur la planète, il y a trois siècles.
— Trois siècles ? Ce n’est pas tout jeune. Quel genre de vaisseau ?
— Un Centurion de l’Empire Sith, le Vindicator.
— Dans quelle région s’est-il écrasé ?
— Nous n’en savons rien. Mais les enquêteurs impériaux n’ayant par la suite trouvé aucune trace du crash sur le sol de Corellia, en ont déduit que le bâtiment avait dû sombrer dans l’un des océans sans parvenir à déterminer lequel.
— Alors autant chercher une aiguille dans une meule de foin… surtout s’il a coulé dans un endroit profond.

Isil lui jeta un regard de détresse.
— Peut-être que Maître Pila Dina pourrait nous aider, reprit Lansil. Elle a été une brillante élève du professeur Janhahonus. En outre, elle est titulaire de plusieurs doctorats dont un d’histoire ancienne et d‘archéologie. Suivez-moi, son bureau n’est pas loin.

Isil remercia le Maître Jedi et emboîta son pas, suivie par ses deux compagnons. Ils traversèrent l’une des salles d’opérations pour continuer dans un vaste espace découpé en bureaux vitrés individuels. Lansil frappa à la porte de l’un d’eux. Une femme d’une quarantaine d’années leva vers eux des yeux pétillants, pleins de vie, et leur fit signe d’entrer. Elle portait comme Maître Lansil, la même tenue verte et noire.
Le Jedi pénétra dans la pièce et s’effaça pour laisser passer le petit groupe de la CPM qu’il présenta à la femme en quelques mots, avant de se retourner vers Isil :
— Voici Maître Dina, mon épouse.

Un éclair traversant Isil des pieds à la tête n’aurait pas pu la frapper d’une plus grande stupeur.
— Votre… épouse ? s’exclama Isil sans parvenir à maîtriser son ton comme elle le faisait la plupart du temps. Un… Maître Jedi ?

À l’expression du visage des deux Jedi Corelliens, on pouvait aisément conclure qu’ils étaient fréquemment témoins de ce genre de réaction. Frao Lansil répondit d’une voix mesurée et douce :
— Les us ne sont pas chez nous totalement les mêmes que dans l’Ordre de Tython, Isil. Les Jedi Verts — comme on aime à nous appeler — ont des particularités, sans doute désapprouvées par ton Ordre, mais qui ne posent aucun problème chez nous. Il faut que tu comprennes une chose : les choix inhérents à la façon de vivre des Jedi sont souvent d’ordre dogmatique. L’attachement, le mariage, l’amour, en sont des exemples. D’ailleurs, ils n’ont pas toujours été prohibés par les Jedi de Tython. Il y a des exemples par le passé de dynasties Jedi… dont évidemment on ne vous parle pas durant votre formation.

Pila Dina émit un petit rire et intervint d’une voix apaisante et veloutée :
— Je suis prête à parier que ton Maître ne t’a jamais parlé des Jedi Verts, Isil.

La jeune femme fit non muettement. Maître Dina reprit, pleine de bienveillance :
— C’est totalement compréhensible. Il est plus facile de défendre une ligne de conduite et d’argumenter sur ses bien-fondés si l’on n’évoque pas de contre-exemple. Pourtant nous en sommes un, Frao et moi et nous sommes loin d’être les seuls sur Corellia. Beaucoup de Jedi ici vivent en famille. Cela fait vingt-trois ans que nous sommes mariés et que nous nous aimons et cela n’a jamais altéré notre rapport à la Force, ni amoindri notre capacité à mener les missions les plus délicates. Et nous ne sommes jamais tombés dans le Côté Obscur de la Force, ajouta-t-elle en souriant de manière presque espiègle.
— Nos enfants peuvent en témoigner, surenchérit Frao Lansil guettant un inévitable signe d’étonnement sur le visage d’Isil.

La réaction de celle-ci fut conforme à ses attentes. La jeune Jedi ouvrit la bouche plusieurs fois avant de pouvoir reprendre la conversation.
— Vous avez des enfants ? interrogea-t-elle une lueur brillant dans ses yeux.

Le sourire de Maître Lansil s’accentua.
— Une fille de vingt ans et un fils de dix-huit ans, tous deux ont achevé leur formation de Jedi.
— C’est formidable, s’exclama Argail malgré lui, d’un ton plein d’enthousiasme.

Lillaia approuva. Isil semblait ne pas en revenir. Pila Dina s’approcha d’elle et lui tapota affectueusement une épaule.
— Tu sembles désarmée, Isil. Cela te choque-t-il ?

La jeune femme s’ébroua comme pour se réveiller d’un long sommeil.
— Non… non, dit-elle. C’est juste que… eh bien, je ne savais pas que c’était possible de… enfin, d’être un Jedi et de se marier… et d’avoir des enfants… mais les émotions… les sentiments ?

Maître Dina se mit à rire gentiment.
— Il nous semble plus facile de les contrôler en les assumant que de les contrôler en les niant ou en les refoulant. Certes, l’Ordre a une autre doctrine et nous ne la remettons pas en cause. Simplement, nous avons choisi une autre voie. C’est pourquoi les Maîtres Jedi de Tython et ceux de Coruscant avant eux, n’aiment pas évoquer notre Enclave devant leur Padawan… ni même entre eux… J’imagine sans peine que nous devons être un sujet tabou pour eux…
— En fait, reprit Frao Lansil, nos relations avec l’Ordre Jedi sont un peu compliquées. C’est pour cela que nous nous occupons quasi exclusivement de ce qui se passe sur notre propre planète, laissant l’Ordre étendre ses prérogatives sur la Galaxie. Ce n’est pas notre façon de penser. Il y a tant à faire déjà sur Corellia… nous disperser amoindrirait nos efforts pour assainir la vie, ici.
— Vous êtes tous Corelliens ? s’enquit Argail, curieux.
— Non, nous acceptons dans nos rangs des non-Corelliens, admit Dina, dans la mesure où les personnes acceptent de se conformer à notre priorité : Corellia avant tout.
— En gros, on adopte la planète qui nous accueille, résuma Lillaia.
— C’est tout à fait cela, sergent Sanders. Celui qui rejoint nos rangs, œuvre pour notre planète en étroite collaboration avec les forces de la CorSec.

Lillaia tapota sa tempe d’un doigt.
— Je vais tâcher d’enregistrer ça… au cas où.

Maître Lansil observa Isil.
— Notre jeune Jedi est perdue dans ses pensées. J’espère que notre rencontre et ce que nous t’avons dit ne t’aura pas déstabilisée, Isil. Maître Satele n’apprécierait pas.
— J’ai juste été surprise, avoua Isil. Je trouve tout cela… eh bien… comment dire… très intéressant. Maître Mahr m’a toujours dit qu’il y avait tant à apprendre partout où on passe.
— C’est d’une grande sagesse, approuva Pila Dina. Mais toi-même, tu es corellienne ?
— En effet.

Maître Dina faillit ajouter quelque chose mais se décida à en rester là. Comme elle s’informait sur la teneur de leur visite sur Corellia, son mari en fit un résumé. La femme parut embarrassée.
— Il faudrait consacrer beaucoup de temps à ces recherches, des heures, peut-être des jours. Et je ne dispose pas de ce temps. Sachez que la situation politique est explosive sur Corellia. Il apparaît de plus en plus évident qu’un complot se trame dans les hautes sphères politiques pour appeler à la sécession d’avec la République afin probablement de favoriser une invasion impériale de la planète. Si ce scénario se vérifiait, ce serait une situation catastrophique. Une véritable guerre civile s’ensuivrait et si cela débouchait sur l’utilisation d’armes de destruction massive, comme il en a été le cas sur Taris, il y aurait des centaines de millions de morts. Vous devez comprendre que nous avons plus urgent à organiser que des recherches pour retrouver un croiseur perdu il y a trois siècles.

Le réquisitoire de Maître Dina était plein de bon sens et se comprenait aisément. Au moment où Isil cherchait un argument à opposer à la Jedi, un officier de la CorSec pénétra dans le bureau après avoir brièvement frappé à la porte. C’était une jeune femme brune, au visage très sec qui en disait long sur un caractère bien trempé.
— Désolée de vous interrompre, général, mais pourriez-vous m’accorder un aparté de deux minutes, vous et Maître Dina, s’il vous plait ? C’est très urgent…


(à suivre…)

Chapitre 11 : Mission sur Corellia (Fin 2/2)
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Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Jeu 26 Fév 2015 - 20:44   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Vers chapitre 11 : Mission sur Corellia (début 1/2)


CHAPITRE 11 - Mission sur Corellia (fin - 2/2)


Frao Lansil s’adressa au petit groupe en s’excusant.
— Pardonnez-nous, il n’y en a sans doute pas pour très longtemps.

Les deux Jedi sortirent avec le lieutenant et refermèrent la porte derrière eux. Isil et ses deux compagnons purent les voir discuter vivement à travers les cloisons vitrées.
— C’est pas la joie, laissa tomber Lillaia. On n’arrive pas vraiment au bon moment.
— Ça sent effectivement les préparatifs de guerre, approuva Argail en regardant autour d’eux.

Isil observait les personnes qui conversaient. À présent, le général paraissait réfléchir ardemment, pareil à quelqu’un qui pèse le pour et le contre d’une situation. Ils regardaient tous les trois dans leur direction.
— Tu crois qu’ils parlent de nous ? demanda Lillaia curieuse.
— J’en ai bien l’impression, murmura Argail. Et je n’aime pas ça du tout. On a fait quelque chose de mal sans nous en apercevoir ?
— Je ne crois pas, reprit Lillaia.
— Je crois qu’on va bientôt être fixés, conclut Isil en les voyant revenir.

Lorsqu’ils furent réunis de nouveau, Frao Lansil parut se jeter à l’eau.
— Évidemment, durant le temps que Maître Dina passerait à ces longues recherches, vous pourriez peut-être nous aider à votre tour…
— Une sorte de donnant-donnant ? s’enquit Argail avec sa franchise coutumière.
— En quelque sorte, admit le Jedi. Le lieutenant Asila Parker ici présente fait partie du Groupement d’Interventions Spéciales de la CorSec. Elle s’occupe actuellement d’une opération assez particulière dans laquelle vous pourriez peut-être jouer un rôle.

Lillaia eut un grand sourire.
— Une mission ? Si on peut vous être utiles, ce sera avec joie.

Et Argail renchérit :
— Pareil pour moi. Les missions particulières, ça me connaît.
— Votre enthousiasme fait plaisir à voir, remarqua Frao Lansil. On reconnaît en vous des militaires spécialement entraînés pour des actions délicates. Et toi, Isil, qu’en penses-tu ?
— J’en pense que le Defiance est aux docks pour cinq jours encore… si nous pouvons vous aider et mener à bien notre mission dans ce délai, ce serait un honneur de travailler avec vous et avec la CorSec. De quoi s’agit-il ?
— Nous allons vous laisser avec le lieutenant Parker, glissa Maître Lansil. J’ai pour ma part une réunion importante à tenir séance tenante et je pense que Pila ferait bien de se mettre immédiatement au travail pour retrouver votre Centurion. On se retrouvera plus tard. Que la Force soit avec vous.
— Et avec vous, Maîtres, répondit Isil en s’inclinant devant le couple de Jedi avant de sortir à la suite de l’officier ainsi que ses compagnons.
— Veuillez me suivre, proposa le lieutenant, nous allons dans une salle de briefing.

Sitôt arrivés dans une petite salle équipée de tout un matériel audiovisuel, elle les invita à s’asseoir autour d’une table. Sur l’écran d’en face le portrait d’un homme apparut. C’était un homme d’une quarantaine d’années, aux cheveux raides châtains coupés courts, répartis de part et d’autre d’une raie centrale, au visage plutôt osseux servi par des yeux marron-vert plutôt ronds et fuyants derrière des lunettes d’intellectuel. Sa bouche paraissait coupée au rasoir tellement ses lèvres étaient fines. Elle était légèrement tordue à l’image d’un nez mince et aigu fuyant vers la droite.
— Ce n’est pas vraiment mon type, remarqua Lillaia d’un ton moqueur.
— Et pourtant sa richesse lui permet de se prendre pour quelqu’un d’irrésistible auprès des femmes, objecta Asila Parker. Il s’appelle Tornik Gofaï. Né sur Corellia, quarante-trois ans, veuf sans enfants. C’est un génie. Il cumule je ne sais combien de diplômes en biocybernétique et neurophysiologie, génétique, informatique, électronique, mathématique, intelligence artificielle… et je dois en oublier.

Argail siffla entre ses dents.
— Eh ben, effectivement, c’est un génie. Qu’a-t-il fait pour se retrouver dans votre collimateur ?

Le lieutenant adressa un sourire au militaire.
— Plein de choses… on le soupçonne de meurtre, d’actes de torture et de barbarie sur des femmes, mais jamais aucune preuve n’a été retenue contre lui. Monsieur Gofaï est un homme puissant qui possède une multitude d’amis dans les sphères les plus influentes de Corellia y compris dans les ministères et la justice. Par ailleurs, il prend soin de toujours avoir des alibis en béton lorsque quelque chose de fâcheux se passe dans son entourage… alibis vrais ou faux mais indémontables. L’inculper relève de la quadrature du cercle.
— Soit, on a bien compris que le monsieur n’était pas éminemment sympathique, interrompit Isil qu’un léger agacement titillait de l’intérieur. Mais ce caillou dans vos chaussures, cela relève de la police et de la justice. En quoi ce Gofaï peut-il bien intéresser le GIS de la CorSec ?
— Vous avez raison, chevalier. Nous le pistons pour toute autre chose mais il m’a semblé que ce préambule pourrait être utile à la suite de notre entretien. Voyez-vous, Tornik Gofaï est à la tête du Groupe Corellien de Biocybernétique avancée, de Génie Génétique et l’Intelligence Artificielle Appliquée, le BAGGIAA. Il possède plusieurs laboratoires très secrets sur Corellia ainsi qu’ailleurs dans la galaxie. Parmi les projets de pointe sur lesquels travaille Gofaï, figure celui d’un être… je ne sais pas vraiment comme le qualifier… synthétique ?
— Un droïde humanoïde ?
— Plus que ça. Un droïde à forme humaine reste un être robotisé dont le squelette est revêtu d’une matière synthétique imitant extérieurement la chair humaine. Ce que recherche Gofaï est bien plus proche de l’homme. Son rêve est de créer un être à base de chair et d’organes synthétiques imitant ceux d’un humain avec un fonctionnement calqué sur celui de vous et moi. Un être capable non seulement de faire preuve d’une intelligence artificielle, mais aussi de manger, de boire, pour utiliser l’énergie produite par les aliments. Un être humain artificiel dont les performances physiques seraient bien au-delà d’un homme même bien entraîné.
— Je suppose qu’on ne parle pas de clone, là ? demanda Lillaia.
— Pas du tout. L’être est créé indépendamment de tout modèle génétique.
— Cela peut-il vraiment exister ? objecta Argail incrédule. On est là sur une autre échelle que des droïdes. Je connais bien ces derniers pour les avoir affrontés sur un champ de bataille. Ils sont efficaces en nombre mais individuellement et à armes égales, je n’en connais pas qui puisse rivaliser avec un homme doté d’une formation genre « services spéciaux ». Face à un droïde, l’humain fait figure de félin. Il possède la souplesse, la mobilité, la rapidité… et même s’il est moins solide qu’un tas de ferraille, il pense, il extrapole, il invente… Une armée d’humains synthétiques ayant une intelligence taillée sur mesure pour le combat… ça pourrait faire des dégâts autres qu’une armée similaire de droïdes.
— Qu’est-ce que le projet de Gofaï a d’illégal ? interrogea Isil. J’ai du mal à savoir où vous voulez en venir.
— J’y viens justement. En complément à ce projet et selon nos sources, Gofaï aurait mis au point un prototype d’intelligence artificielle biocybernétique d’une perfection jamais atteinte.
— Comme ce qui équipe les droïdes ?
— Bien plus que cela. Les droïdes, aussi perfectionnés soient-ils, sont programmés pour des tâches bien définies. Selon la complexité de leur programmation, ils sont capables de faires des analyses de situation comme les droïdes tactiques, de s’adapter à certaines situations… mais cela reste du domaine de la programmation. Ils n’auront aucune initiative qui ne soit prévue par leur programme. Ce que Gofaï aurait mis au point, c’est un cran au-dessus d’une véritable intelligence artificielle. L’œuvre de toute une vie. Un module biologique, synthétique et électronique capable de doter un droïde ou un être synthétique d’une véritable conscience en même temps que d’une banque mémorielle quasi sans limite. Ainsi équipé, sa créature serait capable de sentiments, d’émotions, d’initiative, d’autonomie… comme vous et moi.
— Encore que les Jedi n’aient pas d’émotions, c’est bien connu, railla Lillaia.

Isil lui lança un regard glacé tandis que le lieutenant Parker continuait après avoir légèrement souri.
— Gofaï semble même avoir été plus loin. Il aurait inventé une machine capable de préformater son module d’I.A. à partir de la conscience d’un être humain.
— Vous voulez dire, par exemple, dupliquer sa conscience dans un être artificiel ?
— Oui. Comme pouvoir créer un super sergent Sanders qui aurait son actuelle cognition, ses souvenirs, son expérience… avec des facultés mentales, intellectuelles et mémorielles bien plus grandes.
— Et des possibilités physiques plus développées dans le cas d’un être synthétique ?
— Tout à fait, répondit le lieutenant à Argail.
— Ce serait un super moi, s’exclama Lillaia. Déjà que je m’en tire pas mal pour plein de choses…

Elle se mit à rire. Isil grimaça.
— Produit en quantité industrielle, ça peut faire peur selon le modèle qu’on choisit.
— Une armée de Lillaia, ricana Argail. Ou de moi.
— Une armée de psychopathes déferlant dans les rues, si la puce tombait entre les mains d’une mafia, enchaîna Isil d’un air sérieux.

Asila Parker approuva.
— La nature même d’un tel dispositif le classe dans la catégorie « matériel de guerre » ce qui signifie que le gouvernement corellien a légalement sur lui un droit de préemption si Gofaï le mettait un jour sur le marché. Et même si l’État ne décidait pas de l’acquérir, il ne pourrait être vendu que dans un cadre strict défini par la Commission de Contrôle de Vente de Matériel de Guerre qui contrôlerait la nature de l’acheteur potentiel.
— Il est évident qu’une telle puce ne doit pas tomber entre les mains de l’Empire ou d’autres groupes comme le Cartel des Hutts, marmonna Argail.
— Pourtant, selon nos informations, Gofaï s’apprêterait à la vendre après avoir nié récemment qu’un tel dispositif était opérationnel, reprit Parker.
— Vous savez où se trouve cette I.A. ?
— Précisément ? Non. Mais nous supposons qu’elle se trouve dans un laboratoire secret enterré sous son manoir situé à la périphérie de Coronet City. En voici des photos et les plans des alentours.

Parker projeta une série de vues sur l’écran de la salle de briefing.
— Une vaste demeure remplie de trésors artistiques à faire rougir de jalousie n’importe quel musée.
— Pourquoi ne pas aller simplement le chercher par la force ? interrogea Argail avec une simplicité toute pragmatique.
— Je vous l’ai dit : Gofaï est protégé, très riche et très influent. L’attaquer de front sans preuve est impensable. Le scandale qui en résulterait ferait sûrement tomber les responsables de la CorSec et sans doute quelques ministres. Si par contre nous avions la preuve qu’il s’apprête à vendre ce dispositif en cachette, nous pourrions alors l’accuser de crime contre la sureté de l’état et de haute trahison. Il finirait alors ses jours en prison.
— Vous avez essayé l’infiltration ?
— Cela va sans dire, sergent Sanders. Un agent à nous a profité du goût prononcé de l’homme pourtant marié à l’époque, pour les femmes blondes et élancées, aux formes éloquentes… pardonnez-moi chevalier Kal’Andil, mais dans votre genre…

Argail lança un clin d’œil complice à Lillaia. Isil le foudroya du regard. Le lieutenant Parker continua :
— … pour s’introduire chez lui.
— Et alors ? demanda Isil.
— On l’a retrouvée morte quelques jours plus tard, au pied d’une falaise de Coronet. Les traces que portait son corps laissent à penser qu’elle a subi de nombreux sévices avant de mourir.
— Vous avez arrêté Gofaï ?
— Comme d’habitude, il a sorti des alibis en béton de gens très influents.
— Pourquoi « comme d’habitude » ? Ce n’était pas le premier « accident » ?
— Non. Il y avait eu des précédents, avant et pendant son mariage. Car Gofaï a été marié. Il a connu l’amour de sa vie, il y a cinq ans. Un véritable coup de foudre. Mariage grandiose, à la démesure de son égo, médiatisation à outrance, j’en passe et des meilleures. Le couple ne se quittait plus. C’était visiblement un amour passionné, fusionnel. Puis ce fut le drame. Le speeder de sa femme, prénommée Mali, a percuté il y a trois mois un transport de produits inflammables en stationnement. Perte de contrôle due à la vitesse d’après les résultats de l’enquête. Ça a été un véritable brasier. Madame Gofaï n’a pu en réchapper. On n’a pu identifier son corps calciné que grâce à ses empreintes dentaires. Tout le monde pensait que son mari ne s’en relèverait pas. Certains pensaient même qu’il allait attenter à ses jours. Mais pour l’instant, il est toujours vivant.
— Et ces « précédents » dont vous parliez ?
— Gofaï a toujours eu la réputation d’avoir des goûts particuliers dans les relations qu’il avait avec ses conquêtes. Rapport de force, jeux spéciaux… il semble pourtant que sa femme avait réussi à dompter la bête qui sommeillait en lui, même s’il est certain qu’il a eu des maîtresses durant son mariage. Cependant, aucune de ses conquêtes de loisirs, si on peut dire, n’a tenu plus de quelques jours à ses côtés. L’une d’elles s’est tuée en faisant du jet pack de loisir ce qui a expliqué selon ses avocats les marques sur son corps. Une autre a été victime d’une agression dans une ruelle d’un quartier mal famé de Coronet. On n’a jamais su ce qu’elle y faisait et là également, l’agression supposée a expliqué les traces de sévices. Les autres l’ont quitté avec un gros paquet de crédits et se sont manifestement tues. Gofaï n’a jamais été inculpé. Il avait un alibi à chaque fois.
— Vous ne voulez tout de même pas que j’essaye ? s’inquiéta Isil. J’ai déjà donné.

Elle baissa la tête et murmura :
— Sévices et humiliation, je sais ce que c’est.
— Non, protesta le lieutenant. Il n’est pas question de l’aborder de nouveau par ce biais… mais par un angle d’attaque plus subtil.
— Que voulez-vous dire ?
— Une image étant plus parlante qu’un long discours, je vais à présent vous présenter Mila Gofaï, telle qu’elle était quelques jours avant son accident.

Une image se présenta sur l’écran. Argail s’écria :
— C’est Lillaia !

Son homologue féminin haussa les épaules.
— Bah, ne dit pas n’importe quoi !

Isil renchérit :
— Sans être ton sosie, y’a quand même de la ressemblance. Imagine-toi avec une coiffure différente et des cheveux auburn, tu pourrais être sa sœur… presque jumelle.

Lillaia n’avait pas l’air convaincue.
— Vos camarades ont raison, appuya le lieutenant Parker. En tant que responsable du dossier Gofaï, j’ai immédiatement noté la ressemblance lorsque je vous ai vue dans le bureau de Maître Dina.
— Et après ? demanda vivement Lillaia. Vous ne voulez pas que je me fasse passer pour sa femme revenue d’entre les morts, tout de même !
— Non, évidemment, sergent. Mais mon doctorat de psychologie me laisse à penser que si Gofaï vous rencontrait de façon… fortuite, il pourrait fort bien reproduire avec vous le syndrome du coup de foudre qu’il a eu avec Mila. C’est un homme entier et pressé dans tout ce qu’il fait. S’il vous voit, ça passe ou ça casse. S’il ne mord pas à l’hameçon, tant pis. On se résoudra peut-être à un coup de force au risque de provoquer un scandale. Mais s’il accroche, il y a de fortes chances que vous puissiez pénétrer dans son antre.
— Peut-être serait-il sage que je ne ressemble pas trop à sa femme décédée ? suggéra Lillaia. Enfin, je veux dire, trait pour trait, histoire de rendre la coïncidence crédible ?
— Vous avez raison, admit l’officier. Il faudra conserver un juste milieu. Nos maquilleurs vont se charger de cela.
— Je n’aime pas l’idée de savoir Lillaia livrée pieds et poings liés à ce fauve, protesta Isil. Car évidemment, je suppose qu’il est impossible d’introduire des armes chez lui ?
— Non, ce n’est pas possible. Il y a des détecteurs à l’entrée de sa résidence dont le parc est entièrement clos et protégé par des droïdes de garde plutôt redoutables.
— Je n’ai pas besoin d’arme pour tuer quelqu’un, précisa Lillaia. Mais c’est gentil de prendre soin de moi, Isil.
— Il ne s’agit pas de tuer Gofaï, mais de mettre la main sur l’I.A. et de trouver le nom de l’acheteur potentiel avec si possible des preuves, rappela Parker d’un ton plutôt sec.

Lillaia fit une moue.
— Dommage. Du coup, ça a l’air plus compliqué. Comment je rentre en contact avec lui ?
— Comme je vous l’ai dit, il est féru d’œuvres d’art : tableaux, sculptures, objets rares et dispose chez lui d’un grand nombre de chefs-d’œuvre. Il en expose de temps en temps à la Grande Galerie d’Arts corellienne de Coronet City. Cela flatte son égo, lui permet de se montrer en philanthrope qu’il n’est pas, et lui conforte la sympathie d’un certain beau monde qui profite de ses largesses intéressées. Il sera ce soir dans cette galerie pour recevoir les compliments de ses pairs. Nous vous aurons des invitations pour tous les trois. Ainsi, chevalier et vous sergent Vif-Argent, vous pourrez garder un œil sur votre amie… si vous acceptez la mission bien entendu. Si tel est le cas, nous transformerons le sergent Sanders au plus proche de feu madame Gofaï et vous aurez accès à tout l’équipement de pointe de la CorSec que vous désirerez.

Isil réfléchissait sa tête dans les mains.
— Vous pouvez nous laisser un instant tous les trois, lieutenant, afin que nous nous concertions ?
— Bien entendu. Je reste de l’autre côté de la porte. Appelez-moi lorsque vous aurez fini.

Elle sortit. Isil regarda ses compagnons.
— Je n’aime pas ce genre de mission pour en avoir menée une moi-même.

Lillaia laissa échapper un petit rire.
— Pour ma part, je ne compte plus ce genre de missions dans lesquelles j’excelle. Dans les services secrets, les femmes bien fichues héritent souvent de ce genre d’exercice d’infiltration. Il faut avoir le mental pour.
— Il n’y a pas que le mental qu’il faut avoir, rétorqua Argail qui paraissait moins emballé que sa consœur. Il faut aussi être prêt à un certain nombre de sacrifices que tout le monde ne pourrait supporter.
— Ce doit être mon cas, alors, répliqua Isil avec une once d’amertume audible dans sa voix. Quoiqu’il en soit, ce genre de mission donnée aux femmes me répugne. Tu es sûre que tu es partante ?
— Pourquoi pas ? Si cela doit nous permettre de remplir la nôtre de mission. Après, si je ne plais pas à môssieur Gofaï… eh bien, on ne pourra rien nous reprocher. On aura essayé et montré notre bonne volonté.
— Qu’est-ce qu’on va faire, nous, pendant ce temps-là ? grommela Argail.
— Toi, je ne sais pas encore, trancha la Jedi. Mais moi, je sais. Il est hors de question que je laisse Lillaia entrer dans la souricière toute seule. Nous irons ensemble ou pas du tout.
— Toutes les deux, comment ?
— On va prétendre que nous sommes des étudiantes en arts… Et que nous voyageons pour parfaire nos études. Si Gofaï flashe sur toi, il sera obligé de m’emmener avec vous. On se couvrira mutuellement en cas de problème.
— Tu t’y connais en œuvres d’art, Isil ?
— Pas vraiment, ça ne fait pas partie du cursus du Jedi.
— Moi oui. J’ai déjà infiltré ce milieu et j’ai été formée pour. Mais ça ne fait rien, on va arranger ton histoire à ma sauce.
— Et moi ? geignit Argail.
— Toi, tu gardes l’artillerie à l’extérieur, répondit Isil, ainsi que mon sabre laser car je ne pense pas pouvoir entrer avec. J’ai quelques idées…

Dix minutes plus tard, la porte se rouvrait et la Jedi appelait l’officier de la CorSec.
— Vous pouvez revenir, lieutenant. On a fini nos palabres.

(à suivre... )


Chapitre 12 : L’exposition (début 1/2)
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Messagepar Hiivsha » Dim 08 Mar 2015 - 23:25   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 11 : Mission sur Corellia (début 1/2)
Chapitre 11 : Mission sur Corellia (Fin 2/2)




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12 - L'exposition


(Début 1/2)


L’incendie du crépuscule irisait l’horizon de reflets flamboyants et une brume nimbée de mystère s’emparait progressivement du fond obscur des ravins sillonnant la cité et sa périphérie. Depuis le deux-cent-dix-septième étage de l’immeuble où était située l’une des planques du GIS, Argail, les mains croisées dans le dos, admirait le panorama : les hautes tours montant fièrement à l’assaut du ciel de braise ; les enseignes multicolores disputant l’espace urbain aux écrans géants sur lesquels s’affichaient une alternance de publicités et d’informations ; les grands parcs, taches apaisantes de verdure parsemant le permabéton, véritables poumons de la grande ville… Tout cela respirait à la fois la paix et la sérénité.
Pourtant, dans quelques mois à peine, de nombreux quartiers allaient être ravagés par la guerre. Celle-ci émaillerait bientôt la splendide capitale de stigmates indélébiles, cicatrices pour longtemps témoins des temps maudits à venir. Mais cela, le militaire ne le savait pas.
— C’est une ville magnifique, marmonna-t-il plus pour lui-même que pour les deux femmes affairées dans la salle de bain. Ce pourrait-il qu’elle devienne sous peu la proie de terribles bombardements ?

Il fit lentement tourner devant ses yeux son verre de whisky corellien, et les deux glaçons tintèrent délicatement contre le cristal en s’entrechoquant à la surface de l’ambre.
Un moment de paix, loin de la guerre et du champ de bataille, songea Argail avec un brin de mélancolie.
Quelques images se superposèrent au paysage de la ville rattrapée lentement par une langueur nocturne : images amères de vieux camarades tombés au champ d’honneur ; souvenirs poignants d’une équipière mortellement blessée et agitée de spasmes entre des bras impuissants et rouges de son sang ; réminiscences d’un combat contre une créature moitié humaine moitié loup, et dont la morsure le métamorphosait lentement pareil à un cancer incurable, en lui valant entre autres choses cet odorat et ces yeux si particuliers.
Argail porta le verre à ses lèvres et laissa une gorgée de liquide lui brûler l’œsophage. Dans le reflet du transparacier, il pouvait se regarder, revêtu d’une tenue de soirée des plus mondaines bien éloignée des standards militaires auxquels il était habitué. Malgré son manque d’entraînement à porter ce genre d’habit, il se trouva fort élégant et s’octroya une seconde rasade d’alcool.
Levant légèrement le nez, il huma l’air de la pièce et distingua parfaitement les effluves capiteuses des parfums que les jeunes femmes, pourtant enfermées dans la salle de bain, venaient de pulvériser sur leur peau. Il grimaça.
— N’en mettez pas trop, les filles, murmura-t-il sans espoir d’être entendu, sinon je vais encore devoir m’occulter les narines pour éviter de souffrir.

Et sans vergogne, il vida son verre d’un geste sec.
Isil et Lillaia pénétrèrent dans le salon juste quelques secondes plus tard.
— Je crois que nous sommes prêtes, fit la militaire. Comment nous trouves-tu ?

Argail n’avait pas besoin de se retourner pour le savoir. L’une et l’autre possédaient l’un de ces magnifiques corps capables de transformer n’importe quels haillons en robe de bal. Néanmoins, il ne pouvait se soustraire à l’inévitable inspection masculine, ni aux compliments de rigueur. Il pivota lentement sur ses pieds et s’autorisa dans un silence éloquent, un long moment de contemplation avant d’ouvrir la bouche pour déclamer :
— Vous êtes absolument éblouissantes, toutes les deux. Magnifiques, chacune dans son genre !

Et c’était vrai ! Les longues robes de soirées décolletées autant sur le devant que dans le dos, laissaient éclater toute la beauté de leurs formes voluptueuses. Les cheveux blonds d’Isil s’étaient épanouis sur ses épaules dénudées rehaussant l’éclat de son cou long et fin qu’un collier de perles à plusieurs rangées habillait en scintillant. La coiffeuse et la maquilleuse de la CorSec avaient finement travaillé sur le visage et les cheveux de Lillaia pour la faire ressembler un peu à feu madame Gofaï.
Argail soupira et essaya de penser à autre chose, sentant monter vers ses joues une chaleur inhabituelle et un sentiment d’excitation à impérativement maîtriser avant qu’il ne devienne trop visible.
— Permettez, balbutia-t-il, à mon tour d’aller explorer la salle de bain une dernière fois.

Il disparut derrière la porte et se jeta avidement sur l’une des vasques pour y faire couler de l’eau fraîche avec laquelle il s’aspergea longuement le visage. Lorsque ses ardeurs naissantes bâtirent en retraite, il exécuta quelques profonds exercices de respiration, estimant être un peu à l’étroit, poumons gonflés, dans sa toge noire ourlée de dorures complexes. Après avoir réajusté son haut col et arrangé soigneusement la brosse de ses cheveux, il revint dans le salon.
— J’espère que nous n’aurons pas à combattre ainsi attifés, gronda-t-il l’air contrarié. J’ai l’impression d’aller à un bal costumé… mon armure me manque.
— Bah, bien au contraire, tu es du plus chic. On dirait un sénateur. Quel dommage que nous devions sortir ainsi vêtus… pour le travail, soupira Lilliana. Je me sens presque en vacances avec vous.
— Ce sera pour une autre fois, répondit Isil de son ton neutre habituel. Testons nos nanocommunicateurs !

Dernier cri de la technologie de pointe de la CorSec, merveille de miniaturisation, l’implant E.R.I. 8, pour Émetteur Récepteur Invisible de 8ème génération, se glissait sous la peau à l’arrière de l’oreille au prix d’une très légère intervention chirurgicale absolument indécelable une fois le pansement de bacta enlevé. Son rayon de communication audio avoisinait le kilomètre selon la configuration des lieux, mais il était équipé d’un localisateur permettant de repérer la position précise de son porteur de beaucoup plus loin.
Isil donna un coup de doigt derrière son oreille pour allumer le micro.
— Vous me recevez ?

Argail l’imita et répondit :
— Parfaitement.

Lillaia en fit de même.
— Parfait, conclut la Jedi en tapotant deux fois l’emplacement de son implant pour éteindre l’émission. Je vous rappelle qu’à défaut de couper votre micro, on entendra tout ce que vous direz. En cas d’absence de paroles, il s’éteint tout seul au bout de cinq minutes et devra donc être réactivé pour parler de nouveau.

Argail attrapa un gros sac bien lourd posé sur un divan et le passa en bandoulière sur l’une de ses épaules.
— Quand faut y aller, faut y aller. Allons-y mesdemoiselles. Pensez au méchant pas beau qui vous attend !
— Justement, je m’en passerais bien, grimaça Isil. J’ai un mauvais pressentiment concernant cette mission. Quelque chose que je ne parviens pas à voir clairement dans la Force. Lilliana, promets-moi d’être prudente.
— Bien sûr, répondit la militaire. Pourquoi, tu as vu quelque chose me concernant ?

La Jedi ne répondit rien et se contenta d’un « allons-y » avant d’ouvrir la porte. En bas de l’immeuble, Argail s’arrêta devant un speeder dans le coffre duquel il enferma le sac.
— Tu n’as pas oublié d’y mettre mon sabre ? s’inquiéta la Jedi.
— Ne t’en fais pas, papy Argail a pensé à tout… enfin, j’espère. Comme prévu, à partir d’ici, nous ne nous connaissons plus. Les filles, vous prenez un taxi et moi le speeder. On se retrouve à la galerie. Faites gaffe à vos fesses !

Il plaisantait, mais Isil le trouva tendu en son for intérieur. Les deux jeunes femmes lui sourirent.
— Ne t’inquiète pas… papa ! articulèrent-elle à l’unisson sans s’être concertées.

Elles partirent d’un éclat de rire un peu nerveux puis Lillaia prit Isil par le bras et elles s’éloignèrent sur le trottoir sous le regard soucieux du militaire. En soupirant, il monta dans le véhicule, démarra et se fondit dans la circulation.
— Ne pourrait-on pas prendre le superbe métro aérien pour nous rendre à la galerie, suggéra Lillaia.

Elle leva les yeux vers les longues lignes qui slalomaient entre les gratte-ciels encore éclairés par les derniers feux de Corell, l’étoile du système dont Corellia était la plus proche planète.
— Je suis certaine que la vue doit être magnifique de là-haut, accorda Isil, mais je ne tiens pas à prendre le métro dans cette tenue.

Elle rajusta le long et élégant châle passé autour de ses épaules s’attirant un petit sourire de sa camarade qui avait quant à elle, opté pour une sorte de boléro parfaitement assorti à sa robe.
— Dommage, soupira Lillaia faussement contrite en accentuant volontairement son déhanché, il n’y aurait eu d’yeux que pour nous.
— Précisément, grogna la Jedi en hélant un taxi.


Le gratin de Coronet City avait fait le déplacement pour se rendre à la Grande Galerie d’Arts corellienne, située dans le quartier du gouvernement non loin du célèbre musée de l’Espace. Une longue file de speeders de luxe débarquait son lot d’invités en tenue de soirée et les voituriers n’avaient de cesse d’emmener, dans une ronde incessante, les véhicules jusqu’au parking privé de la galerie.
Je suis dans la place, émit une voix dans leur écouteur. Il n’y a que du beau monde… à part moi, ajouta Argail en ricanant.
— Reçu, chuchota Isil en baissant la tête afin de ne pas être entendue par le chauffeur.

Quelques minutes plus tard, elles arrivaient à leur tour devant la galerie où un portier s’empressa de leur faciliter la sortie du taxi. Isil observa tout le beau monde qui gravissait les marches de l’imposante construction et se rappela une certaine soirée mondaine sur Coruscant dont la fin bien agitée revint à sa mémoire en compagnie de sombres souvenirs.
Tout en montant à son tour vers l’entrée de la galerie, elle se surprit à penser à Hiivsha et se demanda ce qu’il pouvait bien faire au même moment.
L’état d’alerte anti-terroriste étant à son paroxysme compte-tenu de certains actes de sabotages qui avaient eu lieu les jours précédents, le service de sécurité invitait les personnes à passer à travers un portique détecteur en s’excusant affablement du désagrément engendré par ce contrôle.
Les deux jeunes femmes passèrent sans encombre, et laissèrent qui son boléro, qui son châle au vestiaire à une charmante hôtesse Twi’lek, avant de pénétrer dans le hall d’accueil de la galerie d’arts.
La visite était organisée dans différentes salles où était servi un cocktail dinatoire. Dans le brouhaha habituel de ce genre de soirée, Isil tapota l’arrière de son oreille pour annoncer à voix basse :
— Nous sommes entrées également.
Je vous vois, répondit Argail, je suis sur le palier du premier étage, en haut du grand escalier d’honneur.

Les deux femmes levèrent discrètement la tête jusqu’à repérer la silhouette du militaire qui leur adressa un non moins discret salut de la main.
— Tu as repéré Gofaï ? demanda la Jedi.
Pas encore. Mais aux dernières nouvelles, monsieur n’est pas encore arrivé.
— Forcément, railla Lillaia, toute vraie vedette se fait toujours désirer.

Sur les murs du hall d’entrée étaient exposés des tableaux devant lesquels les entrants se pressaient avant de se disperser dans les salles du rez-de-chaussée et du premier étage. Les autres niveaux de la galerie étaient fermés par des cordons et interdits au public de la soirée. Un serveur portant à bout de bras un plateau garni de verres s’approcha des deux jeunes femmes.
— Désirez-vous boire quelque chose, mesdemoiselles ? demanda-t-il d’un ton servile.

Isil et Lillaia acquiescèrent et prirent chacune une coupe d’un vin pétillant doré comme de l’or.
— Du Garwillian millésimé, laissa échapper la militaire en faisant claquer sa langue d’un air de connaisseuse. Monsieur Gofaï soigne réellement son image de marque. Cet homme va finir par me plaire.

Isil la dévisagea d’un air étonné.
— Parce que tu t’y connais en vin ?

Lillaia la regarda du coin de l’œil.
— Je ne t’ai pas dit que j’ai eu l’occasion d’infiltrer un milieu de trafic de vins fins ?

La Jedi tordit la bouche.
— Il faudra surtout que tu me dises quel milieu tu n’as pas infiltré.
— /i]Oui, ça peut m’intéresser aussi, [/i] laissa entendre la voix d’Argail dans leur implant.

La militaire laissa échapper un petit rire étouffé.
— Pour ça mon cher, il nous faudra un peu de temps… mais à ton service quand tu veux.

Lillaia tourna le dos à sa coéquipière, pivotant avec une élégante raideur sur ses hauts talons dont elle avait soutenu un instant plus tôt qu’ils pouvaient constituer de parfaites armes. Elle s’élança, son verre à la main, le cou tendu, la tête droite, le buste en avant, vers l’une des peintures les plus convoitées du hall d’entrée. Isil ne put qu’admirer son aplomb et le changement opéré chez la militaire dont on ne pouvait absolument pas supposer à cet instant précis qu’elle avait fait partie des meilleurs éléments des services spéciaux.
Je suis d’accord, fit la voix d’Argail interceptant de son observatoire le regard de la Jedi. Lillaia est bluffant de réalité. On dirait vraiment une ultra mondaine. La classe quoi.

L’intéressée sourit sous cape et murmura :
— Monsieur est connaisseur.

Au même instant un homme glissa à son oreille :
— Cette toile semble vous passionner, mademoiselle. Peut-être dévoile-t-elle l’âme de l’artiste ?

Lillaia tourna la tête vers un homme d’âge mûr, bien mis et nota son visage séducteur ainsi que ses magnifiques yeux clairs. Mais ce n’était pas sa cible.
Dommage, songea-t-elle.
— Peut-être, répondit-elle, pour peu qu’on puisse lire entre les lignes et les couleurs. C’est une magnifique anamorphose. Notez comment l’objet de cette œuvre vous suit du regard lorsque vous vous déplacez. Sans doute le peintre aimait-il à observer les gens d’un œil inquisiteur… J’en ai presque froid dans le dos.
— Vous avez absolument raison, s’exclama l’inconnu. Je n’y avais pas prêté attention, mais à présent que vous me le dites… Voulez-vous ma veste ? proposa-t-il soudain.

Lillaia marqua un temps de surprise.
— Pardon ?
— Vous m’avez dit avoir froid dans le dos.

Il laissa son regard errer des omoplates de la militaire jusqu’à sa taille d’un air éloquent. Pourtant, visiblement, il plaisantait. Lillaia sourit.
— Je ne voudrais pas vous forcer à vous déshabiller en public, monsieur ?
— Sangor Retvilak, répondit l’homme en inclinant légèrement son buste, le directeur de cette galerie. Puis-je connaître votre nom ?
— Lillaia Walters.
— Ce nom ne me dit rien. Comment ai-je pu le manquer sur la liste des invités de monsieur Gofaï ?

À trois mètres de là, Isil retint son souffle.
— J’ai obtenu une invitation de dernière minute… mon beau-père… il est diplomate et il répond à tous mes caprices depuis qu’il a épousé ma mère. Et non, je ne vous donnerai pas son nom, histoire de ne pas le trahir.

Le directeur de la galerie sourit poliment.
— Je ne vous le demanderai pas… votre seule beauté suffit à justifier votre présence ici et par ailleurs, vous semblez vous y connaître en peinture. Je vous souhaite une bonne visite.
— Merci.

L’homme s’inclina de nouveau et s’excusa avant de partir vers un groupe d’invités. La voix d’Argail se fit de nouveau entendre.
Je vous propose de bouger du hall d’entrée et d’aller dans d’autres salles. Quand Gofaï va arriver, il y aura la presse autour de lui. Autant que votre rencontre soit la plus discrète possible. Je reste là et je vous tiens au courant. Je vous conseille les petits fours… mais attention à votre ligne mesdames.

Il suivit des yeux les deux femmes qui s’éloignaient vers l’une des salles adjacentes puis se mit à dévisager discrètement les invités de leur cible. Il ne connaissait pas la société corellienne, mais il s’amusait à imaginer chaque personne dans un métier collant à son apparence. Celui-ci avait une tête d’homme politique ; celui-là devait être une vedette de l’holonet ; quant à cette femme au poitrail épanoui, il la voyait bien cantatrice.
Un remue-ménage en provenance du hall le tira de sa rêverie : Tornik Gofaï faisait son entrée sous les feux des journalistes. Argail lui trouva un air de poisson frit avec ses yeux légèrement globuleux dont la rondeur était accentuée par d’antiques lunettes de même forme. Il était rare de voir ainsi des personnes affublées d’un dispositif correcteur optique à une époque où la chirurgie et les prothèses pouvaient tout régler ou presque. C’étaient souvent pour des questions d’allergie et de rejet de ces dernières. Le militaire songea que pour le riche scientifique, c’était peut-être un genre qu’il se donnait, une sorte d’extravagance. Et quoi de plus normal pour un génie de faire preuve d’excentricité ?
Durant plusieurs minutes, l’homme parla devant les micros de l’Holonet et décrivit sa passion pour les œuvres d’art ainsi que son désir d’en faire profiter le public en bon philanthrope qu’il était. Il fut longuement applaudit par ses invités puis les reporters furent délicatement refoulés à l’extérieur de la galerie sous prétexte que l’exposition était privée et que monsieur Gofaï tenait à la plus grande simplicité ainsi qu’à sa tranquillité.
La presse partie, le calme revint progressivement et un brouhaha somnolent se réinstalla entre les prestigieux murs du bâtiment pluriséculaire dont Argail avait longuement admiré les sculptures sous voûte et les dorures des colonnades ainsi que les bas-reliefs de toute beauté.
— Il part dans la salle trois, commenta Argail après avoir tapoté son implant.
Reçu, fit la voix d’Isil. On va essayer de provoquer une rencontre. Lillaia tu es prête ?
Bien entendue, je me rends dans la même salle illico.

La militaire pénétra par la porte opposée à celle que venait de franchir Tornik Gofaï, et se posa en admiration devant une sculpture holographique en sirotant une coupe de Garwillian rosé tout en feignant de converser à voix basse avec Isil. Celle-ci surveillait le petit groupe d’hommes par-dessus l’épaule de sa complice.
— Ils ne sont plus qu’à dix mètres de nous, commenta la Jedi. Mets-toi légèrement de profil pour attirer son regard. J’espère qu’il mordra à l’hameçon comme l’a supposé notre psychologue de lieutenant Parker.
— J’ai l’impression d’être un moucheron au bout d’une ligne de pêcheur.
Un joli moucheron, alors, commenta la voix d’Argail.
— C’est fini oui ? demanda Isil vivement.

La voix reprit accompagnée d’un brin de sarcasme :
— Pardon, chef.

Isil baissa la tête et se mit à regarder au fond de son verre pour se donner une contenance tout en levant discrètement les paupières.
— Méfiance, il semble t’avoir repérée. Il te regarde attentivement, la bouche légèrement ouverte. On dirait qu’il est surpris. Je le vois qui parle au groupe de personnes autour de lui… j’ai l’impression qu’il s’excuse… sans doute pour les laisser… oui, il vient par ici, seul.
J’ai repéré plusieurs hommes de la sécurité en tenue de soirée mélangés aux invités, précisa Argail. Dont un qui ne le lâche pas des yeux. Pas d’imprudence les filles.

Isil se reconcentra sur l’œuvre d’art comme leur cible parvenait derrière elle et Lillaia. Une voix se fit entendre, plutôt agréable de ton :
— Vous admirez mon Yannus ?

Les deux jeunes femmes feignirent la surprise et se retournèrent vivement.
— « Vôtre » Yannus ? répéta Lillaia en insistant sur le premier mot.
— C’est exact, il m’appartient. Comme tout ce qui se trouve dans cette exposition… hormis les invités naturellement, précisa le scientifique avec un sourire mielleux.

Isil observa qu’il ne pouvait détacher son regard du visage de Lillaia. Ses yeux allaient de ceux de la militaire, à son nez puis sa bouche pour reboucler encore et encore. L’objet de son intérêt simula l’embarras et baissa la tête avec une gêne mesurée. Soudainement, l’homme parut s’en rendre compte et s’excusa :
— Pardonnez-moi de vous dévisager ainsi, mademoiselle, c’est plutôt inconvenant. J’ai tellement l’impression de… enfin que vous…

Il s’embrouilla dans son propos et bégaya quelque chose d’incompréhensible avant de reprendre :
— Vous me rappelez quelqu’un…

Lillaia composa son sourire le plus innocent :
— Une connaissance ? Pourtant, c’est la première fois que je viens sur Corellia depuis que mon amie ici présente s’y est installée.
— Oui… non… bafouilla de nouveau Gofaï au comble de la perplexité. Pour tout dire, il s’agit… non rien, ce n’est pas grave. Vous savez ce qu’on dit : on a tous un sosie quelque part dans la galaxie.

Il se mit à rire doucement pour se donner une contenance et désigna l’holosculpture du doigt.
— Vous êtes connaisseuse ?
— Je viens d’être diplômée de l’école des beaux-arts de Coruscant et je fais une thèse sur les collections privées les plus prestigieuses de la galaxie… cela me permet de voyager.
— Vous êtes une experte alors ?
— Pas encore, répondit modestement Lillaia en baissant de nouveau les yeux devant le regard insistant de l’homme. Mais j’espère bien le devenir un jour.
— Et vous ? demanda l’homme en s’adressant à Isil.
— Pas vraiment. Une amatrice tout au plus. J’ai une formation de photographe mais je me suis récemment tournée vers l’écriture. Je suis romancière.
— En vérité ? Dans quel genre ?
— Aventures, amour… dans un univers de science-fiction que j’ai créé.
— Comment s’appelle-t-il ?
— Je n’ai pas encore été publiée… je reste discrète dessus… mais j’ai bon espoir de trouver prochainement un éditeur.

Une lueur passa dans les yeux de Gofaï.
— Je pourrais peut-être vous aider pour en trouver un.
— Vraiment ? s’étonna Isil feignant une légère excitation.
— Pourquoi pas. Que pensez-vous de mon Yannus alors ? reprit-il soudainement en revenant vers Lillaia.
— C’est un magnifique exemple d’art conceptuel. On voit de suite que l’artiste sait manier les juxtapositions pour imposer sa vision au public. Les lignes sont franches et sans ambiguïté… cela lui enlève peut-être une touche de mystère que pour ma part j’aime bien dans l’art.

Le scientifique fit mine d’applaudir doucement.
— Bravo. Je n’aurais pas mieux dit, mademoiselle ?
— Lillaia Walters.

Il inclina son buste avec raideur comme l’avait fait un instant auparavant le directeur de la galerie.
— Ravi de vous compter parmi mes invités, mademoiselle Walters.

Puis se tournant vers Isil :
— Et vous êtes ?
— Isil… Inolmo, une proche amie de Lillaia qui est venue sur Corellia pour me voir. Cela faisait très longtemps que nous ne nous étions pas vues.
— Je suis arrivée aujourd’hui, reprit la militaire. Nous venons juste de nous retrouver après tant d’années de séparation. Mais vous avez dit à l’instant que ce Yannus était à vous ?
— Oui, permettez-moi de me présenter : Tornik Gofaï, l’heureux propriétaire de ces œuvres d’art et l’organisateur de cette exposition.

Les deux jeunes femmes simulèrent la plus grande surprise ainsi qu’un enthousiasme volontairement juvénile.
— Vraiment ? reprit Lillaia. C’est extraordinaire ! Tout cela est à vous ? Quelle chance vous avez et quelle générosité de votre part d’en faire profiter le public !
— Et encore, ce n’est qu’une infime partie de ma collection privée.
— Réellement ?
— Oui, mon manoir est à lui seul un véritable musée… je ne sais même plus combien d’œuvres je possède. J’ai toujours dit qu’il fallait que je fasse un jour le catalogue de ma collection…

Puis une idée parut lui traverser l’esprit. Ses yeux s’illuminèrent. Isil songea aussitôt que sa surprise était feinte.
— Vous ne voudriez pas réaliser ce catalogue pour moi ? demanda Gofaï à Lillaia. Je possède d’innombrables archives sur ces chefs-d’œuvre, leur histoire, les biographies de leur créateur… mais tout cela est stocké dans un bazar infâme, je le dis à ma grande honte. Il faudrait tout trier, analyser, recomposer…
— Je ne sais pas, répondit Lillaia rivalisant d’ingéniosité pour apparaître confuse. Je suis venue voir mon amie et nous avons tant de choses à nous dire…


(à suivre…)

Chapitre 12 : L'exposition (Fin 2/2)
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Modifié en dernier par Hiivsha le Ven 20 Mar 2015 - 15:33, modifié 1 fois.
Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Ven 20 Mar 2015 - 15:32   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 12 : L’exposition (début 1/2)


CHAPITRE 12 : L’exposition (fin - 2/2)


— Si vous acceptez, je l’engage aussi afin de vous aider, et ainsi vous ne serez pas séparées. Quoi de mieux qu’une écrivaine photographe pour immortaliser ces œuvres dans toute leur splendeur et en rédiger les fiches sous votre dictée… ainsi que vos critiques d’experte en arts, cela va de soi. Ce serait pour vous un véritable tremplin si je diffusais ensuite ce catalogue à travers toute la galaxie, avec vos analyses et vos photos… et vos deux noms écrits en grand sur une magnifique couverture : la collection Gofaï !

Il accompagna son exclamation en écartant les mains devant lui.
— J’hésite, reprit Lillaia, c’est un travail énorme… il faudra du temps…
— Mais vous êtes jeunes et du temps, vous n’avez que ça. Ce sera la pierre angulaire de votre thèse, songez-y. Je me charge de vous rendre célèbre après ça. Et puis, vous serez payées pour ce travail…

Il glissa sa tête entre les leurs et murmura quelque chose à leur oreille.
Putain ! s’exclama Argail dans leur implant. Je veux dire… pardon… mais merde, un salaire pareil…

Lillaia haussa les sourcils.
— C’est réellement très généreux de votre part, monsieur Gofaï. J’espère que nous serons à la hauteur de votre attente.
— Alors, vous acceptez ? s’enthousiasma l’homme.

Les deux jeunes femmes se concertèrent du regard. Lillaia reprit :
— Entendu. Nous viendrons dès demain chez vous et…
— Pourquoi dès demain ? En tant qu’employées, j’entends vous avoir sous la main vingt quatre heures sur vingt quatre. Vous êtes désormais mes hôtes pour le temps nécessaire à la création de ce catalogue.
Et plus si affinité, railla Argail. Même sans le topo de Parker, l’oiseau ne m’inspirerait pas confiance.
— Mais nos affaires… protesta Lillaia.
— Ne vous inquiétez de rien. J’ai chez moi tout ce que vous avez besoin et plus encore, y compris tous les vêtements que vous désirerez. Vous aurez tout ce que vous voudrez… si nécessaire, il vous suffira de le demander et on vous le fournira dans l’heure. Et puis j’imagine aisément que tout ce qui est de l’ordre du vital pour une femme se trouve déjà dans vos sacs à main. Par ailleurs, je n’ai pas trop l’intention de traîner à cette soirée. J’ai juste deux ou trois personnes à voir et on s’éclipsera dès que possible. Profitez de la visite, je vous retrouve dans un petit moment.
Il s’inclina de nouveau et s’éloigna pour rejoindre un nouveau groupe de personnes.
— Qu’est-ce que vous dites de cela, murmura Isil. J’ai l’impression que le lieutenant Parker vient de marquer un point de psychologie.
Mouais, répondit Argail. Bon, je sors un instant… un petit truc à faire.
— Épatante son histoire de catalogue, s’extasia Lillaia. Je me suis demandée au début quelle excuse il allait pouvoir trouver pour nous aborder durablement…

Argail descendit lentement les escaliers et se dirigea vers la sortie. Le ballet des voituriers s’était calmé le temps de l’exposition. Sur le mur de gauche, un écran donnait l’emplacement du véhicule de chaque invité sous la forme d’un numéro. Sans surprise, sous le nom de Gofaï figurait le numéro un.
— Vous partez, monsieur ? demanda le responsable.
— Pas encore, répondit Argail. J’ai oublié mes cigares dans mon speeder.
— Voulez-vous que j’envoie quelqu’un pour les chercher ?
— Inutile. Je vais respirer un peu l’air frais de cette douce nuit en y allant moi-même. Ça me fera le plus grand bien.
— Oui, monsieur.

Argail sortit et longea la façade du bâtiment jusqu’au parking où patrouillaient quelques droïdes de surveillance. Attrapant une pièce au fond d’une poche, il se mit à la lancer en l’air d’un mouvement répété et négligent tout en sifflotant. En passant devant le somptueux speeder garé sur la place numéro un, il laissa tomber la pièce qui roula sous le véhicule.
— Flûte, ma pièce, lança-t-il tout fort en se baissant pour la ramasser sous l’œil attentif d’un droïde qui patrouillait un peu plus loin.

Profitant que sa main était cachée à la vue de ce dernier, il plaqua sous le speeder un traceur miniature autocollant avant de ramasser sa pièce et de se relever.
— Ah, te voilà, toi ! s’exclama-t-il en relançant la pièce en l’air avant de se rendre jusqu’au coffre de son véhicule dans lequel il extirpa deux cigares d’un étui.

Il en alluma un ostensiblement, tout en revenant sur ses pas. Le droïde reprit sans méfiance son pas mécanique. En repassant devant le responsable des speeders, il s’arrêta et montra son communicateur.
— J’attends peut-être un appel de l’hôpital pour une opération urgente à mener à bien. Vous pouvez tenir mon speeder prêt à partir ?

L’homme s’inclina servilement.
— Bien entendu, monsieur. Il vous attendra au pied des marches. À quel nom est-il ?
— Vif-Argent.
— C’est noté, monsieur.
— Merci, fit Argail en lui tendant un pourboire royal.

Le responsable appela un voiturier pour lui donner des ordres pendant qu’Argail revenait dans le hall où il déambula un moment, vidant une coupe et dégustant quelques petits fours absolument exquis. Au bout d’un moment, il tapota son implant.
— Finalement, j’adore jouer les hommes du monde, avoua-t-il en soufflant un nuage de fumée bleutée en direction d’un immense lustre de cristal qui devait peser des tonnes.
Profites-en, répondit la voix de Lillaia. Ça ne durera pas. Tiens voilà Gofaï qui revient vers nous.

En effet, Tornik Gofaï marchait vers les deux jeunes femmes d’un pas décidé et annonça :
— Voilà, j’ai mené à bien mes mondanités. Nous allons pouvoir y aller.

Il adressa un signe discret en direction de deux hommes en habits sombres qui se dirigèrent aussitôt vers la sortie, ce que voyant, Argail souligna :
Il a bien deux gardes du corps le bougre.

L’un d’eux s’adressa au responsable de l’entrée et deux minutes plus tard, deux speeders dont celui de Gofaï, s’arrêtaient devant la galerie. Argail pressa le pas pour les devancer et monter dans son propre véhicule avant de démarrer et de s’arrêter un peu plus loin dans un coin sombre.
Sur un mouvement de tête de l’un des gorilles, le scientifique invita les deux jeunes femmes à le suivre vers la sortie. L’homme conduisait son propre véhicule contrairement à la tradition qui voulait qu’un homme riche ait son propre chauffeur. Lillaia et Isil prirent place devant à ses côtés. Les deux gardes montèrent dans le second speeder. Gofaï se sentit obligé d’expliquer :
— Je ne fais confiance qu’à moi-même pour ce qui est de conduire.

Les deux véhicules se mirent en route. Argail commença sa filature de loin, aidé par un petit écran sur lequel clignotait un point rouge.
— Vous ne pouvez savoir à quel point je suis heureux d’avoir fait votre connaissance ce soir, annonça Tornik Gofaï pour rompre le silence qui s’était emparé de l’habitacle du véhicule. Non seulement vous tombez à pic pour faire ce catalogue dont je rêve depuis longtemps, mais vous êtes toutes deux absolument magnifiques… quel homme ne désirerait pas vous avoir à ses côtés.
— Vous êtes très flatteur, monsieur Gofaï, protesta Lillaia en minaudant.
— Pas du tout. Vous êtes belles et je le devine, intelligentes. J’ai besoin de vous.
— Nous essaierons de vous servir au mieux, mons…

Gofaï la stoppa d’un geste dans son élan.
— Appelez-moi Tornik, l’une et l’autre. Pas de distance entre nous, je veux que nous devenions amis.
— Comme vous voudrez, mon… Tornik, répondit Lillaia en prenant un air soumis.
— Je crois que nous allons vivre quelque chose d’exceptionnel ensemble, vous et moi. Je dois vous prévenir, j’ai l’habitude d’être obéi en tous points sans qu’on discute. Je compte sur vous et sur votre fidélité.
— Bien entendu, répondit Lillaia faisant mine de ne pas vraiment avoir saisi la portée potentielle de ses paroles.
— Et toi, Isil, qu’en dis-tu ?

La Jedi feignit l’embarras en murmurant.
— Je dis comme Lillaia.

Gofaï prit un air satisfait.
— Parfait. Nous allons devenir inséparables, je le sens.

Leur micro s’étant éteint consécutivement au long silence qui avait suivi leur départ, Argail ne put bénéficier de cette conversation. Seul dans son speeder, il restait concentré sur le point lumineux symbolisant le contact qu’il essayait de conserver à tout prix, même s’il était loisible de deviner où leur cible emmenait les deux jeunes femmes.
Comme pour lui donner raison, le speeder de luxe s’engagea dans une riche banlieue composée d’imposantes demeures individuelles installées dans de magnifiques parcs de verdure. Au milieu d’une large avenue arborée, le véhicule s’arrêta devant une grille. Elle s’effaça lentement devant lui et le speeder disparut sous le regard inquisiteur de deux impressionnants droïdes sentinelles lourdement armés. Le speeder noir qui suivait continua sa route.
— On dirait que les gorilles n’habitent pas avec leur Maître, commenta Argail. Je parie de Gofaï préfère la compagnie d’une armée de droïdes en tout genre.

Il stoppa, se rangea le long du trottoir et sortit pour inspecter les lieux. Le lieutenant Parker leur avait projeté des photos et les plans des environs qu’il reconnut aussitôt malgré la nuit. Il savait que la propriété du scientifique était adossée à une colline et entourée d’un puissant mur de protection. La colline n’étant pas privée, il décida de monter à son sommet pour bénéficier d’une meilleure vue sur le manoir. Dix minutes plus tard, il s’installait à l’abri d’un buisson bien touffu et sortait de son sac des jumelles afin d’inspecter l’arrière des bâtiments formant l’antre de leur cible. Il put ainsi apercevoir de somptueux jardins fleuris et une grande piscine dont l’eau scintillait sous la lumière de Gus Talon, la lune de Corellia. Le militaire frissonna mais ce n’était pas de froid. C’était l’appel de la nuit comme cela se produisait de temps à autre. Un appel quasi animalier qui lui donnait envie de partir en courant au plus profond des bois.
La nuit va être longue, songea-t-il en s’asseyant le plus confortablement possible.

La demeure était sans surprise imposante et richement ornée, tant par le mobilier que par les œuvres d’arts qui s’étalaient un peu partout avec vanité, dans la moindre des pièces. Gofaï fit entrer les deux jeunes femmes et leur proposa une rapide visite du rez-de-chaussée contenant les principales et non moins nombreuses pièces usuelles d’une maison de ce standing. Un droïde serveur leur apporta à leur demande des jus de fruits tandis que l’hôte des lieux parlait de tout et de rien, évitant soigneusement toute discussion personnelle sur lui ou ses invitées.
La voix d’Argail soupira dans l’implant de ces dernières :
Je ne vous entends plus depuis un bon moment, les filles, et je me sens un peu seul.

Les deux jeunes femmes sourirent dans le dos de Gofaï et tapotèrent l’arrière de leur oreille pour réveiller leur dispositif de communication.
— On ne peut pas te parler, souffla Isil discrètement après s’être un peu éloignée dans le salon dans lequel ils se trouvaient.
Pas de problème, répondit la voix du militaire. Je veux juste écouter ce qui se dit.

Les rafraichissements pris, leur hôte les invita à monter au premier étage de la maison où étaient situées les nombreuses chambres à coucher.
— Vous trouverez dans les dressings tout ce qu’il vous faudra pour vous changer. N’hésitez pas à fouiller. Et s’il vous manque quelque chose, appelez un droïde serveur.
— Rien de tel qu’une bonne nuit de sommeil avant de se mettre au travail, déclara Lillaia pleine d’entrain.
— Sauf que demain, nous ne travaillerons pas, répondit leur hôte. J’ai un yacht, le Mila, basé à Tyrena sur la côte des Sables d’Or. Nous allons passer une journée à la pêche au gros… cela nous donnera le temps de mieux faire connaissance. Et puis, avant de commencer votre travail sur le catalogue, j’aimerais qu’Isil m’interviewe. Je n’ai jamais accordé d’entretien à personne malgré les incessantes demandes de nombreux biographes désireux de m’immortaliser dans leur livre. Il est temps de corriger cela. D’abord un résumé de ma vie pour le catalogue et plus tard, une vraie biographie… de quoi te rendre célèbre, Isil.

La Jedi prit une mine flattée et reconnaissante. Sur la colline, Argail coupa l’émission de son implant et alluma son communicateur. Après quelques longues secondes, une voix répondit :
Ici, Parker, j’écoute.
— Sergent Vif-Argent, lieutenant. J’ai besoin de vous.
Allez-y.
— J’ai besoin de tout savoir en urgence sur le Mila, un yacht appartenant à Gofaï, basé à Tyrena, sur son équipage… noms, adresses du personnel de bord… le plus vite possible.
Je m’en occupe, répondit l’officier. Vous aurez ça dans un moment.
— Merci, lieutenant.

Il coupa la communication. Dans le manoir, Gofaï ouvrait en grand les portes de plusieurs chambres à coucher.
— Choisissez celles qui vous conviennent, proposa-t-il.

C’était de véritables suites composées de plusieurs pièces richement meublées. Lillaia se tourna vers Isil puis vers leur hôte.
— Si ça ne vous dérange pas, nous opterons pour la même chambre, Isil et moi… nous avons tellement de choses à nous dire…

Gofaï s’efforça de sourire.
— Je comprends… les jeunes femmes… toujours à papoter… Eh bien, je vous souhaite une bonne nuit.

Il referma la porte sur lui. Aussitôt, Lillaia se mit à fureter partout, examinant meubles, tableaux, luminaires, literie avec minutie. Isil comprit très vite où la militaire voulait en venir et se plongea dans la Force pour détecter d’éventuels micros ou caméras, étudiant avec soin chaque miroir pour s’assurer qu’il ne permettait pas de voir depuis une cache située derrière. Durant la demi-heure que dura cet examen approfondi des lieux, Lillaia parla de tout et de rien pour donner le change : de son pseudo voyage depuis Coruscant à bord d’un cargo mixte sur lequel l’équipage était aux petits soins avec les passagers ; de ses études imaginaires ; de leurs soi-disant souvenirs d’enfance et d’un certain nombre d’autres choses aussi fantaisistes que probables.
Lorsqu’elles furent certaines que les lieux ne recélaient aucun piège, elles se laissèrent tomber sur le lit en soufflant :
— Bizarre, murmura Isil. J’aurais également juré que Gofaï était homme à truffer les chambres de ses invités de caméras et de micros espions ou même de caches de voyeur.
— Il n’est peut-être pas aussi retors que Parker semble le penser.

Lillaia eut une moue interrogative et reprit :
— Qui sait si le GIS ne verse pas dans la parano à force de voir le mal partout ? En tout cas, je sais ce que je vais faire avant de me coucher.
— Quoi donc ?
— Prendre un dernier verre… j’ai vu un excellent vin pétillant dans le réfrigérateur… tout en prenant le bain chaud et moussant que j’ai préparé dans l’immense jacuzzi de la salle de bain. Et je t’invite à en faire autant… y’a de la place pour toute une colonie.

Avec la souplesse d’un félin, la militaire se releva et laissa choir robe et sous-vêtements avant d’aller chercher une bouteille bien fraîche qu’elle ramena avec deux coupes.
— Tiens, ça va te faire dormir, plaisanta-t-elle en tendant l’une d’elles à Isil.
— Tu joues à ton petit Argail ?
J’ai entendu ! s’exclama une voix familière dans leur implant. Ce n’est pas beau de vous goinfrer de bonnes choses quand je suis tout seul dans les bois ! Vous n’avez pas honte ?

Les deux femmes se mirent à rire doucement.
— Pauvre Argail… tu devrais venir nous rejoindre, se moqua Lillaia aimablement.
Si seulement, soupira la voix. Bon, trêve de plaisanterie. Je dois vous abandonner jusqu’à demain, mais je pense que vous ne risquez rien jusque-là… sans compter que toutes les deux vous êtes de taille à vous défendre.
— Peur de dormir dehors ? railla Lillaia
Pas du tout, sergent. Mais j’ai deux ou trois bricoles à faire… avec l’aide de Parker… Vous en saurez sans doute plus demain. Bonne nuit, les filles, et pas de folies !
— Salut Argail ! lancèrent-elles ensemble.

Lillaia prit son verre ainsi que la direction de la salle de bain. Elle glissa ses longues jambes dans l’épaisse mousse avec délectation puis y disparut jusqu’au cou, posant la coupe à côté d’elle sur le rebord. Après une once d’hésitation, Isil l’imita en tout point.
— Mmm… murmura la militaire. C’est bien mieux que les douches du Defiance.
— Et que celles du Temple de Tython, surenchérit Isil amusée.
— Mon dernier bain remonte à un bout de temps.
— Le mien aussi… c’était sur Coruscant…

Dans l’appartement de Jaster Darillian, acheva la Jedi in petto avec un arrière-goût amer.
Elle se perdit dans ses pensées au point que Lillaia dut la sortir de sa rêverie.
— Tu penses à ton contrebandier ?
— Pas vraiment, répondit Isil en secouant la tête. Enfin, peut- être un peu, oui…
— Et si tu me frottais le dos avec cette magnifique éponge ? J’adore ça. Après ce sera mon tour…


Drapée dans une élégante chemise de nuit noire, Lillaia s’inséra sous des draps soyeux avec délectation.
— C’est l’avantage de certaines missions d’infiltration dans le beau monde. Parfois, on pourrait se croire en vacances… par contre, le retour à la réalité est d’autant plus brutal.
— Tu as visiblement plus d’expérience que moi dans ce domaine très particulier et tu dois avoir sûrement plein de choses à raconter.
— Chercherais-tu à écrire un livre sur la vie d’un agent des renseignements ?
— Non, répondit Isil qui avait opté pour un vêtement de nuit couleur lilas. Contrairement à ce que j’ai affirmé, je n’ai pas vraiment de don pour l’écriture… et la vie d’un Jedi ne se prête pas vraiment à ça.
— Qui sait, dans quelques temps, tu pourras te reconvertir et écrire ta biographie. « Les aventures d’une Jedi » ou un truc comme ça… ça ne s’est jamais fait ?
— Pas à ma connaissance. Les Jedi restent discrets sur leur vie, répondit Isil en se couchant à son tour après avoir éteint la lumière.
— Tu sais, Isil, j’ai vraiment envie de faire quelque chose, murmura Lillaia après un bref silence.
— Mon Maître disait parfois qu’il fallait suivre ses envies pour éviter la frustration. Mais je l’ai toujours soupçonné de le dire lorsque ça l’arrangeait… par exemple pour aller boire une bière dans une cantina, chose qui ne lui arrivait tout de même pas souvent.

Lillaia émit un petit rire dans le noir et se tourna vers Isil.
— Il faut toujours écouter un Maître Jedi.

De nouveau il y eu un bref silence puis la voix d’Isil reprit :
— Mais qu’est-ce que tu… Humpf…

Le reste se perdit dans un murmure étouffé. On entendit quelques frôlements de drap, un bruit doux comme celui d’une cuillerée de miel tombant lentement au fond d’une gorge et celui de douces caresses, puis de nouveau le silence entrecoupé de deux souffles plus prononcés.
Au bout d’un moment, Isil reprit de la voix légèrement tremblotante de quelqu’un qui a du mal à maîtriser une émotion.
— C’était quoi ça, Lillaia ?

Il n’y avait aucune agressivité dans le ton. Peut-être une très légère once de reproche.
— Je te demande pardon, Isil. J’en avais vraiment envie et je voulais aussi savoir ce que tu…
— Ressentirais ? acheva la Jedi.
— C’est ça. Tu es fâchée ?
— Tu sais bien qu’un Jedi domine ses émotions, tenta de plaisanter Isil en reprenant une voix détendue.
— Alors ?
— Alors quoi ?
— Comment t’as trouvé ?
— Je ne sais pas. C’était plutôt agréable… mais sans vouloir te faire de la peine, je sens au fond de moi que ce n’est pas vraiment mon truc.
— Ne t’en fais pas, je comprends parfaitement. D’autant que je te soupçonne, homme ou femme, de te réserver exclusivement pour ton contrebandier. Ai-je tort ?
— Tu sais qu’il a un nom, mon contrebandier comme tu dis. Et non… ou oui si tu veux. S’il devait y avoir quelqu’un dans ma vie, ce serait un homme et pas une femme… et ce serait lui et pas un autre.
— Pourquoi « s’il devait », il t’aime non ?
— Oui.
— Et toi aussi, ça se sent.
— Vraiment ?
— Évidemment. Ce n’est pas à une femme et une amie qu’on peut cacher ce genre de sentiment… même si tu es une Jedi, une pro de la dissimulation d’émotion.

Cela fit sourire Isil.
— C’est compliqué, dit celle-ci.
— J’en suis consciente… depuis que je te connais un peu mieux. Crois-moi, laisse-toi aller avec lui.
— Mais il y a le Code.
— Je ne veux pas être grossière, mais le Code c’est un truc pour vous conserver au sein de votre secte… vous garder prisonniers sans que vous ne vous en rendiez compte. Regarde les Jedi de Corellia, ils sont épanouis eux !

Elle insista sur le dernier mot. Isil répondit :
— Tu n’as pas tort. Maître Lansil et Maître Dina me paraissent former un couple équilibré et ne semblent pas devoir verser dans le Côté Obscur comme les Maîtres de Tython le prétendraient sans doute.
— Voilà, alors, fais comme eux avec Hiivsha !
— Je ne sais pas, avoua Isil. Mais je mentirais si je disais que notre visite à l’Enclave ne m’a pas laissée perplexe.

Il y eut encore un silence puis Lillaia conclut :
— En tout cas, je te remercie d’avoir répondu si gentiment à mon baiser. J’ai eu peur un instant que tu ne me plaques au plafond d’une poussée de ta Force.
— Je ne suis pas comme ça.
— Sauf quand tu es sous l’emprise de l’artéfact de la colère, rappela perfidement la militaire.
— C’est vrai. Et je m’en excuse encore. En tant que Jedi, j’aurais dû pouvoir me maîtriser mieux que ça. Si Maître Beno avait été là, je l’aurais sûrement déçu.

Lillaia tapota affectueusement les cheveux blonds de son amie.
— Ne te bile pas. Maître Torve n’y a vu que du feu lui non plus… et Nuleena, plus expérimentée que toi, est tombée aussi dans le panneau. En plus, tu as quand même réussi à le remettre dans son coffret… Je pense qu’aucune autre personne que toi n’aurait pu y parvenir.

Un énième silence s’ensuivit brisé de nouveau par Lillaia.
— Donc, baiser, caresses… tu ne m’en veux pas ?
— Mais non, je t’ai dit, souffla Isil. Mais ne recommence plus, s’il te plaît.
— Et pour te faire du bouche à bouche… genre tu t’es électrocutée et tu ne respires plus ?

Isil sentit poindre le sourire dans le ton de la militaire.
— Dors ! ordonna la Jedi en se tournant sur le côté.



(à suivre... )


Chapitre 13 : Pêche au gros (début 1/2)
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Modifié en dernier par Hiivsha le Dim 29 Mar 2015 - 11:58, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Dim 29 Mar 2015 - 11:57   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 12 : L’exposition (début 1/2)
Chapitre 12 : L'exposition (Fin 2/2)




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13 - Pêche au gros


(Début 1/2)


Rivalisant de grâce et d’orgueil, une élite de splendides yachts blancs se balançait mollement sur les eaux du port de plaisance de Tyrena, station balnéaire réputée à travers toute la galaxie. Située à l’opposée de Coronet City à l’extrémité des quatre-vingts kilomètres du long serpent doré connu sous le nom des « plages d’or », la cité offrait, outre son étendue de sable si remarquable, les hôtels les plus luxueux de la planète ainsi que des lieux de plaisirs courus par une abondance inépuisable de touristes tout au long de l’année. Proche des attractions les plus excitantes de Corellia, Tyrena attirait immanquablement les aventuriers désireux de participer à une partie de chasse au chien lames ou une excursion dans les marais Agrilat, une région de marécages de cristaux bien connue pour ses courses de swoop illégales. La côte quant à elle, devait son nom à cette couleur d’or si particulière provoquée par un mélange de particules de mica, de brisures de coquilles d’arthropodes aquatiques ainsi que d’organismes microscopiques comme les algues douradea et les récifs coralliens, dont les particules nacrées jouaient avec la lumière de l’étoile de Corellia. Le long du littoral, les demeures somptueuses étalaient jalousement la richesse de leurs propriétaires en s’érigeant fièrement vers un ciel d’un azur sans tache.
Quelque part sur cette côte, au bord de l’océan, s’élevaient les ruines du manoir Valdarra et cette seule pensée obscurcissait le cœur d’Isil alors que le speeder descendait vers le port de Tyrena. La Jedi replongea malgré elle dans de bien douloureux souvenirs auxquels elle s’efforça d’échapper en s’immergeant dans la Force. Mais sa méditation fut rendue difficile par l’écho de la conversation qu’elle avait eue le matin même avec Lillaia.


— Nous n’avons que trois ou quatre jours devant nous pour trouver cette I.A., avait dit celle-ci en s’étirant longuement sur le lit. Pour essayer d’extorquer l’information à Gofaï, il faut aller vite. S’il s’entiche de moi, comme l’espère notre psychologue maison, je vais être obligée de plonger d’une façon qui risque ne pas te plaire ou peut-être choquer ton âme de Jedi. Je préfère te prévenir.
— On est obligé d’en arriver là ? s’était inquiété une Isil hésitante à deviner le sens exact des propos de son amie.
— Pas le choix. Si notre cible a bien la personnalité que Parker a décrite, il peut croire à un coup de foudre de ma part pour peu qu’il ressente la même chose pour moi. J’aurai besoin d’intimité avec lui pour le convaincre qu’il ne peut plus se passer de moi.
— Je comprends, mais l’idée ne me plaît guère.
— Pourquoi ? Parce que toi, tu n’aurais pas pu le faire ?

Isil avait eu un geste des bras pour exprimer son embarras.
— Un Jedi ne s’abaisse pas à ce genre de choses.
— Pourtant, tu parlais l’autre jour d’une opération séduction que tu avais menée sur Alderaan, avait insinué Lillaia avec une perfidie affectée.

La main de la Jedi avait alors brassé l’air.
— Cela n’avait rien à voir avec ce que tu t’apprêtes à faire avec Gofaï, avait-elle répliqué.
— D’accord, n’en parlons plus et laisse-moi faire sans intervenir, quoiqu’il se passe entre Gofaï et moi.
— On verra, avait conclu Isil, peu convaincue sur le bien fondé de leur mission.


Le speeder se posa au bout du quai et le petit groupe s’élança vers l’un des splendides bateaux à l’allure de coursier des mers. Le scientifique portait une tenue légère et pratique et avait enfoui ses mains dans les larges poches de son pantalon. Les deux femmes avaient opté pour un short sportif surmonté d’une tunique ample pour la Jedi, et d’une simple brassière très moulante pour la militaire à la grande désapprobation de son amie. Tout en marchant, Gofaï vanta les lignes fines et racées de son yacht, ses caractéristiques techniques, la puissance de ses moteurs, son équipement high-tech… toutes choses qui n’intéressèrent ni Lillaia, ni Isil.
Au pied de la passerelle d’embarquement, un homme de puissante stature patientait, l’œil aux aguets, le regard inquisiteur rivé sur le groupe approchant. Il était vêtu d’une armure souple et noire, près du corps, comme en portaient les services de sécurité. Une arme impressionnante pendait à sa ceinture et de grosses lunettes noires lui mangeaient en partie un visage habillé par une moustache et un bouc noirs, finement taillés.
En arrivant, Gofaï lui lança d’un ton sec :
— Où est Fredrich ?

Au même moment, un autre homme en uniforme blanc et or, portant une casquette d’officier de marine civile, apparut sur le pont à hauteur de la passerelle.
— Ah, monsieur Gofaï, lança le capitaine en saluant. Je vous présente Tim Robbs, le remplaçant de Fredrich. Ce dernier a eu un problème de santé et la société nous a envoyé un remplaçant, mais tout est en règle.

L’homme au pied de la passerelle avait rectifié sa position respectueusement.
— Quelles sont vos références ? lança Gofaï d’un ton peu amène.
— Ancien de la CorSec, monsieur, forces spéciales. À votre service.
— Bien, si vous êtes accrédité… vous ferez l’affaire. On vous a briefé ?
— Naturellement, monsieur. J’assure votre protection sur ce magnifique bâtiment et j’élimine toute personne pouvant représenter une menace pour vous.

Il avait dit cela d’un ton monocorde, presque robotique, en observant de derrière ses lunettes le regard ahuri que lui lançaient les deux jeunes femmes.
— Parfait, reprit le scientifique qui ne s’était aperçu de rien.

Il monta à bord suivi par ses invitées. Un sourire se dessina sur les lèvres de l’agent de sécurité fermant la marche, et il admira au passage le sang-froid de ses deux coéquipières qui n’avaient pas manqué de le reconnaître.
Argail aida le capitaine à rentrer la passerelle à bord avant de se camper sur le pont face au quai. L’officier grimpa l’échelle menant au pont supérieur et disparut dans la timonerie. Quelques instants plus tard, les moteurs se mettaient en marche et le yacht s’élançait sur le chenal en direction de la sortie du port.
Pendant ce temps, Gofaï faisait les honneurs du bord aux deux jeunes femmes, jusqu’au quartier des chambres au nombre de six. Un steward les accompagnait.
— Installez-vous comme il vous plaira, proposa leur hôte.

Isil choisit une cabine et Lillaia une autre au grand contentement de Gofaï, ce que nota la militaire.
— Je vous attends sur le pont supérieur arrière… thé, cocktail, café, fruits… tout ce que vous désirez vous y attend. Ne tardez pas, la vue sur la côte est imprenable en quittant Tyrena. Jal vous y conduira dès que vous aurez posé vos affaires. Je m’en vais donner son ordre de route au capitaine Mildon.

Il s’éclipsa et le steward, un homme encore jeune au teint hâlé, se fixa dans la coursive.
Isil jeta un coup d’œil par un hublot et soupira. Quelque chose commençait à lui manquer vraiment. Quelque chose ou plutôt, quelqu’un.
— Tu viens, lança Lillaia sur le seuil de sa cabine. Ne faisons pas attendre notre hôte.

Jal, le steward, les guida dans les quelques coursives menant au salon arrière situé sur le pont supérieur et se fit un devoir de les servir. Au loin se profilait la silhouette de la station balnéaire avec ses hauts immeubles et ses maisons d’une blancheur éclatante. Le Mila avait pris fièrement la mer à vive allure laissant derrière lui un sillage d’écume d’une blancheur éclatante.
— Comment Argail a-t-il fait pour monter à bord ? chuchota Isil à Lillaia.
— Tu crois qu’il n’y a que les Jedi capables de tours de passe-passe ? railla aimablement sa coéquipière. Rien n’est impossible à la CorSec, que ce soit par la persuasion ou l’intimidation. En tout cas, j’aime l’idée de le savoir avec nous.

Isil approuva. Gofaï revint.
— Aimez-vous la pêche ?

Lillaia s’exclama avec une spontanéité toute calculée, sachant bien ce que leur hôte attendait comme réponse :
— J’adore ça ! La pêche au gros en particulier. Qu’allons-nous attraper dans les eaux corelliennes ?
— Eh bien, si nous avons de la chance, nous pourrions attraper un saulard tigré… c’est vraiment sportif d’en remonter un à bord. On dit que ses ailerons ont des vertus aphrodisiaques… en tous cas, ajouta-t-il en effleurant du bout des doigts les épaules de la militaire avant de la contourner pour aller s’asseoir à ses côtés, je suis grandement heureux que tu apprécies ce sport.
— Le saulard tigré n’est-il pas un mammifère marin protégé ? avança Isil s’attirant ainsi un regard foudroyant de sa coéquipière.
— Tu as raison, Isil. Mais où serait l’intérêt de ne faire que des choses autorisées… ou raisonnables, n’est-ce pas, Lillaia ?

Sa main s’était posée sur celle de la jeune femme qui ne la retira pas. Bien au contraire, celle-ci effleura de ses longs doigts ceux de l’homme en lui offrant le sourire le plus sensuel qu’elle pouvait lui prodiguer.
— C’est si excitant de braver les interdits, souffla-t-elle du bout des lèvres pendant qu’Isil tentait de maîtriser son agacement.

Un peu plus loin, appuyé contre le bastingage, Argail observait la scène, pas loin de partager sans le savoir les mêmes sentiments que la Jedi.
Un peu plus tard, le bateau avait perdu de vue la terre ferme et dansait sur une mer placide. Gofaï s’était installé sur l’un des transats de la plage arrière, au soleil caressant de cette fin de matinée. Isil avait suivi et Lillaia s’était mise en maillot pour s’allonger à son tour aux côtés de leur hôte.
Argail grinça les dents lorsque la militaire, minaudant à l’oreille de Gofaï, se débarrassa de son haut. Isil tourna la tête et son regard se perdit sur l’horizon cherchant dans la Force une sérénité qu’elle avait de plus en plus de mal à trouver tant une foule d’idées se mélangeaient dans son esprit : la tentative de séduction de Lillaia envers Gofaï, les Jedi Verts et leur façon de vivre, le Temple, le Code, les conseils de Maître Satele, les reproches de Maître Torve, Hiivsha… La mission de ce dernier l’obligeait-elle à agir envers des femmes comme Lillaia le faisait au même moment envers leur cible ? Rien que cette idée appela en elle un sentiment qu’elle ne se rappelait pas avoir jamais éprouvé. Était-ce une forme de jalousie ? Un écho lointain venu du fin fond de la Force résonna dans sa tête :
L’amour peut engendrer la peur… la peur de la séparation… la peur de la trahison, s’il n’est pas correctement assumé en toute confiance. Et la peur mène au Côté Obscur de la Force, Isil.

Le visage de Maitre Beno se dessina furtivement dans le ciel azur. La jeune Jedi ferma les yeux.
— Maître, murmura-t-elle, que dois-je faire ?

Gofaï se mit à discuter longuement avec Lillaia, d’art en général, d’artistes, de chefs d’œuvre, avec une connaissance évidente de son sujet. La militaire soutint brillamment le test avec une pertinence qui parut enchanter l’homme. Isil s’enferma dans la Force pour méditer et Argail prit place dans un fauteuil l’air renfrogné.


Au tout début de l’après-midi, le Mila jeta l’ancre au large d’un îlot circulaire désert, surmonté d’un pic central d’une centaine de mètres de hauteur et entouré d’une mini jungle mourant sur un cordon de plages de sable blanc. L’ensemble ne devait faire guère plus de deux ou trois kilomètres de diamètre. Le yacht jeta l’ancre à l’intérieur d’un lagon à une encablure du littoral dans une eau turquoise et transparente comme du cristal. Le fond était parsemé de coraux aux couleurs vives abritant une myriade de poissons multicolores.
— Nous allons prendre le déjeuner sur la plage, annonça Gofaï toujours allongé dans son transat en se redressant sur un coude. Vous aimez les goulastes grillées ?

Lillaia se mit debout en levant les bras pour s’étirer et jeta un regard circulaire aux alentours. L’œil d’Argail pétilla en admirant la plastique irréprochable de sa coéquipière.
— C’est magnifique, on dirait un paradis. Isil, ça te dis une petite séance de natation ?

La Jedi fit non de la tête. La militaire haussa les épaules.
— Tant pis !

Et sans qu’Argail puisse prévenir son geste, elle courut vers le tribord, bondit sur le bastingage et plongea d’un saut puissant et gracieux la tête la première. Il se mordit la lèvre pour ne pas crier son nom. On entendit presque aussitôt une voix qui criait :
— Je serai la première sur la plage !

Gofaï se leva l’air amusé et appela Mildon.
— Capitaine, faites sortir le canot !
— À vos ordres, monsieur.

Un instant plus tard, une partie de la poupe s’abaissait jusqu’au ras de l’eau en découvrant un petit hangar vite rempli d’eau où se mit à flotter un hors bord rouge. Un homme d’équipage le fit reculer pour le positionner contre une échelle de coupée déployée sur le flanc bâbord du yacht.
— Viens, Isil ! s’écria Gofaï avec dans la voix l’excitation d’un enfant. Essayons de rattraper Lillaia !

La militaire avait déjà parcouru plus de la moitié de la distance séparant le bateau de la plage d’un crawl impeccable et puissant.
Sur un geste de Gofaï, Argail les suivit dans la petite vedette qui tanguait mollement contre la coque. Aussitôt, le marin fit vrombir les deux puissants moteurs et prit la direction de la côte.
— Lillaia est une remarquable nageuse, s’exclama joyeusement Gofaï alors que celle-ci parvenait à la lisière des vaguelettes venant mourir sur le sable. Je pense que nous sommes battus.

En effet, juste avant que le hors bord ne touche le fond, Lillaia se relevait et achevait en sautillant les derniers mètres tout en levant les bras dans un geste de victoire.
— Bravo ! s’écria Gofaï en sautant à terre. Quel style ! Je suis ébloui par autant de grâce et de puissance !
— J’ai été championne de natation de mon université ! mentit Lillaia. Je trouve que je n’ai pas trop perdu.
— C’est le moins qu’on puisse dire, répondit le scientifique en prenant affectueusement la jeune femme par la taille pour la faire tourner dans ses bras en riant.
— C’est une île magnifique, avoua Isil en admirant la lisière de palmiers bordant la jungle, paresseusement penchés vers eux.

Déjà un second canot plus gros, apportant tout le matériel nécessaire au déjeuner arrivait avec quatre hommes d’équipage à son bord.
— Vous pouvez rester là, monsieur Robbs, avec mademoiselle Inolmo, lança Gofaï en prenant Lillaia par les épaules pour l’emmener avec lui le long de la plage.

Argail grommela quelque chose d’inaudible en les regardant s’éloigner.
— Du calme, Argail, chuchota Isil tout contre lui.
— Cette mission me tape sur les nerfs, grogna-t-il.
— À moi aussi, avoua la Jedi. Sans doute que nous nous sentons trop impliqués… il faut prendre du recul, revenir aux fondamentaux qui doivent prévaloir dans une équipe comme la CPM. Lillaia sait ce qu’elle fait et où sont ses limites.
— Mouais, je l’espère… mais c’est en ce porc que je n’ai pas confiance.
— Seriez-vous un peu jaloux, sergent Vif-Argent ? demanda Isil en levant des yeux de la couleur du lagon vers le militaire.

Celui-ci parut embarrassé et laissa une grimace lui échapper.
— C’est que je commence à m’attacher au sergent Sanders.
— Ce n’est pas un gage de sérénité, lâcha la Jedi. Il faut maitriser tes sentiments.

Et aussitôt elle pensa :
Serais-je capable de le faire si c’était Hiivsha avec une autre femme qui se promenait bras-dessus bras dessous sur cette plage ?
Elle s’assit sur le sable et plongea son visage dans ses mains en murmurant :
Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix, il n'y a pas de passion, il y a la sérénité...


(à suivre…)

Chapitre 13 : Pêche au gros (Fin 2/2)
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Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Sam 04 Avr 2015 - 17:31   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 13 : Pêche au gros (début 1/2)


CHAPITRE 13 - Pêche au gros
(fin - 2/2)


Un peu plus loin, Gofaï devisait doucement avec Lillaia toujours serrée contre lui. Ils avaient contourné une petite anse et n’étaient plus en vu des embarcations. Ses yeux glissaient sur le corps quasi dénudé de la jeune femme avec un évident plaisir, admirant sans retenue ses formes d’une évidente sensualité.
— Je dois t’avouer une chose, Lillaia.
— Rien qu’une ? minauda la militaire avec des yeux de chaton.
— Une parmi tant d’autres, avoua l’homme. Je suis absolument séduit par toi.

Nous y voilà, songea Lillaia avec satisfaction. Finalement Parker avait raison.
— Séduit ? Vraiment ?
— Oui. Séduit, conquis… et ce n’est pas seulement parce que tu ressembles trait pour trait à ma défunte femme.
— Réellement ? Elle… je veux dire, je lui ressemble donc à ce point ?
— Oui, tout en toi me la rappelle. Ton visage, ta silhouette, ta grâce, la douceur de ta peau… j’ai l’impression de la revoir en toi.
— Donc ce n’est pas vraiment moi que vous aimez, grimaça Lillaia avec une moue de dépit superbement feinte.
— Bien sûr que si ! protesta Gofaï. Là, je ne parle que de ton aspect physique irréprochable. Mais je tiens à souligner aussi ton intelligence et ta culture, ainsi que ta gentillesse… et j’ajoute que Mila s’intéressait moins aux choses de l’art que toi. Tu es donc plus parfaite qu’elle.

Lillaia se dit qu’en temps ordinaire, elle aurait dû rougir sous le compliment mais cela, elle ne pouvait se forcer à le faire. En échange, elle baissa la tête pour feindre le plus grand embarras et s’efforça de bafouiller :
— Vous ne m’êtes pas indifférent non plus, Tornik. Vous êtes vous aussi d’une rare intelligence et un homme intéressant. Et vous êtes si prévenant avec nous… On sent de suite chez vous une grande bonté d’âme, ajouta-t-elle en se mordant la langue pour éviter de sourire.
— Ce que tu dis me touches au-delà de tout ce que tu peux imaginer et…

Un grognement sauvage venu de la proche jungle les interrompit. Quelques hautes plantes bougèrent.
— Qu’est-ce que c’est ? s’exclama Lillaia tous ses sens en éveil.
— Attention ! cria Gofaï en apercevant un puissant animal bondir par-dessus le rideau de végétation avant de s’élancer vers eux.

Dans un nuage de sable, la bête s’arrêta à quelques mètres en grognant, les babines retroussées.
— Un chien lames, murmura Gofaï qui, d’un mouvement du bras, fit passer Lillaia derrière lui dans un geste éminemment protecteur. Ne bouge pas et ne montre pas que tu as peur.

La militaire regarda autour d’elle à la recherche d’un objet pouvant servir à se défendre.
— Il faut le fixer dans les yeux, continua le scientifique soutenant le regard fou du fauve derrière ses lunettes. Essaye de reculer lentement, sans te retourner… il y a un bâton derrière nous, si tu peux le prendre dans faire de mouvement brusque, tu me le passeras… ce sera toujours mieux que rien s’il attaque.

Ils se mirent à marcher en arrière centimètres après centimètres. L’immonde bête retroussa encore plus ses babines, découvrant des dents à faire frémir l’homme le plus courageux. Elles étaient pointues et affilées comme des poignards. Son corps était trapu et râblé, bas de la croupe et puissant du torse. Tout le long de sa colonne vertébrale se dressaient des sortes d’écailles affûtées qui justifiaient à elles seules le nom de l’animal.
— N’aie pas peur, Lillaia, je te protège.

La jeune femme ne put qu’admirer malgré elle le sang-froid de l’homme qui tenait en respect du regard, l’horrible bestiole. Combien de temps allait-il pouvoir le faire, c’était la question. Elle sentit contre son pied le bâton et se baissa lentement pour le ramasser du bout des doigts avant de le présenter dans le dos de Gofaï qui s’en saisit à tâtons.
— S’il attaque, je le frappe à la tête et toi tu piques un sprint vers le canot pour appeler du secours.
— Entendu, murmura Lillaia tout en cherchant une solution pour secourir Gofaï sans se démasquer.

Le grondement du monstre s’accentua et soudain, il s’élança et bondit sur eux la gueule grande ouverte. Gofaï leva le bâton promu au rang d’arme dérisoire et sans doute vaine, pour frapper la bête. Comme il arrivait sur eux, le fauve fut stoppé net dans son bond par un puissant tir de blaster logé entre les deux yeux. Le cadavre de l’animal tomba à leurs pieds tandis qu’Argail arrivait en courant prêt à tirer une seconde fois si nécessaire.
Avec un sang-froid forçant le respect, Tornik Gofaï lança à l’adresse du militaire en l’observant par-dessus ses lunettes :
— Rappelez-moi votre spécialité au sein de la CorSec, Robbs ?
— J’étais tireur d’élite, monsieur.
— Heureux de voir que vous n’avez pas perdu la main… et aussi de constater que vous n’avez pas obéi à mon ordre de m’attendre aux canots.
— J’ai estimé qu’il ne fallait pas que je vous perde de vue sur un rivage inhospitalier, répondit Argail avec humilité.
— Tireur d’élite, hein ? Combien de personnes avez-vous tuées ?
— Trop, sans doute, pour m’assurer un sommeil confortable.
— À ce point ? Eh bien, monsieur Robbs, vous venez de sauver deux vies. Voilà qui devrait adoucir vos tourments nocturnes. Quant à moi, je tâcherai de ne pas l’oublier.

Gofaï saisit ensuite Lillaia par les épaules et lui souffla en caressant sa joue :
— Tu n’as pas eu trop peur ?

De nouveau, la militaire s’efforça de baisser les yeux pour regarder ses pieds.
— Pas trop… je savais que vous étiez là, Tornik, et que vous me protégeriez.
— N’est-elle pas mignonne ? s’exclama le scientifique en adressant un regard à Argail avant d’embrasser la jeune femme sur les lèvres.
— Mais comment une telle bête peut-elle vivre sur une île déserte si petite ? murmura Lillaia.
— C’est la question que je me pose aussi, avoua Argail les poings crispés.
— Bah, c’est simple. Ces îles isolées servent parfois à des chasses illégales organisées de façon clandestine pour des aventuriers en mal de sensations fortes. On peut imaginer que ce chien est un rescapé de l’unes d’entre elles. Peut-être y en a-t-il d’autres errant dans cette jungle ? J’ai même entendu dire que ces chasses pouvaient aussi se pratiquer avec des esclaves ou des prisonniers, hommes, femmes, toutes races confondues, à la place de ces animaux.
— C’est immonde ! s’écria Lillaia. Vous voulez dire qu’on lâche des personnes dans la jungle et qu’ensuite on les chasse ?
— C’est cela, acquiesça Gofaï. Mais c’est également illégal.

Il la prit étroitement par la taille et repartit en direction des canots.
— En tout cas, voilà un incident que tu pourras raconter à tes enfants, sourit-il. Mais tu sais, la peur est salutaire. Elle te permet parfois d’accomplir des exploits dont tu ne serais pas capable en temps ordinaire.

Ils marchèrent un moment en silence. Argail les suivait à quelques pas, discrètement. Le micro de l’implant de Lillaia n’étant pas ouvert, il en était réduit à tendre l’oreille pour essayer d’entendre leur conversation parasitée par le bruit de la mer.
— J’ai un tas de questions aussi indiscrètes que personnelles à te poser, Lillaia, déclara Gofaï en approchant sa bouche de l’oreille de la jeune femme.

Celle-ci répondit doucement :
— J’y répondrai volontiers, Tornik.
— Je me demandais si tu étais ouverte à certaines choses… certaines pratiques…
— De quelles natures ?
— Eh bien, quels sont tes goûts en matière de…

Il s’était mis à parler si bas qu’Argail ne put entendre la suite. Marquant le pas, sa main frôla la crosse de son arme et l’espace d’un instant, il s’imagina transpercer le corps de l’homme d’un tir bien ajusté.
— La CorSec n’appréciera pas si tu le tues maintenant, se dit-il à voix basse. Ça viendra peut-être plus tard…
Puis il reprit un pas nonchalant pour les rattraper.


Après un excellent déjeuner et une sieste digestive sur le sable, tout le monde remonta à bord du Mila qui repartit vers la haute mer. De longues cannes furent disposées à la poupe du navire et des lignes pourvues d’appâts mises à l’eau pendant que le yacht ralentissait jusqu’à courir en silence sur son erre.
Gofaï tenait l’une des cannes. Il la couchait vers la mer et la relevait à intervalle régulier pour donner vie à ses appâts. À ses côtés, Lillaia essayait d’en faire autant. Isil avait, quant à elle, poliment refusé de se prêter à ce jeu.
L’après-midi était bien entamée lorsque Gofaï eut une touche.
— J’en ai un, cria-t-il tout excité en serrant la ceinture reliée à son siège. Il cala ses pieds sur une barre avant d’attacher la canne à son harnais. Il va y avoir du sport ! Capitaine, en route lente, cria-t-il vers la timonerie.

Aussitôt, les moteurs se rallumèrent et l’eau bouillonna au niveau de la poupe. Le filin de la canne se tendit férocement.
— Pas trop vite ! cria encore Gofaï à l’attention du pilote. Il faut le fatiguer, pas casser la ligne.

Il commença à activer la manivelle d’un énorme moulinet qui se mit à cliqueter.
— J’aime le faire à l’ancienne, commenta-t-il, évoquant les plaisanciers qui utilisaient un treuil automatique géré par un ordinateur pour optimiser la traîne.

Au bout de plusieurs minutes, on put apercevoir dans le sillage écumant du bateau, une forme oblongue se débattre à la surface de la mer. Cela ressemblait à un gros poisson noir rayé de blanc, surmonté d’une grande nageoire dorsale qui retombait sur elle-même.
— Un saulard tigré, cria Gofaï au comble de l’excitation. Nous avons de la chance, il n’y en a plus beaucoup dans ces eaux !

On se demande pourquoi ! s’exclama amèrement Isil dans son for intérieur.
— C’est un gros, un mâle à en croire la forme de sa nageoire caudale, continua Gofaï en moulinant. Il a l’air retors, le bougre !

D’un seul coup la ligne se ramollit et se mit à pendre au sommet de la canne.
— Il vient vers nous ! cria Gofaï. Il essaye de se décrocher. Capitaine, accélérez l’allure !

Le bateau fit un bond en avant. Le scientifique se concentra sur la manivelle de son moulinet pour absorber le mou de la ligne. Isil accoudée au bastingage grommela en direction d’Argail posté à côté d’elle :
— Et après on se demande pourquoi des espèces s’éteignent. Cet homme se fiche royalement de la loi.
— Plus on est riche et influent, plus on se contrefiche des lois… c’est pour cela qu’il y a tant de corruption au Sénat Républicain entre autre, répondit le militaire sans aucune illusion.

La ligne s’était retendue. Le mammifère avait fait sa réapparition dans le sillage. La lutte dura une bonne demi-heure puis soudain Isil prit une décision.
— Y’en a assez, décida-t-elle en s’enfonçant dans la Force.

Son esprit remonta le long du filin d’acier jusqu’à entrevoir la signature de l’animal qui se débattait désespérément au bout du crochet. Elle voyait ce dernier et se concentra sur lui pour lui faire changer de forme.
Gofaï moulinait à grand peine tentant de déjouer les puissants coups de queue du saulard.
— Il va bien finir par flancher ! s’exclama-t-il à l‘adresse de Lillaia. Je ne capitulerai pas !

Au même moment, la ligne devint toute molle et le scientifique fut projeté sur le dossier de son siège par le manque soudain de résistance.
— Nom d’un bantha ! cria-t-il. La ligne s’est cassée ? Impossible !

Il moulina fébrilement jusqu’à ce que le bas de ligne remonte dans les airs. Stupéfait, il observa le crochet tordu, presque droit.
— C’est à peine croyable, il a réussi à tordre ce fichu hameçon ?

Dans le sillage, le saulard tigré fit une pirouette dans les airs. Voulait-il narguer le pêcheur déconfit ou remercier celle qui l’avait sauvé, personne ne le sut, mais il disparut dans les profondeurs de l’océan au grand dam du scientifique au comble de la perplexité.
— C’est la première fois que je vois ça, grognait-il. Ça par exemple ! Tu as vu ça Lillaia ?

La militaire lança discrètement un regard reconnaissant à la Jedi avant de compatir ostensiblement au malheur de leur cible.
— Un de perdu, dix de retrouvé, Tornik. Ce sera pour la prochaine fois.

Elle s’était approchée de lui avec une mignardise affectée. Gofaï retrouva instantanément son sourire en lui prenant la main.
— Tu as raison, Lillaia. Tu as absolument raison.

Puis il cria à l’attention de la timonerie :
— Capitaine, cap sur Tyrena, nous rentrons !
*
* *

Argail avait fini sa journée. Considérant que le scientifique rentrait avec ses deux amies sur Coronet City, il en fit de même et reprit son inconfortable poste au sommet de la colline.
La nuit était tombée et le repas avait pris fin dans le manoir somptueusement illuminé. De son observatoire improvisé, Argail pouvait voir par les nombreuses fenêtres et galeries vitrées, le ballet des droïdes qui s’affairaient dans la demeure. Gardes, serveurs, droïdes d’entretien… il ne devait pas y avoir d’autres êtres humains que le scientifique et les deux jeunes femmes.
— Philanthrope ? Tu parles, commenta Argail les yeux rivés à ses jumelles. Misanthrope, oui !

Lillaia décida d’occuper une chambre à côté de celle d’Isil au grand contentement de leur hôte. La jeune Jedi se retrouva donc le moment venu toute seule dans sa suite avec ses pensées. Elle avait laissé Gofaï et Lillaia discuter sur le seuil de la chambre de celle-ci. Le micro de la militaire étant fermé, elle ne put savoir ce que les deux personnes se disaient. Mais comme elle entendait du bruit dans le couloir, elle entrebâilla sa porte et put les voir ensemble se diriger vers la chambre du scientifique en se tenant par la main. Visiblement, Lillaia avait décidé de donner un coup d’accélérateur à leur mission. Elle tapota son implant décidée à faire un compte-rendu de la situation à Argail avant de se raviser : il n’était après tout, pas vraiment indispensable que celui-ci soit informé du fait que leur coéquipière allait passer la nuit avec leur cible.
Comment ça se présente en bas ? demanda la voix d’Argail un moment plus tard.
— Pour ma part, ça va, répondit Isil. Je me sens lasse et je crois que je vais bien dormir.

Ils entendirent Lillaia souffler aussitôt :
Idem pour moi.

Puis la militaire coupa son micro comme Gofaï sortait de la salle de bain. Isil se laissa tomber sur son lit et ses pensées s’éloignèrent à travers la galaxie comme pour essayer de rejoindre celui qui ne cessait de hanter malgré elle ses pensées.


(à suivre... )



Chapitre 14 : Le laboratoire (début 1/2)
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Messagepar Hiivsha » Dim 12 Avr 2015 - 14:15   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 13 : Pêche au gros (début 1/2)
Chapitre 13 : Pêche au gros (Fin 2/2)




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14 - Le laboratoire


(Début 1/2)


Deux jours s’écoulèrent durant lesquels la notion de catalogue fut largement occultée par l’intérêt croissant et quasi exclusif que Gofaï portait à Lillaia.
Celle-ci semblait l’avoir subjugué. Au grand dam de ses coéquipiers, elle restait enfermée des heures durant avec leur hôte, ne ressortant que pour plonger dans la piscine où ils batifolaient alors comme des enfants. Puis ils s’étendaient dans l’herbe rase pour discuter longuement de choses que ni la Jedi, ni le militaire ne pouvait écouter, Lillaia n’activant plus son micro.
Le temps passant, Isil avait de plus en plus l’impression de tenir la chandelle à un couple d’amoureux. Si elle n’avait pas été certaine que tout cela n’était qu’une simulation de la part de sa coéquipière, elle aurait sûrement quitté les lieux sans délai. Mais la mission était là et elle nécessitait une mise en confiance absolue de leur hôte afin d’avoir une chance de le faire parler. Nul doute que si quelqu’un pouvait parvenir à lui tirer les vers du nez, c’était Lillaia.
Depuis le matin, Gofaï n’avait pas quitté la jeune femme d’une semelle. Isil culpabilisait de ne rien pouvoir faire d’utile. Profitant de ce que les deux tourtereaux s’étaient encore enfermés dans l’un des salons, renseignée par de petits cris et des soupirs éloquents sur la nature de leur occupation, la Jedi décida de se lancer dans une exploration de la demeure.
Les pièces se succédèrent et ne révélèrent aucun secret apparent. Elle en profita pour avoir plusieurs discussions avec quelques droïdes aussi aimables que dévoués, du moins avec ceux équipés d’une synthèse vocale. Elle apprit ainsi que dans le temps la domesticité avait été humaine, d’origines diverses, et que le nombreux personnel logeait alors dans les étages supérieurs occupés à présent par des logements vides. Puis les choses avaient changé avec la mort des parents de Gofaï, ce dernier ayant remplacé progressivement les gens de maison par des droïdes construits dans ses propres usines. Elle apprit également que des années plus tôt, d’immenses travaux avaient eu lieu à l’arrière de la propriété au pied de la colline et qu’une sorte de laboratoire sous-terrain y avait été enterré. Le droïde de protocole l’emmena jusqu’au bout d’une des ailes du manoir pour lui montrer l’unique ascenseur qui permettait d’y descendre. Il fallait pour cela un code que seul le maître détenait. Un imposant et inquiétant droïde d’assaut se tenait juste à côté, en apparence désactivé.
Isil ressortit de la demeure et se campa au bord de la piscine cherchant des yeux sur la colline la position supposée d’Argail à qui elle fit son compte-rendu, sachant pertinemment que Lillaia l’entendrait également.
Est-il possible de pirater le terminal qui gère l’ascenseur ? demanda Argail lorsqu’elle eut terminé.
— Pas sans laisser de traces, répondit la Jedi. Le système est trop complexe. Par ailleurs, il y a un redoutable droïde de garde devant en permanence. Je le soupçonne de n’être pas vraiment inactif malgré son apparence endormie.

Une voix chuchota dans leur écouteur :
C’est bon, je m’en occupe. Laissez-moi encore un peu de temps. J’ai pas mal progressé… je vous raconte ça plus tard.
— D’accord, reprit la Jedi. Mais il ne nous reste plus que ce soir pour agir. Dans deux jours le Defiance sera de nouveau être opérationnel et nous allons devoir nous occuper de notre véritable mission.
En supposant que Maître Dina a retrouvé l’épave du Vindicator, objecta Argail.

Comme il disait ces mots, Lillaia et Gofaï sortirent en peignoir de bain de l’une des portes fenêtres donnant vers la piscine. L’un et l’autre avaient les cheveux en bataille et un visage épanoui bien éloquent.
— Ah tu es là, Isil ? lança leur hôte. Tu te fais rare !

La Jedi inspira profondément pour être assurée de répondre d’un ton neutre.
— Je pense que c’est l’inverse… vous disparaissez souvent tous les deux depuis quelque temps.

Ils s’approchèrent. Gofaï ôta son peignoir et le lança sur une chaise longue.
— Nous nous amusons, précisa-t-il en ajustant son maillot.

Il passa dans le dos d’Isil et enserra sa taille avec les bras.
— Pourquoi ne viens-tu pas t’amuser avec nous, tu es la bienvenue… n’est-ce pas Lillaia ?

La militaire avait également posé son peignoir et s’était avancée jusqu’au bord de la piscine.
— Bien sûr, acquiesça-t-elle. D’ailleurs je suis sûre que ce soir, Isil serait partante pour une petite soirée tous les trois.

Comme Gofaï avait les yeux baissés vers le cou de la Jedi, Lillaia jeta à celle-ci un regard impérieux qui en disait long sur la réponse attendue. Après une seconde d’hésitation, Isil accepta de dire :
— Oui… entendu, je suis partante.
— Formidable ! s’exclama le scientifique d’humeur affectueuse.

À son corps défendant, la Jedi laissa un instant les mains de leur hôte courir sur sa peau afin de ne pas le brusquer, puis elle glissa avec un petit gloussement d’entre ses bras pour s’échapper coquettement en direction de son amie. Parvenue tout contre elle, elle murmura sèchement :
— À quoi tu joues ?

Lillaia répondit entre ses dents dans un grand sourire adressé au scientifique tout en tapotant l’arrière de son oreille :
— Joue le jeu. Ce soir, on passe à l’action.
Reçu, fit Argail derrière ses puissantes jumelles. Essayez de me garder une part du gâteau.

La militaire plongea, telle une sirène et fut aussitôt rejointe par Gofaï aussi enthousiaste qu’un enfant. Devant leurs appels insistants, Isil finit par ôter sa robe et piqua à son tour une tête.


Un peu avant le repas, les deux jeunes femmes se retrouvèrent dans la chambre d’Isil, Gofaï s’étant excusé un moment auprès de Lillaia.
— Enfin seules, soupira celle-ci. On va pouvoir discuter.
Et moi ? protesta la voix d’Argail. Je compte pour du beurre ?
— Non, d’ailleurs j’ai besoin de toi.
Ça fait toujours plaisir à entendre… annonce !
— Je veux un nombre à neuf chiffres en rapport avec Gofaï et, je le soupçonne, sa vie privée, contenant la séquence 3120 quelque part dedans. Contacte Parker immédiatement !
D’accord. Tu veux me dire pourquoi ?
— Si tu es capable de discuter avec la CorSec tout en restant à l’écoute, tu vas le savoir.
Pas de problème… mon cerveau peut suivre plusieurs conversations à la fois. Je reviens vers toi dès que j’ai quelque chose.
— Ok.

Lillaia arpenta pensivement le salon de la suite d’Isil, puis alla se servir un verre d’alcool avant de venir s’asseoir à ses côtés.
— Bon, écoutez-moi bien. Ces deux derniers jours… surtout depuis hier soir, j’ai obtenu pas mal de confidences sur l’oreiller de la part de notre cible. Il est visiblement très amoureux de moi et n’a plus aucune méfiance à mon encontre.

Son visage s’était tendu.
— Ça va ? s’inquiéta la Jedi.
— Oui, oui. Figurez-vous qu’hier soir, il était presque minuit, en plein préliminaires, il m’a demandé si je voulais le suivre dans ce qu’il appelle son antre des plaisirs.
— Tu as dit quoi ?
— Ben, que voulais-tu que je lui dise ? On a filé au bout de l’aile centrale et là, on a pris le fameux ascenseur dont tu parlais cet après-midi.
— Vraiment ? Tu as pu voir le code ?

Un petit rire se fit entendre.
Je parie qu’elle n’a pu voir que la séquence 3120, non ?
— C’est que le sergent Vif-Argail commencerait à devenir perspicace, persifla Lillaia. En tout cas, je n’ai effectivement pas pu voir les autres chiffres.
— Alors ? pressa Isil. Il y a bien un laboratoire ?
— Oui. Un complexe plutôt étendu dont je n’ai sans doute pu visiter qu’une partie.
— Qu’est-ce que tu as vu ?
— Eh bien, c’est délicat… il y a en bas des pièces réservées à des exercices assez particuliers qui n’ont rien à voir avec la recherche scientifique… bien entendu, si on considère que le plaisir n’a rien de scientifique.
Je vois, grinça la voix d’Argail.
— Seul un grand malade a pu créer bon nombre de ces… je ne sais pas comment dire… machines. Un esprit tordu, pervers… malade.
— Mais tu vas bien ? répéta Isil en se penchant vers elle.

Lillaia arrangea la frange de ses cheveux.
— Oui. Bizarrement, c’est la première fois que j’ai peur durant ce genre de mission… enfin je veux dire, peur à un moment pareil. J’ai beau me vanter d’avoir de l’entrainement et de la résistance pour un certain nombre de pratiques… là, j’ai vraiment eu peur.
— Qu’est-ce qui s’est passé ?

Lillaia vida son verre.
— Justement, de façon étonnante, il ne s’est pas passé grand-chose… et tant mieux. Nous nous sommes… amusés, dans un salon simplement équipé d’accessoires absolument inoffensifs… genre de ceux qu’on trouve dans la plupart des maisons spécialisées du quartier bleu de Coronet City… mais sans plus.
Peut-être se réserve-t-il pour plus tard, ce gros porc ? grogna Argail dans l’écouteur.
— Peut-être… murmura Lillaia qu’on pouvait sentir perplexe. Je ne sais pas… je ne l’imagine pas…
— N’oublie pas les filles qu’on a retrouvées mortes, intervint Isil avec de la dureté dans la voix. Ne te laisse pas influencer par son apparente gentillesse.
Et puis, s’il a conçu ces machines, c’est bien pour s’en servir, non ? reprit Argail.
— Évidemment… laissa tomber Lillaia. Quoiqu’il en soit, au fond de cette première zone… intime, il y a ce qui m’a semblé être un panneau mural en duracier blindé, contrôlé par un nouveau code et protégé par deux droïdes d’assaut plutôt impressionnants mais qui ont l’air inactifs. Ce panneau pourrait bien donner sur une seconde partie d’installations. Peut-être le laboratoire secret de Gofaï ?
— L’endroit où il pourrait cacher son I.A. et la machine servant à la dupliquer ?
— Je pense que oui, répondit la militaire à la Jedi. De ce qu’il m’a dit depuis deux jours, il conserve ici son grand projet. Un projet qui révolutionnera selon lui toute la galaxie. Ça ne peut être que ça.
De toute façon, nous n’avons plus le temps de tergiverser, fit Argail depuis la colline. Soit c’est là et on s’en empare, soit c’est ailleurs et la mission a échoué. Au pire, on s’empare de Gofaï et on le force à parler. Isil tu saurais y arriver ?
— Non, la Force ne peut pas agir sur un esprit aussi brillant que le sien.
Tant pis, il y a d’autres moyens… je pense que Lillaia sait de quoi je parle.

La militaire baissa la tête sans répondre en entendant Argail. Ce fut Isil qui répondit sèchement :
— Il n’est pas question de torture, Argail. Pas sous mon commandement !
À toi de voir… mais je répète, on n’a plus le temps. Il faut agir. Au fait, Lillaia, ta série de chiffres…
— Oui ?
Les cryptographes du GIS pensent qu’il peut s’agir de la date de naissance de la femme de Gofaï, à l’envers.

Il énonça la séquence exacte. Lillaia reprit :
— Oui, ça doit être cela… ça correspond aux mouvements de son poignet.
Bon, alors, qu’est-ce qu’on attend ? demanda Argail.
— Il faut essayer de le faire sans attirer l’attention, proposa Isil.
— J’ai une idée. Ce soir, après le repas, Gofaï veut organiser une petite soirée… avec toi aussi, Isil.
— Une soirée ? Tu veux dire une… soirée…

Lillaia se mit à rire pour détendre l’atmosphère. Argail ricana :
Ce n’est pas possible, ce type n’est pas humain. Il ne se repose jamais ? Combien de fois par jour tu… enfin, je veux dire, toi et lui…

La militaire laissa échapper un geste d’agacement.
— Revenons à la mission, voulez-vous ? Isil, ce soir on donne le change. Je te demande juste de le mettre en confiance et de penser à autre chose qu’à ton contrebandier l’espace d’un instant. Quand le moment sera venu, j’amènerai trois coupes de vin. Celle de Gofaï sera droguée. Le genre de substance qui ne te laisse aucun souvenir au réveil. Si besoin, il nous suffira de prétendre que la soirée a été jusqu’au bout, que c’était excellent, etc… Nous aurons toute la nuit pour nous rendre dans le laboratoire sous-terrain pour le fouiller de fond en comble.
— Et le droïde de garde ?
— J’ai l’impression que les droïdes ont ordre de nous laisser faire ce que nous voulons tant que nous n’enfreignons pas les règles. Si nous nous servons du code et que celui-ci est exact, je suppose qu’il ne dira rien.
En admettant que le code soit le bon, souligna Argail. Que ferez-vous si ce n’est pas le cas ?
— Plan B, déclara Lillaia. On casse le droïde et j’essaye de pirater le système par la force brute.
Et avec quel matériel ?
— J’ai glissé dans ton sac, une trousse qui contient tout ce qu’il me faut. Tu me l’enverras par les airs avec le mortier que je t’ai demandé de prendre en cas de besoin.
J’essaierai de bien viser, sergent Sanders.
— On m’a dit que le sergent Vif-Argail était un as à cet exercice… m’aurait-on menti ?
— Bon, on n’en est pas encore arrivés là, reprit Isil vivement. Concentrons-nous sur ce qui est sûr.
*
* *

La nuit était tombée et leur hôte se montrait d’excellente humeur, plaisantant à tour de bras en arrachant des larmes de rires à ses invitées. Isil se demanda si Lillaia n’était pas véritablement sous le charme de l’homme et elle dut reconnaître au fond d’elle-même qu’il y avait de quoi. Contrairement à ce que Parker avait décrit, Gofaï ne ressemblait en rien à un psychopathe narcissique ou un pervers capable de torturer et d’assassiner des jeunes femmes. Mais son Maître lui avait aussi appris combien les apparences savaient parfois se montrer trompeuses.
— J’ai envie de passer une bonne soirée en votre compagnie à toutes les deux, décida-t-il après une partie de billard. Et demain, c’est promis, Isil, je serai disponible pour que tu m’interviewes. Ce sera pour toi une grande première !

Celle-ci sourit aimablement en remerciant du front et arrangea quelques cheveux tombés devant les yeux.
Maître Beno m’avait dit un jour que les missions des Jedi étaient des plus variées, mais là… songea Isil.
— Allez vous changer, proposa l’homme, je vous attends dans le grand salon, nous y écouterons de la musique en nous divertissant.

Le regard de la Jedi croisa celui de sa coéquipière qui l’encouragea d’un signe avant d’obtempérer et de se diriger vers sa chambre. Isil accéléra le pas et se rendit dans la sienne. Quelques minutes plus tard, elle déboulait les yeux courroucés dans celle de la militaire qui venait d’enfiler une chemise de nuit courte taillée dans la plus fines des dentelles. La Jedi tenait à bout de bras un vêtement similaire de couleur rouge vif.
— Tu crois vraiment que je vais m’abaisser à porter ça ? s’exclama-t-elle. Il n’en est pas question !

Lillaia leva les yeux au ciel. La voix d’Argail se fit entendre :
Qu’est-ce qui se passe, les filles ?

Isil leva le ton d’exaspération.
— Et arrêtez de dire « les filles » en parlant de vos coéquipières, sergent Vif-Argent !

Sur sa colline, le militaire essaya d’imaginer l’objet du courroux de la jeune femme.
Bon, bon, fit-il d’une voix apaisante, mille excuses chevalier, je ne pensais pas à mal en le disant. Mauvaise humeur ?
— Isil n’a pas l’air d’apprécier la lingerie fine et rare, assura Lillaia avec une pointe d’ironie.

Sa coéquipière la foudroya d’un regard d’acier.
— Ce que Lillaia appelle lingerie fine, je lui donne un autre nom… en fait ça cache aussi peu de choses qu’un filet à provisions.
J’imagine sans mal…
— Je t’interdis de l’imaginer ! trancha Isil d’un ton acerbe.
Alors… je ne dis plus rien, décida Argail.
— Je pensais que les Jedi ne laissaient pas leurs émotions dicter leur conduite, rappela la militaire d’un ton sec. Excuse-moi, Isil, mais je trouve que depuis quelque temps, tu les laisses beaucoup s’exprimer ces émotions que vous n’avez pas ! D’accord, je ne suis pas un Maître Jedi… mais je constate, c’est tout. Est-ce que ça a à voir avec l’absence du capitaine Hiivsha dont je note également que tu as emprunté le nom pour cette mission ?

Isil ne répondit rien et se laissa choir sur le lit au bord duquel elle resta un moment assise en silence. Ce pouvait-il que son amie ait raison ? Que son trouble vienne réellement de la séparation d’avec le contrebandier parce qu’elle vivait mal cette situation ? Son amour pour lui était-il la cause de sa colère et de son malaise tout au long de cette mission ?
Je perds pieds, pensa-t-elle en s’efforçant de retrouver une certaine forme de sérénité dans la Force. Voilà sans doute pourquoi le Code proscrit les sentiments et les émotions… justement pour éviter ce qui m’arrive en ce moment.
L’amour et la sérénité étaient-ils donc irrémédiablement antagonistes ? Un goût d’amertume s’installa dans sa bouche. Comment donc faisaient Maître Dina et Maître Lansil pour concilier les deux ? Elle se promit, le moment venu, de s’en ouvrir à eux et de le leur demander.
Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix… Il n'y a pas de passion, il y a la sérénité… se répéta-t-elle plusieurs fois comme un mantra, les yeux clos.
Lillaia sentant le trouble intérieur de son amie s’était assise à ses côtés, respectant son silence et attendit qu’elle sorte de sa méditation. Une longue inspiration lui signifia que la Jedi avait reprit le contrôle d’elle-même. De fait, Isil rouvrit les yeux. Il y avait au fond de ceux-ci, non plus de la colère ni même de la gêne, mais de la résolution teintée de certitude.
— Ne faisons pas attendre notre cible, dit-elle d’une voix totalement maîtrisée tout en changeant de vêtements. Allons-y, je suis prête, quoiqu’il advienne.
Que la Force soit avec vous deux, lâcha Argail dans son micro.

Les deux jeunes femmes redescendirent vers le grand salon feutré dans lequel les attendait Gofaï puis elles prirent place de part et d’autre de lui, sur un large canapé.


(à suivre…)

Chapitre 14 : Le laboratoire (Fin 2/2)
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Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Jeu 16 Avr 2015 - 15:52   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 14 : Le laboratoire (début 1/2)


CHAPITRE 14 - Le laboratoire
(fin - 2/2)


Contre toute attente, le temps passa agréablement en sa compagnie. Plus d’une fois il fit rire les deux jeunes femmes aux éclats en leur racontant de façon humoristique avec un grand sens de la dérision, ses déboires de collège ou de lycée. Lorsque l’ambiance fut bien détendue, il commença à se permettre quelques gestes annonciateurs de moments plus intimes. Lillaia se leva alors avec grâce en proclamant son envie de vin. Elle se rendit à un meuble-bar sur lequel une bouteille millésimée apportée un instant auparavant par un droïde, patientait au frais. La militaire ne tarda pas à revenir avec trois coupes remplies. Gofaï abandonna un instant le corps d’Isil pour prendre celle tendue par Lillaia avant de la lever haut devant lui.
— À l’amour retrouvé, lança-t-il joyeusement. Et au plaisir ! ajouta-t-il avant de vider son verre d’un trait.

Lillaia et Isil en firent de même et reprirent place dans les bras de l’homme pour attendre sagement les premiers effets du somnifère dilué dans le vin donné à leur cible.
Le monde est incertain, se surprit à songer Isil en observant les murs de la pièce danser autour d’elle. On croit connaître les choses, mais on ne sait rien d’elles. Que devient la lumière lorsqu’on l’éteint ? Pourquoi Hiivsha me dévisage-t-il ainsi ? Et d’abord, comment se fait-il qu’il soit présent dans cette pièce ?
Elle abaissa un instant ses paupières puis essaya de les relever. Elles étaient de plomb.
Pourquoi mes pensées sont-elles désordonnées ? Tout cela ne veut rien dire…
La Jedi se rendit compte que ses membres ne lui répondaient plus.
Je suis paralysée, pensa-t-elle, pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
Avec effort, elle rouvrit un œil. Les murs ondulaient mais avaient cessé de tourner autour d’elle et sa vision était trouble.
Droguée ? Lillaia m’a droguée ? Pourquoi a-t-elle fait ça ?
Isil essaya d’allumer son implant mais n’en trouva pas la force. Sa bouche elle-même resta de marbre lorsqu’elle voulut l’ouvrir.
Ne pas m’endormir… ne pas dormir… se répétait-elle. Argail… la cantina du pont quatre… empoisonnée… lutter contre la diffusion du poison…
Elle avait lutté contre l’alcool des mécanos, il fallait qu’elle lutte contre le poison qui courait dans ses veines. La Force. Se servir de la Force. Se plonger dans les lignes irradiant de son propre corps, entrer par l’esprit dans l’infiniment petit, dans ses veines. Maître Beno appelait cela le « curato salva », le contrôle de la douleur et la réparation salvatrice de son propre corps ; la possibilité d’évacuer les psychotropes et autres substances nocives du sang en les réduisant à néant. Qu’avait dit Jaster Darillian lors d’un entretien avec la Padawan sur Coruscant ? « Tu seras une grande guérisseuse Jedi ! » Son père biologique. L’assassin de ses parents !
Concentre-toi, songea-t-elle, ne laisse pas tes pensées t’exhumer de la Force… Par la Force tu peux tout. Tu dois y arriver…
Elle remua les jambes et essaya de se relever mais ses muscles la trahirent et elle s’effondra sur le tapis face contre terre.
Résister… il faut résister… le poison… détruire le poison…
La Force était à l’œuvre dans son corps. Les molécules coupables étaient à présent traquées comme un ennemi dans un labyrinthe microscopique. Traquées, débusquées et détruites. Un long combat qui durant de trop longues minutes.
Fatiguée… je suis fatiguée, pensa Isil avec découragement. Dormir… dormir juste un peu… après ce sera mieux…
Ses paupières se fermèrent de nouveau. Soudain la voix d’Argail retentit derrière son oreille.
Alors, mesdemoiselles, ça avance ? Je conçois bien que vous ne souhaitiez pas que je participe à vos ébats… mais je vous rappelle que nous n’avons que cette nuit pour en terminer avec cette mission pourrie.

Il y avait un peu d’anxiété dans sa voix. Le cerveau d’Isil se remit à fonctionner.
La mission… terminer la mission… Lillaia… Et si c’était Gofaï qui au final avait eu le dernier mot ? Si le vin avait été drogué ? Mais pourquoi Gofaï n’avait-il pas succombé au somnifère de Lillaia ?
Le corps de la Jedi s’agita sur le sol. Il lui fallait reprendre la lutte contre le poison. Reprendre et gagner la lutte.
Et si Lillaia était en danger ?
Cette idée boosta son énergie. Les doigts de ses mains commencèrent à bouger. La Force était à l’œuvre et achevait la destruction des molécules ennemies. Isil reprenait lentement ses esprits et retrouvait l’usage de ses sens. Lentement, elle se recroquevilla sur ses genoux et fit des yeux le tour de la pièce : elle était vide. Péniblement, elle se remit debout en s’appuyant au dossier du canapé puis frotta son visage d’une main. Son doigt tapota l’implant.
— Argail ?
Ah enfin des nouvelles, je commençais à me demander…
— Lillaia a disparu avec Gofaï, coupa Isil.
Encore ? Ils sont insatiables…
— J’ai été droguée… localise-la.
Une seconde… droguée tu dis ? Ça va mieux ?
— Oui, ça va aller. Tu l’as localisée ?
Eh bien, techniquement, elle se trouve sous la pelouse du jardin, au sud de la piscine.
— Le labo… ils sont dans le laboratoire. Je vais y aller. J’ai de nouveau un pressentiment de danger pour Lillaia. Je ne crois pas qu’ils y soient allés pour y faire de galipettes. Argail, je monte sur le toit, envoie-moi mon sabre laser avec le mortier.
D’accord… Tu ne préfères pas que je vienne ?
— Pas pour l’instant. D’abord, je peux me tromper, ensuite, si tu viens, nous aurons tous les droïdes de la maison sur le dos et crois-moi, certains sont lourdement armés.
Bon, ok, mais je me tiens prêt à intervenir. S’il y a le moindre accroc, j’arrive et je casse tout.
— Entendu. Voilà, j’arrive… juste un petit saut…

Elle était montée au troisième étage et sortie sur une terrasse située au bout d’un couloir. D’un puissant saut de Force, elle s’élança pour se retrouver sur le toit.
Je te vois, annonça Argail. Attends, je règle l’appareil… ce serait dommage que ton sabre atterrisse dans la piscine. Je m’en voudrais que tu doives en plus prendre un bain habillée comme ça.
— Toujours très attentionné, je constate. J’attends ton tir.
Voilà… ça arrive, attention !

Il déclencha l’appareil qui émit un claquement sec. Aussitôt, un cylindre foncé se mit à tournoyer en direction du manoir en décrivant une longue parabole dans l’air tiède de la nuit.
— Je le vois, s’exclama Isil aidée par la Force.

Elle tendit une main vers le ciel pour modifier la trajectoire de l’objet qui dévia vers elle jusqu’à se jeter entre ses doigts. Aussitôt Argail vit s’allumer le long trait vert caractéristique de la lame du sabre laser de la Jedi.
Bravo, fit le militaire. Fais attention à toi.
La lame tournoya plusieurs fois dans l’obscurité du toit comme pour lui répondre.



Lorsque Lillaia revint à elle, la première chose qu’elle aperçut du coin de l’œil, fut la seringue qu’une main retirait lentement de son cou. Elle comprit ensuite que la main appartenait à Gofaï et, lorsqu’elle voulut bouger, elle constata qu’elle ne le pouvait pas. Ni les bras, ni les jambes. En fait, tout son corps avait disparu dans un sarcophage brillant comme de l’acier et dans lequel elle était enfermée. Seule sa tête en ressortait. Ses yeux balayèrent l’espace visible et elle en conclut qu’ils se trouvaient dans les sous-sols du manoir dans l’une des pièces précédemment visitées.
Et dans l’une des machines ! songea-t-elle en maîtrisant une onde d’effroi.
— Te revoilà parmi nous, douce Lillaia, commenta Gofaï d’une voix neutre plutôt avenante.
— Où est Isil ?
— Ton amie va bien. Disons qu’elle va dormir un long moment… un peu comme si elle avait bu le somnifère que tu me destinais.

Lillaia se mordit la lèvre inférieure.
Évite de paniquer, se dit-elle en réfrénant l’emballement de son cœur.
— Quel somnifère ? demanda-t-elle crânement.

Gofaï émit un léger rire et caressa la joue de la jeune femme.
— Vous avez sans doute pensé à examiner vos chambres lorsque vous vous y êtes installées, sans doute pour y trouver un hypothétique dispositif d’espionnage. Mais vous n’avez rien trouvé et cela vous a mis en confiance. Avez-vous inspecté vos chambres depuis ?

Un frisson parcourut la moelle épinière de la militaire. De nouveau, elle tenta de mobiliser ses membres, mais elle ne sentit que le froid de l’acier sur sa peau nue. On aurait dit que chacun d’entre eux était enfermé dans un cylindre, un peu comme dans un moule.
Il sait ! songea-t-elle amèrement. Il a dû piéger nos chambres il y a un ou deux jours.
Elle s’en voulut aussitôt de ne pas avoir prévu pareille possibilité.
— Vous avez bu la coupe que je vous ai tendue, laissa échapper Lillaia désemparée.
— Et je ne me suis pas endormi entre vos bras, s’exclama le scientifique. Me croyais-tu bête à ce point ? Tout le vin était drogué… sauf que sur moi, les drogues n’agissent pas.
— Pourquoi suis-je dans ce caisson ?
— C’est une drôle d’invention, n’est-ce pas ? Un si beau corps, nu à l’intérieur, offert à toutes sortes de sensations. Le froid… le chaud… le froid… instantanément et à la température qu’on souhaite. Zéro degré ? Brrr… Moins trente ? Un froid polaire auquel il ne fait pas bon être exposé trop longtemps. La seconde d’après cinquante degrés. Ouf, quelle chaleur ! Le désert de Tatooine dans une boîte… Tu vas sûrement apprécier.
— Laissez-moi sortir !
— Qui que tu soies, tu n’es pas en position de donner des ordres, Lillaia… surtout que tu m’as brisé le cœur, car vois-tu, je n’ai absolument pas feint mon affection pour toi, et ce, depuis que nous nous sommes rencontrés. Rencontre arrangée si j’ai bien compris.
— Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

Les doigts de l’homme glissèrent de la joue de sa prisonnière au cou sur lequel ils se resserrèrent. Privée d’oxygène, Lillaia émit un râle en ouvrant la bouche pareil à un poisson hors de l’eau.
— Je t’en prie, Lillaia, ma chérie, ne te moque pas de moi. Après tout ces bons moments passés ensemble… et cet amour que je t’ai donné…

La pression de ses doigts se relâcha. La jeune femme avala précipitamment plusieurs gorgées d’oxygène. Le scientifique se redressa et tendit une main vers un pupitre de contrôle.
— Sais-tu à quoi sert… tiens, par exemple, ce gros bouton noir.

Comme Lillaia ne répondait pas, il le tourna légèrement vers la droite.
— Aaaah ! cria de douleur la militaire.

Elle eut l’impression qu’une nuée d’insectes venaient de la piquer un peu partout sur le corps. Gofaï remit le bouton à sa position initiale.
— Ce sont des aiguilles, expliqua-t-il. Des milliers d’aiguilles réparties dans tout ce sarcophage. On peut les enfoncer plus ou moins et même sélectionner leur grosseur. Ingénieux non ? Ah oui, j’oubliais, elles peuvent, elles aussi, changer de température et même véhiculer un courant électrique. Veux-tu essayer de nouveau ?

Il tourna une nouvelle fois le bouton un peu plus que précédemment. Malgré ses dents serrées, Lillaia finit par lâcher un cri de souffrance.
— Une petite décharge ? proposa l’homme de la même façon qu’un rafraichissement.

D’un doigt, il appuya sur un autre interrupteur. Aussitôt, le corps de Lillaia s’agita sous des spasmes incontrôlables. Ses dents serrées ne purent taire ses gémissements de douleur et quelques larmes glissèrent du coin de ses yeux. Le doigt de Gofaï se releva pour tourner le gros bouton en sens inverse. Lillaia sentit les aiguilles se rétracter.
— C’est douloureux, n’est-ce pas, petite Lillaia ? Crois-moi, je suis désolé de t’infliger ça. J’aurais préféré que tes sentiments pour moi soient sincères et que nous puissions vraiment vivre tous les deux en harmonie… même avec ton amie si jolie.

Sa voix était douce, presque neutre. Il essuya le bord des yeux de la jeune femme et caressa de nouveau tendrement son visage.
— Dis-moi pour qui tu travailles et ce que vous me voulez, et je te laisse partir.

Lillaia nota son accent sincère. Pourtant le briefing du lieutenant Parker lui revint en mémoire : cet homme était un meurtrier !
— Ça ne marche pas comme ça, répondit Lillaia avec appréhension. Je ne peux rien vous dire.

Elle sentait sur tout son corps de petites gouttelettes tièdes glisser sur sa peau. L’homme le devina.
— Tu sens ton sang s’écouler lentement sur toi ? Et encore, ce n’étaient que de minuscules aiguilles. Songe à ce que pourraient faire de plus grosses et de plus longues. Sais-tu que ce caisson a aussi des vertus thérapeutiques ? Non ? On peut immerger le sujet dans un bain de bacta liquide, comme ça.

Du doigt, il poussa un interrupteur et une lumière rouge se mit à clignoter. Une douceur bienfaisante et réparatrice parcourut le corps de la militaire en provoquant en elle une onde de plaisir. Il se pencha vers son visage.
— Vois-tu, je préfère largement te rendre heureuse, Lillaia. Parce que je t’aime.

Ses lèvres se posèrent sur celles de la jeune femme.
— Alors, pourquoi es-tu ici, petite Lillaia ? chuchota-t-il.

Comme elle ne répondait rien, il se redressa. La lumière rouge passa au vert fixe.
— Déjà réparée ? s’exclama le scientifique. Tu tiens une forme impressionnante. Toujours rien à me dire ? Bon, bon…

Il resta silencieux un instant, les yeux rivés sur ceux de Lillaia puis sembla se décider.
— Une petite visite au pôle de Corellia ? proposa-t-il en tournant un autre bouton.

La jeune femme sentit le caisson se refroidir en quelques secondes. Un froid mordant excita ses sens et très vite, elle se mit à grelotter et ses dents à claquer. Cela dura de longues minutes. Les muscles de son visage devinrent douloureux en se tétanisant, durs comme de la pierre.
— Direction Tatooine, s’exclama son tortionnaire en tournant le bouton dans l’autre sens.

Lillaia ne put retenir un cri lorsque la température s’inversa subitement passant d’un froid glacial à une chaleur plus que torride.
— Aaah, cria-t-elle. Non !

Au même instant, le glissement des portes d’accès à la zone fit tourner la tête du scientifique. Une silhouette se détacha sur le seuil. Instinctivement, il sortit d’une poche un pistolet blaster qu’il pointa vers l’intruse.
— Isil ! s’exclama-t-il en lançant un regard incrédule à la Jedi.

La nouvelle venue étendit son bras gauche et, d‘un geste dans la Force, arracha l’arme des mains de Gofaï. Le pistolet tomba sur le sol. Puis elle leva l’autre bras et au bout de sa main, la lame d’un sabre laser s’activa en grésillant.
— Éteignez cette machine et relâchez-la !

La main de Gofaï obtempéra et le caisson retrouva instantanément une température normale au grand soulagement de la militaire. L’index de l’homme enfonça un autre bouton et une lumière rouge se mit aussitôt à clignoter ainsi qu’un avertisseur sonore à retentir.
— Qu’avez-vous fait ? demanda Isil en marchant sur lui d’un air menaçant. Je vous ai dit de la relâcher !

Le scientifique se redressa, le doigt toujours sur le bouton, et montra de l’autre main un étrange dispositif vertical quasi circulaire monté sur un plateau d’acier. On aurait dit un cercle épais, sectionné au sommet.
— Tu as très exactement trente secondes pour lâcher ton arme et venir te positionner dans cette machine. Passé ce délai, une violente décharge électrique tuera Lillaia. Si je lâche le bouton, elle meurt immédiatement. Si tu tentes de te servir de la Force, elle meurt. Tic, tac… tic, tac… Plus que quinze secondes…

L’homme ne paraissait pas bluffer. Sa détermination était patente. Isil hésita. Hors de question de tuer l’homme qui lâcherait aussitôt le bouton. Pouvait-elle interagir avec la machine en si peu de temps ?
— Dix… neuf… huit… égrena Gofaï d’un ton monocorde.

Isil éteignit son sabre et le laissa choir à ses pieds avant de s’avancer vers le cercle métallique.
— Place tes mains et tes pieds dans les cercles, vite ! Cinq… quatre…

La Jedi obtempéra et écarta bras et jambes vers les arcs d’acier. Aussitôt des bracelets énergétiques lui enserrèrent poignets et chevilles en lui arrachant un cri de douleur.
— Bien, s’exclama Gofaï en lâchant le bouton.

Rien ne se passa. Il reprit :
— C’est beau l’amitié et l’abnégation chez les Jedi. Car tu es une Jedi, n’est ce pas, Isil, avec ton sabre laser ?

Il ramassa le cylindre sombre et l’observa avec une curiosité toute scientifique.
— Ainsi voici un authentique sabre laser de Jedi, s’exprima-t-il en faisant tourner l’objet entre ses doigts pour l’examiner sous toutes les coutures. Quelle belle invention !

Il alluma l’arme précautionneusement et admira longuement la lame verte avant de la pointer vers Isil.
— Une arme dangereuse pour qui ne sait pas manier la Force, n’est-ce pas, Isil. Il paraît qu’elle peut transpercer n’importe quoi, même le duracier le plus épais...

Le bout de la lame n’était plus qu’à quelques centimètres de la jeune femme.
— … alors la soie d’une chemise de nuit, acheva-t-il avant d’éteindre le sabre et de le reposer sur un plan de travail.

Comme le corps d’Isil était secoué par de courtes décharges électriques, Gofaï expliqua :
— Ce courant est désagréable, voire douloureux, j’en conviens. Mais un Jedi peut parfaitement contrôler sa douleur à l’aide de la Force. Cela va te demander de la concentration… ainsi seras-tu moins tentée de te servir de tes pouvoirs pour autre chose.

Il se retourna vers la militaire.
— Revenons à nous, Lillaia. Puisque ton amie est là, autant qu’elle nous serve à quelque chose. Vois-tu, j’ai un secret pour toi. Je n’aurais jamais pu mettre fin à tes jours… je t’aime trop pour cela. Par contre, il n’en va pas de même pour une espionne Jedi.

Du doigt il tourna un bouton. Des éclairs électriques se formèrent tout autour de l’arc d’acier, transperçant le corps d’Isil de part en part. Surprise, la jeune femme secouée à son tour de spasmes violents, hurla de douleur.
— Je suis sûr que tu peux te maîtriser si tu n’es pas prise au dépourvu, continua Gofaï en observant les traits déformés du visage de la Jedi. Et bien entendu, je vais être en admiration devant une telle maîtrise de soi. Mais…

De nouveau, il revint auprès de Lillaia et dessina d’un doigt affectueux les contours de son visage.
— Ton amie souffre atrocement, Lillaia, ma chérie. À ton avis, combien de temps va-t-elle pouvoir endurer cela ?
— Pitié pour elle, murmura la militaire. Laissez Isil tranquille.
— Et la question subsidiaire, continua le scientifique comme s’il n’avait rien entendu, c’est quelle puissance électrique va-t-il falloir pour la tuer malgré son usage de la Force ?

De la main, il augmenta les décharges arrachant un gémissement contenu à la Jedi dont le corps s’agita de plus en plus violemment.
— Alors, Lillaia, c’est simple : soit tu parles, soit Isil meurt !

(à suivre... )



Chapitre 15 : L'I.A. (début 1/2)
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Messagepar Hiivsha » Dim 26 Avr 2015 - 12:27   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 14 : Le laboratoire (début 1/2)
Chapitre 14 : Le laboratoire (Fin 2/2)




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15 - L'I.A.


(Début 1/2)


Argail avait instantanément interprété le bruit du sabre laser d’Isil tombant sur le sol du laboratoire. Le soldat se redressa comme mû par un ressort, laissant tomber ses jumelles et se saisit du fusil d’assaut multifonction endormi à ses pieds. Désormais, chaque seconde comptait et il ne s’agissait plus d’agir en toute discrétion. Il vérifia une dernière fois que son jet pack était bien ajusté et en enclencha les réacteurs. Il s’envola au-dessus de la propriété. Bien entraîné à l’usage de ce moyen de propulsion adopté par nombre de chasseurs de primes et de forces spéciales, il pilota adroitement pour atterrir quelques secondes plus tard à l’endroit où se tenait la Jedi un peu plus tôt. D’un mouvement sec du poignet, le commando libéra le harnais du jet pack qui tomba sur le sol et abaissa la visière de son casque intégral.
— C’est parti ! grogna-t-il en armant son fusil.

Il s’approcha du bord et se laissa tomber sur la terrasse en contrebas. La porte-fenêtre était fermée. Qu’importe, le militaire l’ouvrit d’un puissant coup de botte et pénétra dans l’une des pièces vides du troisième étage. Son instinct quasi animalier lui assura qu’une alarme silencieuse venait de se déclencher quelque part dans le manoir. Il en eut rapidement la preuve sur le palier sur second étage lorsque deux droïdes patrouilleurs ouvrirent le feu sur lui. D’un réflexe aiguisé par l’expérience du terrain, il se plaqua contre la cloison en tirant plusieurs rafales avec son arme. Les droïdes se décomposèrent sous les impacts avant de s’effondrer. Argail avança parmi les débris métalliques encore fumants et reprit sa descente. Au premier étage, encadrant l’imposant escalier de marbre qui desservait le corps principal de la demeure, deux tourelles automatiques venaient d’émerger de piliers faussement décoratifs. Il n’avait pas fait un pas dans leur direction, qu’elles ouvrirent le feu à leur tour. L’armure du commando encaissa le premier choc puis plusieurs mini-fusées s’échappèrent des flancs de son fusil. Elles tracèrent dans l’air des trajectoires en tire-bouchon avant de frapper les tourelles de plein fouet. Il y eut une série d’explosions dévastatrices et les tirs automatiques cessèrent.


Les bruits étouffés des détonations parvinrent jusque dans les sous-sols du bâtiment et Gofaï tendit l’oreille.
— Aurions-nous de la visite, demanda-t-il en lançant un œil à une Isil livide et grimaçante sous les décharges électriques.

Sans considération pour la douleur intolérable qui agitait son corps comme un jouet sur ressorts, il se rendit devant une série de moniteurs qu’il alluma. Sur l’un d’entre eux, il repéra rapidement la silhouette d’Argail qui progressait à travers le rez-de-chaussée, éliminant méthodiquement toute forme de résistance.
— Un ami à vous, sans doute ? Pourquoi ne voit-on pas plus de troupes de choc ?
— Argail est une troupe à lui tout seul, marmonna Lillaia d’un ton dans lequel l’impertinence n’était pas absente.
— De l’humour, quand votre amie est en train de griller les quelques neurones qui lui restent ? Admirable, Lillaia chérie ! Songez que elle, elle s’est sacrifiée pour que vous ne mourriez pas ! Ah, les Jedi et leur grand cœur ! Vous pourriez lui rendre la pareille, non ? Mais cela ne me dit toujours pas qui vous êtes et pour qui vous travaillez. J’ai eu l’occasion d’étudier le fichier des Jedi Verts et j’ai une mémoire infaillible : je suis persuadé qu’Isil n’en fait pas partie. Ce qui ne m’avance guère. Si vous ne travaillez pas pour l’infâme CorSec, pour qui alors ? Un Jedi ne travaille pas à son compte…
— Et ceux qui ont quitté l’Ordre ? lâcha Lillaia.
— Un Jedi gris hein ? Je ne sais pas pourquoi j’ai du mal à le croire. Alors, Lillaia, pour le compte de qui roulez-vous toutes les deux… ou tous les trois ? corrigea-t-il en revenant des yeux vers les moniteurs pour suivre Argail qui enjambait deux carcasses désarticulées et fumantes.

La militaire nota que l’homme n’était pas plus inquiet que ça de voir s’acheminer vers le laboratoire un commando lourdement armé en détruisant inexorablement un par un les droïdes sensés assurer sa sécurité.
Gofaï revint vers le pupitre de commande et remit le gros bouton noir au neutre. Les éclairs cessèrent. Seules les décharges résiduelles continuèrent sporadiquement à secouer le corps inerte d’Isil dont le menton était tombé sur la poitrine.
— J’admire son courage, clama Gofaï presque théâtral. Et le tien aussi, Lillaia. Voir souffrir ainsi une amie alors qu’un seul mot de toi pouvait tout arrêter… Voilà qui dénote un entraînement supérieur. Mercenaire ? Forces spéciales ? Qui peut savoir ce qui se cache sous cette jolie caboche.

Il caressa affectueusement les cheveux de la militaire et continua d’une voix mielleuse.
— Si tu me promets de rester avec moi, douce et soumise, pour le restant de ta vie… je relâche ton amie et je ne tue pas celui qui vient vers nous. Je te promets une existence dorée, remplie d’amour dans laquelle tu n’auras aucun souci à avoir… Tiens, si tu veux je vous engage tous les trois comme gardes du corps… et toi en particulier comme garde de mon corps. Qu’en dis-tu ?


L’effrayant robot d’assaut observait de ses yeux rouges, le soldat s’avancer vers lui. Subitement, il se dressa sur ses jambes métalliques, grand et imposant. De puissants canons rotatifs se mirent en mouvement en sifflant.
— Oh, oh ! se dit Argail en se jetant à terre juste à temps pour éviter les longues rafales qui en jaillirent.

Tout autour de lui, le décor éclata en milliers de morceaux : bouts de mur, œuvres d’art, vases, vitrines contenant de petits objets rares… en un instant le vestibule permettant d’accéder à l’ascenseur ainsi que le couloir, se transformèrent en champ de bataille. Le commando roula sur lui-même pour se mettre à l’abri d’un recoin puis ouvrit un feu nourri en direction de la masse de duracier trempé. Un martèlement métallique fit trembler le sol.
— Mon petit camarade de jeu vient vers moi, marmonna Argail en se rencognant dans son abri improvisé.

Il se découvrit un instant pour lâcher de nouvelles rafales mais celles-ci n’arrêtèrent en rien la masse grise en mouvement.
— Résistant, le bougre. Genre de ceux qu’un soldat n’aime pas affronter sur le terrain parce que…

Il extirpa deux disques de ses poches, tourna sur chacun un bouton central tout en appuyant sur lui et les lança vers le droïde.
— … ça lui fait gâcher ses grenades adhésives, acheva le militaire en grommelant entre ses dents tout en se tassant dans son coin pour attendre la détonation.

On entendit un bref sifflement puis deux puissantes explosions simultanées projetèrent une boule de feu dont il se protégea instinctivement avec les bras malgré son armure intégrale. Risquant une tête depuis son recoin, il aperçut dans la fumée le droïde faire un pas hésitant, tournant sa tête à droite et à gauche d’une façon désordonnée. De nouvelles rafales fusèrent de ses canons, maladroitement ajustées.
— C’est qu’il n’est pas complètement ko, le bougre, grinça Argail en reléguant son arme sur l’épaule pour attraper le canon d’assaut qu’il transportait dans son dos. Passons donc à de l’artillerie plus lourde !

Sortant d’un bond de sa cachette, il se dressa devant le droïde, canon à la hanche et ouvrit le feu. Le monstre d’acier accusa le coup en tressautant sous les impacts meurtriers de son adversaire mais ne tomba pas. Au contraire, il ouvrit de nouveau un feu mieux ajusté obligeant Argail à un nouveau repli tout stratégique dans l’angle de mur. Les maxillaires du soldat saillirent. Ses doigts tapotèrent vivement deux boutons sur l’impressionnante arme d’assaut.
— Tu veux jouer au dur à cuire ? J’ai rien contre.

De nouveau le commando se campa au milieu du couloir comme un vengeur sans peur, la crosse de son arme bien calée contre le pli de l’aine.
— D’accord, marmonna-t-il entre ses dents serrées, d’après le manuel d’utilisation, dans un espace confiné c’est pas très indiqué.

Et il tira. Deux petits missiles fusèrent en direction du droïde qu’ils percutèrent une fraction de seconde plus tard. Le souffle de l’explosion projeta Argail à dix mètres en arrière.
C’était peut-être pas une si bonne idée, fut la seule pensée qui s’imposa à lui avant d’atterrir rudement et de glisser encore longuement sur le sol.
Légèrement sonné et contusionné, il s’efforça de se relever au plus vite avant de former une cible idéale pour son adversaire. Dans la fumée âcre du couloir, il entendit nettement le pas de celui-ci.
— Merde, grogna le soldat. Le monstre est toujours vivant !

Il plissa les yeux pour distinguer à travers la visière protectrice de son casque la silhouette du droïde signalée par un carré rouge bordé de petits chiffres indiquant notamment la distance de la cible. Une ombre fumante se détacha du nuage ambiant, toujours aussi menaçante. Argail regarda autour de lui. Il se trouvait dans un hall n’offrant immédiatement aucune protection. Son doigt se crispa sur la détente de son arme.
Je vais en prendre plein la gueule, songea-t-il.
Au moment où il allait ouvrir le feu, le droïde s’arrêta et ses yeux rouges se mirent à clignoter puis s’éteignirent. Argail relâcha son index et observa avec une certaine anxiété le monstre de métal immobile. Dans sa visière, le carré rouge disparut. Incrédule, le soldat avança prudemment jusqu’à sa cible. Il avait l’impression que celle-ci allait se réactiver d’une seconde à l’autre. Lorsqu’il fut tout contre, il cogna de la crosse de son canon d’assaut la masse métallique. Celle-ci résonna sans frémir. Il examina un instant les entrailles tordues desquelles de petites gerbes d’étincelles s’échappaient en grésillant.
— Court-circuit, diagnostiqua-t-il en reprenant un sourire détendu.

Il hâta le pas vers l’ascenseur, composa le code et descendit avec appréhension. Ses coéquipières étaient-elles toujours vivantes ? Il avait d’abord perdu le contact avec son homologue puis avec Isil. Il ne sut que plus tard que les implants n’avaient pas résisté aux décharges électriques subies par l’une et par l’autre. Pour l’heure, le silence l’angoissait.
Parvenu en bas, Argail repositionna son canon d’assaut à la hanche prêt à ouvrir le feu dès que les portes s’ouvriraient. Il pénétra dans une vaste zone compartimentée en salles ouvertes à la façon d’alcôves, comportant les fameuses « machines » évoquées par Lillaia. Elles côtoyaient curieusement des divans, des fauteuils garnis de coussins moelleux et des lits de formes diverses. Sans se préoccuper plus avant de l’ameublement des lieux, Argail chemina à travers la zone et ne tarda pas à identifier la silhouette de sa cible. Quelques secondes supplémentaires lui suffirent à se faire une idée de la situation et son cœur tressaillit à la vue du corps pantelant d’Isil, suspendu au bout de ses liens.
— C’est fini, Gofaï, délivrez-les immédiatement !
— Ou sinon ? gouailla le scientifique en enfonçant le même bouton que lorsque la Jedi étaient entrée précédemment. Vous voyez ce bouton que je presse ? Si je le relâche, Lillaia meurt. Si vous ne vous rendez pas, dans quinze secondes, elle meurt électrocutée. À vous de choisir aussi bien que votre autre amie ici présente.

Il désigna du menton le corps inanimé d’Isil. Le canon d’Argail s’abaissa légèrement.
— Il vous reste treize secondes…

Soudain, Lillaia s’écria :
— Il bluffe, ne l’écoute pas, Argail !

Gofaï s’exclama, incrédule, en regardant la jeune femme :
— Quoi ? Que dis-tu, tu es folle Lillaia !

Puis son regard revint sur celui du commando hésitant.
— Dix… neuf… huit…
— Il bluffe ! s’époumona Lillaia. Il m’aime, il ne me fera jamais de mal, c’est du bluff, Argail, ne cède pas je t’en conjure !

Argail était au comble de la perplexité. Il jeta un coup d’œil sur Isil en se demandant si celle-ci vivait encore. Pouvait-il risquer la vie de la seule coéquipière encore en vie ? Devant lui, l’image d’une jeune femme brune agonisant entre ses bras ensanglantés se dessina. L’écho de la bataille revint à ses oreilles : les hurlements de ses hommes, les tirs de blasters, les explosions de mortiers, les droïdes qui avançaient en décimant sa compagnie… Et maintenant, Lillaia ! Pouvait-il prendre ce risque ?
La voix de la militaire se brisa tragiquement.
— C’est du bluff, Argail… c’est du bluff…

Le canon se redressa. Gofaï marmonna pour le principe :
— Trois, deux, un…

Son doigt relâcha le bouton. Rien ne se passa. Une onde de colère envahit Argail et il crut un moment qu’une métamorphose allait avoir lieu. Il sentit ses poils s’hérisser dans le dos et ses yeux virèrent un instant au rouge. Un grondement sourd s’éleva de ses poumons, pareil à celui d’une bête féroce.
Le commando inspira profondément pour se calmer et évacuer cette sensation étrange. Profitant de cette demi-seconde de répit, Gofaï fit un bond sur le côté et disparut à l’angle d’un mur pour s’enfuir dans un large couloir au bout duquel dormaient les deux droïdes d’assaut.
— Code noir, hurla-t-il ! Tuez-les tous !

Aussitôt, les deux monstres se réveillèrent et se redressèrent de tout leur haut. L’homme en profita pour composer un code et le mur s’ouvrit un instant pour l’avaler avant de se refermer aussitôt derrière lui.
Argail n’avait pas poursuivi leur cible. Il s’était précipité sur le panneau de contrôle devant lequel se tenait le scientifique un instant auparavant et analysa rapidement le dispositif.
— Faites que je ne me trompe pas de bouton, murmura-t-il en appuyant sur l’un d’eux.

Un déclic monta du sarcophage en acier dans lequel était enfermée Lillaia. D’un geste, Argail acheva de déverrouiller le couvercle qu’il souleva pour aider la jeune femme ankylosée à s’extirper de sa prison. Lorsqu’elle posa les pieds au sol, elle vacilla en se retenant à une table.
— Isil, gémit-elle, vite !

Se retournant vers le panneau qu’elle avait eu tout loisir d’inspecter, elle pressa un bouton rouge coupant de fait l’alimentation de la machine. Argail eut juste le temps de réceptionner le corps de la Jedi qui s’effondra mollement entre ses bras. Un genou au sol, il secoua d’une main le visage blafard de la jeune femme dont les yeux étaient clos.
— Isil, Isil ! appela-t-il.

Lentement, la Jedi émergea de la Force dans laquelle elle s’était réfugiée pour combattre la douleur qui martyrisait son corps.
— Ça va, murmura-t-elle d’une voix faible en soulevant les paupières. Gofaï ?
— Remuez-vous ! lança Lillaia qui venait de récupérer le blaster abandonné par le scientifique. On a de la visite.

Depuis l’angle du mur, elle tirait sur un ennemi invisible dont les pas martelant lourdement le sol ne laissaient hélas aucun doute sur la nature.
— Il me faut un plus gros calibre ! cria-t-elle.
— Attrape ! répondit Argail en lui lançant son fusil d’assaut.

La militaire attrapa l’arme adroitement et l’ajusta. Des tirs puissants fusèrent aussitôt. Une volée de fusées s’ensuivit, provoquant autant d’explosions plutôt inefficaces.
— Un peu d’aide ne serait pas de refus si on veut les contenir ! cria de nouveau la militaire.

Isil sourit entre les bras du soldat.
— Ne fait pas attendre la demoiselle, articula-t-elle avec peine mais d’une voix audible. Laisse-moi juste quelques secondes, et je viens vous aider.

Argail opina du chef et la déposa doucement sur le sol. Il saisit ensuite son canon d’assaut et se porta au niveau de Lillaia.
— Prête ? Feu !

Comme précédemment, il se planta face aux droïdes et déclencha un barrage meurtrier qui stoppa les machines d’acier. Comme leurs tirs se tournaient vers lui, il fit deux pas de côté et se protégea dans l’angle opposé à Lillaia qui ouvrit le tir à son tour, obligeant les droïdes à changer une nouvelle fois d’acquisition.
— Fais gaffe à toi, lui lança Argail. Tu n’as pas d’armure.
— C’est le moins qu’on puisse dire, répliqua amèrement la militaire.

Comme un tir venait de lui érafler l’épaule, laissant sur la chair une trace sanguinolente, elle se plaqua contre le mur, à l’abri.
— Ça va ? s’inquiéta le commando.
— Pourquoi c’est toi qui a une armure et pas moi ?
— Parce que c’est toi la plus jolie sans, répondit Argail avec un grand sourire.

Lillaia haussa les épaules et lui lança :
— Espèce ce macho !

Le soldat lança plusieurs grenades qui explosèrent bruyamment. Un peu plus loin, Isil s’efforçait de reprendre douloureusement ses esprits. Son cerveau malmené par les puissantes décharges électriques tentait de retrouver un fonctionnement normal. À travers un semi-brouillard, elle distingua à terre la forme cylindrique du sabre Ho’To, cadeau posthume de son Maître. Tendant la main, elle l’appela à travers la Force. Le sabre frémit, comme hésitant à obéir à l’impulsion de la jeune femme, puis se mit à glisser en direction de ses doigts. Ceux-ci se refermèrent bientôt sur lui et la lame verte s’alluma.
Isil se leva mais ses jambes se dérobèrent sous elle et elle retomba maladroitement sur le sol. Alors, elle se mit à ramper en direction de Lillaia occupée avec Argail à tenir en respect les deux machines.
— Ils sont coriaces, constata Argail après plusieurs lancers de grenades sans grand effet. Et je n’ai plus qu’un missile.

Ils continuèrent leur manège, inondant les droïdes de rafales dévastatrices. Puis Lillaia prit conscience de la présence de la jeune Jedi à ses pieds.
— Mais qu’est-ce que tu fais là par terre ?

Isil répondit dans un souffle :
— Mes jambes ont un peu de mal à me supporter.
— Attends, je vais t’aider à te relever.

La militaire passa son bras sous l’aisselle de son amie et la remit debout.
— Ça va aller ?
— Je crois, répondit Isil. Penche-moi en avant, je vais tenter quelque chose.

Lillaia la ceintura par le dos et l’avança contre l’angle du mur.
— Fais attention à toi, fit-elle goguenarde. C’est que ton armure de soie ne vaut guère mieux que la mienne.
— Tu manques de pudeur, répliqua la Jedi en retrouvant un sourire rassurant.

Soutenue par la militaire, elle avisa les droïdes, se concentra au plus profond de la Force, et effectua un lancer de sabre d’un académisme appliqué. Avec une grande précision, la lame pénétra dans l’armure blindée de l’un des monstres au niveau le plus névralgique. Une gerbe d’étincelles jaillit du blindage et dans un grand fracas, le droïde se renversa, tout raide, pour ne plus se relever.
— Bien joué, miss ! s’exclama Argail. Comme ça je sais sur lequel tirer mon dernier missile.

Il fit un pas de côté pour se découvrir et l’ogive quitta le canon d’assaut en laissant une trace rougeâtre derrière elle avant d’exploser sur sa cible. Le droïde hésita mais continua de tirer malgré un bras hors service.
— Touché… mais pas coulé, grinça le soldat. Il va falloir l’achever à l’ancienne. Couvrez-vous derrière moi !
— Non, attends ! s’écria Isil qui se redressa entre les bras de Lillaia. Ça va aller, ajouta-t-elle à l’encontre de la militaire. Je peux le faire.

La Jedi fit deux pas maladroits mais resta debout. Argail se planta de nouveau au milieu de l’espace pour attirer à lui le feu meurtrier du monstre d’acier. Isil tendit les deux mains en avant, inspira profondément, recueillit toute la Force se trouvant autour d’elle et lança une puissante vague d’énergie qui balaya le droïde et l’envoya s’écraser contre le mur du fond.
— Allez, on lui laisse pas le temps de revenir à lui, lança Argail en intensifiant le feu tout en avançant, arme à la hanche.

Lillaia sortit de son angle protecteur et s’aligna à ses côtés le doigt crispé sur la détente de son fusil. Comme ils passaient devant l’autre monstre inerte, Isil récupéra son sabre laser, l’alluma et fit rapidement trois pas qui la porta en avant de ses amis, juste à temps pour intercepter plusieurs tirs orientés vers la militaire trop vulnérable dans sa tenue de nouveau-né. La lame verte renvoya trait pour trait chaque décharge de plasma en fusion vers le droïde qui tentait désespérément de se relever malgré la cadence infernale du feu dirigé contre lui. Puis il capitula et se laissa retomber sur le sol en se recroquevillant sur lui-même. Ses yeux menaçants clignotèrent quelques secondes avant de s’éteindre pour de bon. Le trio s’arrêta devant la carcasse inerte.
— Merci pour le bouclier, Isil, lâcha Lillaia.
— Merci pour ton coup de main, rétorqua Isil avec un clin d’œil.
— Mouais, on fait une bonne équipe, les fil… je veux dire, mesdames !

Il rit pour détendre un peu l’atmosphère et contempla le panneau d’acier qui leur barrait le chemin.
— Et maintenant ?
— Essaye ton code, Lillaia, invita Isil.

La militaire tapota plusieurs touches sans résultat.
— La prévisibilité des scientifiques a des limites, conclut-elle en reculant d’un pas. Je suppose que tu n’as pas pris ma trousse, Argail ?
— Heu… non… je ne pouvais pas tout emmener non plus.
— Ce n’est pas grave, interrompit Isil en allumant son sabre. On va le faire « à la Jedi » !

Joignant le geste à la parole, elle plongea la lame verte au cœur du panneau d’acier, puisant dans la Force pour en augmenter la température. Quelques secondes plus tard, le duracier commençait à rougir, puis à blanchir et enfin à fondre.
Il lui fallut à peine quelques minutes pour découper une ouverture dans le panneau et lorsque le métal se fut refroidi suffisamment, ils purent pénétrer dans le laboratoire de Gofaï.


(à suivre…)

Chapitre 15 :L'I.A. (Fin 2/2)
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Modifié en dernier par Hiivsha le Dim 03 Mai 2015 - 12:37, modifié 2 fois.
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Messagepar NeroKyusi » Jeu 30 Avr 2015 - 12:25   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Salut !
J'ai découvert tes romans il y a quelques temps déjà (ça doit faire un an) mais je n'avais encore jamais commenté, je crois qu'il est plus que temps. Je vais tout écrire ici, histoire d'éviter de déterrer un vieux topic, et surtout de centraliser tout mes avis.

Pour ceux qui n'ont pas lu les romans, ce qui va suivre peut contenir des spoilers !

Sincèrement, j'adhère vraiment à ton univers. La période aide sûrement puisqu'il s'agit de ma période préférée de l'UE Legends (et accessoirement celle par laquelle je l'ai découvert réellement). En somme je me retrouve face à des personnages connus, que je pense tu as su parfaitement reprendre. Mais ce que j'aime particulièrement c'est e côté mature de ton histoire, que ce soit la parenté d'Isil, ou la façon dont tu intègres les relations sexuelles dans ton récit. Tu le fais de manière très propre à tel point que ça paraît totalement naturel.

Au niveau des personnages principaux, j'aime beaucoup ce que tu fais d'Isil, toujours hésitante entre son devoir de Jedi et ses sentiments pour Hiivsha, il s'agit vraiment d'un personnage complet, presque humain. Hiivsha est lui aussi un personnage sympathique et je vais t'avouer qu'il me manque un peu.

Bien que ça fasse longtemps que j'ai lu le tome 1, je me rappelle l'avoir dévoré d'une traite. Tu avais vraiment réussi à m'accrocher et à me faire apprécier ton récit.

J'ai lu le tome 2 dans la foulée du 1,et je vais t'avouer que j'ai eu quelques réticences au fil de la lecture. Le côté mille et une nuit est pour moi le point fort et le point faible de ton récit. C'est sincérement très accrochant et fidèle, j'avais vraiment l'impression de lire un livre qui se situe dans la culture orientale, mais c'est aussi ça qui m'a un peu dérangé. C'est bête à dire, mais au bout d'un moment, ça manque de Star Wars :transpire: Ca n'empêche que ça reste une très bonne expérience de lecture et que j'ai trouvé le passage avec la récupération des souvenirs d'Isil très émouvant.

Ensuite j'ai attaqué le tome 3 et je le lis maintenant à chaque sortie de chapitre. L'histoire est très prenante, même si je dois avouer que tu m'as perdu un moment avec cette histoire d'artefact caché dans le Défiance. Mais maintenant que l'on a plus d'explication, tout roule. J'aime beaucoup les personnages de la CPM. Surtout Argail et Lillaia. Ils sont vraiment attachants et j'aime beaucoup l'humour dont ils font preuve. Ce petit hors-sujet (même si je suppose qu'il a un intérêt pour l'histoire globale) sur Gofaï est franchement rafraîchissant, paradoxalement j'aime pas mal ce personnage d'ailleurs, et j'en suis presque triste que Lillaia et Isil doivent le trahir. La perte de sa femme et son amour pour Lillaia le rendent très attachant malgré ce que l'on sait sur le personnage.

Merci pour le roman, je suis ton histoire de prés.
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Messagepar Hiivsha » Jeu 30 Avr 2015 - 20:27   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Merci de cet avis. Sans être narcissique, ça fait toujours plaisir d'avoir des retours quels qu'ils soient des lecteurs... même des critiques (positives ou négatives) tant qu'elles sont constructives. :jap:
Spoiler: Afficher
Au risque de dévoiler un peu ce qui anime mes romans, sache que pour la parenté d'Isil, au départ, ce n'était absolument pas dans mon synopsis. Mais quand j'écris, j'enrichis beaucoup l'histoire au fil des chapitres en me basant sur ce qui se fait dans d'autres oeuvres et dans les jeux vidéos. La parenté d'Isil s'est imposée d'elle-même sans que je le veuille... et je me suis dit que c'était quelque chose à exploiter au long terme... d'autant que ma fille réclamait un "méchant charismatique et ambigu" :cute: qui selon elle est plus intéressant qu'un simple méchant méchant.
Pour le tome 2, j'assume pleinement le côté "mille et une nuits"... c'est que je voulais un tome 2 original, qui tranche un peu avec du Star Wars "ordinaire"... une sorte de mélange de SW et d'orient comme tu l'as si bien dit. J'ai eu conscience en l'écrivant de risquer de perdre un peu le lecteur mais j'ai voulu aussi des personnages attachants... je voulais aussi rompre avec "la toute puissance du Jedi" pendant une partie de l'histoire... et qui sait si Isil ne retournera pas un jour sur Edéna ??? :whistle: ... avec Hiivsha ???
Quant au tome 3, j'ai aussi voulu changer et du coup, j'ai puisé un peu mon inspiration dans Star Trek qui est un monde que j'adore au même titre que SW. Et tant qu'on en est à parler de source d'inspiration, pour la scène du tome 2 que tu évoques, j'ai puisé dans la scène de Abyss où Lindsey se noie volontairement dans les bras de Virgil... c'est une scène qui m'avait marqué.
Je ne dirais rien de plus sur les personnages du 3 pour éviter de spoiler... :D
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Messagepar NeroKyusi » Ven 01 Mai 2015 - 12:43   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Spoiler: Afficher
Hiivsha a écrit:Au risque de dévoiler un peu ce qui anime mes romans, sache que pour la parenté d'Isil, au départ, ce n'était absolument pas dans mon synopsis. Mais quand j'écris, j'enrichis beaucoup l'histoire au fil des chapitres en me basant sur ce qui se fait dans d'autres oeuvres et dans les jeux vidéos. La parenté d'Isil s'est imposée d'elle-même sans que je le veuille... et je me suis dit que c'était quelque chose à exploiter au long terme... d'autant que ma fille réclamait un "méchant charismatique et ambigu" :cute: qui selon elle est plus intéressant qu'un simple méchant méchant.

Et bien, je dois dire qu'elle a eu une bonne idée !

Hiivsha a écrit:Pour le tome 2, j'assume pleinement le côté "mille et une nuits"... c'est que je voulais un tome 2 original, qui tranche un peu avec du Star Wars "ordinaire"... une sorte de mélange de SW et d'orient comme tu l'as si bien dit. J'ai eu conscience en l'écrivant de risquer de perdre un peu le lecteur mais j'ai voulu aussi des personnages attachants... je voulais aussi rompre avec "la toute puissance du Jedi" pendant une partie de l'histoire... et qui sait si Isil ne retournera pas un jour sur Edéna ??? :whistle: ... avec Hiivsha ???

Et c'est réussi :jap:
Comme je te l'ai dis, j'ai pris un vrai plaisir à la lecture, et ce n'est vraiment que peu de temps avant la reprise de l'action que je commençais à trouver que ça manquait légèrement de SW.
Sinon, je suis totalement pour un retour sur Édéna, j'avais beaucoup aimé cette ambiance l'air de rien :)

Hiivsha a écrit:Quant au tome 3, j'ai aussi voulu changer et du coup, j'ai puisé un peu mon inspiration dans Star Trek qui est un monde que j'adore au même titre que SW. Et tant qu'on en est à parler de source d'inspiration, pour la scène du tome 2 que tu évoques, j'ai puisé dans la scène de Abyss où Lindsey se noie volontairement dans les bras de Virgil... c'est une scène qui m'avait marqué.

J'ai jamais trop accroché à Star Trek :transpire:
Mais en tout cas, ça fonctionne et c'est ça qui compte ! :oui:

Je ne dirais rien de plus sur les personnages du 3 pour éviter de spoiler... :D

J'espère bien :lol:
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Messagepar Hiivsha » Sam 02 Mai 2015 - 11:41   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 15 : L'I.A. (début 1/2)


CHAPITRE 15 - L'I.A.
(fin - 2/2)


Les lieux étaient plongés dans la pénombre, éclairés seulement par de nombreux voyants et quelques écrans d’appareils d’un haut degré de technologie. Un silence oppressant régnait en maître.
— C’est grand, commenta Lillaia en frissonnant sous l’effet de l’air climatisé.
— Regarde s’il n’y a pas une blouse par ici, dit Isil en désignant un vestiaire du doigt. Les scientifiques adorent porter des blouses.

Argail sourit sous cape en observant la militaire partir chercher de quoi se vêtir. Celle-ci disparut derrière une cloison pour réapparaître un moment plus tard habillée sobrement d’un long vêtement de travail immaculé trop grand pour elle qui lui descendait jusqu’aux genoux. Elle en retroussa les manches pour faire réapparaître ses mains.
— Voilà qui est plus présentable, remarqua Argail amusé.
— Par contre, aucune chaussure à ma pointure, rétorqua Lillaia en désignant ses pieds nus d’un mouvement du menton.
— Ne t’inquiète pas… on se bat mieux pieds nus que perchée sur de hauts talons, continua Isil en imitant la militaire pour montrer ses chaussures de soirée.
— Je t’ai déjà expliqué que les talons aiguilles peuvent servir d’arme, rétorqua cette dernière.
— Ah oui… j’avais oublié, soupira la Jedi à qui ses bottes et sa tunique manquaient. Je me demande d’ailleurs ce qui ne peut pas servir d’arme entre tes mains.
— Il y a de la lumière par là, interrompit Argail en pointant son doigt vers le fond de la zone.

Ils avancèrent dans un dédale de salles désertes de toute présence humaine. Argail pressa le pas vers un long container cylindrique d’où émanait une lumière blafarde. Une vitre embuée recouvrait une partie du couvercle. Il passa une main dessus pour évacuer la condensation et poussa un cri.
— Gofaï !

Les jeunes femmes se pressèrent à leur tour pour regarder. Pas de doute, Gofaï gisait bien dans ce qui leur apparut être un caisson d’hibernation. Du moins, le cadavre de Gofaï, car ce dernier présentait entre les yeux un trou pour le moins éloquent.
— Il a été tué d’un tir de blaster, conclut Argail après un bref examen. Et placé ici pour être congelé.
— C’est impossible, nous l’avons vu vivant il y a quelques minutes à peine. Personne n’aurait eu le temps de…

Isil s’interrompit. Une lumière venait de s’allumer dans une pièce entièrement vitrée située dans le fond du laboratoire. Dans cette pièce, un homme les regardait.
— Gofaï ! s’exclama de nouveau Argail. Impossible !
— Il a un frère jumeau ? laissa échapper Lillaia perplexe.
— Peut-être pas, répondit Isil en se dirigeant vers le scientifique le sabre laser allumé.

Les portes de la pièce vitrée s’ouvrirent automatiquement lorsqu’ils se présentèrent devant. La pièce contenait des vitrines remplies d’holodisques, des tables de travail et des machines suffisamment complexes pour qu’on ne puisse pas deviner leur fonction d’un simple coup d’œil. Le scientifique se tenait au fond du local, près d’une de ces machines. Il tenait à la main un blaster pointé vers eux.
— N’avancez plus, ordonna-t-il d’une voix lasse. Qui que vous soyez…
— Qui êtes-vous ? demanda Argail. Tornik Gofaï ou un frère jumeau ? Qui est l’homme dans le cryocontainer ?
— Tornik Gofaï, répondit l’homme qui à présent paraissait pour le moins fatigué.
— Mais alors, qui êtes-vous ? questionna Lillaia.

Ce fut Isil qui répondit :
— Facile à deviner. Nous avons devant nous le double synthétique de Tornik Gofaï.
— Un être synthétique ? s’exclama Argail incrédule.
— C’est impossible, s’écria Lillaia décontenancée. J’ai fait l’amour avec… ça ?

L’homme prit un air désespéré et écarta ses mains dont l’une tenait toujours l’arme.
— Lillaia, je suis désolé, crois-moi… ne me réduit pas à juste un… « ça » s’il te plaît. Je suis un être vivant… j’ai des sentiments… des souvenirs…
— Ceux de Gofaï, interrompit Isil, pas les vôtres. Vous êtes sa création… peut-être le prototype de quelque chose d’absolument incroyable. Une avancée technologique impensable.
— Pas ceux de Gofaï ! s’insurgea l’homme. Enfin… pas seulement qu’eux… j’ai mes propres souvenirs… mes émotions… Lillaia, je t’adjure de me pardonner ce que je vous ai fait endurer tout à l’heure, mais il fallait que je sache… j’ai cru devenir fou. Il y a en moi deux natures contradictoires… celle de Gofaï et la mienne… Celle que je souhaitais avoir par moi-même…
— Gofaï vous a créé et vous a insufflé son être conscient et peut-être inconscient, reprit Isil. Un prototype presque parfait, prélude à une fabrication à la chaine sans doute ? Avec ces machines ? continua-t-elle en montrant le local tout autour d’eux.

Gofaï, ou plutôt son double, acquiesça d’un mouvement de tête.
— Oui, c’est ici qu’il m’a… fabriqué. Il m’avait donné le nom de Ronik qui était le nom de son père.
— Que s’est-il passé ensuite ?
— Il m’avait tout donné de lui à charge pour moi de continuer à être ce que je souhaitais. Mais je ne voulais pas continuer à être… lui. J’ai commencé à développer des sentiments pour Mila…
— Sa femme ? s’étonna Argail.
— Quoi de plus naturel, reprit l’être synthétique. Puisqu’il avait dupliqué en moi ses émotions, ses sentiments.
— Continuez, ordonna la Jedi.

Ronik plongea son visage dans une main comme s’il voulait se replonger dans le passé.
— D’aussi loin que je me… souvenais, j’étais amoureux d’elle. Alors, tout naturellement, je le suis devenu. J’ai profité des absences prolongées de Gofaï pour faire semblant de revenir à la maison suite à des contretemps.
— Et vous avez séduit sa femme ?
— J’étais lui… c’était aussi ma femme. Je l’ai aimée mieux qu’il ne l’avait fait. C’était un être ignoble, pervers… il agissait avec les femmes comme avec des choses à détruire. Lillaia, je n’ai pas cette perversion…

Il jeta un regard éploré vers la militaire.
— Je confirme, lâcha celle-ci du bout des lèvres. Vous êtes plutôt un amant… attentionné et amusant quoiqu’un rien lubrique parfois… enfin, juste ce qu’il faut pour pimenter la chose.

Isil adressa des gros yeux à son amie. Une onde de reconnaissance erra sur le visage du pseudo Gofaï. Il murmura :
— Merci, Lillaia…

Après une longue inspiration, il reprit :
— Un jour, Gofaï est réellement rentré trop tôt, suite à un vrai contretemps.
— Et il vous a surpris dans les bras de Mila ? continua Isil.
— Oui. Ça la rendu fou… ou disons, encore plus fou qu’auparavant. Il a menacé de me désactiver puis il s’est calmé. Ou du moins il a feint de se calmer pour donner le change. La nuit venue, j’ai eu un sombre pressentiment. Il n’y avait personne dans leur chambre. J’ai pris une arme et je suis descendu au laboratoire… enfin, dans son antre des plaisirs, comme il disait.
— Qu’y avez-vous vu ?
— C’était horrible…

Il maitrisa un élan vers Lillaia.
— Horrible… il faut me croire, Lillaia… il tenait Mila entre ses bras et elle était…

Sa voix se brisa.
— Je ne sais pas quels mots employer pour décrire son état… l’état de son corps… je ne sais même pas ce qu’il avait pu lui faire, ce qu’elle avait dû endurer… Son joli corps n’était plus qu’une violente expression de martyre… elle saignait abondamment d’un peu partout et partout des ecchymoses…

Son arme tomba au sol et il enfouit son visage entre ses mains, puis il se mit à sangloter. Argail échangea un bref regard interloqué avec les deux jeunes femmes. Alors, Isil éteignit son sabre laser et s’avança vers l’être synthétique pour lui poser une main compatissante sur l’épaule.
— Je comprends votre douleur, Ronik, lui dit-elle d’une voix douce.
— Il faut me pardonner... je ne voulais pas… ce n’est pas moi…
— Je vous pardonne, murmura Isil d’un ton réconfortant. Que s’est-il passé ensuite ?

Il releva un visage baigné de larmes et jeta un regard désespéré vers une Lillaia troublée.
— Il riait et il a jeté Mila dans mes bras comme il l’aurait fait avec une poupée de chiffons. Elle a hurlée et j’ai compris que la plupart de ses os étaient brisés. Elle n’était plus qu’une chose désarticulée… une chose inhumaine. Elle souffrait atrocement, au-delà de toute raison… et lui, il riait. J’ai tiré. Il a cessé de rire et il est tombé. Mila criait, hurlait, pleurait… elle m’a supplié de l’achever tant elle souffrait… rien au monde n’aurait pu la réparer dans l’état où il l’avait mise… Alors je l’ai embrassée et j’ai serré son cou… j’ai serré… serré… jusqu’à ce qu’elle ne souffre plus…

D’un coup il s’effondra sur ses genoux. Lillaia se précipita pour s’accroupir à côté de lui et lui prendre une main.
— Vous avez simulé un accident de la circulation ? reprit Isil d’une voix qu’elle s’efforçait de maîtriser.

Il fit oui de la tête.
— Personne ne devait la voir comme ça… et puis il y aurait eu une enquête. On m’aurait probablement désactivé… Le double synthétique devenu fou assassine son créateur après avoir martyrisé son épouse à mort… Ça aurait fait toutes les unes de l’Holonet.
— Probablement, soupira Argail ému malgré lui.
— Et vous avez endossé le rôle de Gofaï.
— Oui, mais lui, voulait vendre l’I.A. au plus offrant !
— Vous en détenez des preuves ? demanda Isil.

Il tendit le doigt vers une vitrine.
— Holoenregistrement 432. Il a mis sur cet holodisque tous les entretiens qu’il a eu avec des acheteurs potentiels.

Argail parcourut rapidement des yeux les rayonnages et en sortit un disque qu’il plaça dans l’une de ses poches.
— Et l’I.A., demanda-t-il, le prototype de Gofaï. Où est-il ?

Isil sourit pauvrement.
— Je crois qu’on peut le deviner… n’est ce pas… Ronik ?

Le double sourit à son tour et pointa son crâne du bout de son index.
— Vous voulez dire… que l’I.A…. c’est vous ? s’exclama Argail stupéfait.
— Quoi de plus naturel, expliqua Isil. Tester son invention dans un double synthétique à son image, pour un homme comme Gofaï, il ne pouvait en être autrement.
— J’ai compris depuis que je n’étais qu’un prototype destiné à mesurer l’efficacité de sa puce. Il m’aurait sans doute désactivé le moment venu pour reprendre son invention et la reformater à la demande de l’acquéreur.

Un silence s’établit dans le local. Personne n’osait évoquer la question de la suite.
— J’ai voulu forger un autre Gofaï… reprit Ronik au bout d’un moment. Avoir une autre vie. J’ai cru la trouver en rencontrant Lillaia…

La militaire baissa les yeux. Comme elle se tenait tout près de lui, il embrassa son front doucement.
— J’ai cru retrouver l’amour, ajouta-t-il dans un souffle. Mais mon intelligence supérieure a imposée son idée comme quoi vous n’étiez là que pour prendre mon secret. Pour quel compte ? Je ne sais pas…
— Nous travaillons pour la CorSec, admit Isil, et les Jedi corelliens qui ont peur que l’invention ne soit justement vendue au plus offrant. Mais pour ma part, j’appartiens à l’Ordre Jedi de Tython.
— Et on vous a chargés de la récupérer et de me piéger ?
— Pas vous… Gofaï.

Il pinça les lèvres.
— Oui, évidemment… Gofaï, pas moi… Qu’allez-vous faire à présent ?

La Jedi esquissa un geste d’impuissance.
— Je ne sais pas. Il est évident que nous ne pouvons pas extraire la puce de votre cerveau sans vous détruire… d’un autre côté, vous restez vulnérable. N’importe quel parti peut décider de vous capturer pour vous l’ôter sans remord afin de la reproduire. Et même si nous détruisions la machine censée le faire, cela ne supprime pas le risque d’une copie un jour ou l’autre.
— Je comprends…

Ronik se releva lentement et porta la main de Lillaia à ses lèvres pour y déposer un long et tendre baiser.
— Encore une fois, Lillaia, je suis désolé de t’avoir fait du mal… je le regrette profondément. Tant que Gofaï sera en moi, il y aura un risque de mauvais comportement comme tout à l’heure.
— Je suis sûre que vous pourriez arriver à vous en débarrasser, murmura la jeune femme.

Elle regarda Isil.
— Ne pourrait-on pas l’emmener sur Tython, sous la surveillance et la protection des Maîtres Jedi ?
— Ça pourrait se faire… mais la CorSec l’autorisera-t-elle ?
— Si on insiste ? lâcha Argail. Ou alors on se passe de leur permission et on emmène Ronik d’autorité au Temple.
— Oui, mais Maître Lansil et son épouse risquent de ne plus être disposés à nous aider à remplir notre mission.

Des regards embarrassés furent échangés. Subitement, Ronik sembla avoir pris sa décision.
— Emmenez-moi à la CorSec, je m’en remettrai à eux si ça peut vous aider.
— Vraiment ? demanda Isil.
— Oui. Pour Lillaia je ferais n’importe quoi. Allons-y, je vous suis.

Il se pencha vers la militaire et l’embrassa sur les lèvres.
— Merci pour tout, souffla-t-il en lui donnant familièrement une tape sur les fesses pour l’inviter à se mettre en route.

Alors qu’ils marchaient vers la sortie du local, une exclamation les fit soudain se retourner. Ronik se tenait debout, le visage pâle comme la mort.
— L’I.A. vient de me délivrer un message de dernière minute.
— Lequel ? s’alarma Lillaia.
— Gofaï avait prévu un système de sécurité au cas où j’aurais été enlevé pour éviter que sa puce ne soit retirée à son insu… ou en cas de défection de ma part. Le système vient de se déclencher puisque j’ai décidé de vous suivre.
— Que va-t-il se passer ? s’inquiéta Isil.
— Autodestruction, lâcha Ronik d’un air las. Vous devez vous dépêcher de partir.
— Non, s’exclama Lillaia. Il n’y a pas un moyen de…
— Partez, vite ! s’exclama l’homme synthétique. Ne traînez pas. Rien ne peut arrêter ce qui va se passer. Le système vient d’analyser la situation présente. Partez !
— Faisons ce qu’il dit, décida Argail en poussant les deux jeunes femmes vers la sortie.

Dès qu’ils eurent franchi le seuil du local, Ronik ferma les portes. De nouveau il leur fit signe de s’en aller.
— Vous croyez vraiment qu’il… commença Lillaia.

Au même moment dans un bruit sourd de détonation, la tête de l’être synthétique explosa, répandant sa matière sur les vitres de la pièce.
— C’est horrible ! s’écria Lillaia pourtant entraînée à ce genre d’horreur.
— Eh bien, la question de l’I.A. ne se pose plus à présent, commenta Argail de façon pragmatique. La CorSec va être déçue.
— Il nous reste les preuves que Gofaï était impliqué dans la vente illicite de celle-ci.
— Qu’est-ce que ça change ? observa sèchement Lillaia. Il est mort lui aussi, non ?
— Oui, mais un traître mort fait moins recette qu’un riche philanthrope plein d’amis hauts placés, commenta Isil.

Argail les arrêta d’un geste.
— Nous ne sommes pas seuls… j’entends une voix…
— Tu es certain, demanda la militaire. Je n’entends rien.

Elle tendit l’oreille puis reprit.
— Si, peut-être effectivement une voix…
— Elle vient de par-là, indiqua Argail tout en relevant son canon d’assaut.

Ils s’avancèrent dans le laboratoire. Effectivement, la voix devenait plus claire. Elle disait :
Quarante-cinq… quarante-quatre… quarante-trois…
— On dirait un compte à rebours, fit Argail.
— Je crois que lorsque Ronik nous disait de partir vite, cela ne concernait pas que le local, lâcha Isil.
— Une autodestruction générale ? s’alarma Lillaia.
— J’en ai bien peur ! Courons !

Argail lâcha son arme lourde et Lillaia son fusil. Isil ôta d’un geste des pieds ses chaussures à talons aiguilles. Le trio s’élança dans une fuite à corps perdu à travers les salles du laboratoire. Ils franchirent d’un bond le trou pratiqué par le sabre d’Isil dans la paroi en duracier, bondirent par-dessus le droïde abandonné au milieu du couloir, slalomèrent entre les machines de l’antre du plaisir de Gofaï et se précipitèrent dans l’ascenseur dont Argail enfonça frénétiquement le bouton.
— Allez… allez ! grinça-t-il entre ses dents.

Lentement, trop lentement à leur goût, la cabine s’éleva tandis que la voix relayée par d’invisibles haut-parleurs égrenait :
Seize… quinze… quatorze…
— Plus vite ! cria Lillaia.
— On y arrivera jamais, lâcha le soldat.

Les portes s’ouvrirent. Ils se ruèrent dans le couloir en sautant parmi les débris du droïde d’assaut et piquèrent un sprint à travers l’aile principale du manoir dans le long, trop long couloir qui menait vers la sortie. Au bout de ce couloir il y avait le vaste, trop vaste, hall d’entrée et au fond de celui-ci les portes sans doute closes. Isil comptait mentalement dans sa tête :
Neuf… huit… sept… six…
Ils atteignirent le hall et elle eut la certitude qu’ils ne pouvaient pas s’en sortir si le manoir explosait entièrement ce qui était, connaissant Gofaï, à redouter.
Quatre… trois…
Ils se trouvaient au milieu du hall et il y avait encore les portes à ouvrir. Isil arrêta sa course folle. Lillaia s’en aperçut et l’imita en criant :
— Isil, qu’est-ce que tu…

La dernière vision que la militaire eut de la jeune Jedi fut la blonde chevelure retombant lentement sur ses épaules, ses yeux fermés, son visage serein et ses mains tendues.
— Non ! cria la militaire au moment ou une double et puissante vague de Force balayait le hall.

La première onde pulvérisa les portes vers l’extérieur telle une fabuleuse tornade. La suivante catapulta les deux soldats à travers le reste du hall au moment précis où tout explosait autour d’eux. Ils s’envolèrent littéralement vers l’extérieur poursuivis par une gigantesque boule de feu qui se propagea en un éclair à travers toutes les pièces.
Leur entrainement militaire porta ses fruits. À demi sonnés par le choc de la formidable onde de choc, ils eurent la présence d’esprit de se mettre en boule pour atterrir en roulant sans trop de mal sur la pelouse, à l’abri du brasier qui dévasta aussitôt le manoir Gofaï en rugissant. L’énorme boule de feu avait balayé le hall pour se ruer vers l’extérieur. Ils en sentirent la chaleur malgré la distance à laquelle Isil les avait projetés. Puis la langue infernale se rétracta dans la demeure pendant que celle-ci s’allumait telle une torche.
Lillaia hurla à s’en déchirer les cordes vocales :
— Isil ! Isil !

Aigail l’agrippa par les épaules pour l’empêcher de se précipiter vers la fournaise. Le visage inondé de larmes, la militaire tenta rageusement de se dégager de l’étreinte du commando mais il tint bon. Les yeux de Lillaia restaient rivés vers le trou béant des portes d’entrée du bâtiment, s’attendant contre toute logique à voir réapparaître la silhouette de leur amie à travers les flammes mugissantes, tel un phénix sur son bûcher.
Elle se serra contre Argail en pleurant. Il aurait voulu lui dire des paroles de réconfort, trouver les mots fermes du chef encourageant les survivants sur le champ de bataille, mais aucun son ne put franchir la barrière de ses lèvres. Ils restèrent là de longues secondes, pétrifiés d’horreur par la situation. La Jedi au prix de sa vie les avait sauvés mais elle était partie rejoindre la Force. Du moins c’est ce que les Jedi disaient, pensa Lillaia en regardant les langues de feu qui s’agitaient dans le hall. Elles dansaient, ondulaient autour d’une forme qui ressemblait à un œil. Une forme sphérique, autour de laquelle rugissaient avec rage des flammes impuissantes. Une sphère avec en son centre une ombre longiligne noire qui avançait lentement ressemblant à une pupille d’œil rétrécie.
— Isil ? laissa échapper la voix incrédule de la militaire attirant immédiatement l’attention d’Argail.

Celui-ci se retourna.
— Isil ? répéta-t-il en écho.

Lillaia lui échappa des bras et se rua vers le brasier qui avait diminué d’intensité. Plongeant son regard dans le hall, elle put mieux distinguer cet œil. Elle comprit que c’était un champ de force dans lequel la jeune Jedi s’était enfermée pour se protéger de l’incendie. La jeune femme marchait d’un pas lent, les yeux fermés, immergée dans la Force protectrice, entièrement concentrée pour éviter de perdre son bouclier salvateur.
Les deux soldats s’étaient rapprochés à la limite du supportable et sentaient sur leur visage la morsure du rayonnement mortel. Ils se turent malgré leur envie d’encourager leur amie, de peur de la déconcentrer et de la voir se vaporiser dans l’enfer du manoir.
Petit à petit, Isil s’approcha du seuil du bâtiment, les paupières toujours closes, sortit à l’extérieur et marcha jusqu’à eux comme un somnambule. Lorsqu’ils furent convaincus qu’elle ne risquait plus rien, ils se ruèrent sur elle pour la serrer contre eux. À bout de force, épuisée par l’effort immense qu’elle venait d’accomplir, la jeune Jedi défaillit et Argail la souleva dans ses bras pour l’emmener plus loin, vers son speeder garé sur l’avenue.
— Bon sang, s’exclama-t-il tout ému, il n’y avait que toi pour réussir un exploit pareil !

Isil ne répondit rien. Inconsciente, sa tête dodelinait lentement au rythme des pas du soldat, telle une enfant endormie.


(à suivre... )


Chapitre 16 : L'épave (début 1/2)
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Modifié en dernier par Hiivsha le Sam 09 Mai 2015 - 9:53, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Sam 09 Mai 2015 - 9:52   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 15 : L'I.A. (début 1/2)
Chapitre 15 :L'I.A. (Fin 2/2)




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16 - L'épave


(Début 1/2)


Maître Dina veilla personnellement sur Isil jusqu’à son réveil en fin de matinée. L’intensité avec laquelle la jeune Jedi avait su puiser dans la Force avec le résultat connu, éveilla en elle de l’admiration. Maître Lansil le proclama : peu de Jedi auraient pu faire la même chose.
Argail s’était octroyé un grand verre de whisky corellien avant de plonger dans un sommeil réparateur. Il se leva frais et dispo comme un gardon sur les coups de dix heures. Lillaia retrouva avec plaisir son armure blanche et souple de prédilection ainsi que la couleur naturelle de ses cheveux.
À midi, les deux militaires retrouvèrent Isil après s’être fait enlever leur implant devenu inutilisable. Celle-ci avait récupéré de son épuisement total mais ils lui trouvèrent une petite mine, des cernes sous les yeux et les joues creusées. La jeune femme revêtit elle aussi avec satisfaction ses affaires personnelles, tunique-jupe et bure de Jedi, ses bottes, sa ceinture multifonction et bien entendu son sabre laser qu’elle n’avait jamais lâché même dans son inconscience jusqu’au moment où Argail avait dû lui arracher de ses doigts crispés.
Le débriefing eut lieu en début d’après-midi dans les locaux du GIS à l’Enclave Jedi de Coronet City. Le lieutenant Parker, Maître Lansil et son épouse, écoutèrent longuement les rapports successifs des trois amis sans rien en interrompre. Lorsqu’ils eurent terminé, Frao Lansil marmonna :
— Drôle d’histoire en vérité. Qui aurait pu la prévoir ?

Parker prit la parole :
— L’holodisque ramené par le sergent Argail démontre l’implication du Cartel des Hutts ainsi que celui de l’Empire via son émissaire Dark Barras. Nous ne saurons jamais à qui Gofaï aurait vendu son I.A. mais le problème ne se pose plus désormais. La CorSec tient à vous remercier chaleureusement de cette mission menée de main de maître. Sachez que si un jour vous le souhaitez, il y aura de la place dans ses rangs pour vous.
— Justement, je cherchais un petit coin tranquille pour ma retraite, plaisanta Argail en adressant un clin d’œil au lieutenant.

Maître Dina prit à son tour la parole :
— J’ai des nouvelles pour votre mission initiale. J’ai pu retrouver la trace du crash du Vindicator. Il s’est écrasé dans l’océan austral. J’ai indiqué les coordonnées sur ce databloc. Il a coulé à environ cinq kilomètres d’un îlot désert appelé Retimo. Il y a en fait une bonne et une mauvaise nouvelles.
— Bien entendu, grommela Argail les bras croisés. Sans ça ce ne serait pas drôle. La mauvaise d’abord.
— Le Centurion s’est disloqué sous l’effet des explosions internes et de la violence du crash. À cet endroit, il y a une faille sous-marine, formant un abysse d’environ dix kilomètres de large sur cinq cents de long. L’essentiel du croiseur gît à présent à une profondeur de dix à onze kilomètres.
— C’est trop profond, lâcha Lillaia découragée.
— Et la bonne nouvelle ? s’inquiéta Isil d’une voix faiblarde légèrement rauque.
— La tour du Centurion, où se trouvaient la passerelle et tous les quartiers de l’état-major du bâtiment ainsi que des officiers, s’est pour sa part échouée sur un plateau en bordure de l’abysse à une profondeur estimée entre deux-cent-cinquante et trois-cents mètres.
— En quoi est-ce une bonne nouvelle ? demanda Argail.

Maître Dina se retourna vers Isil pour l’encourager à répondre. La jeune femme prit une profonde inspiration et expliqua :
— Selon l’amiral Narcassan, il y a une forte probabilité que l’artéfact se trouve dans cette partie du bâtiment.
— Indépendamment du fait que cela nous arrangerait bougrement, il a une bonne raison de le croire, notre pacha ?
— Oui, Argail. Le commandant d’un Centurion dispose dans ses quartiers réservés, d’une mini chambre-forte dissimulée dans les parois de son bureau. Selon l’amiral et Maître Torve, le commandant du Vindicator a dû tout naturellement enfermer l’artéfact dans ce coffre.
— Si la tour arrière a coulé par une profondeur accessible il y a trois siècles, interrompit Lillaia, qu’est-ce qui pourrait nous faire penser que l’épave n’a pas été retournée dans tous les sens par les chasseurs de trésor de l’époque ?
— Rien à priori. Mais la présence d’un tel coffre est peu connue car cela n’a pas été réitéré sur d’autres navires de grande taille. Évidemment, quiconque a commandé un tel bâtiment connaît cette particularité mais les commandants de Centurion ont toujours eu pour habitude de ne pas l’évoquer. Il y a peu de chance que des chercheurs de trésor l’aient découvert.
— D’autant, ajouta Maître Dina, qu’à l’époque du crash, la zone a été fermée à la navigation et interdite pendant des décennies à cause du danger potentiel représenté entre autre par les réacteurs du Centurion et d’autres matières dangereuses. Cette interdiction a perduré longtemps jusqu’à ce le crash soit peu à peu oublié.
— Et puis, trois-cents mètres, c’est quand même profond… pour un scaphandre autonome en tout cas, observa Argail. Il y a des heures de décompression à la remontée. Ce n’est pas pour un plongeur de loisir.
— Je peux le faire, intervint Isil. Et en me servant de la Force, je peux éviter la décompression.

Lillaia soupira :
— Tu crois que tu es en état de le faire ? Il y a quelques heures à peine tu étais inconsciente.

La jeune Jedi s’arma d’un sourire rassurant.
— Je récupère vite.
— Mouais, fit Argail. Et pourquoi pas en scaphandre lourd ?
— Peu pratique pour se déplacer dans les méandres d’une épave disloquée, objecta Isil. On peut avoir à passer par des passages très étroits.

Lillaia lança à son homologue :
— N’insiste pas, Argail. Isil aura toujours le dernier mot.

Le lieutenant Parker échangea un regard avec les Jedi Verts.
— Vous souhaitez qu’on vous aide ?
— Non, répondit Isil. Merci, je pense que nous pourrons nous débrouiller par nous-mêmes. En fait, si l’artéfact est à l’endroit supposé, il ne devrait pas y en avoir pour plus d’une heure à le remonter.
— En admettant que le pacha ait raison, comment vas-tu ouvrir le coffre ? Des explosifs ?
— C’est risqué dans une épave de trois siècles. Non, j’utiliserai simplement mon sabre laser.
— Je croyais que ça ne fonctionnait pas sous l’eau ? s’exclama Lillaia.
— Pas très bien en effet. Ça vibre très fort à cause de l’ébullition que provoque la lame… sauf si le sabre a été conçu pour cela, comme c’est le cas du sabre Ho’To que m’a destiné Maître Beno.

Frao Lansil dressa l’oreille.
— Vraiment ? Puis-je le voir un instant ?
— Bien entendu, répondit Isil en tendant l’arme.

Le Maître Jedi soupesa le sabre en connaisseur puis l’examina sous toutes les coutures, l’alluma, le mania légèrement et l’éteignit avant de le rendre à sa propriétaire.
— Voici une arme étonnante comme je n’en avais jamais vue. Sa valeur est considérable ainsi que, je suppose, sa puissance. C’est le plus beau cadeau qu’un Maître puisse faire à son Padawan.
— Merci, Maître Lansil.

Le Jedi eut l’impression que la jeune femme voulait rajouter quelque chose sans oser le faire.
— Tu as autre chose à demander, Isil ?
— Non… en fait, si… je me demandais si je pourrais vous parler Maître Dina et vous avant que nous ne nous séparions.

Le couple échangea un regard.
— Bien entendu. Ce sera avec un réel plaisir que nous répondrons à toutes tes questions.

Argail regarda Lillaia.
— Bon, eh bien, nous t’attendons dans le couloir… prenez votre temps, ajouta-t-il en remerciant les Maîtres Jedi avant de quitter la pièce, suivi de Lillaia et du lieutenant Parker.

Maître Lansil croisa les bras et plongea son regard dans celui d’Isil.
— Quelque chose te préoccupe, jeune Jedi. En as-tu parlé avec tes Maîtres sur Tython ? À Maître Satele Shan ?

Isil secoua la tête.
— Non. C’est une chose dont je ne peux pas parler à mes Maîtres.

Le couple échangea de nouveau un bref regard. Pila Dina posa une main sur l’épaule d’Isil d’un geste plein de tendresse.
— Je pense qu’à nous, tu peux tout nous dire, souffla-t-elle.

Isil lui adressa un léger sourire reconnaissant et inspira de nouveau profondément.
— C’est en rapport avec un homme, et aussi avec les émotions que j’ai éprouvées lors de cette mission… cette réticence face à certaines choses que le sergent Sanders a su surmonter mais pas moi… alors qu’en tant que chevalier Jedi j’aurais peut-être dû…

Le couple de Jedi écouta Isil attentivement sans l’interrompre. La jeune femme parla longuement, en toute confiance, ouvrant son cœur comme elle ne l’avait jamais fait, ni avec Maître Beno, ni avec aucun autre Maître de Tython.
Alors qu’elle venait d’achever son récit, Pila Dina assise à côté d’elle, passa affectueusement le bras autour de ses épaules.
— Nous te comprenons parfaitement, Isil, lui dit-elle doucement. Mon mari et moi nous te comprenons. Il n’est pas facile d’éprouver de l’amour pour quelqu’un et de combattre à droite et à gauche en étant séparé de lui durant parfois des mois. C’est valable pour nous, mais c’est aussi valable pour les militaires qui se battent à travers la galaxie. Qui se battent et qui meurent. Les Jedi ne sont pas des droïdes mais des êtres humains. Nous leur reconnaissons le droit au sentiment chez les Jedi Verts.

Maître Lansil intervint d’une voix posée et douce.
— Tu as été confrontée à plusieurs choses différentes durant cette mission, Isil. Je dirais pour simplifier, deux grands problèmes. Le premier est inhérent à toute personne : c’est ce qu’on pourrait appeler « la limite à ne pas franchir ». Qu’est-ce que nous sommes capables d’accepter, qu’est-ce que nous pouvons endurer, pour une cause ? Quel sacrifice sommes-nous prêt à accomplir ? La réponse est en chacun de nous. Elle peut être variable en fonction de la cause et des conséquences, mais elle existe quelque part. La Force permet d’endurer un seuil de douleur que peu d’êtres humains pourraient tolérer. Mais nous parlons ici d’un seuil psychologique, voire moral. Un terrain sur lequel la Force ne peut pas tout. En particulier, mais pas seulement, si on parle d’une femme. Celle-ci est plus vulnérable qu’un homme dans certains domaines dès lors notamment qu’il s’agit de son propre corps.
— Est-ce normal ? demanda Isil les yeux grands levés vers le Jedi.
— Bien entendu. La femme est une matrice. La matrice de la vie. Son corps est un temple consacré à la vie. On ne l’expose pas sans se poser des questions. Tu as le droit de vouloir fixer des limites à son emploi, si j’ose parler ainsi, dans une mission. Cela dépend de chaque personne. Certaines pourront aller plus loin que d’autres. Certaines méconnaitront la valeur de leur corps alors que d’autres le surestimeront. Au centre se trouve peut-être l’équilibre. Quoiqu’il en soit, tu as raison de vouloir imposer des limites dans ce domaine.

Maître Lansil s’arrêta un moment et regarda son épouse.
— Et la seconde chose ? continua la jeune femme consciente que tout n’avait pas été dit.
— La seconde chose, elle est régie par les sentiments que tu dis éprouver pour cet homme… le capitaine Inolmo… Hiivsha. Ces sentiments que tu éprouves pour lui engendrent plusieurs facteurs qu’il te faut absolument parvenir à prendre en compte. Cette culpabilité à t’investir dans ce genre de mission lourde émotionnellement et affectivement, procède également d’un manque de confiance en toi et en lui.
— Je ne comprends pas, Maître, murmura Isil.
— Ces limites, que ton amie Lillaia ne semble pas connaître, tu te les as imposées non seulement pour les raisons psychologiques que nous venons d’évoquer, mais aussi par rapport à l’amour que tu as pour cet homme. D’une part, de peur que lui aussi dans l’une de ses missions soit amené à faire les mêmes choses que toi… avec une autre femme… ce que tu réprouverais par un sentiment proche de la jalousie ; d’autre part, de peur de lui être infidèle… ce qui est un sentiment fort noble dans un couple.
— Est-ce mal ?
— Ce sont des sentiments à maîtriser lorsqu’on est appelée à combattre le Côté Obscur. La solution que Pila et moi avons adoptée sitôt notre union prononcée, se résume en deux mots : confiance absolue.
— Confiance absolue… répéta Isil dans un souffle.

Maître Dina prit le relais de son mari.
— Oui, Isil. L’amour ne peut se vivre sereinement qu’à une seule condition : la confiance absolue et indéfectible en l’autre. Une confiance totale, entière. Un rempart insurmontable contre les sentiments néfastes que sont le doute, la colère, la peur, la jalousie, qui peuvent mener au Côté Obscur en faisant perdre la raison. La confiance et l’abnégation. Être prête au sacrifice de l’un ou de l’autre pour le bien du plus grand nombre.
— Le sacrifice de soi est enseigné par tous les Jedi, continua Maître Lansil. Mais il est plus difficile de se préparer à sacrifier l’autre si le moment est venu. Voilà ce à quoi doit se tenir prêt un Jedi qui aime quelqu’un. Et j’ajouterais, toute personne qui lutte contre le mal.
— La confiance… ni peur ni doute… répéta Isil à voix basse. Être prêt au sacrifice de soi ou de l’autre…
— La confiance élimine la jalousie. Quelle que soit la situation dans laquelle une mission pourrait te placer ou le placer, si vous avez confiance l’un dans l’autre, vous assumerez vos actes… dans la limite de ce que nous évoquions en premier qui est celle du psychologique ou de la morale de chacun. Quant à l’abnégation, elle doit aussi appliquer à l’autre ce que tu es capable d’appliquer pour toi si cela devait un jour s’avérer nécessaire.

Isil hocha la tête en silence. Elle commençait à mieux comprendre le secret de ce couple de Jedi et de tous les couples de Jedi corelliens. La sagesse de Maître Beno n’avait pas été jusque-là dans son enseignement, sans doute par obéissance au Code.
La jeune femme tourna vers Pila Dina un regard empli de reconnaissance.
— Je vous remercie, vous et votre mari, pour ces paroles réconfortantes.
— Attention, Isil, intervint Frao Lansil. Ce que nous t’avons expliqué entre en contradiction avec les préceptes de l’Ordre Jedi de Tython… ton Ordre. Nous t’avons juste expliqué notre façon de voir et de vivre les choses mais nous ne nous prononçons pas sur le bien-fondé de l’une ou l’autre de ces doctrines. Il nous semble pourtant qu’il appartient à chacun de choisir son destin.

Maître Dina embrassa Isil sur la joue comme sans doute elle devait le faire avec ses propres enfants.
— Sache que si un jour tu en avais besoin, les Jedi de Corellia sauraient t’accueillir les bras ouverts… seule ou accompagnée.

Frao Lansil lança à son épouse un regard sévère nuancé d’un accord implicite.
— Il va de soi que cela ne constitue en rien un encouragement pour désobéir à ton Ordre, Isil. L’Ordre de Tython est plurimillénaire et sa sagesse prévaut dans toute la galaxie. Tu dois en tenir compte.

Isil acquiesça et sourit aux deux Jedi.
— J’en suis consciente, Maîtres. Je ne souhaite pas quitter l’Ordre Jedi, mais je vous remercie pour vos paroles réconfortantes et si pleines de sagesse.

Elle se leva pour prendre congé, encore hésitante.
— Pardonnez-moi, Maîtres, mais j’ai… un dernier service à vous demander… sans que vous ne me posiez de questions…

Le couple échangea un sourire indulgent.
— De quoi s’agit-il ? demanda la femme.
— J’aimerais que vous fassiez procéder à une nouvelle signature génétique de mon père, Jann Valdarra, à partir de ses restes.

Les Jedi ne purent cacher leur surprise devant cette demande plus qu’inattendue. Frao Lansil observa :
— La fiche génétique de ton père existe depuis longtemps… elle est déposée au Centre des Archives Génétiques de Corellia.

Isil grimaça.
— Il se pourrait que quelqu’un ait pu modifier le fichier.
— Dans quel but ? demanda Pila Dina en se ravisant aussitôt. D’accord, pas de questions.
— Nous te devons bien ça, reprit Maître Lansil. Soit, je superviserai moi-même l’opération et nous procèderons à la création d’un nouveau fichier génétique sur lequel tu ne pourras avoir aucun soupçon de falsification. Les résultats seront conservés au Centre. Tu pourras passer en prendre connaissance lorsque tu le souhaiteras sans n’en référer à personne.
— Merci infiniment… pour tout, Maîtres, lança Isil pleine de reconnaissance.

Elle les salua et prit congé. Le couple lança à l’unisson :
— Que la Force soit avec toi, Isil !
*
* *

Le vaisseau atterrit dans un nuage de poussière en agitant la végétation de l’ilot. Celui-ci était composé d’un python rocheux haut d’une trentaine de mètres entouré d’arbres eux-mêmes ceints d’une plage de sable blanc. L’île déserte par excellence. Ce devait être l’extrémité d’une formation volcanique sous-marine car les fonds marins descendaient rapidement sur les bords.
— Quel charmant petit îlot, proclama Lillaia en posant le pied dans le sable. Idéal pour passer des vacances. Pas de voisins…
— Mouais, commenta Argail. Mieux vaut y arriver la glacière pleine que comme naufragé.
— Ce qui n’est pas notre cas, intervint Isil qui descendait la rampe suivie d’un P2A2 bipant à son tour ses impressions. Sortons le canot. Il y a une épave qui nous attend !

Ils débarquèrent l’équipement en l’entassant au bord de l’eau à une quarantaine de mètres de l’ancienne corvette de Beno Mahr. Là, ils revêtirent leur combinaison de plongée et entassèrent le nécessaire à bord de l’embarcation.
— Garde bien le vaisseau, lança Isil à P2A2. Pas question de nous retrouver ici sans lui.

Le droïde approuva tout en notifiant qu’ils étaient seuls.
— On ne sait jamais, répondit Isil seule à pouvoir décoder le langage de l’astromécano.

Argail lança le moteur et mit le cap vers le large sur une mer d’huile. Quelques minutes plus tard, le canot stoppa et se mit à danser mollement sur les rides de l’eau. Isil consulta le databloc pour conclure :
— C’est dans les parages que repose le Vindicator. La tour arrière devrait se trouver en-dessous de nous.

Argail jeta une ancre flottante pour conserver la position. Comme Isil enfilait un gilet stabilisateur chargé de deux petites bouteilles d’air comprimé, Lillaia demanda :
— Comment fait un Jedi pour éviter la compression ?
— Il crée à l’aide de la Force un champ autour de lui à l’intérieur duquel la pression reste constante.
— J’imagine que cela demande énormément de concentration ?
— C’est vrai. Il faut pouvoir conserver durablement le champ de force tout en faisant autre chose… et ce n’est pas donné à tous les Jedi de pouvoir l’assumer.
— Mais toi tu peux ? Comme nous balancer à travers le manoir Gofaï tout en te protégeant de l’explosion ?

Isil sourit en hochant la tête.
— C’est un peu ça, en effet. Maître Beno m’a souvent entraînée à ce genre de situation… je veux dire, faire plusieurs choses à la fois demandant de la concentration. Il disait qu’il ne cessait d’être étonné de mon aptitude à me servir de la Force et était très fier que j’y arrive là où beaucoup d’autres Padawan échouaient.
— J’ai l’impression que c’était un bon Maître ?
— Oui. Je dois dire qu’il m’a élevée et formée comme sa fille… s’il avait pu en avoir. Il était très sage et plein d’impertinence et il a tenu tête au Conseil pour me former.
— Parce que ?
— J’étais déjà trop vieille selon les critères de l’Ordre pour l’être. Cela représentait un risque.
— Lequel ? Si je ne suis pas trop curieuse…
— Plus un enfant est formé jeune aux préceptes et à la discipline de l’Ordre, moins il a de souvenirs de sa famille et comme son sens critique n’est pas encore développé, il fait sien plus facilement le Code et la doctrine.
— Mouais… les ponts sont coupés, il n’a nulle part où aller, ne connaît personne d’autre que les Jedi et il est malléable… ça se tient. Tandis que trop vieux… il a eu le temps d’apprendre à réfléchir par lui-même.
— Entre autres choses, répondit Isil en mettant à l’eau un petit engin autopropulsé ressemblant à une ogive écrasée et surmonté de deux manettes semblables aux guidons d’une motojet.
— On peut comprendre la nécessité pour les Jedi d’agir ainsi, intervint Argail. Mais personnellement je n’approuve guère cette façon de prendre, voire d’enlever, de très jeunes enfants à leur famille… parfois avec des arguments ou même des procédés discutables.

Isil ne répondit rien. Elle s’assit sur le bord de l’embarcation et effectua une bascule arrière pour se mettre à l’eau. Puis elle saisit les manettes du propulseur de plongée. Celui-ci était capable d’atteindre sous l’eau une vitesse de six kilomètres heures. Son utilisation lui permettrait d’atteindre le fond en trois minutes sans se servir de la Force entièrement mobilisée par son esprit pour lui servir de protection contre la pression de l’eau.
— J’y vais ! annonça Isil avec un signe de la main.
— Entendu. Fais attention à toi ! lui lança Argail juste avant qu’elle ne disparaisse sous la surface.

L’eau s’obscurcit rapidement à mesure qu’Isil s’enfonçait et les phares de son propulseur prirent le relais de la lumière du soleil. Les faisceaux lumineux tracèrent des halos dans lesquels se mirent à danser une faune de plus en plus microscopique. Passé deux cents mètres, le froid et l’obscurité régnèrent en maîtres sur les lieux.
Isil ne tarda pas à apercevoir le plateau océanique et des formes incertaines. En s’approchant, elle distingua les contours somme toute impressionnants de l’énorme masse de la tour du Centurion. Plus elle s’approchait, plus elle pouvait observer l’entrelacement de ferraille tordue, de plaques de duracier disloquées, de câbles arrachés, recouverts de vase. Elle décrivit un cercle complet autour de la tour couchée tout au bord de l’abysse. On aurait dit qu’elle reposait en équilibre précaire, une partie de sa masse surplombant l’œil noir infini de la fosse océanique dont on ne pouvait deviner le fond, et pour cause. Lorsqu’Isil passa au-dessus de l’abîme, elle frissonna à l’idée de la profondeur vertigineuse située au-dessous de ses palmes. Que pouvait abriter un tel gouffre ? Elle avait l’impression qu’à tout moment un monstre gigantesque allait en surgir pour l’entraîner au fond. Même avec l’aide la Force, aurait-elle pu lutter contre une telle créature ?
La tour arrière du Centurion mesurait près de cent-cinquante mètres de long pour un tiers de large sauf au niveau de la passerelle dont la superstructure tordue dépassait de l’ensemble. Le puissant faisceau de lumière décortiqua la coque pendant l’inspection à laquelle se livra Isil pour essayer de déterminer le moyen le plus pratique d’accéder à l’intérieur. Réflexion faite, elle opta pour la passerelle dont les parois de transparacier n’avaient pas résisté au crash et au démembrement du croiseur.
Avec soulagement, elle ramena son propulseur au-dessus du plateau sous-marin, rassurée par la vision de sa surface rocheuse. Elle ne put s’empêcher de regarder en arrière vers l’abysse noir en frissonnant, avec la désagréable impression que quelque chose était en train de l’épier.
Maîtrise ta peur, se gourmanda-t-elle.
La jeune Jedi se dirigea résolument vers la silhouette fantomatique de ce qui avait été la passerelle de commandement et stoppa les moteurs de son propulseur. D’un geste, elle alluma les deux torches fixées de part et d’autre de sa cagoule et laissa l’appareil retomber doucement sur un à-plat métallique de la coque. Une nouvelle fois, Isil scruta l’obscurité de l’eau derrière elle en récusant une sorte d’angoisse irraisonnée avant de se diriger vers l’intérieur du bâtiment.
La passerelle ressemblait à un chaos indescriptible difficile à appréhender. Non seulement la tour étant couchée sur le flanc, il fallait faire preuve d’imagination pour se l’imaginer d’aplomb, mais le crash avait réduit en miettes tout ce qui s’y trouvait et les siècles avaient revêtu l’ensemble d’une couche de limon verdâtre et uniforme donnant aux lieux un aspect spectral. La couche de vase se désagrégeait au moindre contact, et le mouvement des palmes de la plongeuse soulevait un brouillard composé d’une multitude de particules en suspension.
La Jedi traversa l’imposante passerelle dont elle eut beaucoup de mal à identifier les éléments, pour se diriger vers ce qui était autrefois les ascenseurs. Elle avait longuement étudié et mémorisé les plans du Centurion avec l’amiral Narcassan et Maître Torve, secondés par le lieutenant Bump Liam qui le connaissait sur le bout des doigts. À leur droite, se trouvaient les escaliers qui permettaient de descendre vers les ponts inférieurs. Immédiatement en dessous, il y avait le central opérationnel principal ainsi que la chambre des transmissions puis, plus bas, les quartiers de l’état-major avec notamment, ceux de l’amiral. Évidemment, les termes « en-dessous » et « à droite » étaient à présent tout relatifs dans une structure couchée sur le côté.
Des poutrelles en travers du trou formé par la cage d’escalier lui barrèrent la route. Avec d’infinies précautions pour ne pas perturber un ordre des choses en apparence bien précaire, elle se faufila entre des interstices pour franchir l’obstacle. Le seul bruit ambiant était celui de sa respiration ainsi que des bulles émanant de son détendeur. Sa visibilité n’était que de quelques mètres dans un décor quasi uniforme de cauchemar de fin de monde saupoudré de vert.
Elle agita les bras pour changer de direction et accéléra le mouvement de ciseaux de ses jambes pour se propulser en avant à l’aide de ses palmes vers ce qui avait été l’étage inférieur. Sa tête oscillait de droite et de gauche afin de promener le faisceau de lumière sur un maximum de détails dans le but de bien mémoriser l’endroit où elle progressait.
Comme la passerelle, le central des opérations offrait la vision d’un chaos épouvantable, sombre vision figée de la mort d’où toute forme de vie avait disparu au fil des siècles. À peine pouvait-on, d’un œil averti, reconnaître dans les formes indécises et gluantes de limon, ce qui avait été autrefois des consoles techniques vibrantes de couleurs et d’une vie électronique devant lesquelles s’affairaient des dizaines de personnels en uniformes impériaux.
Une sorte de gros poisson écailleux aux grands yeux globuleux, effarouché par la lumière des projecteurs d’Isil, sortit d’une cachette en la percutant avant de se fondre dans le néant propulsé par une puissante nageoire caudale triangulaire. Au même moment, la Jedi ressentit un choc à travers la carcasse métallique. Sa respiration cessa l’espace d’un instant pour permettre à ses sens en éveil de prendre la mesure du phénomène. Elle s’immobilisa et regarda tout autour d’elle dans le but de prévenir un potentiel danger immédiat. Puis des bulles d’air s’échappèrent de nouveau de son détendeur et ses bras s’agitèrent pour la porter en direction de l’étage inférieur.


(à suivre... )


Chapitre 16 : L'épave (fin 2/2)
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Messagepar Hiivsha » Sam 16 Mai 2015 - 21:06   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 16 : L'épave (début 1/2)


16 - L'épave
(fin - 2/2)


L’écoutille donnant sur le pont de l’état-major était fermée. Isil essaya sans grand espoir de la déverrouiller à l’aide de la commande manuelle. La porte paraissait vrillée et résista à toutes ses tentatives pour la mouvoir. Toujours concentrée dans la Force pour maintenir le champ protecteur l’isolant de la pression des profondeurs, elle hésita sur la conduite à tenir. Pouvait-elle solliciter la Force de façon supplémentaire pour enfoncer l’obstacle au risque de provoquer un éboulement des parois métalliques rongées par les ans ?
Quelques coups de palmes l’emportèrent un peu plus loin vers une fissure dans la cloison. Le trou était suffisamment large pour s’y glisser précautionneusement en prenant garde de ne pas accrocher les bouteilles sur son dos. Lentement, elle s’y introduisit et déboucha sur ce qui lui apparut comme l’espace d’accueil de l’état-major. La jeune femme imagina un instant les lieux grouillant de vie, avec le passage de nombreuses personnes allant et venant, de secrétaires courant à travers les bureaux, d’officiers préoccupés par la marche du puissant navire… À présent, seul un silence oppressant régnait. Elle observa sur l’une des parois une sorte de crabe phosphorescent avec des yeux suspendus au bout d’antennes quasi-invisibles. La créature la contempla longuement d’un air intrigué puis, répondant sans doute à un quelconque instinct de conservation, disparut dans un interstice de la paroi en duracier sitôt que la jeune femme eut fait un geste en sa direction.
Elle se remit en route laissant derrière elle une colonie de petites bulles d’air s’éclater sur un plafond autrefois mur de la coursive. Un peu plus loin, elle reconnut au-dessus de sa tête, les contours de ce qui avait été jadis la porte du bureau du commandant de bord. Le panneau était retombé sur la paroi de la coursive mais ne paraissait pas verrouillé. Plaquant ses deux mains contre lui, Isil le souleva en palmant le plus fort possible. Aidée par la poussée de l’eau, la lourde porte s’éleva lentement sous l’effort de la jeune femme et se dressa à la verticale avant de retomber en arrière, au ralentit, en soulevant un nuage vert.
Isil remonta pour se glisser dans le bureau du commandant parmi des restes de mobilier entassé sur ce qui était désormais le sol. Difficile de se représenter ce qu’avait pu être cette grande pièce lorsque le Vindicator parcourait l’espace profond ! Heureusement, Isil pouvait se raccrocher à sa connaissance du bureau de l’amiral Narcassan pour se repérer au mieux. L’emplacement du coffre secret se trouvait derrière son bureau, c'est-à-dire au fond de la pièce en entrant. Ici, dans cette épave renversée, il se trouvait au-dessus d’elle, sur la paroi qui faisait à présent office de plafond. Ce n’était pas le plus pratique car elle ne pouvait prendre appui nulle part avec ses jambes pour pouvoir forcer le coffre.
Elle traversa la pièce pour parvenir à destination. Le panneau censé dissimuler la cache était à moitié détruit et la Jedi l’arracha pour mettre à jour la porte blindée.
Son arme brilla comme une torche lorsqu’elle l’alluma. L’eau tout autour se mit à bouillonner, mais le manche spécial absorba l’essentiel des vibrations produites. Concentrée dans la Force, la Jedi canalisa une partie de celle-ci dans la lame de son arme avant de l’enfoncer dans la serrure du coffre tout en poussant d’un vif battement de palmes. La fonte de l’acier chauffé à blanc fit bientôt bouillonner l’eau alentour. Isil traça un cercle avec son sabre jusqu’à ce que la serrure cède. La porte du coffre s’ouvrit lentement vers le bas jusqu’à la verticale où elle resta suspendue par ses gonds. Le contenu se déversa au gré du courant provoqué par l’ouverture et un objet sombre chuta, intercepté adroitement par la main de la Jedi.
Curieusement, Isil ne ressentait rien provenant de l’artéfact ou pas grand-chose. Seules quelques arrière-pensées confuses s’imposèrent à elle concernant Hiivsha dont le visage flotta un instant devant ses yeux avant de disparaître. Soit l’eau atténuait les radiations émises par l’objet, soit celui-ci était en sommeil. Peut-être à cette profondeur, le signal émis par l’artéfact du Defiance ne l’avait pas atteint ?
Elle enfouissait l’objet dans un sac emporté à cet effet lorsqu’un coup sourd porté contre la coque résonna. La vibration fit tomber des morceaux de ferraille détachés de la paroi du haut. Le cœur d’Isil bondit dans la poitrine. Qu’est-ce que cela pouvait être ? Qu’est-ce qui pouvait faire vibrer une structure aussi massive que la tour du Centurion ?
Faisant le maximum pour conserver son calme et sa concentration dans la Force, elle retraversa la pièce de haut en bas jusqu’à la porte donnant sur la coursive et se hâta de retrouver la fissure qui lui permit de remonter vers le central des opérations. Une nouvelle secousse fit vibrer l’épave. La Jedi frissonna malgré elle mais elle s’efforça de ne pas respirer trop vite pour conserver son calme. Enfermée dans des lieux aussi hostiles à trois-cents mètres sous la surface de l’océan, enveloppée d’un champ créé par la Force qui drainait toute sa concentration, elle ne pouvait pas espérer combattre quoi que ce soit. À condition bien entendu, que ce ne soit pas son imagination la seule responsable du phénomène ressenti !
À grands coups de palmes, elle parcourut la cage d’escalier menant vers la passerelle et se propulsa le cœur battant à travers le vaste espace en direction de la sortie. Comme elle s’extirpait de l’immense tombeau, un nouveau bruit sourd s’échappa de la tour suivi d’un crissement d’acier froissé. S’efforçant de ne pas céder à l’affolement, Isil tourna la tête et aperçut dans le cône de lumière de ses torches, une ombre longiligne pouvant faire penser à un ver géant qui glissait le long des superstructures déchirées. Il lui fallut tout son entraînement de Jedi pour ne pas laisser la panique s’emparer d’elle et conserver la tête froide. La chose noire rampait à présent dans sa direction. Isil aperçut sous son ventre de grosses ventouses claires peu engageantes.
La Jedi nagea jusqu’à son propulseur tout en s’efforçant de respirer posément. Quelque chose lui disait de ne pas engager le combat contre la chose. Instinct, prémonition ? Elle n’aurait pu le dire. L’engin démarra sous la sollicitation de ses doigts et s’envola vers la surface. Là-haut, très loin, un minuscule point lumineux symbolisait celle-ci. La jeune femme remontait lentement, trop lentement. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule mais n’aperçut rien dans l’obscurité des profondeurs. Pourtant elle sentait quelque chose qui la pourchassait. À chaque seconde, elle s’attendait à être happée par la chose et traînée de force vers l’abysse sans fin où seule la mort la trouverait.
Il n'y a pas de mort, il y a la Force, songea-t-elle pour se réconforter. Et dans la Force, peut-être Maître Beno qui l’attendait pour lui enseigner des choses insoupçonnées. Là-haut, la surface se mit à briller plus intensément. Sa main se crispa sur l’accélérateur de son engin mais celui-ci remontait déjà à pleine puissance. Une nouvelle fois, elle regarda en arrière et crut apercevoir une forme qui ondulait. En même temps, une série d’émotions la bouscula. Fermant les yeux l’espace d’un instant, elle se surprit à penser avec envie au contact chaud et ferme des bras de son contrebandier, aux vibrations de son corps musclé et à l’haleine de sa bouche. L’influence de l’artéfact de la passion commençait-elle à se faire ressentir ? Elle redoutait à présent d’avoir peur. Peur de le perdre. Peur de ne plus jamais le revoir. Peur de ne plus pouvoir le toucher ni d’être touchée par lui, de ne plus sentir sa propre peau frémir sous les caresses masculines. Troublée par ses pensées incontrôlables, elle émergea de l’eau au maximum de la vitesse du propulseur tel un sous-marin faisant surface en urgence absolue. Son engin se dressa vers le ciel dans une grande gerbe d’écume avant de s’aplatir sur la surface dans un grand plouf retentissant, alarmant immédiatement Lillaia et Argail qui patientaient à quelques mètres de là.
Retrouvant ses esprits, Isil s’écria :
— Vite, Argail, mets le moteur en route !
— Isil ! s’exclama le soldat. Tu vas bien ?

Le propulseur sillonnait maintenant l’océan en direction du canot. Perplexes, les deux militaires se regardèrent un instant puis Lillaia tendit une main secourable vers le bras tendu de la Jedi pour la hisser à bord.
— Laisse tomber le propulseur, cria celle-ci en s’affalant sur le fond de l’embarcation. Au vaisseau, vite !

Un ordre étant un ordre et le ton de la jeune femme ne souffrant pas de discussion, Argail lança le moteur à fond et mit le cap vers l’îlot sans plus chercher à comprendre la situation. Quelques secondes plus tard, le canot bondissait sur les vagues paisibles de l’océan.
— Tu es certaine que ça va ? demanda Lillaia inquiète. Tu as trouvé l’artéfact ?

Isil se débarrassa en hâte de ses bouteilles et son gilet.
— Oui, oui, haleta-t-elle en fixant derrière eux le point d’où elle avait émergé, avec une évidente inquiétude. Je l’ai, ne t’en fais pas pour ça.
— Bon, reprit la militaire assise au fond du canot. Alors, qu’est-ce qui presse ?

La Jedi hésita un instant embarrassée, pareille à quelqu’un qui vient de se tromper en alertant les secours pour rien. Puis soudain, elle tendit le doigt derrière l’épaule de la militaire.
— Ça ! s’écria-t-elle.

Argail et Lillaia se retournèrent. À deux ou trois cents mètres d’eux, une énorme masse noire venait d’émerger des profondeurs en poussant un puissant rugissement. Une masse ovale cuirassée d’écailles, surmontée de deux gros yeux globuleux et hérissée sur le devant d’immenses tentacules qui s’agitaient dans le ciel. Le corps de la bête devait mesurer plus de trente mètres et ses appendices plus du double.
— Houlà ! s’exclama le soldat en ouvrant les gaz à fond. Là, ça sent mauvais !

Il fouilla des yeux le sol de la frêle embarcation et grommela :
— Qui a dit que nous n’avions pas besoin d’artillerie lourde ?

Lillaia allongea les bras et fouilla dans un sac pour en extirper un pistolet blaster.
— C’est tout ce que nous avons. Difficile de prévoir ce genre de monstre.
— Il faut toujours prévoir l’impensable, continua de marmonner Argail le regard braqué vers l’îlot qui se rapprochait trop lentement à son goût.

Bruyamment, la bête battit l’eau de ses larges nageoires de queue situées de part et d’autre de l’arrière de son corps et s’élança à la poursuite de sa proie. Devant elle, une forêt de tentacules s’agitait avec fébrilité. Lillaia tira plusieurs fois sans parvenir à la faire ralentir.
— Autant tirer sur un bantha avec un lance-pierres, cria-t-elle. Elle gagne du terrain, plus vite !
— Je suis à fond, déplora Argail sans quitter leur destination des yeux. Mais tu peux pagayer, ajouta-t-il non sans humour.

Une folle course-poursuite s’engagea. De temps en temps, la bête laissait entendre un son rauque et prolongé faisant penser au rugissement de certains prédateurs terrestres. Inexorablement, elle gagnait du terrain. Fort heureusement, le salut n’était plus très loin. Volant presque au-dessus des faibles vagues sur lesquelles il rebondissait, le canot arriva à toute vitesse sur la plage. Son pilote eut juste le temps de prévenir en coupant le moteur :
— Attention au choc !

Chacun se cramponna comme il le put. Isil effectua un double salto vrillé arrière en allumant son sabre et se retrouva en équilibre sur le bord de l’embarcation face aux tentacules, prête à l’affrontement. Lillaia fut projetée malgré elle au fond du canot et, alors qu’elle se relevait, l’un des appendices de la bête la saisit par une cheville et l’éleva dans les airs. Tout en tournoyant, elle tira plusieurs fois sans succès. Argail était tombé dans le sable et courait à présent vers la lisière des arbres où se trouvait le reste de leur équipement. P2-A2 s’exprima de façon sonore.
— Ne t’approche pas ! le somma Argail. Ce monstre-là ne fera pas dans le détail, droïde ou humain.

Isil en butte à plusieurs tentacules, trancha dans le vif à grands coups de sabre, provoquant des jets de liquide verdâtre projetés par les appendices coupés. Elle lança une puissante vague de Force pour faire reculer l’animal mais ce dernier accusa le coup sans férir.
Argail ouvrit le feu en revenant vers le rivage, visant la masse noire du monstre aux deux-tiers immergé. Le corps de Lillaia était toujours agité dans l’air, à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Celle-ci continuait à tirer avec son pistolet en s’efforçant de se dégager de l’étreinte de la bête. Au fond des tentacules, on apercevait une gueule béante, ronde, ornée de plusieurs rangées de redoutables dents acérées laissant à penser que la nourriture préférée du monstre n’était pas que le plancton. Du fond de sa gorge, un nouveau cri retentit exhalant une haleine fétide de poisson pourri.
— Et en plus, il pue ! cria Argail en effectuant plusieurs roulés-boulés pour éviter d’être capturé par les appendices noirs s’agitant tout autour de lui.

Incommodée par les tirs du canon d’assaut et de plusieurs mini-missiles qui lui déchirèrent la carapace, la bête agita sa queue pour reculer dans l’eau. Soudain, Lillaia, entraînée par le tentacule qui la retenait prisonnière, disparut sous l’eau.
— Il va fuir ! cria Argail à l’adresse de la Jedi qui bataillait à tour de bras, sautant et bondissant pour échapper elle aussi aux longs appendices. Il faut l’empêcher de s’échapper avec Lillaia !

Le sable était jonché de morceaux de chairs noirâtres découpés par le sabre laser, mais cela ne semblait pas entamer la vivacité de la chose des profondeurs. Le tir du soldat s’intensifia, essayant de viser entre les tentacules pour atteindre les yeux. Mais les écailles résistaient.
La bête recula de nouveau. Isil eut la nette impression qu’elle rompait le combat. Si elle retournait dans les profondeurs, leur amie était condamnée à une mort certaine.
— Il faut en finir ! cria la Jedi en s’élançant avec puissance dans les airs à travers les appendices agités.

À l’aide de la Force, elle contrôla son saut plus que périlleux pour éviter d’être capturée par les redoutables ventouses et atterrir avec précision au sommet du monstre entre les deux yeux. Ses bras se levèrent haut dans le ciel, sabre vers le bas, et de toute son énergie, elle en enfonça la lame dans le crâne de la bête à travers sa carapace d’écailles.
L’animal se dressa dans l’air en poussant un immense cri et les tentacules s’agitèrent fébrilement de façon anarchique. Isil resta accrochée à son sabre laser jusqu’à ce que le corps noir ne retombe dans une haute gerbe d’écume pour s’immobiliser enfin. Il fut agité de quelques soubresauts puis un grand silence s’imposa.
Du haut de son perchoir, les yeux de la Jedi fouillèrent fébrilement la surface autour du monstre jusqu’à ce qu’ils se posent sur la silhouette immobile de Lillaia gisant au fond de l’eau. La jeune femme retira son sabre de la bête et plongea la tête la première. Quelques brasses l’emmenèrent jusqu’au corps inanimé de la militaire et d’un mouvement sec, Isil trancha avec son arme le tentacule qui l’enserrait toujours. Trois secondes plus tard, elle refaisait surface en tenant Lillaia par le menton. Argail se précipita dans l’eau pour l’aider à la trainer jusque sur le sable.
Le visage de la militaire était livide.
— Elle ne respire plus, s’alarma Argail en découpant prestement la combinaison de la noyée à l’aide d’un couteau de chasse.

Il en écarta les pans et s’agenouilla à ses côtés en plaçant le talon d’une main au milieu de sa poitrine nue, puis l’autre par-dessus. Les bras tendus, il enfonça le sternum de Lillaia, attendit qu’il revienne en place puis recommença le massage.
— Allez, Lillaia, revient à toi, nous laisse pas en rade comme ça ! Bats-toi par tous les Sith crochus de la galaxie !

P2-A2 arrivait au même moment et lâcha toute une série de bips alarmés et de modulations sonores impératives. Le visage de leur amie restait blafard. Comme Argail s’acharnait, P2-A2 insista bruyamment et se plaça de l’autre côté du corps avant d’ouvrir un compartiment de sa carcasse dont il sortit deux tiges télescopiques terminées par deux petits plateaux rectangulaires.
— Attention, Argail ! prévint Isil. P2-A2 va choquer Lillaia !

Le droïde posa les extrémités des tiges sur la poitrine de la noyée et lança une décharge électrique. Le corps inanimé se souleva légèrement sous la contraction musculaire puis retomba mollement sur le sable. Argail en profita pour insuffler de l’air dans les poumons de la militaire par un bref bouche à bouche puis recommença le massage cardiaque.
— Allez ! cria-t-il au bord du désespoir. Lillaia, revient ! Respire nom d’un bantha ! Respire !
— Un autre choc, ordonna Isil à P2-A2 qui recommença l’opération.

Perplexe, la Jedi sentit que le massage n’aboutirait pas. Elle posa son bras sur celui du soldat et secoua la tête.
— Inutile de s’acharner, Argail. Elle ne reviendra pas cette fois.

Il tourna vers elle un regard empli à la fois de détresse et de détermination.
— On continue. P2-A2 !

Le droïde discuta quelques secondes et Isil servit d’interprète :
— Il pense aussi que c’est inutile.
— Mais tu es Jedi, Isil, tu peux faire quelque chose !
— Peut-être un massage directement sur le cœur…

Les yeux du soldat s’arrondirent :
— Tu veux l’ouvrir ?
— Non… je pensais à autre chose… mais c’est risqué… je ne l’ai jamais pratiqué sur un être humain et si je ne maîtrise pas mon acte, je tue Lillaia pour de bon.

Argail prit la main d’Isil et la serra à la broyer.
— De toute façon, si tu ne fais rien, elle est morte !

La jeune femme acquiesça d’un léger hochement de tête puis ferma les yeux.
*
* *

Elle avait quinze ans et se promenait dans une prairie verdoyante parsemée d’innombrables fleurs aussi colorées qu’odoriférantes, aux côtés de son Maître. Ce dernier discourait sur la Force et la maîtrise que chaque Jedi devait en avoir.
— Jusqu’ici, je t’ai appris à puiser l’énergie dans la Force sans aucune réserve pour que ta puissance soit grande au combat. Et tu y arrives au-delà de toutes mes espérances pour une Padawan de ton âge.

La jeune fille baissa la tête en souriant sous l’effet du compliment. Maître Beno Mahr reprit :
— Chasse de ton esprit tout sentiment d’orgueil. Je ne fais qu’exposer des faits.

Isil effaça son sourire et rentra ses mains dans les manches de sa bure pour répondre d’une voix fluette et obéissante :
— Oui, Maître Beno.
— Mais je sens en toi d’autres aptitudes, plus grandes et plus importantes peut-être que celles consistant à affronter l’ennemi sur le champ de bataille.
— Lesquelles, Maître ?
— Je suis certain que tu pourrais développer des talents de guérisseuse… d’une grande guérisseuse. Mais pour cela, il faut faire plus que d’utiliser la pleine puissance de la Force. Il faut savoir la doser. Être capable de la mobiliser à dose infinitésimale pour intervenir dans un corps humain.
— Comment fait-on ?
— De la concentration… encore de la concentration… et toujours de la concentration ! s’exclama Beno Mahr en s’asseyant dans l’herbe.

Sa Padawan l’imita.
— Vois-tu ce papillon orange sur cette pierre ? demanda le Jedi en pointant le doigt.
— Oui, il est magnifique et si fragile.
— Eh bien, je veux que tu l’immobilises en lui serrant les ailes l’une contre l’autre par la Force.

Isil leva ses grands yeux bleus vers son Maître l’air désespéré.
— Mais je ne sais pas comment faire, Maître Beno. Je risque de lui faire mal… ou même de l’écraser.
— Et un Padawan ne fait pas de mal à une mouche, c’est bien connu. Mais pour l’heure, on va en prendre le risque et si tu le tues, tu en porteras toute la responsabilité.

Isil regarda les sourcils froncés de son Maître et décida qu’il ne plaisantait pas. Elle tordit sa bouche à droite, puis à gauche, pinça ses lèvres puis porta toute son attention sur le petit insecte qui se reposait au soleil. En fermant les yeux, elle se concentra jusqu’à voir, à travers la Force, les lignes qui dessinaient le papillon, son corps, ses ailes. Il fallait tellement peu de Force pour immobiliser une si fragile créature ! Comment la doser ? Respirant à peine, elle sollicita un peu d’énergie ambiante et la reporta vers l’animal tentant de provoquer un très léger étau autour de ses ailes si fines.
— Je crois que tu as réussi, murmura Maître Beno en se relevant tout en sortant un filet à papillon de sa besace en bandoulière. Reste concentrée. Ce sera un magnifique spécimen du plus bel effet dans la collection du doyen du jardin botanique à qui je dois un service. Et cela va m’éviter d’en capturer un avec ce misérable filet.

Non ! pensa Isil. Je ne veux pas qu’on le capture !
Alors que le Jedi tendait la main vers l’insecte immobile, Isil relâcha sa concentration et lança une minuscule vague de Force vers l’animal pour qu’il s’envole.
La main de Maître Mahr se referma sur du vide.
— Isil ! s’exclama-t-il moitié fâché, moitié amusé par la décision somme toute logique prise par l’adolescente.
— Désolée, Maître Beno, s’excusa celle-ci faussement en se relevant. Je crains de n’avoir pas été à la hauteur de vos espérances.

Elle regarda en souriant le papillon s’éloigner de son vol hésitant. Le Jedi marmonna quelque chose et se remit en marche après avoir rangé son filet.
— Je crois que tu as encore des progrès à accomplir, jeune Padawan, grommela-t-il un peu plus tard. Surtout dans le domaine de l’obéissance, ajouta-t-il en lançant un regard de biais à sa disciple.

Celle-ci baissa les yeux humblement ainsi que la tête avant de sourire sous cape.
— Oui, Maître Beno.
*
* *

Elle était dans le corps de la noyée, de leur amie. À travers la Force, elle distinguait le cœur inerte qui ne battait plus. Si elle le comprimait trop fort, elle l’écraserait irrémédiablement et Lillaia mourrait pour de bon. Les yeux fermés, elle repensa au papillon et cessa de respirer. Il fallait juste un peu de la Force environnante pour presser le muscle cardiaque. Juste un peu, pas trop.
Le cœur de Lillaia se serra littéralement dans sa poitrine. Le sang afflua légèrement dans ses artères. Puis il se dilata, sollicitant les veines. Isil réitéra le mouvement plusieurs fois. Soudain, le corps de Lillaia fut agité de soubresauts, elle toussa et un mélange d’eau et de sécrétions remonta dans sa gorge. Aussitôt, Argail la poussa pour la mettre sur le côté afin de favoriser le vidage de ses poumons. Isil rouvrit les yeux.
— Tu as réussi ! s’exclama Argail.

La militaire se mit à tousser plusieurs fois pour évacuer le liquide obstruant ses voies respiratoires. Le sang se remit à affluer dans son visage.
— Vas-y, Lillaia, vas-y, respire !

La jeune femme obéit en aspirant un grand coup ce qui lui provoqua une nouvelle quinte de toux. P2-A2 qui s’était éloigné vers l’équipement entassé un peu plus loin, revint en tenant un coffret noir entre ses bras mécaniques. Il exprima quelque chose et Isil se releva pour marcher jusqu’au canot contre lequel elle s’agenouilla. Le droïde la suivit. À quelques mètres, Lillaia ouvrait péniblement les yeux et sourit faiblement en apercevant le visage d’Argail penché sur le sien.
— Coucou, fit-elle doucement.
— Salut, répondit le soldat ému. De retour parmi nous ?

Elle souleva un bras et posa la paume d’une main sur la joue de son coéquipier.
— Tu es tout pâle, murmura-t-elle.
— Tu devrais te regarder dans une glace, rétorqua-t-il. On dirait un cadavre ambulant.
— Tu m’as fait du bouche à bouche ?

Les lèvres d’Argail s’étirèrent.
— J’en ai profité, tu penses bien.
— C’était comment ?
— Pas très concluant, avoua-t-il. Embrasser une noyée, c’est pas mon truc.

La main de Lillaia pressa la nuque du soldat. Elle souffla :
— Et si tu me montrais ce que c’est ton truc ?
— Là, maintenant ?
— Oui… parce qu’après Isil et moi, c’est à toi de jouer au mort… alors on ne sait jamais !

Le sourire du soldat s’accentua et cédant à l’invitation, il l’embrassa longuement.
Isil appuyée contre le canot, observait le sac contenant l’artéfact gisant sur le fond entre deux palmes. Elle pouvait en sentir l’influence sous la forme d’une curieuse sensation qui s’emparait de nouveau d’elle. Levant la tête, elle vit deux corps serrés l’un contre l’autre et cria :
— Lâche-le ! Je t’interdis de l’embrasser, il est à moi !

Comment son amie pouvait-elle se permettre pareille chose : embrasser Hiivsha devant ses yeux ! Une onde de colère la parcourut cependant que les deux militaires tournaient vers elle un regard interrogateur.
— Et toi, lâche-là aussi, traître ! reprit la Jedi furibonde en jetant des éclairs à l’homme avec ses yeux. Ce n’est pas la peine de me dire que tu m’aimes pour embrasser une autre femme !
— Isil ? répliqua Argail. Tu vas bien ?

Lillaia se redressa pour s’asseoir sur le sable.
— Non, elle ne va pas bien, c’est l’artéfact !
— Isil ! ordonna le soldat. Mets cette chose dans le coffret que tient P2-A2, tout de suite !

La voix d’Argail calqua comme un coup de fouet et secoua la jeune Jedi. La vision d’Hiivsha disparut. Se rendant compte de sa méprise, son visage s’empourpra. L’astromécano trépigna et lâcha des sons impérieux.
— D’accord, d’accord, répondit Isil en se protégeant avec la Force pour saisir l’objet. Tiens, voilà.

Elle lâcha l’artéfact dans le compartiment prévu et P2-A2 referma aussitôt le couvercle du coffret. Celui-ci se verrouilla automatiquement. Le droïde s’éloigna vers le vaisseau en bipant autre chose.
— Oui, pardon, A2. C’est vrai, j’assume moyennement.

Elle s’effondra, assise contre le canot. Argail se releva et revint vers elle.
— Je trouve qu’au contraire, tu assumes mieux que bien, Isil. Sans toi, cette mission aurait été un fiasco.

Il lui tendit la main pour l’aider à se relever.
— Sans vous, je n’y serai pas parvenue, observa-t-elle.
— C’est un travail d’équipe… souviens-toi, la CPM…

Il démêla un instant ses longs cheveux blonds pour les répartir de chaque côté de ses épaules.
— Histoire de te rendre un air civilisé, sourit-il.

Comme Lillaia se relevait à son tour, ils accoururent et la prirent sous les bras.
— Ça va, protesta-t-elle. Ça va. Va falloir me raconter qui m’a fait quoi pendant que j’étais out, hein ? Curiosité féminine oblige. Au fait, cette chose était absolument horrible, ajouta-t-elle en désignant de la main le monstre des profondeurs.
— Oui, c’est la première fois que je vois une bête pareille, répondit Isil pensive.
— Les surprises de la galaxie, soupira Argail. Et si on rangeait tout pour repartir sur notre bon vieux Defiance ?

Une heure plus tard, la frégate s’élevait dans son nuage de sable, puis prenait son envol vers l’espace. Le Defiance les attendait toujours sur les docks de Rothana.

(à suivre... )


Chapitre 17 : Une Jedi chez les Sith (début 1/2)
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Messagepar Hiivsha » Dim 24 Mai 2015 - 17:19   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 16 : L'épave (début 1/2)
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17 - Une Jedi chez les Sith


(Début 1/2)


— Même pas peur ! crâna Lillaia en levant le verre sous les encouragements des mécanos.

À grandes gorgées, elle le vida rapidement et le reposa d’une main ferme au centre de la table, les yeux brillants. Les spectateurs applaudirent et reprirent leurs discussions. Argail flatta l’épaule de la militaire.
— J’ai dans l’idée que tu as reçu un entraînement spécial pour cela.
— En tout cas, déclara James, elle a une sacrée descente ta copine.
— Ouaip, renchérit Patris en grattant sa barbe. Tu en as beaucoup en réserve comme ça des frangines ?
— Pas vraiment… avec Isil ça fait deux.
— Mais y’en a d’autres dans ton truc top secret, observa le noir nommé Will. J’ai aperçu l’autre jour une Twi’lek superbe…
— Comme toutes les femelles Twi’lek, s’exclama le barbu.
— C’est un autre chevalier Jedi, répondit Argail. Mais je ne suis pas certain que la cantina du pont quatre lui convienne.
— Ah ? Elle est coincée du…

Patris ne put achever sa phrase. James lui asséna prestement une grande claque sur la nuque.
— Reste correct avec les amis d’Argail, toi. Si le général Isil t’entend !

Patris se frotta le cou et regarda la piste de danse en grommelant :
— Pas de souci de ce côté-là, notre petite blonde se fait draguer par Alec qui n’a toujours pas compris qu’elle n’était pas libre… enfin, si j’ai bien tout suivi.

Il vida brusquement son verre et appela la serveuse à la peau rose pour obtenir un nouveau pichet d’arboite.
— C’est cela même, confirma Lillaia. Et Isil ne semble pas femme à courir deux lièvres à la fois.

Elle adressa un clin d’œil à Argail qui compta sur ses doigts avant de continuer :
— Il y a aussi le docteur Barton…
— Ah oui, la Zeltrone, commenta Will décidément au courant de tout. Il paraît que ce sont des gens particuliers.
— C’est vrai. J’ai lu qu’ils pouvaient attirer les autres espèces avec des odeurs qu’ils dégagent, précisa James.
— Moi, ça me dérange pas si la femelle est bien… commença Patris.

Une seconde claque l’empêcha de finir.
— Et pour finir le sergent-chef Krull, une Sarkhai que je ne connais pas encore vu qu’elle fait partie de l’équipe CPM en mission.
— Là, je cale, observa Will un rien dépité. Va falloir que je me renseigne. Allez, à la vôtre !

Les verres s’entrechoquèrent et les gosiers se remplirent.
— Il court de drôles de rumeurs à bord, souffla Alec à l’oreille d’Isil sur la piste de danse.
— Lesquelles ? demanda la jeune femme en se laissant porter dans les bras musclés du mécano au rythme d’une chanson sensuellement distillée par la chanteuse Twi’lek au teint vert pâle.
— Qu’on ferait équipe avec l’Empire pour chasser le salaud qui nous a esquintés ?

Isil détourna le regard et posa son menton sur l’épaule masculine.
— Ce qu’il y a de bien avec les rumeurs, c’est qu’elles sont vraies… ou fausses.

Alec grimaça.
— Ça pour une réponse, c’est une réponse. Merci, Isil.

La Jedi sourit.
— Désolée, je ne peux rien dire. Il est évident que le pacha fera une communication lorsqu’il l’estimera nécessaire.
— Bah, à quoi ça sert de flirter avec toi si je ne parviens pas à te soutirer des renseignements.

Isil haussa les épaules.
— À me serrer entre tes bras.
— Je peux en espérer plus ?

Elle fit non de la tête.
— Tu le sais, j’ai quelqu’un dans ma vie et j’ai accepté de danser avec toi en tant qu’amie parce que tu es un bon danseur et que ta compagnie m’est agréable.
— Ça coûte rien d’essayer de temps en temps, soupira le jeune homme.

Il déposa un baiser sur son front.
— Et te sentir contre moi, c’est toujours mieux que rien.

Le communicateur de la Jedi vibra contre sa hanche. Elle lâcha son cavalier et appuya sur un bouton.
— L’amiral veut me voir, lâcha-t-elle avec une moue. Immédiatement.
— C’est ça d’avoir des responsabilités, plaisanta Alec en la ramenant vers la table. Dommage, la soirée ne faisait que commencer.

Isil posa une main sur l’épaule de Lillaia.
— Alors ce bizutage ?
— C’est bon, répondit la militaire dont la langue était malgré tout un peu pâteuse. Je survivrai. Tu t’en vas ?
— L’amiral Narcassan veut me voir d’urgence. Je ne sais pas pourquoi… mais vous pouvez rester là tous les deux. Inutile de gâcher la soirée de tout le monde. Salut vous autres !

Elle salua de la main et Alec effleura ses lèvres avec les siennes.
— À bientôt, Jedi, souffla-t-il.

Isil repartit à travers le bâtiment le front soucieux. Que lui voulait donc l’amiral si tard le soir ? Ils avaient fait leur compte-rendu de mission, remis l’artéfact à Maître Torve qui en assurait la garde, avant de se reposer quelques heures. Un moment de détente était donc si difficile à obtenir ?
Elle ruminait ses pensées lorsqu’elle tomba sur Maître Torve en entrant dans les quartiers de l’état-major.
— Isil, tu a deux minutes à me consacrer ?
— C’est que, hésita la jeune femme, l’amiral m’attend.
— Oui je sais, mais il est occupé… il en a pour cinq minutes. Autant en profiter.

Isil ne sut que répondre et écarta les mains pour dire « allons-y ».
Shalo Torve l’emmena dans son bureau et l’invita à s’asseoir.
— D’où arrives-tu ? demanda-t-il à brûle-pourpoint.

La Jedi marqua son étonnement mais répondit quand même.
— J’étais avec des membres de la CPM à la cantina du pont quatre.
— Tu veux parler des sergents Vif-Argent et Sanders ?
— Oui. Ne sont-ils pas membres de la CPM ?

Le visage de Maître Torve se ferma.
— Je ne dis pas qu’il n’est pas bon qu’une équipe se soude et prenne un peu de repos après une mission aussi difficile…
— Mais ? laissa échapper Isil en s’efforçant de ne pas cautionner le sentiment d’agacement qui s’insinuait en elle.
— Eh bien, tu es un chevalier Jedi, Isil. Et un Jedi a besoin de beaucoup méditer dans la Force pour se recentrer en permanence afin d’éviter les écarts. Je ne te vois plus beaucoup dans la salle de méditation… j’y vois Nulee’Na… mais pas toi.
— Nulee’Na n’a pas assuré de mission ces derniers jours, objecta la jeune femme d’un ton calme mais ferme que Shalo Torve ressentit.
— Bien entendu, je ne parlais pas forcément des tous derniers jours.
— Je médite dans ma cabine… dois-je m’en justifier ?
— Non, évidemment. Mais parfois les Jedi peuvent se retrouver pour méditer ensemble. La méditation commune n’en est que plus vivifiante.
— Est-ce tout ce que vous avez à me reprocher, Maître ?
— Je te sens sur la défensive. As-tu des choses à dire à un Maître Jedi ? Des questions à poser ou des problèmes à soumettre ?
— Pas vraiment. Vous ne devriez pas vous en faire pour moi.
— Mais j’insiste, Isil. Tu es un jeune chevalier… ta place n’est pas à la cantina des mécanos du bord pour faire la fête. Un Jedi doit mener une vie sobre et réservée, loin du vice et des futilités auxquels se livre le commun des mortels. La sérénité doit prévaloir en tout temps dans la vie d’un Jedi. J’ai parfois l’impression que tu l’oublies, Isil.
— On peut être serein et fréquenter des amis, non ?
— Fréquenter ou s’attacher ? demanda Shalo Torve d’un ton sec.

Isil résista à l’envie de baisser les yeux et soutint le regard du Maître.
— Un Jedi ne doit pas s’attacher, je sais.
— Tu le sais, c’est bien. Mais le pratiques-tu ?
— Il s’agit de ma vie privée, protesta Isil, et…
— J’ai promis à Maître Shan de veiller sur toi.
— Veiller sur moi ou me surveiller ?
— Ne sois pas sarcastique, Isil. Ce que j’essaye de t’expliquer est pour ton bien. Tu sais où mène l’attachement ? Ton Maître te l’a appris ?
— Maître Beno m’a appris beaucoup de choses… mais pas tout.
— Comme par exemple ?

Isil hésita. Ce qu’elle s’apprêtait à répliquer risquait d’être mal interprété par son Ordre.
— Aucun Maître ne m’avait préparée à discuter avec les Jedi corelliens, finit-elle par avouer.

Shalo Torve prit un air embarrassé.
— Je m’en doutais un peu… Il est vrai que nous n’en parlons pas à nos Padawan pour des raisons qui n’ont pu t’échapper. Je n’avais pas pensé que ta mission t’amènerait à l’Enclave des Jedi Verts sans quoi, j’aurais pris un moment pour t’en parler.
— Je veux bien vous croire, Maître. Mais ce qui est fait est fait.
— Tu veux me parler de ça ? Des échanges que tu as eus avec Maître Lansil et… Maître Dina ?
— Sa femme, ajouta Isil perfidement. Non. Quelle qu’ait été la nature de ces échanges, cela relève du privé. Je n’ai pas le souhait d’en discuter.

Shalo Torve ne cacha pas sa contrariété.
— Soit. Tu n’es plus une Padawan comme tu as eu l’occasion de me le faire remarquer. Sache que si un jour tu souhaites en parler, je suis à ta disposition.

La discussion étant finie, Isil remercia Maître Torve et prit congé pour se rendre dans le bureau de l’amiral. À son visage fermé, Valin Narcassan comprit que la jeune femme était irritée. Il se renversa dans son fauteuil et l’invita d’un geste à s’asseoir.
— Désolé d’interrompre un repos bien mérité, mais le Defiance va quitter Rothana et il y a une affaire te concernant qu’il nous faut régler immédiatement.
— Me concernant, moi ?
— Oui. Je ne vais pas y aller par quatre chemin : Jaster Darillian m’a fait savoir qu’il avait besoin de toi pour aller sur Korriban à la recherche du troisième artéfact.

Isil ne cacha pas sa surprise.
— Sur Korriban, moi ? Avec cet homme ?

Il était facile de lire l’embarras de l’officier général sur son visage grave.
— Je vais me faire trucider, insista la jeune femme.
— Jaster prétend que non… qu’avec lui tu ne cours aucun danger.

Narcassan hésita avant de continuer :
— N’oublie pas qu’il avance être ton père biologique. Je n’ai pas l’impression qu’il risquerait ta vie…
— Je n’ai aucune confiance en lui, répliqua Isil sèchement.
— Je comprends ton ressentiment à son encontre et en d’autres circonstances…
— Vous voulez dire que si nous voulons le dernier artéfact, je n’ai pas le choix ?
— J’en ai bien peur. Jaster m’a donné sa parole qu’il ne…

Isil le coupa sèchement.
— Pourquoi continuez-vous à l’appeler comme ça ? Il se fait appeler Dark Dalius, non ?
— Jaster ? L’habitude… et le fait que les titres donnés par le Conseil Noir m’importent peur. Et j’ai l’impression que c’est aussi le cas pour lui.
— Normal, il roule pour lui et pour le Cercle Sombre. Si la chute de l’Empire pouvait servir leurs intérêts, il serait le premier à la provoquer.

L’amiral plissa les yeux et sourit.
— Je vois que tu commences à bien le cerner… sauf peut-être en ce qui te concerne, sujet sur lequel tu ne peux être objective puisque impliquée personnellement.
— Peut-être, admit Isil avec un petit geste. Après tout, il n’est que l’assassin de mes parents ! Soit… même si j’ai l’impression d’être un shaak qu’on envoie dans un repaire de gundarks, j’irai sur Korriban avec Dalius chercher l’artéfact. Mais si je ne reviens pas, ne vous en prenez qu’à vous-même.
— Ça va bien se passer, murmura l’amiral tout en se demandant qui de lui ou de la Jedi il essayait de convaincre. La mission est secrète, tu pars tout de suite.

Isil hocha la tête.
— Compris. Je prends mes affaires, mon vaisseau et je disparais.
— Que la Force soit avec toi, Isil.


C’est avec un sentiment d’appréhension que la jeune femme observa la silhouette du Fulgurant grandir dans son cockpit et le Defiance disparaître en hyperespace. Compte-tenu que Darillian allait être occupé en territoire Sith, l’amiral avait décidé de regagner l’abri du noyau galactique et la proximité de la flotte républicaine. Celle-ci, bien que n’étant pas au courant de l’affaire des artéfacts rakata, pouvait intervenir à sa demande en peu de temps si le besoin s’en faisait sentir.
— Je déteste me sentir comme une proie traquée par un prédateur, avait-il expliqué à l’état-major du croiseur. Je préfèrerai largement affronter Remus une fois pour toute. Mais nous devons suivre le plan établi. Alors, dans l’immédiat, nous éviterons tout contact avec l’ennemi.

Ayant laissé P2-A2 à bord du Centurion, Isil se sentait seule, impuissante, livrée à l’adversaire pieds et poings liés. Certes, celui-ci se présentait comme un allié occasionnel, mais partout ailleurs dans la galaxie, là où la guerre reprenait, il était un ennemi impitoyable. Elle songea que le réconfort d’Hiivsha aurait été à cet instant du plus grand secours.
Sa frégate se posa dans l’un des hangars de l’Interdictor, au milieu d’appareils impériaux sous le regard curieux du personnel présent. À sa descente, le sympathique Z1-T2 l’attendait.
— Bonjour, chevalier, soyez de nouveau la bienvenue à notre bord. Le seigneur Dark Dalius vous attend dans ses quartiers mais si vous le permettez, nous ferons une halte dans les vôtres pour poser vos affaires.

Isil retrouva ainsi les quartiers de luxe dans lesquels elle s’était réveillée quelques jours plus tôt. Quelques instants plus tard, elle se présentait devant son prétendu père biologique accompagné de Dal-Karven. Ce dernier lui jeta un regard énigmatique, presque gourmand, et découvrit des dents jaunies et pointues ce qui, chez le Zabrak, devait s’apparenter à un sourire.
— Te revoilà, ma fille, s’exclama Dark Dalius les bras ouverts.

Bien entendu, Isil s’abstint de se précipiter dans le giron pseudo-paternel et s’arrêta à deux mètres d’eux.
— Je suis à vos ordres, paraît-il, dit-elle avec un apparent détachement. Quel est le programme ?

Le maître des lieux emmena les deux personnes un peu plus loin dans la pièce pour prendre place dans des fauteuils bas, répartis autour d’une table sur laquelle une collation était servie, et les invita à s’asseoir.
— Nous faisons route vers Korriban, annonça-t-il. Le centre spirituel de l’Empire Sith comme tu dois le savoir… l’endroit où se situe l’Académie Sith. Mes rapides recherches concernant les artéfacts rakata m’ont appris, ainsi que j’ai eu l’occasion de m’en expliquer, que l’amiral Fisgargh avait remis l’artéfact de l’orgueil à l’Empereur à son retour sur Dromund Kaas. Celui-ci le fit transférer sur Korriban pour être enterré dans l’une des nombreuses nécropoles de la planète. C’est là que nous devrons nous rendre mais avant, j’ai quelques précisions à obtenir des vieilles archives de l’académie.
— Et moi dans tout ça ?

Dark Dalius sourit.
— Toi, tu vas m’aider à retrouver l’artéfact. N’est-ce pas le rôle d’un enfant que d’aider son vieux père ?

Isil se leva comme mue par un ressort.
— Si vous vous obstinez à continuer ainsi sur ce sujet, je reprends mon vaisseau et je se retourne séance tenante sur le Defiance !

Darillian leva ses paumes en geste d’apaisement.
— Tout doux, je plaisantais, Isil, voilà tout. Rassois-toi et conserve le calme qu’un Jedi se doit de conserver en toute circonstance. Pour être entièrement honnête envers toi, j’admets que ta proximité est pour moi un véritable plaisir. Voir ce que tu es devenue de mes propres yeux me gonfle d’un orgueil dont tu n’as pas idée. Mais je comprends que tu ne souhaites pas en parler. Soit. Pourquoi alors es-tu là te demandes-tu ?

Z1-T2 venant de lui servit une tasse d’un thé savoureusement parfumé, il s’interrompit pour le humer lentement avec gourmandise laissant son regard errer sur ses invités. Isil prit à son tour sa tasse pour la porter à ses lèvres en silence. Dal-Karven laissa la sienne sur la table sans y toucher.
— J’ai fait un rêve, murmura Darillian.

Isil eut un sursaut.
— Un rêve ?
— Plus exactement, une vision dans la Force. Tu étais là et tu tenais l’artéfact entre tes mains. Et j’ai compris qu’il fallait que tu m’accompagnes pour mener à bien cette mission.
— Tout ça à cause d’une vision ? s’insurgea la jeune femme. Vous plaisantez ?
— Pas du tout, Isil. La Force permet de voir des choses à qui sait l’explorer. Tu baignais dans une lumière blanche faite d’énergie pure et tu tenais l’artéfact entre tes doigts. Peut-être est-il protégé par de la Force Lumineuse comme l’est selon les récits le temple scellé par le roi Shiro sur Mahon ?

Le vieil homme esquissa un geste d’excuses.
— Je n’ai pas la prétention d’avoir réponse à tout, ma fille. Je pense juste qu’il faudra que tu sois là le moment venu.

Les lèvres de la jeune femme se pincèrent.
— Comment pouvez-vous oser emmener un Jedi à l’Académie Sith ? Ne risquez-vous pas avoir des problèmes ?
— Si j’en ai, tu en auras aussi, Isil et tu risques de finir ton existence dans les salles de torture de l’Académie. Mais non, ne t’en fais pas. Le Conseil Noir m’a investi du titre de Dark qui fait autorité, en particulier à l’Académie. Nous dirons juste que tu es mon apprentie.
— Je risque de ne pas faire longtemps illusion… les Sith ne peuvent-ils pas détecter les Jedi ?
— Sur Korriban, il n’y a que des Sith. Le Côté Obscur règne en maître absolu. Ta présence dans la Force lumineuse ne sera pas détectable car infime. De plus, je te sais capable de masquer ta présence dans la Force si besoin est. Tu as bien plus de talents que tu ne le crois.

Les yeux plissés, il regarda la jeune femme se mordiller les lèvres de perplexité.
— Bon, on te présentera comme une Jedi transfuge que j’ai décidé de former. Ça arrive plus que tu ne le crois. Allons, fais-moi confiance et vide ta tasse. Nous avons le temps de dîner et de nous reposer un peu avant d’arriver à destination.


(à suivre... )


Chapitre 17 : Une Jedi chez les Sith (fin 2/2)
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Messagepar Hiivsha » Lun 01 Juin 2015 - 12:52   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 17 : Une Jedi chez les Sith (début 1/2)


17 - Une Jedi chez les Sith
(fin - 2/2)


L’étoile d’Horuset commençait à décliner sur la profonde vallée ocre surplombée par l’académie Sith en projetant sur la nécropole l’ombre immense des imposantes statues gardiennes de l’accès. La navette du Fulgurant venait de se poser sur le petit astroport poussiéreux, coincé entre le désert de roches rouges et les falaises abritant l’institution de formation des Sith. Un vent chaud tourbillonnant soulevait ça et là des nuages de poussière qui tournoyaient un instant avant de se dissiper.
Isil tâta machinalement des doigts le sabre laser donné par Dark Dalius avant leur départ en échange de son arme Ho’To à lame verte restée à bord du croiseur.
— Je sais que ce n’est pas le cadeau dont tu pouvais rêver, avait-il confié à la jeune femme, mais il compte énormément pour moi. Ce sabre était celui de Naara, mon épouse. Lorsque nous avons quitté l’Ordre, nous avons décidé de construire nous-mêmes notre sabre laser et, peut-être en réaction à notre éviction du Temple, nous avons choisi le rouge comme couleur. C’est un très bon sabre, étudié pour l’agilité d’une femme. Tu en tireras de très puissantes choses. Je te le donne. Tu pourras le conserver après notre mission sur Korriban.

Partagée entre l’envie de le jeter au visage de l’homme et le sentiment qu’il faisait preuve là d’un réel mouvement d’affection, Isil n’avait su quoi répondre ni quelle contenance prendre. En désespoir de cause, elle s’était contentée d’un sobre merci.
Ce n’avait pas été sans un pincement au cœur qu’elle avait échangé son arme pour la laisser dans un tiroir de la chambre. Quelque part, l’impression de trahir son ancien maître lui tenaillait la poitrine.
La gorge serrée, elle chemina en silence légèrement en arrière de Dark Dalius entre la plateforme d’atterrissage et l’entrée de l’académie, le long du sentier longeant le bas de la falaise. Pour se rasséréner, elle songea que la Force était toujours à l’œuvre dans l’univers et ses voies souvent impénétrables. Peut-être après tout, y avait-il une raison précise à sa présence en territoire Sith autre que le seul désir de son père biologique de l’avoir à ses côtés ?
Ne connaissant pas les lieux, elle ne put se rendre compte de l’agitation inhabituelle qui y régnait. La plateforme était encombrée de navettes qui se posaient et repartaient aussitôt leurs passagers descendus. Celle de Dark Dalius avait obtenu une autorisation particulière pour y stationner en attendant la fin de leur mission.
La jeune Jedi avait dû troquer ses habits de Jedi contre une armure souple deux pièces, en matériaux composites de couleur noire avec des ornements pourpres qui épousait parfaitement ses formes. Le buste sans manches de cette carapace s’arrêtait au-dessus de la taille en découvrant intégralement l’abdomen et le bas du dos. Une ceinture tombant sur les hanches supportait le sabre laser tandis que des brassards et des gants recouvraient avant-bras et mains. Des houseaux, moulant et habillant totalement ses jambes élancées, disparaissaient dans de hautes bottes finement travaillées. Une longue jupe à quatre pans voletait tout autour à chacun de ses pas de même qu’une cape noire ornée de liserés écarlates, équipée d’une capuche rabattue en arrière, et fixée au sommet de ses épaules.
Lorsqu’Isil avait revêtu l’ensemble dont le raffinement et la féminité ne lui avait pas échappé, elle n’avait pu s’empêcher de remarquer :
— Et cette armure, elle était aussi à Naara ?

Dalius avait pincé les lèvres et répondu avec un brin de nostalgie :
— Ta clairvoyance est grande, mon enfant. Oui, elle appartenait également à celle qui aurait pu être ta mère si le destin l’avait envisagé. Elle était d’une sensualité exacerbée là-dedans. Et tu es aussi belle qu’elle ainsi équipée… sinon plus encore. Les lekkus en moins, naturellement, avait-il ajouté avec un sourire triste.

De nouveau, la jeune femme n’avait su quoi répliquer devant cet homme dont le regard venait de se perdre dans de lointains souvenirs. À cet instant précis, elle avait ressenti une onde de compassion à son égard. Comment imaginer que ce vieil homme pouvait être aussi dangereux qu’il l’était ?
Ils parvinrent bientôt à l’entrée de l’académie, au pied de l’imposant escalier. Il y avait du monde qui allait et venait, parfois par petits groupes. Beaucoup de jeunes, sans aucun doute des acolytes en formation, reconnaissables à leur tenue modeste et uniforme, mais aussi des adultes bien plus âgés souvent accompagnés par une autre personne de l’âge d’Isil. Ceux-là arboraient des tenues plus raffinées, à l’instar de celles que portaient Dalius et la Jedi. Il était évident qu’il s’agissait de seigneurs Sith et de leur apprenti.
— Il y a bien du monde, constata bientôt Darillian. C’est inhabituel. D’ordinaire, c’est plutôt calme. Viens, entrons.

Ils se mirent à gravir les nombreuses marches. Soudain une voix résonna derrière eux.
— Seigneur Dalius, quelle surprise !

Ils se retournèrent pour apercevoir un homme de l’âge de Darillian s’avancer vers eux, suivi d’un autre bien plus jeune, sans doute à peine plus âgé que la Jedi. Darillian souleva les sourcils.
— Seigneur Addenos, quel plaisir de vous voir. À dire vrai, je ne m’attendais pas à vous voir ici… ni à voir tant de monde d’ailleurs, ajouta-t-il en regardant à la ronde.

Zal Addenos montra sa surprise.
— Comment, vous n’êtes pas au courant du tournoi des anciens qui a lieu demain ? Mais alors, que venez-vous faire ici si ce n’est pas indiscret ?
— Des recherches aux archives… vous dites, le tournoi des anciens ?
— Oui, nous le devons à notre directeur, Hecton Thil. Le vieil homme a voulu innover et a organisé un tournoi à l’issue des épreuves que les acolytes disputent. Ce tournoi propose aux anciens de l’Académie encore apprentis de se mesurer entre eux pour déterminer lequel est le meilleur.
— Drôle d’idée, marmonna Dark Dalius. Mais pourquoi pas ? J’imagine que cela permet à certains de revoir leur ancienne école.
— Bien entendu, l’honneur du gagnant rejaillit sur le Maître, reprit Addenos. Ce dernier recevra un sabre laser antique d’une grande valeur symbolisant la puissance de son enseignement. Quant à l’apprenti vainqueur, il aura le droit d’exprimer un souhait… dans la limite du raisonnable, bien entendu.

Le Sith désigna Isil du menton.
— Votre apprentie va y participer naturellement ? Je pense que Krel aimerait bien l’affronter, vu les regards qu’il lui jette depuis que nous parlons. C’est bien votre apprentie ?
— Oui. Isil Kal’Andil, une brillante élève très douée.
— Krel Hannah, mon apprenti est sorti de l’Académie il y a six ans avec les honneurs. Je compte le promouvoir prochainement au rang de Seigneur Sith… surtout s’il remporte ce tournoi. N’est-ce pas Krel ?

Le jeune homme détacha ses yeux bruns de la Jedi qu’il observait avec un sourire gourmand. Il était plus grand qu’elle et bien bâti, large des épaules et musclés des membres. Son visage était beau, imberbe, encadré par des maxillaires saillants et une bouche aux lèvres relevées surmontant un menton éminemment volontaire.
— Oui, Maître, répondit-il avec fermeté. Je remporterai ce tournoi. Mais j’avoue que j’aimerais assez me mesurer à l’apprentie du Seigneur Dark Dalius car elle ne peut qu’être bien formée.

Darillian sourit avec indulgence.
— Ton sous-entendu m’honore, apprenti. Mais j’ai bien peur que nos recherches ne nous laissent pas le temps de participer.
— Isil aurait-elle peur de perdre ? avança le jeune homme d’un ton légèrement impertinent.

La Jedi le regarda à son tour et ses yeux aciers se durcirent.
— Je n’ai pas fait l’Académie, hasarda-t-elle. Dark Dalius m’a formée lui-même.
— Et Dark Dalius n’a pas fait l’Académie non plus, ajouta complaisamment Zal Addenos. Qu’à cela ne tienne. Je me fais fort de vous obtenir une dispense de notre directeur qui est un grand ami. Considérez que votre participation est acquise.

Darillian secoua la tête.
— C’est aimable à vous, Seigneur Addenos, mais franchement, demain une longue journée de recherches nous attend. D’ailleurs, je dois me rendre aux archives secrètes dès maintenant.
— Je savais que vous étiez un bourreau de travail, Dalius. Mais les apprentis de valeur peuvent être admis en fin de tournoi dans ce qu’on appelle le rush final. Je vais y inscrire Isil, comme ça, si vous avez achevé vos recherches avant la fin, elle pourra toujours venir se mesurer au meilleur… c'est-à-dire, Krel sans aucun doute.
— J’ai peur que vous vous nourrissiez de faux espoirs.
— Nous verrons. En attendant, allez voir vos archives et nous nous reverrons à la table des Seigneurs Sith un peu plus tard pour le dîner. Quant à votre apprentie, Krel va se faire un plaisir de lui faire les honneurs de l’académie après lui avoir montré son dortoir pour la nuit.

Isil jeta un regard de désapprobation à Jaster Darillian. Ce dernier lui adressa une mimique visant à lui faire comprendre qu’il n’y pouvait rien.
— On se retrouve demain matin au lever du soleil ici même, Isil, lui lança-t-il avant de prendre congé et de disparaître entre les murs immenses de l’école.

Elle le regarda partir sans un mot. Zal Addenos lui flatta l’épaule.
— Ton Maître est un érudit, Isil. Je sais qu’il a l’écoute et la confiance du Conseil Noir dans bien des domaines. C’est un homme puissant qu’il vaut mieux avoir comme ami. Tu as de la chance d’être son apprentie. Comment t’a-t-il recrutée si ce n’est pas à l’Académie ?
— C’est un pan de ma vie dont je préfère ne pas discuter, mais vous pouvez toujours le lui demander.
— Ah, une apprentie mystérieuse ? J’aime assez, répliqua Addenos avec un rictus. Krel, je te la confie.

Le sourire du jeune homme s’accentua :
— Avec plaisir, Maître.

Addenos entra à son tour dans l’imposante bâtisse.
— Eh bien, Isil, nous voici tous les deux. Bienvenue dans mon ancienne école. C’est donc ta première fois sur Korriban ?

La jeune femme releva une mèche de ses cheveux d’or qu’elle replaça derrière une oreille.
— Oui.
— Tu sais ce qu’on dit ? C’est toujours la première fois la meilleure. Suis-moi, allons nous trouver une place dans les dortoirs des apprentis, ensuite, je te ferai faire une petite visite des lieux. Tu vas voir, l’Académie est une ode grandiose à la puissance de l’Empire. Au fait, Isil, j’adore ton armure.

Il lui lança un sourire ravageur et s’élança vers le sommet de l’escalier.
— L’ancienne académie, à présent en ruines de l’autre côté de la vallée, avait été bâtie dans un mausolée, expliqua-t-il en pénétrant dans le hall d’entrée de l’école. Elle était sombre et basse de plafond. Cette nouvelle académie a des lignes puissantes et majestueuses, d’immenses perspectives à la mesure de notre Empire. Elle est brillamment éclairée par des puits de lumière et de l’éclairage artificiel savamment positionné.

Isil frissonna à la pensée de tous ces Sith qui allaient et venaient un peu partout. Si elle était découverte, sa mise à mort ne serait qu’une question de secondes.
— C’est effectivement très grand, approuva-t-elle en bonne touriste devant un chef-d’œuvre architectural. Orgueilleusement démesuré.

Krel ricana :
— L’orgueil est l’une des armes du Sith, comme tu dois le savoir, Isil.
— Évidemment, murmura la Jedi.

Il l’emmena à travers de longs couloirs qui devaient serpenter sous la montagne jusqu’à une série de pièces équipées d’alvéoles au fond desquelles se trouvait un lit, une armoire, une table et une chaise. Une tenture permettait d’en fermer l’accès. Ils entrèrent dans l’une des salles et saluèrent à la cantonade les personnes présentes. Krel avisa deux loges à l’évidence non occupées et en désigna une.
— Tiens, installe-toi dans celle-ci, je vais m’installer à-côté.

Elle posa ses affaires et soupira. Vraiment, elle ne se sentait pas tranquille dans ce repère de jeunes Sith sans doute plus ambitieux les uns que les autres. Une voix féminine la sortit de ses réflexions.
— Salut Krel !

Celui-ci tourna la tête.
— Ah, salut, Opia ! Toi aussi tu es venue ?
— Bien entendu, puisqu’il fallait les meilleurs.

La jeune femme tourna ses yeux bruns vers Isil en la dévisageant sans aucune gêne. Elle avait des cheveux noirs, courts et frisés, un joli visage régulier orné de tatouages également noirs et une bouche sévère mais pulpeuse. Elle portait un sac sur l’épaule.
— Tu es venu accompagné ? demanda-t-elle à Krel en désignant Isil du menton.
— Non, on vient juste de faire connaissance. Je te présente Isil Kal’Andil, l’apprentie de Dark Dalius.
— Dark Dalius est ici ? Il ne me semblait pas que c’était quelqu’un à courir ce genre d’exhibition, remarqua la Sith.
— Je pense qu’il n’était pas au courant… il a plutôt été surpris en entendant parler du tournoi.

La jeune femme adressa un signe de tête à Isil.
— Je suis Opia Brill, l’apprentie du Seigneur Keross. Nous devons avoir le même âge mais il ne me semble pas t’avoir jamais aperçue à l’Académie. Avec tes cheveux, nul doute que je m’en souviendrais.
— Elle n’a pas fréquenté l’Académie, expliqua Krel en prenant les devants. Mais elle n’a pas voulu nous dire d’où elle venait.
— Secrète ? Serais-tu un Jedi converti ?

Isil ne répondit pas.
— Mouais, pas loquace ta nouvelle copine, observa la Sith à l’adresse de Krel. Elle participe ?

Il haussa les épaules.
— Dark Dalius a dit qu’elle n’en aurait vraisemblablement pas le temps. Ils semblent être ici pour autre chose. Mais mon Maître va quand même inscrire Isil au cas où ?

Opia ricana :
— Tant mieux. J’aime bien affronter les nouveautés. La plupart des autres, je sais comment ils se battent, donc aucun challenge. Je gagnerai après avoir battu Krel en finale.

Celui-ci se mit à rire.
— Tu n’as rien perdu de ta morgue, hein, Opia ? Je suis le plus doué, tu le sais.
— Au lit c’est vrai… pour ce que j’ai pu comparer… mais pour le reste, j’ai personnellement fait beaucoup de progrès, tu verras.

Elle se rapprocha de lui et saisit le haut de son vêtement sombre.
— D’ailleurs au lit aussi j’ai fait énormément de progrès depuis notre séparation, souffla-t-elle. Si tu veux tester…

Krel lui fit lâcher son habit et regarda Isil.
— C’est de l’histoire ancienne.
— Pas tant que ça, riposta la Sith en allant jeter son sac sur le lit d’une loge libre un peu plus loin.

Krel eut un rire gêné.
— Elle n’a pas changé. Toujours aussi arrogante.
— Je vois, répondit sobrement Isil.
— Bien. Tu es nouvelle ici, et comme tout nouveau il y a un certain nombre de choses que tu te dois de connaître et quelques traditions à respecter. Je te les expliquerai au fur et à mesure de notre visite. On y va ?
— Je te suis, accepta la Jedi sans grande envie.

(à suivre... )


Chapitre 18 : La salle de torture (début 1/2)
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Modifié en dernier par Hiivsha le Ven 12 Juin 2015 - 17:27, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Ven 12 Juin 2015 - 17:26   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 17 : Une Jedi chez les Sith (début 1/2)
Chapitre 17 : Une Jedi chez les Sith (fin 2/2)




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18 - La salle de torture


(Début 1/2)


Isil s’intéressa finalement à la visite guidée dont le jeune Sith s’acquitta de son mieux avec un charme non dénué d’humour. L’académie était véritablement immense et impressionnante, et pour une Jedi, quitte à risquer sa vie en ces hauts lieux sacrés des Sith, mieux valait-il en profiter pour accroître ses connaissances.
Dès l’entrée du bâtiment en partie enfoui dans la falaise, en arrivant de la vallée des Seigneurs Noirs, le visiteur était saisi par le gigantisme des statues qui portaient sur leurs épaules, un genou à terre, tête baissée, le puissant auvent de pierre sculptée servant de toit au vaste sommet du grand escalier. Passé ce perron monumental, venait une entrée rectangulaire au centre de laquelle trônait un monument à la gloire de l’Empereur. Un drapeau impérial rouge sang en descendait de tout le long, entouré de statues symbolisant des Sith encapuchonnés, les mains jointes, la tête inclinée. Ils paraissaient ainsi plongés dans une profonde méditation. Ces statues de plusieurs dizaines de mètres de haut, se répétaient à l’envie à l’intérieur de l’académie comme un leitmotiv. Le visiteur atteignait ensuite le vaste hall central avec en son centre une sculpture de taille toujours démesurée en forme de pyramide élancée, représentant des visages torturés prisonniers d’un chaos indescriptible. Des couloirs s’engageaient sous la montagne pour mener aux différentes parties de l’Académie et deux escaliers vertigineux permettaient de grimper jusqu’au premier des deux étages supérieurs.
Au fil des couloirs chacun pouvait admirer outre des statues, des reliques, des artéfacts, des gisants d’anciens Seigneurs Sith trouvés sans doute dans les vallées mortuaires de la planète. Car la vallée des Seigneurs Noirs qui faisait face à l’Académie n’était pas la seule nécropole de Korriban. Toute la planète était émaillée de ces sites dans lesquels depuis des millénaires, les Seigneurs se faisaient enterrer pour reposer sur la terre sacrée et originelle des Sith. Durant leur formation, les acolytes étaient souvent obligés de risquer leur vie pour aller chercher un artéfact dans l’un des profonds mausolées de la région. Cela constituait une épreuve classique de leur cycle d’enseignement. Ces mausolées, emplis du Côté Obscur de la Force, étaient non seulement hantés par l’esprit des Seigneurs Noirs défunts, mais également habités par des créatures à la fois spirituelles et vivantes. On les appelait les Tuk’ata. Pareils à de puissants prédateurs quadrupèdes, ils étaient les gardiens des tombeaux des Sith, se nourrissant de toute personne n’ayant pas succombé suffisamment au Côté Obscur. Ils étaient aidés dans cette tâche par de sombres dragons nommés Hssiss. Beaucoup de novices périssaient dans ces épreuves mais l’omniprésente mort faisait intégralement partie de la pédagogie Sith. Ainsi, il n’était pas rare d’assister au massacre de plusieurs acolytes par l’un des leurs, plus puissant, désireux de se singulariser aux yeux des enseignants afin d’atteindre le statut de Sith et de trouver un Maître désireux de le prendre comme Apprenti.
La puissance du Côté Obscur imprégnait chaque pierre de l’Académie et émanait de chacune des personnes que croisait Isil. La jeune Jedi faisait de son mieux pour masquer son trouble et sa crainte de se faire démasquer était permanente. Elle n’osait même pas méditer dans la Force pour se ressourcer de peur de provoquer une perturbation mesurable par l’un des si nombreux Sith évoluant autour d’elle.
Elle suivait donc sagement Krel qui semblait l’avoir prise en sympathie. De la part d’un Sith, c’était souvent un sentiment tout superficiel car dans leur monde, on n’était jamais aussi bien trahi que par celui ou celle qui était le plus proche. Mais elle n’était pas venue là pour concourir ni se battre, et Krel n’avait aucune raison de lui vouloir du mal.
Hormis le fait d’être Sith, songea-t-elle en examinant ses puissantes épaules et les muscles saillants de ses bras.
Une fois la visite des étages achevée, limitée par les zones interdites aux acolytes et aux apprentis, il l’entraîna dans les entrailles sombres de la montagne où, après être passés devant quelques salles d’entraînement et lui avoir proposé sans succès de se mesurer à lui, ils arrivèrent dans une partie bien particulière de l’Académie.
— Par ici, ce sont les salles de torture, commenta-t-il en bon guide zélé. Toutes sortes de créatures y sont retenues prisonnières, y compris des races intelligentes voire des humains. Les acolytes utilisent ces spécimens pour développer leurs talents de Force avant de se mesurer à leurs propres pairs. Je dois dire qu’en ce moment, les salles sont plutôt vides, ajouta-t-il en pénétrant dans l’une d’entre elles.

La pièce était en effet déserte. Quelques machines en ornaient les murs et Krel détailla par le menu leur utilité.
— Celle-ci sert à électrocuter le sujet ; celle-là, à lui étendre les membres jusqu’à la rupture… tu veux essayer ? demanda-t-il en riant.

Isil croisa les bras et s’efforça de lui rendre un sourire insouciant.
— Non, merci… mais si toi tu veux me montrer…

Le rire du Sith s’accentua.
— Tu es maligne, Isil. Mais tu ne m’auras pas si facilement. Passons à la suivante.

Ils repassèrent dans le sombre couloir.
— Tu as un très joli sabre. C’est toi qui l’as fabriqué ? demanda-t-il.
— Non… c’est un cadeau.
— Un bien joli cadeau pour une bien jolie Sith… je peux l’examiner ?
— Bien entendu.

Isil lui tendit l’arme. Krel la soupesa, l’alluma et la fit tournoyer en connaisseur.
— Un rien trop léger pour moi, mais je suis certain qu’une femme doit l’avoir bien en main… puissant… maniable.

Ils étaient arrivés dans la pièce adjacente. Celle-ci était totalement vide.
— Il n’y a rien ici, observa la jeune femme.
— C’est ici que se déroulent généralement les bizutages des jeunes recrues… celles qui arrivent juste à l’Académie, commenta Krel. Je vais te montrer.

Il sortit dans le couloir et en revint avec un petit boitier dans sa main libre.
— Tu vas voir, c’est magique, s’enthousiasma-t-il. Attention, prévint-il, recule juste d’un pas pour éviter ce que je vais te montrer.

Isil obtempéra. Krel appuya sur un bouton. En un éclair, un cercle de barreaux jailli du sol et entoura la jeune femme pendant que le sol sous ses pieds s’élevait dans les airs mû par un cylindre d’acier. En même temps, avant qu’elle ne puisse réagir, il y eut un bruit de soufflement et du plafond, propulsé par un piston, un disque descendit pour se verrouiller au-dessus des barreaux.
— Oups, s’exclama Krel en levant la tête vers elle, le petit oiseau est en cage, dirait-on.
— C’est malin, grinça Isil depuis sa prison aérienne. Sors-moi de là immédiatement !
— Immédiatement ? ricana le Sith. Je vois que mademoiselle sait commander. Cette pièce est connue pour ses courants d’air glacés. J’ai peur que ton joli ventre nu ne finisse par attraper froid.

La voix de la Jedi se fit plus douce.
— J’ai bien compris le concept du bizutage. Tu peux me libérer à présent.

Krel rit de nouveau.
— Il y a une condition : le bizut pris en cage doit se mettre à genoux devant celui qui a réussi à le piéger et le féliciter en le flattant humblement.
— Et s’il ne désire pas s’humilier ?
— Alors il reste là… certains y sont restés des jours durant jusqu’à admettre leur défaite.
— Dark Dalius ne sera pas content si demain je ne suis pas à son rendez-vous, objecta Isil.

Elle s’efforçait de conserver son calme pour ne pas donner satisfaction au jeune Sith. Il répondit :
— C’est pour cela que je viendrai te libérer demain matin si tu ne cèdes pas à mes exigences.
— Tu ne comptes pas me laisser là toute la nuit ?
— Bien sûr que si… sauf…

La bouche d’Isil grimaça. Elle aurait pu continuer elle-même la phrase.
— Sauf si tu passes la nuit avec moi, admit Krel.
— J’étais sûre que tu allais me proposer un truc comme ça. Tu es bien pareil à tous les autres.

Il écarta les bras et prit un air innocent.
— Eh bien, je ne suis qu’un homme. Alors, tu choisis quoi comme punition ?

Isil attrapa un barreau dans chaque main.
— Tu peux toujours courir pour que je m’agenouille devant ta petite personne gonflée d’orgueil… et pour le reste, tu peux toujours rêver. Et rends-moi mon sabre !
— Tu plaisantes ? Ta jolie cage pour aussi solide qu’elle est n’y résisterait pas à la longue. Je te le rendrai demain matin puisque c’est ainsi. Bonne nuit, Isil !
— Je te préviens, si tu me laisses moisir ici, il y aura des suites que tu n’apprécieras pas, grogna la Jedi.

Il leva une main tout en quittant la pièce.
— Allons, soit bonne joueuse, ça fait partie du jeu chez les apprentis Sith. Tu as perdu, voilà tout. À demain !

En partant, il dut éteindre la lumière de la salle car celle-ci se trouva soudain plongée dans la pénombre. Isil frissonna. Le courant d’air en hauteur était effectivement des plus froids. Elle enragea de s’être laissé prendre à un piège aussi grossier.
— Saleté de Sith ! marmonna-t-elle.

Elle tenta une vague de Force sur les barreaux mais ceux-ci résistèrent.
— Mais en quelle matière sont-ils faits ? bougonna-t-elle de nouveau.

Puis elle songea qu’elle n’avait pas dû être la première à essayer la Force sur ce type de cage.
— Ce serait trop facile…

Dépitée, elle s’assit en tailleur sur le cercle froid et s’emmitoufla dans sa cape.
Je sais qu’un Jedi ne doit pas chercher vengeance, mais ce Sith va me le payer dès demain ! rumina Isil intérieurement.
Mais Krel savait bien qu’elle n’en soufflerait mot à son Maître au risque de se ridiculiser et se discréditer à ses yeux.
Plusieurs heures s’écoulèrent, froides et interminables. Il lui était impossible de s’allonger dans l’étroite cage circulaire. La fatigue la fit somnoler. Soudain, elle eut l’impression de ne plus être seule et se releva. En bas sur le sol, des silhouettes se mouvaient en silence. Elle en compta cinq.
— Hep, vous, faites-moi sortir de là !

Pour toute réponse, une forêt d’éclairs électriques convergea vers elle remplissant la cage d’une énergie meurtrière. Surprise, elle hurla de douleur avant de pouvoir se concentrer dans la Force afin de se protéger de son mieux. Son corps se convulsa et ses muscles se tétanisèrent. Cela dura de très longues secondes. Puis la lumière s’alluma et les décharges cessèrent. Isil identifia alors cinq jeunes humains, visiblement des adolescents de treize ou quatorze ans, qui riaient en se moquant d’elle. Elle se rappela que Krel lui avait expliqué que les acolytes débutants venaient dans les salles de torture tourmenter les prisonniers en exerçant sur eux leurs nouveaux pouvoirs dans le but de les améliorer avant de s’en servir au combat.
— Ça t’a plu, esclave ? lança l’un d’eux.

Il tendit ses doigts en avant et Isil sentit une Force invisible la saisir à la gorge. L’acolyte tentait de l’étrangler. Maîtrisant sa colère, Isil résista et renvoya une onde de choc vers le jeune.
— Je ne suis pas une esclave, crétin ! s’exclama-t-elle d’une voix sèche.

L’acolyte surpris par sa résistance, regarda ses camarades l’air interloqué.
— J’y crois pas, elle a retourné la Force vers moi !
— Cool, c’est peut-être une prisonnière Jedi. Ce sont les plus coriaces. On va s’entraîner pour de vrai.
— Imbéciles, reprit Isil. Je suis l’apprentie de Dark Dalius et si vous ne voulez pas avoir affaire à moi pour de bon, vous avez intérêt à me sortir de là vite fait bien fait !
— L’apprentie de… balbutia l’un des garçons. Qu’est-ce que vous faites là-haut ?
— C’est cet abruti de Krel Hannah, l’apprenti du Seigneur Addenos, qui m’a enfermée là par ruse et traîtrise. Descendez-moi !

Les cinq acolytes délibérèrent un instant à voix basse. Puis l’un d’eux expliqua d’une voix navrée :
— Nous sommes désolés, apprentie, mais nous connaissons Krel de réputation. Il est redoutable. Probablement le meilleur des apprentis Sith de l’Académie depuis pas mal d’années. S’il vous a mise là, nous n’avons pas le droit de vous libérer. Nous ne voulons pas interférer dans les affaires entre vous et lui.

Isil secoua sa cage.
— Comment ouvre-t-on ?

Le plus jeune des acolytes répondit :
— Dans le couloir, il y a un panneau avec des boutons. Si on appuie sur le bon, ça…
— Mais tout ça ne nous regarde pas, rectifia un autre en interrompant le premier d’une sèche bourrade. Nous ne voulons pas d’ennui avec Krel Hannah.
— Si vous ne me libérez pas, c’est à moi que vous aurez à faire !
— Ça ne peut pas être pire que d’affronter la colère de Krel.

Chacun acquiesça à la remarque.
— Vraiment désolés… nous devons vous laisser là… vous devez attendre que Krel revienne.
— Mais non, s’exclama Isil désespérée. Il ne va pas revenir. Mon Maître va être furieux ! Et moi aussi, je vous aurai prévenus !

Sourds à sa supplique, ils quittèrent la pièce et s’en allèrent plus loin après avoir éteint la lumière. La jeune Jedi souffla bruyamment et se rassit, la lèvre contrariée. Il était hors de question qu’elle rampe devant ce bellâtre de Krel ! Quant au reste, la question ne se posait même pas. Les minutes s’égrenèrent, lorsque tout à coup un cri strident déchira le silence. C’était un hurlement de souffrance entremêlé de désespoir. Isil fit un bond et scruta l’obscurité. Il s’écoula encore quelques secondes, puis un cri identique retentit de nouveau.
La Jedi tendit l’oreille. Ce n’était pas un hurlement provenant d’un animal mais d’un être humain. À sa tonalité, on pouvait penser qu’il avait été poussé par une femme ou un enfant. Au bout d’une minute cela recommença une fois, deux fois, trois fois… plus déchirant à chaque reprise. Isil serra les dents. Il ne pouvait s’agir que de quelqu’un qu’on torturait atrocement. Presqu’inconsciemment, elle secoua les barreaux de sa cage en vain. Elle pensa :
Concentre-toi, Isil, il faut que tu trouves un moyen de sortir de là… il n’y a pas de passion… il y a la sérénité…
Un souvenir revint à la surface de sa mémoire. Quelques mois plus tôt, persuadée d’être une autre personne, elle avait inconsciemment réussi à ouvrir un levier situé de l’autre côté d’un mur pour se libérer ainsi que ses amis, de la prison d’un donjon . Pourquoi ne pourrait-elle pas récidiver en étant cette fois-ci, en pleine possession de ses facultés ?
La Jedi se plongea intensément dans la Force en essayant d’oublier les cris répétés entremêlés de pleurs et de gémissements, et projeta son esprit dans la pièce. Elle voyait les lieux comme à travers un prisme. Les couleurs avaient disparu au profit de lignes bleutées dessinant les contours de toutes choses autour d’elle. Mais elle avançait en pensée et arrivait dans le couloir. À droite sur le mur, le panneau de commande se matérialisait de la même manière que le décor. Elle en entrevoyait les lignes, en percevait les boutons. À l’aide de la Force, elle commença à les enfoncer les uns après les autres. Dans la salle, différentes plateformes se levèrent, d’autre cages apparurent, mais Isil ne s’en souciait pas. Elle continua jusqu’à ce que subitement sa cage se mette à redescendre, le disque du haut à remonter puis les barreaux à disparaitre dans le sol. Un instant plus tard elle était libre.

(à suivre... )


Chapitre 18 : La salle de torture (fin 2/2)
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Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Lun 15 Juin 2015 - 12:51   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 18 : La salle de torture (début 1/2)


18 - La salle de torture
(fin - 2/2)


Un nouveau cri se fit entendre. Machinalement, elle abaissa la main vers la garde de son sabre mais ses doigts se refermèrent sur du vide. Maudissant le Sith et son petit jeu malsain, elle avança dans le couloir à travers les différentes salles jusqu’à trouver l’origine des hurlements.
Dans une pièce, se trouvaient les cinq acolytes qui avaient refusé de la libérer. Ils se tenaient autour d’une cage posée à même le sol dans laquelle on pouvait distinguer une frêle silhouette recroquevillée. À tour de rôle, ils projetaient des éclairs de Force sur elle en lui arrachant ces cris inhumains. À la lueur de l’un d’eux, Isil identifia la créature torturée. Il s’agissait d’une femelle Twi’lek. Probablement une enfant ou une jeune adolescente.
— Ça suffit ! ordonna Isil en s’efforçant de rester calme. Laissez cette personne tranquille.

Les garçons se tournèrent vers elle, électrisés par le ton de sa voix.
— Comment vous avez fait pour sortir de votre prison ? demanda l’un d’eux.
— Cela ne vous regarde pas.
— On s’entraîne un peu avant d’aller dormir, protesta un autre. Nos Maîtres nous ont ordonné de travailler nos éclairs de Force.
— Et moi je vous dis à présent de laisser cette Twi’lek tranquille et de rentrer dans vos quartiers !

Le ton de sa voix était sec. Les acolytes hésitèrent devant l’autorité naturelle qui s’en dégageait. L’un d’eux se tourna vers les autres.
— On ne va pas se laisser dicter la loi par une apprentie alors qu’elle n’est même pas armée et que nous sommes cinq contre elle ?

Crânement les autres lui donnèrent raison. Isil les prévint :
— Ne me sous-estimez pas, ce serait une grossière erreur.
— Et tu vas faire quoi contre nous tous ? Tu n’as même pas un sabre laser !
— Et vous, vous n’avez que vos électrolames d’entraînement. Vous croyez que c’est avec ça que vous allez gagner contre moi ?

De nouveau ils hésitèrent en face de l’assurance tranquille qui émanait de l’apprentie. Mais l’absence d’un sabre laser les encouragea à faire front.
— À trois on la grille, fit l’un d’eux, sans doute le plus téméraire. Un, deux, trois !

Tendant leurs bras, ils lancèrent une volée d’éclairs de Force vers Isil. D’habitude, elle se servait de son sabre pour intercepter les décharges et les potentialiser mais là elle n’eut que la ressource de se protéger avec ses mains. Fort heureusement, les acolytes ne maîtrisaient pas la Force avec la même intensité qu’elle. Les éclairs semblèrent avalés par ses paumes placées en bouclier devant elle. La Jedi résista en serrant les dents et puisa dans la Force de quoi augmenter la puissance énergétique assimilée.
Isil connaissait la véritable nature de la Force utilisée pour lancer ces éclairs. Les Sith allaient la chercher dans le Côté Obscur. Pourtant, selon Maître Beno, certains Maîtres prétendaient que le Côté Obscur n’existait pas de manière objective. Selon eux, le vrai déterminant se trouvait être le choix idéologique de l’utilisation de cette énergie psychique générée par les êtres vivants qu’était la Force. Le véritable danger pour un Jedi étant, selon leur approche, la facilité avec laquelle certains sentiments ou émotions, comme la colère et la haine, permettait de s’en servir. Cette facilité, associée à l’ivresse de la puissance ainsi libérée, se révélait à long terme véritablement addictive pour l’utilisateur de ces pouvoirs. Celui-ci sombrait alors en cultivant des sentiments qui le dénaturaient petit à petit.
Officiellement, l’Ordre Jedi enseignait l’existence objective du Côté Obscur de la Force et de son pendant Lumineux et distinct, le tout formant un équilibre plus ou moins stable. Il soutenait l’idée que la Force Unifiée existait dans toute la matière composant l’univers, présente dans l’espace et le temps, en liant toutes les particules de matière ensemble. Les pouvoirs d’un utilisateur de la Force puisaient par conséquent d’un côté ou de l’autre de celle-ci. Lorsque ces pouvoirs procédaient du Côté Obscur, ils provoquaient à terme une corruption de la personne et une altération de son esprit qui sombrait alors dans le mal.
Isil n’avait jamais su vraiment vers quelle théorie son Maître penchait, ce dernier étant resté fidèle à l’enseignement traditionnel de l’Ordre tout en ouvrant l’esprit de sa Padawan à la théorie alternative de la Force Vivante. Ainsi sur Coruscant, elle avait pu vaincre un terroriste porteur d’une puissante bombe au milieu d’une foule, en l’enrobant dans un champ de Force à l’intérieur duquel il fut réduit en cendres. À cette occasion, la Jedi avait été confrontée à l’ivresse de la toute puissance du Côté Obscur et, sans s’y laisser corrompre, cela l’avait éminemment perturbée. Cela venait-il d’elle ou réellement de la Force en tant que telle ? C’était la question qu’elle se posait régulièrement lorsque ses souvenirs la tenaillaient.
De nouveau, elle ressentait ce sentiment de puissance tandis qu’elle absorbait et emmagasinait l’énergie déployée par ses jeunes agresseurs. Plongée dans la Force, elle voyait les lignes lumineuses, celles des éclairs, celles des acolytes impertinents et tout autour d’elle tout semblait s’obscurcir pareil à un orage anéantissant la lumière d’un soleil. Elle se savait de loin supérieure aux cinq adolescents, avec ou sans sabre, et pouvait si elle le souhaitait les anéantir en un instant. Cette ombre lui faisait peur, comme l’abîme sans fond au fond duquel le Vindicator avait sombré. Padawan, elle n’avait pas tué le papillon parce qu’elle avait su doser la Force nécessaire pour immobiliser la fragile créature. Il lui fallait doser à présent sa façon de se défendre afin de ne pas tuer les adolescents qui s’en prenaient à elle.
Une sphère d’énergie quitta ses mains et se divisa pour frapper chacun des cinq garçons. Ils furent projetés en arrière de plusieurs mètres, atterrissant durement sur le sol froid et humide de la salle de torture. Leur stupéfaction se lut sur leur visage. Un étonnement marbré de colère. Dans l’académie Sith, on ne tolérait pas l’échec. Ce n’était jamais une option présentée par le corps enseignant. Seule la réussite était de mise. Seul le vainqueur était honoré. Des novices sur Tython auraient salué le Padawan venu leur donner une telle leçon et rompu le combat pour en apprécier toutes les implications. Mais ici, sur Korriban, rien de tel n’existait. Ni le fairplay, ni la modestie n’étaient enseignés. Seule la force à l’état brut régnait.
Les garçons se relevèrent empreint d’une rage sourde. Une seule personne, un simple apprenti — ce qu’ils seraient bientôt à n’en pas douter — et de plus une fille désarmée, leur tenait tête. Voilà tout ce à quoi ils pensèrent. D’un seul geste, ils extirpèrent leur électrolame du fourreau et chargèrent.
D’un bond puissant, Isil pirouetta au-dessus d’eux pour atterrir plus loin, hors de portée de leurs armes. Une violente vague de Force les balaya pour les projeter contre les murs rugueux de la pièce.
— Ça suffit, cria-t-elle. Laissez tomber !

D’un geste irrésistible, elle leur arracha les armes des mains et les projeta à l’opposé de la salle.
— Elle est trop puissante pour nous, s’écria l’un des acolytes.

Mais le plus âgé paraissait toujours ne pas vouloir s’en laisser conter. Son visage mélangeant colère et frustration en disait long. Il tenta un nouvel étranglement de Force.
— Cette fois, j’en ai assez ! s’exclama Isil exaspérée par l’entêtement dont il faisait preuve.

Elle étendit une main vers lui. L’adolescent se sentit soulevé dans les airs et commença à pivoter sur lui-même, d’abord lentement, puis de plus en plus vite. Lorsqu’il tourna si vite qu’on ne pouvait plus distinguer les contours de son corps, il se mit à hurler :
— Grâce ! Arrêtez par pitié !

Isil cessa le mouvement et le reposa à terre où, la tête tournant pareille à celle d’un homme ivre, il s’écroula en vomissant. Ses amis firent deux pas en arrière lorsque la Jedi les regarda de ses yeux d’acier trempé.
— Allez-vous en et vite, avant que je ne me mette vraiment en colère. Laissez cette Twi’lek tranquille et ne venez plus jamais la tourmenter, c’est compris ?

Domptés pour de bon, ils hochèrent la tête muettement et se hâtèrent de relever leur compagnon dont le vêtement était couvert de vomi. Son visage, pâle comme un linceul, avait perdu de sa superbe. Les yeux baissés, les cinq acolytes ramassèrent leurs armes et quittèrent la pièce en silence.
Isil s’avança vers la cage et mit un genou à terre. Instinctivement, la jeune Twil’lek se recula pour se recroqueviller contre les barreaux.
— Pitié, gémit-elle. Ne n’en peux plus… ne me torturez plus, je vous en supplie… tuez-moi…

Le cœur de la Jedi se serra. La présence de la Twi’lek dans la Force était éloquente : il s’agissait là d’une Padawan.
— Je ne te veux aucun mal, petite, murmura la jeune femme. Je m’appelle Isil Kal’Andil.

Fallait-il lui avouer sa qualité de chevalier Jedi au risque qu’elle ne la trahisse sous l’effet de nouvelles tortures ? Car, il n’était pas question de la sortir de son horrible prison. Isil n’entrevoyait aucune solution pour le faire au beau milieu de l’Académie Sith. Cette situation lui déchirait le cœur.
— Quel âge as-tu ? demanda-t-elle d’une voix douce.
— Onze ans, balbutia la gamine.

Les poings d’Isil se crispèrent de rage contenue.
— Comment t’appelles-tu ?

Pour la première fois l’enfant leva vers elle son visage bleu pâle et la fixa de ses grands yeux vert émeraude troublés par des larmes de douleur.
— Kuli’Aven.
— Tu es une Padawan, n’est-ce pas ?

Elle hésita avant de faire oui de la tête.
— Où est ton Maître ?
— Il est mort. Il s’appelait Twi Turazza.
— Que s’est-il passé ?
— Nous étions en mission consulaire sur la planète Velmor dans le secteur Halor, de la Bordure médiane. Mon Maître devait arranger une trêve avec l’Empire. Mais nous avons été trahis en plein pourparlers par les Sith. Il y a eu une effroyable bataille et Maître Twi a été tué. Tout le monde a été massacré sauf moi… on m’a ramenée ici… ça fait un mois…

Elle eut un hoquet et baissa les yeux.
— Ça fait un mois que tu es enfermée dans cette cage ? insista Isil horrifiée.

La Padawan refit oui avec sa tête. Elle ajouta d’une voix tremblotante :
— Les acolytes s’exercent sur moi chaque jour… je n’en peux plus… je n’arrive plus à me réfugier dans la Force pour résister…

La Jedi se sentait au comble de la perplexité. La faire évader, si du moins c’était possible ce qui n’était pas prouvé, compromettrait la mission. Mais comment se résoudre à laisser l’enfant dans sa prison de souffrances, torturée quotidiennement par les jeunes Sith ?
Isil savait qu’il lui fallait faire taire ses émotions. La raison devait passer avant les sentiments qu’elle éprouvait à cet instant auprès de l’enfant martyrisée. Que pouvait-elle lui dire pour la réconforter et lui redonner de l’espoir ?
— Écoute-moi, je suis une amie.

Les yeux de la fillette brillèrent.
— Vous êtes venue me sauver ? demanda-t-elle d’une voix remplie d’espérance.

Isil grimaça et se mordit la lèvre.
— Non, je suis ici pour autre chose et j’ignorais absolument ta présence en ces lieux. Mais je ne vais pas te laisser tomber. Je ne sais pas comment, mais je vais trouver un moyen de te venir en aide.

Kuli’Aven baissa de nouveau les yeux.
— Je comprends, murmura-t-elle. Mais si vous ne pouvez pas me faire sortir, pouvez-vous me promettre quelque chose ?

Isil s’agrippa aux barreaux de la cage, son visage entre ses mains.
— Bien sûr, souffla-t-elle en essayant de calmer le désarroi qui l’étreignait. Que veux-tu que je fasse ?
— Revenez me voir et… tuez-moi pour que je ne souffre plus.

Une onde électrique parcourut l’échine de la Jedi. Elle faillit hurler mais se contint in extremis. Pour parvenir à dénouer sa gorge afin de répondre à l’enfant, elle dut déglutir plusieurs fois et refoula les larmes d’impuissance qui montaient à l’assaut de ses paupières. La gamine insista avec un trémolo pathétique dans la voix :
— Vous me le promettez ? S’il vous plait… je vous en supplie…

Isil hocha la tête deux fois et parvint à articuler en faisant appel à toute sa raison :
— Je te le jure… mais seulement, si ne je ne trouve pas une solution pour te sortir de là.

En dépit de ces terribles paroles, la Padawan se mit à lui sourire, comme rassurée par cette perspective. Elle se déplaça en rampant dans sa cage pour se rapprocher de la Jedi et posa les mains sur les siennes.
— Merci, murmura-t-elle.

Puis elle ajouta très doucement :
— Il n'y a pas de mort, il y a la Force…

Isil serra les doigts de la petite et lui rendit son sourire en répétant dans un souffle :
— Tu as raison… il n’y a pas de mort… il y a la Force.

La Jedi se releva et songea :
Voilà, cette enfant vient de te donner une leçon de courage !
Puis s’adressant à la Padawan :
— Je dois partir à présent. Continue à être courageuse comme ça. Tu es digne d’un chevalier Jedi. Je reviens dès que je peux. Que la Force soit avec toi.

La fillette lui fit un signe de la main.
— Et aussi avec vous… chevalier Isil.

Torturant son esprit pour trouver une solution, Isil s’en revint vers l’Académie. Avec la nuit, le calme régnait dans les couloirs mais les gardes noirs étaient omniprésents. Comment aurait-elle pu enlever l’enfant à leur nez et à leur barbe ? Pour la cacher où ?
Dans le dortoir, les apprentis dormaient. Elle se dirigea vers l’alcôve de Krel et souleva discrètement la tenture. Le jeune homme dormait, torse nu sur son lit. Sans un bruit, Isil tendit le bras pour remettre la main sur son sabre laser posé sur la table. Puis ne résistant pas à la tentation, elle l’alluma. La lame rouge grésilla. Elle la plaça sous la gorge du Sith qui, sans doute sous l’effet d’un sixième sens se réveilla et ouvrit les yeux.
— Doucement, chuchota la Jedi, pas de mouvement brusque si tu tiens à conserver la tête sur les épaules.
— Isil ? souffla Krel. Comment es-tu parvenue…
— Tu te crois peut-être plus malin que moi, mais il y a un monde entre nous deux. Je possède des ressources que tu ne soupçonnes même pas.

Avec beaucoup de sang-froid eu égard à sa situation, le jeune homme parvint à sourire.
— Je vais commencer à le croire.

Il secoua le drap d’une main.
— Tu viens te coucher ? lança-t-il avec malice.

La lame rouge effectua un bref mouvement de va et vient sous le menton du Sith.
— Tu veux vraiment perdre la tête ?
— Avec toi, oui, répondit-il sans ciller.

Isil éteignit son sabre et souffla son exaspération.
— Tu es désespérant. Tâche de dormir et de rêver à quelqu’un d’autre que moi.

Krel grimaça une mimique drôle.
— Ça va être dur !
— Fais un effort ! cingla la Jedi avant de disparaître derrière la tenture pour gagner son lit. Et pas de bêtises : mon sabre est très chatouilleux et je ne dors jamais que d’un œil.

Alors qu’elle s’allongeait tout habillée, la voix de Krel parvint jusqu’à elle.
— Tu m’en veux pour le bizutage ?
— C’est rancunier une femme, répondit-elle. Je ne dis pas que je ne te le ferai pas payer.
— Je t’offre ta revanche quand tu veux avec plaisir, répliqua l’apprenti.
— Je parie que tu le regretteras. En attendant, dors !

Il y eut un silence puis Krel reprit :
— Bonne nuit, Isil.

La Jedi ne répondit pas mais soupira silencieusement.

(à suivre... )


Chapitre 19 : Sombre tombeau (début 1/2)
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Modifié en dernier par Hiivsha le Dim 21 Juin 2015 - 14:20, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Dim 21 Juin 2015 - 14:19   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 18 : La salle de torture (début 1/2)
Chapitre 18 : La salle de torture (fin 2/2)




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19 - Sombre tombeau


(Début 1/2)


— Il faut repartir au plus vite, décida Dark Dalius en étudiant le coffret dans lequel il venait d’enfermer l’artéfact de l’orgueil. À présent que nous avons les trois, ce n’est qu’une question de temps avant que Remus ne vienne les chercher pour les assembler au sien.

Ils arrivaient à l’Académie et Isil sentait peser sur ses épaules un poids incommensurable.
— J’ai quelque chose à faire avant de partir, balbutia-t-elle.
— Eh bien fais vite. Rassemble tes affaires, nous partons de suite, ordonna Darillian avec impatience.

Lui-même se rendit dans ses quartiers. Isil marcha à grands pas à travers les dédales de couloirs serpentant sous la montagne. Elle traversa les sinistres salles de torture jusqu’à celle où se trouvait la Padawan.
Au regard de la Jedi et à son visage pâle, l’enfant comprit aussitôt.
— Vous ne pouvez pas me libérer, c’est ça ?

Isil s’agenouilla au plus près d’elle.
— Je ne peux pas affronter une armée de Sith et je dois repartir. Je suis… vraiment navrée.
— Mais vous allez tenir votre promesse, n’est-ce pas ?

La Jedi promena un regard anxieux autour d’elle. Il n’y avait personne.
— Je ne sais pas si je vais pouvoir, avoua-t-elle.

L’enfant l’implora du regard. Des larmes coulaient le long de ses joues bleues.
— Je vous en prie, chevalier. Ne me laissez pas souffrir comme ça. J’en deviens folle et je sais que je pourrais sombrer du Côté Obscur de la Force si cela devait me faire sortir d’ici quitte à y perdre mon âme.
— Ne me demande pas ça, implora à son tour Isil, désespérée. Tu es une enfant.

La fillette lui prit les mains à travers les barreaux.
— Je vous en supplie… Isil… libérez-moi, rendez-moi à la Force ! Il n’y a pas de mort, il n’y a que la Force… vous devez y croire.
— Mais j’y crois… cependant…
— J’ai confiance en vous. Vous devez le faire, par compassion.

La Jedi se cogna la tête plusieurs fois contre les grilles.
— Comment veux-tu que je puisse t’ôter ainsi la vie, si… froidement ?
— Parce que vous êtes un Jedi et vous faites ce qui est juste. Et ce qui est juste, c’est de mettre fin à ma torture.

Isil regarda la petite Twi’lek d’un air d’incompréhension. Elle n’avait que onze ans et pourtant elle parlait déjà comme une adulte. Pourquoi l’Ordre ne l’avait-elle pas laissée dans sa famille au lieu de la ramener au Temple pour vouloir en faire une combattante ? Où passait l’enfance chez ces jeunes êtres ? Ne la leur volait-on pas en agissant ainsi ?
— C’est injuste, gémit la Jedi en essayant de se reprendre.

Les petits doigts caressèrent les siens.
— Tout a une raison dans la Force. Peut-être est-il temps que j’y retourne ? Il n’y a pas de mort…

À cet instant, Isil se prit à maudire ce Code qui voulait régir leur vie. Combien de fois avait-elle répété ce mantra sous la houlette de son Maître puis de son propre gré ? Et si tout cela n’avait pas de sens ?
Ta foi vacille, songea-t-elle amèrement.
Puis elle murmura :
— … il y a la Force.

La fillette fit oui de la tête et souffla :
— Je suis prête.

Ses lèvres se posèrent sur les mains d’Isil dans un remerciement pathétique puis elle se releva dans sa cage et se pressa contre les barreaux.
— Que la Force soit avec vous, chevalier, chuchota-t-elle.

La Jedi se releva également et saisit son sabre laser. Sa lumière rouge étincela lugubrement dans la pénombre de la cellule.
— Pardonne-moi ! s’exclama Isil en étouffant un sanglot avant de plonger la lame sanglante dans le torse de la Twi’lek à hauteur de son petit cœur juste sous ses seins naissants.

Le visage de la fillette se détendit et elle ferma les yeux sans un gémissement. Lorsqu’Isil retira l’arme meurtrière, son corps s’affaissa lentement contre sa prison d’acier. Des idées de meurtre envahirent l’esprit de la Jedi et une colère sourde s’empara d’elle. La lame rouge brilla intensément dans l’obscurité puis, la jeune femme tomba à genoux en pleurant.
*
* *

Isil ouvrit les yeux et se redressa brusquement sur son séant en haletant, envahie d’émotions. Un coup d’œil sur son databracelet lui indiqua que l’aube n’allait pas tarder. Déjà, dans le dortoir, quelques frôlements discrets trahissaient les lève-tôt qui se réveillaient. Son cœur battait à tout rompre et la jeune femme dut faire un effort pour se calmer. Cependant, elle ne voulait pas prendre le risque de se plonger dans la Force pour méditer de peur de trahir son statut de Jedi. Elle prit donc sur elle afin de chasser l’impression désagréable que son rêve venait de lui procurer.
Je ne pourrai jamais, se dit-elle en se levant du lit. Il faut que je trouve quelque chose.
Restait à savoir quoi. Devait-elle s’en ouvrir à celui qui se disait son père ? Pouvait-il l’aider ? Peut-être. Il était influent et puissant. Ne pourrait-il réclamer une prisonnière pour lui-même ? Isil était convaincue qu’il attendait précisément une occasion comme celle-là de se rapprocher de sa fille. Mais au fond d’elle-même, la jeune Jedi ne pouvait s’y résoudre. Comment demander aide et protection à l’assassin de ses parents ? Il n’en était pas question ! Et pourtant, une vie était en jeu.
Après un tour à la cantine des apprentis pour se restaurer, elle sortit de l’Académie pour attendre Jaster Darillian sous les lueurs satinées de rose et parsemées de nuances d’orange distillées par l’aurore. Sous cette lumière apaisante, la vallée des Seigneurs Noirs ressemblait à un tableau de maître, figée pour l’éternité. L’instant fut à la fois magique et fugace. Déjà, les premiers rayons de soleil accrochaient le sommet des montagnes ocre et arides.
— Te voilà, ma fille ! s’exclama Dark Dalius en arrivant. À l’heure, comme il se doit. Bien ! Nous pouvons y aller. Suis-moi, nous allons emprunter un speeder à l’Académie.

Docile, Isil suivit le Sith jusqu’à l’aire des transports et monta à sa suite dans un véhicule découvert. Dalius démarra, et le speeder s’élança sur le chemin rocailleux qui permettait de sortir de l’enclave.
Après une poignée de minutes, le conducteur observa :
— Tu n’es pas bavarde, Isil. Ni curieuse. Tu ne me demandes même pas où nous nous rendons.

La jeune femme tourna sa tête vers lui. L’étendard d’or de ses longs cheveux flottait dans le vent tiède du désert de roches. Ses yeux azur examinèrent longuement le visage du vieil homme qu’était Jaster Darillian sans bien savoir pourquoi elle le dévisageait ainsi. Sans quitter la route des yeux, il se mit à sourire.
— As-tu quelque chose à me dire… ou à me demander ? continua-t-il.

Elle rectifia sa position et redressa sa tête.
— Non, murmura-t-elle.
— J’ai comme l’impression que tu n’as pas envie de me parler. Je le regrette. J’aime le son de ta voix. Très bien. Nous allons dans la vallée de Kloog à une heure d’ici.

Darillian conserva le silence quelques instants, puis, convaincu qu’Isil s’en tiendrait à un mutisme désespérant, il reprit :
— Dans les archives secrètes de l’époque, j’ai trouvé un vieux document vraiment intéressant. Il parle d’un ancien Jedi, très puissant, appelé Alsian Malabach. C’était un grand scientifique obsédé par le mystère de l’univers et de la Force dont il cherchait à comprendre la réalité physique. Mais ses expériences sur les êtres vivants furent interdites par ses pairs et il quitta l’Ordre Jedi pour continuer ses recherches. À la suite d’une expérience ratée, il fut défiguré et dès lors, apparut en public portant un masque pourpre qu’il devait ne plus jamais quitter. Il devint peu à peu un Jedi noir, obsédé par l’étude du Côté Obscur autant que de la Force lumineuse. Afin d’approfondir ses connaissances, il rejoignit les Sith et acquit un grand nombre de sombres pouvoirs. Il est par la suite connu sous le nom de Dark Sumaris. Au crépuscule de sa très longue vie, il se fit construire un immense tombeau dans la vallée de Kloog, à la mesure de son orgueil. Lors de son dernier voyage sur Dromund Kaas auprès de l’Empereur, ce dernier lui confia l’artefact rakata afin qu’il disparaisse avec lui. En effet, Dark Sumaris avait décidé de se faire enterrer vivant dans son mausolée pour approfondir les deux côtés de la Force et y entrer à travers la mort physique.

Le speeder déroulait derrière lui un tapis de poussière rougeâtre, seule présence de vie entre les crêtes rocheuses hostiles des alentours. Ils traversèrent un étroit canyon et débouchèrent sur une large dépression encadrée de hautes falaises, dont l’entrée était gardée par des statues aussi imposantes que celles situées entre l’académie et la vallée des Seigneurs Noirs. Différents bâtiments plus ou moins monumentaux étaient répartis de chaque côté d’une artère rectiligne et pavée traversant le site d’un bout à l’autre. Une partie des mausolées se tenaient adossés à la montagne, d’autres étaient isolés au centre de la vallée. Tous avaient des dimensions imposantes mais quelques-uns avaient souffert des siècles passés et certaines parties s’étaient effondrées sous l’effet de l’érosion.
— Nous y sommes, commenta Dark Dalius en ralentissant l’allure.

Les lieux étaient sinistres. Dans le ciel, des silhouettes de gros oiseaux de proie décrivaient des cercles, projetant leur ombre fugace sur les statues et les murs des tombeaux. Un peu plus loin, un groupe de tuk’ata aux crocs aiguisés comme des poignards se disputait le cadavre d’un petit herbivore sans doute perdu à la recherche d’un bouquet d’herbes desséchées.
Le véhicule quitta l’avenue pavée pour se diriger vers un monument puissamment érigé vers le ciel, adossé à la falaise. La façade ressemblant à celle d’un temple était encadrée d’imposantes colonnes sculptées de motifs cauchemardesques. Une porte colossale en interdisait l’entrée.
Le speeder stoppa et ses deux passagers en descendirent. Ils avancèrent jusque devant les lourds vantaux.
— Comment entre-t-on ? demanda Isil.
— Ne me dit pas que ces battants t’impressionnent, ma fille. Il n’y a aucune limite à ce que la Force peut faire.
— Vraiment ?
— Il suffit de ne pas en douter.
— Mais tout de même… aucune limite voudrait dire qu’on peut… je ne sais pas moi… anéantir toute une planète juste avec sa volonté ?
— Il n’y a que ton esprit pour te brider, crois-moi. Si un utilisateur de la Force sait qu’il peut détruire un monde, alors il le fera.
— Mais il n’y a jamais eu de cas…
— Non. La menace la plus puissante qui me revient en mémoire est celle de Dark Nihilus. Mais ce n’était pas vraiment un pouvoir contrôlé qu’il détenait en avalant l'énergie vitale de n'importe quelle créature vivante. C’était plutôt une impulsion non maîtrisée.
— Lors du génocide de Katarr, il a tout de même pris la vie de millions de personnes, objecta Isil avec un frisson.
— C’est vrai. Mais pour l’instant, restons plus modestes en entrons dans ce mausolée.

Dark Dalius étendit les bras et les deux pesants panneaux s’ébranlèrent centimètres après centimètres en grinçant sous l’effort. Lorsque l’espace fut suffisant pour un homme, le Sith laissa ses bras retomber le long de son corps et avança dans l’ombre du tombeau.
La première salle était à la taille du monument, bordée de colonnes et vide. Leurs pas résonnèrent dans l’écrasant silence des lieux.
— C’est dans cette partie que vivaient les serviteurs du grand Sith en attendant sa mort.

La voix de Darillian fit écho contre la nudité des murs. Il reprit :
— Lorsqu’il atteignit la Force, le tombeau en lui-même fut scellé et les lieux ici, nettoyés et abandonnés. Depuis des siècles, le silence y règne en maître.

Une sorte de bramement venu du fond de la terre fit mentir le Sith. Il grimaça :
— J’ai peut-être parlé trop vite. Nous ne sommes peut-être pas les seuls animaux vivants dans ce mausolée.
— Qu’était-ce ? s’inquiéta la Jedi la main sur la garde de son sabre.
— Difficile à dire tant le son était étouffé, commenta Dark Dalius. Mais tu as le choix entre plusieurs espèces de monstres vivant dans ces tombeaux.
— Mais encore ?
— Eh bien, tu as les limaces k’lor, des sortes de vers géants dotés de pinces et de pattes griffues ainsi que d’une mâchoires remplie de dents monstrueuses capables de sectionner d’un seul coup un homme en deux. Ou alors, nous pourrions rencontrer des shyracks, ces prédateurs volants avec leurs grandes ailes en cuir et leurs crocs redoutables. Ils n’ont pas d'yeux et ils se déplacent en utilisant leur odorat ainsi qu’un sonar interne. Ils attaquent souvent en essaim.
— Charmant, marmonna Isil.
— Et puis tu as les hssiss, les gardiens des tombeaux. Ce sont des reptiles tétrapodes, plutôt bas sur pattes, possédant une longue queue et un cou très fort. Étonnamment agiles et silencieux pour leur masse si on considère qu’ils peuvent atteindre douze mètres de long pour les plus grands.
— Ah, quand même. Vous savez quoi sur eux ?

Darillian continua sur un ton docte, ravi de cet échange avec sa fille.
— Hum… leur corps est recouvert d'écailles. Leur crâne et leur colonne vertébrale sont hérissés de cornes pointues. Ils n’y voient quasiment pas mais compensent ce handicap par un odorat et une ouïe hyper développés accrus par une grande sensibilité à la Force… surtout à la Force lumineuse, ajouta-t-il avec malice en biaisant ses yeux plissés vers la jeune femme.

Celle-ci grommela entre ses dents :
— Me voilà prévenue.

Ils étaient parvenus à l’extrémité de cette première partie et ouvrirent une seconde porte donnant sur une large rampe inclinée. En bas, on apercevait une troisième porte à double battants.
Comme ils étaient à mi-pente, un roulement de tonnerre déchira le silence et le sol se mit à trembler sous leurs pas. Ils n’eurent que le temps de se retourner pour voir deux énormes boules de métal bien lisse dévaler vers eux à toute vitesse. Elles prenaient la totalité de la largeur de la rampe si bien qu’ils n’eurent pas d’autre alternative que de se lancer dans un puissant saut de Force, rasant le plafond au-dessus des sphères avant de choir de l’autre côté. Ils se reçurent à l’unisson avec la souplesse de deux chats retombant sur leurs pattes.
Darillian sourit :
— Il y a peut-être plus que quelques bêtes féroces dans ce tombeau.

La jeune femme pinça ses lèvres.
— Comme par exemple toute une tripotée de pièges mortels qui n’attendent que de nous réduire en bouillie, en cendre ou nous découper en lamelles ?
— Quelque chose comme ça, approuva Darillian en ricanant. Allons, Isil, tu es une Jedi. Ne me dit pas que tu as peur de quelques embuscades… où est le grand frisson de l’aventure ?
— Je n’ai pas dit ça, répliqua-t-elle sèchement.

Mais pourquoi fallait-il que le danger soit omniprésent partout où elle passait ? songea-t-elle. Le danger et la mort. La mort et la souffrance.
Le visage de la jeune Twi’lek dans sa prison revint la tourmenter. De nouveau elle se demanda comment la tirer de son triste sort. Demander à Dark Dalius ?
Jamais ! pensa-t-elle. Plutôt mourir que de lui être redevable de quelque chose !
Mais en l’occurrence, il s’agissait de la mort d’un petit être faible, une enfant Jedi. Pouvait-elle ne rien faire, là où la compassion enseignée par son Maître lui commandait d’intervenir ?
L’espace du bas étant plus large, Dark Dalius écarta les boules d’un geste dans la Force et ouvrit la porte avant de balayer l’obscurité de son projecteur de lumière. Devant eux, de nouveau un long couloir entrecoupé par des alvéoles latérales dans lesquelles se dressaient des statues sinistres drapées pour certaines de longues toiles d’araignées. Derrière lui, Isil suivait machinalement. Une autre idée venait de s’imposer à son esprit :
Et si je gagnais le tournoi des apprentis ? Je pourrais réclamer la Padawan comme mon dû !
Et pourquoi pas en effet ? Elle s’était bien imposée dans son duel contre Jaster Darillian sur Corellia, sa planète natale. Et si le Sith s’était échappé, c’était uniquement à cause du choix qui s’était offert à elle : en finir avec l’homme ou sauver la planète en désamorçant un missile mortel. Ici, à l’Académie ce n’étaient que des Apprentis, l’équivalent des Padawan Jedi. Elle était chevalier et pouvait fort bien tenir tête à un Krel Hannah, aussi doué soit-il.
Après une longue hésitation, elle s’entendit demander malgré elle :
— Si nous revenons à temps à l’Académie, peut-être pourrais-je participer à ce tournoi finalement.

L’air détaché avec lequel en apparence elle prononça ces mots ne trompa pas la longue expérience de Dark Dalius qui se prit à sourire.
— Vraiment ? Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?
— Rien… ou pas grand-chose… j’ai juste un petit compte à régler avec Krel.

Darillian tendit l’oreille.
— Ah bon ? Il s’est passé quelque chose entre vous deux hier soir ?

Isil fit un geste désinvolte.
— Non… trois fois rien… un incident… J’ai l’intention de lui rendre la pareille.
— En te mesurant avec lui dans un duel ?
— Oui. Je peux le battre.
— Sans doute, mais si tu utilises la façon de combattre d’un chevalier Jedi et la Force lumineuse, tu risques de te trahir.
— Ah !

Isil n’avait pas pensé à cela. Il est vrai que les acolytes n’avaient pas représenté un gros défi pour elle, et les adolescents étaient trop peu expérimentés pour pouvoir analyser la nature de la Force dont elle s’était servie. Devant un parterre de Seigneurs Sith aguerris, leurs apprentis voire quelques Dark, il en serait autrement. Si son combat trahissait son statut de chevalier Jedi, elle serait sans doute arrêtée et jetée en prison ou pire, torturée et mise à mort pour espionnage. Leur mission serait un échec et Darillian lui-même aurait les pires ennuis malgré son rang. Encore que cette dernière perspective ne lui faisait ni chaud ni froid !
— Il y a bien un moyen, susurra Dark Dalius.
— Lequel ? demanda Isil méfiante.
— Vu ta puissance et ton harmonie dans la Force, il te serait très facile d’utiliser certains pouvoirs dont l’Ordre ne veut pas entendre parler.
— Vous voulez que j’utilise les pouvoirs du Côté Obscur ?
— Ou ceux-là, ou d’autres mais en puisant dans ta colère au lieu de ta raison pour faire illusion aux yeux des Seigneurs Sith. Si tu canalises tes sentiments au lieu de ta sérénité, je pense qu’ils n’y verront que du feu. Bien entendu, le mieux serait que tu utilises un véritable étranglement de Force ou même de bons gros éclairs pour vaincre ton adversaire. Là, il n’y aurait rien à redire. Et te connaissant, sachant la façon dont tu peux interagir avec la Force, tu n’as pas besoin d’enseignement spécifique pour le faire. Cela viendra tout seul, crois-moi.

Il n’attend que cela, songea-t-elle. Il veut que je vienne progressivement au Côté Obscur pour quitter les Jedi et me rallier à lui. C’est une manœuvre.
— Il n’en est pas question ! J’ai flirté inconsciemment une fois avec le Côté Obscur et cela ne m’a pas enclin à recommencer.

Darillian leva les bras au ciel d’un geste théâtral.
— Et si je te disais que le Côté Obscur n’existe pas ? Que ce ne sont que tes émotions qui déterminent la façon dont tu te sers de la Force ? Que si tu utilises celles-ci mais que tu apprends à les contrôler, tu ne risques pas de dévoyer ton âme ?
— Vous voulez dire qu’il n’y a pas de pouvoirs du Côté Obscur mais que ce sont les intentions prévalant à leur utilisation qui sont déterminantes ?
— En quelque sorte.

Isil baissa la tête en la secouant, le visage masqué derrière le voile de ses cheveux d’or.
— Cela va à l’encontre de l’enseignement Jedi. Et si vous aviez tort ?
— À toi de voir, ma fille. Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent… ni celles qu’on enseigne.


(à suivre... )


Chapitre 19 : Sombre tombeau (fin 2/2)
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Modifié en dernier par Hiivsha le Dim 28 Juin 2015 - 13:13, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Dim 28 Juin 2015 - 13:12   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 19 : Sombre tombeau (début 1/2)


19 - Sombre tombeau
(fin - 2/2)


Renoncer au tournoi, c’était renoncer à sauver la Padawan. Est-ce que son rêve était prémonitoire ? Était-ce l’avenir qu’elle avait vu si distinctement ?
— Pour le moment, reprit Darillian, il va falloir nous concentrer.

Ils étaient parvenus devant une petite salle rectangulaire d’apparence anodine. Toutefois, à y regarder de plus près, un observateur avisé pouvait apercevoir une série de petits trous qui parsemaient les murs de droite et de gauche.
— Un piège ? demanda Isil.
— Il semblerait. Je ne serais pas surpris que l’inventeur de ce passage ait cherché à réduire en cendre le visiteur trop sûr de lui. Je ne saurais trop te recommander de t’entourer d’un bouclier de Force avant de continuer.

Les secondes qui suivirent lui donnèrent raison. Ils n’avaient pas fait dix mètres qu’un mur de feu rugissant éclata devant et derrière eux. Les flammes s’agitèrent avec fureur laissant deviner les deux sphères de Force dans lesquelles ils avançaient sereinement. La furie destructive fut vaine, et ils arrivèrent bientôt à l’autre bout de la salle.
— Je pense qu’il y en aura d’autres, commenta Dark Dalius. Restons sur nos gardes !

À plusieurs reprises, le couloir se divisait en deux ou trois branches qu’ils explorèrent méticuleusement. La plupart du temps, cela finissait dans une pièce vide décorée ou non, piégée ou non, contenant parfois en son centre un cercueil mais pas celui de Dark Sumaris.
Les portes scellées rencontrées ne résistèrent pas à l’usage de la Force dans laquelle Dark Dalius lui-même présentait une puissance impressionnante.
— Ce tombeau est immense, commenta Isil. On se demande bien pourquoi ?
— Non seulement sa grandeur reflète celle du Seigneur Noir, mais en outre, plus un mausolée est compliqué, plus l’aventurier pilleur de tombes a des chances d’y laisser sa peau.

Un grondement se fit de nouveau entendre comme ils atteignaient une vaste pièce dont le sol était recouvert de terre.
— C’était plus près, nota Darillian en allumant son sabre laser. La terre de cette salle a été fraîchement retournée, cela ne me dit rien qui vaille.

Ils entrèrent et s’avancèrent dans les lieux. Isil avait également pris son arme en main. Les lueurs rouges des sabres imbibaient les murs d’une sinistre couleur ensanglantée dans laquelle dansaient leurs ombres démesurées. Tout à coup, une forme jaillit du sol à quelques mètres d’eux.
— Une limace k’lor ! cria Dark Dalius en se mettant en garde.

La créature avança en émettant une sorte de grognement sifflant et laboura l’air de ses griffes puissantes. Le sabre du Sith effectua un va et vient. La bête hurla de douleur, une griffe tranchée. Aussitôt, ce ne furent pas moins d’une dizaine de ces créatures qui sortirent de terre un peu partout dans la pièce.
— Attention ! prévint Isil en effectuant un grand saut pour éviter celle qui venait d’apparaître pratiquement sous ses pieds.

Elle se retrouva entourée par trois bestioles. Son sabre trancha une patte, puis une mandibule, arrachant à chaque bête un cri de douleur et de rage. Une vague de Force desserra leur étreinte en les projetant contre le mur opposé, emportant avec elles d’autres de leurs congénères. Dark Dalius venait de plonger son arme dans le cœur de l’une d’elles, et ses éclairs de Force tenaient en respect deux autres créatures qui se tortillaient sous l’effet de la puissante décharge. Isil s’élança en l’air et se rétablit sur la tête de la plus grosse dans laquelle elle enfonça sa lame d’un coup sec. La limace hurla et s’effondra dans un nuage de poussière. La Jedi sauta à terre, effectua un roulé-boulé pour éviter une griffe meurtrière avec laquelle l’un des monstres essaya de la transpercer, puis se releva pratiquement sous le ventre d’une autre. Cette dernière baissa la tête pour mieux voir sa proie, laissant le temps à celle-ci de lui percer l’abdomen avant de s’enfuir pour éviter le liquide verdâtre qui s’en déversa aussitôt. Un savant lancer de sabre transperça le fond de la gorge de l’avant-dernière k’lor encore en vie avant de revenir adroitement dans les doigts de sa propriétaire. Pour finir, Dark Dalius étrangla celle qui restait. Elle gigota frénétiquement sous la pression de la Force avant de se ramollir et de retomber sur la terre.
Les sabres s’éteignirent.
— Sales bêtes ! conclut le Sith. Continuons.

Il acheva la traversée de la salle et tendit les bras pour ouvrir une nouvelle porte. Ils entrèrent dans ce qui devait être la plus grande salle du mausolée. Creusée à même la montagne, elle ressemblait à un temple ancien avec ses perspectives fuyantes de colonnades, ses contre-allées bordées d’alcôves garnies de sculptures et de statues. La voûte devait culminer à plus de cinquante mètres.
— Magnifique, murmura Dark Dalius en détaillant les bas-reliefs qui ornaient les lieux.

Isil se tenait immobile au milieu de l’allée centrale.
— Comment vous avez dit que ça s’appelait vos machins ailés ?
— Des shyracks ?
— Mouais, c’est ça.
— Pourquoi ?
— Y’en a plein au plafond. Là-bas.

Elle tendit le doigt.
— Ils semblent dormir, observa Darillian. Autant ne pas les réveiller, d’autant que nous n’avons aucun blaster et que ces bestioles sont difficiles à tuer à coups de sabre tant elles sont agiles. À moins évidemment que tu ne veuilles parfaire ton lancer de sabre laser ?
— Mon lancer se porte à merveilles, merci. Mais si on peut les éviter, autant le faire.

Ils continuèrent leur marche dans le plus grand silence jusqu’à l’autre extrémité et poussèrent le battant d’une petite porte, insolitement plus étroite et basse que toutes celles qu’ils venaient de franchir.
— Quelque chose me dit que nous approchons du but, laissa échapper le Sith tout en franchissant le seuil.

Ils se trouvaient à présent dans un hémicycle de proportions plus modestes formant en quelque sorte l’abside du temple, sur lequel s’ouvraient trois absidioles. Dans celle du fond, trônait une pierre dressée surmontée d’un masque. Au centre de la salle principale, s’élevait un haut sarcophage en forme de pyramide étêtée, au sommet duquel était allongé un gisant poussiéreux représentant un seigneur Sith. Un étroit escalier permettait de gravir le monument.
— Il s’agit bien de Dark Sumaris, annonça Darillian en observant la statue figée dans la mort. Ou plutôt d’Alsian Malabach tel qu’il était avant l’accident qui l’a défiguré. Étrange d’avoir choisi cette représentation de lui-même alors qu’il se faisait enterrer ici, sur Korriban, parmi d’autres Seigneurs Noirs.
— Peut-être dans les derniers temps a-t-il trouvé quelque chose de plus dans le côté lumineux de la Force, murmura Isil dans le dos du Sith.
— Peut-être… répéta Dark Dalius. Tu vas m’aider à soulever le couvercle.

Ils se concentrèrent tous deux, et le dessus du sarcophage se mit à pivoter lentement sur d’invisibles gonds situés sur un côté. Lorsqu’il fut à la verticale, Darillian examina l’intérieur du tombeau. Il ne restait plus grand-chose du squelette enfoui dans une splendide armure Sith. D’une main experte, il inventoria le contenu du sarcophage sans résultat.
— Il n’y a aucun artéfact ici, constata-t-il d’une voix amère.
— Il doit être caché quelque part dans le mausolée… à moins qu’il n’ait déjà été trouvé par des chercheurs, répondit la Jedi.
— J’espère que non. Le tombeau est immense. Il faudrait des semaines pour le sonder à l’aide de la Force.
— Il y a des signes sous le couvercle, nota Isil. On dirait des runes.
— Ah oui ? s’exclama Darillian en se penchant un peu. En effet, tu as raison, ma fille. On dirait du Sith primitif… du Sith ancien pour être plus précis.
— Vous savez le lire ?
— J’ai plus d’une corde à mon arc, répliqua l’homme avec une satisfaction affectée. Voyons un peu ce que ça dit… hum…

Une poignée de minutes plus tard, il avait perdu de sa superbe et lissait avec perplexité sa barbe blanche.
— Je dois bien reconnaître que je me suis un peu rouillé… là c’est pierre… ici ce doit être rappel… ou souvenir… hum… oui… hum…

Il se mit à marmonner longuement entre ses dents. Isil en profita pour inspecter le caveau et les alcôves. Dans deux d’entre elles, s’élevaient des statues de Sith toutes identiques. Elles semblaient veiller sur le repos du défunt. La troisième, celle du milieu contenait seulement une pierre centrale, dressée comme un obélisque, un peu moins haute qu’elle. Le sommet en était recouvert par ce qui avait dû être le masque de Dark Sumaris de son vivant. Il était lisse, froid, taillé dans un métal d’un rouge très sombre et percé à la place des yeux d’un large rectangle noir. Il était conçu pour envelopper le visage jusque aux oreilles et se verrouillait derrière la tête par deux attaches faites du même métal. Il tournait le dos au tombeau du Sith.
Les réflexions de la Jedi furent bientôt interrompues par une exclamation de Darillian.
— Je crois que j’y suis !

Elle souleva un sourcil et se hâta de rejoindre l’homme perché au sommet du sarcophage. Il la regarda d’un air empreint d’illumination.
— J’écoute, fit Isil d’une voix totalement neutre.

Darillian parut légèrement déçu que sa fille ne fasse pas preuve de plus de curiosité là où son excitation personnelle était à son comble.
— La phrase est plutôt sibylline… voici ce qu’à mon avis elle dit : « la pierre souvenir de l’Empire défunt repose sous le regard lumineux de Dark Sumaris… dont le masque éternel surveille à tout jamais l’artéfact maudit… que l’obscurité ne pourra plus atteindre. »

Il se racla la gorge.
— Ce n’est que de l’à peu près… le Sith ancien est très difficile à traduire en basic, certains mots n’existant pas… ce sont plus des idées que des termes précis.

Il écarta les bras et les laissa lourdement retomber le long de son corps.
— Je ne saisis pas très bien le sens de ces mots.

Puis il se perdit dans ses pensées. Isil en fit de même et se mit à tourner et retourner les idées dans sa tête. Au bout d’un moment, elle se mit à monologuer, plus pour réfléchir à voix haute qu’à l’intention de Dark Dalius.
— Si on suppose que la phrase fait référence à notre artéfact… l’Empire défunt serait l’Empire Rakata c'est-à-dire l’Empire Éternel qui n’existe plus… Et c’est Dark Sumaris qui le surveille. Mais pourquoi un regard « lumineux » ? Pour un Sith c’est paradoxal.

Elle descendit les marches et retourna graviter autour du masque posé sur sa pierre.
— Le masque éternel… surveille… Quel rapport entre le masque et l’artéfact ?

Puis elle haussa le ton pour s’adresser à Darillian. Sa voix résonna sinistrement à travers l’abside.
— Pourquoi quelqu’un se faisant enterrer avec un tel objet laisserait derrière lui des instructions pour le retrouver ? N’est-ce pas contradictoire ?

Dark Dalius émergea de ses réflexions.
— L’orgueil sans doute… l’envie de penser que quelqu’un après lui pourrait résoudre son énigme… ou justement pas ! Peut-être aussi l’effet de l’artéfact… ce dernier ne voulant pas disparaître sans laisser de trace ?

Le silence retomba de nouveau dans le tombeau et chacun se perdit dans de profondes conjectures. Isil tournait autour de la stèle en marmonnant. Puis elle s’arrêta et prit le masque entre les mains avant de l’ôter de son support. La Jedi examina attentivement le petit monolithe. Il y avait deux cavités à l’endroit où tombait le regard du masque.
Des orbites, pensa-t-elle. Des orbites… vides… comme celles d’un cadavre.
— Le regard lumineux, murmura Isil en revenant vers le sarcophage.

Dalius la regarda remonter vers lui puis abaisser le couvercle de la tombe. La Jedi examina longuement la statue formant le gisant du défunt.
— Là, il n’a pas de masque, observa-t-elle.
— Non, en effet.
— Les yeux, souffla-t-elle en passant une main sur le visage sculpté pour en effacer la poussière.

Dalius poussa une exclamation.
— Ses yeux… ce sont des cristaux…

Les doigts de la Jedi se posèrent sur l’un d’eux et avec l’aide de la Force, elle l’arracha pour l’observer attentivement.
— Oui, un cristal imitant un œil.

Elle en fit de même pour l’autre et conclut :
— Je crois savoir où les poser.

Elle redescendit suivie par Darillian et se rendit devant la stèle de laquelle elle ôta le masque de Dark Sumaris.
— Oui, fit simplement Dalius.

Isil posa un œil dans chaque orbite et se recula. Mais rien ne se passa.
— Le masque surveille l’artéfact, récita la Jedi en remettant le masque en place.

Ils attendirent vainement quelque chose mais de nouveau, rien.
— Ce n’est pas la clé de l’énigme, objecta Dark Dalius dépité.
— Pourtant, ça y ressemblait, rétorqua Isil en se remémorant la traduction des runes. Vous avez dit, le regard lumineux… pourquoi lumineux ?

Dark Dalius croisa les bras.
— Deux cristaux, marmonna-t-il. Un cristal focalise la lumière… mais il n’y a aucune source de lumière hormis nos lampes.

Il balaya une énième fois l’intérieur de la crypte à l’aide de son faisceau lumineux. Isil se plaça derrière le masque en murmurant :
— Et si nous la créions, cette lumière ?

Fermant les yeux, elle se plongea dans la Force pour la focaliser à travers les cristaux. Presqu’aussitôt deux aveuglants rayons de lumière s’échappèrent du masque pour frapper le mur de l’absidiole. Quelques secondes encore et le tombeau tout entier s’ébranla comme sous l’effet d’un tremblement de terre. Dans un grondement de tonnerre, le fond de l’alcôve parut se déchirer verticalement en soulevant la couche de poussière séculaire. Lorsque le nuage se fut amoindrit, ils entrevirent un étroit passage. L’arrière plan était sombre mais au centre de cette obscurité brillait une lueur indistincte.
Ils entrèrent dans un nouveau caveau rond plus haut et plus vaste que celui qu’ils venaient de quitter. Un cercle de hautes colonnes supportait la voûte centrale. Elles entouraient une plateforme en forme de disque de plusieurs mètres de large. Répartis sur la circonférence, six pylônes supportaient chacun un cristal projetant un rayon lumineux. Ces rayons convergeaient vers le sommet d’un pilier central à hauteur d’homme, sur lequel trônait un objet sombre. Dans la sphère de lumière vive ainsi créée, ils reconnurent un artéfact identique à ceux déjà en leur possession.
— L’artéfact de l’orgueil, s’exclama Dalius. Nous avons été plus forts que Dark Sumaris !

Piquée au vif, Isil protesta aussitôt :
J’ai été plus forte que ce Seigneur Noir ! J’ai résolu l’énigme !

Elle appuya deux fois sur le pronom. Darillian fronça les sourcils. D’un sac qu’il portait en bandoulière, il sortit un petit coffret noir qu’il ouvrit.
— L’artéfact baigne dans de la Force lumineuse pure, Isil. Sumaris a imité le roi Shiro ! Il n’y a que toi ici qui puisse l’approcher pour t’en emparer. Fais-le vite avant que ses émanations ne te contaminent !
— Qui sait quel pouvoir je pourrais en tirer ? continua la Jedi pensivement. Maître Satele Shan a dit plusieurs fois que j’étais puissante dans la Force.
— C’est vrai, ma fille. Mais tu es jeune et encore un peu immature. Sers-toi de la Force pour résister à cet objet ou il te détruira !
— Suis-je plus puissante que vous ? s’entêta Isil qui paraissait ne pas l’avoir entendu. Pourquoi ne pourrais-je pas me servir de ces artéfacts en fin de compte ? Mes pouvoirs dans la Force n’en seraient que plus grands !

Jaster Darillian s’approcha lentement de la jeune femme.
— On ne sait pas d’où vient le pouvoir de ces artéfacts rakatas… peut-être pas de la Force telle que nous la connaissons. Tu as expérimenté toi-même la façon dont les radiations de ces objets ont pu vous corrompre si rapidement à bord de la navette. Tu dois te servir de la Force pour lui résister et le prendre !

Il lui avait pris le visage entre ses doigts et forcée à le regarder dans les yeux. Elle parut revenir de lointaines pensées et cligna plusieurs fois des paupières.
— Oui… oui, bien sûr… murmura-t-elle les lèvres contraintes par la pression de l’homme.

Aussitôt elle invoqua le peu de Force claire résidant autour d’elle pour s’en faire une cuirasse mentale. Dark Dalius la lâcha et, le souffle en suspens, la regarda entrer lentement dans le dôme de lumière. La clarté forma à cet instant précis un nimbe éclatant autour de ses cheveux d’or. Il la trouva magnifique baignée de cette aura dans l’armure de Naara et une onde de fierté le parcourut. La jeune femme s’empara sans effort apparent de l’objet rakata et le tendit vers Dark Dalius qui positionna le coffret juste au-dessous. Lorsqu’elle l’eut lâché, il referma prestement le couvercle et se remit à respirer.
— Voilà, soupira-t-il. Sortons vite d’ici !

Ils repartirent et retraversèrent d’un pas pressé la salle du sarcophage. Revenus dans la pièce précédente, ils constatèrent avec déplaisir que les shyracks s’étaient réveillés et voletaient dans l’obscurité. Quelques-uns chargèrent. Deux puissantes vagues de Force les dispersèrent et quelques lancers de sabre eurent raison des plus téméraires. Tout en surveillant leurs arrières, ils quittèrent les lieux en refermant la porte suivante pour assurer leur sécurité.
Ils reparurent à la lumière du soleil en clignant des yeux.
— Parfait, il ne nous reste plus qu’à rentrer à l’Académie pour reprendre notre navette. Ensuite nous contacterons Valin pour élaborer la dernière partie de notre plan.
— Si Remus s’y laisse prendre, marmonna Isil. J’ai l’impression que vous le sous-estimez.
— Pas du tout… je sais à quel point il peut être dangereux.

Le Sith monta dans le speeder imité par la Jedi et mit les gaz en direction de la sortie de la nécropole.


(à suivre... )


Chapitre 20 : Le tournoi (début 1/2)
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Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Dim 05 Juil 2015 - 14:20   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 19 : Sombre tombeau (début 1/2)
Chapitre 19 : Sombre tombeau (fin 2/2)




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20 - Le tournoi


(Début 1/2)


La journée était à son déclin lorsqu’ils revinrent à l’Académie. L’aire des speeders était bien encombrée et déjà quelques Sith reprenaient le chemin de la navette pour la station orbitale de Korriban. Sans doute des Seigneurs venus à la pêche d’un acolyte digne de devenir leur apprenti et n’ayant rien trouvé à la mesure de leur gloire.
— Va chercher tes affaires, ordonna Dark Dalius à la jeune femme. Essayons de repartir discrètement.

D’être revenue là, Isil ressentait de nouveau des tiraillements aux tréfonds de ses entrailles en songeant à la Padawan twi’lek dans sa cellule. Devait-elle y aller et abréger ses souffrances ? Le pourrait-elle ?
Ils traversaient le hall principal lorsqu’une voix les intercepta :
— Seigneur Dalius, vous êtes de retour ! Votre excursion a-t-elle été couronnée de succès ?

Darillian lança un coup d’œil de biais à Zal Addenos.
— On peut dire ça, en effet.
— Parfait ! Krel est en train de combattre contre Opia mais comme on vient de m’informer que vous reveniez… j’ai délaissé un instant un combat qui pour moi ne laisse planer aucun doute quant à l’issue.

Dalius fit une grimace. Ce « on m’a dit » dans la bouche du Sith voulait tout dire.
— Venez les voir ! s’exclama Addenos en prenant Isil par le bras.

Il les traîna jusqu’à l’arène d’entraînement dont les gradins étaient bondés de monde. Ils arrivèrent par le bas, dans le couloir réservé aux participants.
— Opia est obstinée, mais Krel parvient à maîtriser tous les pouvoirs dont elle se sert pour mieux les retourner contre elle. C’est quelque chose à voir ! Sa puissance est vraiment très prononcée. Il combat comme si sa vie en dépendait… d’ailleurs il ne supporte pas l’échec, et rien que de l’envisager devant lui, comme l’a fait la belle en commençant le combat, le met en rage. Et croyez-moi, il sait utiliser toute la rage disponible en lui !

Isil soupira en jetant malgré elle un regard vers le cercle de combat. En effet, les deux apprentis se battaient avec une violente dextérité, alternant des séquences brusques au sabre avec des démonstrations d’éclairs ou d’étranglement de Force. La jeune Sith maniait un sabre à doubles lames cependant que Krel se battait avec un sabre dans chaque main.
— Tu utilises combien de sabres, Isil ? demanda perfidement Zal Addenos.
— Un, répondit placidement la Jedi.

Elle savait manier deux sabres ainsi que son Maître le lui avait appris. Mais par goût, elle avait opté pour un seul, remplaçant la vivacité des armes jumelles par sa vélocité à elle. Son aisance dans la Force était acrobatique, bien au-delà des pirouettes et des sauts dont faisaient preuve la plupart des utilisateurs de celle-ci. Isil était rapide et parvenait à se mouvoir très vite, ce que Maître Mahr appelait la Vitesse de Force. Juste avant sa mort, il avait tenté de faire apprendre à sa Padawan l’art très difficile de se téléporter dans la Force. Mais il avait été tué avant de pouvoir vérifier les acquis de son élève.
Krel surclassait son ex-camarade de promotion dans tous les domaines. Juste un peu, mais cela lui suffisait à prendre l’ascendant sur elle et à la fatiguer. Le combat durait depuis une bonne dizaine de minutes et prit fin subitement lorsqu’Opia ne put contrecarrer la puissante décharge d’éclairs de Force dont la gratifia l’apprenti de Zal Addenos.
Projetée au sol, immobile durant cinq secondes, elle fut déclarée perdante du combat.
Le public applaudit et le jeune homme leva les bras avant de s’avancer vers le jury, composé du directeur de l’Académie et de deux autres professeurs émérites.
— Puis-je vous demander deux minutes avant de me déclarer vainqueur ? demanda-t-il à la surprise générale.

Hecton Thil marqua son étonnement avant d’accepter. Krel courut jusqu’à son Maître et dit, s’adressant à Isil :
— C’est ton tour, à présent. Tu dois m’affronter pour une dernière finale.

Il lui avait pris une main que la Jedi retira aussitôt.
— Non, protesta-t-elle. Je ne suis pas venue pour cela. D’ailleurs, on te l’a déjà dit, je ne suis pas une ancienne de l’Académie. Ce tournoi ne me regarde pas.

Sans se décourager, Krel lui reprit la main plus fortement et l’entraina rapidement dans un couloir à l’abri des oreilles indiscrètes.
— Écoute, Isil, je vais jouer franc-jeu avec toi. Mon Maître a déclaré qu’il me donnerait le titre de Seigneur Sith si je gagnais le tournoi en battant l’Apprenti de Dark Dalius.
— Moi ?

Le jeune homme fit oui de la tête.
— Et si je m’avoue forfait ? s’obstina Isil.

Krel secoua son visage dans l’autre sens.
— Pas question, le combat doit avoir lieu pour de bon. Et je dois le gagner.
— Et si tu perds ?
— Je ne perdrai pas.

Isil se dandina sur ses jambes.
— Je suis désolée, je ne peux pas combattre contre toi.
— Pourquoi ?
— C’est personnel.

Ils se regardèrent un instant dans les yeux sans animosité. Le jeune homme cherchait de toute évidence à percer le secret de la mystérieuse apprentie de Dark Dalius. Il approcha son visage du sien et souffla :
— Si tu refuses le combat, je demande comme prix la jeune Padawan twi’lek prisonnière à laquelle tu t’es intéressée selon certains acolytes… qui ont même avoué avoir reçu une raclée de ta part… pour la défendre, semble-t-il…

La bouche d’Isil se plissa mais sa voix resta maîtrisée.
— Qu’est-ce que tu comptes en faire ?

Krel attendit quelques secondes, cherchant visiblement une faille dans l’armure de la supposée apprentie Sith.
— La torturer longuement pour l’emmener vers une mort très lente et très douloureuse, finit-il par laisser tomber. C’est une jeune fille… encore une enfant… ça va être facile…

Les yeux bleus de la Jedi virèrent à l’acier. Les traits de son visage se durcirent.
— Tu ne peux pas faire ça !

Krel se redressa.
— Et pourquoi non ? C’est une Jedi et je suis un Sith, son ennemi juré. Si je n’obtiens pas le titre de Seigneur Sith, je saurai le lui faire payer…
— Pourquoi la tuer ? Tu pourrais la faire basculer du Côté Obscur et la former comme apprentie à ton tour ?

Krel examina attentivement Isil avec curiosité. Pourquoi la jeune femme tenait-elle à cette Padawan au point de suggérer habilement pareille chose d’un air apparemment désintéressé ?
— Non, la faire mourir à petit feu dans d’atroces souffrances sera bien plus amusant, conclut-il.

Isil ne savait plus quoi faire. À moins de prendre Krel à son propre jeu et de le battre afin de réclamer à son tour l’enfant Jedi. Le risque étant toujours d’être démasquée par sa façon de combattre et de se servir de la Force.
À moins d’utiliser le Côté Obscur ?
Elle frissonna à cette seule pensée. Et si c’était justement le but de la Force obscure de l’emmener à s’en servir pour la corrompre et l’emprisonner à tout jamais ?
Elle fit mine de céder.
— Je veux bien combattre, mais selon des règles établies.

Krel retrouva un léger sourire.
— Tout ce que tu veux.
— Uniquement un duel au sabre. Aucun pouvoir d’attaque. Je veux vraiment savoir si tu es meilleur combattant que moi une arme à la main.

Krel ne réfléchit que très peu avant d’accepter.
— Entendu… utilisation de la Force juste pour combattre au sabre et se déplacer… vu que de toute façon je te serai supérieur là aussi ! Mais cela reste entre nous. Le premier qui désarme l’autre ou qui le touche de sa lame a gagné.
— D’accord, fit Isil en emboitant son pas pour revenir vers le cercle de l’arène d’entraînement.

Sur un geste du Seigneur Addenos, Hecton Thil annonça :
— L’apprenti Krel Hannah du Seigneur Addenos a fait valoir son droit de défier en ultime finale celui du Seigneur Dark Dalius, Isil Kal’Andil ! Le vainqueur gagnera le tournoi !

Un déluge d’applaudissements retentit longuement pendant que la jeune femme se défaisait de sa cape noire ainsi que de sa jupe à quatre pans qui ne pouvaient que l’handicaper dans ses mouvements.
Krel prit son temps pour admirer la longue silhouette de son adversaire avec un plaisir non dissimulé. Puis, il alluma ses deux sabres de sang et les fit tournoyer d’un geste souple de ses poignets. Comme un fauve, il se mit à décrire un cercle autour de sa proie statique au centre de la salle. Isil hésitait à adopter une posture trop définie, telle qu’enseignée au Temple de Tython, afin de masquer son appartenance à un Ordre depuis longtemps étudié par les Seigneurs Sith. Elle décida en conséquence d’attendre en pivotant sur elle-même, l’attaque de son adversaire qui viendrait tôt ou tard.
Un grand silence se fit, presque religieux. Les combats étaient respectés par tous les Sith, quel que soit leur rang. La lutte pour la survie était le leitmotiv d’une vie de Sith, et respecté était celui qui savait affronter les plus grands dangers.
La première offensive de Krel fut latérale, précédée d’un saut périlleux de côté, aussi spectaculaire qu’inutile selon Isil pour qui ce genre de saut mettait plus en danger l’auteur que l’adversaire. Les deux lames croisées du jeune homme se heurtèrent à celle de la Jedi levée tel un bouclier sans faille. Krel fit un tour complet sur lui-même pour prendre de la vitesse et engager ses armes l’une après l’autre dans une série d’attaques que peu d’apprentis auraient pu contrer.
Mais Isil n’était plus Padawan. Bien que supérieure dans l’usage de la Force, sa maîtrise du combat au sabre était à la hauteur de l’enseignement de Beno Mahr pour qui cette discipline restait ancrée dans la légende des Jedi. Tout en reculant pas à pas, elle contra avec vivacité chacun des coups portés. D’abord une suite d’attaques verticales portées par le haut dans une brève série de moulinets géants, puis une succession de coups latéraux destinés à la déstabiliser en la prenant dans l’étau des deux armes. Mais la lame vive de Naara fit merveille entre les mains expertes de la Jedi. Droite ou gauche, aucun coup ne parvint à entamer de près ou de loin sa défense adroite. Isil se contenta de gérer la charge en rompant chaque coup d’un léger pas chassé vers l’arrière, laissant Krel abuser de sa force physique pour tenter de prendre l’ascendant sur elle.
— On dirait que votre apprentie se défend plus qu’elle ne se bat, commenta Zal Addenos à l’oreille d’un Dark Dalius impassible.

Comme il se devait de répondre quelque chose, ce dernier lâcha :
— Elle sait gérer ses adversaires. Le moment venu, elle prendra l’avantage.

Comme Jaster Darillian ne connaissait pas l’arrangement passé entre les deux jeunes gens, il se demandait comment la suite allait évoluer. Si Isil utilisait ses pouvoirs lumineux, sa puissance serait tellement évidente qu’elle éclaterait aux yeux de tous ainsi que son statut de Chevalier Jedi. Comment dès lors pourrait-il gérer la chose ? Son rang de Seigneur Noir lui assurait certes un ascendant évident sur les autres Seigneurs, mais il se trouvait dans l’assistance quelques personnes de sa catégorie plus ou moins jalouses de l’influence dont il jouissait auprès du Conseil Noir. Dans un tel cas de figure où il serait admis qu’il avait introduit secrètement un membre de l’Ordre Jedi à l’Académie, ces personnages monteraient probablement l’affaire en épingle pour le déstabiliser et éventuellement de discréditer sinon le disgracier. Était-il envisageable de soutenir qu’une Chevalier Jedi était son apprentie ? Il pouvait toujours prétendre qu’il l’avait retournée et convertie au Côté Obscur de la Force. Seulement voilà : si Isil n’en faisait pas usage, ce n’était guère crédible. Les Sith savaient pertinemment qu’un ex-Jedi converti, un Jedi Noir, usait et abusait de la Force obscure sans retenue et ne s’en protégeait pas comme la jeune femme le faisait.
Bien entendu, Darillian aurait pu s’éclipser discrètement en abandonnant la jeune femme à son sort. Elle aurait sans doute été mise à mort après avoir été tourmentée longuement et il aurait pu prétendre que la mission avait mal tournée. Seulement, Isil était sa fille et il avait, sinon de l’affection, du moins des projets pour son avenir.
Dans une telle situation, le mieux aurait été évidemment qu’Isil puise dans le Côté Obscur une Force dont Dalius savait qu’elle serait redoutablement utilisée. Mais connaissant la jeune femme, il se doutait que les choses ne seraient pas aussi simples. Isil avait été à bonne école et la convertir selon ce qu’il espérait en faire, prendrait du temps. Du temps et de la patience armée d’habileté. L’élève de Maître Beno Mahr ne quitterait pas la voie tracée par l’Ordre Jedi aussi facilement. Tout devrait se faire étape par étape. L’une d’entre elles, serait de mettre à profit l’amour qu’il avait ressenti chez sa fille pour le Capitaine Inolmo. Mais cela aussi devrait venir en son temps.
Pour l’heure, il était au comble de la perplexité en se demandant comment les choses allaient bien pouvoir tourner.
Au centre de la salle, les éclairs rouges continuaient leur ballet tournoyant. Acculée contre les gradins, Isil avait, pour se recentrer, pris le parti d’effectuer un dangereux saut puissamment maîtrisé au-dessus de son adversaire dont elle cherchait à son tour à déceler la faille. Le bond tout en grâce l’avait repositionnée au milieu de l’arène. Avec une vélocité inouïe, elle s’était immédiatement projetée vers Krel et venait de prendre l’avantage de l’assaut. Le visage de Zal Addenos se crispa en voyant son apprenti en légère difficulté. Un murmure parcourut l’assistance essentiellement composée d’acolytes et de jeunes apprentis, médusés devant cette véritable démonstration de pur combat au sabre laser, d’un très haut niveau technique, dans lequel aucun des deux adversaires ne déméritait. Il fallut à Krel toute son énergie pour opposer ses deux armes à celle de la jeune femme. Le sabre de Naara était tellement rapide, manié par Isil avec une si grande souplesse de poignet, qu’il en semblait démultiplié. Krel rompit de plusieurs pas sous l’assaut brusque de la jeune femme avant de la stopper de nouveau en croisant ses deux lames pour bloquer la sienne. Il essaya de lui arracher l’arme en effectuant un prompt mouvement circulaire mais la Jedi ne se laissa pas surprendre et retint fermement son sabre. Elle recula pour dégager sa lame du piège et reprendre sa respiration. Krel en fit autant en souriant malgré l’effort conséquent qu’ils faisaient depuis à présent un quart d’heure. Compte-tenu de l’engagement physique que représentait un tel duel aux mouvements millimétrés, cela représentait une éternité. Même l’assistance retenait son souffle.
Les deux jeunes gens s’évaluèrent de nouveau. Krel effectuait de courts va et vient devant une Isil immobile et impassible de visage. Ils se jaugeaient en silence, les yeux dans les yeux. La Jedi faisait son possible pour masquer sa présence dans la Force lumineuse. Krel de son côté, avait bien du mal à cacher son admiration pour la façon dont la belle apprentie lui tenait tête, lui qui n’avait jamais connu d’échec dans un tel combat. Quelques murmures s’élevèrent dans l’assistance entre les pro-Krel et les défenseurs d’une Isil dont la tenue ne laissait pas indifférente la gent masculine. Tous se retrouvaient sur un même point : la haute technicité des duellistes. Leur niveau était tellement impressionnant que personne ne songea un instant à se demander pourquoi aucun des deux ne se servait des pouvoirs que leur conférait la Force.
Les murmures se turent. Krel venait de reprendre l’assaut. Les lames dessinèrent des arabesques délicates tandis que les protagonistes dansaient de légèreté dans les airs. Ils essayaient à tour de rôle de reprendre un avantage jalousement défendu, guettant chaque bond pour intercepter l’adversaire. Le combat se continuait parfois durant plusieurs secondes à un ou deux mètres du sol, chacun paraissant alors suspendu à un fil invisible. Puis, l’un d’entre eux effectuait une ou deux pirouettes en arrière afin de reprendre du champ ainsi que du souffle.
Krel commença à rompre le combat de plus en plus fréquemment. Cela n’échappa aucunement à Jaster Darillian. Un sourire énigmatique se forma sur ses lèvres et il se mit à lisser sa barbe pensivement. L’apprenti de Zal Addenos souffrait à présent physiquement alors que la jeune femme paraissait de marbre. À la voir, on n’aurait pas dit que le combat durait à présent depuis une bonne vingtaine de minutes. Son visage ne laissait voir aucune émotion. Elle appliquait l’enseignement de son Maître avec quelques variantes destinées à brouiller le schéma de combat, trop Jedi à son goût. Chacun de ses coups était puissant et destiné à fatiguer son adversaire. Chacune de ses passes avait la rapidité de l’éclair pour lui mettre les nerfs à vifs. Krel commença à douter. Les redoutables assauts d’Isil gagnaient en précision au fur et à mesure que la fatigue le gagnait. Dès lors, il ne fit plus que défendre sa position. Une sourde colère monta en lui. Il tenta de transformer celle-ci en puissance dans une série d’attaques de taille et d’estoc mais à son grand désarroi, la jeune femme réagit comme si elle avait exactement lu dans son esprit ce qu’il s’apprêtait à faire. Le sabre de Naara esquiva, contra, mit à mal chacun de ses coups, chacune de ses bottes les plus secrètes. La colère se transforma en rage contenue. Tout sourire avait disparu de son visage à présent crispé.
À l’entrée de l’arène, Zal Addenos sentit que le combat échappait à son poulain. De son côté, Dark Dalius ne faisait aucun commentaire, se contentant de prolonger indéfiniment la caresse de sa main le long de sa barbe blanche.
Isil sentait Krel faiblir mais se garda bien de toute précipitation. Le jeune homme restait un valeureux et redoutable adversaire. Elle ne devait pas le sous-estimer en baissant la garde. Soudain il se lança dans une hasardeuse série de pirouettes destinées peut-être à la déstabiliser étant donné l’envergure que lui conféraient ses deux sabres laser lorsqu’il étendait les bras. La Jedi roula à terre pour éviter une des lames meurtrières qui manqua sa joue d’un millimètre. Un murmure s’éleva du public. D’un bond arrière, elle se releva avec une souplesse toute féline. Krel crut apercevoir une ouverture lorsqu’elle chercha à se remettre en garde. Il l’estima à tort décontenancée par sa dernière attaque et effectua en conséquence un puissant saut dans les airs pour tenter un mouvement de décapitation. Ce fut le sabre d’Isil qui toucha son épaule, entaillant légèrement sa chair. Il y eut une rumeur dans l’assistance. Le sourire de Darillian s’accentua. Décidément sa fille serait difficile à corrompre. Sur cette défense, elle aurait très bien pu trancher net le bras de son adversaire compte-tenu de l’erreur que représentait son assaut et elle n’en avait rien fait.
La Jedi estima qu’aux termes de leur accord initial, le combat était fini et relâcha sa garde, attendant que Krel en fasse de même. Le jeune homme se savait touché mais refusait de perdre le combat. Personne n’était au courant des conditions qu’Isil avait posées à leur duel. Ses deux pieds touchèrent le sol et il se retourna vers son adversaire d’un mouvement brusque. Toute sa rage d’avoir perdu explosa en une puissante décharge d’éclairs de Force qui surprit la jeune femme. Un cri s’échappa de sa gorge et son corps fut soulevé dans les airs, secoué telle une marionnette au bout de ses fils. Les ondes électriques l’enveloppèrent des pieds à la tête en l’agitant de spasmes douloureux, formant un halo mortel tout autour d’elle. Quelques cris de victoire retentirent parmi le public soutenant l’apprenti de Zal Addenos. Les traits de celui-ci se crispèrent et un rictus découvrit ses dents acérées. Dark Dalius resta de marbre.
Tout autre personne non possesseur de la Force aurait péri devant la violence des décharges lâchées par l’apprenti Sith. Lorsqu’il cessa, le corps d’Isil retomba, inerte sur le sol dans un bruit mat. Presqu’aussitôt, le directeur déclara Krel vainqueur du tournoi des anciens de l’Académie de Korriban. Zal Addenos s’empressa de rejoindre son apprenti au centre de la salle en levant les mains.
— Bravo, Apprenti, je suis fier de toi. Un tel combat devant toute cette assemblée… À genoux devant ton Maître !

Il éleva la voix pour faire taire le brouhaha. Le jeune homme mit un genou à terre, tête baissée.
— Krel Hannah, tu viens de faire honneur à ton Maître en montrant ta supériorité sur tous tes adversaires et en particulier sur l’apprenti du Seigneur Dark Dalius. En conséquence, je t’octroie dès à présent le rang de Seigneur Sith !
— Merci, Maître, jubila le jeune homme. Je saurais vous en être reconnaissant.

Zal Addenos sourit largement.
— J’en suis certain, Seigneur Hannah ! Relevez-vous !

(à suivre... )


Chapitre 20 : Le tournoi (fin 2/2)
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Modifié en dernier par Hiivsha le Dim 12 Juil 2015 - 14:35, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Dim 12 Juil 2015 - 14:34   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 20 : Le tournoi (début 1/2)


20 - Le tournoi
(fin - 2/2)


Le jeune homme se redressa de toute sa stature tandis qu’un peu plus loin, Isil en faisait autant de façon douloureuse, la bouche crispée.
Cérémonieusement, Hecton Thil, le directeur de l’Académie, appela le Seigneur Addenos afin de lui remettre le sabre antique récompensant le Maître du vainqueur puis se tourna vers Krel.
— Seigneur Hannah, vous avez droit à un souhait.

Krel jeta un coup d’œil derrière lui en direction d’Isil puis énonça :
— Je souhaite une esclave pour me servir. La jeune prisonnière twi’lek détenue actuellement dans l’une des salles de torture.

Quelques murmures parcoururent le public pendant que le Directeur acceptait d’un geste en direction de deux gardes.
— Qu’elle soit ton esclave ! Puisses-tu la traiter avec toute la sévérité et la rigueur requise envers un enfant Jedi.

La foule commença à quitter les lieux dans un grand brouhaha. Plusieurs personnes vinrent congratuler Krel, maîtres et apprentis emplis de déférence pour le nouveau seigneur Sith.
Jaster Darillian s’était porté vers Isil.
— Ta stratégie m’échappe quelque peu, ma fille, souffla-t-il discrètement.
— Vous n’avez pas besoin de la comprendre, grinça la Jedi. Il avait été convenu entre nous de ne pas utiliser les pouvoirs d’attaque de la Force.
— Ainsi, Krel a… comment dit-on… dérogé à vos règles secrètes ?

Devant le silence de la jeune femme, il ajouta :
— Il a triché… c’est un Sith ! Je suppose que tu voulais sauver la Padawan ?

Nouveau silence. Dalius tourna le dos à Isil et lâcha sèchement.
— Le Seigneur Thil, notre Directeur, tiens à ma présence au banquet de clôture du tournoi. Nous passerons donc la nuit ici et partirons demain matin à l’aube.

Il s’éloigna parmi les autres personnes, serrant au passage quelques mains hypocrites censées soutenir le Maître de l’apprentie vaincue en insistant sur la beauté du combat et sa haute technicité. Quelqu’un demanda :
— Pourquoi votre apprentie ne s’est-elle pas servie de la Force ?

Dark Dalius eut un geste évasif et éluda la question en se retirant dans ses quartiers.
— Isil ? Isil, attend !

La jeune femme se retourna à l’appel de Krel. Celui-ci se débarrassa de quelques admirateurs et la rattrapa.
— Je suis désolé de t’avoir pris en traître, mais je dois bien avouer que tu es légèrement plus forte que moi.

La Jedi ne releva pas l’adverbe. Il reprit :
— Je devais gagner… c’était la condition pour devenir Seigneur Sith.
— Que vas-tu faire à cette enfant ? demanda-t-elle en contenant sa colère.
— Pourquoi son sort t’intéresse-t-il, toi, une Sith ?

Isil baissa les yeux et se mordilla la lèvre inférieure.
— J’ai toujours rêvé d’avoir une esclave docile, feignit-elle d’avouer à contrecœur. Tu ne voudrais pas me la céder ?

Krel parut étonné puis simula une ardente réflexion. Dans le petit jeu de cache-cache intellectuel auquel ils se livraient, il était difficile de savoir ce que pensaient l’un et l’autre.
— Je pourrais peut-être te la donner… souffla-t-il.
— Contre quoi ? demanda la Jedi sans se faire d’illusion.

Il colla la bouche à son oreille et lui murmura quelque chose. Le visage d’Isil afficha un air dépité mais elle prit le temps de réfléchir. Ses dents se plantèrent dans sa lèvre lorsqu’elle répondit en murmurant, le regard vaincu :
— D’accord… comme tu voudras.

Krel se redressa, visiblement aux anges.
— Parfait, s’exclama-t-il. En tant que Seigneur Sith, j’ai droit à mes quartiers personnels et mon statut de vainqueur me valant quelques privilèges pour la soirée, je vais faire servir un repas pour deux dans ceux-ci. Tu n’as pas encore visité le musée de l’Académie ?

La jeune femme fit signe que non.
— Alors, viens avec moi. Ensuite nous dînerons ensemble…
*
* *

Qu’avait dit Maître Lansil sur la confiance absolue entre deux êtres ?
« Quelle que soit la situation… si vous avez confiance l’un dans l’autre, vous assumerez vos actes… »
Le repas s’achevait. Isil savait qu’elle allait devoir assumer un choix difficile, prise en contradiction entre son amour-propre ou tout simplement son amour pour Hiivsha, et la compassion éprouvée pour l’enfant Jedi désormais prisonnière du Sith. Jamais alternative ne lui avait paru plus pénible à considérer. Devait-elle accepter ce qu’elle n’avait pu se résoudre à envisager sur Corellia auprès de Tornik Gofaï ? L’humour et la beauté physique du jeune Krel changeait-elle la donne ? Pour un Seigneur Sith, il se montrait courtois, empreint d’une gentillesse inhabituelle lorsqu’on considérait celle traditionnelle de son engeance. Serait-il plus facile de se laisser dompter par lui pour obtenir la grâce de l’enfant twi’lek ? Saurait-elle supporter le sacrifice ?
Krel plaisantait sur quelques facéties auxquelles il s’était adonné lors de son cursus à l’Académie. Sans aucun remord mais avec drôlerie, il narra quelques tours pendables dont d’autres acolytes avaient fait les frais.
Depuis toujours, la peinture qu’on avait faite des Sith à la Jedi était noire, inquiétante et mauvaise. Au contact du jeune Sith, elle commençait à se demander si cet enseignement n’était pas volontairement caricatural. Tous les Seigneurs Sith étaient-ils comme l’Ordre le proclamait ? N’y avait-t-il que du noir ou du blanc lorsqu’on évoquait les Sith et les Jedi ?
S’il y a des Jedi Gris, c’est bien que tout n’est pas bichromatique, ironisa-t-elle intérieurement comme pour se rassurer.
N’aurait-il pas été plus facile d’avoir affaire à un Seigneur Sith hautain, froid et cruel, sans retenue, dénué d’humour ?
Et moche qui plus est, songea-t-elle derechef.
Plus facile pourquoi ? Pour abandonner l’enfant Jedi à son triste sort et éviter de se compromettre ? Qu’aurait fait Maître Beno dans une telle occasion ?
Isil se sentait seule. À cet instant précis, elle aurait voulu ne jamais avoir entendu parler de la Force, ni de l’Ordre Jedi. Ne jamais avoir été Padawan et encore moins nommée Chevalier. L’absence d’Hiivsha se faisait à présent, cruellement ressentir. Quel conseil lui aurait-il donné ? Aurait-il trouvé, lui, une solution au problème ?
Elle ferma les yeux un instant mais aucun écho ne résonna à ses oreilles. Aucune réponse à ses questions que la Force aurait pu lui transmettre. Que venait de dire Krel ? Quelle importance ? Il venait de la complimenter une énième fois sur sa façon de combattre, comme si multiplier les éloges pouvait atténuer la façon dont il avait gagné ! Isil le regarda attentivement en essayant de discerner les traits obscurs dont fatalement tout Sith était empreint. Il était forcément narcissique et orgueilleux ! Elle soupira in petto : comme la plupart des hommes de guerre. Il n’y avait pas besoin d’être un Sith pour cela. Mais il devait tuer sans retenue, torturer sans état d’âme, détruire sans remord ? Peut-être, mais elle n’en avait aucune preuve.
— Tu es loin d’ici, observa-t-il sans aucune agressivité en la dévisageant perdue dans sa rêverie. J’aimerais imaginer que je suis au centre de tes pensées, mais j’ai bien peur de ne pas y être.

Autant pour le narcissisme ! songea-t-elle.
— N’as-tu jamais souhaité avoir connu quelqu’un dans une autre occasion ? demanda-t-il énigmatiquement.
— Je ne sais pas, avoua Isil. Pourquoi ?

Il leva une main.
— Pour rien, laisse tomber.

Il se leva.
— Ce repas était une merveille. Je pense que nous pouvons passer à la suite du menu, qu’en penses-tu ?

Le cœur de la jeune femme se mit à battre.
— Il n’y a rien qui presse, murmura-t-elle en se levant lentement à son tour, comme à regret.

Les yeux de Krel pétillèrent.
— Au contraire, crois-moi, avoua-t-il dans un large sourire.

Il commença à défaire son ample tunique noire en dénudant son torse musclé et lisse.
— J’espère que tu as attendu ce moment avec autant d’impatience que moi, s’exclama-t-il d’un ton un rien enjôleur.
— Justement non, confessa la Jedi malgré elle en baissant les yeux.

Il fit deux pas vers elle les yeux luisants.
— Tu peux être un peu plus explicite ?

Elle braqua sur lui son regard bleu intense et capitula.
— Je ne peux pas, reconnut-elle. Je ne peux tout simplement pas…

Le sourire sur le visage de Krel s’éteignit pour faire place à de l’embarras.
— Même pour sauver l’enfant ?

Isil fit non du visage.
— C’est au-dessus de ma volonté… toi et moi…

Puis elle ajouta d’une voix presqu’inaudible.
— Encore, s’il n’y avait que moi dans la balance…

Le Sith rajusta son vêtement.
— Tu veux parler d’un autre homme ?

Isil ne répondit rien. Le jeune homme secoua la tête et ses épaules s’affaissèrent imperceptiblement.
— Je vois… je dois dire que je m’y attendais un peu. Tu ne me paraissais pas le genre de fille prête à se soumettre au premier venu pour une faveur… même lorsqu’il s’agit d’une esclave…
— Dans ce cas, pourquoi me l’avoir demandé ? objecta Isil.

Krel laissa échapper un sourire désarmant.
— Parce que si je n’avais pas essayé, je me le serais reproché longtemps… peut-être toute la vie qui sait.
— Et si j’avais accepté d’aller jusqu’au bout de… ta proposition ?
— J’en aurais profité… il suffit de te regarder pour le comprendre… rien qu’à t’imaginer entre mes…

Il s’interrompit et racla sa gorge avant de redresser son dos.
— Pour de vrai ? Si tu m’avais cédé, je pense qu’au final j’aurais été déçu par toi. Tandis que telle quelle, sur cette belle défensive, tu restes l’apprentie la plus mystérieuse dont il m’a été donné de faire la connaissance. Tout ce que je peux espérer c’est qu’un jour tu viennes volontairement dans un lit avec moi… dans un lit ou ailleurs !

Il laissa échapper un petit rire moitié dépité moitié soulagé.
— Et pour l’enfant twi’lek ? interrogea Isil avec une certaine crainte dans la voix.
— Je la garde comme esclave, répondit Krel un peu sèchement.

Isil plongea ses yeux dans les siens et se rapprocha tout contre lui.
— Je ne pense pas être un jour à toi, mais je peux te promettre une chose, Krel : si tu fais du mal à cette enfant, je le saurai d’une façon ou d’une autre et je reviendrai te trouver, où que tu sois, pour te tuer.

Le jeune homme soutint son regard sans ciller puis sourit.
— Je te crois, Isil… qui que tu sois vraiment, je te crois. Mais j’espère bien quand même te revoir un jour.

La Jedi posa avec hésitation l’une de ses mains à plat sur son torse avant de faire trois pas en arrière jusqu’à la porte sans le quitter des yeux.
— Qui sait ? souffla-t-elle avant de s’esquiver.

Krel resta un instant pensif devant la porte refermée puis poussant un profond soupir, se laissa tomber en arrière de tout son long sur un divan les mains à ses cheveux.
— Dommage ! s’exclama-t-il.
*
* *

Isil effectua en silence derrière Dark Dalius, le trajet entre l’Académie et la plateforme de décollage où les attendait leur navette. Le ciel était bas, coléreux, chargée de pluie, la poussière ocre omniprésente. Le vent soufflait en rafale. Toute la nuit la Jedi avait essayé de méditer dans la Force en se protégeant par la pensée mais elle n’y était pas parvenue. Était-ce la peur d’être repérée ou la culpabilité qui la rongeait ? Pourtant, d’une certaine façon, elle avait sauvé la Padawan. Pour le moment du moins. Krel l’emmènerait loin de cette salle de torture où elle l’avait trouvée. Mais qu’en ferait-il tôt ou tard ? Lui ferait-il du mal ? Après tout, un Sith restait un Sith ! Qu’aurait-il mieux valu pour l’enfant Jedi, la mort ou le risque de sombrer un jour fatalement dans le Côté Obscur sous l’enseignement d’un Seigneur Sith ?
À presque chaque pas, la question lancinante revenait : au nom de quoi n’avait-elle pu sauver l’enfant ? Juste pour éviter de devenir la possession d’une nuit d’un jeune Seigneur Sith de son âge ? Avait-elle le droit d’avoir fait ce choix somme toute égoïste ? Une nuit de sacrifice contre une vie de liberté ! Plus elle s’éloignait de la sombre Académie, plus la Jedi en était malade, et réciter mentalement le Code ne l’aidait pas. Elle se sentait malheureuse, revoyait en permanence les grands yeux implorants de la petite Twi’lek lui demandant de la tuer… comment avait-elle pu seulement imaginer ou même rêver le faire ? Comment devait-elle agir en tant que Chevalier Jedi ? Ne plus y songer, s’armer d’une carapace d’insensibilité et refouler ces tristes pensées pour ne jamais y revenir ?
Jaster Darillian resta muet tout le long du court chemin. Il sentait bien les tourments de sa fille biologique mais ne voulait pas interférer avec ses réflexions. Le seul désir qui l’animait était que celle-ci s’en ouvrit délibérément à lui, mais il ne se faisait guère d’illusion là-dessus. Si le jour venait où il devrait réellement compter pour la jeune femme, ce ne serait pas pour tout de suite !
Ce fut ainsi qu’ils arrivèrent au pied de la rampe de la navette du Fulgurant. La mission était accomplie, Jaster Darillian ramenait dans son sac le petit coffret renfermant l’artéfact de l’Orgueil. Il ne restait plus qu’à mettre en œuvre le plan final dans lequel ils affrontaient tous Dark Remus et son redoutable vaisseau de la mort !
Les moteurs chauffaient déjà et le sas allait se refermer lorsqu’un speeder fermé déboula sur la plateforme à vive allure en faisant retentir ses avertisseurs. Isil se retourna. Une silhouette toute de noir vêtue sortit du véhicule. Son ample cape se mit à flotter au vent comme un sombre étendard. Le Sith ouvrit la porte arrière et en fit sortir une personne dont la tête disparaissait sous une profonde capuche.
Crinière au vent, Isil redescendit la rampe de la navette et se porta au-devant de Krel.
— Qu’y a-t-il ? cria-t-elle d’une voix assourdie par une rafale plus puissante que les autres.

Elle considéra un instant la personne qui l’accompagnait et comprit vite à la taille de celle-ci de qui il s’agissait.
— Qu’y a-t-il ? répéta-t-elle d’une voix où perçait l’inquiétude. Pourquoi est-elle là ?

La Jedi pouvait sentir les grands yeux émeraude de Kuli’Aven braqués sur elle. Krel s’approcha pour éviter de crier à son tour.
— J’ai pensé que tu pourrais lui faire une petite place dans ta navette…

Il avait laissé sa phrase en suspens et regarda longuement Isil avant de murmurer :
— … Jedi !

Sur le moment, la jeune femme ne sut quoi dire ni que penser. Elle était tout simplement prise au dépourvu par un jeune Seigneur Sith sans aucun doute hors norme. La première chose qui lui monta à la gorge fut :
— Mais qui es-tu vraiment, Krel ?

Le jeune homme sourit de plus belle.
— Un jour, je te le dirai… je sais que nous nous reverrons et pas forcément en tant qu’ennemis. Je te donne une esclave chèrement acquise lors d’un combat épique, ajouta-t-il d’un ton sarcastique. Tu prendras certainement plus soin d’elle que moi !

Isil écarta les mains au-dessus des pans de sa jupe qui claquaient dans le vent.
— Je ne sais plus quoi penser… ni dire…

Krel poussa l’enfant twi’lek vers la rampe en direction de la navette dans laquelle elle s’engouffra sans demander son reste. Le Sith s’approcha jusqu’à ce que ses lèvres effleurent celles de la Jedi, humant un instant son haleine, puis il se recula et se contenta de caresser sa joue du bout des doigts en soufflant :
— Un jour, tu paieras ta dette… Chevalier !

D’un brusque mouvement, il fit demi-tour et sans plus se retourner, s’engouffra dans le véhicule qui démarra en trombe. Au comble de la perplexité, Isil le regarda s’éloigner jusqu’à ce que Dark Dalius la rappelle à l’ordre :
— Isil, viens, il faut y aller !

La Jedi entra dans la navette et le sas se referma. En soulevant un tourbillon de poussière, le vaisseau s’éleva dans l’atmosphère ocre de Korriban avant de foncer dans l’espace.
Dalius rabattit l’ample capuche dissimulant le visage de l’enfant pour lui découvrir ses longs lekkus bleu pâle.
— Je ne suis pas souvent étonné, murmura-t-il. Mais là…

Son embarras était tel qu’il n’acheva pas sa phrase. Isil appela le copilote à l’intercom du bord. L’officier arriva promptement.
— Je veux que vous joigniez le Defiance sans plus tarder. Envoyez un message codé pour l’amiral Narcassan.
— Je vous écoute, Chevalier.
— Ramène avec moi Kuli’Aven, Padawan twi’lek de Maître Twi Turazza. Compte-rendu suivra. Isil.

Elle faillit ajouter « prévenir Tython » mais se rappela à temps que dans cette affaire, le Defiance évoluait seul, sans que ni l’État-major ni le Conseil de l’Ordre Jedi en soient informés. L’officier se redressa.
— J’envoie le message tout de suite, Madame.

Il rompit et retourna dans le cockpit. On entendit le murmure de Dark Dalius qui répétait dans sa barbe :
— Surprenant… vraiment, surprenant…

(à suivre... )


Chapitre 21 : Mahon (début 1/2)
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Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Lun 20 Juil 2015 - 10:45   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 20 : Le tournoi (début 1/2)
Chapitre 20 : Le tournoi (fin 2/2)




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21 - Mahon


(Début 1/2)


Kuli’Aven étudia longuement Isil et Dark Dalius en silence pendant que la navette quittait l’orbite de Korriban pour son rendez-vous avec l’Interdictor. Les yeux de la petite Twi’lek allaient de l’un à l’autre dans une interrogation muette doublée d’incompréhension. Isil finit par rompre le silence avec un sourire de biais, d’un ton détaché.
— Oui, c’est un Sith. C’est même un Seigneur Noir. Il s’appelle Dark Dalius !

Les yeux de l’enfant s’arrondirent mais n’exprimèrent aucune crainte.
— Mais vous êtes une Jedi ? questionna-t-elle pleine d’incrédulité. Pourquoi êtes-vous ensemble ?
— On n’apprend pas tout au Temple, n’est-ce pas, petite Padawan, murmura Jaster Darillian avec une évidente placidité.

L’enfant secoua négativement la tête en silence. Le Sith en parut amusé.
— Isil est ma fille… ma fille biologique. Mais ce n’est pas moi qui l’ai éduquée, c’est l’évidence même, ajouta-t-il avec un léger ricanement.

La Twi’lek hocha imperceptiblement la tête, les lèvres entrouvertes. Isil faillit ajouter agressivement « jusqu’à preuve du contraire » mais s’abstint. Plus le temps passait, plus elle était convaincue que, sur ce point au moins, le Sith ne bluffait pas. Elle posa sa main sur celle de l’enfant et sourit à son tour.
— Je te rassure, les liens de famille s’arrêtent là.

Elle appuya sa remarque d’un clin d’œil complice.
— Pourquoi vous êtes ensemble alors ? insista la gamine.

Dalius laissa échapper un « ah » de satisfaction et renchérit :
— Remarque pertinente ! laissa-t-il échapper. Cette enfant est remplie de bon sens.

Isil tordit sa bouche.
— Rectification, fit-elle d’une voix la plus neutre possible pour éviter de montrer à l’enfant ses émotions. Nous venons juste d’accomplir une mission intéressant à la fois la sécurité de l’Empire et celle de la République.

Enfin, elle ajouta au terme d’un court silence méditatif :
— Disons que pour une fois, nos intérêts mutuels concordent.

L’enfant fixa la Jedi dans les yeux et décida de remettre à plus tard le flot de questions dont son esprit était encombré.


La navette accosta le Fulgurant et, quelques minutes plus tard, ils faisaient le point par holoconférence avec le Defiance. Dalius laissa Isil exposer dans quelles circonstances elle avait retrouvé et ramené la Padawan de Maître Twi Turazza. Sobrement, La jeune Twi’lek expliqua à son tour en quelques mots ce qui s’était passé sur Velmor. Tout le monde l’écouta avec attention ainsi qu’une certaine dose d’émotion.
Tu as fait preuve de beaucoup de courage, observa Maître Torve d’une voix grave. C’est tout à ton honneur, jeune Padawan. Dès que nous serons en mesure de le faire, nous te renverrons sur Tython où le Conseil t’assignera un nouveau Maître.

À la suite de quoi l’amiral Narcassan changea de sujet :
Et maintenant que nous avons trois des quatre artéfacts ?
— Il est vraisemblable que Remus va tout faire pour se les approprier, analysa Darillian. Je suggère que nous nous retrouvions sur Mahon. Si nous avons une chance de le trouver et de l’affronter, ce sera là-bas.
Va-t-il nous y retrouver ?
— L’appel des trois artéfacts qu’il recherche depuis si longtemps devrait être assez puissant pour que le quatrième le guide jusqu’à nous.
— Peut-on détruire les artéfacts ? demanda Isil.
— En théorie, la machine ayant servi à les créer devrait pouvoir le faire, avança Dalius. Il faut pour cela trouver le Temple de Shiro sur Mahon, y pénétrer, détruire les artéfacts… puis la machine. Je vous rappelle que le temple est protégé par une barrière impénétrable sauf peut-être à des utilisateurs de la Force lumineuse… de puissants utilisateurs…
— Il faut essayer !
Isil a raison, Jaster, reprit Valin Narcassan en écho. Si c’est possible, ces artéfacts doivent être détruits une bonne fois pour toute. Le danger que Remus reconstitue l’artéfact de puissance est bien trop grand.

Darillian ne put retenir une grimace.
— L’idée de détruire des artéfacts aussi anciens me chagrine, pour employer un euphémisme.
Ils sont maléfiques et puissants, contesta Narcassan. Ils ne peuvent servir que le mal et ne représentent aucun intérêt archéologique.

Il y eut un silence embarrassé. Ce fut Maître Torve qui le rompit.
En ce qui concerne la Padawan Kuli’Aven, nous te la confions, Isil, en attendant que vous rejoigniez le Defiance. Je la prendrai alors personnellement en charge jusqu’à ce que nous puissions la renvoyer sur Tython.
— Comme vous voudrez, Maître Torve, répondit la Jedi avec humilité.

Son regard croisa celui de l’enfant qui lui adressa un large sourire.
Le rendez-vous pris, un terme fut mis à la communication. Sans plus tarder, le Fulgurant passa en hyperespace.
Dark Dalius observa longuement la Jedi et la Padawan, les yeux plissés.
— Qui sait, insinua-t-il, peut-être que l’Ordre te permettra d’achever la formation de cette enfant ? Après tout, elle te doit la vie.
— Kuli’Aven ne me doit rien. Je n’ai pas pu la sauver. C’est Krel Hannah et seulement lui qui en a décidé ainsi.
— En fait, je sens que les choses sont un tout petit peu plus compliquées que ça, murmura le Sith. Mais bon, l’important est que la Padawan soit saine et sauve… et en de bonnes mains !

Il se leva et quitta la salle de conférence. Isil le suivit, imitée à son tour par l’enfant Twi’lek.
— Tes quartiers sont suffisamment grands pour vous accueillir toutes les deux, remarqua Dark Dalius en direction de sa fille. Je te suggère d’y emmener ta Padawan. Z1-T2 te fournira tout ce qu’il faudra pour elle. Je vous laisse, j’ai des ordres à donner.

Il s’éloigna d’un pas rapide en direction de la passerelle de commandement.


— Dark Dalius est vraiment votre père, Maître ? demanda Kuli’Aven en s’asseyant dans l’un des divans du salon.

Isil soupira et se laissa tomber à côté d’elle.
— D’abord, je ne suis ni ton Maître, ni Maître du tout. Je viens juste d’être nommée Chevalier alors ne t’imagine pas qu’on va me confier une Padawan, hein ?

La gamine eut l’air déçue. Isil continua :
— C’est déjà bien compliqué pour ma part et je ne sais même pas si l’un de ces jours l’Ordre ne va pas me demander de partir, alors…
— Pourquoi ? interrogea la Twi’lek en ouvrant grands ses yeux émeraude.
— Là encore c’est compliqué et d’ordre privé… il s’agit d’un homme, si tu vois ce que je veux dire malgré ton manque d’expérience à ce sujet.

La Padawan hocha la tête et prit un air sentencieux en croisant les bras.
— Je vois, Chevalier… vous vous êtes attachée à quelqu’un !

Isil sourit.
— Quelque chose comme ça… Et comme il n’y a aucune chance que tu deviennes mon Padawan, appelle-moi Isil, tout simplement, ça me fera plaisir… Pour en revenir à Dalius…

La Jedi résuma en quelques mots la situation telle qu’elle la connaissait. L’enfant l’écouta la bouche entrouverte, buvant l’eau de ses paroles. Lorsque Isil eut achevé, Kuli’Aven conclut :
— Drôle d’histoire ! Ça ne doit pas être facile pour vous.
— Tu l’as dit, répondit la Jedi. Parfois je pense que mon Maître ne m’avait pas préparée à une telle situation. Mais aurait-il pu lui-même prévoir pareille chose ?
— En tout cas, si je peux vous aider…

Z1-T2 entra, portant un plateau qui contenait une collation. Il émit un raclement de gorge synthétique dénotant un réel embarras.
— Qu’y a-t-il, T2, quelque chose qui ne va pas ?

Le droïde posa le plateau devant les deux femmes et soupira en élevant les bras au ciel.
— J’ai peur que la blanchisserie ait égaré vos vêtements de Jedi, Chevalier. J’en suis absolument atterré et désolé. Ces droïdes sont des bons à rien !

Après un moment d’étonnement, Isil laissa échapper un sourire amusé.
— Vraiment ? Voilà qui n’est pas banal… venir sur un croiseur impérial pour perdre ses habits de Jedi.

Z1-T2 effectua quelques moulinets avec ses bras.
— Ils ne sont pas perdus, juste égarés… je m’en vais de ce pas à leur recherche si vous pouvez vous passer de moi un moment.
— D’accord… non, attend !

Isil poursuivit sans grande conviction :
— Pourrais-tu me trouver à bord un cristal de couleur pour un sabre laser ?
— Bien entendu, Chevalier, étant donné que depuis longtemps le Seigneur Dark Dalius en avait mis plusieurs de côté pour vous…

Isil s’étonna :
— Pour moi ?
— Oui, Chevalier. Il a toujours pensé que la couleur rouge du sabre de Maîtresse Naara ne vous conviendrait pas.
— Pourquoi dis-tu « Maîtresse Naara », tu n’as pas connu son épouse !

Le droïde baissa la tête, visiblement embarrassé par le sujet.
— Eh bien… pour tout vous dire… Chevalier… enfin, dans la mesure où ma programmation me le permet… J’ai appartenu au Seigneur Dark Dalius lorsqu’il était sur la colonie de la lune de Saaven III. En conséquence, j’ai aussi appartenu à Maîtresse Naara.

Isil parut interloquée.
— Ça fait si longtemps que tu connais Dalius ?

Le droïde hocha la tête en silence, les bras écartés. Puis il reprit :
— Ma programmation ne m’autorise pas à vous parler de cette période, Chevalier… et j’en suis désolé… De quelle couleur souhaitez-vous ce cristal ?
— Kuli’Aven ?
— Mon sabre de Padawan était bleu, répondit l’enfant.

Isil se retourna vers le droïde.
— Bleu.

Ce dernier s’inclina.
— Bien, Chevalier. Je vous apporte ça tout de suite.

Il disparut. Isil soupira :
— Me voilà condamnée à porter l’armure que m’a donnée Darillian jusqu’à ce que je retourne sur le Defiance.

Kuli’Aven sourit.
— Elle est très jolie et vous êtes très belle avec. C’est un beau cadeau que votre père vous a fait.
Isil lui répondit :
— Merci, Kulia. Mais évite ce mot si possible, tu me feras plaisir.
— Lequel ? demanda l’enfant avec ingénuité.
— Père.

Quelques instants plus tard, Kuli’Aven désassemblait habilement le sabre de Naara pour y incorporer la nouvelle pierre que Z1-T2 venait de leur amener.
— Très bien, la félicita Isil. J’ai vu quantité de Padawan de ton âge ne pas réussir à déconstruire et reconstruire un sabre laser. Ton Maître t’a bien formée, c’est l’évidence même.

La jeune Twi’lek regarda ses pieds.
— Je n’ai pas su le défendre.
— D’après ce que tu nous as narré, tu ne pouvais pas faire grand-chose. D’autre Jedi sont tombés dans ce traquenard. Il te revient de prendre leur suite dès que tu le pourras sans t’attribuer à tort l’échec de cette mission.
— Je me demande quel nouveau Maître je vais avoir ? s’inquiéta l’enfant avec une pointe de regret.
— Il sera bien, ne t’en fais pas. Laisse le passé dans ton dos et regarde en avant. Quelqu’un d’autre t’enseignera différemment, et ce sera pour toi une nouvelle source de richesses.
— Bien sûr, Maî… heu, Isil.

La Jedi laissa errer un sourire sur ses lèvres. Elle se demandait si un jour le Conseil la trouverait assez mûre et réfléchie pour avoir son propre Padawan. En aurait-elle jamais un ? Elle eut une pensée pour les Maîtres Frao Lansil et Pina Dina. Eux, ils avaient eu leurs Padawan : leurs propres enfants ! Un soupir s’exhala de ses poumons et l’enfant la regarda :
— Quelque chose ne va pas, Isil ?
— Non, ça va. Je me disais juste que l’existence était quelque chose de bien compliquée. Vas-y, essaye ton nouveau sabre.

L’enfant l’interrogea des yeux.
— Vraiment, je peux le garder ?
— Bien entendu. On m’en a fait cadeau mais j’ai déjà mon propre sabre laser, celui que mon Maître me destinait depuis toujours, alors autant que celui-ci serve à quelqu’un.

La petite Twi’lek alluma la lame et la mania avec dextérité.
— C’est un très beau sabre. Il est léger.
— Fait pour une fille, m’a-t-on dit ! annonça Isil sarcastique.
— Je le garderai pour toujours, s’exclama la fillette. Et je penserai à vous chaque fois que je m’en servirai.
— Hum… pas d’attachement t’a-t-on appris, tu te rappelles ? reprit la Jedi avec un clin d’œil à la clé. Je préfère plutôt que tu penses à ce que tu fais avec, chaque fois que tu t’en serviras, hein ?

L’enfant sourit, embarrassée.
— Bien sûr, Maître… je veux dire, Isil !
— Tu es une bonne Padawan. À présent, mangeons ce que le brave T2 nous a concocté. Avec les événements à venir, autant profiter de chaque occasion de nous nourrir convenablement.

(à suivre... )


Chapitre 21 : Mahon (fin 2/2)
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Messagepar Hiivsha » Dim 26 Juil 2015 - 12:54   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 21 : Mahon (début 1/2)


21 - Mahon
(fin - 2/2)


*
* *

— Nous arriverons dans le système Mahon d’ici huit heures, amiral, confirma l’officier navigateur du Defiance sans quitter des yeux sa console. Si les calculs du Fulgurant sont exacts, il devrait y parvenir en même temps que nous.
Valin Narcassan tapota familièrement l’épaule de Son-Ja-Arti.
— Pourquoi supposer que les calculs du Fulgurant pourraient ne pas être exacts, lieutenant ?
— Leur navigateur n’a pas la même boite crânienne que moi, amiral !

Un rire flotta sur la passerelle parmi ceux qui avaient entendu la plaisanterie de la Céréenne. L’amiral reprit en souriant :
— Alors, espérons trouver le Fulgurant et non le Ragnarok à notre point de rendez-vous.
— Oui, amiral.

Narcassan abandonna l’officier navigateur pour aller s’asseoir pesamment dans son fauteuil de commandeur non loin duquel se tenait Maître Torve.
— Pourquoi ce pas fatigué, Valin ? s’inquiéta le Jedi en se rapprochant.

L’amiral regarda son ami d’une paupière lourde.
— Peut-être suis-je dans l’espace depuis trop longtemps, Shalo ? Je me sens las parfois.
— L’envie d’une petite maison au bord d’une rivière sur une planète tranquille à taquiner le fougon tacheté ? suggéra Torve un rien taquin.

Les lèvres de l’amiral s’étirèrent lentement.
— Vous pensez que je me fais vieux, Shalo… que l’heure est venue pour moi de prendre ma retraite ?

Le Jedi esquissa des mains un geste de défense.
— C’est vous qui en parlez, Valin, pas moi.

Le commandant du Defiance garda un instant le silence, avant de reprendre dans un murmure que seul son ami put entendre :
— Oui, peut-être suis-je fatigué de faire la guerre… On y perd de trop nombreux camarades et que reste-t-il quand on regarde par-dessus son épaule ? Toujours les mêmes choses, les mêmes luttes pour le pouvoir, les mêmes intrigues politiciennes, les mêmes ennemis…
— C’est la lutte éternelle du bien contre le mal, constata Maître Torve gravement.
— Cela ne finira-t-il donc jamais ?
— J’ai bien peur que non, avoua le Jedi, placide. Les hommes passeront, la galaxie et son équilibre précaire restera. Peut-être un jour ou l’autre les Jedi disparaîtront…
— Je préférerai que ce soient les Sith, souffla Narcassan.

Le Jedi se rapprocha encore de l’officier général en se penchant vers lui.
— Qu’est-ce qui ne va pas vraiment, Valin ?

Les sourcils grisonnants du commandant du croiseur se froncèrent.
— J’ai un mauvais pressentiment sur cette mission, mon ami. Comme si je cheminais de nuit sur un chemin étroit et sinueux, et que l’unique source de lumière menaçait de s’éteindre. Je ne suis pas un Jedi, Shalo… je ne vois pas dans le noir, même avec les paupières fermées.
— Il est vrai que la Force est efficace pour nous guider dans l’obscurité, admit le Jedi. C’est un avantage indéniable.
— On dit que certains Jedi sont capables de voir l’avenir… en ce moment, je souhaiterais pouvoir le faire.
— L’avenir est comme l’eau d’un torrent de montagne, agité, capricieux… posez dessus un bout d’écorce, il dévalera la pente en passant entre les pierres pour arriver au lac… recommencez avec le même morceau, et il descendra le courant en slalomant entre d’autres pierres… et peut-être cette fois restera-t-il coincé entre deux cailloux à tout jamais ? Pourquoi le Ragnarok vous inquiète-t-il autant, Valin ?
— Je n’ose imaginer ce qu’un être comme Dark Remus, vivant depuis des siècles, serait capable de faire s’il parvenait à reconstituer l’artéfact de la Puissance. Ne sommes-nous pas en train de jouer avec le feu ?
— Qu’aurions-nous dû faire, selon vous ?
— Peut-être aller cacher les artéfacts très loin les uns des autres aux quatre coins de la galaxie ?
— Cacher une arme est toujours moins sûr que de la détruire.

L’amiral fixa le Jedi.
— Bien entendu. En bon Jedi, vous aurez donc toujours le dernier mot ?

Shalo Torve s’accorda un léger sourire.
— Il ne manquerait plus que nous ne l’ayons pas !

Valin Narcassan se redressa dans son fauteuil et sourit à son tour.
— Oui… sans cela, vous ne seriez plus un Jedi !


Dans la coursive de la CPM une silhouette furtive se glissa hors de ses quartiers après s’être assurée de l’absence de toute personne au dehors. Dans sa cabine, Argail allongé sur son lit, soupira :
— Peuh, ce Solarn Darkan est un imposteur, il n’a jamais dû mettre les pieds sur un champ de bataille ! Ses théories militaires sont toutes erronées !

Le militaire jeta avec dédain son hololivre sur la table de chevet.
— Minable, ajouta-t-il entre ses dents.

Au même moment, la porte de sa chambre coulissa dans un bruit feutré. Une femme entra avant de refermer aussitôt le panneau derrière elle. Elle tenait dans ses mains les extrémités d’une serviette de bain roulée derrière son cou et ses cheveux étaient humides. Un débardeur de sport noir très court, très échancré, couvrait son torse en épousant parfaitement les rondeurs de sa poitrine et un petit maillot de bain de même couleur complétait son habillement en dissimulant l’essentiel de son intimité.
Les yeux et la bouche d’Argail s’arrondirent.
— Lillaia ? Tu entres sans frapper à présent ?
— Tu ne verrouilles donc jamais ta porte ? rétorqua la jeune femme dont la bouche s’étira d’une manière éminemment lascive.
— Tu t’es trompée de cabine ?

Le sourire de la militaire s’accentua et ses lèvres s’entrouvrirent sensuellement. Elle ondula du bassin vers lui en ôtant son haut qu’elle lança à travers la pièce.
— Je ne pense pas, non.
*
* *

Dal-Karven écouta le briefing de son supérieur avec toute l’humilité requise. L’amiral Webert et quelques officiers supérieurs du Fulgurant étaient également présents ainsi qu’Isil et la Padawan Kuli’Aven. Ils se tenaient sur le pont central qui traversait la passerelle de commandement du croiseur.
— Dès que nous arriverons, nous nous placerons en orbite de la planète Mahon de façon diamétralement opposée à celle du Defiance. Ainsi, avec un peu de chance, si le Ragnarok détecte l’un, il ne verra peut-être pas l’autre.

Il y eut un murmure parmi les officiers. Dark Dalius continua, imperturbable.
— Oui, je sais, c’est une toute petite chance mais nous devons la tenter. Par ailleurs, ainsi positionnés, il ne pourra pas attaquer les deux vaisseaux à la fois et chacun de nous aura exactement la même course à accomplir pour venir en aide à l’autre.

Cette fois les officiers furent d’accord.
— On peut espérer que Dark Remus n’engagera aucun combat spatial tant que les artéfacts seront sur la planète et qu’au contraire il se précipitera au sol pour tenter de les récupérer. Mais sait-on jamais ? Il a été convenu que l’amiral Narcassan et moi-même resterons à bord de notre croiseur respectif au cas où nous devrions engager le Ragnarok. Une fois en orbite, nous étudierons la meilleure stratégie en fonction de la nature du terrain autour du temple de Shiro dont nous ne possédons malheureusement que les coordonnées approximatives. Seigneur Dal-Karven, vous commanderez les troupes au sol du Ragnarok. Ma fille vous accompagnera. Vous répondrez de sa sécurité. La Padawan restera à bord.

Son doigt se leva alors que la petite Twi’lek s’apprêtait à protester.
— Silence, enfant Jedi. Crois-moi, Dark Remus n’est pas d’une trempe pour toi. J’ai promis aux tiens de veiller sur toi. Tu resteras donc avec moi.

Sans se démonter, l’enfant posa ses mains sur les hanches et lança au Sith un regard de défi. Sa voix était ferme lorsqu’elle répliqua :
— Pas question ! Vous êtes un Sith et moi un Jedi et vous n’avez pas d’ordre à me donner ! Il est hors de question pour moi de rester plus longtemps sur un croiseur impérial. Je débarquerai avec Isil…

Puis elle se tourna vers la Jedi avec des yeux suppliants.
— Si vous êtes d’accord, bien entendu, Chevalier.

Isil sourit et hocha la tête.
— Tu as l’air bien décidée. C’est bien, tu peux venir avec moi, mais tu feras tout ce que je te dirai de faire.

À son tour, la petite Twi’lek opina du chef.
— Promis.

Dark Dalius soupira en levant les yeux au ciel :
— Décidément, cette enfant promet… À ta guise ma fille. Je te laisse la responsabilité de ta décision.

Puis il ajouta à l’adresse du Zabrak et d’Isil.
— Je veux que vous opériez ensemble en laissant tout ressentiment de côté. Un Jedi doit savoir le faire. J’en attends autant de vous, Seigneur Dal-Karven.

Le Sith hocha brièvement la tête.
— Comptez sur moi, Seigneur Dalius, grogna-t-il d’une voix rauque.
— Isil, tu transporteras les deux artéfacts. Tu sais à quel point ils sont dangereux. Tu auras besoin de rassembler un maximum de Force pour éviter leur influence.
— J’en suis consciente, répondit la Jedi. Je saurais m’en garder cette fois-ci !
— Une fois rejointe l’équipe du Defiance, le commandement coordonné sur le terrain reviendra à Maître Shalo Torve.

Le Zabrak montra brièvement ses dents pointues mais s’abstint de tout commentaire inutile. À ce moment, l’un des navigateurs situés en contrebas de la passerelle annonça à un micro :
— Sortie de l’hyperespace dans une minute !
— Nous allons bientôt savoir à quoi nous en tenir, marmonna Dalius en se dirigeant vers les baies de transparacier situées au bout de la passerelle, derrière les consoles de pilotage.

Les mains croisées dans le dos, il fixa l’espace jusqu’à ce que les lignes bleutées disparaissent. Devant eux apparut une planète.
— Mahon, annonça-t-il sobrement.
— Zéro point trois cinq de vitesse orbitale, ordonna l’amiral Karl Webert en direction de ses pilotes. Elliptique cent.

Puis se penchant vers l’une des consoles qui se trouvaient en contrebas sur la gauche :
— Analyse de la surface. Scanner le secteur.

Une voix s’éleva :
— Transmission codée en provenance du Defiance, amiral. Confirme sa position comme prévue. Rien sur ses scanners.

Une autre voix se fit entendre :
— Scanner, rien à signaler dans le secteur.

L’amiral revint vers le petit groupe.
— Nous allons opérer deux orbites complètes pour analyser la surface de Mahon.

Dark Dalius se retourna vers lui :
— Descendons à la console des cartes. Faites-y envoyer les données dès qu’elles seront prêtes.
— Oui, Seigneur, répondit Webert.

L’amiral s’éloigna pour donner ses ordres. Dark Dalius et sa suite descendit une rampe qui amenait en contrebas dans le cœur opérationnel de l’Interdictor.
*
* *

— Le Fulgurant au rendez-vous, annonça le lieutenant Son-Ja-Arti.
— Pile à l’heure, n’est-ce pas ? commenta Narcassan en direction de la Céréenne.
— Oui, amiral, admit celle-ci en concédant un sourire.

L’amiral se tourna vers son opérateur communications.
— Enseigne Dreebo, signalez en code au Fulgurant que nous sommes en position. Rien au scanner.

Le Rodien hocha la tête.
— Tout de suite, amiral !

Valin Narcassan interrompit ensuite le capitaine Devan Prak en discussion avec le colonel Cregg Vellaryn :
— Prak, il va nous falloir deux orbites pour analyser la surface de Mahon. Préparez les tables d’analyse. Il nous faut savoir au plus vite sur quel terrain la partie va se jouer. Briefing général dans trente minutes.


À l’heure dite et pratiquement en simultané sur les deux croiseurs, rassemblés autour d’une projection holographique de la planète Mahon, chaque État-major faisait le point.
— La surface de Mahon est plutôt classique, commenta un jeune officier de renseignements en manipulant l’image en trois dimensions. Des pôles glacés, des zones intermédiaires tempérées aux paysages variés. Beaucoup d’activité volcanique sur l’ensemble de la planète pouvant indiquer une future évolution de sa géographie à court termes. Au niveau de l’équateur, nous trouvons une large bande hyper boisée. Un véritable poumon pour son atmosphère.

Il fit s’allumer un spot rouge sur la projection.
— C’est dans cette dernière zone que devraient se situer les tombeaux des rois et en particulier le temple de Shiro, selon le rapport de l’amiral Fisgargh.
— Comment se présente le terrain ? demanda le colonel Vellaryn.
— Celui-ci est principalement occupé par une immense jungle formée d’arbres géants formant une canopée impénétrable. Impossible d’y débarquer par la voie des airs.
— Avez-vous pu situer notre objectif ? s’inquiéta l’amiral.
— Les coordonnées dont nous disposons sont approximatives. L’amiral Fisgargh n’avait pas dû faire de relevé précis à l’époque.
— Sans doute pensait-il que cela n’avait pas d’importance, remarqua Prak.
— Les scanners ont mis en évidence plusieurs points intéressants, continua l’officier alors que d’autres spots s’illuminaient sur la carte. Nous avons à ces endroits une concentration de vie animale… humaine ou autre. Probablement des villages indigènes recélant des constructions en pierre.
— Des restes de civilisation rakata ? interrogea Vellaryn. Est-ce envisageable ?
— Pourquoi pas, répondit Maître Torve. La vie trouve toujours un moyen de persévérer. Reste à savoir à quel stade d’évolution ils se trouvent à présent. Il est certain qu’avec la fin de l’Empire Infini, les Rakatas ont pour ainsi dire disparu. S’il existe encore des poches résiduelles de cette civilisation, une forte régression est pratiquement certaine.
— A-t-on idée de la grandeur de ces villages ?

L’officier se gratta le menton en regardant Greg Vellaryn.
— Pas vraiment, colonel. Les scanners ne sont pas assez précis compte-tenu de l’épaisse couverture de la jungle. Il nous faudrait y envoyer des sondes mais on peut estimer à plusieurs centaines d’individus… peut-être quelques milliers ?
— Et le temple, les tombeaux des rois ? reprit Narcassan.

D’autres spots apparurent sur la carte dans une couleur différente.
— Probablement parmi ces points-là. Ils représentent une ou plusieurs constructions rapprochées, en matériaux solides. Laquelle est le temple de Shiro ? Impossible à dire, Amiral.
— Où peut-on débarquer des troupes ?
— Il y a des lacs dans la région et des rivières dont les berges pourraient convenir en fonction des objectifs. Ensuite, les détachements devront s’y rendre à pieds. Cela représente au pire entre quatre et six heures de marche selon la nature du terrain.
*
* *

À bord du Fulgurant, Dark Dalius laissa un regard pensif errer sur le visage de son officier de renseignements.
— C’est flou, murmura le Sith. Trop peu précis.
— Je suis désolé, Seigneur Dalius, mais il nous faudrait plus de temps pour…

Il s’interrompit devant le signe impérieux de son supérieur. Ce dernier se tourna vers sa fille.
— Qu’en penses-tu, Isil ?

La jeune femme se tenait devant la carte tridimensionnelle, les yeux clos depuis de longues minutes. Elle méditait dans la Force. Sans bouger ses paupières, elle répondit doucement :
— Le temple de Shiro est protégé par une barrière de Force. Si les scanners ne peuvent la détecter, je peux la sentir à travers la Force elle-même.

Le Sith s’étonna :
— Vraiment ? Je ne sens rien.
— Moi non plus, gémit Kuli’Aven.

Un étrange sourire erra sur les lèvres d’Isil.
— Ce n’est pas grave.

Son doigt pointa un groupe de spots lumineux sur la projection.
— Le temple est ici. C’est à cet endroit que je ressens une perturbation dans la Force… sans doute la barrière.
— Tu en es certaine ? On dirait plutôt une ville ou un gros village…

La jeune femme dodelina du chef.
— Si ce n’est pas la barrière… qu’est-ce que cela pourrait être ?

Dark Dalius passa ses doigts dans sa barbe blanche en se retournant vers l’officier.
— Où peut-on débarquer au plus près ?

Le militaire s’empressa de répondre :
— Ici, Seigneur, au bord de ce lac, il y a une étendue sablonneuse assez grande pour permettre à plusieurs barges de se poser.
— Parfait. Contactez le Defiance et donnez-leur nos conclusions. Nous nous fierons à l’instinct de Jedi de ma fille.



(à suivre... )


Chapitre 22 : La Mère (début 1/2)
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Messagepar Hiivsha » Sam 08 Aoû 2015 - 16:55   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Calameo, PDF et EPUB seront mis à jour à la fin du postage de chaque chapitre, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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Chapitre 21 : Mahon (début 1/2)
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22 - La Mère


(Début 1/2)


Le détachement du Defiance se posa sur l’aire herbeuse d’un méandre de rivière à quelques kilomètres du lieu de débarquement choisi par le Fulgurant. Le choix de ne pas grouper les troupes d’emblée répondait à la préoccupation d’une attaque au sol, soit par les autochtones, soit par une possible colonne du Ragnarok. Car rien d’interdisait en fin de compte que ce dernier les eut précédés en orbite autour de Mahon, dissimulé par son bouclier de camouflage, avec une partie de son équipage déjà à terre. Deux sites de débarquement et de repli paraissaient mieux qu’un seul.
— Tu es rayonnante, lança de sa voix de baryton Krig Landala à Lillaia tout en vérifiant le bon fonctionnement de son fusil à lunette. Le fait de te retrouver sur le terrain sans doute ?

La jeune femme ne détrompa pas le colosse roux mais échangea un bref regard avec Argail. Celui-ci haussa imperceptiblement ses épaules et rendit son sourire à la militaire en soupirant. Cela faisait si longtemps que lui-même ne s’était senti aussi bien ! Il s’amusa au souvenir des précautions infinies que Lillaia avait prises au moment de ressortir de la cabine afin de regagner la sienne, pour n’être vue de personne. Il avait encore dans son délicat odorat les effluves parfumés de la peau de la jeune femme et ressentait encore sur lui le doux contact de son corps. Il gardait aussi en mémoire les acrobaties auxquelles elle s’était livrée et qui avaient fini par avoir raison de lui. Après un second soupir, il s’assura à son tour du bon fonctionnement de son canon d’assaut.
Derrière les membres de la CPM suivaient les hommes d’un demi-peloton de combat de l’Unité Opérationnelle Intégrée du Defiance. Deux douzaines d’hommes et de femmes, tous jeunes, foulaient avec un plaisir évident le sol de cette planète inconnue avec une farouche détermination lisible sur leur visage. Maître Torve, le colonel Vellaryn, le commandant Sayyham ainsi que le capitaine Prak, descendirent à leur tout de la barge de débarquement, suivis par un détachement du Régiment d’Infanterie du croiseur, chargé d’assurer la protection de l’appareil en leur absence.
Un jeune sous-lieutenant de l’UOI donna brièvement des ordres à ses hommes :
— Aujourd’hui, notre mission n’est pas comme les autres. Nous n’allons pas combattre les troupes impériales mais au contraire, collaborer avec elles pour œuvrer dans le même but.

Un murmure parcourut la petite troupe.
— Je sais, c’est inhabituel pour vous, mais je vous donne l’ordre de ranger au placard vos sentiments et vos ressentis sur notre adversaire. Je ne tolèrerai aucun débordement, aucune provocation de votre part. Je veux que vous considériez les soldats impériaux comme des nôtres le temps de remplir et de réussir cette mission. Compris ?

Un « oui, lieutenant » aussi obéissant qu’enthousiaste ponctua sa question.
— Parfait, conclut l’officier. Nous rejoindrons la colonne du Fulgurant dans trente minutes environ. Mettez-vous en colonne de progression !

Les soldats se dispersèrent dans un ordre apparemment bien rodé, laissant la CPM et les officiers occuper le centre du dispositif. Puis la petite troupe s’enfonça dans la jungle.
— Nous allons à la rencontre d’un criminel de guerre, vous en êtes conscient ? lâcha amèrement Keraviss Sayyham au bout de quelques minutes tout en écartant une branche de fougère.
— Vous parlez de Dal-Karven ? interrogea le colonel Vellaryn.
— Le bourreau du Valiant, oui. Le Sith qui n’a pas hésité à détruire un transport entier en tirant sur les capsules de sauvetage pour éliminer une seule personne.
— Je comprends que l’idée de collaborer avec un tel monstre puisse vous choquer, commandant, mais de même que nos hommes, vous allez devoir vous faire violence pour le faire. Visiblement la jeune Isil y parvient fort bien alors même que ce Sith l’a torturée et livrée aux pires tourments sur Korka.

Le ton du colonel était inhabituellement sec et ne laissait pas place à la moindre contestation. Shalo Torve n’intervint pas. Tout était dit. La Loordienne s’enfonça dans un mutisme réprobateur.


Vingt minutes encore et ils faisaient leur jonction avec le détachement du Fulgurant dont les hommes encadraient soigneusement la jeune Jedi, la Padawan twi’lek et leur chef.
Dal-Karven salua Maître Torve d’un bref signe de tête.
— J’ai comme instruction de me ranger sous vos ordres le temps de cette mission. C’est chose faite.
— Merci, Seigneur Dal-Karven. Je vous propose une triple progression parallèle en direction de notre objectif. Vous assurerez la protection du flanc gauche et mes troupes progresseront à notre droite.
— Parfait, Maître Jedi.

Le Sith répercuta rapidement les ordres à ses officiers. Les membres de la CPM entourèrent Isil et Kuli’Aven pour les saluer, se présenter à l’enfant tout sourire, et échanger quelques paroles amicales. La Jedi se sentit soulagée de retrouver ses amis mais elle ne put s’empêcher de songer que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’emmener la petite Padawan avec eux. Soudain, un sombre pressentiment s’empara une nouvelle fois de son esprit lorsqu’elle eut, comme dans un brouillard, la vision déformée d’une Twi’lek gisant sans vie sur un sol ruisselant de sang. Ce fut pareil à un flash occultant momentanément sa vue. Désemparée, elle enfouit son visage dans ses mains. Lillaia lui posa l’une des siennes sur l’épaule.
— Hey, Isil, ça va ?

La Jedi se reprit aussitôt.
— Oui, oui… ça va, à présent que vous êtes tous là.
— Heureux de te revoir, reprit la militaire avec une bourrade de connivence. Comment s’est passé ton séjour chez les Sith ?

La Jedi souleva évasivement ses sourcils.
— Plutôt bien étant donné les risques encourus. J’ai même fait une rencontre intéressante.
— Un homme ?
— Un jeune Sith tout à fait charmant.
— Que tu n’as pas laissé indifférent, je suppose, ajouta Argail intéressé.
— Quelque chose comme ça, continua Isil. Venez, rejoignons les autres, je vous raconterai ça plus tard.
— En tout cas, ta nouvelle armure est super, ajouta Lillaia en caressant familièrement les bras et le ventre dénudés de son amie. Tu t’es mise à la mode twil’lek ?

Elle faisait allusion aux tenues que Nulee’Na, comme beaucoup de ses semblables, portait : courtes sur le buste, laissant nus l’abdomen et le bas du dos.
— Elle a appartenu à Naara, la femme de Darillian. C’est lui qui me l’a donnée pour aller sur Korriban.
— Un cadeau du père à sa fille, hein ? Il devait pourtant y tenir en tant que souvenir. Je pense que tu peux l’apprécier à sa juste valeur. La jupe par-dessus les jambières est vraiment classe… et ne parlons pas de ta cape. C’est autre chose que ta vieille bure brune.

Isil soupira :
— Peut-on vraiment apprécier le cadeau d’un Sith ?
— Que veux-tu… personne n’est parfait.

Aucun officier ne fit de remarque sur la nouvelle tenue vestimentaire d’Isil. Il n’y avait de fait, aucun uniforme réglementaire Jedi et tous les membres de l’Ordre étaient loin de porter les traditionnelles tuniques et bures que la jeune femme avait eu jusque-là l’habitude de porter.
La troupe ainsi formée se répartit donc en trois colonnes sensées progresser en parallèle à distance les unes des autres avec celle de la CPM au centre. Nulee’Na se plaça devant Isil et Kuli’Aven, prête à intercepter tout danger et le rodien Loodo qui avait insisté pour débarquer également, s’installa derrière la blonde Jedi. Un peu en avant, Lillaia et Argail ouvraient la marche en compagnie du lieutenant Vannick Payn quant à Krig Landala, il se tenait en arrière aux côtés des officiers de la CPM, de Maître Torve, de Dal-Karven et du docteur Behla Barton. Le droïde de Dark Dalius marchait à leur côté. Contre son propre avis, Z1-T2 avait été emmené pour ses capacités de traducteur universel en cas de rencontre avec des peuplades ne parlant pas le Basic.
Quelques minutes plus tard, le détachement s’était enfoncé dans une jungle magnifique et dense, dominée par d’immenses arbres. Ceux-ci culminaient à plusieurs dizaines de mètres dans un entrelacement de branches impénétrable d’où retombaient de longues lianes parfois surchargées de splendides orchidées multicolores. Argail pouvait sans difficulté percevoir les bruits d’une faune intense, composée d’insectes, d’oiseaux et de petits animaux qui s’enfuyaient sous le couvert des fougères à leur approche. Plusieurs cris moqueurs leur firent lever la tête. Un petit groupe de primates à longue queue les observaient depuis de hautes branches en sautillant bruyamment sur place. L’un deux lança un fruit sec en direction de la colonne. Le projectile rebondit sur le casque d’Argail et celui-ci grommela en soulevant son lourd canon :
— Je vais vous arroser avec autre chose moi !

Les petits singes se mirent à émettre de petits cris ressemblant à des rires tout en sautant de lianes en lianes. Lillaia sourit.
— Ils sont mignons. Je crois qu’ils aimeraient bien t’adopter.
— Dis tout de suite que j’ai une tête de macaque !

La jeune femme étouffa un rire.
— Évidemment que non… tu es bien plus beau qu’un singe !
— Bien heureux, marmonna le militaire. Encore, Krig, je ne dis pas…

Il lâcha à son tour un petit rire et Vannick Payn tourna la tête vers lui.
— Souhaites-tu que je rapporte tes propos à notre ami tireur d’élite ?

Argail lança en arrière un coup d’œil vers le colosse et décréta :
— Inutile de lui faire de la peine, n’est-ce pas ? Tout ceci peut rester entre nous…

Ils suivaient une sorte de piste qui serpentait dans la bonne direction. C’était autant de travail en moins pour se frayer un passage entre les grandes fougères et les lianes entrecroisées, ce que devaient faire les deux colonnes qui progressaient sur chacun de leurs flancs, à grands coups de machettes.
Dans les rangs républicains, un jeune soldat souffla à l’oreille de celui qui le précédait :
— Ça me fait tout bizarre de progresser dans cette jungle avec des impériaux.
— Ouais, répondit son camarade. Je te le dis, si ça doit chauffer et qu’il faut se battre à leurs côtés, garde bien tes arrières. Moi, je leur fait pas confiance !

Celui de derrière intervint à voix basse :
— Je parie qu’ils se disent la même chose de nous en ce moment.

Cette réflexion mit fin à la conversation et chacun se remit à progresser en silence.
Un silence tout relatif bientôt déchiré par un puissant rugissement.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Lillaia en remettant son arme en position de tir.

Argail plissa les yeux pour observer tout autour de lui la dense végétation.
— Un prédateur, répondit-il. Nous devons être sur son territoire et quelque chose me dit qu’il n’aime pas ça.
— Je me mets à sa place, renchérit Payn. C’est pour lui une véritable invasion.

Un nouveau rugissement plus fort, plus près, sembla donner raison au lieutenant.
— Je crois bien qu’il y a un nouveau dans la classe, reprit Argail en observant les branches des arbres bouger devant lui.

D’un seul coup, une masse furtive bondit sur le sol un peu en avant de la colonne républicaine. La silhouette puissante d’un énorme félin ressemblant à un vornskr sévissant sur Myrkr, se posta entre deux grosses fougères en position d’attaque. Instinctivement, le militaire de tête ouvrir le feu par deux fois. L’agilité du fauve lui permit d’esquiver les tirs.
— Ne tirez pas ! intima Maître Torve dont la voix fut relayée par chaque oreillette et chaque casque portés par les hommes. N’ouvrez le feu qu’en cas de nécessité absolue !

Argail, Lillaia et Vannick Payn s’étaient portés sur leur droite pour rejoindre la colonne du Defiance. Le fauve était toujours là. Il leur faisait face à quelques mètres, les pattes arrières repliées, tassé sur lui-même prêt à bondir. Il était plus grand que ses cousins de Myrkr, du moins ceux qu’Argail avait eu l’occasion de croiser. Le spécimen qui se tenait devant eux devait bien mesurer trois mètres de long sans la queue et la musculature saillant sous son cuir épais était impressionnante. L’animal retroussa ses babines pour découvrir des crocs longs comme une main et lança un nouveau et puissant rugissement rageur.
Argail se campa devant lui, le canon d’assaut levé et s’écria d’une voix forte :
— Qu’est-ce que t’as mon gros, tu cherches la bagarre ? On ne fait que passer, alors sois sage et laisse-nous tranquille !

La gorge du félin émit une succession de grondements sourds. La bête hésitait. Les cibles étaient nombreuses et sûres d’elles. Il ne sentait pas la peur en elles. Ses longues griffes raclèrent le sol. Argail en fit de même avec ses bottes.
— Tu peux râler va, ça ne changera rien. Et si tu ne veux pas goûter à ça…

Le soldat tira une rafale dans la terre à deux mètres devant le prédateur. Celui-ci recula d’un pas en grondant.
— Je te conseille de t’en aller… Allons, va-t-en, ouste !

Argail avança d’un pas en remuant le canon de son arme. Le fauve hésitait sur la conduite à tenir. Sa proie était bien arrogante et le gros bâton qu’il tenait entre ses mains lançait des traits de feu qui ne lui disait rien qui vaille. Désemparé, il poussa un autre rugissement d’impuissance puis subitement, tourna les talons et disparut dans la végétation.
Lillaia se porta à la hauteur d’Argail.
— Bien joué, tu lui as donné la frousse de sa vie !
— Mouais… Facile quand on est cinquante et surtout surarmés. À mains nues, je n’aurais pas parié un crédit sur nous, tout nombreux que nous sommes.

La voix de Maître Torve se fit entendre :
Si le problème est réglé, on peut reprendre notre progression. Restez vigilants !

Le détachement reprit silencieusement sa marche.


— Saleté de moustiques, grogna Payn en se donnant une claque dans le cou. Je déteste les jungles. Il y fait chaud, humide et surtout on s’y fait bouffer par ces saloperies d’insectes.

Au même moment à l’arrière, Z1-T2 se plaignait de l’humidité ambiante.
— Quelle idée de m’avoir emmené ici, dans cette sinistre jungle à l’air saturé d’humidité. Je sens déjà mes articulations se rouiller.
— Ne tombe pas en panne, susurra Keraviss Sayyham avec une certaine perfidie. Nous serions obligés de t’abandonner ici tout seul.

Le droïde leva les bras au ciel.
— Tout seul ? Ici, dans cet endroit hostile ? Grands dieux, vous n’avez donc pas de cœur ?

Ils marchaient depuis plusieurs heures et la fatigue commençait à se faire sentir dans les rangs. La progression était lente du fait de la végétation dense. Les hommes de tête des colonnes devaient trancher un chemin dans les plantes souvent entremêlées à grands coups d’électromachettes, créant ainsi un sentier artificiel derrière eux.
— Au moins, le retour sera plus facile, grogna l’un d’eux… une véritable autoroute de repli.
Nous ne devrions plus être très loin de notre objectif, annonça la voix du Maître Jedi dans les écouteurs. Tenez-vous sur vos gardes, il se peut que nous ayons à faire avec les autochtones du coin.

Paroles prémonitoires. Quelques minutes plus tard, ils débouchaient dans un sous-bois plus dégagé où la haute végétation rencontrée jusque-là laissait place à de courtes fougères espacées. Un peu plus loin, ils purent observer un troupeau de petits herbivores à cornes torsadées qui paissait tranquillement et les regardèrent passer en lançant quelques bêlements interrogateurs. Le sol se recouvrir d’herbe sous leurs pieds. Ça et là, quelques arbres coupés donnaient à penser qu’une présence humaine ou du moins intelligente, n’était plus très loin.
La progression n’étant plus gênée par la nécessité d’ouvrir un chemin, les trois colonnes se rapprochèrent insensiblement les unes des autres. Curieusement, les militaires se sentaient plus vulnérables à présent que le terrain était dégagé que dans l’épaisseur de la jungle protectrice.
Maître Torve prévint :
— Je vous rappelle qu’il est interdit d’ouvrir le feu sans une absolue nécessité. S’il y a une présence rakata dans le secteur, inutile d’apparaître comme des agresseurs.



(à suivre... )


Chapitre 22 : La Mère (fin 2/2)
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Messagepar Hiivsha » Dim 16 Aoû 2015 - 15:41   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 22 : La Mère (début 1/2)


22 - La Mère
(fin - 2/2)


De gros bovidés étaient à présent en vue, en bordure d’une série de champs cultivés sous l’immense voûte d’arbres aux troncs érigés comme des pieux et dépourvus de branches basses.
— Un parasol géant, railla Argail. Vue impénétrable depuis le ciel. Dommage, une clairière à cet endroit nous aurait permis d’atterrir et nous aurait ainsi évité une longue marche désagréable à travers cette jungle…
— Ainsi que de nombreuses piqûres de féroces moustiques, renchérit le lieutenant Payn en s’assénant une nouvelle et retentissante claque sur la joue.
— Il aurait suffit de quelques explosifs bien placés pour aménager une trouée et permettre ainsi à notre barge de débarquement de passer, observa Lillaia avec pragmatisme.

Puis comme personne ne répondait, elle ajouta en allumant son micro :
— Ça vous dirait une piste d’atterrissage, Maître Torve ? Même si je suis moins douée que Crossk avec les explosifs, je peux vous en dégager une en moins de dix minutes.
— Nous verrons en cas d’urgence, répondit le Jedi. Inutile de nous mettre la population à dos en saccageant leur environnement.
— Un seul arbre pourrait faire une trouée suffisante pour laisser passer un speeder médical si besoin, insista Lillaia.
— J’ai bien compris, sergent, et j’en prends bonne note.

Comme le silence avait suivi la dernière réponse de Torve, Lillaia lâcha avec une moue :
— Pas de quoi.

Quelques minutes encore et Argail annonçait :
— J’aperçois quelque chose devant nous… on dirait une palissade… ou un mur… plutôt haut.

Les officiers remontèrent la colonne pour se porter à sa tête. Le capitaine Prak scruta l’espace entre les grands arbres à l’aide de ses jumelles tactiques.
— C’est bien un mur. Il s’étend sur toute la largeur de ce qu’on peut observer d’ici. Je dirais, une bonne dizaine de mètres de hauteur… peut-être même plus.
— S’il y a un mur, faut espérer qu’il y a une porte, observa le colonel Vellaryn. Approchons-nous pour voir.
— Déployez-vous en tirailleurs sur deux lignes, ordonna Maître Torve. Isil au centre derrière nous avec Kuli’Aven.

Sur le qui-vive, le détachement reprit sa progression, arme à la main. D’autres troupeaux d’herbivores paissaient nonchalamment par-ci par-là, mais aucune présence humaine ne se faisait sentir.
— Évidemment, notre arrivée n’a pas dû passer inaperçue, grogna Argail en scrutant les alentours. Je te parie que nous sommes attendus au portillon.
— D’après les scanners orbitaux, il devrait y avoir un gros village derrière ce mur, autour du temple probablement, observa Maître Torve. Il va nous falloir négocier notre passage.
— Tout en douceur et diplomatie, railla Keraviss Sayyham. Vous ne voulez pas suivre l’idée du sergent Sanders et ouvrir une brèche dans cette voûte verte pour laisser venir des renforts ?
— Nous ne sommes pas là pour entamer une guerre contre une civilisation pratiquement disparue, objecta le Jedi. S’il faut négocier, nous négocierons.
— Comme vous voulez, Maître Torve. C’est vous qui commandez.
— En effet, commandant.

Ils étaient à présent à quelques dizaines de mètres de la muraille et avaient infléchi leur marche vers de grandes portes fermées devant lesquelles ils s’arrêtèrent.
— Et maintenant ? demanda Prak.
— Eh bien, s’il y a du monde à l’intérieur, les portes devraient s’entrouvrir pour laisser passer un émissaire, répondit Argail. Ça se passe comme ça à chaque fois.

Maître Torve sourit mais ne répondit rien. Dal-Karven qui n’avait pas ouvert la bouche durant toute la marche, grogna :
— Il n’y a peut-être personne ? Aucun bruit ne nous parvient.
— Ils doivent tous retenir leur souffle là-dedans, répliqua la Loordienne d’un ton ironique.
— Il y a du monde, souligna Isil. Je sens leur présence dans la Force.

Comme pour lui donner raison, il y eut plusieurs bruits métalliques provenant de la porte puis les lourds battants s’entrouvrirent. Une haute silhouette apparut sur le seuil. C’était un grand humanoïde élancé à tête d’amphibien et à la peau bleutée. Il possédait un crâne allongé et sur chaque côté de celui-ci, un appendice terminé par un œil.
— Un Rakata, souffla Vellaryn. Ainsi, leur espèce n’a pas complètement disparu ?
— Il faut croire que non, répondit Prak.
— C’est peut-être un descendant des Droots, suggéra le docteur Barton. Eux aussi avaient la peau bleue.
— Incroyable, murmura la petite Kuli’Aven en ouvrant de grands yeux. Jamais je n’aurais cru en voir un de ma vie ! Quand les autres Padawan de Tython vont savoir ça !

Maître Torve leva la main en geste de paix et se détacha du groupe pour venir vers le Rakata, suivi de Z1-T2 peu rassuré.
— Quelle histoire ! Jamais les autres droïdes ne me croiront lorsque je leur raconterai tout ça. Si je reviens entier de cette expédition, naturellement… avec tous les prédateurs qui rôdent dans les environs.

Maître Torve leva la tête vers la créature et dit :
— Bonjour, nous venons en paix.

L’humanoïde répondit quelque chose. Z1-T2 traduisit aussitôt sans qu’on le lui demande :
— Il dit qu’il ne comprend pas votre langue.

Le droïde s’empressa de répéter les paroles du Jedi dans un rakata académique que l’individu sembla assimiler. Il répondit.
— Il veut savoir ce que vous venez faire sur leur planète, traduisit Z1-T2.
— Dis-lui que nous voulons accéder au temple du roi Shiro et que nous ne repartirons que lorsque nous aurons pu le faire.

Le droïde s’exécuta, plongeant le Rakata dans la plus grande perplexité. L’humanoïde répondit, relayé par le droïde.
— Pourquoi, demande-t-il ?
— Nous devons y détruire des artéfacts maléfiques qui ne sauraient exister plus longtemps pour le bien de toute la galaxie.

L’hésitation de l’humanoïde était à présent tangible et celui-ci se retira sans ajouter un mot derrière les portes qui se refermèrent. Le Jedi retourna vers le détachement.
— Je pense qu’il va chercher des instructions auprès de sa hiérarchie, quelle qu’elle soit. À mon avis, il ne va pas tarder à revenir.

Effectivement, quelques minutes plus tard, les portes s’entrouvrirent de nouveau. Z1-T2 reprit du service en rapportant les paroles de l’autochtone.
— Je m’appelle Abo. La Mère a parlé. Ceux qui entrent dans notre ville doivent nous confier leurs armes. Elle vous attend.

Maître Torve laissa échapper une grimace et se retourna vers sa troupe en appelant tous les officiers.
— Les soldats des détachements du Fulgurant et du Defiance vont rester ici en position défensive sous les ordres du capitaine Prak secondé par le lieutenant Payn. Les autres viennent avec moi.
— Puis-je rester ici également, Maître Jedi ? s’enquit Z1-T2 plein d’espoir.
— Non, nous aurons sans doute encore besoin de toi pour traduire. Désolé, répondit Maître Torve avec un sourire d’encouragement à l’adresse du droïde.
— J’en étais sûr, soupira ce dernier en emboitant le pas du petit groupe.

Ils s’engagèrent à la suite d’Abo et lorsqu’ils furent tous entrés, les lourds vantaux de métal se refermèrent sur eux.
— D’accord, fit Prak en se frottant les mains.

Il appela Payn et les officiers des détachements.
— On ne va pas se la couler douce ni rester sans rien faire, annonça-t-il. On va établir un camp de base un peu plus loin. Payn, je veux que les spécialistes en explosifs examinent cette porte et préparent ce qu’il faut pour la faire sauter en cas de besoin. Je veux pouvoir entrer là-dedans dans les trois minutes s’il le faut.
— Bien capitaine.

Prak interpela un officier impérial.
— Lieutenant, vous aller miner suffisamment d’arbres pour pouvoir ouvrir en cas d’urgence une brèche dans cette canopée infranchissable afin que des barges puissent atterrir. Contacter le Fulgurant et le Defiance. Communiquez-leur nos coordonnées précises et faites-leur un topo sur la situation actuelle. Qu’ils tiennent prêts des renforts au cas où.

L’officier salua.
— À vos ordres, capitaine.
— S’il y a du grabuge là-dedans, grommela Prak entre ses dents, je fais tout sauter et je fonce dans le tas.


Sitôt les portes refermées, le petit groupe se retrouva encerclé par plusieurs dizaines de Rakatas en armure, armés de lance. Argail s’approcha de l’un d’eux et examina l’arme avant de conclure :
— À mon avis, ce ne sont pas de simples lances primitives. Je parie qu’elles envoient des décharges d’énergie.
— Comment trouvent-ils cette énergie ? s’inquiéta le colonel Vellaryn.

Isil intervint :
— Je suppose qu’ils la prélèvent du dôme de Force qui protège le temple et interdit son accès.

Abo exprima quelque chose que Z1-T2 traduisit immédiatement tandis que deux Rakatas s’approchaient en transportant un gros container.
— Le Rakata dit que nous devons déposer toutes nos armes sans exception dans ce coffre. Il a ajouté, les sabres laser aussi…
— Il veut montrer qu’il connaît ce type d’arme, en conclut Dal-Karven. Je n’aime guère l’idée de me retrouver démuni au milieu de tous ces primitifs.
— Allons, répondit Maître Torve. Un Jedi ou un Sith n’est jamais totalement désarmé s’il n’a pas son sabre. Il lui reste la Force.
— Oui, évidemment… grogna le Zabrak.

Ils obtempérèrent, pour certains comme Argail qui, comme il le fit remarquer, n’avait pas la Force pour lui, à contre cœur.
Abo leur fit signe de le suivre ainsi qu’aux deux Rakatas qui portaient le container. L’intérieur des murs était plus vaste que ne l’avait pensé de prime abord Maître Torve. Les lieux abritaient un gros village qui devait compter plusieurs centaines d’individus. Les bâtiments étaient pour la plupart en pierre avec des éléments en métal et de belles dimensions compte-tenu de la grandeur de l’espèce rakata. Ils étaient construits entre les troncs des arbres géants qui assuraient toujours cette éternelle et impénétrable voûte verte de branches entrelacées et de feuilles de taille impressionnante. Sous ce couvert, la lumière du soleil pénétrait difficilement et donnait aux choses des couleurs surprenantes.
Les habitants sortaient à leur passage sur le seuil de leur maison, remplis d’une évidente curiosité plus que de crainte, rassurés par l’escorte de guerriers qui accompagnait le groupe des « petits êtres tout blancs ». Ces derniers passèrent devant une grande structure circulaire qui leur fit penser à des arènes puis ils débouchèrent sur une place toujours parsemée d’arbres, où de nombreux Rakatas, mâles, femelles et enfants, s’étaient rassemblés. Au fond de cet espace non construit, s’élevait un ensemble de constructions faisant penser à un petit palais. L’allure générale du centre de cet édifice évoquait celle d’une pyramide à laquelle on accédait par un escalier majestueux en forme de triangle. Des dépendances s’accotaient sur le bâtiment principal de chaque côté. Derrière lui se dressait un autre mur qui dissimulait à leurs yeux le reste des alentours.
— Je pense que nous arrivons chez leur « Mère », annonça Keraviss Sayyham.

Les Rakatas s’arrêtèrent en bas de cet impressionnant perron. En haut de l’escalier s’étalait une vaste terrasse ornée à chaque extrémité d’une grande vasque de métal de laquelle s’élevait une flamme. Au fond, une porte de métal doré s’ouvrait sous un large dais de toile écarlate brodée d’or, posé au-dessus de quatre colonnes et sous lequel se dressait un trône sculpté encadré par deux puissants Rakatas en armure noire. Un tapis vermeil courait depuis le haut des marches jusqu’au siège majestueux.
Une Rakata d’un âge avancé sortit bientôt du bâtiment et s’avança lentement jusqu’au bord du perron avant de lever les bras vers la foule qui s’était agglutinée autour du groupe d’étrangers. Elle portait une longue toge noire et or. L’assemblée se fit silencieuse. Les mains de la nouvelle venue, formées de trois doigts griffus, retombèrent le long de son corps et elle proclama quelque chose que Z1-T2 traduisit sans attendre.
— La Mère dit qu’il y a parmi les étrangers, des êtres de la Force. Ceux-là sont invités à gravir les marches. Les autres doivent attendre en bas.

Argail ronchonna quelque chose qui fit sourire Lillaia. Maître Torve commença l’ascension du perron, suivi d’Isil, de Nulee’Na, de Kuli’Aven et de Dal-Karven. Pendant ce temps, la Rakata avait tourné les talons pour aller s’asseoir sur son trône cependant que d’autres gardes noirs armés investissaient la terrasse. Ils étaient accompagnés de quelques Rakatas non armés habillés eux-aussi de toges noir et or, et qui se répartirent derrière le trône.
Le Jedi parvint le premier au sommet et avança jusqu’à ce qu’un garde lève la main pour l’arrêter. Il s’inclina respectueusement. Les autres se rangèrent derrière lui en l’imitant. Maître Torve dit :
— Peut-être serait-il bon que notre droïde traducteur nous rejoigne afin que nous puissions nous comprendre.

Il s’apprêtait à faire signe à Z1-T2 de venir les rejoindre lorsque la vieille Rakata répondit en basic :
— Je n’ai pas besoin de votre droïde pour converser avec vous.

Cachant sa surprise, le Jedi reprit :
— Vous parlez le basic ? Voilà qui va nous simplifier les choses.

Le Rakata qui se tenait à droite du trône intervint d’un ton sec :
— Quand vous vous adressez à Jada, notre Mère à tous, vous devez dire : « votre grandeur » ou « votre excellence » ou si vous préférez, simplement « Mère ».

Maître Torve inclina la tête pour signifier qu’il avait compris. La Rakata reprit :
— Le basic ? Un certain nombre d’entre nous le parlent. L’élite du village. C’est un enseignement qui se traduit de génération en génération.
— C’est fort sage de votre part, Mère, répondit le Jedi. Je m’appelle Shalo Torve.
— Et vous êtes un Jedi, continua Jada d’une voix sévère. Présentez-moi vos amis.

Torve s’exécuta respectueusement. La Rakata écouta attentivement, scrutant du regard chacun à son tour en s’attardant plus longuement sur Dal-Karven qu’elle montra du doigt.
— Vous êtes un serviteur de la Force obscure. Vous ne pourrez pas pénétrer dans le temple de Shiro.

Le Sith grinça des dents.
— Je m’étais fait une raison depuis un bout de temps, votre grandeur.

Puis Jada désigna Isil.
— Tu portes un bien lourd fardeau enfant aux cheveux d’or. S’agit-il des artéfacts des rois maudits ?
— Si ces rois maudits portent les noms de Borshs, Gjorsis et Luoshir, c’est exact, Mère.

Maître Torve ne put cacher sa surprise.
— Comment le savez-vous, Mère ?
— Je suis celle qui sait. Et je peux sentir d’ici leur aura méphitique.
— C’est pour cela que nous voulons les détruire, précisa Maître Torve.

La Rakata opina de sa tête oblongue. Le conseiller sur sa droite se pencha vers elle et lui chuchota quelques mots à l’oreille. Jada reprit.
— Je comprends, Maître Torve. Toutefois, comme vient de le souligner le Conseiller Tibo, notre loi est stricte et je dois la faire appliquer. Quiconque veut pénétrer dans le sanctuaire de Shiro doit se soumettre au rituel de Deno, notre ancêtre.
— En quoi consiste-t-il, Mère ?
— Il vous faudra tous les quatre montrer votre bravoure en entrant dans l’arène pour affronter un indestructible mauroch et le tuer. Les survivants s’il y en a pourront pénétrer ensuite dans le temple sacré.

Torve désigna Kuli’Aven de la main.
— Cette enfant n’est qu’une Padawan. Elle n’est pas destinée à pénétrer dans le temple de Shiro. Inutile donc de la soumettre à votre rituel, Mère.

De nouveau le conseiller Tibo se pencha vers la Rakata qui répondit aussitôt après :
— Tous les utilisateurs de la Force lumineuse protégeant le sanctuaire doivent subir l’épreuve. Vous quatre ou aucun. Choisissez de combattre ou repartez d’où vous êtes venus.

Le Jedi ne put s’empêcher de grimacer. Isil intervint.
— Kuli’Aven est trop jeune pour combattre et…
— Silence, enfant aux cheveux d’or ! intima Jada. Ce qui est dit est dit et doit s’accomplir.

Tibo ajouta :
— Je précise que vous devez affronter la bête armés d’une simple lance de métal. Ce qui veut dire, sans vos armes de Jedi. Le combat aura lieu ce soir à la nuit tombée.

(à suivre... )


Chapitre 23 : L'arène
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Modifié en dernier par Hiivsha le Jeu 20 Aoû 2015 - 14:03, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Lun 17 Aoû 2015 - 19:56   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Je ne sais pas s'il y en a qui lisent encore cette histoire sur ce forum... ils sont discrets en tout cas :transpire: ... à moins qu'ils ne la téléchargent directement sur mon blog puisqu'elle y a été téléchargée 574 fois à ce jour... :wink: mais je tiens à les informer que je viens d'inscrire le mot "FIN"à mon 5e roman et 3e histoire Star Wars.

Il ne me reste plus qu'à corriger les chapitres non publiés ici. Je les posterai donc un par un sans les couper pour en accélérer la parution. Il y en a 31 plus un épilogue pour un total de 513 pages A5 (couvertures et pages de garde comprises). Je pense aussi accélérer la fréquence des posts qui, jusqu'à présent avaient lieu le week-end. Ceux qui suivent l'histoire pourront le faire à leur rythme... il est possible aussi qu'une fois relue, l'intégrale en EPUB ou PDF soit disponible sur mon site avant la fin des posts chapitre par chapitre sur ce forum. À vous de voir comment vous souhaitez lire ce roman.

Tout ça pour me libérer le plus vite possible afin de reprendre le projet de roman de SF/Fantastique (non SW) que j'avais entamé l'an dernier sur un scénario original de mon fils, adapté d'un de ses scénarios de jeux de rôle sur table qu'il masterise. A l'époque j'avais un temps pensé pouvoir mener les 2 projets en parallèle : le 3e tome des "Aventures d'une jeune Jedi" et le projet de roman SF... mais au final, non, je n'ai pas pu. J'avais donc laissé le projet en attente pour achever "À mort le Defiance" ce qui est à présent accompli. Je peux donc revenir sur le premier en collaboration avec mon fils. :)

N'hésitez pas à me donner des retours... critiques positives ou non, c'est toujours éclairant pour un auteur à partir du moment où c'est fait de façon constructive. :oui:

Merci à ceux qui me lisent. :jap:
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Messagepar Den » Mar 18 Aoû 2015 - 11:44   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Moi,j e compte lire ce roman dès que j'aurai un peu de temps. ;)

Donc, dès que j'aurai commencé ma lecture, je te posterai une critique plus élaborée que ce que j'ai l'habitude de faire ;)

Mais il faudra attendre un peu, si ça ne te dérange pas.^^

Sinon, je trouve cool que tu reprennes ton roman sf/fantastique en collaboration avec ton fils. Je te souhaite bonne chance dans ton projet.

Et je te dis à bientôt pour des critiques sur cette histoire. :wink:

Petite question: je n'ai pas encore lu le second tome des aventures d'une Jeune Jedi. Je ne serai pas trop perdu si je lis celle-ci avant?
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Messagepar Red Monkey » Mar 18 Aoû 2015 - 11:45   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

J'avais interrompu ma lecture pour diverses raisons, et je ne laisse rien d'inachevé. Ca viendra pour moi, faut juste un peu de patience :cute:
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Messagepar Hiivsha » Mar 18 Aoû 2015 - 12:54   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Den a écrit:Petite question: je n'ai pas encore lu le second tome des aventures d'une Jeune Jedi. Je ne serai pas trop perdu si je lis celle-ci avant?


Le tome 2 étant un peu plus atypique que le 1 et le 3, non, tu ne seras pas trop perdu... tu risques juste deux ou trois spoilers sur le 2... mais que j'ai essayé de laisser le plus "vagues" possible.

Conclusion, tu seras beaucoup moins perdu en lisant le 3 si tu n'as pas lu le 2 que si tu n'avais pas lu le 1 car le 3 s'inscrit dans la droite continuité du 1 pour l'histoire de fond de Isil. :wink:
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Messagepar Den » Mar 18 Aoû 2015 - 14:10   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Hiivsha a écrit:Le tome 2 étant un peu plus atypique que le 1 et le 3, non, tu ne seras pas trop perdu... tu risques juste deux ou trois spoilers sur le 2... mais que j'ai essayé de laisser le plus "vagues" possible.

Conclusion, tu seras beaucoup moins perdu en lisant le 3 si tu n'as pas lu le 2 que si tu n'avais pas lu le 1 car le 3 s'inscrit dans la droite continuité du 1 pour l'histoire de FOND de Isil.


Ca va alors. Je suis rassuré.

Merci pour cette réponse rapide! ;)
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Messagepar Hiivsha » Jeu 20 Aoû 2015 - 14:01   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Voici donc désormais et jusqu'à la fin, des chapitres complets que je posterai au fur et à mesure de leur correction.
Bonne lecture.
_____________________________________________________

Calameo, PDF et EPUB mis à jour. ;)

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Chapitre 22 : La Mère (début 1/2)
Chapitre 22 : La Mère (fin 2/2)




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23 - L'arène


Ils se tenaient tous les quatre assis en tailleur à même le sol, en cercle, Isil faisant face à Kuli’Aven et Nulee’Na à Shalo Torve. Les mains reposant sur leurs genoux paumes vers le haut, ils méditaient dans la Force les yeux clos. Cela faisait une heure qu’ils n’avaient pas bougé.
Ils se trouvaient dans l’une des pièces de réception du palais de Jada, la Mère des Rakatas. Le reste du groupe était rassemblé dans une pièce adjacente et partageait le repas qu’on venait de leur servir. La plus profonde inquiétude se lisait sur leur visage.
— Je n’aime pas ces histoires de défi destiné à prouver ceci ou cela, grogna Argail. Comme s’il y en avait besoin pour rentrer dans un vulgaire temple !
— Ce n’est visiblement pas un vulgaire temple à leurs yeux mais un endroit sacré, objecta Behla Barton d’une voix douce. De tout temps, il a existé des rituels destinés à se purifier pour entrer dans les sanctuaires. Se purifier ou montrer qu’on est digne d’en fouler le sol. De plus les Rakatas ont un lourd passé de conquêtes incessantes… C’est un peuple de guerriers.
— C’est barbare, insista le soldat.
— C’est vrai, c’est… rustique, dirons-nous. Rustique et peu logique mais la religion est tout sauf logique.
— Les Rakatas ont une religion ? s’étonna Cregg Vellaryn.
— Je ne connais pas de « sacré » sans religion, colonel. Or Jada a prononcé le terme de « sanctuaire » qui fait référence à un lieu sacré.
— Vous avez raison, docteur, reconnu Vellaryn.
— Cela ne change en rien la situation, remarqua Keraviss Sayyham. Les nôtres vont devoir affronter un monstre sans leurs armes.
— Ce sont des Jedi, grogna Dal-Karven. La Force est leur arme. Les sabres laser sont des objets décoratifs issus d’un autre âge.
— Décoratifs… décoratifs… marmonna Argail. Allez expliquer à un adversaire que vous venez de transpercer avec votre sabre laser que ce dernier n’est qu’un objet décoratif !
— C’est pas faux, acquiesça Krig Landala avec un large sourire.
— Ils vous servent d’ailleurs de bouclier pour repousser les tirs de blaster, si je ne m’abuse, appuya Lillaia.
— Ce que le Seigneur Dal-Karven veut sans doute dire, conclut le colonel Vellaryn, c’est que nos amis ont la Force avec eux. Ils sont sans doute moins désarmés sans leurs armes que vous et moi.
— Évidemment, ronchonna Argail. N’empêche que je n’aime pas ça.

Il y eut un court silence puis le colonel reprit :
— Que pouvons-nous faire d’autre à part entrer en conflit ouvert avec tout le village… ce qui reviendrait probablement à en exterminer la population, ou du moins tous les guerriers.
— Et nous ne sommes pas là pour ça, acheva Loodo le Rodien silencieux jusque-là.
— Mouais… conclut Argail peu convaincu.


Isil s’était toujours trouvée bien dans la Force protectrice. Comme dans un cocon bienfaisant. La Jedi y puisait le calme et la sérénité, et son esprit s’y ressourçait, ainsi que son corps. Sa communion avec Elle était à la fois puissante et quasi-totale. Lorsqu’Isil y était immergée, elle perdait contact avec la réalité pareille à un individu en transe. Il lui semblait flotter dans une aura de lumière dans laquelle le monde matériel n’existait plus.
Elle ressentait chez l’enfant Twi’lek la même capacité à s’y plonger. Cette capacité qui avait si souvent émerveillé Maître Beno Mahr lorsqu’Isil était sa Padawan. L’enfant était sereine et son visage illuminé d’une paix infinie. Il n’y avait en elle aucune peur, aucun doute, aucun tourment, d’être à onze ans obligée de combattre une créature inconnue aux fin fonds d’une planète perdue.
Pour Shalo Torve, cette capacité d’immersion était plus difficile malgré son rang de Maître Jedi. C’était avant tout un guerrier qui avait hanté de nombreux champs de bataille sur lesquels il avait affronté, non seulement les Sith mais également les Mandaloriens. Il avait participé à la bataille de Bothawi aux côtés du maître Jedi Allusis et n’avait quitté le combat que grièvement blessé lors d’une évacuation sanitaire épique. C’était un homme d’action, un militaire, un spécialiste du sabre laser et des techniques offensives. Il était tout sauf mystique et n’avait jamais vraiment essayé d’approfondir les mystères de la Force, sa véritable nature, son origine ou son but. Pour cette raison, s’il s’imposait des séances de méditation comme l’Ordre le conseillait vivement, elles ne lui étaient pas aussi bénéfiques qu’à d’autres Jedi plus ancrés en Elle.
Quant à Nulee’Na, gardien Jedi, elle marchait sur les traces de Maître Torve. La Twi’lek était impulsive au combat, brillante le sabre à la main. Elle maniait ses armes tout en puissance, sûre d’elle et de ses pouvoirs, sans bien chercher à comprendre d’où elle les tenait. Ses séances de méditation étaient difficiles, entrecoupées de pensées parasites qui entremêlaient un passé torturé, une enfance difficile, et un avenir dont elle voulait maîtriser les moindres circonvolutions. C’était une Jedi pure et dure dans la droite lignée de l’Ordre. Elle s’était jurée de devenir Maître puis d’entrer au saint des saints, au Conseil Jedi, qui rassemblait selon elle les Maîtres les plus charismatiques et les plus puissants.


Une sorte de psalmodie s’était élevée dans la nuit. Une déclamation douce et monotone, scandée sur à peine quelques notes de musiques répétitives, chantée par une foule rassemblée entre le palais de la Mère et l’arène des combats. Une haie humaine s’étirait ainsi entre les deux lieux proches l’un de l’autre, éclairée par de nombreuses torches portées par les habitants. C’était un spectacle à la fois étonnant, grandiose et inquiétant.
Un moment auparavant, le colonel Vellaryn avait fait le point grâce à son communicateur avec le capitaine Prak qui venait d’installer un véritable petit camp retranché, à une portée de flèche des murs du village. L’officier supérieur avait exclu le recours à la force dans les circonstances présentes. Il n’était pas non plus question dans l’immédiat de dégager une zone d’ouverture dans l’étrange canopée pour permettre à d’éventuels renforts aériens de se poser. Maître Torve avait été clair : tout devait se faire de façon diplomatique sans effusion de sang et le colonel y souscrivait tant que nécessité ne faisait pas loi.
Les quatre Jedi avaient mis fin à leur longue séance de méditation et se déclarèrent prêts lorsque des gardes vinrent les chercher. Isil décida d’abandonner provisoirement sa cape et l’espèce de jupe à quatre pans qui entourait ses jambes, décidant qu’elles seraient un handicap dans un combat qui pourrait être de longue haleine. Argail se proposa pour les lui garder. Ils avaient rejoint leurs amis quand des Conseillers dont Tibo arrivèrent à leur tour. Celui-ci les invita à le suivre dehors. Les centaines de torches qui dansaient dans l’air tiède de la nuit auraient pu donner au village un air de fête mais en l’occurrence, c’était plutôt un aspect lugubre qui régnait. Le petit groupe s’avança lentement au centre de l’allée formée par la foule, accompagné par la lancinante psalmodie.
— Ça craint, décréta Argail à mi-voix. Et je me sens nu sans mon canon d’assaut.
— Et moi donc, soupira Lillaia qui marchait à ses côtés.

Elle frissonna malgré elle lorsque le chant se transforma peu à peu en une sorte d’incantation répétée en boucle par les Rakatas.
— Cette foule me fait flipper, avoua-t-elle à son compagnon.

De son côté, la petite Kuli’Aven malgré sa préparation, ne se sentait guère rassurée bien que marchant entre Maître Torve et Isil à qui elle aurait volontiers pris la main si elle n’avait pas été une Padawan. Comme pour la rassurer, la jeune femme baissa son regard vers l’enfant et lui adressa un clin d’œil.
— Ne t’inquiète pas, ça va aller.

La petite Twi’lek fit oui silencieusement du front.
Ils étaient parvenus à l’autre extrémité de cette haie humaine, devant l’amphithéâtre circulaire. Tibo leva sa main pour arrêter leur marche et fit entrer les Jedi par une porte donnant sur la piste avant de convier le reste du groupe à gravir un escalier extérieur menant à une tribune d’honneur recouverte d’un grand dais pourpre. Celle-ci était prolongée par des gradins qui ceinturaient l’édifice et dans lesquels la foule prit peu à peu place tout en continuant ses incantations.
Les quatre Jedi pénétrèrent dans l’arène, Kuli’Aven plus impressionnée que jamais. Dans l’esprit d’Isil, de mauvais souvenirs remontèrent à la surface. Elle se revit dans celle de Korka obligée d’affronter Kariss, la jeune femme brune native d’Adarlon, la planète natale d’Hiivsha.
Korka !
À son tour, elle frissonna malgré elle à la seule pensée des horreurs qu’elle avait vécues sur cette lune. En fermant les yeux, la Jedi se revit à genoux sur le sable de l’arène devant l’infâme professeur Xandor lorsque la tête ensanglantée de la jeune adarlonienne, tranchée par un soldat, avait roulé entre ses cuisses. Il lui fallut un effort pour chasser ces images de sa mémoire et Isil chercha pour y parvenir un souvenir palliatif moins sombre. Le visage d’Hiivsha s’imposa tout naturellement à son esprit. Elle inspira profondément et se laissa aller à sourire à de meilleures pensées.
— Isil, tu es avec nous ?

La voix de Maître Torve la ramena à la réalité et elle rouvrit les yeux.
La foule avait à présent complètement rempli les gradins et l’arène brillait de mille feux sous les torches chancelantes. La piste circulaire était en terre battue recouverte d’une fine couche de sable destinée sans doute à absorber le sang des combattants. Elle mesurait une soixantaine de mètres de diamètre et était déserte hormis l’énorme rocher qui trônait en son centre. Un bloc de granit de sept ou huit mètres de haut sur autant de large terminé à son sommet par un petit à-plat.
— À quoi sert cette roche ? se demanda Nulee’Na à haute voix.
— Peut-être décoratif, ou pour s’y réfugier ? avança timidement Kuli’Aven.
— À moins que l’amphithéâtre n’ait simplement été construit autour, objecta Isil. Je doute qu’on ait pu la placer là après sa construction.

La jeune femme se retourna vers l’enfant.
— Quoiqu’il advienne, reste derrière moi, et si les choses tournent mal, réfugie-toi en haut de cette roche, tu as compris ?

Kali’Aven hocha la tête.
— Compris, Isil.

Maître Torve étudia la lance que les gardes lui avait remise et en éprouva la solidité.
— Tout dépend ce que nous aurons à chasser avec, commenta-t-il simplement.
— Je ne suis pas certaine que ce soient nous les chasseurs dans ce lieu, objecta Nulee’Na d’une voix sombre.

En face d’eux, de l’autre côté de l’amphithéâtre, ils pouvaient distinguer une puissante grille fermant un antre noir.
— Qui sait quelle créature de cauchemar va débouler de là lorsque cette grille se relèvera ? hasarda Isil.
— Quelle que soit la chose qui en sortira, nous la pulvériseront à l’aide d’une vague de Force, décréta Nulee’Na en se plaçant d’autorité entre Shalo Torve et Isil. Il faut nous tenir prêts.

Progressivement, les chants s’estompèrent et le silence tomba sur les gradins. Puis un murmure s’éleva lorsque Jada, la Mère, arriva dans la tribune d’honneur pour prendre place dans un trône prévu à cet effet. La Rakata s’assit sans dire un mot puis Tibo fit un grand signe de la main et la lourde grille du fond commença à s’élever dans un grincement sinistre.
Du fond des ténèbres, un grondement rauque retentit puis le sol se mit à trembler. Une énorme masse grise fonça vers eux. Isil regarda avec incrédulité la chose : elle n’avait jamais rien vu de pareil. La bête était pour le moins imposante : probablement plus de trois mètres de hauteur pour le double de long. Son corps trapu, lourd et puissant, était recouvert d’épaisses écailles formant autour du monstre une carapace qui ne présageait rien de bon compte-tenu des lances dont ils étaient équipés. À l’arrière, une très longue et fine queue claquait vigoureusement comme un fouet. Sa tête était surprenante : elle disposait de deux paires de petits yeux noirs de chaque côté d’un crâne d’où émergeait deux puissantes cornes incurvées. Sa mâchoire supérieure avait une forme horizontale aplatie, large de deux bons mètres, comme la tête d’un marteau géant. De façon étonnante, sa gueule dissimulée par ce plateau osseux était réduite, car la mâchoire inférieure était toute petite, et garnie de courtes dents pointues.
— C’est donc ça un mauroch ? gémit Kuli’Aven derrière Isil.
— Tenez-vous prêts, ordonna Nulee’Na. Maintenant !

Les Jedi lancèrent une puissante vague de Force. Le monstre ne ralentit pas. Ses pattes paradoxalement souples, terminées par de puissantes griffes de félin, continuèrent à marteler le sol en soulevant rageusement le sable de l’arène.
— Je ne le sens pas dans la Force, s’exclama Isil.
— Recommençons ! s’écria Nulee’Na en étendant ses bras.
— Il faut s’écarter ! objecta Maître Torve.
— Non, cria de nouveau Nulee’Na avec entêtement, il faut recommencer ! Maintenant !

La nouvelle vague de Force resta sans effet et la bête arrivait à présent sur eux. La Twi’lek ne bougeait pas et s’obstina :
— Encore, nous allons y arriver !
— Inutile, s’exclama Torve. Isil a raison, la Force n’a pas d’effet sur lui !
— Non, nous devons le faire ! hurla Nulee’Na cependant qu’Isil projetait Kuli’Aven sur la droite avant de sauter à son tour imitée par le Maître Jedi qui bondit dans le sens opposé.

Celui-ci cria en même temps :
— Écartez-vous !

Nulee’Na lança une nouvelle vague de Force avec toute la puissance dont elle était capable puis sauta mais trop tard. Le marteau formé par la mâchoire du mauroch la cueillit au niveau de l’abdomen en lui coupant le souffle avec une violence inouïe qui la fit s’envoler dans les airs. Sous le choc, elle sentit son squelette craquer de partout puis battit des bras de façon désordonnée avant de s’écraser brutalement contre le mur de l’amphithéâtre. Sa tête heurta violemment la pierre et elle sombra dans un profond trou noir avant même que son corps ne retombe mollement au sol pareil à celui d’un patin désarticulé.
— Nulee’Na ! cria Isil en se relevant.

Tout autour de l’arène, la foule s’était levée dans une grande exclamation. Dans la tribune, Lillaia n’avait pu retenir un cri.
Le monstre avait continué sa course vers la Twi’lek en freinant des quatre pattes et s’acharnait à présent sur sa victime à l’aide de son puissant museau osseux, essayant de planter ses cornes dans sa chair.
Isil tourna la tête vers Kuli’Aven.
— Saute sur ce rocher, immédiatement, Kulia, c’est un ordre !

Le gamine ne se le fit pas dire deux fois et d’un bond dans la Force, s’éleva pour retomber au sommet de la proéminence. Il y eut une autre exclamation des spectateurs.
De son côté, Maître Torve s’était porté au secours de Nulee’Na en tentant désespérément d’attirer l’attention de la bête. N’y parvenant pas, il fit appel à la Force et lança sa lance comme un javelot. L’arme se ficha dans l’un des yeux du monstre qui se figea en poussant un puissant grognement de rage et de douleur.
— Allez, viens par ici ! cria le Jedi. Viens jouer avec moi !

Le mauroch s’ébroua pour se défaire de la lance. Du sang gicla de son œil crevé. Il se tourna vers son agresseur, oubliant sa proie sans vie contre le mur, et chargea de nouveau. Shalo Torve se mit à courir vers le fond de l’arène pour éloigner la bête de Nulee’Na et d’Isil. Celle-ci se précipita vers la Twi’lek en se jetant à genoux contre elle. Un rapide examen lui prouva que son état était critique. De nombreux os étaient brisés et elle soufrait d’un traumatisme crânien sévère. Du sang s’écoulait de ses narines ainsi que de la commissure des lèvres. Elle avait sombré dans le coma. C’était beaucoup trop grave pour qu’Isil, malgré ses talents de guérisseuse, puisse la sauver sur place. Il lui aurait fallu plusieurs jours de soins avec la Force pour arriver à réparer le corps meurtri. La seule solution était de l’évacuer en urgence sur le Defiance et de la plonger dans un caisson de bacta, si toutefois elle parvenait vivante à destination. Mais pour cela, il fallait se débarrasser du monstre.
De l’autre côté de l’arène, Maître Torve se livrait à une véritable démonstration d’acrobaties destinées à occuper la bête à défaut d’avoir trouvé le point faible de son impénétrable cuirasse. Profitant d’un répit offert par le mauroch, Kuli’Aven du haut de son perchoir lança son arme au Jedi. Mais même avec la lance, Torve ne parvenait pas à trouver de solution. Lorsque le fauve ne chargeait pas tel un taureau, le Jedi ne pouvait l’approcher à cause des puissantes pattes que l’animal agitait avec une surprenante dextérité pour son poids. Il fallait en outre à Shalo Torve bouger sans cesse, rouler sur le sol, sauter, pour éviter la redoutable queue qui fouettait sans cesse l’espace tout autour de la bête.
Isil arriva en courant armée de sa lance, de celle que le Jedi avait planté dans l’œil du mauroch et de celle de Nulee’Na. Dans un effort désespéré, elle projeta l’une d’elles sur le mauroch mais l’arme ne fit que rebondir sur son épaisse carapace.
— C’est inutile, cria Maître Torve. Il est blindé.

Au même moment, la queue de l’animal frappa Isil et s’enroula autour de sa taille à l’instar d’un fouet avant de glisser sur sa peau en imprimant une trainée sanguinolente tout autour de son abdomen. La Jedi perdit l’équilibre et roula dans le sable. Une nouvelle exclamation parcourut l’assistance. Argail se dressa comme mû par un ressort.
— Isil ! s’exclama-t-il.

La bête s’était à présent tournée vers la jeune femme en grondant sourdement. Maître Torve bondit dans les airs et atterrit à cheval sur son cou, provoquant chez l’animal une irrépressible ire. Le mauroch se mit à tourner sur lui-même pour se débarrasser de l’importun. Ce dernier essaya vainement de planter sa lance entre les écailles, mais l’arme se brisa sous l’effort. Avec une agilité déconcertante, l’animal effectua une série de sauts pour désarçonner son adversaire avant de se rouler par terre. Cette dernière manœuvre obligea Shalo Torve à sauter avant de se faire écraser par l’impressionnante masse.
Tandis que le monstre se relevait, Torve alla s’assurer qu’Isil allait bien.
— Pour la première fois de ma vie, je ne sais pas comment battre mon adversaire, avoua-t-il. Si seulement nous avions notre sabre laser…
— Comment cette chose peut-elle être insensible à la Force ? s’inquiéta Isil.
— Je n’en sais rien. Je ne peux que le constater. C’est une abomination qui ne devrait pas exister. Comment a-t-elle été créée ou par qui, c’est un mystère.

Comme le mauroch chargeait de nouveau, ils durent s’interrompre et effectuer un nouveau saut de Force de côté pour éviter l’impact.
— Peut-être qu’on va parvenir à le fatiguer ? cria Isil en se relevant.
— J’en doute, répondit de loin le Jedi. Il a l’air plus robuste que nous. Ça peut durer des heures. Comment va Nulee’Na ?

Isil secoua la tête et effectua un roulé-boulé pour éviter de nouveau le monstre et sa queue.
— C’est très grave, s’écria Isil en se remettant sur ses pieds. Elle ne pourra pas attendre des heures sans mourir d’ici là.

Elle regarda tout autour d’elle. Il n’y avait rien qui puisse servir de projectile à lancer sur la bête. L’affrontement était sans issue. Son regard s’attarda sur Kuli’Aven toute droite en haut de son refuge en train de se morfondre en observant, impuissante, le match disputé par les deux Jedi et l’animal. Le rocher pouvait les mettre hors d’atteinte de la bête, mais la laisser toute seule maître de l’arène comportait le risque qu’elle s’en prenne de nouveau au corps de Nulee’Na. Par ailleurs, Jada avait été claire au sujet du combat : le mauroch devait être terrassé s’ils voulaient accéder au temple de Shiro.
— Attention ! cria Maître Torve comme l’espace d’un instant, Isil s’était perdue dans ses pensées.

Il s’en fallu de peu qu’elle ne connaisse le sort de la Twi’lek. Un bond rapide lui sauva la vie et une corne de l’animal l’effleura en lui entaillant légèrement le bras droit. De nouveau le public s’exclama et ce fut Lillaia qui se leva d’un bond. Behla Barton s’était penchée par-dessus la balustrade qui surplombait l’arène pour observer Nulee’Na. Le docteur se retourna vers Jada.
— Mère, il faut évacuer notre amie. Elle ne bouge plus. Je pense que son état est critique. Nous devons la rapatrier sur notre vaisseau au plus vite.

Tibo le conseiller murmura quelque chose à la Rakata qui répondit :
— Les règles ont été énoncées. La bête doit mourir ou aucun des combattants ne sortira vivant de cet enclos.

La Zeltrone se mordit les lèvres et lança un regard mauvais au conseiller.
— Je ne vois pas ce que leur mort peut vous apporter, s’exclama-t-elle. À quoi rime tout cela ?
— C’est ainsi, répondit la Rakata impassible.

Dans l’arène, Isil avait à son tour sauté d’un bond puissant au sommet du rocher protecteur et se tenait à présent toute droite comme une statue, les bras levés vers le ciel.
— Qu’est-ce que fait Isil ? demanda Keraviss Sayyham intriguée.
— Je crois savoir ce qu’elle a dans la tête, marmonna Argail. C’est une folie. Elle ne pourra pas.
— Si tu penses la même chose que moi, répondit Lillaia, je suis d’accord avec toi… mais avec Isil, sait-on jamais.

Alors que Maître Torve tâchait de fatiguer vainement la bête au prix d’un numéro de voltige absolument incroyable, le sol et les murs de l’amphithéâtre se mirent subitement à trembler. Ce fut d’abord une petite secousse, comme un très léger tremblement de terre. Une exclamation parcourut la foule et les Rakatas se regardèrent les uns les autres avec une évidente perplexité. Même Jada et ses conseillers s’alarmèrent.
— Qu’est-ce qui se passe ? s’exclama Loodo.
— Quelque chose d’absolument extraordinaire, répondit Argail un sourire inquiet aux lèvres. Regardez Isil !

La jeune Jedi était toujours dressée au sommet de la roche mais une sorte d’aura lumineuse à présent l’entourait. Elle avait les yeux fermés, le visage levé vers les étoiles, ses bras étaient écartés à l’horizontale les paumes dirigées vers le ciel. Sous ses pieds, l’énorme rocher tremblait et la vibration s’étendait à toute la structure de l’arène. Le mauroch fit une pose et Shalo Torve se tourna vers la Jedi.
— Isil, non… tu ne pourras jamais…
*
* *

L’enfant leva la tête vers son Maître les yeux brillants. Ils marchaient tous les deux sous la voûte étoilée du ciel de Tython, dans les jardins derrière le temple, le long de la rivière qu’affectionnait particulièrement Beno Mahr. L’air était calme et tiède, parcouru par une légère brise rafraichissante et embaumée des effluves du parfum des fleurs de la nuit, une espèce rare et particulièrement odoriférante qui ne poussait que sur la planète et pour cause : c’était un vieil horticulteur Jedi de Tython qui les avait créées.
Beno Mahr huma la senteur enivrante et soupira :
— Je sens que tu as une nouvelle question à me poser.
— Oui, Maître.
— Eh bien, qu’attends-tu, pose-là donc au lieu d’hésiter !
— L’autre jour, vous m’avez fait faire léviter des pierres pour m’exercer à utiliser la Force.
— Oui, Isil. Ça fait partie de l’enseignement de base du Padawan. Normalement, dès quatre ans, les novices doivent pouvoir le faire… sur de petits objets. Toi tu en as douze et tu dois rattraper le temps perdu… même si quelque chose me dit que tu vas vite le rattraper.

La fillette sourit sous le compliment déguisé. Beno Mahr reprit :
— Mais ce n’était pas une question, ça. Cesse donc de tourner autour du pot et pose-là franchement.
— Je me demandais… y’a-t-il une limite à ce que la Force peut faire ?

Maître Mahr leva son visage vers le ciel et inspira profondément avant de répéter tout bas :
— Une limite… hum…

Il resta un instant silencieux à contempler le scintillement des astres innombrables. La Force était là, partout, dans toute la galaxie, sur toutes ces planètes, dans tout cet immense espace. Elle était certainement à l’origine de l’univers, toute puissante, omniprésente. Quelle limite pouvait-elle avoir ?
Le Jedi lissa ses cheveux de ses doigts et son regard redescendit vers celui de sa Padawan toujours levé vers lui.
— La Force n’en a pas et il n’y a peut-être aucune limite à ce que l’on peut faire avec Elle. La seule limite qu’un utilisateur de la Force rencontrera, ce sera… ça !

Il tapota son crâne avec son index.
— Que voulez-vous dire, Maître ? Je ne comprends pas.
— Je veux dire que la limite est en nous et non dans la Force. Nous ne pouvons faire que ce que nous croyons pouvoir faire. C’est là notre limite : notre confiance en la Force et en notre capacité à la mobiliser.
— Et si je crois que je peux tout faire avec ? insista Isil.

Beno Mahr écarta ses mains et soupira de nouveau :
— Eh bien, je suppose que tu pourras tout faire… en tout cas, des choses étonnantes, j’en suis convaincu.

Il frotta de la main la blonde tête de l’enfant avant de repartir d’un pas nonchalant. Isil le suivit en réarrangeant ses longs cheveux qui tombaient en cascade d’or sur ses épaules.
*
* *

Le tremblement de terre ne cessait pas. Sous les pieds d’Isil, l’énorme masse de la roche vibrait de plus en plus et imperceptiblement se soulevait. Le public se leva silencieusement devant un tel prodige. Même la Mère s’était mise debout, interloquée par ce qu’elle voyait.
L’aura qui entourait Isil scintillait dans la nuit. Les quelques quatre cents tonnes de pierre se trouvant sous ses pieds s’élevaient lentement dans la nuit, soulevant un léger nuage de poussière à leur base. Dans l’arène, même le mauroch était figé, ne sachant trop quoi penser de ce sable qui vibrait sous ses pattes. Centimètre après centimètre, la masse rocheuse quittait le sol laissant retomber une pluie de petits débris autour et en dessous d’elle. Elle dégageait à sa base un cratère peu profond de terre tassée. Les spectateurs retenaient à présent leur souffle devant l’extraordinaire phénomène. Le rocher tout entier lévitait à présent à deux mètres de hauteur et continuait à s’élever. À son sommet, Isil était ailleurs. Elle avait quitté ce monde pour intégrer pleinement la Force. Elle baignait dans une luminescence éblouissante dans laquelle elle voyait des silhouettes se mouvoir. Des Jedi morts depuis des siècles, des millénaires, l’entouraient et unissaient leur esprit au sien pour lui insuffler la force de vaincre la pesanteur. Une absolue sérénité l’habitait. À présent, elle ne ressentait plus rien, n’entendait plus rien, ne voyait rien d’autre que cette clarté douce et chaleureuse au centre de laquelle son Maître lui souriait.
— Tu peux le faire, souffla celui-ci en souriant.

Le rocher flottait à plus de cinq mètres de hauteur. Tout à côté d’Isil, la petite Kuli’Aven était à la fois émerveillée par le spectacle et pétrifiée d’être en son centre. Elle s’accroupit afin de conserver son équilibre regardant tout autour d’elle l’arène et les gradins qui descendaient à sa vue.
Dans la tribune, Argail murmura :
— C’est merveilleux !

Lillaia se tenait bouche bée les yeux rivés sur Isil. Plus personne dans le public ne respirait, de peur peut-être de rompre le charme qui s’était emparé de chacun. Un silence absolu, troublé seulement par le léger bruissement de la poussière se détachant de l’énorme bloc de pierre, régnait en maître sur l’amphithéâtre.
Shalo Torve reprit ses esprits. Au-delà du prodige que la jeune Jedi était en train d’accomplir, il lui fallait à présent concrétiser le pourquoi elle le faisait.
S’avançant près du museau du mauroch, il l’attaqua avec la lance. L’animal poussa un grognement sourd et leva la tête en ouvrant sa ridicule bouche.
— Allez, mon gros, attrape-moi si tu peux. Viens te battre ! lui lança le Jedi.

La bête s’ébroua une nouvelle fois et lança ses pattes en avant pour tenter de saisir la lance avec laquelle Maître Torve l’agaçait. Celui-ci se mit à reculer vers le centre de l’arène. Le mauroch hésita.
— Allez, affreuse chose, viens, viens !

Le fauve avança lentement en grognant furieusement, cherchant à attraper la pique qui s’agitait devant lui. Shalo Torve était à présent au centre du cercle, sous l’immense masse pierreuse et songea un instant qu’il risquait d’être écrasé comme une feuille de flimplast si Isil perdait le contrôle de cette étonnante lévitation.
Il continua de reculer lentement, en évitant soigneusement les coups de pattes de l’animal engagé à son tour sous le rocher. Soudain Maitre Torve cria :
— Maintenant, Isil !

Il rassembla la Force autour de lui et effectua un puissant bond en arrière alors même que l’énorme masse de roche retombait lourdement sur le sol dans un fracas de tonnerre.
Isil venait de couper le contact avec la Force.
On entendit un craquement affreux d’os broyés mais l’animal n’eut pas le temps de pousser un seul cri. Tout le cirque vibra sous l’impact et ses murs se fissurèrent à plusieurs endroits. Le public qui se tenait debout fut déséquilibré et certaines personnes s’effondrèrent sur d’autres. Behla Barton se cramponna à la balustrade tandis qu’Argail recevait Lillaia dans ses bras. Kuli’Aven accusa le coup, accroupie, les mains plaquée sur la roche. Isil était restée dans les airs et redescendit lentement sur le sommet du rocher comme une plume. L’aura autour d’elle disparut et elle rouvrit les yeux. Maître Torve se releva plein d’admiration pour l’élève de Beno Mahr. Il savait que la Force était imprévisible mais il n’avait jamais vu un Jedi faire léviter un objet aussi imposant. Encore moins une jeune Jedi qui, quelques semaines auparavant était encore Padawan.
Subitement une clameur monta du public et les Rakatas levèrent leurs bras en signe de victoire, acclamant la jeune femme à tout rompre. Dans l’arène, Kuli’Aven et Isil avaient sauté de leur perchoir et se précipitaient vers le corps inanimé de Nulee’Na, rejointes bientôt par Maître Torve.
— Elle est morte ? demanda l’enfant.
— Non, mais il faut l’évacuer au plus vite, haleta Isil. Je vais lui insuffler un peu de Force pour le voyage.

La jeune Jedi posa ses deux mains sur le torse meurtri de la Twi’lek et ferma les yeux, laissant la Force pénétrer dans son corps. Pendant ce temps, le reste du groupe de la CPM était descendu dans l’arène. Jada avait suivi, escortée de tous ses conseillers et de quelques gardes. Shalo Torve se redressa et se campa devant la Mère. Sa voix était dure :
— Vous avez eu ce que vous vouliez, Mère. À présent notre amie se meurt. Il faut nous permettre de faire atterrir un vaisseau léger pour l’évacuer.

La Rakata répondit :
— Vous avez affronté le mauroch de façon exemplaire, sans peur, avec le courage de grands guerriers et un sang-froid exceptionnel. Je vous autorise à faire le nécessaire pour l’évacuer par la voie des airs au plus vite.

Le Jedi s’inclina.
— Merci, Mère.

Aussitôt, il donna des ordres au capitaine Prak pour faire abattre un arbre afin de dégager l’espace nécessaire à l’atterrissage d’un des petits véhicules sanitaires transporté par la barge de débarquement. Behla Barton pratiqua des soins d’urgence pour éviter au cœur de la Twi’lek de flancher. Argail et Krig Landala ramenèrent une civière obligeamment prêtée par le conseiller Tibo. Shalo Torve se tourna vers la Zeltrone.
— Docteur, je veux que vous l’accompagniez jusqu’au Defiance.

Behla Barton acquiesça d’un signe.
— Bien entendu, Maître Torve. Je ferai l’impossible pour la garder en vie. Comptez sur moi.

Lorsque tout fut prêt, Isil se releva et souleva par la Force le corps de son amie afin de le déposer en douceur sur le brancard. La Twi’lek fut transportée immédiatement en dehors de la ville jusqu’au campement improvisé par Prak. Le temps d’y arriver, le véhicule sanitaire s’était posé et Nulee’Na fut immédiatement évacuée jusqu’à la barge puis vers le Defiance.


(à suivre... )


Chapitre 24 : Le temple de Shiro
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Modifié en dernier par Hiivsha le Dim 23 Aoû 2015 - 14:15, modifié 1 fois.
Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Dim 23 Aoû 2015 - 14:13   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Je viens de me rendre compte que le format A5 (14,8 x 21,0 cm) opté pour les Fan-Fictions sur SWU était plutôt grand par rapport au format livre de poche.
Dans un format POCKET de 11 x 17,5 cm dans lequel par exemple j'ai "Anges & Démons", mon tome 3 passe de 513 pages à 837 pages avec la même taille de caractères que chez POCKET !!! :transpire:
Ouch ! :paf:
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Chapitre 23 : L'arène




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24 - Le temple de Shiro


— C’est prodigieux ! s’exclama Kuli’Aven. Je ne savais pas qu’on pouvait faire pareil prodige avec la Force.

Ils étaient revenus dans le palais de Jada, et Lillaia s’était isolée avec Isil pour la soigner. L’enfant les avait suivies.
— Quelles sont ses limites ? insista la petite Twi’lek avec curiosité.

Isil sourit.
— Mon Maître me disait que notre seule limitation était notre confiance en nous… dans notre esprit.
— Ah ? J’espère un jour faire la même chose que vous.
— Ça va, je ne te fais pas trop mal ?

Isil regarda Lillaia et déclara d’un air amusé :
— Tu sais bien qu’un Jedi n’a jamais mal.

Puis en repensant à Nulee’Na, elle ajouta sur un ton redevenu grave :
— Plus sérieusement, j’espère que notre amie va s’en tirer. Si seulement je pouvais être à ses côtés pour lui prodiguer des soins…
— Ne t’inquiète pas, le docteur Barton va très bien s’occuper d’elle. Un séjour en cuve de bacta fera des miracles. L’essentiel c’est qu’elle arrive vivante sur le Defiance.

La militaire badigeonnait de bacta la trace rougeâtre qui entourait la taille de la Jedi. Celle-ci grommela :
— Cette armure est peut-être très jolie, mais Naala aurait pu adopter une armure plus couvrante.
— C’est vraiment une armure de femme Twi’lek, se gaussa Lillaia en riant. Elles ont l’habitude d’en porter de très… seyantes. C’est dans leurs gènes... Qu’est-ce que tu veux, on ne peut pas tout avoir : montrer son joli nombril et avoir le ventre à l’abri.
— Mouais, laissa échapper Isil avec une moue. J’admets que ma tunique n’aurait pas beaucoup plus résisté à pareille agression.
— C’est quand même fort ! Vous les Jedi, vous êtes des combattants et vous allez vous battre avec un morceau de tissu sur le dos, tout ça parce que « ça fait Jedi » !

Kuli’Aven ne put s’empêcher de rire dans ses mains. Lillaia se releva un rien moqueuse et observa la taille de son amie.
— Le bacta fait son effet, dans une heure, il n’y paraîtra plus.
— Tu es une véritable infirmière, répondit Isil. Pour ce qui est de notre tenue vestimentaire, je te ferai remarquer qu’un certain nombre de Jedi utilisent une armure sur le champ de bataille, comme les militaires.
— C’est vrai, admit Lillaia. J’en ai vu pas mal avec des protections composites souples et légères. Pourquoi les autres comme toi n’en mettent pas ?

Isil pinça les lèvres.
— Je l’ignore, la tradition sans doute. Mon Maître m’a toujours fait habiller en tunique et bure et j’en ai conservé l’habitude.
— Jusqu’à aujourd’hui, précisa la commando en observant Isil réajuster la jupe noire autour de sa taille. S’il te voyait ainsi vêtue, il serait surpris.
— En tout cas, ça lui va bien, se permit l’enfant. Je trouve Isil très jolie comme ça !
— Merci Kulia, tu es très gentille. Quant à mon Maître… il me voit… depuis la Force, affirma la Jedi en assujettissant la cape à ses épaules. J’ai eu une vision de lui pendant le combat et je l’ai entendu me parler.
— Ça t’arrive souvent ?
— Parfois… quand j’ai besoin de lui.
— Ah bon ? Étonnant en vérité. Non pas que je ne te crois pas… mais pour le commun des mortels ce sont des choses qui nous dépassent.
— Je sais… la Force reste un profond mystère… même pour les Jedi, conclut Isil alors qu’Argail entrait dans la pièce.
— Si vous voulez bien vous joindre à nous, mesdemoiselles, proposa-t-il. On vous attend à côté.

Maître Torve avait lui aussi pansé ses blessures que la Force n’allait pas tarder à guérir complètement. Jada était présente avec tous ses conseillers. Elle se tourna vers Isil.
— Le Conseil te félicite pour la façon dont tu as remporté la victoire, enfant aux cheveux d’or et a décidé de t’accorder le titre insigne de « Rakathra’Thor », c'est-à-dire « grand guerrier rakata ».

La jeune Jedi posa la main droite sur le cœur en s’inclinant.
— J’en suis très honorée, Mère.
— Puis-je te demander une faveur, Rakathra’Thor.
— Bien sûr, Mère, ce que vous voudrez.
— Je voudrais conserver un souvenir de toi… une partie de toi.

Isil s’étonna :
— Une partie de moi ? Que voulez-vous dire ?

Jada sourit, amusée par l’ambiguïté de ses propres propos. Elle étendit sa longue main et souleva la blonde chevelure.
— Une mèche de tes cheveux d’or suffira amplement, précisa-t-elle.
— Ah, dit Isil soulagée. Une mèche de… bien entendu, Mère. Je serai ravie de vous être agréable.

La Rakata frappa des mains et une servante s’avança, tenant dans ses mains un coussin rouge sur lequel étaient posés une paire de ciseaux en or et un coffret surchargé de pierres précieuses. Jada prit les ciseaux et souleva délicatement une longue mèche dans l’épaisseur de la chevelure d’Isil.
— Celle-ci ne te manquera pas et sa perte ne sera pas visible, dit-elle en sectionnant la touffe avant de la placer délicatement dans le coffret. Merci, enfant Jedi.
— Avec plaisir, Mère, répondit diplomatiquement Isil en s’inclinant de nouveau du buste.

Jada se tourna ensuite vers Maître Torve.
— Je sens brûler en vous l’impatience d’entrer dans le temple de Shiro. Votre vœu va être exhaussé pour peu que vous parveniez à franchir la barrière de Force du dôme qui l’entoure.
— Nous espérons pouvoir le faire, Mère, sinon nous ne serions pas ici.
— Dans ce cas, suivez-nous.

La nuit était profonde, la foule toujours aussi nombreuse. Mais la haie de flambeaux s’était à présent déplacée. Elle ne reliait plus le palais à l’arène mais à une porte percée dans l’enceinte secondaire érigée au coeur même du village. Arrivés devant, Jada s’adressa de nouveau au Jedi en montrant le coffre dans lequel leurs armes étaient enfermées.
— Vous pouvez reprendre vos sabres laser, expliqua-t-elle. Qui sait quels dangers vous guettent à l’intérieur ?

Shalo Torve s’exécuta en remerciant, imité par Isil et Kuli’Aven. Les portes s’ouvrirent en grinçant.
L’espace à l‘intérieur des murs était étonnamment peu vaste. On aurait dit une friche sous la frondaison. La végétation au sol était pauvre et rare. Au centre de cet espace clos, était érigée une pyramide, pas très haute, entourée de piliers reliés entre eux par le sommet. Autour du sépulcre et à l’intérieur du périmètre de la colonnade, flottait une sorte d’aura bleutée. Kuli’Aven grimaça, déçue.
— C’est ça le temple de Shiro ?
— Tu espérais peut-être quelque chose de plus grand ? demanda la Rakata à l’enfant.

Celle-ci hocha la tête avec ingénuité.
— Oui, Mère.
— Je comprends ta déception. Mais sache te garder de juger les choses sur leurs apparences car celles-ci peuvent souvent se révéler trompeuses. Ce que tu vois ici, enfant, n’est que le sommet du temple.

Les yeux de Kuli’Aven s’arrondirent.
— Vous voulez dire qu’il est… sous la terre ?
— C’est cela, répondit la Mère. Ceci n’est que son entrée. Le temple de Shiro est partout sous nos pieds.

La petite Twi’lek fit un pas de côté et regarda machinalement le sol tout autour d’elle.
— Incroyable ! s’exclama-t-elle à voix basse.

La Rakata continua en se tournant vers les trois Jedi.
— Nous ne saurions aller plus loin. Le roi Shiro savait ce qu’il faisait en protégeant son tombeau d’une barrière de Force lumineuse. Les Rakatas de son époque utilisaient ce que vous, Jedi, nommez le Côté Obscur de la Force. Il les privait ainsi de l’accès à sa dernière demeure. Seules des personnes au cœur pur et ayant la Force pour alliée peuvent y pénétrer.

On entendit un grognement. C’était Dal-Karven qui marmonnait tout bas quelque chose d’incompréhensible.
— Je comprends que cela puisse vous irriter, convint Isil avec un brin de moquerie dans la voix. Mais vous pouvez toujours essayer… peut-être la barrière vous désintégrera-t-elle ?

Le Zabrak fusilla la jeune femme de ses yeux injectés de sang. Celle-ci sentit également peser sur elle un regard de reproche de la part du Maître Jedi et baissa les yeux.
— Pardonnez-moi, Seigneur Dal-Karven, reprit-elle. Je ne voulais pas vous offenser… ce n’était qu’une petite plaisanterie.

Le Zabrak émit ce qui devait être pour lui une sorte de rire.
— Rancune féminine, jeune fille ? Vous êtes un Jedi, ne l’oubliez pas, railla-t-il. Proscrivez donc vos ressentiments.

Isil se mordit les lèvres pour résister à la tentation de lui répondre. Maître Torve intervint.
— Trêve de bavardages, il nous faut y aller.

Jada avait suivi l’échange entre la jeune femme et le Sith et assimilé les sous-entendus. S’étant rapprochée d’Isil, elle lui murmura à l’oreille :
— Tu auras ta revanche un jour, Rakathra’Thor. Sois patiente !

Puis en s’écartant :
— Comment disent les Jedi déjà ? Ah oui, que la Force soit avec vous !

Shalo Torve remercia d’un bref mouvement du front et s’éloigna en direction de la pyramide. Isil et Kuli’Aven lui emboîtèrent le pas.
Le sépulcre du roi Shiro dépassait le sol d’à peine plus de cinq ou six mètres. À la base du monument, se tenait une étroite porte encastrée profondément dans la pierre. Parvenu entre deux colonnes, le Jedi s’arrêta. Il devinait tout près la barrière de Force en dôme autour de la pyramide. Isil le rattrapa.
— Voulez-vous que je passe la première, Maître ? proposa-t-elle.
— Je suppose que cela ne changera rien pour nous. Je suis certain que tu vas passer la protection ainsi que Kuli’Aven. Quant à moi, j’en suis moins sûr. Il y a plus d’obscurité en moi qu’en vous… plus de morts…
— J’ai aussi ma part d’ombre, affirma Isil en traversant l’aura bleuté sans encombre.
— Ça fait quoi ? demanda la Padawan avec une once d’inquiétude.
— Rien du tout, Kulia. Viens me rejoindre.

L’enfant obéit et se retrouva vite aux côtés de la Jedi. Isil regarda Maître Torve en silence.
— J’arrive, lâcha simplement ce dernier après une nouvelle mais brève hésitation.

Deux secondes plus tard, ils se trouvaient tous les trois à l’intérieur du dôme protecteur.
— Jusque-là, tout va bien, conclut Isil avec un sourire de biais.
— Comment ouvre-t-on la porte ? demanda la petite Twi’lek. Il n’y a aucune poignée, aucune serrure… et pas de boitier codé non plus.
— Je suppose qu’il faut l’aide de la Force pour cela, avança Isil en joignant ses mains.

Elle ferma les yeux et s’inclina. Tout doucement, la porte pivota sur d’invisibles gonds. Une étrange lueur bleutée, presque spectrale, hantait les lieux et dissipait les ténèbres.
— Il doit y avoir un puissant générateur de Force au centre de cette construction, supposa Maître Torve.
— Au moins, nous n’avancerons pas à la lueur de nos torches, conclut Isil toute pragmatique. Tant mieux.

Devant eux, des marches descendaient dans un tunnel en forme de triangle tronqué par le haut. Il était creusé dans la pierre mais à intervalle réguliers, d’étroits panneaux de métal semblables à du duracier, en renforçaient la paroi. Ils étaient séparés en leur milieu par une ligne d’où émanait la lumière. L’escalier tournait à angle droit à intervalles réguliers, les empêchant d’en apercevoir le bas.
— Descendons, proposa Torve.

En silence, ils s’enfoncèrent dans le tombeau. L’escalier était long et plutôt raide. Enfin, au bout d’un ultime virage, ils débouchèrent dans une salle hexagonale, au plafond haut et en pointe vers le centre. Les angles du mur étaient ornés d’imposantes statues représentant des Rakatas les mains jointes. Au milieu de cet espace trônait un gisant de pierre posé sur une dalle de même forme que la crypte.
— Ce doit être le tombeau du roi Shiro, marmonna Maître Torve en s’approchant. Je m’attendais à plus de fioritures pas à une salle déserte.
— Les siècles passant, elle a peut-être été dépouillée de tout ce qui avait de l’intérêt, objecta Kuli’Aven.
— Hum… à condition que d’autres que nous aient pu s’y risquer depuis tout ce temps. Et puis, je vois mal des utilisateurs de la Force venir ici et se livrer à un sac en règle… sans considérer la présence des Rakatas au dehors.
— En tout cas, observa Isil, il n’y a aucune machine.
— Dans ce cas, pourquoi ce bouclier de Force à l’extérieur s’il n’y a rien de plus ?

La jeune femme regarda le Jedi sans répondre. Il avait raison. Cela n’avait aucun sens. Ses doigts se promenaient sur l’effigie sculptée du sarcophage.
— Peut-être existe-t-il un mécanisme permettant d’ouvrir une entrée secrète ?

La Padawan s’était mise elle aussi à fureter avec curiosité. Maître Torve examina minutieusement les statues du caveau avant de revenir au centre.
— Il n’y a rien sur ces sculptures. Isil, peut-être un mécanisme déclenché par la Force, comme la porte d’entrée de la pyramide ?
— Peut-être, Maître, acquiesça la Jedi en joignant de nouveau ses doigts avant de se plonger dans une méditation profonde.

Soudain, le sol se mit à trembler sous leurs pieds et la dalle centrale s’enfonça lentement dans le sol.
— Un ascenseur ! s’exclama Maître Torve avec un brin d’admiration pour le pouvoir de la jeune Jedi. Décidément, Isil, tu as une affinité avec la Force qui ne cesse de m’étonner. Viens, Padawan, saute !

Kuli’Aven bondit pour les rejoindre. Le gisant et les trois personnes disparurent de la crypte, laissant la place à un profond trou noir. La descente fut lente et dura plusieurs minutes.
— On descend beaucoup, observa la petite Twi’lek avec une once d’anxiété.
— Tenons-nous prêts à toute éventualité, prévint Maître Torve en tapotant le sabre à sa ceinture.

Une brève secousse leur annonça la fin du voyage dans les entrailles de la planète. Devant eux s’étirait un couloir en pente descendante de même forme que le tunnel précédent. On entendait un ronronnement doux et continu provenant peut-être de générateurs ou de quelques autres machineries. Ils avancèrent lentement, sur leurs gardes. Régulièrement, de part et d’autre du couloir s’ouvraient des niches abritant une statue devant laquelle était posée une vasque de pierre, sans doute destinée à recevoir des offrandes.
Isil s’attendait à tout moment au déclenchement d’un piège dans la plus pure tradition des holofilms d’aventures dont il lui avait été donné de voir des extraits à bord du Defiance, lors des séances de projection pour l’équipage. Mais rien ne se passa. Pas de piques sortant des murs, pas de boule métallique roulant pour les écraser, ni langues de flammes sortant du sol et du plafond pour les faire griller. Rien. Rien qu’un silence oppressant rompu par le murmure de cette machinerie.
Ils arrivèrent bientôt au bout du couloir et débouchèrent dans une immense salle traversée par une passerelle à la moitié de sa hauteur. En contrebas, ils purent observer nombre de puits d’où s’échappaient des fumeroles. À côté de chaque puits se trouvait une grosse machine étrange dont la forme évoquait plus ou moins celle de la Forge stellaire, telle que représentée par les holomanuels d’histoire.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Kuli’Aven en se penchant par-dessus le parapet de la passerelle.
— Je ne sais pas, admit Isil perplexe. Peut-être des générateurs ?

Comme elle se retournait à son tour vers Maître Torve, ce dernier concéda lui aussi son ignorance d’un mouvement des mains.
— Cela pourrait effectivement être une vieille technologie rakata, datant du temps de l’Empire Infini, hasarda-t-il l’air peu convaincu. Il est admirable que ces machines soient encore en état de fonctionner. Leur énergie provient peut-être de la couche magmatique de la planète ?
— J’ai vu un peu la même chose sur Édéna, laissa échapper Isil.

Sans plus se perdre en conjectures, ils continuèrent leur route jusqu’à l’autre bout de la passerelle pour retrouver un long couloir haut et large, aux murs décorés de fresques sculptées mettant en scène le peuple rakata tout au long des siècles.
— Ce condensé d’histoire est impressionnant, murmura Shalo Torve dont le pas s’était ralenti pour détailler les bas-reliefs. Voici qui ferait la joie des Maîtres historiens de Tython.

Lorsqu’ils parvinrent au bout de la galerie, ils comprirent que leur périple souterrain touchait à sa fin. La partie du temple dans laquelle ils arrivaient était impressionnante de grandeur. Les murs étaient ornés de hautes statues dominant des vasques d’offrandes. De petits autels finement sculptés se dressaient dans des renfoncements. Des piliers colossaux soutenaient une voûte dominant les visiteurs de plus de cinquante mètres. Ils étaient répartis en cercle autour d’une machine. C’était un assemblage complexe ne ressemblant à rien de connu, doté en son centre de trois pylônes métalliques à plusieurs branches érigés vers le dôme de la salle. Tout autour, à sa base, des éléments reliés par de nombreux tuyaux couleur de bronzium formaient un entrelacement énigmatique. Entre les pylônes, une plateforme hexagonale supportait une parabole hexagonale surmontée d’une étrange sphère creusée de plusieurs cavités.
Les trois Jedi s’approchèrent et étudièrent l’ensemble avec curiosité.
— Il ne manque plus que le mode d’emploi, se plaignit Kuli’Aven.
— La Force nous guidera, affirma Isil avec une évidente conviction.

La Jedi examina longuement la machinerie et monta en son centre par une petite échelle menant à la plateforme où elle détailla minutieusement ce qui apparaissait comme le cœur de l’appareil.
— Vu le nombre et la forme de ces cavités, les artéfacts doivent y prendre place, constata-t-elle pensivement. Évidemment, il nous manque l’artéfact de longévité du roi Ghar qui serait, semble-t-il, sphérique alors que les nôtres ont une forme de croissant de lune. Je suppose qu’ils sont censés s’emboiter autour du premier pour former une sphère plus grosse représentant l’artéfact de puissance.

Intéressé par les propos d’Isil, Maître Torve s’était approché pour étudier la question à son tour. Il remarqua :
— Mais nous sommes ici pour détruire ceux déjà en notre possession… pas pour les assembler en quelque chose d’encore plus nuisible.

Isil approuva.
— Oui, Maître. On peut supposer que si les artéfacts sont incomplets au moment de la transformation, ils seront détruits. C’est en tout cas mon intuition dans la Force.

Shalo Torve prit une profonde inspiration.
— Dans ce cas, qu’attendons-nous ? Installe les artéfacts dans leur emplacement et active cette machine au plus vite. Je sens une perturbation dans la Force et j’ai une très mauvaise intuition.

Isil se redressa en posant à terre le sac contenant les trois coffrets.
— Moi aussi, Maître, je l’ai ressentie. Un danger… quelque chose qui ne devrait pas être ici… pas dans un temple protégé par une barrière de Force lumineuse. Une chose de laquelle émane une puissante obscurité…

Un grand rire résonna soudain à travers la vaste salle. Les trois Jedi cherchèrent du regard vers la pénombre régnant derrière les piliers centraux. Une voix s’éleva, grave, rauque, désagréable.
— Une Force obscure, n’est-ce pas ? Lorsque les Jedi ont dit cela, ils semblent avoir tout dit !

Maître Torve descendit de la plateforme et se dirigea en direction de la voix la main posée sur la garde de son sabre laser. Isil et Kuli’Aven le suivirent.
Le fond de la salle au-delà des colonnes formait une abside polygonale sur laquelle s’ouvraient plusieurs absidioles plongées dans le noir. Sur le seuil de l’une d’entre elles, ils aperçurent une haute silhouette sombre dont ils ne purent distinguer grand-chose sinon l’éclat de deux yeux jaunes qui luisaient comme des flammes.
La voix reprit, forte et sarcastique.
— Je vous remercie d’avoir ramené mes artéfacts, Jedi !

Le ton maîtrisé de Shalo Torve parvint à dissimuler son étonnement lorsqu’il s’exclama :
— Dark Remus !

Seule la petite voix de l’enfant Twi’lek lâcha un « oh » de surprise. Isil resta muette à deux pas derrière son aîné.
— Belle perspicacité, railla le Sith en effectuant un pas en avant pour sortir de l’ombre.

Il était vêtu tout de noir, sa tête de Zabrak encapuchonnée dans une longue et ample cape jetée sur son armure de nuit. Il fit craquer bruyamment les articulations de ses mains gantées en découvrant ses dents jaunes et pointues dans un rictus de satisfaction. Instinctivement, Kuli’Aven se rangea derrière Isil, se penchant juste assez pour apercevoir l’imposant Sith dont la taille dépassait celle de Maître Torve — pourtant grand — d’une bonne tête.
— Laissez-moi deviner, continua Remus de sa voix de basse rocailleuse. Aurais-je l’honneur de me trouver en face de Maître Shalo Torve, représentant de l’Ordre Jedi sur le Defiance et bras droit de l’amiral Valin Narcassan ?

Le Jedi ne broncha pas lorsqu’il acquiesça.
— Vous avez bien assimilé les informations impériales, je vois.
— Il faut connaître son ennemi… surtout quand il vous a volé votre bien.

Le Sith ricana de façon désagréable.
— Vous parlez du Defiance ? interrogea Torve qui connaissait déjà la réponse.
— Je parle du Terreur Noire que la République a volé à l’Empire, oui.
Defiance, je trouve que ça sonne mieux, ironisa le Jedi un rien provocateur.

Dark Remus grogna sa désapprobation sans répondre. Puis, lentement, son regard quitta celui de Maître Torve pour se poser sur Isil qu’il contempla longuement en silence.
— Vous…

Il hésita et huma l’air frais et humide du temple. Ses yeux brillèrent plus fort.
— Vous devez être la jeune Jedi dont l’esprit m’a repoussé lorsque je suivais le Defiance dans la Force à travers la nébuleuse l’autre jour.
— Je n’étais pas seule, objecta prudemment Isil.
— Mais c’est vous qui avez brouillé ma vision… je reconnais votre aura. Je m’avoue surpris d’avoir été supplanté par un apprenti Jedi… une femme qui plus est.
— Ce sont des préjugés d’un autre âge, lâcha Isil tout en s’efforçant de ne pas être impressionnée par la puissance qui émanait du Sith.

Dark Remus se mit de nouveau à rire tout doucement.
— Une femme si jeune… si belle, avec de l’esprit… qu’en penses-tu Suri ?

De l’ombre derrière le Sith se détacha une nouvelle silhouette, plus petite, moins massive mais tout aussi noire d’apparence. C’était une jeune Zabrak au teint clair, légèrement jaune qui persiffla :
— J’en pense que lorsque je lui aurai arraché la langue, son esprit ne lui servira plus à rien.
— Bien, souffla le Sith. Voyez, vous êtes déjà amies. Je vous présente Suri Magdiik, mon apprentie… depuis plus de trois cents ans.
— Puisque nous en sommes aux présentations, autant les achever : je suis le chevalier Isil Valdara.
— Un chevalier, hein ? J’aurais donc fait erreur… est-ce l’enfant cachée dans les plis de votre jupe, la Padawan de Maître Torve ?

Vexée, la petite Twil’lek fit un pas de côté et croisa les bras avant de protester.
— D’abord, je ne me cache pas… et ensuite, je m’appelle Kuli’Aven. Et je n’ai pas de Maître pour l’instant… mais ça devrait venir, ajouta-t-elle d’une voix plus faible, cédant à l’intimidation au milieu de ces puissants adultes.

Suri regarda l’enfant et tendit vers elle un poing qu’elle serra et fit tourner en une menace explicite. La Padawan avala sa salive mais ne réagit pas. Le Sith jeta un bref coup d’œil vers son apprentie :
— Ne joue pas avec les enfants, Suri, tu en as passé l’âge. Je pense qu’Isil est plus à même de mettre à l’épreuve tes compétences tricentenaires.

Maître Torve intervint :
— Comment est-il possible que vous ayez un tel âge ?

Remus rit à demi. Il paraissait s’amuser de la situation et peu pressé d’engager l’inévitable combat.
— Ah oui ! D’abord les questions puis les réponses… et ensuite seulement l’affrontement… D’accord, je veux bien me prêter au jeu. Mais à quoi servent les réponses lorsqu’on va mourir ?
— Permettez-moi d’en juger, répondit tranquillement le Jedi.
— Soit. Seul l’artéfact de longévité nous a conservés en vie à bord du Ragnarok. Et ce, durant trois longs siècles.
— C’est long, railla Isil. Vous ne vous êtes pas trop ennuyés à bord ?

Suri la foudroya du regard. Dark Remus étira ses lèvres dans un sourire grimaçant.
— Nous sommes restés en dehors de la galaxie durant tout ce temps… dans une sorte de transe hors du temps. Cela ne nous a paru qu’un bref instant… jeune fille. Mais votre artéfact a brisé cet état et nous sommes revenus.
— Une sorte de saut dans le temps ? remarqua Shalo Torve.
— Oui et non. Oui en apparence, et non car nous avons réellement trois cents ans, répondit le Sith. Une équipe de damnés qui ne peut quitter le bord de son vaisseau sans être rattrapé par ces années volées à la vie.
— Que voulez-vous dire ?
— Que lorsque nous ne sommes plus sur le Ragnarok, notre vieillissement s’accélère pour nous rattraper. L’amiral Nembro en a fait la douloureuse expérience en se rendant sur Dromund Kaas. Il a vieilli de dix ans en quelques dizaines d’heures. Vous comprendrez donc que je ne souhaite pas trop prolonger cet entretien.

Maître Torve leva un sourcil.
— Curieux et intéressant à la fois. Condamnés à errer sans fin à bord de votre croiseur… difficile pour vous dans ce cas de conquérir l’univers.

Le Sith se raidit et serra les poings en les brandissant devant lui.
— Cette malédiction sera levée lorsque j’aurais reconstitué l’artéfact de Puissance. L’holocron de Shiro est clair à ce sujet : puissance et immortalité nous attendent !

Puis subitement, il rit de nouveau en expliquant, bon enfant :
— Cet holocron s’est révélé être une mine de renseignements. J’ai ainsi découvert la galerie secrète qui passe sous le temple, évitant de ce fait la barrière de Force extérieure ainsi que les autochtones. Beaucoup de mes congénères pensent que l’étude des holocrons est une chose superflue. Ils se trompent. Les plus grands secrets y sont dissimulés et puissant peut devenir quiconque sait les ouvrir et les lire.
— Je vous l’accorde, admit le Jedi en s’inclinant légèrement. J’en déduis de tout cela que vous avez l’artéfact du roi Ghar avec vous ?
— C’est exact, Maître Torve. Et comme vous avez eu l’amabilité d’apporter les trois autres, il ne me reste plus qu’à les insérer dans la machine pour les assembler de nouveau.
— Nous avons donc été si prévisibles que cela ? conclut Shalo Torve un rien dépité.

Dark Remus ricana :
— Plus que prévisibles, Jedi… transparents !

(à suivre... )


Chapitre 25 : Vers la Force
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Modifié en dernier par Hiivsha le Sam 29 Aoû 2015 - 14:11, modifié 1 fois.
Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Sam 29 Aoû 2015 - 14:11   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 24 : Le temple de Shiro




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25 - Vers la Force


Un silence s’ensuivit, lourd de pensées, chacun jaugeant son adversaire. Si le rapport de force pouvait apparaître en faveur des Jedi, Maître Torve sentait que le Sith était plus puissant qu’eux. Quant à la Padawan twi’lek, à onze ans, elle ne pesait pas grand chose face à la puissance du Côté Obscur.
Isil lut dans les pensées de Torve et ordonna à l’enfant :
— Kulia, retourne garder les artéfacts et n’interviens en aucune façon, tu m’entends ?
— Mais… commença la Twi’lek vite interrompue par le regard impérieux de la Jedi.

Celle-ci insista sèchement :
— C’est important. Obéis ! Quoi qu’il se passe, n’interviens pas !

Kuli’Aven baissa la tête et murmura en reculant :
— Oui, Isil. Je vais garder les artéfacts.
— Tu as raison, Isil, minauda Suri en imitant la voix enfantine. Sinon la méchante Sith va me découper en rondelles.

Tout en crachant son venin, la Zabrak s’était écartée des deux hommes de plusieurs mètres entraînant Isil avec elle. Visiblement, elle souhaitait son propre duel avec son adversaire féminin. Dark Remus les laissa s’éloigner sans commentaire. Seul un petit rire sardonique s’échappa de sa gorge.
Sans se presser, le Sith dégagea le manche de son sabre de la ceinture. Le blanc de ses yeux jaunis était injecté de sang et parcouru de nombreux vaisseaux écarlates. Il rejeta en arrière la capuche qui masquait une grande partie de son visage et laissa apparaître son crâne cornu surchargé de tatouages.
Il ressemble à Dal-Karven, songea Maître Torve.
De chaque côté de la poignée, une lame rouge s’éleva en grésillant. Habillement, il la fit tournoyer autour de son corps avec une dextérité qui en disait long sur ses aptitudes à manier un sabre laser à double lame. Inventée par le Seigneur Noir Exar Kun quelques siècles auparavant, il n’y avait pratiquement que des Sith pour utiliser une telle arme et encore étaient-ils peu nombreux compte-tenu de la difficulté à la maîtriser parfaitement. Ceux qui y parvenaient étaient la plupart du temps de redoutables combattants. Seuls, quelques Jedi — ainsi notamment Bastila Shan ou Maître Zez-Kai Ell — s’y étaient essayés avec néanmoins un succès remarquable. Les attaques de taille étaient en particulier délicates à mener lorsque la seconde lame se trouvait près du corps du bretteur. Celui-ci devait compenser cette impossibilité en tournoyant sur lui-même accentuant ainsi l’aspect ballet acrobatique revêtu généralement par les combats au sabre laser. De ce fait, le combat contre un utilisateur de sabre double était bien plus rapide et plus délicat pour celui qui n’avait qu’une seule lame.
Simultanément, Suri et Isil avaient toutes deux dégainé leur arme et la lame verte avait répondu à celle écarlate de la Sith. Les deux jeunes femmes entamèrent leur duel dans une série d’échanges de coups très académiques, destinés à l’évidence à évaluer l’adversaire. Un peu plus loin, la lame bleue du sabre laser de Maître Torve venait à son tour de jeter son éclat électrique sur les lieux. Remus décrivit lentement un cercle autour du Jedi en l’observant tel un fauve jouant avec sa proie. Très calme, le Jedi se contenta de lui faire face en posture de défense, surveillant du coin de l’œil l’ouverture des hostilités entre Isil et Suri.
La Sith rompit le premier engagement en ricanant :
— Tu te bats comme une mauviette ! Vous êtes donc si pauvrement formés dans ton misérable temple ?

Isil ne répondit rien. Maître Beno avait toujours insisté sur l’art de la concentration dans les combats et honnissait le verbiage inutile destiné à distraire l’ennemi. La jeune Sith se retourna et courut vers le mur tout proche, monta dessus de deux bons mètres avant de se propulser vers la Jedi en fouettant l’air de son arme. Isil esquiva d’un mouvement souple du corps. Suri atterrit sur ses jambes fléchies, une main au sol, puis se rua de nouveau sur son adversaire. Les lames s’entremêlèrent vivement accompagnées du bruit caractéristique de l’air ionisé par les lasers. Comme l’assaut s’avérait vain, Suri étendit sa main et projeta une vague de Force. Renversée, la Jedi glissa sur plusieurs mètres mais se releva aussitôt à l’issue d’un acrobatique salto arrière, juste à temps pour recevoir l’attaque de la Sith violemment propulsée sur son ennemie par un saut de Force. Isil bloqua la lame écarlate à quelques centimètres de son visage, l’écarta, produisit un vif moulinet avec son sabre, et reprit l’initiative de la série suivante d’attaques.
Après un round d’observation, Dark Remus s’était, de son côté, décidé à monter à l’assaut d’un Jedi attentif et d’une sérénité à toute épreuve. Shalo Torve connaissait bien le combat au sabre à double lame. Non seulement, il s’y était initié car, comme le disaient les instructeurs, pour bien combattre son adversaire il faut connaître l’arme avec laquelle il se bat, mais il avait eu à plusieurs reprises l’occasion d’affronter un adversaire muni d’une telle arme, et notamment lors de la mémorable bataille de Bothawui. Il savait donc compenser la puissance de l’une par la rapidité et la flexibilité de l’autre.
Il y avait plusieurs sortes de combattants au sabre laser : les uns faisaient preuve de la plus grande sobriété de mouvements, privilégiant la précision du geste à la puissance et économisant leurs forces en vue d’un combat long et acharné ; les autres recherchaient une issue rapide en se livrant souvent à une série d’acrobaties sensées perturber et surprendre l’ennemi, tout en démultipliant la puissance des coups portés. Bien entendu, durant ces phases de combat qu’on pouvait qualifier de classiques, souvent longues et incertaines, il s’avérait nécessaire d’avoir recours aux pouvoirs de la Force pour tenter de prendre un ascendant définitif sur l’adversaire.
Maître Torve avait parfaitement maîtrisé l’assaut du Sith dont la double lame décrivait dans l’air de vifs et larges cercles rougeoyants. Les deux hommes avaient un art consommé de ce genre de combat, la vivacité des échanges de coups en était une preuve flagrante. La rapidité de mouvement des lames était telle que le bleu de l’arme du Jedi se fondait dans l’écarlate de celle du Sith dans une aura violacée qui les enveloppa durant de longues et intenses minutes.
Utiliser la Force pour manier le sabre laser tout en se déplaçant de façon acrobatique demandait de l’attention. Lancer des attaques kinétiques, énergétiques ou autre, exigeait un surcroît de concentration difficile à mobiliser durant un combat acharné. Peu d’utilisateurs de la Force parvenait à faire les deux choses à la fois. C’est pourquoi, beaucoup rompaient d’abord le duel avant de mobiliser de tels pouvoirs.
Lassé d’un combat qui n’évoluait pas, Dark Remus prit du champ d’un puissant saut arrière en voltigeant haut dans l’abside. Retombé solidement sur ses jambes, il rengaina son arme et tendit les bras en avant, doigts crispés au bout de ses mains. Aussitôt, une volée d’éclairs de Force illumina la salle en se propageant telle une troupe de serpents électriques vers Maître Torve. C’était le pouvoir d’attaque favori des Sith. Les éclairs puisaient leur source d’énergie dans le Côté Obscur de la Force comme beaucoup de pouvoirs destructeurs. Ils étaient potentialisés par la rage et la colère animant le lanceur mais leur puissance était variable en fonction de l’aptitude de ce dernier à les provoquer. La parade était aussi soumise au talent dans la Force de leur cible. Un non adepte de Celle-ci ne pouvait y résister et se sentait soudainement soulevé dans les airs avec une puissance inouïe tandis que son corps était transpercé de toutes parts par les décharges électriques. L’adepte de la Force lui, pouvait tenter d’interposer son sabre laser pour intercepter les éclairs, l’arme se conduisant alors comme une sorte d’antenne absorbant l’énergie déchainée contre son propriétaire. Il pouvait également tenter de potentialiser cette énergie, la condenser afin de la renvoyer vers son adversaire dans une grande décharge électrique parfois dévastatrice. Tout dépendait de la puissance de chacun des adversaires dans la Force. Les plus grands Jedi parvenaient au même effet sans leur sabre, à l’aide de leurs seules mains.
Maître Torve leva devant lui son sabre comme un bouclier déflecteur afin de se protéger des éclairs qui dansaient anarchiquement devant lui. Malgré cette protection, une partie de l’énergie générée par le Sith gagnait son corps et il lui fallut maîtriser la douleur envahissant des muscles qui commençaient à se tétaniser.
— Pourquoi reculer l’inévitable, Jedi ? grimaça le Sith le visage déformé.

Il fournissait un effort violent pour transformer la Force Obscure en énergie destructrice.
— Vous savez bien que rien ne peut rivaliser avec la puissance du Côté Obscur ! Remettez-moi les artéfacts et je vous laisserai sortir de ce tombeau, vivants !

Shalo Torve ferma les yeux pour augmenter sa concentration. Il lui fallait repousser le flot d’énergie et non se contenter de l’absorber. D’un seul coup, une boule bleuté remonta le flux électrique jusqu’à frapper le Sith. Celui-ci s’interrompit en lâchant un cri de rage et de douleur. Les éclairs cessèrent aussitôt.
— Allons, Remus, vous ne pensez pas vous débarrasser d’un Maître Jedi aussi facilement, s’exclama Torve en marchant sur le Sith, le sabre menaçant.

Dark Remus tendit sa main droite et serra son poing. Le Jedi sentit aussitôt l’emprise d’un étranglement de Force. Cette manœuvre était aussi populaire chez les adeptes du Côté Obscur que les éclairs de Force. Une puissance kinétique écrasait la trachée de l’adversaire en le soulevant — souvent mais pas toujours — dans les airs pour entraver ses mouvements. La malheureuse victime s’agitait alors comme un patin au bout de ses ficelles, privée d’oxygène sous la pression hautement douloureuse subie par son cou. Les Sith les plus puissants parvenaient également à briser les vertèbres cervicales de leur cible d’un mouvement sec du poignet. Bien entendu, un adepte de la Force pouvait essayer de résister à cette puissance en la contrant, ce que fit Maître Torve dans un calme révélateur quant à son expérience de ce genre de duel.
Dark Remus sentit la résistance du Jedi et baissa le bras.
— Le Côté Obscur ne fait pas tout, Remus, souligna Torve en lançant une vigoureuse vague de Force ?

Le Sith s’envola avant de se réceptionner rudement contre le mur de l’abside et grogna son insatisfaction en découvrant ses dents dans un affreux rictus. Il chercha des yeux un projectile à propulser sur son adversaire et jeta son dévolu sur l’une des statues rakatas qui ornaient les angles de la salle. Le morceau de pierre s’arracha du sol, décrivit un arc de cercle dans l’air, et retomba lourdement en direction du Jedi.
Mais celui-ci avait anticipé la manœuvre de son ennemi. D’un mouvement dans la Force, il dévia la trajectoire de la statue qui s’écrasa un peu plus loin en éclatant en mille morceaux dans un bruit de tonnerre.
La pauvre Kuli’Aven suivait de ses yeux grands écarquillés, les deux duels qui se prolongeaient dans l’abside à grands renforts d’effets lumineux provoqués par les mouvements rapides et incessants des sabres laser : une aura violette d’un côté, un halo jaunâtre de l’autre lorsque les sabres de Suri et d’Isil s’entremêlaient furieusement.
La jeune Sith commençait à donner des signes de faiblesse. Ses attaques classiques s’étaient heurtées à la défense puissante et très efficace de la Jedi, entièrement concentrée dans la Force. Aucune des ruses de Suri n’avait pu la mettre en difficulté. De même, l’utilisation de la Force avait prouvé à la première que son adversaire la surclassait dans ce domaine. Ses éclairs de Force n’avaient pas eu plus de succès que ses pitoyables tentatives d’étranglement. Bien au contraire. Elle s’était épuisée à rassembler toute sa rage et sa colère contre un ennemi qui ne donnait aucune prise à ses provocations, en restant d’une sérénité de marbre dans un combat abordé avec autant de calme qu’un simple exercice d’entraînement. Imitant son Maître, Suri avait tenté d’user de projectiles pour mettre Isil en difficulté. Quelques vasques d’offrandes avaient ainsi été sacrifiées en volant à travers l’espace, mais la Jedi avait à chaque fois dévié les projectiles meurtriers avec une aisance éloquente.
Suri attaquait de nouveau, furieuse, d’un sabre vif et incisif, cherchant vainement une ouverture. La défense d’Isil était totalement hermétique. Celle-ci surveillait du coin de l’œil l’évolution du combat entre le Zabrak et Maître Torve. Lorsque Suri lançait une vague de Force, la jeune femme la contrait d’un geste de la main pour en annuler les effets, augmentant la rage de son adversaire. Isil avait résisté aux éclairs de Force de Dark Dalius pourtant bien plus puissant qu’une simple apprentie. Elle retourna sans aucun mal ceux de Suri contre elle. Ce faisant, elle se retint d’à son tour asséner ces éclairs qu’elle savait pouvoir générer de façon beaucoup plus intense que la Sith. Si elle l’avait fait, elle aurait dû puiser la Force du côté désapprouvé par son Maître et condamné par l’Ordre Jedi. Elle s’en abstint, sans être totalement convaincue de l’axiome selon lequel une fois qu’on avait mis un pied dans le Côté Obscur, on était corrompu à jamais.
De façon plus classique, elle décida de passer à l’offensive en se lançant dans un puissant assaut au sabre laser. Une série de pas chassés accompagnés d’attaques souples et rapides de taille et d’estoc fit reculer la Sith vers un angle de mur. Tout en se battant, Isil avisa plus loin les débris des malheureuses vasques qui jonchaient le sol et, d’un mouvement de son bras libre, les projeta en une pluie de pierre sur son adversaire. Surprise, Suri leva les bras devant elle pour se protéger de l’agression. Isil en profita pour lancer une puissante vague de Force qui projeta la Sith contre le mur avec une puissance phénoménale. La nuque de la Zabrak heurta violemment une statue rakata et Suri s’effondra sur le sol en lâchant son sabre laser. Une fraction de seconde plus tard, projetée par la Force, Isil pointait la lame du sien tout contre sa gorge.
Depuis un moment, Dark Remus s’était rendu compte de l’ascendant que la Jedi prenait lentement sur son apprentie. À dire vrai, cela ne le surprit pas plus que ça, mais il en fut contrarié. En tant que Maître, il aurait préféré que ses enseignements permettent à celle-ci de vaincre un chevalier Jedi car il estimait les Sith supérieurs aux membres de l’Ordre. Cependant, la défaite prévisible de Suri ne remettait pas en question un projet planifié à la perfection. Il lui fallait juste passer au plan B avant de se retrouver avec deux Jedi sur les bras. Certes, il estimait pouvoir les vaincre ensemble, malgré la puissance que démontraient Maître Torve et la jeune Isil, mais il n’avait pas le temps ni le désir de prolonger plus avant l’intéressant duel dans lequel il prenait pourtant beaucoup de plaisir.
Il accéléra donc le mouvement d’oscillation de son double sabre laser, formant devant lui un véritable bouclier impénétrable et redoutable. Maître Torve fut contraint de reculer tout en parant aux coups de biais que le Sith imprimait à son arme à chacun de ses tours. Dark Remus venait de jeter un rapide coup d’oeil vers les deux jeunes femmes qui combattaient un peu plus loin. Suri venait d’être projetée contre le mur du temple et il comprit que son apprentie venait de perdre son duel. Il poussa un cri rageur :
— Arok, maintenant !

Il avait manœuvré pour que son adversaire tourne le dos aux ouvertures obscures des absidioles attenantes à cette partie du temple. Il s’était en outre efforcé de masquer dans la Force la présence de ses hommes dans certaines d’entre elles, de façon à pouvoir refermer le piège sur les Jedi lorsqu’il le jugerait nécessaire. Au commandement de leur Maître, les commandos du Ragnarok propulsèrent leurs filets électrifiés sur Shalo Torve depuis plusieurs des petites salles. Le Jedi ne comprit que trop tard ce qui se passait. Averti du danger par un sixième sens, il eut le temps de se retourner et de voir fondre sur lui les carrés de mailles souples. D’un geste dans la Force, il parvint à les écarter de sa direction pour les éparpiller sur le sol autour de lui. Dans le même laps de temps, profitant de ce bref instant de distraction, le Zabrak transperçait l’ennemi de son arme. La lame écarlate transperça le dos du Jedi et ressortit au niveau de son sternum.
Au même moment, Suri louchait sur le sabre vert qui effleurait sa gorge. La Force tressaillit et Isil cria :
— Maître Torve !

Il ne lui fallut qu’une fraction de seconde pour tourner la tête et comprendre ce qui venait de se passer. Les hommes du Ragnarok sortaient de leurs cachettes et se précipitaient vers le Jedi afin d’en finir avec l’ennemi. Dark Remus avait rétracté les lames de son sabre mais son adversaire restait debout, comme figé dans le temps. Son visage n’exprimait aucune surprise ni aucun hébétement. Il était conscient d’avoir perdue une partie lâchement gagnée par le Sith. Par fourberie. Isil se transporta au milieu des hommes du Ragnarok d’un bond si rapide qu’elle disparut un instant aux yeux de tous comme téléportée d’un endroit à l’autre. Se recevant accroupie, elle plaqua ses deux mains au sol et lâcha un hurlement. Les dalles du temple tremblèrent et une irrésistible onde de choc balaya toutes les personnes présentes sur plusieurs dizaines de mètres. Elle n’eut que le temps de passer un bras dans le dos du Jedi pour l’accompagner au moment où celui-ci s’affaissait. Elle l’allongea sur les dalles froides du tombeau en soutenant sa nuque d’une main.
— Maître Torve, murmura-t-elle d’une voix tremblotante.

Le trou noir et fumant au milieu de son torse ne pouvait faire douter un instant de l’issue de sa blessure. Aucun guérisseur Jedi n’aurait pu empêcher l’inévitable de se produire. Shalo Torve murmura :
— Isil… ne laisse pas la colère te gagner sinon la partie sera vraiment perdue.

La jeune femme avala sa salive pour pouvoir répondre :
— Oui, Maître.

Shalo Torve continua avec difficulté :
— Il y a… un but à tout ce qui arrive dans la Force… mon voyage vers Elle commence ici. Tu dois continuer… trouve ta voie…

Il ferma les yeux un instant avant de les rouvrir péniblement.
— Tu trouveras un moyen, Isil… je le sais…

Puis ses paupières s’abaissèrent pour de bon. Il souffla :
— Prends soin de Kuli’Av…

Sa tête s’alourdit entre les doigts de la jeune Jedi au comble du désespoir. Comment vaincre Dark Remus à présent ? Comment l’empêcher de reconstituer l’artéfact de Puissance ?
Délicatement, elle laissa la nuque du Maître Jedi retomber sur le sol. Un à un, les hommes du Ragnarok se relevaient péniblement en massant leurs nombreuses contusions. Dark Remus avait mieux résisté à la vague de Force et était retombé sur ses pieds. Il se tenait à quelques mètres de la jeune femme, dans son dos.
Isil frémit en sentant sa présence et se redressa pour pivoter vers lui. Son sabre vert se ralluma.
— Vous l’avez assassiné dans le dos, comme un lâche !

Ses yeux se plissèrent et une lueur glacée s’empara de ses pupilles. D’un bond elle fut sur lui et frappa. Dark Remus interposa son sabre in extremis et recula sous la force des coups portés par la Jedi. La lame verte paraissait être partout à la fois. Isil paraissait ne plus toucher le sol tant elle se déplaçait vite. Le Sith parvint à la contenir avec beaucoup d’effort et céda du terrain. D’un puissant saut en arrière, il rompit l’échange et s’éloigna d’elle.
— Tu es d’une puissance surprenante, en vérité, lâcha-t-il sans pouvoir maîtriser un léger essoufflement. Rien à voir avec les jeunes chevaliers fraîchement adoubés. Tu as déjà les aptitudes d’un Maître au combat.
— Je vais vous tuer ! grinça Isil en regrettant aussitôt des paroles lâchées sous le coup de la colère.
L’enseignement de Maître Beno lui revint en mémoire et les dernières paroles de Maître Torve résonnèrent à ses oreilles comme un écho lointain.
« Ne laisse pas la colère te gagner… »
Elle ferma les yeux pour apaiser son âme en détresse et expira longuement pour se calmer. Quand elle les rouvrit, sa détermination était entière mais la sérénité lui était revenue. Dark Remus comprit qu’il aurait fort à faire avec la jeune femme et que le moment était venu de changer les règles du jeu.
Suri interpréta aussitôt les pensées de son Maître et sa voix s’éleva dans le temple :
— Lâche ton sabre, Isil, ou la Padawan meurt !

La Jedi tourna la tête. La Zabrak tenait fermement l’enfant par ses lekkus, la lame rouge du sabre sous sa gorge. Dark Remus se rapprocha d’Isil.
— N’y a-t-il pas assez d’un mort ? Tu ne peux nous vaincre tous. J’ai plusieurs dizaines d’hommes prêts à intervenir. Vas-tu sacrifier vainement cette enfant ?

Le Sith la toisait de toute sa hauteur. Le visage levé, la jeune femme soutint un instant son regard. Au tréfonds de son âme, elle savait que toute seule, la partie ne pouvait pas être gagnée. Du moins pas là, et pas à cet instant-là. Continuer le combat les condamnait toutes les deux à rejoindre la Force. Elle ne pouvait pas non plus empêcher Dark Remus de reconstituer l’artéfact de Puissance. Le Sith reprit, d’un ton volontairement accommodant :
— Je sais que tu es prête à sacrifier ta vie pour me tuer. Mais ne pourras pas y parvenir et tu le sais. Dès lors, à quoi bon ?
— Que voulez-vous ? demanda Isil la gorge serrée en baissant les yeux pour la première fois.

Le Sith esquissa une grimace de satisfaction et serra son poing devant lui.
— Tu as dû faire le bonheur de ton Maître lorsqu’il t’a formée. Ton talent est remarquable. Tu serais un atout pour moi si tu combattais à mes côtés.
— Maître ! s’exclama Suri malgré elle.
— Silence, apprentie ! lança le Zabrak.

Il s’approcha tout contre Isil et prit son menton dans sa puissante main en humant profondément l’air.
— Oui, ta puissance est grande mais le Côté Obscur sera pour toi un allié plus puissant encore. Je veux que tu deviennes mon esclave dévouée !
— Maître ! s’écria Suri dépitée, pour la seconde fois.
— Silence, je t’ai dit ! répliqua Dark Remus plus fortement.

Puis revenant à Isil.
— Mets-toi à genoux devant moi, siffla-t-il et jure-moi fidélité. Alors, je laisserai partir ta Padawan saine et sauve et tu viendras avec moi.
— Non, cria Kali’Aven. Non, Isil, pas ça ! Je n’ai pas peur de mourir !

Suri la secoua par les lekkus en lui arrachant une plainte.
— Tais-toi, vermine, si tu tiens à tes tentacules !

Isil fixa le Zabrak dans les yeux puis s’agenouilla devant lui, lentement, les mâchoires serrées, les traits de son visage, battus.
— Je viendrai avec vous et serai votre esclave. Mais je ne vous jure aucune fidélité. Il vous appartiendra de l’obtenir de moi.

Le Zabrak grogna quelque chose d’incompréhensible et parut un instant soupeser les paroles de la Jedi. Suri rageait dans son coin et tirait sadiquement les lekkus de l’enfant pour lui arracher des gémissements que la Padawan sut retenir.
— Je l’obtiendrai, ou bien tu mourras dans d’atroces souffrances, reprit le Sith. Et quand je l’aurai obtenu, tu deviendras mon apprentie !

Son regard impérieux se porta immédiatement sur celui de la jeune Zabrak pour lui imposer silence. La protestation s’arrêta au seuil de la gorge de Suri. Ce faisant, Remus ne put voir un très léger sourire effleurer brièvement les lèvres d’Isil, toujours à genoux devant lui, tête baissée. Pour couronner le tout, la jeune femme lâcha assez fort pour être entendue de tous :
— Oui, Maître !

À ces deux mots, Remus lâcha un grondement de contentement, la Zabrak un grognement de rage.
— Bien, Isil, susurra-t-il. Allons, viens avec moi. Nous avons un rituel à accomplir.

Puis s’adressant à son apprentie, il ordonna :
— Suri, lâche cette enfant !

La Zabrak s’exécuta et la Twi’lek s’éloigna prudemment d’elle en lissant ses lekkus douloureux. Remus s’approcha de la machine suivi docilement par Isil, les épaules voûtées.
— Maître, grinça Suri lorsqu’il fut tout près. C’est moi votre apprentie !

Le Sith eut un geste dédaigneux de la main.
— De ce que j’ai vu, tu pourrais être l’apprentie d’Isil. Tu ne mérites pas le titre de Seigneur Sith que je pensais t’octroyer.

Suri lança un regard meurtrier à la jeune femme qui évita de la regarder afin de ne pas en rajouter dans l’immédiat. À quelques mètres d’eux, la petite Kuli’Aven les observait le cœur brisé, étouffant d’impuissance.
Un à un, Dark Remus plaça les artéfacts dans les logements prévus à l’intérieur de la sphère de la machine.
— À moi la puissance et l’immortalité ! proclama-t-il en se campant devant une console de commande pour activer plusieurs dispositifs.

Bientôt le ronronnement ambiant des générateurs augmenta sous la sollicitation de la machine. Un sifflement se fit entendre et soudain, des arcs électriques éclatèrent au sommet des antennes, de plus en plus nombreux. La sphère s’éleva au bout d’une tige et les décharges électriques l’enveloppèrent bientôt dans une lueur d’une intensité croissante. Les spectateurs rassemblés tout autour se protégèrent les yeux avec les mains, éblouis par la vive lumière. Entre ses doigts, Isil vit la sphère se rétracter, laissant les quatre artéfacts flotter dans les éclairs. Trois croissants de lune et une boule plus petite. Les premiers se mirent à tourner autour celle-ci comme des satellites autour d’une planète tout en se rapprochant insensiblement les uns des autres. Le sol se mit à trembler sous leurs pieds et une poussière fine à tomber de la voûte du temple. La jeune femme pensa un instant que l’édifice tout entier allait se disloquer et les ensevelir à jamais.
Ce ne serait pas plus mal, songea-t-elle le cœur serré à la pensée de sa situation désespérée. Perdu pour perdu, autant que rien ne sorte d’ici !
Elle considéra l’enfant Twi’lek avec compassion. S’il y avait quelqu’un qui méritait de vivre, c’était elle ! Au même moment, Kuli’Aven lui lança un regard de détresse à fendre l’âme de la personne la plus endurcie. Isil mordit ses lèvres et reporta les yeux sur les artéfacts toujours en train de tournoyer dans les éclairs de la machine. Lentement, ils s’assemblèrent, les trois croissants autour de l’artéfact central pour composer une nouvelle sphère plus grande que ce dernier. Puis, celle-ci redescendit pour se poser au sommet de la machine. Les éclairs cessèrent, le sifflement disparut, et le bruit des générateurs diminua pour redevenir un léger ronronnement régulier. Chacun retenait son souffle. Dark Remus gravit les quelques marches montant vers le cœur du dispositif et s’empara de l’artéfact unique sous les murmures de ses hommes.
— L’artéfact de puissance ! s’exclama-t-il. À nous l’immortalité et la gloire !

Ses hommes l’acclamèrent puis il redescendit et fit signe au plus proche en désignant Isil d’un doigt :
— Attachez-la et emmenez-la. Au moindre geste suspect, tuez-la !

L’un des hommes, un officier, s’exécuta et passa des menottes électromagnétiques autour des poignets d’Isil, dans son dos. Puis il la poussa par une épaule avec une sorte de respect mêlé de crainte, comme si d’un simple mouvement, la jeune femme pouvait de nouveau les balayer tous autant qu’ils étaient. Mais celle-ci paraissant avoir accepté sa défaite et baissait la tête, vaincue. Elle ne semblait plus représenter un quelconque danger. Suri s’avança tout contre Remus.
— Que fait-on de la Padawan ? murmura-t-elle sur un ton éloquent.
— Laisse-la repartir.
— Pourquoi ? s’insurgea la Zabrak.
— J’ai besoin d’un témoin pour raconter aux siens ce qui s’est passé. Cela m’assure la suite de mon plan et notre prochaine victoire.

Suri capitula.
— Bien, Maître.

Comme elle s’en allait en direction de Kuli’Aven, le Sith la rappela :
— Suri !

Elle se retourna.
— Oui, Maître.
— Je te laisserai une dernière chance face à Isil.

Un sourire à la fois carnassier et reconnaissant illumina la face inquiétante de la Zabrak.
— Merci, Maître. Je ne vous décevrai pas.

Pour toute réponse, il lâcha :
— On verra.

Puis il lui tourna le dos et prit la suite de sa petite troupe qui regagnait l’obscurité du souterrain secret. Suri s’approcha de l’enfant Twi’lek d’un pas félin. Celle-ci la regarda d’un air farouche, la main sur la garde de son sabre laser. La Zabrak siffla entre ses dents :
— Vas-y, sers-t-en, fillette ! J’aurais ainsi une bonne excuse pour désobéir à mon maître en te découpant en rondelles.

La Sith se pencha vers elle, le visage contre le sien. La gamine resta immobile pendant que Suri écrasait les joues de l’enfant entre ses doigts, les dents serrées d’une rage contenue.
— Tu peux y aller, poupée Jedi. Si ça ne tenait qu’à moi, je déverserais tes entrailles sur le sol de ce temple et je t’étranglerais avec… mais Dark Remus veut que tu vives. Va-t-en vite, et ne recroise plus jamais mon chemin, tu as compris, petite ?

Kuli’Aven fit oui de la tête. Suri la lâcha et repartit pour se fondre à son tour dans l’obscurité des absidioles. Maîtrisant un léger tremblement, la Padawan s’avança jusqu’au milieu de l’abside où gisait le corps de Maître Torve. Pouvait-elle le transporter ? Si elle le laissait là, personne ne pourrait franchir le dôme protecteur pour venir le chercher. Désemparée, l’enfant respira profondément en maitrisant un sanglot puis, faisant appel à la Force, glissa ses bras sous le cadavre du Jedi pour le soulever. Concentrée de son mieux pour éviter que le poids du mort ne se fasse sentir, elle repartit d’où ils étaient venus, repassant la longue passerelle avant de prendre l’ascenseur et de gravir les escaliers. Elle avançait lentement, visualisant dans la Force la masse du corps de Shalo Torve comme son Maître lui avait appris à le faire lors des exercices de lévitation d’objets. Petit à petit, elle parvint à la sortie et franchit de nouveau la barrière du dôme protecteur.
Keraviss Sayyham l’aperçut la première. Le commandant poussa une exclamation alarmée et se précipita vers l’enfant. Les autres la suivirent et s’agglutinèrent autour. Kreg Landala la déchargea de son fardeau à l’aide de ses bras puissants tandis que le colonel Vellaryn se penchait vers elle pour vérifier si elle allait bien et apprendre de sa bouche ce qui s’était passé.
Avec une sobriété exemplaire, la petite Twi’lek fit son compte-rendu, s’efforçant de rester calme, comme on lui avait appris à le faire. Mais Lillaia sentait bien que l’enfant ne demandait qu’à fondre en larmes. Accroupie devant elle, la commando lui murmura :
— Tu es la Padawan la plus formidable que je connaisse. La maitrise de tes émotions est un exemple pour nous tous. Ton Maître doit être fier de toi s’il te voit à travers la Force.

L’enfant esquissa un sourire et respira profondément pour refouler ses larmes naissantes. Enfin, elle expliqua comment Isil s’était soumise à Dark Remus puis était partie avec lui. Lillaia se releva d’un air grave.
— Il va l’emmener à bord du Ragnarok.
— Oui, répondit Vellaryn. Et maintenant, il a ce qu’il voulait. Il ne lui reste plus qu’à détruire le Defiance et le Fulgurant. Il nous faut rentrer au plus vite.
— Mais si nous parvenons à détruire le Ragnarok, nous perdrons Isil pour de bon, remarqua Argail d’un ton sombre.
— Je sais, reprit le colonel. Il ne peut en être autrement, malheureusement.
— La mort de Maître Torve est une grande perte pour la République, lâcha Dal-Karven en présentant poliment ses condoléances à Cregg Vellaryn au nom de l’Empire.

Un silence se fit, lourd de pensées. Les mots étaient devenus inutiles. Les expressions de visage se suffisaient à elles-seules. La peine, la colère, la consternation, le doute, la haine se lisaient successivement selon les dispositions d’esprit de chacun. Le colonel Vellaryn donna le signal du départ.
Ils retraversèrent la foule toujours présente mais silencieuse, méditant devant le corps sans vie porté à bout de bras par le colosse roux et dont la tête dodelinait lentement. La longue queue de cheval d’un blond presque blanc oscillait dans le vide à chaque pas du mercenaire pareille à un encensoir expiatoire lors d’une procession. Les Rakatas les accompagnèrent ainsi jusqu’au mur d’enceinte dans un recueillement absolu. À l’orée du village, Jada leur souhaita bonne chance. Elle avait accepté d’ouvrir dans la frondaison une clairière suffisante pour permettre l’évacuation immédiate du groupe au grand complet, et les deux navettes purent ainsi se poser à une centaine de mètres de la muraille protectrice. Les heures ainsi gagnées pouvaient s’avérer précieuses dans leur lutte contre Dark Remus.
Le petit groupe passa avec émotion entre deux rangées de soldats républicains et impériaux au garde à vous avant de monter dans leur appareil. Le colonel Vellaryn remercia la Mère et monta en dernier dans la barge qui s’envola aussitôt vers l’espace.


(à suivre... )


Chapitre 26 : Affrontement
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Modifié en dernier par Hiivsha le Dim 06 Sep 2015 - 11:56, modifié 1 fois.
Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Dim 06 Sep 2015 - 11:55   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 25 : Vers la Force




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26 - Affrontement


Un silence de mort écrasait la navette alors que celle-ci glissait dans l’espace en direction de son port d’attache. Le corps du Maître Jedi avait été déposé dans l’allée centrale, entre les sièges, sur un brancard solidement arrimé, dissimulé pudiquement par une couverture de survie. Chacun ruminait le goût amer de la défaite, la mâchoire crispée, les yeux dans le vague, les lèvres pincées. Lillaia observa une larme couler lentement le long de la joue veloutée de l’enfant Twi’lek mais ne dit rien. Elle se contenta de poser une main sur l’épaule de l’enfant qui lui adressa un sourire malheureux. Keraviss Sayyham ruminait des pensées obscures dans son coin. Pour elle, une défaite n’était pas synonyme d’abandon. En accepter l’idée, c’était s’avouer vaincue et ce mot n’était pas dans son vocabulaire. Son regard noir, dur et déterminé, errait sans but autour d’elle. Cregg Vellaryn était inquiet : le combat qui s’annonçait serait pénible et périlleux. Le Ragnarok était une très puissante machine de guerre, conçue pour tuer par la Forge Stellaire. Si le Defiance parvenait à le détruire, il n’en sortirait pas lui-même intact, loin s’en faudrait, même avec l’aide du Fulgurant. Le sergent Argail Vif-Argent se morfondait à l’idée qu’Isil serait à bord du croiseur de Dark Remus lorsque le Centurion ouvrirait le feu sur lui. Dans tous les cas de figure, l’avenir s’annonçait sombre pour la jeune Jedi car si Remus remportait la bataille, Isil resterait sa prisonnière sans doute à jamais. Quels tourments lui ferait-il alors subir ? Et si le Sith était défait, ce ne serait que par la destruction de l’Interdictor géant et Isil périrait avec lui. Il se mit à songer au capitaine Inolmo loin dans la galaxie, ignorant le drame qui se jouait. Qu’aurait donc fait Hiivsha pour sauver son amour ? Y avait-il encore une possibilité inexplorée ? Loodo, dans son coin, jeta un coup d’œil à son ami Krig Landala, le museau déconfit. Ah, si seulement ils avaient pu entrer dans le Temple avec les autres ! Le colosse parut lire dans ses pensées et haussa les épaules en geste d’impuissance. Sur les sièges de devant, le capitaine Prak et le lieutenant Payn avaient eux aussi les yeux perdus dans de sombres pensées. Le pire pour eux était de ne rien avoir pu faire d’utile.
Le Defiance était en alerte maximum, boucliers relevés, lorsqu’ils regagnèrent le bord. Il était à présent certain que le Ragnarok évoluait lui aussi, invisible à leurs yeux, quelque part dans l’espace de Mahon. Mais la surprise ne serait plus son atout maître : républicains ou impériaux, ses adversaires savaient qu’il était là, non loin, et l’attendaient de pied ferme.
Chacun à bord du croiseur observa la navette approcher et se poser lentement sur le permabéton du hangar deux. La garde d’honneur du Centurion était rassemblée de part et d’autre d’un long tapis noir sur l’extrémité duquel s’abaissa lentement la rampe de la barge de débarquement. Les hommes étaient silencieux, émus. Au pied de la rampe, patientait l’amiral Narcassan dans son uniforme de cérémonie, le bras gauche orné d’un insigne traditionnel noir, signe de deuil. Il se tenait tout droit, raide, le visage fermé, les traits fatigués. Derrière lui, des cernes aux yeux, le lieutenant Liam Bump aux côtés d’Adrea Artel et du docteur Barton attendaient également.
L’écoutille de la barge s’ouvrit. Le brancard transportant le corps du Maître Jedi descendit, porté par Argail, le capitaine Prak, Lillaia et Krig Landala, suivi du reste du groupe et des hommes du détachement. Parvenus au pied de la rampe, ils s’arrêtèrent devant l’amiral qui se mit au garde à vous et salua longuement la dépouille son ami. Puis, dans un geste infiniment lent, il souleva délicatement la couverture pour découvrir le visage de marbre.
— Au revoir, mon ami, laissa-t-il tomber dans le silence oppressant. Puissiez-vous vivre dans la Force à tout jamais.

Il s’écarta ainsi que les personnes derrière lui pour faire place au brancard qu’ils se mirent à suivre d’un pas lent, sur une musique funèbre diffusée par tous les haut-parleurs du bâtiment.
La garde d’honneur présenta les armes au passage de la civière. Le cortège gagna ainsi l’autre extrémité du hangar où le corps de Maître Torve fut transféré dans un sarcophage blanc posé sur un gravibrancard afin d’être emmené à la morgue de l’hôpital dans l’attente de son transfert sur Tython.
Le dispositif pour cette brève cérémonie se dispersa dans un total recueillement et chacun regagna son poste. Le stade d’alerte du croiseur était toujours au plus haut, et à présent, chacun attendait avec une certaine anxiété, l’ouverture des hostilités qui ne pouvait manquer de se déclencher tôt ou tard.


Le colonel Vellaryn frappa discrètement au bureau de l’amiral et entra à la faible invitation. La pièce était plongée dans une pénombre tamisée par quelques lumières indirectes et reposantes. Le fauteuil du pacha était vide. Valin Narcassan était assis un peu plus loin, dans le salon jouxtant le bureau, la tête renversée en arrière sur le dossier d’un divan, les yeux clos. Il tenait un verre de whisky corellien dans sa main.
— Amiral ? lança le colonel en s’avançant vers lui sur l’épais tapis feutré. J’ai pensé qu’un peu de compagnie vous ferait du bien.

Le chef de la CPM tenait lui-même dans la main une bouteille au bouchon cacheté d’une épaisse cire rouge. Narcassan souleva une paupière interrogatrice. Le colonel esquissa un geste d’excuse en montrant son butin.
— C’est le docteur Barton qui me l’a donnée, expliqua-t-il. Elle m’a dit que ce serait un excellent remède contre un trop plein de spleen.

L’amiral sourit.
— De spleen ? Vous voilà devenu poète, Cregg ?
— Un reste de mes études classiques…

Le colonel souleva la bouteille devant les yeux.
— Une potwa hors d’âge brassée sur Gamorr, annonça-t-il. De toute évidence, un produit de contrebande.

Valin Narcassan sourit faiblement.
— Voilà longtemps que je n’ai pas bu une bière forte.

Il posa son verre de whisky sur la table du salon et désigna le meuble-bar de l’index.
— Vous trouverez là-dedans des choppes dignes de ce breuvage. Notre Zeltrone a-t-elle usé de son pouvoir de charme pour vous convaincre de me saouler ?

Le colonel revint avec les verres et se fit un devoir de les remplir en les inclinant délicatement pour y faire rouler la mousse. Il sourit à son tour.
— En pleine alerte générale ? Ce ne serait pas sérieux, amiral. Le docteur a juste parlé d’un remontant.

Il s’assit après avoir tendu une chope au commandant du Defiance et leva la sienne.
— À Maître Torve !

L’amiral l’imita.
— Aux vieux amis qui nous précèdent dans la mort.

Ils burent en silence quelques gorgées et Narcassan essuya sa moustache d’un revers de main pour en chasser la mousse.
— Elle est excellente, vraiment… vous remercierez le docteur Barton de ma part.

Leurs regards se croisèrent qui en disaient long sur leur état d’esprit. L’amiral continua d’une voix sourde.
— Parfois je me demande ce qu’aurait été ma vie si je n’avais pas perdu mon épouse prématurément.

Cregg Vellaryn se permit un léger rire.
— Vous seriez peut-être dans un État-major à signer des documents en attendant l’heure de la débauche pour filer la retrouver.
— C’est probable, soupira l’amiral en avalant une autre gorgée de bière. Elle n’aurait jamais supporté de me voir partir dix mois par ans dans l’espace infini. Les Jedi ont peut-être raison ne de pas vouloir s’attacher.
— C’est sans doute pour la même raison que je ne me suis pas marié, avoua l’officier supérieur en reposant sa chope. Si on se marie, c’est pour rendre sa moitié heureuse, pas pour être loin d’elle la plupart du temps.
— Et c’est sans doute pour cela que le taux de séparation des couples est au plus haut dans les forces armées… surtout en temps de guerre.

L’amiral laissa de nouveau sa tête retomber en arrière sur le divan et ferma les yeux.
— Au fond, peut-être devenons-nous simplement trop vieux… murmura-t-il.
— Bah ! protesta le colonel. Nous n’avons pas encore soixante ans. Nous sommes en pleine force de l’âge, aussi verts que des jeunes gens remplis d’enthousiasme !

Valin Narcassan releva sa nuque et observa le chef de la CPM en hochant la tête.
— L’enthousiasme, répéta-t-il doucement. L’enthousiasme… c’est peut-être cela que nous n’avons plus.

Puis subitement, il se releva et acheva sa chope d’un trait avant de la poser sur la table.
— Allons ! Ni amertume, ni défaitisme ! lança-t-il avec un entrain retrouvé. Maître Torve ne nous pardonnerait pas pareilles faiblesses… qui plus est alors que nous sommes aux postes de combat. Notre place est à la passerelle, Cregg, nous avons un ennemi à battre et un ami à venger ! Finissez votre excellente bière afin de ne pas la gâcher, et retournons au front !


Kuli’Aven retira sa main posée sur la vitre de la cuve de bacta dans laquelle flottait Nulee’Na les paupières closes.
— Nous l’avons plongée dans un coma artificiel, expliquait Behla Barton à ses amis de la CPM. Le temps pour ses blessures de cicatriser et ses fractures de guérir. Mais elle est dotée d’une forte constitution et déjà les progrès sont visibles.
— Combien de temps ? demanda Argail.
— Deux, trois jours tout au plus, et il n’y paraitra plus.
— Tant mieux, souffla Lillaia. Elle va nous manquer si on doit affronter Remus. Vous lui direz que nous sommes passés lorsqu’elle reprendra conscience.

La Zeltrone étira ses lèvres charmeuses.
— Vous le lui direz vous-même le moment venu.

La militaire plissa son nez.
— Qui sait de quoi demain sera fait.

Le petit groupe quitta l’infirmerie et gagna la salle de réunion de la CPM.
— Qu’est-ce qu’on peut faire pour Isil ? demanda Loodo d’une trompe dubitative.
— Pour l’instant, on n’y peut pas grand-chose, répondit le colosse roux dont les doigts pianotaient sur la table centrale. Il faudrait déjà que ce foutu Interdictor se montre.
— Et ensuite ? s’enquit Payn. Il faudrait pouvoir aller à l’abordage pour être capable de lui porter secours.
— Isil va gérer la situation… j’en suis certain, certifia Argail avec une assurance qu’il ne possédait pas.
— J’aimerais te croire sur parole, souffla Lillaia d’un ton sombre. Je me demande si Dalius a une solution pour sortir sa fille des griffes de ce malade.
— Dark Dalius est comme l’amiral Narcassan en ce moment même, remarqua Landala. Il attend les événements… C’est Dark Remus qui a toutes les cartes en main. On ne peut pas le voir et si l’envie lui chante, il peut se barrer d’ici fissa sans combattre… et alors, adieu Isil !

P2-A2 s’était introduit presque sans bruit dans la salle de réunion alors qu’ils échangeaient leurs points de vue. Soudain, il émit une série de bips et autres sons modulés ressemblant d’abord à une plainte puis à de l’excitation. Lillaia frotta son dôme de la main.
— À toi aussi elle te manque ? Pauvre petit droïde.

P2-A2 tourna brièvement ce qui lui servait de tête de droite à gauche à plusieurs reprises et recommença à bruiter en trépignant. Krig Landala prit la parole :
— On dirait qu’il essaye de nous expliquer quelque chose… mais quoi ? Quelqu’un ici parle l’astromécano ?

Le droïde continuait à s’exprimer bruyamment. Il roula jusqu’à la porte de la coursive puis revint vers eux.
— On dirait qu’il veut que nous le suivions, remarqua Kuli’Aven en se levant.

Elle s’approcha de P2-A2 et campa son visage devant son disposition optique.
— Tu veux nous montrer quelque chose ? C’est ça ?

Le droïde trépigna de nouveau et sortit dans le couloir. Au même moment les parois du bâtiment frissonnèrent tandis qu’au loin des coups sourds se firent entendre.
— Je crois que Remus vient d’abattre son jeu, analysa Argail en se levant à son tour.


Quelques secondes auparavant sur la passerelle de commandement du Centurion, la Céréenne Son-Ja-Arti, officier de navigation, s’était s’écriée :
— Distorsion par tribord avant, amiral ! Distance zéro point six.
— C’est lui ! s’était exclamé Narcassan en se levant de son siège de commandeur dans lequel il venait juste de se laisser tomber.

Au même instant le commandant en second, Agrel Fail, un homme d’une cinquantaine d’années, plutôt petit et râblé, cria :
— Alerte maximum ! Bouclier ?
— Opérationnels à cent pour cent, commandant ! répondit l’opérateur concerné.

Les haut-parleurs du bâtiment rugirent leur alarme précipitant le personnel aux postes de combat ou dans les abris.
— La question de savoir qui du Fulgurant ou du Defiance Remus préfère, ne se pose plus, ironisa le colonel Vellaryn en scrutant l’espace devant eux.

Au même moment, la puissante silhouette menaçante de l’Interdictor géant se profila au travers de la baie en transparacier occultant une partie des étoiles. Presque simultanément, les deux géants ouvrirent le feu. Le vide interstellaire se remplit aussitôt de milliers de traces rougeâtres venant à la rencontre les unes des autres. Puis des traits plus gros, plus lumineux, annoncèrent une série de tirs de missiles à concussion et de torpilles à protons. L’artillerie lourde entrait dans la danse.
Dans les hangars, des dizaines d’hommes en tenue orange de pilote s’étaient élancés vers les chasseurs Aurek que les mécanos finissaient d’apprêter. Dehors l’espace s’était embrasé. Les impacts détournés par les boucliers du Centurion causaient des halos bleutés et enveloppaient le croiseur d’une aura surnaturelle. Les astromécanos débranchèrent un à un les câbles et les tuyaux alimentant les chasseurs dont les moteurs vrombirent avec impatience en attendant l’ordre d’attaque.
Un essaim de petits vaisseaux s’échappa du ventre de l’Interdictor pour se diriger vers le Defiance à l’instar d’une armée de taons sur un paisible herbivore.
— Voici la chasse, commenta l’amiral. Faisons sortir la nôtre.

Les sirènes hurlèrent dans les hangars et ici et là des gyrophares rouges se mirent à tourner. Les chefs de quais donnèrent le signal du départ, ordonnancé par des pistards agitant leurs bâtons lumineux. Un à un, dans un ordre irréprochable, les Aurek s’élevèrent pour s’envoler vers l’espace à la rencontre de leurs homologues ennemis.
— Nulee’Na et Isil vont manquer aux hommes, remarqua sombrement l’amiral en observant ses chasseurs partir au combat.
— Il y en a un autre qui n’aurait pas été de trop, ajouta le colonel Vellaryn entre ses dents.
— Je suppose que vous pensez au capitaine Inolmo ? demanda l’amiral en ajoutant aussitôt à voix basse : qui sait ce qu’il aurait pu faire pour aller la chercher là-bas ?

Le Centurion frémissait toujours sous les coups de butoir de l’imposant adversaire. Toutes les batteries crachaient à présent leur feu meurtrier dans l’espoir d’atteindre des organes vitaux de l’ennemi ou au moins d’affaiblir ses boucliers. Malheur au premier qui perdrait ses défenses ou une partie de celles-ci car l’autre s’engouffrerait aussitôt dans la brèche.
Contact ! cria une voix dans les haut-parleurs.

Il s’agissait de Jaune Leader, le numéro un des escadrilles de l’Unité Opérationnelle Intégrée qui, en l’absence des Jedi, avait pris la direction de la bataille aérienne.
Aussitôt, le ballet traditionnel des chasseurs prit son essor dans le vide interstellaire, ponctué d’une myriade de traits incandescents chargés de mort. Dans un tel entrelacement, les batteries légères des croiseurs ne pouvaient intervenir au risque de toucher l’un des leurs. Mais la vigilance restait de mise. Tout appareil échappant au combat pour s’approcher d’un des mastodontes devait être immédiatement abattu par la protection rapprochée sous peine de lui permettre de dangereux coups au but en se glissant entre les boucliers déflecteurs. C’était d’ailleurs l’objectif des chasseurs que de s’approcher suffisamment pour tenter de mettre hors service les organes essentiels des bâtiments de ligne comme les générateurs de boucliers, les déflecteurs, les rayons tracteurs ou les batteries de turbolasers lourds. Ils étaient chargés de ce qu’il était convenu d’appeler les frappes chirurgicales pouvant aisément mettre à mal le plus gros vaisseau de combat.
De nouveau, les haut-parleurs de la salle des opérations s’emplirent des clameurs, des avertissements et des cris des pilotes. Selon qu’on venait d’abattre un ennemi ou de perdre l’un des siens, les exclamations n’étaient évidemment pas les mêmes. Les « youpi » de victoire succédaient aux jurons rageurs lâchés par quelque leader venant de perdre l’un de ses équipiers. L’exaltation saturait les communications entre les appareils, et les contrôleurs du Defiance avaient bien du mal à s’imposer sur la fréquence de combat.
— Ses turbolasers lourds nous font plus de mal que ne lui en font nos batteries plus légères, constata amèrement le commandant Fail aux côtés de l’amiral et du colonel Vellaryn. Même avec les générateurs mésoioniques pour nous aider, notre tête à tête risque de tourner court rapidement. Où est le Fulgurant ?

L’enseigne Dreebo releva la tête de sa console pour répondre :
— Il arrive, commandant. Il devrait engager le Ragnarok d’ici deux ou trois minutes.

Valin Narcassan échangea un regard avec son second et se rassit dans son fauteuil en posant le menton sur le poing.
— Parfait. À deux nous conservons une chance de le battre… enfin, peut-être.


Les bombardements se succédaient à cadence rapide et les boucliers perdaient inexorablement de leur puissance. La bataille entre les chasseurs faisait rage. Le surnombre des appareils impériaux était compensé par la manœuvrabilité, la rapidité et les boucliers des Aurek ainsi que par l’expérience de pilotes républicains triés sur le volet par l’état-major du Defiance.
Le Fulgurant grossissait à présent à vue d’œil à travers la baie vitrée de la passerelle. Puis les traits de feu de ses turbolasers devinrent visibles. Dark Dalius entrait à son tour dans la danse.
L’arrivée de ce dernier ne sembla pas troubler le Ragnarok le moins du monde. D’ailleurs, Dark Remus ne pouvait ignorer sa présence dans le système et son évidente intention de participer au combat. L’Interdictor géant continua à concentrer son feu sur le Centurion qui commençait à donner des signes de faiblesses.
Alors que le central des opérations bourdonnait comme une ruche, une puissante explosion secoua les infrastructures du bâtiment, faisant lever la tête à tous les opérateurs concentrés sur leur console. Des regards inquiets furent brièvement échangés. Fébrilement, des doigts s’agitèrent sur les claviers et les écrans tactiles pour dégager des rapports de situation au plus vite. Au même moment la voix de l’amiral se fit entendre :
— Rapport sur les dégâts !

Sur l’un des écrans de la passerelle, la figure du lieutenant Bump apparut.
Amiral, nous venons de perdre l’un des boucliers de proue. Le missile qui l’a détruit a perforé la coque dans le secteur 22. Les équipes d’incendie sont sur place.
— Des pertes ?
Quelques morts et une vingtaine de blessés selon de rapides estimations… essentiellement parmi les servants des batteries légères touchées par l’explosion. Quelques entrepôts non vitaux sont en feu.
— Bien reçu, Bump. Merci.

Le pacha se tourna vers son commandant en second.
— Veillez à ce que le secteur 22 soit protégé en particulier contre toute attaque de proximité. Nous venons d’inaugurer notre premier point faible.
— Oui, amiral, répondit Fail avant de descendre en salle des opérations pour répercuter l’ordre reçu.

Le Ragnarok virait à présent de bord sur l’arrière du Defiance, visiblement pour s’en prendre à ses propulseurs. Mais le vieux Centurion venait d’anticiper sa manœuvre en changeant lui-même de cap. De son côté, le Fulgurant évoluait pour se porter sur l’autre flanc de l’adversaire et le prendre ainsi entre deux feux. Ceci dans le but évident de diviser la puissance de tir de Remus et permettre ainsi aux boucliers du Defiance de tenir le coup plus longtemps.
— Dalius n’a pas fait sortir sa chasse, souligna Cregg Vellaryn en observant le combat. Je me demande ce qu’il attend.
— Il pense peut-être qu’il serait risqué pour ses hommes de s’entremêler avec les nôtres et ceux de Remus. Comment nos pilotes parviendraient-ils à distinguer les uns des autres ?

Le colonel regarda l’amiral et acquiesça d’un mouvement du front.
— Évidemment… tous des chasseurs impériaux. Pas facile de s’y retrouver.
— Ou alors, il faut retirer nos appareils pour laisser le champ libre à ceux du Fulgurant. Ceux-ci sont équipés de transpondeurs permettant de se reconnaître entre eux.

Valin Narcassan se leva pour se rapprocher de la baie vitrée afin de mieux suivre l’évolution du combat.
— Peut-être le ferons-nous le moment venu, ajouta-t-il pensivement.

La voix de leader jaune retentit de nouveau en crachotant dans les haut-parleurs.
Contrôle, ils sont trop nombreux. Des appareils ennemis sont passés à travers nos mailles et foncent vers vous. Interception impossible !
— Bien reçu leader jaune, répondit un contrôleur les yeux rivés sur sa console, la voix vibrante d’excitation. Je les suis sur mon écran. Ils arrivent au cap un un zéro. Je compte cinq… non, six bandits !

L’amiral Narcassan enfonça d’un doigt le bouton de communication de la console la plus proche.
— À toutes les batteries, concentrez le feu sur les appareils ennemis en approche !

Répondant comme un seul homme, les éléments d’artillerie de proximité se tournèrent immédiatement vers le secteur annoncé et commencèrent à cracher leur feu appuyées par les batteries légères de canon laser. Les appareils ennemis se mirent à slalomer entre les traits mortels pour tenter d’échapper à la destruction. Deux chasseurs explosèrent presqu’immédiatement en se transformant en autant de boules incandescentes et se désintégrèrent dans l’espace. Les quatre autres continuèrent leur approche acrobatique. Le front de l’amiral se plissa de rides cependant que ses poings se crispaient. Un autre appareil ennemi se désagrégea sous un coup au but. Puis un quatrième. Le feu du croiseur était intense et dressait à la rencontre des chasseurs impériaux un véritable ouragan de feu. Malgré lui, Valin Narcassan éprouva de l’admiration pour les valeureux pilotes en train de se sacrifier pour obéir aux ordres reçus. Il fallait avoir affronté un vrai tir de barrage pour savoir ce que c’était que de se cramponner au manche de son appareil, les fesses serrées de peur, les dents ne formant plus qu’un étau grinçant soudé par des maxillaires aux muscles tétanisés, les yeux rivés sur l’objectif avec une seule et obsédante pensée : pourvu que le prochain tir ne soit pas le dernier ! Attendre, attendre encore, retenir son envie d’effectuer un violent break salvateur pour s’éloigner au plus vite de l’enfer. Attendre toujours jusqu’à être à portée de tir, attendre le signal d’accrochage des missiles et larguer ces derniers pour enfin, pouvoir faire demi-tour et continuer à prier pour ne pas se faire pulvériser au moment de s’échapper.
Un nouveau chasseur impérial explosa et partit en vrille pour s’écraser contre la coque du croiseur.
Plus qu’un ! songea l’amiral en observant l’appareil tout proche.
Il n’y eut pas de tir missile, ni de torpille lancée. L’appareil disparut à la vue du pacha caché par le flanc du Centurion puis, l’instant d’après, une énorme langue de feu jaillit de la coque en ouvrant une énorme brèche dans sa cuirasse. Chacun sentit sous ses pieds le sol vibrer puis entendit le bruit de la déflagration. Quelque part sur des consoles, des alarmes retentirent.
L’amiral pivota sur lui-même et balaya la passerelle du regard dans l’attente de l’annonce des dégâts qu’il savait déjà importants. Un opérateur lança à la cantonade :
— Violente explosion au niveau du pont quatre… hangars deux et trois.
— Rapport des dégâts dès que possible !
— Oui, amiral !

Le commandant en second se rapprocha du pacha.
— Si je peux me permettre, amiral, nos chasseurs ne pourront pas les retenir éternellement… et nos boucliers faiblissent dangereusement.
— C’est un fait, commandant… il faut nous attendre à encaisser d’autres coups tout aussi sérieux.

Il s’écoula de longues minutes toujours cadencées par les bruits sourds des coups de boutoir assénés par l’agresseur ainsi que des tourelles lourdes du Defiance qui ripostaient inlassablement, puis un opérateur annonça depuis sa console :
— L’officier mécanicien sur le deux, amiral.
— Passez-le.

Le visage grave d’Adrea Artel apparut sur un écran.
— Rapport des avaries, lieutenant ! ordonna Narcassan.

La femme essuya de la main une trace noire qui zébrait sa joue. Sous le geste, la suie s’étala un peu plus.
Un chasseur a percé nos défenses et s’est écrasé dans le hangar deux… difficile de dire s’il l’a fait exprès ou pas mais tous ses missiles et toutes ses torpilles étaient armés. Dans le hangar, de nombreux personnels avaient stocké les réservoirs de carburant et les torpilles pour ravitailler l’escadrille bleue. Tout a explosé. Un véritable carnage !

Derrière elle, on pouvait apercevoir des gens qui couraient dans tous les sens et la lueur des flammes.
L’étanchéité atmosphérique a été rétablie et le gros de l’incendie sera bientôt maîtrisé. Une partie du hangar trois s’est effondré sous la violence de l’explosion du deux. Le…

Elle s’arrêta un instant, visiblement sous le coup d’une émotion contenue. L’amiral patienta en silence jusqu’à ce qu’elle reprenne sa phrase.
Le lieutenant Bump s’y trouvait… il a été enseveli par une partie de la superstructure avec d’autres hommes. On s’efforce de les dégager.

Le visage de l’amiral s’affaissa un peu plus.
— Tenez-moi au courant, lâcha-t-il en désespoir de cause avant que la communication ne soit interrompue.

Son regard chercha le soutien du colonel Vellaryn non loin de lui. Le commandant Fail demanda :
— Où en sont nos boucliers ?

L’opérateur secoua légèrement sa tête.
— Nous les perdons petit à petit, commandant… cinquante-cinq pourcents… Mais certains ne fonctionnent déjà plus, il y a des brèches dans notre protection. Les équipes techniques s’occupent de les colmater…

Pourtant, le feu du Ragnarok avait baissé d’intensité, ses batteries s’étant divisées pour engager le Fulgurant qui frappait fort sur son bâbord arrière s’efforçant lui aussi d’ouvrir une brèche dans les défenses de l’Interdictor géant.
— Il est pris entre deux feux, souligna Vellaryn.
— Il faut tenir bon, continua le second. Il finira bien par subir des dommages avec nos deux puissances de feu réunies.

Comme pour lui donner raison, une boule de feu se dessina à la surface du vaisseau de Remus.
— Il a peut-être un ou plusieurs boucliers défaillants, nota Narcassan. Intensifiez le feu sur cette zone !

Les explosions étaient toujours spectaculaires sur les vaisseaux de grande taille, mais souvent peu mortelles unitairement. Les bâtiments étaient tellement vastes et cloisonnés que les incendies et les brèches dans la coque étaient rapidement circonscrits et les dégâts limités à des secteurs donnés. Il en fallait beaucoup pour abattre ces géants de l’espace qu’étaient les Centurion et les Interdictor tant que leurs boucliers tenaient.
Le feu d’artifice meurtrier se prolongeait lentement, dans un ralenti à la fois grandiose et dramatique. Sur chacun des bâtiments, à chacune de ces explosions, des hommes mouraient, brûlés ou déchiquetés, au mieux blessés et évacués vers l’hôpital du bord qui se remplissait petit à petit, surchargeant de travail les équipes soignantes. Dans la salle de contrôle du Defiance, les haut-parleurs ne tarissaient pas.
Rouge deux, j’ai trois bandits au cul… quelqu’un pour m’en débarrasser ?
— Ici Rouge six, bien reçu Sam… j’arrive avec Murdock, bouge pas trop qu’on puisse les ajuster…
— Youhou ! Trois impériaux de moins !
— Merci les mecs, je vous revaudrai ça… contrôle, ici Rouge deux, mes déflecteurs sont endommagés, demande retour pour réparer…

— Contrôle à Rouge deux, revenez sur le hangar quatre.
Ici, bleu leader… on va manquer de cailloux pour nos lance-pierres…
— Bien reçu, bleu leader… autorisation de procéder à un ravitaillement. Hangar trois détruit. Le deux est pour l’instant impraticable. Regagnez hangar quatre.
Bien reçu, contrôle… bleu leader à escadrille bleu, on fait un break casse-croûte rapide et on remet ça…
— Nos pilotes ont de la bonne humeur à revendre, constata le capitaine Prak venu aux nouvelles. C’est bon pour le moral.
— Oui, soupira Valin Narcassan en songeant que là-bas, dans les entrailles de duracier du monstre qu’ils essayaient d’abattre, se trouvait le Chevalier Jedi Isil Kal’Andil, prisonnière des griffes du Sith venu d’un autre temps.


Sur le Fulgurant, un autre homme était en proie au doute. Grand, dressé de tout son long devant la baie de transparacier, engoncé dans son armure noire et drapé dans la longue cape sombre tombant de ses épaules, Jaster Darillian observait en silence le déroulement de la majestueuse bataille spatiale. À cet instant précis, comment ne pouvait-il pas penser lui-aussi à sa fille biologique enfermée dans le colosse de l’espace qui rugissait de toute la puissance de ses tourelles. Avait-il forcé un peu trop le destin ou bien les morceaux de puzzle de celui-ci allaient-ils au final s’emboiter comme il l’avait pensé ? Pouvait-on encore faire machine arrière ?
L’amiral Nembro debout aux côtés de Dal-Karven, l’épiait depuis de longues minutes en se demandant quelles idées se bousculaient dans son brillant cerveau.
Aussi, fut-il surpris lorsque Dark Dalius se tourna vers eux et annonça :
— Contactez le Ragnarok !

L’amiral leva les sourcils d’étonnement. De son côté, Dal-Karven resta de marbre.
— Pardon, Seigneur ? fit le militaire. Vous voulez que…
— Ne répétez pas mes ordres, Nembro ! cingla Darillian. Je veux parler à Remus !

L’officier général se raidit dans son uniforme impérial.
— Bien, Seigneur !

Il avança sur le bord de la passerelle dominant l’ensemble de la salle des opérations et se pencha par-dessus la balustrade.
— Établissez une liaison codée avec le Ragna…

La voix de Dark Dalius le stoppa net :
— Je n’ai pas dit cryptée ! Établissez une liaison en clair… non protégée.

L’étonnement de l’amiral redoubla.
— Bien, Seigneur.

Il corrigea son ordre en conséquence. Quelques minutes s’écoulèrent, puis, au-dessus de l’holocom s’éleva une silhouette translucide et bleutée comme celle d’un spectre. Darillian s’approcha de l’appareil pour entrer dans son champ de projection pour être vu à son tour de son interlocuteur.
Dark Dalius ! s’exclama le maître du Ragnarok d’un ton goguenard. Que me vaut le plaisir d’entendre un Seigneur Sith qui a l’oreille du Conseil Noir ?
— Dark Remus… ainsi tout est donc vrai. Vous êtes toujours vivant au bout de plus de trois-cents ans.

Le Zabrak ricana :
Vivant et vert comme un jeune homme. Mais vous le constaterez bientôt par vous-même lorsque vous devrez vous prosterner devant moi.
— C’est mal parti, riposta Dalius. Pris entre le feu du Defiance et du Fulgurant, vous ne pouvez vous en sortir.

Remus éclata d’un rire désagréable.
Vos misérables vaisseaux ne feront pas le poids contre le [i]Ragnarok ! Je les réduirai tous deux en poussière ![/i]
— J’en doute… votre Interdictor bien que plus gros que les autres, n’est pas invincible. De plus et d’une façon ou d’une autre, les dégâts que nous réussirons à vous infliger vont être considérables et ne pourront être réparés par vos propres moyens. Tôt ou tard, il vous faudra un chantier naval pour effectuer les réparations appropriées. Vous serez alors vulnérable.
Où voulez-vous en venir, Dalius ?
— Vous avez à votre bord une… invitée à laquelle je tiens infiniment.

Il y eut un bref silence, puis Remus reprit :
Vous voulez parlez de la Jedi nommée Isil ?
— Exactement.
Vous avez toute mon attention, Seigneur Dalius, je vous écoute.
— Eh bien, j’imaginais qu’en échange d’un geste de bonne volonté de ma part, vous pourriez me garantir sa liberté… ainsi que sa bonne santé.

Le Zabrak se frotta le menton, perplexe.
Et que m’offrez-vous en échange ?
— Si vous vous engagez à déposer Isil en toute sécurité sur une planète en un lieu dont vous me donnerez les coordonnées, je me retire du combat et je vous laisse en finir avec le Defiance. Après tout, c’est lui que vous voulez dans l’immédiat, non ?


À bord du Ragnarok, L’amiral Nembro laissa échapper malgré lui une exclamation de surprise et tourna la tête vers Dal-Karven. Imperturbable, le Sith avait un rictus aux lèvres et ses yeux se mirent à luire étrangement.


L’étonnement de l’amiral ne fut rien comparé au tollé sur la passerelle du Centurion où on avait intercepté la communication entre les deux Sith.
— Le salaud ! cracha Keraviss Sayyham le poing en avant. Je vais lui faire la peau !

Le capitaine Prak grimaça :
— On ne peut vraiment pas faire confiance aux Sith. Pourquoi cette félonie ne m’étonne pas ?

Le colonel Vellaryn échangea un regard muet avec l’amiral cependant que le second proposait aussitôt :
— Prenons-le de vitesse et fuyons le combat. Passons en hyperespace avant qu’il ne soit trop tard !

Narcassan fit non d’un mouvement de tête presqu’imperceptible. Son menton s’était réfugié au creux d’une main, le coude appuyé dans la paume de l’autre.
— Je veux voir jusque où ça va aller, murmura-t-il pensivement.
— Soit, amiral… en espérant que les choses n’iront pas trop loin…
— Pourquoi Remus accepterait-il ? objecta Vellaryn. Ne possède-t-il pas l’artéfact de puissance ? Il devrait être invincible, non ?

Narcassan sourit.
— Les artéfacts ! Entre ce qui relève de la légende et la réalité, il y a parfois des trous noirs. Peut-être faut-il du temps à cette chose pour faire le plein d’énergie ? Peut-être Remus n’a-t-il pas encore compris son mode d’emploi ? Une chose est sûre, le prototype issu de la Forge Stellaire est pour le moment aussi vulnérable que nous… mieux armé, plus puissant… mais pas invincible.
— Pourvu que ça dure, soupira la Loordienne.


Sur le Ragnarok, Dark Remus avait conservé un instant de silence dans une pose de marbre qui en disait long sur sa perplexité. Une question le taraudait dont la réponse pouvait donner ou non du sens à la proposition de Dark Dalius.
— C’est un piège ! s’exclama Suri hors d’elle. Maître, laissez-la moi… laissez-moi l’étriper et la faire mourir à petit feu… dans d’atroces souffrances !

Remus réfréna un geste d’agacement.
— La paix, Suri ! Laisse-moi réfléchir… Dalius a raison. Tant que nous ne saurons pas exploiter l’artéfact de puissance, nous ne serons pas invincibles. Il nous faut juste un peu de temps pour nous préparer et alors, la galaxie tremblera sous nos pieds !

Il rouvrit le canal de communication qu’il avait coupé le temps de sa réflexion.
— Une dernière question, Seigneur Dalius… Pourquoi tenez-vous autant à cette… Jedi.

Il avait craché le dernier mot avec un évident mépris. Darillian répondit avec spontanéité comme si la chose était naturelle.
Il s’agit de ma fille, Remus. Et si vous avez pu jauger son potentiel dans la Force, vous comprendrez que j’y tienne énormément !

Le Zabrak émit un rire satisfait.
— C’est d’accord, Seigneur Dalius, laissa-t-il tomber au grand dam de son apprentie. En dépit de mes projets pour elle, je vous la laisse… pour le moment. Elle est… intacte dans sa cellule. Je la déposerai quelque part sitôt que j’aurais réduit le Defiance en poussière stellaire. Mais entre nous, ce n’est que partie remise !

Dalius inclina le front.
C’est bien ainsi que je le comprends, Seigneur Remus. Je vous remercie d’avoir accepté ma proposition et je compte sur vous pour récupérer ma fille saine et sauve.

Le maître du Ragnarok ricana de nouveau de façon désagréable.
— Qu’il en soit ainsi. Passez donc mon bon souvenir au Conseil Noir. Ses membres auront bientôt affaire à moi !
Il coupa sèchement la communication. Suri les poings serrés quitta rageusement la passerelle de commandement.


À bord du Defiance, la consternation régnait. Elle fut à son comble lorsque, subitement, le Fulgurant rompant le combat, disparut en hyperespace en les laissant seuls à affronter l’Interdictor géant dont les coups redoublèrent.


Sur sa passerelle, Dark Remus éructa, les yeux injectés de sang :
— Frappons vite et fort ! Je veux voir ce croiseur pulvérisé, réduit en miettes sanglantes ! À mort le Defiance !


(à suivre... )


Chapitre 27 : Ennemies
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Messagepar Hiivsha » Jeu 10 Sep 2015 - 13:39   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 26 : Affrontement




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27 - Ennemies


Isil progressait le long du tunnel secret, les épaules voûtées, lasse. Le visage de marbre de Maître Torve hantait ses yeux où qu’elle les posât. Elle était partie en abandonnant la petite Kuli’Aven en tête à tête avec Suri. La Sith avait-elle su obéir à son Maître et laissé la Padawan en vie ? La Jedi se prit à l’espérer de tout son cœur. Le sacrifice qu’elle s’apprêtait à faire méritait bien en échange, la vie sauve pour l’enfant twi’lek.
Le passage n’était pas éclairé contrairement à celui emprunté depuis le village rakata. Ils marchaient à la lueur de puissantes lampes, au rythme des ombres mouvantes projetées sur les murs taillés à même la roche. Le trajet lui parut long, bien plus long que celui de l’accès officiel du temple de Shiro.
Le tunnel était large, et la petite troupe s’était répartie équitablement de part et d’autre de la prisonnière afin de bien l’encadrer. Les hommes conservaient leurs armes en mains et louchaient régulièrement vers elle pour l’épier avec des regards méfiants mêlés de crainte. Sa démonstration contre leur Maître restait gravée dans leur mémoire. Connaissant la puissance du Sith, ils se défiaient de celle qui avait pu lui tenir tête. Il n’était pas question qu’elle s’évadât : leur vie en dépendait car jamais Dark Remus ne pardonnait la moindre faiblesse.
À l’arrière de la colonne, Suri avait rejoint son Maître. Ils avaient conféré un moment à voix basse de telle sorte qu’Isil ne put entendre leurs propos. La Jedi sentait sur elle le regard haineux de la Sith et songea que le moment venu, il lui serait sans doute facile de la manipuler, si toutefois l’occasion s’en présentait. Après tout, elle ne savait pas ce que Dark Remus comptait faire d’elle. Aspect positif de la situation, le Sith ne l’avait pas encore tuée et il ne l’emmenait pas à bord du Ragnarok pour aussitôt le faire. Du moins l’espérait-elle. Elle se demanda jusqu’où Jaster Darillian avait envisagé les différents scénarios possibles ? L’écho de ses paroles résonna dans sa tête :
« N’oublie pas, ma fille, qu’il n’y a pas qu’une seule façon de vaincre. Il faut savoir parfois perdre et se soumettre pour emporter la victoire. Une forteresse imprenable, défiant les armées les plus nombreuses, peut parfois être prise par un seul homme de l’intérieur. Si quelque chose de néfaste survenait dans le temple de Shiro, souviens-toi de mes paroles. »
Paroles prophétiques ? Darillian avait-il vu l’avenir ou l’avait-il simplement envisagé ? Avait-il prévu la mort de Maître Torve ?
Les questions se bousculaient dans l’esprit de la jeune femme lorsqu’ils débouchèrent à l’air libre dans une clairière au centre de laquelle patientait une navette impériale d’un modèle ancien. À l’évidence, l’une des navettes du Ragnarok. Comme elle venait de marquer un temps d’arrêt, l’un des soldats la poussa d’une bourrade sur l’épaule en grommelant quelque chose. Isil se remit en marche en observant la rampe d’accès du vaisseau se déposer sur l’herbe.
Le détachement armé qui assurait la protection de l’engin surveilla l’embarquement de la petite troupe avant de l’imiter. Quelques minutes plus tard, les réacteurs vrombissaient en agitant furieusement fougères et lianes alentour, puis la navette s’éleva à la verticale jusqu’au sommet des grands arbres avant de s’élancer dans le bleu du ciel de Mahon. L’azur vira rapidement au gris puis céda la place au noir de l’espace interstellaire. Soudain, à travers les hublots, une forme se dessina, venue de nulle part, immense, impressionnante, comparé à laquelle le petit vaisseau parut dérisoirement minuscule. Celui-ci fut bientôt avalé par l’un des hangars de l’Interdictor géant qui disparut aussitôt dans l’espace.
Dark Remus gagna la passerelle de commandement et Isil fut conduite, sous le regard haineux de Suri, dans la cellule d’une zone de haute sécurité déserte. La Sith activa elle-même le champ de force condamnant l’accès à la pièce dans laquelle la Jedi venait d’être poussée.
— Voilà ta nouvelle demeure, Jedi, grinça-t-elle. J’espère que tu te plairas avec nous !

Elle repartit en ricanant suivie des gardes. Isil se laissa choir sur le bord du lit en soupirant. Au moins, ce n’étaient pas les voisins de cellule qui allaient la déranger dans sa méditation ! Pour ce qu’elle avait pu en voir en traversant les couloirs vides, elle était absolument seule dans la prison. Peut-être les sanctions appliquées par le Seigneur noir étaient-elles expéditives, rendant l’incarcération inutile ?
Et maintenant ? songea-t-elle amèrement en repensant à Maître Torve. Que va faire Dark Remus ?
La réponse lui parvint plus tard lorsque le bruit sourd des batteries de turbolasers s’infiltra jusqu’à elle. Plongée dans la Force, elle tentait de parcourir par la pensée les méandres du bâtiment en se remémorant les plans que Jaster Darillian lui avait fait étudier au cas où. La rumeur du combat la sortit de sa méditation. L’Interdictor avait engagé le combat contre un ou plusieurs adversaires. Le Defiance en faisait vraisemblablement partie. De nouveau elle se leva pour arpenter la cellule déjà inspectée plusieurs fois. Impossible de passer outre le champ de Force dont le boitier de commande était codé. Aucune échappatoire non plus côté mur ou plafond. Rien d’étonnant pour une prison !
Le combat s’intensifia. Isil sentit dans la Force la présence de deux bâtiments de ligne en plus du Ragnarok. Sans aucun doute, le Fulgurant venait en aide au Defiance… ou l’inverse.
Elle se sentit brusquement inutile. L’impuissance à laquelle elle était réduite la rongeait. Si seulement elle pouvait trouver le moyen de sortir de là ! Elle avait déjà essayé de s’infiltrer par la pensée dans le boitier de commande mais les sécurités et le chiffrement dont il disposait lui interdisaient de le manier comme un vulgaire interrupteur.
Puis, Suri revint dans le quartier de détention. Elle marchait à grands pas rapides et la Jedi ressentit son énervement avant même de la voir réapparaître devant elle. Isil s’avança vers le champ de force et croisa les bras.
— Tu as décidé de venir me faire la conversation ? Tu fais bien, je m’ennuie toute seule.

Les yeux injectés de sang, la Zabrak lui lança un regard haineux.
— Tu peux fanfaronner autant que tu veux, ton misérable vaisseau n’en a plus pour longtemps, Dark Dalius vient de l’abandonner à son triste sort !

Isil masqua son étonnement et demanda :
— Que veux-tu dire ?

Suri ricana avec mépris :
— Le papa s’en fait pour la santé de sa fifille ! Il a demandé grâce pour toi en échange de son départ de la bataille.

Les sourcils de la Jedi se froncèrent et son air devint préoccupé.
— Dalius ? Il laisse le Defiance seul contre le Ragnarok ?
— C’est ça, Jedi ! Ça vous apprendra à faire confiance aux Sith !

Elle rit.
— Je parie que votre vieux Centurion ne va pas tenir un round de plus maintenant qu’il est seul à accaparer toute notre puissance de tir ! J’espère que ça ne te chagrine pas trop de le voir partir en fumée ?

La Zabrak minaudait de façon moqueuse en découvrant ses dents vieil ivoire. Puis son regard se durcit de nouveau.
— Je n’ai pas l’intention de permettre que tu repartes en vie de ce vaisseau ! Pas plus que je te laisserai devenir l’apprentie de mon Maître !

Isil grimaça.
— Il ne va pas être content ! Aller à l’encontre de sa parole…
— Sa parole ? s’exclama Suri en riant derechef. Si tu le connaissais aussi bien que moi, tu saurais qu’il n’a sûrement pas l’intention de te déposer saine et sauve sur quelque planète que ce soit !
— Alors, pourquoi veux-tu me tuer ?
— Justement parce qu’il a vraiment l’intention de faire de toi son esclave apprentie ! hurla la jeune Sith hors d’elle. Et je ne tolèrerai pas que tu prennes ma place !
— C’est peut-être parce que je t’ai battue ? lança Isil, goguenarde. C’est bien connu : les Sith n’honorent que les vainqueurs.

Suri cria de nouveau, les traits déformés par la haine :
— C’est faux, tu ne m’as pas battue, je suis plus forte que toi ! Je suis une Sith !

La Jedi lorgna vers son sabre laser que la Zabrak portait toujours à la ceinture avec le sien. Le moment était venu de jouer le tout pour le tout.
— Pauvre petite Sith, ricana Isil volontairement blessante. Battue par une si jeune Jedi qui, il y a peu, était encore Padawan ! Je ne suis pas certaine que tu mérites le titre de Sith… apprentie !

Soudain, le bruit de l’artillerie du bâtiment cessa, laissant la place à un silence aussi oppressant qu’interrogateur. Les deux jeunes femmes se dévisagèrent longuement en silence, puis Suri persifla :
— Le Defiance vient de perdre son dernier combat… à mon avis, il vient tout juste d’être réduit en bouillie républicaine !

Le cœur d’Isil se serra. La Sith continua :
— Je ne serais pas étonnée que nous partions à la poursuite de ton petit papa !

Pour lui donner raison, l’avertissement sonore de passage en hyperespace retentit dans les coursives.
— Qu’est-ce que je disais ! se rengorgea la Sith. Inutile de s’embarrasser d’éventuels survivants… l’espace s’en chargera !

Isil fut tentée de capituler. Tout était perdu ! Le Defiance était détruit et tous ses amis sans doute morts. Pourquoi n’avait-elle rien ressenti dans la Force ? Elle s’assit sur le lit, oubliant la présence de sa rivale qui, elle-même, laissa son dos glisser contre une cloison pour s’asseoir à même le sol, sans rien dire.
Combien de temps s’écoula-t-il ainsi, Isil n’aurait pu le dire. Des minutes, des heures ? Les deux jeunes femmes paraissaient prostrées dans leur réflexion et leurs pensées les plus intimes. La Jedi s’était réfugiée dans la Force sans même en avoir conscience. Elle en éprouva un bien-être régénérateur. Tout autour d’elle des rayons de lumière flottaient en dégageant une douce chaleur apaisante. Soudain, un œil noir apparut au centre de cette bienfaisante clarté. L’apparition sinistre, semblable à la gueule grande ouverte d’un monstre, se mit à grossir en avalant la lumière ambiante. La jeune femme sursauta et rouvrit les yeux. Devant elle, juste de l’autre côté du champ de force, Suri se tenait debout et la contemplait avec un rictus mauvais.
— Vilain rêve ? persifla la Zabrak. Je pense que le moment est venu de t’en délivrer.

Elle avait à peine fini de parler qu’Isil sentit autour de la gorge l’étau implacable d’un étranglement de Force. Les doigts de Suri se crispèrent, serres menaçantes, mimant ce que son esprit imposait à sa proie.
— Sens-tu la toute la puissance de l’Artéfact à présent ? cracha-t-elle. Combien il décuple le Côté Obscur ?

Le corps d’Isil fut soulevé dans les airs, cravaté par une invisible corde. La Jedi suffoquait. Elle chercha instinctivement à réduire la pression sur son larynx en portant en vain les doigts à son cou. Ses jambes s’agitèrent en pédalant dans le vide à la quête d’un improbable point d’appui. Un gargouillement s’échappa de sa gorge. L’oxygène lui manquait et ses yeux se révulsèrent au grand plaisir de son bourreau.
— Finalement, tu n’es rien ! cracha la Zabrak avec mépris. Rien comparée à moi ! Inutile de te tortiller comme un misérable ver au bout d’un hameçon… tu ne peux pas échapper à ma puissance !

Elle laissa sa victime se débattre dans les airs durant un long moment avec une évidente jouissance, son regard sanguinaire rivé sur le visage tourmenté de son adversaire. Un rictus de satisfaction découvrit ses canines acérées de fauve.
— Mais on n’en a pas encore fini toutes les deux, saleté de Jedi ! J’ai d’autres plaisirs en réserve pour toi !

Suri relâcha soudain son emprise et Isil retomba lourdement sur ses jambes. Celles-ci se dérobèrent sous elle et la Jedi s’effondra mollement à moitié inanimée pareille à une poupée en caoutchouc. Suri l’observa quelques secondes et pensa un instant l’avoir tuée.
— Ne crève pas, chienne ! rugit-elle. On doit encore s’amuser toi et moi !

Comme Isil ne réagissait pas, elle coupa fébrilement le champ de force de la cellule afin de se rapprocher d’elle et lui décocha quelques coups de pieds pour la faire réagir.
— Allez, bouge, esclave ! Petite nature ! Reviens à toi que je te fasse frire lentement avec mes éclairs !

Ses bras se levèrent avec une lenteur affectée et ses longs doigts osseux s’allongèrent. On aurait dit une pieuvre dépliant ses tentacules au ralenti. À l’évidence, Suri goûtait déjà par anticipation les douleurs qu’elle allait infliger à la Jedi et prenait son temps pour se délecter du moment. Alors qu’elle se concentrait dans le Côté Obscur de la Force pour y puiser tout ce que sa haine pouvait véhiculer, la Zabrak se sentit soulevée à son tour par une onde invisible et fut propulsée avec une violence inouïe contre un mur à l’extérieur de la cellule, de l’autre côté du couloir. Le choc fut rude, terrible, d’autant qu’elle ne s’y était pas préparée. Sa nuque et son dos heurtèrent la cloison si brutalement qu’elle en eut le souffle coupé et en vit trente-six chandelles. Elle s’écroula rudement sur le flanc et resta un instant immobile, essayant de recouvrer ses esprits pour tenter de comprendre la situation. Avec difficulté, elle souleva ses paupières lourdes, à temps pour voir Isil sauter lestement sur ses deux jambes et avancer vers elle le bras tendu. Puis, Suri sentit quelque chose se décrocher de sa ceinture et voler vers la Jedi, et elle comprit que celle-ci venait de récupérer son sabre laser. Pour lui donner raison, la lame verte, brillante, s’alluma à quelques mètres d’elle.
— Je commence à penser qu’il y a du bon à se comporter comme un Sith, persifla Isil. Feindre, mentir, faire semblant… tromper son adversaire par de petites ruses… Crois-tu vraiment que tu es en mesure de m’étrangler avec ta Force sans que je ne puisse rien y faire ? Moi aussi je sens les effluves de l’Artéfact de Puissance… tu n’y as pas pensé ?

Suri émit un râle et se releva douloureusement en s’appuyant contre la paroi. Si les éclairs meurtriers qui dansaient dans ses yeux avaient pu foudroyer la Jedi, Isil serait morte à cet instant-là. Ils n’avaient heureusement pas ce pouvoir mais contribuèrent cependant à attiser chez la Zabrak un sentiment de haine dévorant qui lui permit d’emmagasiner la Force Obscure dont elle avait besoin pour reprendre ses esprits.
La Sith se raidit sur ses jambes et se munit à son tour de son arme. La lame rouge grésilla en s’étirant, menaçante, vers son ennemie.
— Tu ne me joueras plus jamais la comédie ! cracha-t-elle d’une voix rauque. Je vais te tuer… non, je vais d’abord te démembrer… comme ça tu mourras lentement en me suppliant de t’achever !
— Ah ! se moqua Isil. Je vois que tu m’en veux… serais-tu rancunière ?

Pour toute réponse, Suri passa à l’attaque et frappa de toute ses forces devant elle à l’aide de son sabre. La lame verte s’opposa à la sienne pour la repousser. La Zabrak entama alors une séquence d’assaut avec des variations de frappes qui ne parvinrent pas à mettre la Jedi en difficulté.
— Finalement, tu manques peut-être d’entraînement ! lâcha Isil.

Elle se mit à sourire, provocante, sachant bien que si la colère envahissait son adversaire, elle la rendrait certes puissante, mais l’aveuglerait et l’empêcherait de réfléchir.
— Ce n’est pas tout de dormir trois cents ans, continua-t-elle avec une apparente désinvolture. Il aurait fallu t’entraîner, ma petite !

Après avoir rompu de plusieurs pas pour contrôler l’assaut, Isil attaqua à son tour pour mettre la Sith en difficulté tant et si bien que celle-ci n’eut d’autre ressource que de se lancer dans un long salto arrière pour prendre du champ. Une volée d’éclairs s’échappa de ses doigts. Aussitôt, Isil se mit en garde pour leur opposer la lame verte de son sabre. La concentration électrostatique autour de celle-ci dégagea une lueur éblouissante qui grésilla longuement dans l’air ionisé. Les dents serrées, la Jedi résista en se servant de son arme comme d’un catalyseur, le corps en position défensive, une jambe en arrière, pour contrer la puissance cinétique engendrée par l’attaque. Une boule d’énergie se forma entre les deux adversaires. Chacune tentait de puiser le plus de Force ambiante possible pour prendre l’ascendant sur l’autre. Suri grimaça à son tour sous l’effort psychique fourni. Puis soudain, la sphère électrique remonta le flux d’éclairs et frappa la Sith en se désagrégeant dans une lueur aveuglante. Une onde de choc parcourut le couloir de la prison et renversa violemment les deux protagonistes qui se retrouvèrent plaquées au sol, étourdies durant quelques instants.
Suri se releva en gémissant. Isil en fit autant et ramassa son arme tombée à ses côtés. Une poignée de secondes encore et les sabres se rallumèrent à l’unisson pour reprendre leur ballet effréné. Au terme d’un grand saut périlleux, la Sith se rua sur la Jedi en tournoyant pour accélérer sa vitesse de frappe. Isil para, fit un bond de côté, sentit la lame rouge effleurer son visage et opposa de justesse la sienne au coup suivant porté de taille par la Zabrak qui se mit à enchainer coups sur coups. L’entraînement rigoureux d’Isil lui permit se maintenir une position de défense efficace et imperméable pour supporter le long assaut qui laissa une Suri dépitée de n’avoir pas trouvée de faille dans les remparts de son adversaire. L’ouragan se calma. La Jedi prit alors l’initiative par des coups successifs aussi précis que variés. Exécutés avec une célérité peu commune, ils faillirent prendre de court l’apprentie de Dark Remus. L’un d’eux entailla le flanc de sa cuisse à l’issue du roulé-boulé final d’une botte secrète apprise à Isil par son Maître pour son seizième anniversaire.
Suri lâcha un grognement de fureur et de douleur et rompit le combat par un nouveau saut arrière.
— Comment oses-tu ? cracha-t-elle en s’étouffant de rage.

Elle baissa les yeux vers la balafre sanguinolente.
— Tu vas me payer ça ! éructa-t-elle avant de repartir à l’assaut avec frénésie.

La lame rouge dansa dans l’air, traça des verticales et des horizontales avec une vivacité aussi puissante qu’hargneuse. À chacun de ses coups, la lame verte se plaça sur son chemin pour la contrer, faisant monter la colère de la Zabrak.
À bout d’imagination, celle-ci tendit la main vers l’intérieur d’une cellule ouverte pour en projeter le maigre mobilier sur son adversaire. Un lit frappa Isil de plein fouet et la plaqua contre un mur. Suri lâcha un rire de satisfaction. La seconde suivant, le meuble revenait vers elle à une vitesse folle. À son tour, elle ne put l’éviter et fut propulsée avec lui au fond d’une cellule.
— Si tu veux jouer à ça… grommela Isil en dégageant les cheveux de sa figure.

Elle n’entra pas dans la cellule, songeant que Suri avait toujours la possibilité de réactiver le champ de force pour la prendre au piège. Elle patienta dans le couloir. La Sith se débarrassa d’un encombrant matelas et réapparut devant Isil, plus furieuse que jamais. La Zabrak chercha du regard tout ce qui lui permettrait de prendre l’adversaire par surprise mais le centre de détention était loin d’être un entrepôt offrant quantité de projectiles utilisables. Elle fut tentée un instant de donner l’alarme pour attirer les gardes mais son orgueil l’emporta. Elle voulait vaincre la Jedi, seule !
L’interminable duel au sabre reprit donc ses droits dans l’espace clos des larges couloirs du quartier de haute sécurité. Suri tournoyait sur elle-même en effectuant des cercles autour d’Isil, cherchant à percer sa forteresse inexpugnable. La Sith était persuadée qu’elle finirait par trouver un défaut à la cuirasse de son adversaire. Plusieurs échanges de coups rapides les amenèrent l’une contre l’autre. Elles s’immobilisèrent, la lame rouge frétillant tout contre la joue d’Isil, maîtrisée par l’arme de cette dernière. Suri poussait de toutes ses forces pour la rapprocher de son ennemie dont elle pouvait sentir le souffle tiède. Elles se jaugèrent longuement dans le fond des yeux, leurs visages distants d’à peine quelques centimètres. Isil conserva son calme et contint la pression exercée par une Sith tremblant d’une rage contenue. Les deux lames croisées parurent un instant vouloir se fondre l’une dans l’autre en grésillant. Dans le silence, on entendait clairement le bourdonnement produit par les générateurs d’énergie des sabres laser. Isil murmura :
— Rends-toi avant que cela finisse mal ! Il faut arrêter ton Maître avant qu’il ne soit trop tard. Joins-toi à moi et tu deviendras libre !

La Jedi sentit la pression de la lame diminuer progressivement. Une ombre flotta de façon fugace dans le regard de la jeune Sith. Était-ce celle d’un doute ou simplement de la fatigue ?
Voyant qu’elle ne pourrait réussir à enfoncer sa lame dans le visage de son adversaire, Suri rompit une nouvelle fois et repoussa Isil avec un cri de rage impuissante.
— Comment peux-tu parler de liberté à une personne qui vient de passer trois siècles enfermée dans cette carcasse métallique ! cria-t-elle avec passion. Toi, tu vas et viens à ta guise, tu respires l’air des planètes sur lesquelles tu te promènes…

Sa voix monta dans les aigus et vibra d’une émotion trop longtemps contenue.
— Que peux-tu savoir de la vie que j’ai menée ici ? continua la Zabrak. Tu crois vraiment que c’est super de ne pas voir le temps passer ? De voir toujours les mêmes hommes te dévisager d’un œil concupiscent, d’avoir toujours le même Maître à qui obéir en tout, y compris quand il t’ordonne de venir le rejoindre dans sa couche ?

Isil frissonna malgré elle. La jeune Sith paraissait totalement déstabilisée et lui parlait comme si elle avait oublié le combat auquel les deux jeunes femmes se livraient depuis un très long moment déjà. Les yeux de Suri s’embuèrent.
— Quelles perspectives s’offrent à moi selon toi ? M’échapper pour crever de vieillesse en quelques heures sur une obscure planète ? Tuer mon Maître en bonne apprentie pour prendre sa place à la tête de cet équipage de spectres ambulants bloqués ici tout comme moi ?

Isil resta muette. Jusque-là, elle n’avait pas réfléchi à pareille question. Suri continua en baissant la tête, d’une voix devenue plus grave, plus sourde.
— Quand je te regarde, je vois ce que j’aurais pu être… jolie, puissante, libre… Je te hais pour ce que tu es et que je ne suis pas !

La jeune Sith repartit à l’assaut mais il sembla à Isil que ses attaques manquaient de conviction. Quelque chose paraissait s’être brisée en elle.
— Je t’en conjure, reprit Isil en contrant une série de coups mal ajustés. Cessons ce combat…

Suri secoua la tête avec obstination.
— Il ne peut en reste qu’une ! grinça-t-elle les maxillaires serrés.

Elle se trouvait à une dizaine de mètres de la Jedi et se ramassa sur ses jambes comme un vornskr prêt à bondir sur sa proie.
— Ne fais pas ça ! prévint Isil d’une voix presque suppliante en se mettant en garde.

Suri s’élança puissamment en pirouettant plusieurs fois pour passer au-dessus de la Jedi. Son sabre fouetta l’air pour atteindre son adversaire. La Jedi effectua un pas chassé sur le côté, pivota sur l’un de ses talons, feinta du buste et son sabre trancha au passage le cou de la jeune Sith. Sa tête se détacha des épaules pour rouler un peu plus loin dans un craquement sinistre, tandis que le reste du corps retombait lourdement sur le sol avec un bruit mat.
Le cœur d’Isil se serra dans sa poitrine. Involontairement, elle se mordit la lèvre afin d’étouffer un cri. Durant une minute, la jeune femme demeura immobile à contempler le visage livide qui la regardait fixement. Puis elle songea que Suri avait enfin atteint de bout d’un chemin interminable dont elle ne voulait plus.
— Voyage en paix dans la Force, Suri, murmura la Jedi en rangeant son sabre laser à la ceinture.

Et maintenant ?
La question remplaça toute autre réflexion.
Tout d’abord, il fallait qu’elle connaisse la situation exacte dans laquelle elle et le vaisseau de Dark Remus se trouvaient. Évidemment, il était hors de question de se rendre sur la passerelle de commandement pour voir comment les choses évoluaient.
Soudain, elle se rendit compte que durant leur duel, l’artillerie du bâtiment avait repris son activité de façon plus féroce encore que précédemment. Contre qui se battait donc Remus ? Contre le Fulgurant ?
Isil fit un effort de mémoire pour se remémorer les plans d’un Interdictor. Décidément, songea-t-elle, Darillian ne laissait rien au hasard. Se pouvait-il qu’en les lui faisant étudier, il avait anticipé la position dans laquelle elle se trouverait ? Avait-il tout prévu ou vu l’avenir dans la Force ? La question hantait de nouveau la jeune femme.
Non loin du quartier carcéral, se trouvait une station secondaire de communication. Il était possible de l’atteindre en passant par les conduits d’aération du croiseur dont l’une des bouches se trouvait dans le couloir principal du quartier de haute sécurité non loin de là.
Délaissant le cadavre de l’infortunée Zabrak, elle se rendit sur place avec précaution, sabre en main, prête à toutes les éventualités. Cependant, elle ne rencontra personne et leva la tête une fois arrivée à destination pour étudier la question. À plusieurs mètres au-dessus d’elle, elle voyait l’arrivée de la bouche d’aération qui diffusait l’air respirable du secteur. Le flux était constant et peu puissant. Cela lui permettrait de se déplacer dans les gaines sans trop d’inconfort.
Isil rangea son sabre à la ceinture et tendit les mains vers la grille métallique. Un instant plus tard, arrachée de ses fixations, la plaque se posait en silence sur le sol à côté d’elle. Un puissant saut dans la Force la porta précisément à hauteur de l’ouverture ainsi dégagée dans laquelle elle se glissa.
Combien de temps lui restait-il avant qu’un garde ne pénètre dans le quartier de haute sécurité pour y découvrir le cadavre de l’apprentie de Dark Remus ? Nouvelle et inquiétante question ! Sa progression dans l’Interdictor serait plus facile tant que son évasion ne serait pas découverte.
Elle rampa rapidement, s’aidant de la Force pour se déplacer dans les conduits, bien assez larges pour elle. La précision avec laquelle elle parvenait à se servir de la Force devenait bien utile pour monter ou descendre dans les gaines verticales, hautes parfois de plusieurs dizaines de mètres.
Comme une souris dans un labyrinthe de laboratoire, elle progressa ainsi, invisible aux yeux de tous, jusqu’à son objectif. Confinée dans les boyaux du vaisseau, elle le sentait vibrer sous des coups de butoir assénés par une artillerie ennemie, nombreuse, très nombreuse. Que se passait-il donc au-dehors ?
Elle s’arrêta pour finir à l’aplomb d’une nouvelle grille d’aération. À travers les rainures, elle observa une salle encombrée de nombreux appareils, consoles et autres meubles techniques. Dans l’un des angles, elle aperçut un holocommunicateur de secours. Il n’avait pas la superficie de l’appareil de passerelle d’un grand bâtiment de ligne, mais il suffirait à établir la liaison avec le Fulgurant. En partant du principe que le Defiance avait bel et bien été détruit, elle se devait d’aider son père biologique à éliminer Remus. Il en allait de l’intérêt de la République tout autant que de celui de l’Empire.
Il y avait plusieurs hommes dans la salle. Elle en avait compté trois. Sans aucun doute des techniciens. Difficile de s’imaginer qu’ils avaient trois cents ans d’existence tant ils étaient d’apparence jeune. Isil se concentra sur les boulons de la grille d’aération et les força à se dévisser. Silencieusement, elle fit descendre la plaque de quelques centimètres et l’attrapa pour la hisser ainsi que les vis à l’intérieur du conduit. Enfin prête, elle se suspendit à la bouche ouverte et se laissa tomber souplement sur le sol. Aussitôt elle libéra une vague de Force d’une puissance suffisante pour assommer le personnel présent sans le tuer.
Isil enjamba le corps d’un jeune homme d’une vingtaine d’années pour accéder à l’holocommunicateur. Le modèle était ancien mais le fonctionnement d’un tel appareil n’avait guère changé depuis sa fabrication. Elle hésita un court instant à établir une liaison sécurisée sur le canal de secours du Fulgurant et décida finalement de tenter sa chance vers le Defiance au cas où celui-ci serait toujours opérationnel.
Defiance, ici le Chevalier Jedi Isil Kal’Andil à bord du Ragnarok, est-ce que vous m’entendez ?

Seul le silence lui répondit. La jeune femme insista et répéta sa demande. Quelques secondes d’angoisse s’écoulèrent en vain. La conviction que le Defiance n’était plus dans la course s’imposa soudain à elle.


(à suivre... )


Chapitre 28 : À la rescousse
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Modifié en dernier par Hiivsha le Dim 13 Sep 2015 - 13:08, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Dim 13 Sep 2015 - 13:07   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 27 : Ennemies




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28 - À la rescousse


Le Fulgurant venait de s’enfuir et de quitter l’orbite de Mahon devant les yeux incrédules de l’équipage du Centurion. Sa silhouette rassurante avait disparu dans l’hyperespace. Contre toute attente, l’amiral Narcassan se frotta les mains en s’exclamant :
— À présent, à nous de jouer !

Il se dirigea vers le pilote, Son-Ja-Arti, un étrange sourire aux lèvres et lui montra une tablette de poche sur laquelle il avait annoté quelque chose.
— Lieutenant, communiquez ces coordonnées en chiffre à tous les pilotes.
— Nous ne les faisons pas revenir ? s’étonna la Céréenne.
— Non… Remus comprendrait et tenterait de nous prendre dans ses rayons tracteurs ou génèrerait un puits de gravité… ce qu’il doit actuellement hésiter à faire à cause de la puissance colossale requise par cette opération. Il a trop besoin de son énergie pour ses boucliers et ses batteries. L’hyperpropulseur de nos chasseurs fera l’affaire.
— Dois-je les rentrer dans l’ordinateur de vérification d’hypertrajectoire ?
— Inutile, lieutenant, ce serait trop long. Il ne faut pas laisser à notre adversaire le temps de réfléchir. De surcroît, je ne voudrais pas donner une crise cardiaque à notre ordinateur… Court-circuitez les sécurités et entrez-les manuellement… exécution !

Le commandant Fail s’avança vers lui.
— Faut-il essayer de masquer notre route ? L’ennemi va nous suivre… il n’y a pas de nébuleuse ici pour dissiper nos gaz de propulsion.

Narcassan tapota l’épaule de son second.
— Je sais… et c’est très bien ainsi… Il ne manquerait plus que Remus nous perde de vue. Au contraire, laissons autant de traces que possible.

Puis, il posa une main sur l’avant-bras du pilote.
— Lieutenant Son-Ja-Arti, c’est le moment !

L’instant d’après, Dark Remus vit le Defiance casser sa trajectoire circulaire de combat, accélérer puis disparaître à son tour en hyperespace, imité par tous les chasseurs Aurek les uns après les autres.
— Il fuit ! s’écria-t-il. Navigateur, calculez immédiatement une solution de poursuite !

L’amiral Nembro s’interposa.
— Mais, Seigneur, nos pilotes… Nous ne pouvons les laisser… ils n’ont pas d’hyperpropulseurs !

Pour seule réponse, le Zabrak arcbouta son pouce et son index droit et le militaire sentit l’étau implacable de l’étranglement de Force enserrer son cou. Ses pieds décolèrent du sol en gigotant. Le Sith haussa le ton.
— Ne me contredisez plus jamais, amiral, ou ce sera la toute dernière fois !

Il relâcha la pression et le vieil homme s’écroula sur ses genoux en se tenant la gorge tandis que son maître hurlait en direction de l’officier pilote :
— Suivez-le, maintenant !

Sous les yeux effarés des chasseurs impériaux, le croiseur quitta à son tour le théâtre des opérations et disparut dans le néant en les abandonnant sur place.
*
* *

Valin Narcassan se tourna vers l’officier de quart.
— Maintien de l’alerte maximum !

Puis son regard croisa celui du colonel Vellaryn et il ajouta :
— C’est maintenant que tout va se jouer… quitte ou double !

L’amiral se laissa choir sur le fauteuil de commandeur en fixant le regard sur les traînées bleutées de l’hyperespace.
— Où allons-nous ? demanda Vellaryn.
— Boucler une boucle qui n’a jamais été refermée.
— Que pensez-vous de l’attitude de Dalius ?

Un léger sourire flotta sur les lèvres de Narcassan lorsqu’il répondit :
— C’est un Sith… tellement prévisible.

Le colonel haussa les sourcils et ouvrit la bouche pour répondre quelque chose mais il se ravisa et se tut. Il venait de comprendre que l’amiral s’en tenait à l’évidence à un plan, établi sans doute d’un commun accord avec Darillian lui-même ?
Soudain, le pacha frappa les accoudoirs de son fauteuil du plat de ses mains et se leva avec une vigueur renouvelée. Il y a avait un amusement presqu’enfantin sur son visage rajeuni.
— Profitons de ce petit voyage en hyperespace pour aller prendre des nouvelles de notre bon lieutenant Bump et des autres blessés. Venez Cregg ! À vous le soin, Fail !

Et sur ce, il quitta la passerelle d’un pas décidé en direction de l’infirmerie, suivi par le colonel Vellaryn.
Lorsqu’ils arrivèrent à l’hôpital du bord, ils entendirent immédiatement des éclats de voix dont l’une leur était familière.
— Mais bon sang, je vous dis que je vais bien, nom d’un bantha ! Rendez-moi mon pantalon et laissez-moi faire mon boulot !

Un jeune médecin tentait désespérément de retenir sur son lit l’officier ingénieur.
— Mon travail à moi est de vous garder ici en observation ! répliqua le praticien. Veuillez vous recoucher, lieutenant !

Valin Narcassan s’approcha d’eux.
— Autant essayer de convaincre un banquier toydarien de renoncer à faire des affaires, lança-t-il joyeusement.

Bump s’exclama :
— Ah, amiral ! Vous tombez bien. Pouvez-vous donner l’ordre à ce misérable empêcheur de tourner en rond de me rendre mes affaires pour retourner m’occuper de mon navire !

Le médecin afficha un air désespéré.
— Amiral, si vous pouvez le convaincre de rester sagement allongé…
— Allons, allons, Bump. Avez-vous fini d’accaparer ce docteur… il a sans doute d’autres blessés à soigner.

L’amiral montra du doigt le pansement qui enserrait la tête de l’officier mécanicien.
— Qu’est-ce qu’il a ?
— Traumatisme crânien. Rien de grave en apparence au scanner mais je préfère qu’il reste en observation quelques heures.
— Foutaises, s’écria Bump. Je vais bien ! Tout ce dont j’ai besoin, c’est de mon pantalon et de ma veste !

Tout à coup la voix du médecin-colonel Bartigo s’éleva de derrière un rideau qui séparait les lits.
— Rendez-lui son foutu uniforme, docteur, et qu’il dégage de mon hôpital ! À crier comme ça, il indispose les vrais blessés !

Liam Bump arbora un air victorieux.
— Ah ! Enfin quelqu’un qui fait preuve de bon sens !

Il arracha presque ses affaires des mains d’une infirmière pour les enfiler en toute hâte.
— Que s’est-il passé, Bump ? demanda l’amiral.
— J’étais dans le hangar trois lorsque il y a eu une énorme explosion dans le deux. Je me suis retrouvé sous des tonnes d’acier mais heureusement, une traverse m’a sauvé la vie en me protégeant de l’effondrement d’une partie de la structure.
— Vous avez eu de la chance, remarqua Vellaryn.
— Je sais, colonel. D’autres en ont eu moins. Il y a plusieurs dizaines de morts… surtout au niveau du deux. D’après ce que j’ai entendu, ça a été un carnage.

L’amiral lui tapota le bras.
— Vous êtes certain d’être en état de reprendre votre poste, Bump ?
— Absolument, amiral, plutôt deux fois qu’une ! Il faut bien que je veille sur mon bébé qu’un Sith psychopathe essaye de détruire !

L’officier général échangea un sourire entendu avec le colonel Vellaryn.
— Eh bien, lieutenant, allez-y… et faites-moi un rapport détaillé dès que vous le pourrez.

Bump s’était déjà levé.
— Vous pouvez compter sur moi, amiral ! lança-t-il en quitta les lieux sans demander son reste.

Le commandant du Defiance et le chef de la CPM s’attardèrent longuement parmi des victimes aux blessures plus ou moins graves. La présence du pacha à l’infirmerie redonna le moral à l’équipage. Il dut promettre à maintes reprises d’avoir la peau « du salaud qui avait fait ça » selon l’expression même des hommes. Le docteur Behla Barton était venue prêter main forte à l’équipe médicale du croiseur. Ses facultés particulières se révélèrent apaisantes sur les blessés. Les nouvelles du chevalier Jedi Nuleena qu’elle donna à ses supérieurs, les rassurèrent. Ils reprirent ensuite le chemin de la passerelle.


Le Defiance sortit de l’hyperespace au moment précis où les alarmes gravitationnelles se mettaient en branle. Valin Narcassan avait repris sa place dans le fauteuil de commandeur et consulta son databracelet.
— Pile à l’heure et au bon endroit.

Un navigateur s’écria :
— Alerte trou noir !

Une exclamation parcourut le personnel et tous les regards se portèrent à travers la grande baie de transparacier. Les yeux s’écarquillèrent devant la vision dantesque. Devant eux se dressait un œil immense, rond, noir, impénétrable, entouré de spirales de lumière avec lesquelles la poussière cosmique et des millions de petits astéroïdes formaient un sinistre halo ; une sorte d’immense entonnoir qui se mouvait au ralenti ; un paysage à la fois magnifique et terrifiant, d’une beauté et d’une puissance incommensurable.
Hypnotisés par le surréalisme de la scène, certains officiers s’étaient rapprochés de la baie pour mieux jouir du fabuleux spectacle.
— C’est proprement incroyable, lâcha Keraviss Sayyham.
— Oui, répondit l’amiral. À chaque fois que j’en vois un, ça me procure les mêmes sensations.

Simultanément, les chasseurs Aurek apparurent à leurs côtés, émergeant à leur tour de l’hyperespace. L’amiral se tourna vers l’officier de quart.
— Capitaine, donnez l’ordre aux chasseurs de réintégrer le Defiance de toute urgence !

Quelques secondes plus tard, les petits vaisseaux entamaient un ballet savamment orchestré par les contrôleurs du croiseur pour rentrer hâtivement à leur base. L’amiral s’était rapproché du pilote et désigna du doigt le trou noir.
— En avant, lieutenant, droit sur notre nouvel ami.

Son-Ja-Arti leva un visage surpris vers le pacha.
— Réellement, amiral ?
— Bien sûr, ai-je l’air de plaisanter ? Allons-y. Je vous dirai quand vous arrêter.

Quelques minutes plus tard, un opérateur annonça d’une voix forte :
— Scanner, un vaisseau sur notre un huit zéro… c’est le Ragnarok !

Narcassan se frotta les mains.
— Parfait, il ne nous a pas lâchés d’une semelle.

Il ne s’écoula pas longtemps avant que l’artillerie ennemie recommence à martyriser le Centurion à grands coups de turbolasers et de torpilles. Le croiseur se remit à frémir à chaque explosion contre ses boucliers.
— Maintenez la distance, ordonna l’amiral au pilote.

L’œil du trou noir grossit devant eux, menaçant et effrayant. Le colonel Vellaryn et le commandant en second Fail se rapprochèrent insensiblement de leur supérieur.
— À quoi jouons-nous, Valin ? demanda le premier à voix basse.
— Pour vaincre une puissance extraordinaire, il nous faut une autre puissance extraordinaire.
— Vous voulez attirer le Ragnarok dans ce trou noir ?
— Si c’est en mon pouvoir…
— Mais le Defiance ne va pas résister longtemps à ce régime, vous le savez ? objecta Agrel Fail.

Au même instant, l’opérateur radar annonça avec excitation :
— Scanner, nombreux vaisseaux sortant de l’hyperespace sur notre deux sept zéro !

Les regards se portèrent sur la baie en transparacier de gauche.
— C’est une flotte Sith ! s’exclama le commandant en second.

La voix de l’enseigne Dreebo se fit entendre par-dessus le brouhaha provoqué par cette nouvelle.
— Un message du Fulgurant, amiral ! Il dit : « J’espère que je n’ai rien raté ! Signé Dark Dalius. »

Les exclamations redoublèrent. L’opérateur aux scanners reprit :
— Je compte un cuirassé de classe Harrower, deux Interdictor, quatre destroyers de classe Terminus et huit frégates lourdes de classe E. L’un des Interdictor est le Fulgurant, l’autre répond à la signature du Tourmenteur. Quant au cuirassé, c’est… le Lame Noire.
— Darillian ramène des amis ? s’étonna Vellaryn en regardant de biais l’amiral Narcassan.
— Une flotte au service du Cercle Sombre, pour être plus précis, ajouta ce dernier. Le piège se referme.

Le pacha s’approcha d’une console.
— Comment se comporte le Ragnarok ?

L’opérateur leva un visage parsemé de taches de rousseur.
— C’est étonnant, amiral, mais on dirait que nos coups ne lui font rien… et quand je dis, rien, ça veut dire, pas la moindre égratignure. Par contre, nos boucliers à nous souffrent le martyre.

Le visage de Narcassan s’assombrit. Le commandant Fail intervint :
— Peut-être l’artéfact de Puissance le rend-il finalement invulnérable ?
— Ce serait fâcheux, répondit l’amiral préoccupé.

La flotte Sith se partagea en deux pour prendre l’ennemi en tenaille et lui couper la route avec la visible intention de l’empêcher de s’enfuir en hyperespace. Le Fulgurant manœuvra à part pour générer un puits gravitationnel en amont de la course du Ragnarok. L’Interdictor géant se retrouva entre le trou noir et le Centurion.
Le sol de la passerelle se mit à trembler sous leurs pieds. Le lieutenant Son-Ja-Arti s’exclama :
— Amiral, nous subissons l’attraction du trou noir. Je peux la contenir avec nos propulseurs principaux mais je crois que nous ne devrions pas approcher plus près.
— Alors établissez une trajectoire parallèle à celle de notre ami et restez comme ça. Le Ragnarok est plus massif que nous… l’attraction va être plus forte sur lui. Il va devoir utiliser une partie de sa puissance pour se maintenir à notre niveau.
— Devons-nous faire sortir la chasse ? s’inquiéta le commandant Fail.

L’amiral secoua la tête.
— Non, Agrel, les chasseurs seraient aspirés par le trou noir. Leurs propulseurs n’y résisteraient pas. Même les frégates impériales ne vont pas pouvoir s’approcher trop près de ce monstre spatial. Cette bataille sera livrée entre vaisseaux de ligne.

Au même instant, un petit groupe s’invita sur la passerelle. Il s’agissait des membres de la CPM à l’exception du docteur Barton et évidemment, de Nuleena, accompagnés de la Padawan Kuli’Aven et de P2-A2 le droïde astromécano d’Isil. Intrigué, Valin Narcassan se porta à leur rencontre.
— Amiral ! l’interpela Argail avant même d’arriver à lui. On a un plan à vous soumettre !

Le chef de la CPM et le commandant en second restés à l’autre bout de la passerelle observaient le petit groupe discuter lorsque l’officier communication Dreebo s’agita derechef.
— Amiral, amiral ! Une communication chiffrée en provenance du Ragnarok ! C’est… le Chevalier Jedi Isil Kal’Andil !

L’annonce interrompit toutes les conversations et un lourd silence lui succéda. Même Argail n’acheva pas sa phrase. D’un pas rapide, ils s’approchèrent de l’holocommunicateur de la passerelle au centre duquel la silhouette bien connue d’eux s’éleva plus ou moins nette.
— Amiral, enfin ! s’exclama la jeune femme. J’ai eu du mal à vous joindre. J’avais fini par être convaincue que le Defiance avait été détruit !
— Isil ! Comment allez-vous ? s’inquiéta Narcassan.
— Je vais bien. Il faut que je sache quelle est la situation à l’extérieur.

Comme elle disait ses mots, une puissante explosion brilla à travers la baie tribord. L’opérateur des scanners cria :
— Une frégate vient d’être détruite ! Un destroyer est en feu… Plusieurs explosions se sont produites sur le Lame Noire
— Le Ragnarok fait décidément très mal ! observa l’amiral.
— Si nous n’avions pas la puissance de nos générateurs mésoioniques prototypes, nous n’aurions plus de boucliers depuis longtemps, précisa le commandant en second, Fail.

Le pacha se tourna de nouveau vers l’image d’Isil et résuma aussi clairement que possible la situation. Quand il eut fini, il ajouta :
— Vos amis de la CPM souhaitent vous soumettre un plan !
*
* *

Derrière la visière de son casque, Lillaia observa un instant la puissante silhouette de l’Interdictor géant dont la route était parallèle à celle du Defiance, sur leur bâbord. Jamais elle n’avait vu aussi grand vaisseau d’aussi près. Tout autour des deux immenses bâtiments, l’espace était illuminé de myriades de traits luminescents générés par les innombrables batteries de canons lasers de tous calibres dans un échange d’inépuisables coups mortels. Avec les éclats des multiples explosions dues aux missiles et aux torpilles sur les boucliers des bâtiments, on aurait presque dit un feu d’artifice spatial. Au même moment, l’un des destroyers explosa à son tour en une multitude de morceaux incandescents.
Un sinistre feu d’artifice, songea la jeune femme en alluma son propulseur personnel.
Un bref regard circulaire lui apprit qu’Argail, Vannick Payn, Krig Landala, Loodo, Keraviss Sayyham et Devan Prak, venaient d’en faire autant.
P2-A2 trépigna en couinant longuement sa désapprobation. Lillaia comprit ce que le petit droïde voulait dire et répondit :
— Non, P2-A2, tu ne peux pas venir avec nous, c’est trop risqué pour toi. Isil ne serait pas contente s’il t’arrivait malheur. Tu dois nous attendre ici avec Kulia !

Résignée, la petite Twi’lek aux côtés de l’astromécano leur adressa un signe de la main.
— Que la Force soit avec vous ! s’exclama-t-elle la gorge nouée en les observant s’élancer dans l’espace froid.

Une fois franchi le bouclier atmosphérique, le cœur de Lillaia accéléra. Alors qu’ils s’éloignaient de la silhouette rassurante du Defiance, elle prit conscience de la folie de leur mission. En observant les vaisseaux de guerre évoluer tout autour d’eux et tirer inlassablement de toute la puissance de leur artillerie, elle se sentit comme une fourmi tentant de traverser une avenue de Coronet City à l’heure de pointe.
Le Defiance, vu de l’extérieur, paraissait bien plus touché que ce qu’on pouvait penser de l’intérieur. De nombreux incendies faisaient rage et de long morceaux de coque avaient été arrachés ou tordus par les multiples coups assénés par le Ragnarok. Cependant, sa puissance de feu était à priori intacte. En outre, depuis que la flotte impériale avait engagé le combat à ses côtés, les tirs de l’ennemi n’étaient plus exclusivement concentrés sur lui. Peut-être, Dark Remus faisait-il durer le plaisir en attaquant et en détruisant les uns après les autres, les vaisseaux les plus fragiles de la coalition qui s’échinaient, vainement selon toute apparence, à percer ses défenses inébranlables. Acculé contre le trou noir selon le plan élaboré par ses ennemis, attaqué massivement par une flotte nombreuse, l’Interdictor géant semblait jouir d’une véritable invincibilité conférée par le pouvoir de l’artéfact de Puissance.
Lillaia fixait des yeux leur objectif. Leurs appareils étaient équipés d’un brouilleur sensé les rendre invisibles aux scanners ennemis. Minuscules dans l’immensité spatiale, ils pouvaient en outre espérer ne pas être repérés par la défense rapprochée du croiseur toute obnubilée par les vaisseaux ennemis en l’absence de toute présence de chasseurs dans la bataille.
Contacté par la petite équipe, Dark Dalius avait interrogé les anciennes bases de données impériales pour trouver les codes administrateurs utilisés par les Interdictor de l’époque de Revan, permettant notamment d’ouvrir les différentes écoutilles qui jalonnaient l’immense bâtiment. Il ne restait plus qu’à espérer que la Forge Stellaire avait bêtement repris le même codage en construisant le Ragnarok. Si tel était le cas et qu’Isil parvienne au rendez-vous fixé pour leur ouvrir l’un de ces sas, ils pourraient alors s’introduire dans le vaisseau et apporter leur soutien à la Jedi afin d’en finir de l’intérieur avec l’invincible ennemi.
— Pluie de météorites ! s’exclama l’enseigne préposé au scanner de surveillance de la petite équipe.

L’avertissement fut répercuté directement dans les oreillettes portées par chaque membre du commando.
Le trou noir aspirait tout ce qui passait à sa portée. Il ne s’en fallait que de la puissance de leur propulseur individuel qu’ils ne soient eux aussi victimes de l’appétit du monstre. Lillaia tourna de nouveau la tête. Argail lui fit un signe pour lui indiquer la direction du danger. Une multitude de petits rochers se précipitaient droit sur eux, sur une diagonale d’interception provenant de leur droite. Le militaire lança :
— Danger à trois heures !

Aussitôt, les sept minuscules points qu’ils représentaient, se mirent à zigzaguer habilement à travers les projectiles, maniant fébrilement le joystick directionnel de leur propulseur du bout du pouce. Des avertissements fusèrent. Lillaia ressentit un choc mais aucune douleur. Une météorite avait sans doute percuté son appareil. Les propulseurs ressemblaient à des motojets de poche conduites debout, les jambes et les bras écartés. C’étaient des appareils expérimentaux recensé dans l’équipement fort complet de la CPM par P2-A2. Et c’était lui qui avait eu l’idée d’une pareille folie. Mais malgré sa capacité à se mouvoir dans l’espace avec ses propres propulseurs, l’amiral avait refusé la participation du droïde à la mission comme il avait refusé celle de la Padawan Kuli’Aven.
Argail jura plusieurs fois en frôlant autant de météorites mais tout se passa sans dommage. Les appareils traversèrent la pluie rocheuse sans coup férir. Ils sortirent du champ des micro-astéroïdes et reprirent leur ligne droite en direction du monstrueux croiseur.
Lorsqu’ils arrivèrent contre lui, ils purent vraiment mesurer son gigantisme. À lui seul il représentait une véritable ville. Il leur fallu un peu de temps pour trouver les coordonnées du sas visé, dans une zone neutre située sous le ventre du bâtiment, à l’abri d’une longue rainure qui ressemblait plutôt à une avenue de capitale. Au-dessous d’eux et tout autour, les innombrables batteries de lasers tiraient sans discontinuer. Il ne leur restait plus qu’à espérer que des tirs amis ne les atteindraient pas accidentellement.
Argail songea que leur mission tenait en partie d’un jeu de casino basé sur de la chance. Pour penser à autre chose, il se jura d’emmener Lillaia à l’issue de la mission, un mois dans la suite luxueuse d’un palace de Nar Shaddaa pour flamber dans les casinos sa paye d’une année, et s’adonner avec elle à mille plaisirs le reste du temps.
— C’est ici, annonça Keraviss Sayyham après avoir consulté un appareil de géolocalisation. Espérons à présent qu’Isil aura pu se faufiler jusqu’ici pour nous ouvrir de l’intérieur.

Ils enclenchèrent le magnétisme de leurs bottes afin de pouvoir marcher sous le ventre du géant et amarrèrent les propulseurs à l’aide d’entraves également magnétiques. Lillaia fit une grimace en inspectant le sien.
— Merde ! fit-elle.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Argail inquiet en se rapprochant d’elle.
— Le réservoir contenant le gaz propulseur a pris un coup… sans doute l’un des astéroïdes qui m’a heurtée. Mais ça a l’air d’aller.

Le capitaine Prak intervint :
— Il faut juste qu’il soit capable de supporter deux jeunes femmes bien sveltes pour le retour !

Quelques rires nerveux accompagnèrent sa boutade et Lillaia approuva.
— C’est mieux que de lui demander de tracter Argail et Krig réunis !

Le colosse bougonna :
— Pourquoi, tu insinues que je ne suis pas svelte ? Mate donc ça… rien que du muscle !

Il prit une pose avantageuse rendue comique par sa combinaison spatiale.
— On sait, répondit Loodo, amusé. Pas une once de gras… il suffit de te regarder sous la douche.
— Mouais… ça me plait pas trop de savoir que tu me mates sous la douche… Lillaia ou Isil, je dis pas, mais toi…
— Là, regardez ! interrompit le commandant Sayyham.

À quelques mètres d’eux, une écoutille venait de se soulever dans le silence de l’espace. L’officier s’avança jusqu’à elle puis, après en avoir inspecté l’intérieur, plongea littéralement dans le sas en leur faisant signe de l’imiter.
Un à un, ils s’entassèrent dans l’espace clos, puis Prak, le dernier, referma l’ouverture sous ses pieds. Des échelles posées tout autour du sas cylindrique leur permirent de s’accrocher avant que la gravité artificielle ne s’active en même temps que la pression atmosphérique. Quand l’équilibre fut rétablit, l’autre extrémité du sas au-dessus de leur tête s’ouvrit et le visage amical d’Isil leur apparut. Elle leur parut fatiguée et grave.
— C’est bon, dit-elle. J’ai neutralisé l’alarme d’ouverture. Rien ne devrait signaler votre intrusion.

La Jedi les aida à remonter dans une pièce de maintenance où ils purent ôter leur combinaison. Argail et Landala transportaient chacun un container contenant des armes et une combinaison supplémentaire pour Isil.
— Ton laissez-passer pour le retour, commenta Lillaia en la lui montrant. Et c’est moi qui serai ton chauffeur.
— Super, répondit la Jedi. Je me demandais un peu comment repartir d’ici. J’aurais bien volé une navette ou un chasseur, mais je pense que je n’aurais pas pu contrer l’attraction du trou noir.

Comme ils avaient ôté leur protection spatiale, Isil dressa un sourcil.
— C’est quoi ces uniformes ?

Keraviss Sayyham jeta un œil vers l’équipe toute vêtue de noir.
— Des uniformes impériaux… ceux des équipes de sécurité. Peut-être pas exactement les mêmes qu’il y a trois cents ans, mais ils ont si peu changé que ceux-ci peuvent peut-être nous donner l’avantage de la surprise dans le feu de l’action. La bataille fait rage entre les vaisseaux et l’équipage du Ragnarok ne s’attend sans doute pas à une telle intrusion.

Lillaia tendit une oreillette à son amie.
— Tiens, mets-ça. Ça te rappellera notre mission sur Corellia.

Isil obtempéra et glissa le minuscule appareil dans son conduit auditif puis fit un test rapide avec la militaire.
— Bon, à présent, il faut nous rendre à la salle de commande des propulseurs et neutraliser le potentiel de déplacement du Ragnarok avant de repartir, annonça le capitaine Prak.
— Il ne faudra pas traîner ensuite, renchérit Argail. Une fois les moteurs sabotés, le Ragnarok va être irrémédiablement attiré par le trou noir… et ce, de plus en plus vite. Si on veut que nos engins parviennent à nous arracher à son attraction, il nous faut éviter de quitter le bâtiment trop tard.
— Oui, il nous faut agir vite, renchérit Keraviss Sayyham. Le Defiance ne va pas tenir longtemps si près du Ragnarok à nous attendre !
— Nous sommes à égale distance de cette salle et de la passerelle, intervint Isil. Il va nous être difficile de passer inaperçus. Jusqu’à présent, je me suis faufilée par les conduits d’aération aidée de la Force pour rester invisible… mais là, nous ne pourrons pas le faire. Et puis, ce serait trop long… Je vais me rendre sur la passerelle pour créer une diversion.

Le capitaine Prak posa sur elle un regard perçant en fronçant ses épais sourcils.
— En réalité, vous voulez affronter Remus ?
— Je suis une Jedi. Il n’y a que moi qui puisse le neutraliser pendant que vous sabotez la propulsion. Si vous êtes découverts, mieux vaut pour vous ne pas avoir à l’affronter. Et puis, je peux y arriver… je me suis déjà battue contre lui !
— Si tu affrontes Remus, il faudra quand même couvrir tes arrières durant le combat, déclara Argail en levant son canon d’assaut à cadence rapide. Je viens avec toi.
— Moi, aussi, enchaîna Lillaia. Histoire de veiller sur vous deux !

Isil consulta muettement le commandant Sayyham. La Loordienne acquiesça :
— Entendu. Nous sommes assez nombreux pour cela. Landala, Payn et Loodo, avec Prak et moi ! Mais, Isil…

Elle pointa son doigt vers la jeune femme.
— Que ce soit bien clair : dès que nous aurons neutralisé la propulsion du bâtiment, vous évacuez tous les trois. Je me fiche de savoir qui du Sith ou du Jedi a gagné, on est d’accord ?

Isil fit oui de la tête.
— Bien reçu, commandant !
— D’autant, renchérit Prak avec un demi-sourire, qu’on sait pertinemment que les duels entre Sith et Jedi n’en finissent jamais… aussi ennuyeux qu’un match de shockboxing entre deux aveugles !

Des sourires détendirent l’atmosphère. Isil confirma :
— Pas de problème.

Ils se divisèrent en deux groupes, et sortirent de leur cachette avec précaution.


(à suivre... )


Chapitre 29 : Assaut
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Messagepar Hiivsha » Ven 25 Sep 2015 - 15:12   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Chapitre 28 : À la rescousse




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29 - Assaut


L’équipage d’un Interdictor était bien moins nombreux que celui d’un Centurion soit un peu plus de cinq mille hommes. Combien le Ragnarok en comptait-il ? Ils ne le savaient pas. Mais on pouvait estimer que les pertes lors de la prise du vaisseau par Dark Remus, trois cents ans plus tôt, avaient été élevées. Quant aux survivants, avaient-ils tous résisté aux siècles passés en errance intergalactique ? Là aussi le mystère régnait.
Argail tournait et retournait ces questions dans sa tête tout en progressant dans les coursives vides. Il était également vrai que l’équipage était aux postes de combat et n’avait donc pas à trainailler dans les immenses ponts du bâtiment.
Il en était là de ses réflexions lorsque, arrivés à une intersection, Lillaia leur fit signe de s’arrêter et de se plaquer contre le mur dans l’un des recoins permettant à des conduites verticales de traverser du sol au plafond. La jeune femme leva trois doigts puis tendit son pouce vers elle. Traduction : trois personnes venaient à leur rencontre.
Effectivement, ils entendirent bientôt le bruit d’une conversation. Trois hommes armés en tenue noire de la sécurité s’approchaient. Lillaia s’enfonça entre deux colonnes. Isil et Argail en firent de même de l’autre côté du couloir. L’arme de la militaire se releva lentement et son index se crispa sur le bouton de mise à feu. En face d’elle, la Jedi lui fit non de la tête. Les hommes étaient à présent à leur niveau mais regardaient devant eux. Isil s’infiltra à travers la Force dans leur esprit pour les obliger à conserver le regard droit. Aucun ne détourna la tête en passant devant les deux recoins. Ils s’éloignèrent. Argail relâcha sa respiration.
— Ouf, j’ai bien cru que l’un d’entre eux allait se retourner vers nous.
— Contrôle mental, répondit sobrement Isil.

Elle se sentait étrange, différente. Ce n’était pas de l’euphorie mais un genre de bien-être comme chez une personne en pleine forme physique, remplie de vigueur et d’énergie. Elle ressentait une facilité toute nouvelle à mobiliser la Force autour d’elle. Prudemment, elle rabattit la capuche de sa cape afin de dissimuler ses cheveux blonds. L’armure portée par Suri ressemblait un peu à celle de Naara. Cape fermée et capuche sur son visage baissé, Isil pouvait, au moins de loin, donner l’illusion un court instant.
— Tu as vraiment l’air d’une Sith avec cette tenue, observa Lillaia.
— C’est l’essentiel, bougonna la Jedi.
— Je suis sûr qu’Hiivsha t’adorerait dans cette armure… lorsque tu n’es pas emmitouflée dans ta cape, cela va sans dire, nota Argail complaisamment.

Hiivsha ? Un bref instant les pensées de la jeune femme s’envolèrent vers l’absent. Il lui avait fallu de longs mois de séparation pour accepter ce sentiment interdit par le Code. Mais l’absence était si cruelle que le doute n’avait plus sa place. Après un soupir, elle chassa ses songes pour se replonger dans le présent.
— Continuons, fit-elle sèchement.

Ils empruntèrent un ascenseur express pour monter vers les étages de la tour de commandement. Parvenus au sommet, Lillaia pressa le bouton de blocage puis reprit sa progression avant de s’arrêter un peu plus loin : deux sentinelles gardaient l’entrée de la zone menant vers la passerelle. Isil chuchota :
— Plus tard on attirera l’attention sur nous, mieux ce sera.

Elle tendit les mains en avant et lâcha une vague de Force qui percuta les deux hommes de plein fouet. Ils s’assommèrent contre le mur presque sans bruit et s’affaissèrent sur le sol. Argail bondit vers eux et désigna du doigt un placard technique que Lillaia s’empressa d’ouvrir.
— C’est bon, y’a la place ! conclut-elle.

Quelques secondes plus tard, les deux hommes avaient disparu du couloir et le petit groupe reprit sa progression. Isil baissa la tête pour mieux masquer ses traits et referma la cape noire. Ils croisèrent une patrouille. Elle ne leur prêta aucune attention. Lillaia et Argail échangèrent un bref regard interrogatif : Isil avait-elle usé de ses pouvoirs de Jedi ou pas ? Ils arrivèrent bientôt devant les portes de la passerelle du croiseur constituée par une vaste salle ronde étagée sur deux niveaux. Celui du bas regroupait l’essentiel des consoles techniques autour desquelles s’affairaient nombre de techniciens spécialistes scanners, communications, propulsions… véritable ruche et centre nerveux du bâtiment tandis que celui du haut formait un balcon circulaire traversé par un passage surélevé desservi par de larges escaliers menant au niveau inférieur. À l’autre extrémité de la salle, les pilotes étaient placés devant une large baie de transparacier qui surplombait tout le croiseur. Derrière eux, une plateforme holonet permettait les liaisons holographiques avec le reste de la galaxie.
Lorsqu’elle arriva devant les deux gardes protégeant l’accès à la passerelle, Isil écarta les bras et les deux hommes furent projetés contre les murs du couloir avant de perdre connaissance. Les lourdes portes blindées s’ouvrirent.
— Elles ne sont pas verrouillées ? constata Lillaia.
— Pourquoi le seraient-elles ? demanda Argail en souriant. Il n’est pas censé y avoir d’ennemis à bord.

Ils contemplèrent un instant la grande salle sans que personne ne leur prête vraiment attention. Visiblement, le personnel était habitué aux allées et venues dans les lieux. À l’autre bout du passage surélevé traversant la salle, devant les baies de transparacier, une haute silhouette noire, les mains croisées dans le dos, jouissait du spectacle offert par le trou noir et la majestueuse bataille spatiale qui se déroulait devant ses yeux.
— Dark Remus ! murmura Isil.

Comme s’il l’avait entendu, le Sith leva le front, huma l’air autour de lui à l’image d’un prédateur et sans même tourner la tête, siffla :
— Isil, ma future apprentie ! Ainsi tu as réussi à sortir de ta cage ? Aurais-tu vaincu Suri ?
— Dark Remus ! répéta la Jedi d’une voix étrange.

L’altération de sa voix alarma Lillaia qui se tourna vers elle.
— Isil ? Tu te sens bien ?

De façon toute énigmatique, la Jedi répondit d’un ton sourd :
— Je me sens très bien… En fait, je ne me suis jamais sentie aussi bien de toute ma vie.

Puis d’une voix plus grave, elle ajouta :
— Ni aussi puissante !

Argail fronça les sourcils et à son tour posa son regard sur leur amie. Elle lui parut soudain transformée. Il émanait d’elle une sorte d’aura lumineuse intérieure qui irradiait à travers la peau. D’un seul coup, le bleu de ses yeux s’effaça et une lueur brilla dans ses prunelles, vive et éclatante.
— Isil ? interrogea-t-il, inquiet.

Au même moment, elle se ramassa sur elle-même en se courbant en avant, les poings serrés, coudes au corps, les articulations des mains blanchies par la puissante crispation de son être.
— Isil ? répéta Argail.

Il voulut poser une main sur elle afin de la ramener à la réalité. Mais subitement, la jeune femme se redressa vivement et se cambra en arrière avant d’écarter les bras d’un mouvement brusque qui la crucifia sur place. L’aura lumineuse s’intensifia et son corps lévita à quelques centimètres du sol cependant qu’une violente vague de Force d’une intensité jamais atteinte jusque-là par la Jedi s’échappait en cône devant elle, dévastant la salle à la mesure d’un ouragan. En même temps, un cri immense jaillit de sa gorge.
*
* *

Keraviss Sayyham avait entraîné son petit groupe dans la direction opposée à celle qu’Isil avait prise. Ils avancèrent dans les coursives, les armes levées, prêts à faire feu.
— Tirez à vue sitôt le contact établi, armé ou pas, avait-elle ordonné. Nous ne pouvons pas faire de prisonniers et nous n’avons pas le temps de neutraliser gentiment l’ennemi pour le laisser derrière nous. Vous savez ce que ça veut dire ?

Chacun acquiesça d’un signe de tête. Ils représentaient l’élite chacun dans sa spécialité, mais avaient tous en commun l’entraînement à tuer. Tuer vite, proprement, sans aucun état d’âme. En l’occurrence leur vie elle-même dépendait de la rapidité de leur action et de leur fuite. Nul n’était besoin de se poser de question. Par ailleurs, dans le principe même de leur mission, tout l’équipage du Ragnarok était voué à une mort certaine avec la destruction de leur bâtiment par le trou noir. Un peu plus tôt, un peu plus tard…
Prak fit feu aussitôt le petit groupe de trois hommes apparu à l’angle du couloir. Ce fut bref et net. Les impériaux s’écroulèrent sans dire un mot. Le commandant Sayyham fit signe de continuer. Sortant d’une salle sur leur gauche, deux autres membres de l’équipage connurent la même fin. Cette fois, ce fut le colosse roux qui eut le premier et dernier mot. Ils arrivèrent à un ascenseur rapide dans lequel ils s’engouffrèrent.
— La salle de commande des propulseurs se trouve dix ponts au-dessus de nous. Nous y serons dans quelques secondes. Préparez-vous ! Payn, vous resterez ici à garder l’ascenseur prêt à redescendre. Tuez quiconque s’en approchera !
— Bien, commandant ! Je vous attendrai les bras ouverts…

Ils avaient à peine fini de parler que les portes s’ouvraient. Le lieutenant appuya sur le bouton de blocage tandis que Landala surgissait de la cabine en tirant plusieurs fois. Trois hommes s’effondrèrent.
— C’est par là ! indiqua la Loordienne en s’élançant souplement sur sa gauche. Une escouade de sécurité arriva en face d’eux dans une courbe de la coursive. L’officier à leur tête fit « halte » du bras et considéra les nouveaux venus avec suspicion et hésitation. Sans doute l’effet de l’uniforme impérial porté par le commando du Defiance. Mettant à profit l’effet de surprise, celui-ci ouvrit le feu. L’ennemi eut à peine le temps de lever ses armes pour riposter qu’il était déjà mort. Prak enjamba les huit corps et continua, courbé en avant, prêt à toute éventualité. Arrivé à une intersection, les deux officiers tournèrent à droite cependant que Loodo et Landala les suivaient à reculons pour assurer leurs arrières.
— Nous y sommes ! annonça le commandant Sayyham parvenue devant une large porte composée de quatre panneaux hermétiquement clos.

Elle avisa un boitier de commande disposé sur le mur et marmonna :
— Voyons si les codes de Dark Dalius sont efficaces.

Elle tapota fébrilement une série de symboles et l’accès s’ouvrit lentement par le centre. Armes en joue, ils entrèrent aussitôt qu’ils le purent.
La grande salle était formée de quatre niveaux de gradins occupés par des consoles disposées en arcs de cercle, équipées de nombreux écrans et animées de myriades de voyants colorés. Au milieu d’un bourdonnement ambiant, des alarmes plus ou moins prononcées se déclenchaient et s’arrêtaient en quasi-permanence. Au centre de la pièce, de puissants projecteurs holographiques projetaient dans l’air des représentations tridimensionnelles de différentes parties du croiseur, moteurs, générateurs, batteries de tir… soulignant par des couleurs vives, certains organes vitaux réclamant l’attention des ingénieurs du bord. Si la passerelle représentait le centre nerveux du bâtiment, ils se trouvaient véritablement dans le cœur de celui-ci.
Tout d’abord personne ne prêta attention à eux, mais au bout de quelques secondes, un cri d’alarme fusa :
— Alerte intrusion !

Aussitôt un tohu-bohu s’éleva à travers toute la salle semant la confusion et la panique parmi le personnel technique. Les quatre républicains ouvrirent impitoyablement le feu sur toutes les cibles mouvantes en progressant lentement selon une tactique de forces spéciales visant à se couvrir mutuellement tout en ne laissant aucun angle mort à la vision collective du commando. Des cris fusèrent d’un peu partout, chacun cherchant à fuir par toutes les issues possibles. Des alarmes se déclenchèrent. Loodo consulta hâtivement une tablette qu’il tira d’un petit sac. Le Rodien s’arrêta pour s’orienter avant de tendre le bras vers un groupe de consoles installées sur le troisième gradin.
— Là-bas ! s’exclama-t-il. Si le plan est exact, ce sont ces consoles qu’il me faut pirater !
— Allons-y ! cria Prak en continuant de tirer à reculons.

Loodo s’élança par l’une des rampes permettant d’accéder aux niveaux supérieurs. Les impériaux qui n’avaient pas été abattus, avaient fui par deux autres issues.
— Combien de temps vous faut-il, Loodo ? s’inquiéta Keraviss Sayyham en couvrant l’un des accès à la salle tandis que Landala et Prak couvraient les deux autres.
— Deux ou trois minutes. Il ne suffit pas de détruire les pupitres de commande des propulseurs. Il faut que je les coupe et que je les verrouille en injectant un virus informatique dans le système. Cela neutralisera les commandes manuelles durant suffisamment de temps pour que l’attraction du trou noir fasse le reste.
— Ok, grouillez-vous ! La sécurité ne va pas tarder à nous tomber dessus !

Le Rodien s’était campé devant une console et avait inséré un petit appareil dans un logement hexagonal. La clé se mit à tourner sur elle-même en s’enfonçant graduellement par saccade dans le pupitre.
— Vite ! supplia Sayyham.

Des bruits de bottes se firent entendre dans l’un des couloirs d’accès.
— Ils ne vont pas risquer de lancer des grenades de peur de détruire les appareils ! lança-t-elle en activant un détonateur thermique. Ce qui nous laisse l’avantage !

Elle se rapprocha de l’issue ouverte et lança la petite boule dans la coursive puis appuya sur le bouton de fermeture des portes qui coulissèrent silencieusement. Une détonation s’ensuivit. La Loordienne tira plusieurs fois sur le boitier de commande des panneaux pour le détruire.
— Le temps qu’ils dérivent la pression pneumatique et neutralisent la sécurité, nous devrions avoir fini… n’est-ce pas, Loodo ?

La fin de sa phrase ressemblait à un ordre doublé d’une prière. Le Rodien agita son museau en grommelant quelque chose d’inaudible. Prak avait imité son supérieur et condamné la deuxième issue après avoir tiré plusieurs fois sur une escouade accourant dans le couloir afin de la retarder le temps nécessaire aux portes pour se verrouiller. Le colosse roux s’était campé quant à lui au premier carrefour donnant sur la coursive par laquelle ils étaient arrivés pour tenter de retenir les impériaux. Prak se porta à son aide juste à temps pour lancer plusieurs grenades qui explosèrent bruyamment. La Loordienne surveillait l’ensemble de la salle à présent vide. Elle espéra ne pas s’être trompée sur le temps nécessaire aux équipes du Ragnarok pour rouvrir les issues qu’ils venaient de condamner. Elle songea que si Dark Remus avait été sur place, cela ne lui aurait demandé que quelques secondes et au final se félicita que le Sith soit occupé avec Isil !
*
* *

Les doigts de l’amiral Narcassan lissèrent fébrilement ses moustaches grisonnantes. De derrière les baies de transparacier, il ne pouvait détacher son regard de la silhouette de l’Interdictor géant, les yeux rivés sur sa passerelle comme s’il cherchait à voir à l’intérieur ce qui s’y passait. Sous ses pieds, le Defiance frémissait à chaque coup porté par l’adversaire, protestant contre le traitement qui lui était infligé.
— Amiral, s’inquiéta un opérateur en fixant intensément les indicateurs de sa console. Les boucliers ne sont plus qu’à vingt pourcents de leur puissance et déclinent de plus en plus rapidement. Si on continue comme ça, nous risquons l’explosion !
— Nous sommes trop près, commenta le commandant Fail à l’oreille de l’amiral. Ne pourrions-nous prendre du champ ?

Narcassan fit non de la tête.
— Nous devons être au plus près pour le retour de notre équipe sinon leurs propulseurs ne les arracheront pas à temps à l’attraction du trou noir… à supposer même qu’ils y parviennent.
— C’est tout le bâtiment qui risque la destruction, insista le second. À vous de voir, amiral.

Valin Narcassan ne répondit rien. Il connaissait les enjeux. Son regard s’arracha à regret du Ragnarok pour se porter sur le Lame Noire en feu. Le Harrower avait focalisé durant un bout de temps l’essentiel de la rage de l’ennemi et ses boucliers n’étaient pas aussi puissants que ceux du Centurion. Il le payait au prix fort. Les deux Interdictor, le Fulgurant et le Tourmenteur tenaient bon jusque-là malgré leurs meurtrissures, du moins autant que le Defiance dont tous les incendies n’étaient pas maîtrisés. Les morts se comptaient en dizaines à bord des croiseurs et plus sans doute sur le cuirassé. Dans l’intervalle, un second destroyer avait explosé ainsi que deux frégates. Une autre avait rompu le combat et s’efforçait de recueillir les survivants à bord de capsules de secours, avant que celles-ci ne soient attirées par le trou noir. La frénésie des tirs des tourelles et des batteries de turbolasers n’avait pas baissé, sillonnant de façon incessante l’obscurité de l’espace de leurs feux rougeoyants. Les torpilles et autres missiles lancés rageusement par les vaisseaux explosaient vainement contre les boucliers du Ragnarok réellement insensible aux coups portés contre lui.
Soudain, une lueur apocalyptique inonda la fantastique scène de combat spatial avec l’intensité d’une supernova. Une exclamation remplit la passerelle du Defiance. Instinctivement, l’amiral et toutes les personnes présentes derrière le transparacier portèrent les mains aux yeux pour se protéger de la vive lumière. Aussitôt après, un violent front d’ondes secoua les bâtiments en les faisant osciller sur leur axe, déséquilibrant le personnel l’espace de quelques secondes. L’amiral commenta amèrement :
— C’est le Lame Noire… il vient d’exploser !
L’Harrower était parti en fumée dans une explosion éblouissante, inondant l’espace de millions de projectiles incandescents immédiatement captés par le trou noir affamé de matière.
— Mon dieu, je n’ai vu aucune capsule de secours en sortir avant sa destruction, commenta tristement le commandant Fail.
— Quelle hécatombe ! ajouta le colonel Vellaryn en songeant aux dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui venaient de trouver la mort. Pourquoi a-t-il fallu que Remus ne meure pas il y a trois cents ans ?
— À nous de réparer cette bourde du destin, conclut l’amiral.
Puis il se rapprocha du pilote, Son-Ja-Arti et posa la main sur son épaule.
— Lieutenant, soyez parée à nous sortir de là le plus vite possible quand je vous en donnerai l’ordre.
*
* *

Isil regarda autour d’elle, l’air effarée. Pour la première fois de sa vie, elle n’avait pas su ou pu maîtriser la vague de Force qu’elle avait engendrée presque inconsciemment. Il n’y avait plus personne debout sur la passerelle, hormis à l’autre extrémité, Dark Remus qui avait lui-même fait usage de la Force pour se protéger. Quelques gémissements remontèrent jusqu’aux oreilles de la Jedi provenant de blessés contusionnés mais la plupart du personnel gisait sur le sol, inanimé. Parmi eux, l’amiral Webert et tout son État-major. Une onde de compassion fit frissonner Isil.
Argail et Lillaia se regardèrent. En retrait de l’onde de choc, ils n’avaient pas été touchés. Ils sentirent le malaise de la jeune Jedi. Que lui était-il arrivé ? Incrédules, ils examinèrent la passerelle dévastée. Certains appareils étaient éventrés ou entassés pêle-mêle. D’autres laissaient échapper des gerbes d’étincelles dues probablement à des courts-circuits.
Un rire s’éleva dans le silence.
— Isil ! J’ai rarement vu autant de puissance déferler d’une aussi jeune personne. L’artéfact de puissance viendrait-il de t’adopter ?
Il avança lentement vers eux.
— Tu n’es pas seule ? J’en suis surpris. Des amis à toi ? Comment sont-ils arrivés à mon bord ?
— Ils sont là, Remus, gronda Isil. C’est l’essentiel.
— Soit, mais pourtant, cela restera entre toi et moi. Je n’ai pas besoin d’eux.
D’un mouvement des bras, il propulsa Lillaia et Argail derrière les portes de la passerelle qu’il referma d’un geste de la main.
—Aïe ! protesta Lillaia étourdie en roulant dans le couloir. Ce Sith a un manque total de savoir-vivre !
Argail se releva également en grommelant et pointa son arme vers son amie avant de tirer. La rafale passa avec précision à gauche de la jeune femme juste à temps pour cueillir un groupe de quatre impériaux qui accouraient en brandissant leurs pistolets laser. Lillaia se retourna, leva son arme, tira à son tour sur d’autres ennemis avant de se mettre à couvert contre un renfort de la paroi de la coursive.
— Si Remus et Isil veulent jouer sans nous, on va s’amuser ici, lança-t-elle en lâchant de nouveau plusieurs rafales.
— Mouais, grogna le militaire. N’empêche que j’aurais préféré pouvoir aider Isil. Je vais essayer de rouvrir cette porte… tiens-les en respect.
Lillaia tira encore avec son fusil d’assaut.
— Avec plaisir ! Personne n’approchera !
Elle arma une grenade qu’elle lança puissamment dans le couloir. On entendit des cris puis une déflagration accompagnée d’une vive lueur. Argail se pencha sur le boitier de commande des portes qu’il entreprit de dévisser.

— Toi et moi, apprentie ! s’exclama Dark Remus dès que les portes furent closes.
Isil rabattit la capuche de sa cape sur les épaules et l’étendard blond de sa crinière se déploya.
— Je ne suis pas votre apprentie ! rétorqua-t-elle en avançant vers le Sith, son sabre laser dressé devant elle.
— Tu vas apprendre à le devenir.
Remus lâcha une volée d’éclairs en direction de la jeune femme. Mais comme contre Suri, le sabre vert joua le rôle de catalyseur pour les intercepter. Malgré la puissance cinétique de la décharge, Isil continua d’avancer.
— Tu es étonnamment puissante, observa Remus. Je commence à me demander si je ne t’ai pas sous-estimée… où est Suri ?
— Sa tête est quelque part dans le couloir des cellules… et son corps ne doit pas être très loin d’elle.
Le Sith jaugea l’acier des pupilles de la jeune Jedi et son ton détaché, teinté de cynisme.
— Ainsi, tu as vraiment tué Suri ? Je me demande si je dois te féliciter ou te punir sévèrement.
Les éclairs cessèrent. Il dégaina son sabre et l’alluma. Les lames jumelles inondèrent son visage d’une lueur sanguinaire à travers laquelle brillèrent ses yeux jaunes. Ses dents acérées se découvrirent.
— Je penche pour une punition exemplaire.
La lame verte se redressa.
— Vous pouvez toujours rêver ! persiffla Isil avant de lancer un assaut vif et puissant.
Le Sith fit tournoyer son double sabre devant lui afin de parer les attaques agressives de la Jedi. En tant que bouclier, son arme était redoutable et lui procurait une muraille pratiquement infranchissable. Les lames s’entrechoquèrent vivement en grésillant à chaque contact dans le bourdonnement de leurs générateurs. Les lueurs s’entremêlèrent. Remus recula un instant puis tendit le bras gauche pour repousser Isil d’un flot de Force. Sans chercher à le contrer, Isil accompagna le déplacement en arrière. Elle s’envola en virevoltant dans la pièce dans une série d’acrobatiques pirouettes contrôlées. Elle retomba plus loin sur ses deux jambes avec une grâce toute féline. Son sabre s’envola en tournoyant avec une célérité hors du commun. Remus eut juste le temps d’esquiver le lancer mortel d’un bond sur le côté. La lame verte décrivit un arc cercle et revint docilement telle un boomerang dans la main de sa maitresse. Sur quoi, Isil effectua un long saut périlleux en avant qui la projeta tout près du Sith et entama un nouvel assaut cherchant à trouver la faille dans la défense de son adversaire.
— Ton Maître t’a bien formée, cracha Remus avec une pointe d’admiration mal dissimulée. Tu te bats véritablement bien et tu utilises la Force avec une évidente facilité.
— Il s’appelait Beno Mahr, répliqua Isil en balayant l’air de droite et de gauche avec son arme. Et je sais qu’il est là, en ce moment même, dans la Force pour m’aider.
Le Sith contra une à une les attaques puissantes de son adversaire essayant après chaque parade de reprendre l’initiative sans pouvoir y parvenir tant la célérité de la jeune femme était grande.
— Vraiment ? lâcha-t-il. Ta foi en lui est grande… quelle chance pour un Maître d’avoir eu pareille apprentie !
Il sauta sur le côté pour prendre du champ en atterrissant sur la plateforme circulaire qui formait l’étage supérieur de la salle de commandes. Isil avança sans se presser pour aller le rejoindre. Le Sith attaqua le premier pour prendre l’avantage. Les lames rouges taillèrent l’espace devant lui forçant la Jedi à reculer tout en contrant leur mouvement.
— Tu ne peux pas gagner, souffla Remus entre deux attaques, l’une de taille et l’autre d’estoc censées surprendre son adversaire. J’ai bien plus d’expérience que toi dans ce genre de combat.
Isil ne se laissa pas déconcerter par la variation des coups et répondit sobrement :
— Mais vous êtes vieux et moi jeune, pleine de ressource et mon souffle n’est pas court comme le vôtre.
Le regard du Sith lança des éclairs haineux. Il émit entre ses dents une sorte de sifflement ressemblant à celui d’un serpent.
— Insolente Jedi ! cracha-t-il en redoublant de coups.
*
* *

Keraviss Sayyham se releva de dessous la console sous laquelle elle venait de fixer la dernière charge explosive.
— Alors, Loodo, où en êtes-vous ?
Un peu plus loin, à la première intersection de la coursive de repli, la bataille faisait rage entre le capitaine Prak, Krig Landala et les impériaux. Le colosse venait de leur démontrer qu’il était aussi habile à renvoyer les grenades avec la crosse de son fusil qu’à tuer d’un seul tir bien placé.
Le Rodien agita son museau.
— J’ai terminé, s’exclama-t-il en retirant la clé électronique du pupitre. Le virus a été injecté et les systèmes manuels de secours sont bloqués. À présent, je coupe les propulseurs principaux.
Ses doigts s’agitèrent fébrilement sur un clavier, manipulèrent quelques manettes et actionnèrent une série d’interrupteurs sur la console.
— Voilà, c’est fait ! lança-t-il à la cantonade.
Au même instant, les lumières clignotèrent avant de se rétablir et plusieurs alarmes retentirent. Des clignotants rouges illuminèrent plusieurs pupitres de commande tandis que sur les projections holographiques représentant le bâtiment, des zones entières viraient également au rouge.
— Parfait, cria presque le commandant Sayyham.
Elle appuya sur son oreillette pour répercuter l’ordre à toute l’équipe.
— À toute l’équipe, mission terminée, on décroche !
Elle sauta lestement par-dessus une rambarde pendant que Loodo courait vers la sortie. Dès qu’ils eurent franchi les portes, elle les referma, détruisit d’un tir le boitier de commande et rejoignit Prak et Landala.
— On file d’ici !
— D’accord, répondit le capitaine en lançant plusieurs grenades dans le couloir de droite. Ils tournèrent à gauche en direction de l’ascenseur qu’ils avaient emprunté à l’aller.
— Attention ! prévint la Loordienne en appuyant sur le bouton d’une télécommande.
Une série de violentes explosions secoua le vaisseau, détruisant la salle de contrôle et tous les impériaux qui venaient juste de parvenir à y pénétrer. Partout dans le bâtiment, des alarmes rugirent.
Au pas de course, ils rejoignirent le lieutenant Payn aux prises avec une escouade impériale. Il était blessé à l’épaule mais maintenait un feu nourrit interdisant toute approche aux assaillants.
— Ah, vous voilà ! s’exclama-t-il. J’avais justement un peu de mal à contenir mes fans !
Landala et Loodo lancèrent deux détonateurs thermiques avant de s’engouffrer dans l’ascenseur dans lequel Prak et Sayyham avaient poussé le lieutenant. Les portes se refermèrent puis deux explosions s’ensuivirent faisant trembler la cabine. La Loordienne grogna :
— Si vous pouvez éviter de tout détruire avant que nous soyons en sécurité…
Loodo allongea son museau.
— Oui… excusez, commandant.
*
* *

Ils étaient revenus au centre de la salle sur la passerelle qui la surplombait. Au grand dam du Sith, la jeune femme résistait à toutes ses attaques et à ses tentatives d’utilisation de la Force. Il la soupçonna de tirer plus de puissance de l’artéfact qu’il ne parvenait à le faire lui-même. En désespoir de cause, il lança par surprise sur elle un nouveau flot de Force qui la balaya et la propulsa en contrebas dans la salle des consoles, contre un mur. Habilement, Isil virevolta, se reçut contre la paroi les jambes pliées, les détendit pour se lancer dans un triple saut périlleux au terme duquel elle atterrit sans mal entre deux consoles. Dark Remus souffla de dépit. Du haut de son perchoir, il leva une main et arracha sur sa droite un pupitre qu’il lança vivement sur son adversaire. Dans la foulée de son geste, il leva l’autre bras et d’un mouvement sec, projeta vers elle une armoire technique. Répétant ses deux gestes, il recommença avec une console et un autre pupitre.
Isil vit fondre sur elle dans de grandes gerbes d’étincelles, les imposants projectiles arrachés au sol. D’un geste, elle dévia la course du premier. Il s’écrasa à sa gauche. Sur un autre geste, le second se fracassa à sa droite. Comme les deux derniers arrivaient simultanément, elle lâcha son sabre et tendit les deux mains. La console et le pupitre s’arrêtèrent à quelques centimètres d’elle en flottant dans l’air. Isil plia les bras et les détendit violemment. Dark Remus vit les deux projectiles revenir vers lui à une vitesse folle et il n’eut que le temps de dévier à son tour leur course pour qu’ils se brisent contre un pilier à quelques mètres de lui.
À ce moment précis, une série de fortes déflagrations firent vibrer la carcasse du bâtiment et toutes les alarmes encore en fonction s’allumèrent en rugissant.
— Qu’est-ce qui… commença le Sith en regardant autour de lui.
Isil se pencha pour ramasser son sabre. Soudain quelque chose la frappa dans le dos, puissamment. Elle en perdit le souffle et fut précipitée contre le mur tout proche. Dark Remus venait de lancer un fauteuil traitreusement sur elle. Profitant de ce moment d’impuissance, il déchaina sur elle une vague d’éclairs qui transpercèrent le corps de la jeune Jedi, provoquant une série de convulsions anarchiques.
— Comme ça, tu te sens mieux, ma belle ?
Il était trop tard pour réagir. Isil sentit tous ses muscles se contracter, se tétaniser avec une violence inouïe et lâcha un grand cri de douleur entre ses dents soudées sans pouvoir maîtriser les spasmes en train de la dévaster. Elle eut juste la présence d’esprit de plonger dans la Force afin de permettre à son organisme de résister au mieux à l’attaque.
Interpelé par le hurlement des alarmes, Dark Remus interrompit ses éclairs de Force et, d’un mouvement sec des bras, provoqua l’arrachement d’un immense tableau électronique qui occupait le mur de la salle de contrôle juste au-dessus d’Isil et le fit s’effondrer ainsi que toutes les poutrelles de fixation, sur elle. La jeune femme disparut sous l’effondrement.
— Jamais un Jedi ne battra Dark Remus ! cria-t-il de rage.

(à suivre... )


Chapitre 30 : La dernière mission
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Messagepar Hiivsha » Ven 02 Oct 2015 - 11:42   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Voici donc le dernier chapitre de cette belle histoire (plus de 800 pages format Pocket) qui sera suivi dans quelque jour de son épilogue clôturant ainsi la trilogie des "Aventures d'une jeune Jedi".

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Chapitre 29 : Assaut




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30 - La dernière mission


L’opérateur des scanners du Defiance, cria :
— Le Ragnarok vient de perdre ses propulseurs principaux ! Il dévie de sa trajectoire… cinq degrés sur son bâbord !

Plusieurs exclamations fusèrent. Le commandant Fail se porta dans le dos du jeune officier pour vérifier.
— C’est exact. On dirait que notre équipe est arrivée à ses fins !

L’amiral frappa les accoudoirs de son fauteuil de commandeur.
— Parfait ! La chance a fini par tourner ! Remus va devoir dévier toute l’énergie de son monstrueux croiseur pour utiliser sa propulsion auxiliaire. Il va donc couper ses boucliers. Concentrez le feu sur ses turbolasers !

Quelques instants plus tard, diverses explosions sur la coque du géant donnèrent raison au pacha : le Ragnarok n’était plus invincible !
— Boucliers à cinq pourcents amiral ! s’exclama un autre opérateur.
— Faut-il se replier ? demanda le second.

Valin Narcassan fit signe que non.
— Nous n’allons pas nous enfuir alors que la victoire est à notre portée ! Le Fulgurant est aussi touché que nous et il ne lâche pas sa proie.
— La déviation du Ragnarok est à présent de vingt degrés… il dérive… vers le trou noir ! lança l’opérateur des scanners.

L’amiral se redressa dans son siège.
— Il faut qu’ils reviennent… maintenant ! s’exclama-t-il. Lieutenant Son-Ja-Arti, suivez-le !
— Amiral ?
— Suivez le Ragnarok ! Les propulseurs de notre commando ne pourront pas combler la distance si nous nous éloignons trop de lui. Calculez une trajectoire de poursuite.
— Mais le trou noir, amiral ? insista la Céréenne.
— À la différence de Remus, notre propulsion est intacte. Le moment venu, nous nous arracherons à lui.

Le second était revenu tout contre le pacha et murmura en se penchant à son oreille :
— Sauf, si nous sommes trop proches, amiral !

Valin Narcassan ne répondit rien. La proue du Defiance s’orienta lentement vers l’Interdictor géant et par là-même, vers le trou noir.
*
* *

Le regard de Dark Remus balaya la passerelle de commandement. C’était véritablement une vision d’apocalypse, mais dans l’euphorie du combat, il ne s’en était pas vraiment rendu compte. Le bruit des alarmes était assourdissant. Il se précipita vers la console de pilotage et en enfonça plusieurs boutons. Une voix grésilla dans les haut-parleurs encore en fonction :
Centre de contrôle auxiliaire, commandant Tyrel.
— Ici Dark Remus. La passerelle n’est plus opérationnelle. Prenez la direction des opérations.
Oui, Seigneur Remus… mais c’est que… nous avons perdu la propulsion principale et nous ne parvenons pas à remettre en route les réacteurs.
— Passez sur auxiliaire !
C’est déjà fait, Seigneur mais cela ne suffit pas à compenser l’attraction que nous subissons de la part du trou noir.
— Basculez toute l’énergie du bâtiment sur les propulseurs de secours !
Mais alors, nous ne serons plus invulnérables ?
— Exécutez mes ordres, commandant, je viens vous rejoindre !


Lillaia se tourna vers Argail.
— Alors, cette porte… elle s’ouvre ?

Le militaire avait toujours la tête dans les fils du boitier de commande et grommela :
— Ça vient… ça vient… faut juste que je me rappelle les cours d’électronique que j’ai reçus dans les services… heu… spéciaux…

Au même instant, la voix de Keraviss Sayyham se fit entendre dans leurs oreillettes.
— Nous sommes revenus au sas… où êtes-vous équipe deux ?

Lillaia grimaça.
— Heu… Isil est toujours dans la passerelle et nous on essaye d’y entrer !
— Bon sang ! râla la Loordienne. Vous devriez déjà être là !
— On arrive, commandant… Argail va bientôt réussir à ouvrir…

Avant que sa phrase ne fût achevée, les lourds battants s’ouvrirent en glissant dans la paroi.
— Rectification, Argail vient d’ouvrir… on récupère Isil et on arrive. Ne nous attendez pas !
— Hors de question qu’on parte sans vous ! répondit la voix de Prak.
— Capitaine, répondit Argail sèchement. Il ne sert à rien de mettre en danger toute l’équipe. Filez, on vous rattrapera !

Il y eut un bref silence, puis le commandant Sayyham reprit :
— Ok, on y va. Grouillez-vous !

Aucun des deux sergents ne perdit du temps à répondre. Ils pénétrèrent dans la passerelle en faisant feu de toutes leurs armes sur la silhouette de Dark Remus au fond de la salle.
Argail chercha la Jedi du regard sans la trouver. Il cria :
— Isil !

Dark Remus venait d’activer son double-sabre laser pour se protéger des tirs des deux militaires. Au même instant, l’impressionnant enchevêtrement de panneaux et de poutrelles de duracier sous lequel Isil était ensevelie, s’éleva lentement dans les airs. Lillaia et Argail cessèrent leurs tirs, médusés. Sous l’effondrement, ils aperçurent la silhouette de leur amie, bras tendus, le visage décomposé par l’effort qu’elle produisait. Sa figure torturée était maculée de sang. De son côté, Dark Remus s’était immobilisé, au comble de la perplexité.
— Non… ce n’est pas possible !

D’un seul coup, l’amas d’acier ainsi que les débris de l’immense panneau fondirent sur lui à la vitesse de l’éclair. Pris au dépourvu, incrédule, il plongea sous le pupitre de pilotage pour ne pas être écrasé. Dans un fracas de tonnerre, les débris l’ensevelirent à son tour.
Isil se relevait avec difficulté. Argail se précipita vers elle et la prit sous l’aisselle pour l’aider. D’une main, il balaya le sang qui recouvrait son visage pour lui dégager les yeux.
— Tu es blessée !

Isil porta la main à son front. Son visage était livide. Une entaille sur le cuir chevelu saignait abondamment.
— C’est bon, répondit-elle. Une égratignure… plus spectaculaire que dangereuse…

Sa voix était vraiment fatiguée et elle avait du mal à articuler. Elle paraissait vidée de toute énergie. Argail estima qu’elle était à deux doigts de perdre connaissance. Lillaia ramassa le sabre laser et lui remit à la ceinture.
— Filons d’ici, nous n’avons que trop traîné !

Elle se porta au devant d’eux et, arrivée devant l’entrée de la passerelle, inonda la coursive de rafales avec son fusil d’assaut avant de lancer plusieurs grenades. Enjambant les corps de leurs victimes, ils tournèrent en direction de l’ascenseur pour replonger vers les entrailles du vaisseau. Les coursives étaient à présent désertes. Les dégâts produits par l’équipe une avaient accaparé l’essentiel du personnel de sécurité du secteur et, à présent que le Ragnarok n’était plus invincible, la priorité de l’équipage était ailleurs qu’à poursuivre trois personnes en fuite.
De fait, hormis deux escarmouches rapidement réglées contre un ennemi à l’évidence désorienté et sans ordres précis, ils retournèrent sans grande difficulté au local technique où les attendait l’équipe une au grand complet, prête à partir.
— Nom de dieu ! jura Argail. Je vous avais dit de partir !

La Loordienne secoua la tête.
— Nous sommes venus ensemble, nous repartons ensemble. Enfilez vite vos combinaisons et laissez votre matériel derrière vous… plus nous serons légers, moins nous consommerons de carburant. Allez !

Il était évident qu’Isil n’allait pas bien. Prak et Landala aidèrent la jeune Jedi à s’équiper. Quand tout le monde fut prêt, ils descendirent dans le sas. Trois minutes plus tard, ils étaient revenus sous le ventre du croiseur à l’endroit où ils avaient laissé leurs propulseurs. Lillaia passa un harnais autour de la taille d’Isil et l’accrocha à son appareil, puis elle s’installa derrière elle en la ceinturant de ses bras.
— Visiblement, le Ragnarok est à la dérive, observa Loodo. Il se dirige droit sur le trou noir.
— Et on dirait que le Defiance essaye de le suivre… c’est inconscient de la part de l’amiral, grogna la Loordienne. Allons-y, assez traînaillé !

Elle alluma son propulseur et ouvrit les gaz, imité par le reste de l’équipe. Lillaia s’élança derrière le petit groupe.
— Isil ? Tu m’entends ?

La voix de la Jedi répondit faiblement :
— Oui, oui, ne t’en fais pas pour moi ! Conduis prudemment.

Le sergent sourit. Son amie conservait malgré tout un certain sens de l’humour ce qu’elle avait toujours apprécié, surtout venant d’un Jedi. Cela lui venait sans doute de son Maître, réputé autant pour son grand sérieux que pour ses plaisanteries souvent pleine de bon sens.
Hormis le Centurion, les autres bâtiments étaient à présent plus éloignés qu’à l’aller. À présent que le Ragnarok sombrait lentement vers son destin, Dark Dalius n’avait plus l’intention de continuer à risquer la vie de ses équipages, préférant laisser le trou noir avoir le dernier mot. Seul, l’amiral Narcassan avait des raisons de risquer le tout pour le tout.
Des millions de débris en tout genre se précipitaient à travers l’espace vers le monstre goulu. Cela allait d’une sorte de poussière spatiale, aux astéroïdes de toutes tailles, en passant par les débris métalliques plus ou moins imposants des nombreux vaisseaux détruits dans la bataille et en premier chef, du cuirassé Lame Noire. Il y avait, vision plus macabre, d’innombrables corps humains à la dérive, ou plus terrible encore, un incalculable nombre de morceaux de corps déchiquetés par les explosions qui leur avaient été fatales.
— C’est horrible, murmura Lillaia dans son casque.
— Faites attention aux collisions, prévint Keraviss Sayyham. Toute déviation de trajectoire pourrait vous être fatale… pour ma part, je n’ai plus que trente pourcents de gaz propulseur…
— Idem pour moi, vingt-neuf, renchérit Prak. L’attraction du monstre est plus forte à chaque minute qui passe… Au moins à l’aller, nous allions dans le sens du vent.

Le Defiance, malgré ses mille-deux-cents mètres, paraissait encore lointain. Chacun faisait de son mieux pour slalomer entre les projectiles provenant en sens inverse. Lillaia sentait contre elle le corps d’Isil s’alourdir comme si la jeune Jedi sombrait progressivement dans le coma. Elle la secoua entre ses bras.
— Isil… Isil ! Ce n’est pas le moment de s’endormir ! Tu ne pourrais pas lancer une putain de vague de Force pour nous déblayer le chemin ?

Le sergent connaissait la réponse mais elle souhaitait qu’Isil lui parle pour rester éveillée. La Jedi répondit doucement d’une voix empâtée :
— Je n’ai ai plus la force… je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé à bord du Ragnarok
— De ce que j’en ai vu, tu ne semblais plus toi-même…

La voix d’Argail précisa :
— Sans doute l’artéfact de Puissance… il devait potentialiser ta capacité à utiliser la Force tout en puisant dans ton énergie…
— Peut-être, murmura Isil. Attention à droite…

Surgit de derrière un énorme morceau de l’Harrower, un petit rocher percuta l’un des ailerons du propulseur des deux femmes. Le choc fut léger, mais l’appareil tournoya sur lui-même et Lillaia coupa les gaz pour rétablir son cap avant de repartir. Devant elles, les autres avaient les mêmes difficultés à conserver une trajectoire linéaire. Le Defiance grossissait de façon désespérément lente dans leur visière.


Là-bas, sur la passerelle, l’angoisse était à son comble. Chacun sentait frémir sous ses pieds la carcasse du vieux Centurion tentant de résister à l’attraction du monstre de l’espace. Son-Ja-Arti s’exclama :
— Amiral, j’ai de plus en plus de mal à le tenir ! Le pilote automatique ne répond plus correctement, j’ai dû passer en manuel !

Le pacha sentit la main du second debout à ses côtés, se crisper sur son épaule. Pourtant, ce dernier ne fit aucun commentaire.
— Tenez bon, lieutenant, répondit Narcassan.

Il appuya sur un bouton de communication.
— Propulsion… je suppose que le lieutenant Bump est dans le coin ?

Une voix plutôt jeune répondit :
Oui, amiral, avec le lieutenant Artel. Je vous le passe.

Narcassan sourit.
— Si nos deux ingénieurs sont là, il ne peut rien nous arriver de fâcheux. Bump ?

La voix familière de l’officier mécanicien répondit :
Oui, amiral.
— Quand je vous le demanderai, je veux que vous dériviez toute la puissance du bâtiment sur l’ensemble des propulseurs… je veux tout ce que notre Defiance a dans le ventre… et plus encore, compris ?
Compris, amiral. Je pense pouvoir le pousser à cent-trente pourcents de sa puissance nominale… mais je ne garantis pas de parvenir à lui demander cet effort très longtemps avant que des problèmes ne surviennent.
— J’essaierai de ne pas trop lui en demander.

Le pacha enfonça un autre bouton.
— Hangar un, où en est l’équipe ?

Une voix répondit :
— Ils ont du mal, amiral, ils progressent…
L’amiral tourna sa tête vers le pilote.
— Lieutenant, donnez encore deux degrés à bâbord.

La Céréenne faillit dire quelque chose mais se ravisa. C’était l’instant où, coûte que coûte, il fallait se serrer les coudes et ne pas remettre en question l’autorité supérieure. Elle se contenta d’un :
— Bien, amiral, deux degrés bâbord.

Cela devait les rapprocher un peu plus vite du commando… et du trou noir.


Tenez bon , encouragea Keraviss Sayyham qui faisait la course en tête, on y est presque !

Dans le hangar un, à l’abri du bouclier atmosphérique, un nombre conséquent de personnels du pont quatre s’étaient rassemblés, surtout des mécanos qui, à présent que la bataille était terminée, soufflaient un peu en attendant de continuer les réparations. Elles seraient lourdes et longues et les plus graves avaries ne pourraient être réparées qu’en dock spatial.
Les uns et les autres essayaient d’apercevoir les infimes points représentant les membres de la CPM, certains étreints d’angoisse à l’instar du technicien Alec qui avait par deux fois dansé avec une certaine jeune et belle Jedi nommée Isil, ou P2-A2 le droïde de celle-ci.
— J’en vois un, cria quelqu’un possédant visiblement de bons yeux.
— Où ça ? s’inquiéta Alec.

Il ne percevait rien de probant à travers la pluie de débris défilant devant eux.
— Là ! montra du doigt son ami Will à peau d’ébène dont la vue était aussi perçante que celle d’un rapace.

Alec plissa les yeux pour s’efforcer de distinguer ce que lui montrait le mécano.
— Ah oui, j’en vois un ! s’exclama-t-il.

C’était la Loordienne. L’indicateur de pression de son gaz propulseur s’apprêtait à afficher zéro. D’un pouce crispé, elle poussa encore la manette de son accélérateur pourtant déjà au maximum.


Je ne sais pas pour vous , annonça-t-elle avec anxiété, mais pour moi, c’est maintenant ou jamais.

Ils n’étaient plus très loin du croiseur et son annonce fut relayée par les haut-parleurs de la passerelle sur laquelle un silence total régnait. Les opérateurs avaient les yeux rivés sur leurs consoles et, enfoncé dans son fauteuil, Valin Narcassan avait fermé les yeux pour se concentrer uniquement sur les communications radios.
Pas mieux pour moi, résonna la voix du colosse roux. Je vais bientôt être à sec. Si on y arrive, ce sera du bol.

Celle du rodien, Loodo, se fit entendre à son tour.
Pour ma part, j’ai une toute petite réserve… mais pas de quoi fouetter un chat.

L’amiral attendit en vain une indication sur la position de la jeune Jedi. Son poing se crispa sur l’accoudoir de son fauteuil cependant que son menton s’effondrait dans la paume de son autre main.


Bien à l’arrière d’Argail, le cœur de Lillaia se serra lorsqu’elle lut l’indicateur de jauge. Il indiquait lui aussi pratiquement zéro. Levant les yeux, elle estima la distance avec le croiseur et en vint à la conclusion qu’elles n’y parviendraient pas.


La première, Keraviss Sayyham franchit le bouclier atmosphérique et s’arrêta en dérapant sur le permabéton de la piste. Des applaudissements saluèrent son arrivée. Avec empressement, elle ôta son casque et sans même un regard pour les personnes présentes, elle revint en arrière à temps pour voir Krig Landala survenir à son tour, suivi du capitaine Prak. Loodo apparut quelques secondes plus tard.
Avec anxiété, chacun se débarrassa de son casque et compta les présents. Il en manquait trois.
Dans le hangar, le colonel Vellaryn rendu sur place annonça à l’intention de la passerelle les arrivées successives des membres de la CPM. Le visage de l’officier se ferma de plus en plus.
— Où est Argail ? demanda-t-il. Et Sanders… et Isil ?

Comme pour lui répondre, le propulseur du sergent Vif-Argent franchit à son tour le bouclier atmosphérique après un dernier détour pour éviter un énorme pan de coque de duracier en lambeaux qui venait de rebondir contre celle du Centurion. Il arracha son casque et cria :
— Où est Lillaia ?


Sur la passerelle, Son-Ja-Arti cria, visiblement au bord d’une réelle panique :
— Amiral ! Je ne peux plus le tenir ! Nous sommes trop près !

Valin Narcassan se redressa. Connaissant son pilote et sa valeur, il fallait que la situation dérape vraiment pour qu’elle l’interpelle ainsi.
— Où en sommes-nous, Cregg ? demanda-t-il à l’intercom.

Le colonel répondit d’une voix blanche :
Il manque Sanders et Kal’Andil.

La main du second serra de nouveau l’épaule du pacha mais Fail, encore une fois, ne se permit aucun commentaire. L’amiral sentait sous ses pieds son vaisseau frémir comme jamais. On eut dit qu’il allait se disloquer. Chacun à bord pouvait ressentir le tremblement qui s’était emparé de toute la vieille carcasse du Centurion et comprit que l’heure était grave. Partout, le silence se fit. Ceux qui vénéraient quelques divinités se mirent à prier silencieusement.


Argail, à quelques centimètres du bouclier atmosphérique avait le regard rivé sur le dernier propulseur, si près… et pourtant si loin.
La voix calme de Lillaia se fit entendre.
On y arrivera pas… on serait sur la mer, il ne nous resterait plus qu’à plonger pour nager.

Il devait leur rester une centaine de mètres mais leur appareil s’était arrêté et commençait déjà à dériver.
— Lillaia !

Argail cria et se précipita vers son propulseur oubliant que sa jauge était passée sur le zéro au moment même où il touchait le sol du hangar. Krig Landala lui coupa la route et le saisit par les épaules.
— Ne fais pas de connerie, Argail, tu n’as plus de carburant… ni aucun d’entre nous ! Et nous n’avons pas d’autres propulseurs en réserve.

Le soldat tenta de se dégager de l’étreinte de son ami. Celui-ci résista, sentant bien que le soldat ne pourrait que tenter une vaine folie.
— Lâche-moi ! hurla Argail.

Il se débattit mais la poigne du colosse était de fer.


Sur la passerelle, la Céréenne jeta vers l’amiral un ultime regard de détresse. Le tremblement du croiseur s’accentua au point où on pouvait presque entendre geindre les soudures de ses plaques de duracier. Le commandant Fail murmura :
— Amiral…

Valin Narcassan leva soudain son visage grave et enfonça un bouton.
— Bump ! cria-t-il presque.

Aussitôt la voix de l’officier mécanicien répondit :
À vos ordres, amiral.
— Pleine puissance ! Donnez-nous tout ce que vous avez !
Oui, amiral. Pleine puissance !

Si l’espace avait pu propager le son, on aurait pu entendre rugir les énormes propulseurs du croiseur ainsi que tous les moteurs auxiliaires, protestant contre le violent effort qui leur était demandé. Le Centurion tressauta comme une feuille au vent de l’hiver. Instantanément, toutes les lumières du bâtiment s’éteignirent. L’éclairage de secours sur batterie prit le relais, plongeant la passerelle dans une lueur pourpre sinistre. Les doigts du lieutenant Son-Ja-Arti se crispèrent sur la barre. Celle-ci vibrait entre ses doigts. Tous les regards se portèrent au-delà de la baie de transparacier vers l’œil menaçant de l’énorme trou noir affamé.


Dans le hangar, P2-A2 trépigna de plus belle en bipant désespérément lorsqu’il vit le propulseur de Lillaia commencer à s’éloigner. Une voix désespérée s’exclama :
— Elles n’y arriveront pas !

La voix de Lillaia se fit entendre.
Je crois qu’il s’en sera fallu de peu. Désolée, les gars !

Argail hurla en se débattant pour échapper à l’étreinte implacable de Landala.
— Non, ça ne peut se terminer ainsi !

Soudain, un sifflement aigu signala la mise en route des fusées de P2-A2 qui s’éleva à un mètre du sol avant de s’élancer dans le vide à travers le bouclier atmosphérique sous les exclamations du personnel présent. Kuli’Aven lui cria :
— P2-A2, vas-y, ramène-les !


Lillaia aperçut l’astromécano fonçant vers le propulseur à la dérive et annonça à l’attention d’Isil semi-consciente :
— Je crois que ton droïde a décidé la prolongation du round !

La voix faible de la Jedi répondit :
— Il n’en a jamais fait qu’à sa tête.

Aidé par l’attraction du trou noir, le droïde parcourut en quelques poignées de secondes l’espace le séparant des deux jeunes femmes. Un bras télescopique sortit de sa carcasse et une puissante pince saisit Isil par le bras afin de la maintenir, le temps pour Lillaia de libérer le harnais la reliant à l’appareil désormais inutile. Un autre volet s’ouvrit et P2-A2 libéra un petit crochet pour le verrouiller sur l’un des anneaux du harnais de sa maîtresse.
— Vas-y, cria Lillaia, je me tiens à Isil. Fonce !

Les fusées du droïde se rallumèrent et l’astromécano reprit la direction du croiseur.


Des acclamations fusèrent dans le hangar.
— Ils reviennent, annonça le colonel Vellaryn à l’adresse de la passerelle. P2-A2 est en train de les ramener.


Lillaia observait l’ouverture du hangar que le bouclier atmosphérique bleutait. La grande bouche les attendait et représentait leur salut. Elle repensa avec une onde de plaisir à la nuit torride passée avec Argail, à ses bras musclés, son corps chaud et son odeur de mâle. Elle songea aussi au baiser qu’elle avait volé à la jeune Jedi sur Corellia, à la tendresse de ses lèvres et à la douceur de sa langue, aux formes de son corps. Si elle avait pu le faire, lequel des deux aurait-elle choisi ? Le problème ne se posait pas : Isil était à l’évidence totalement amoureuse du capitaine Inolmo, et cet amour était d’autant plus fort qu’il contrevenait aux règles en vigueur dans l’Ordre Jedi de Tython. Quel serait leur avenir ? Quel serait son avenir à elle avec Argail ? Elle avait envie de se poser quelque part, de souffler un peu, de faire une pause dans toutes ces missions, dans toutes ces batailles interminables. Être heureuse avec un homme, avoir des enfants…
Elle se rendit compte qu’ils n’avançaient plus. Au contraire, elle eut l’impression que le Defiance s’éloignait à nouveau d’eux. Elle cria :
— P2, plus vite !

Le droïde émit une série de modulations sonores désespérées retransmises par les haut-parleurs du bâtiment. Même si elle ne savait décoder le langage de l’astromécano, Lillaia comprit ce que cela signifiait : l’attraction du trou noir était à présent aussi puissante sinon plus que les propulseurs de P2-A2. Comment s’imaginer en effet que celui-ci ne donnait pas la pleine puissance de ses fusées ?


La voix de la militaire grésilla dans les haut-parleurs :
Il va falloir faire quelque chose, sinon, on ne va jamais y arriver…

De nouveau sur la passerelle et dans le hangar un silence de mort retomba. Chacun retint son souffle. Lillaia continua sachant pourtant que tout le monde l’entendait :
Tu sais, Isil, j’avais pour mission de vous espionner… mais aussi de te protéger et de veiller à ce qu’il ne t’arrive rien de fâcheux…

La voix toujours aussi faible de la Jedi répondit :
Lillaia… non… ce n’est pas grave…
Si, ça l’est… c’était ma mission… ma dernière mission…

Krig Landala avait fini par lâcher Argail. Alec cria vers lui :
— Argail, une élingue ! Il faut leur lancer un câble, une corde, n’importe quoi qui puisse les ramener.

Fébrilement, ils se mirent à chercher quelque chose susceptible de faire l’affaire.


Sur la passerelle, Son-Ja-Arti luttait toujours aidée par le copilote pour redresser la courbe du croiseur. Un opérateur annonça :
— Réacteurs à cent-quarante pourcents, en surchauffe rapide !

Le poing de l’amiral se leva et s’abattit rudement sur l’accoudoir du fauteuil.
— Allez, mon gros… lâcha Narcassan les maxillaires serrés. Ne nous lâche pas maintenant !

Devant eux le trou noir les regardait de son œil avide et menaçant. Partout autour du bâtiment, les débris pilonnaient lourdement la coque, se brisaient, rebondissaient puis repartaient vers l’aspirateur cosmique. On aurait dit un maelström de fer et de roche dans lequel le vieux Centurion se débattait vainement.
Puis soudain, la Céréenne cria :
— Il se redresse, amiral, il revient !

La barre avait cessé de trembler entre ses doigts. Lentement, le trou noir commença à dévier derrière la baie de transparacier, vers la gauche. Les vibrations de la vieille carcasse du croiseur diminuèrent. Une exclamation parcourut la passerelle. La course du Defiance s’infléchit et il commença à s’arracher lentement à l’emprise du monstre.


Dans le hangar, Argail cria :
— On va vous lancer quelque chose, on va vous sortir de là !


Plus loin, dans l’espace tourmenté, Lillaia observait le croiseur. Il changeait de route et commençait à s’éloigner d’eux de plus en plus vite.
— Trop tard, murmura-t-elle.

Isil sentit les bras de son amie se crisper autour de son torse.
— Pas facile de lâcher une bouée en plein océan quand on ne sait pas nager, reprit Lillaia.

Puis soudain, Isil ne sentit plus rien. Elle cria :
— Lillaia, non !
— Pardon, Isil…

La commando venait de lâcher prise. Libéré de son poids, P2-A2 fit un bond en avant et reprit de la vitesse cependant que Lillaia partait à la dérive, bras et jambes écartés comme offerte en sacrifice.


Argail avait compris. Il courut jusqu’au bord du hangar en hurlant :
— Lillaia, non, non !

Une voix lui répondit doucement. Elle était calme et posée, légèrement parasitée par la distance qui augmentait rapidement :
Je suis désolée, Argail… je serais bien partie avec toi en vacances quelque part… mais là…

La liaison radio grésilla puis la voix reprit :
J’ai un trou noir à visiter…

Encore une fois, le silence s’empara du vaisseau. Argail tomba à genoux et sa voix se brisa :
— Lillaia… je… je…

Il y eut un court silence puis la jeune femme répondit :
Moi aussi… je t’aime…

Le colosse roux posa une main sur l’épaule du militaire affaissé sur lui-même. La voix continua de plus en plus parasité :
… équipe… pont quatre… pas m’oublier… Isil… heureuse avec… contrebandier…


Seule dans l’espace à la remorque de son droïde, Isil laissa le menton retomber sur sa poitrine et ferma les yeux pour accompagner son amie à travers une Force devenue si douloureuse à solliciter. P2-A2 émit une longue modulation pareille à la plainte d’un animal mortellement blessé.
Le Defiance qui s’était un instant rapproché commença de nouveau à s’éloigner d’eux en s’arrachant à l’attraction du trou noir. Il s’en était fallu de quelques dizaines de mètres qu’ils ne réussissent.


Dans le hangar, Alec et quelques autres se battaient pour dérouler un câble enroulé sur un support dont l’axe était grippé. Le commandant Sayyham lâcha d’un air abattu en observant le droïde et Isil s’éloigner de nouveau :
— C’est foutu !

Loodo s’était lui-aussi rapproché d’Argail pour tenter de le réconforter. La transmission avec Lillaia s’était interrompue définitivement. Là bas, la silhouette du Ragnarok s’amenuisait à vue d’œil tout en tournoyant lentement. Il se désagrégeait petit à petit sous la force de l’aspiration du trou noir. Dark Remus était-il encore vivant à cet instant précis ? Pouvait-il se rendre compte de la portée de sa défaite ? Isil eut la vision du Sith, seul sur la passerelle dévastée, debout devant la baie de transparacier, grimaçant de haine tandis que son équipage était en proie à la panique, essayant d’évacuer par des nacelles que le monstre de l’espace aspirait au fur et à mesure qu’elles quittaient l’Interdiction à la dérive.


Un panneau s’ouvrit sur le flanc du droïde et un bras télescopique se déploya. À son bout, une petite fusée s’alluma et s’élança vers le Defiance. Elle propulsait un petit disque magnétique et entrainait derrière elle un mince fil d’acier. Une seconde plus tard, à bout de filin, elle se colla à quelques centimètres de l’ouverture du hangar.
— Bravo ! cria Kuli’Aven. Allez, P2-A2, encore un petit effort !

Tous accoururent vers l’endroit où le grappin magnétique s’était fixé. L’astromécano avait mis en marche un treuil pour rembobiner le fil. Le croiseur les entrainait désormais avec lui.


Sur la passerelle, Valin Narcassan entendit avec soulagement la voix du colonel Vellaryn annoncer :
Ils vont y arriver !

Une série d’exclamations joyeuses accompagna la nouvelle. L’amiral se détendit dans son siège tandis qu’un peu partout, la tension nerveuse retombait.


Mètre après mètre, P2-A2 se rapprocha du bâtiment puis d’une dernière poussée de ses propulseurs, franchit la barrière atmosphérique après avoir décroché son grappin. Il survola quelques secondes la petite foule rassemblée et se posa sur le permabéton sous un tonnerre d’applaudissements. Alec s’était déjà précipité vers Isil pour la prendre dans ses bras et la décrocher de son droïde. Lorsqu’il lui ôta le casque, une exclamation parcourut l’assistance. Aussitôt, un mécano accourut avec une serviette pour éponger le sang qui inondait le visage blafard de la Jedi.
— Isil, ça va ?

La jeune femme sourit faiblement à Alec.
— Toujours un prétexte pour me serrer contre toi…

Le mécano lui rendit son sourire et murmura :
— Toujours le sens de l’humour.

Il déposa un baiser sur ses lèvres. La Jedi se redressa dans ses bras et regarda tout autour d’elle.
— Lillaia… Argail, où est Argail ?

Alec remit Isil sur ses pieds en la soutenant sous un bras et l’aida à marcher jusqu’au militaire toujours prostré, à genoux. Les autres membres de la CPM qui l’entouraient s’écartèrent pour la laisser passer.
— Argail… souffla Isil.

Lentement, le sergent se releva et se retourna vers elle. Ils échangèrent un long regard embué puis la jeune femme s’approcha de lui pour qu’il la prenne contre lui.
— Je suis désolée, murmura-t-elle dans un hoquet.

Les bras du militaire se refermèrent autour d’elle et son visage disparut dans le cou de la Jedi pour cacher toutes les larmes qu’il n’avait jamais versées sur un champ de bataille.



(à suivre... )


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Modifié en dernier par Hiivsha le Sam 10 Oct 2015 - 17:32, modifié 1 fois.
Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Sam 10 Oct 2015 - 17:29   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Voici donc l'épilogue qui marque la fin de ce troisième roman Star Wars consacré aux "Aventures d 'une Jeune Jedi".
J'espère que vous aurez pris plaisir à le lire. N'hésitez pas à laisser vos impressions ou même à passer sur mon blog de publication où vous trouverez d'autres romans non Star Wars et où vous pourrez également laisser des billets d'appréciation sur mes histoires.

Je suis à présent impliqué dans un gros projet de SF/Fantastique, un roman sans doute en 3 parties tiré d'un scénario de jeu de rôle de mon fils, et je vais donc sans aucun doute rester un peu éloigné de ma saga Star Wars quelque temps. La reprendrai-je ensuite ? Très honnêtement, je ne sais pas. Il est probable que si j'ai un jour une idée formidable de scénario pour la suite des aventures d'Isil, j'y reviendrai avec un immense bonheur car Star Wars reste Star Wars, un univers complet qui me fait rêver depuis mes 16 ans et qui continue à me faire rêver à 54 !

Bonne lecture à vous tous et merci de votre accompagnement.
_____________________________

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Chapitre 30 : La dernière mission




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Épilogue


Le trou noir était désormais un petit point inoffensif sur les écrans de contrôle du Defiance. Dans l’intimité de son bureau, l’amiral Narcassan s’entretenait par holonet, un verre à la main, avec Dark Dalius. Le colonel Vellaryn se tenait à ses côtés. Le commandant Fail, quant à lui, supervisait les réparations les plus urgentes, celles qui pouvaient être effectuées sur place sous la direction des officiers ingénieurs Bump Liam et Adrea Artel. Le reste de la flotte Sith avait disparu des scanners après son passage en hyperespace.
— Tous mes regrets pour vos lourdes pertes, conclut Valin Narcassan devant l’hologramme vacillant.
Vous en avez eues également, et non des moindres… et je vous présente mes condoléances pour la perte de Maître Torve et du Sergent Sanders. J’aurais aimé le dire de vive voix à Isil… comment va-t-elle ?
— Elle se repose dans sa cabine. Elle… n’a pas voulu être présente à ce débriefing.
Je comprends… mais je le regrette.
— Il faudra du temps, Jaster.

Le Sith hocha la tête et eut un geste évasif de la main.
Je sais…

Puis il ajouta aussitôt :
Vous savez, Valin, Jaster Darillian est mort à présent.

L’air absent, l’amiral observa par transparence le liquide ambré de son verre avant de murmurer :
— J’aime à croire que non, qu’il est toujours là, quelque part. Je préfèrerais ne pas rencontrer Dark Dalius à l’avenir puisque la guerre a repris entre nos deux camps.
Vous voulez dire qu’il n’est pas bon de combattre ses vieux amis ?
— Quelque chose comme ça.

Un silence s’ensuivit. Puis le Sith reprit :
Voulez-vous dire à Isil que, quel que soit l’endroit, si elle a besoin d’aide, elle pourra toujours compter sur moi ?
— Je le lui dirai… mais je ne garantis pas qu’elle soit sensible au propos.

Le Sith expira profondément avant de répondre d’une voix lasse :
Oui… c’est fort possible. Tant de choses se sont passées…

L’amiral avala une gorgée de son breuvage.
— Peut-être le temps arrangera-t-il les choses ? Qui sait ?
Qui sait, Valin… je dois à présent vous laisser continuer votre route. Le [i]Fulgurant a bien besoin lui aussi d’un bain de jouvence. Je vous souhaite bonne chance. [/i]
— À vous aussi, Jaster. Bonne route.

La projection s’éteignit. Quelques instants plus tard, l’Interdictor disparaissait lui aussi dans l’hyperespace. Le colonel Vellaryn alla s’asseoir dans l’un des fauteuils du petit salon.
— Difficile d’imaginer cette conversation presque mélancolique entre un amiral de la République Galactique et un Seigneur Noir de l’Empire Sith.

L’amiral l’imita et les resservit tous deux en whisky corellien.
— Que voulez-vous, Cregg… le monde ne tourne pas toujours parfaitement rond.
— Et maintenant ?

Pensif, le commandant du Defiance fit tourner lentement son verre.
— Nous allons faire un crochet par Tython dès que nos dictateurs officiers mécaniciens nous donneront le feu vert, afin de rendre la dépouille de Shalo à l’Ordre. Et ensuite, direction les chantiers navals de Corellia tant que ceux-ci ne sont pas encore aux mains de l’ennemi.
— Vous croyez vraiment que Corellia est menacée ?
— J’en suis certain. Une guerre civile larvée s’y joue en ce moment qui n’a d’autre but que de permettre à des politiques corrompus d’appeler l’Empire à la rescousse.
— Ce qui légitimerait un débarquement des Sith ?
— Absolument… ainsi que la déclaration d’une sécession d’avec la République Galactique.

Le colonel grogna.
— Mais quand donc tout cela finira-t-il ?

L’amiral soupira en vidant son verre.
— Qui le sait ? Même la disparition de l’Empereur ne saurait garantir la paix dans notre galaxie, j’en ai bien peur.


— Aux absents ! déclara James en levant son verre à liqueur avant de le vider imité par tous ses amis.

La petite tablée échangea des coups d’œil tristes. Il resservit tout le monde pour le toast suivant : c’était la tradition, chacun devait en porter un à son tour. Autour d’eux, le personnel s’affairait pour redonner à la cantina du pont quatre un visage civilisée. Elle avait beaucoup souffert de l’explosion survenue dans l’un des hangars mais déjà quelques habitués étaient venus pour reprendre leur pause habituelle et chacun avait mis la main à la pâte pour tout remettre en ordre. Sur les murs, de mélancoliques bannières noires soulignaient les photos des disparus, tués lors de la bataille, et de petits groupes saluaient déjà ça et là, autour d’une table, la mémoire des amis disparus en attendant la cérémonie officielle prévue pour le lendemain. Isil était assise entre Alec et Argail.
Will leva à son tour son verre.
— À notre cher Patris pulvérisé dans l’explosion du deux !

Puis en se tournant vers Argail et Isil, il précisa :
— Il n’a pas souffert… en fait, il a été vaporisé par la déflagration alors qu’il tentait de secourir un pilote coincé dans un Aurek accidenté.

Le noir avala son verre d’un trait imité par tous et resservit aussitôt toute la tablée. Argail porta le toast suivant en levant son verre.
— À ma pauvre Lillaia, articula-t-il péniblement d’une gorge serrée.
— Elle m’a sauvé la vie, murmura Isil en combattant l’émotion qui l’étreignait.
— C’était une superbe fille, ajouta James. Vraiment superbe.

Le sergent inspira un grand coup, une longue inspiration entrecoupée par un hoquet, en repensant à sa trop courte liaison avec la jeune femme. La vie était tellement injuste !
Comme il venait de se perdre dans ses pensées, le verre toujours en l’air, Isil posa une main sur la sienne.
— Elle nous manquera, dit-elle à voix basse.

Ses doigts serrèrent ceux de son ami.
— Je n’ai pas pu la sauver… malgré la Force, ajouta-t-elle avec amertume.

Argail secoua la tête :
— Tu ne dois pas te sentir coupable… Tu avais déjà tellement fait… Tu étais à bout…

Puis il ajouta :
— Nous avions des projets… Tu ne devrais pas perdre trop de temps avec ton contrebandier. Le temps, c’est tout ce que nous avons, et nous ne savons pas combien il nous en reste. À ta place, je n’hésiterai pas à lui dire combien tu l’aimes… Chevalier Jedi ou pas, on s’en fout !

Puis il avala la liqueur ambrée réservée aux grandes occasions, suivi de nouveau par tous les autres. Alec se tourna ensuite vers la Jedi en levant le verre que le soldat venait de remplir une énième fois.
— À toi, Isil, qui nous as tous sauvés… et à tes amis qui t’ont donné un bon coup de main. Et puis… ça me coûte de le dire vu que je… enfin que tu me…

Il se mit à rougir. Ses amis émirent de petits gloussements qui adoucirent l’atmosphère du moment.
— Alec embarrassé devant une fille… ça vaut le coup d’être vu ! s’exclama Will.

Isil se mit à sourire avec indulgence. Le mécano respira fort pour achever son toast.
— Je veux dire… à tes amours ! J’espère qu’il te mérite vraiment !

Le sourire de la Jedi s’accentua et elle baissa les yeux.
— La question serait plutôt : est-ce que je le mérite, murmura-t-elle avec une mine contrite avant de faire comme tout le monde en vidant son verre d’un trait.

Le jeune homme lui caressa la joue.
— Je suis sûr que oui.

Les yeux de la Jedi se mirent à briller. Elle se retourna sur sa chaise. Derrière elle se tenait, immobile et silencieux, son droïde astromécano, P2-A2 qui écoutait attentivement les conversations pour en décoder un sens si humain. Alec remit une nouvelle tournée et Isil aussitôt leva son verre en déclarant :
— Et à mon fidèle P2-A2 sans qui je ne serais pas avec vous aujourd’hui… Comme quoi la Force ne peut pas tout faire.
— À P2-A2 ! s’écrièrent-ils tous en chœur pendant que le droïde trépignait sur place en émettant une longue série de bips joyeux.
*
* *

— À quoi cela me sert-il de pouvoir utiliser la Force si je n’ai pu sauver ni Maître Torve ni Lillaia ? questionna Isil en observant les flammes du bûcher funéraire du Maître Jedi crépiter en s’élevant dans l’air frais de Tython.
— À sauver d’autres personnes ? répondit Maître Satele Shan à voix basse. Pourquoi voudrais-tu devoir sauver toute l’humanité à toi toute seule ?
— Parce que j’étais avec chacun d’eux au moment où ils sont morts.

Le Grand Maître observa de biais le visage fermé du jeune chevalier et plissa ses lèvres.
— Tu ne dois pas laisser tes émotions t’envahir, Isil. Perdre des amis ne doit pas compter plus que de voir des inconnus mourir. Dans tous les cas, chaque vie qui s’en va est une tragédie. Mais nous devons faire avec pour continuer à avancer.
— Comment rester insensible face à la mort ?
— C’est la meilleure arme du Jedi que de pouvoir y parvenir. Ainsi, il peut rejeter la peur, la peine et la haine qui mènent toutes au Côté Obscur. C’est l’âme même du Code Jedi.

Isil baissa le front et murmura :
— Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix.

Maître Shan continua :
— Il n'y a pas de passion, il y a la sérénité…

Soudain, les deux femmes sentirent deux mains se poser sur leurs épaules et une voix familière, qu’Isil n’avait pas entendue depuis des semaines, déclama derrière elles :
— Il n'y a pas de mort, il y a la Force !

Isil réfréna un sursaut et se retourna.
— Maître Koyi Me ! s’exclama-t-elle. Vous êtes de retour !

Satele Shan sourit.
— Le Maître diplomate du Defiance est revenu de mission ?
— J’arrive à l’instant, avec toute l’équipe au grand complet. Mais j’aurais préféré vous revoir dans de meilleures circonstances, Grand Maître.

La main du Twil’lek flotta vers le bûcher qui se consumait lentement.
— Maître Torve était un immense Jedi… un grand et puissant guerrier. Il nous manquera. Il voyage à présent dans la Force.

Puis se tournant vers Isil :
— On m’a dit que tu n’avais pas démérité de ton titre de Chevalier Jedi, jeune fille. J’en suis heureux.

Dans l’obscurité de la nuit, une autre silhouette les rejoignit et une voix presque moqueuse s’éleva :
— « Pas démérité » ? C’est presque amoindrir le courage dont elle a fait preuve et la puissance qu’elle a su puiser dans la Force ! Isil est vraiment une grande Jedi à présent !

La jeune femme s’exclama de nouveau avec un beau sourire :
— Maître Melvar !

Adol Bruck Obi Melvar s’inclina légèrement devant les trois Jedi, la main sur le cœur.
— Je suis heureux de te revoir, Isil… et vous aussi Maîtres ajouta-t-il en souriant. Maître Beno aurait été fier de toi… de la belle jeune femme que tu es devenue et du Jedi accompli que tu es à présent.

Isil le contempla de ses beaux yeux bleus qui scintillaient à la lueur des nombreuses torches présentes sur la colline du temple de Tython.
— Merci, Maître Melvar… et vous aussi, Maître Me. Je ne sais pas si je mérite autant de louanges… c’est justement ce que je disais à Maître Shan à l’instant et je…

Le Grand Maître leva sa main pour l’interrompre.
— Laisse les morts rejoindre la Force en paix et ne te torture plus l’esprit. Regarde l’avenir.
— J’y vois peu de choses réconfortantes, Maître Shan.
— Alors, nous aurons grand besoin de Jedi comme toi. Ne te laisse pas aller à de sombres regrets. Comme le disent Maître Me et Maître Obi Melvar, tu as accompli de grandes choses pour un jeune chevalier comme toi. Continue sur cette voie et fortifie ton âme.
— Oui, Grand Maître.
— On se revoit plus tard, conclut Satele Shan. J’ai à parler avec Maître Me et Maître Obi Melvar.
— Comme vous voudrez. Maitres…

Elle les salua en s’inclinant du buste et fit demi-tour pour regagner la procession qui retournait à présent vers le temple.
— Une extraordinaire jeune femme, remarqua Obi Melvar en la regardant s’éloigner. Il aurait été dommage que Beno Mahr ne la forme pas.

Il faisait ainsi allusion aux réticences émises par le Conseil lorsqu’Isil avait été présentée au temple à ses douze ans.
— Fasse l’avenir ne pas nous le faire regretter, soupira Maître Shan les lèvres pincées.
— Je veillerai sur elle… tant qu’elle restera sur le Defiance, avança le Twi’lek.


Un peu plus loin, Isil rejoignait Nulee’Na et Kuli’Aven.
— Je suis heureuse que le Conseil ait décidé de te confier Kulia comme Padawan. Tu le mérites bien.

Nulee’Na jeta un regard hésitant à la petite Twi’lek.
— J’espère que je serai à la hauteur. J’avoue avoir longuement hésité… non pas que je n’ai pas confiance en Kulia, mais c’est plutôt à propos de moi que j’émets des doutes. Serais-je à la hauteur de ce qu’on attend d’un Maître ?

Isil lui tapota l’épaule.
— Je suis certaine que tu seras une excellente enseignante. Et puis, Maître Shan n’a-t-elle pas dit qu’elle vous suivrait de près pour vous épauler si besoin ?
— Oui, c’est vrai. Quelque part, c’est rassurant.

Kuli’Aven regarda les deux chevaliers.
— Sans vouloir manquer de respect à mon nouveau Maître, ni lui faire de la peine… je… j’aurais bien aimé avoir Isil pour…

Les deux jeunes femmes sourirent avec indulgence et Isil s’accroupit pour se mettre à la hauteur de l’enfant.
— Je crois que Nulee’Na fera un bien meilleur Maître que moi… J’ai peur que mon exemple ne soit pas trop à suivre… du moins dans certains domaines.

La gamine sourit et s’approcha de l’oreille d’Isil pour souffler :
— À propos d’un certain contrebandier ?

La Jedi étouffa un rire en hochant la tête. Elle frictionna affectueusement le crâne de la fillette.
— C’est tout à fait ça !

Comme elle se relevait, Kuli’Aven lui adressa un clin d’œil complice et posa son index levé sur ses lèvres.
— Vous allez rester sur le Defiance ? demanda Isil.

Nulee’Na répondit :
— Je ne sais pas. Maître Satele doit prendre sa décision d’ici demain. On verra.
— En tout cas, que la Force soit avec vous deux, conclut Isil.
*
* *

Le croiseur avait rejoint les docks des chantiers navals de Corellia. Une nuée de droïdes et de techniciens s’affairaient tout autour de lui et à l’intérieur pour effacer les traces de la sanglante bataille qu’il avait affrontée. Une partie du personnel avait été autorisé à descendre à terre pour quelques jours de repos bien mérités, hormis ceux dont la présence était indispensable aux réparations. L’équipe reconstituée de la CPM avait partagé un repas de retrouvailles et obtenu un quartier libre de deux jours. Argail avait décidé de rester à bord pour dormir et méditer devant une photo de Lillaia qu’il avait accrochée sur le mur en face de son lit. La plupart des autres avaient pris soit une navette, soit leur vaisseau personnel pour se rendre à la surface de Corellia. Isil était partie seule dans le vaisseau de Maître Mahr accompagnée de P2-A2.

Le speeder taxi stoppa devant un haut building du centre d’affaires de Coronet City et un employé accourut avec empressement pour lui ouvrir la portière.
— Mademoiselle Valdarra, susurra-t-il en s’inclinant bien bas. C’est un honneur !

Isil masqua son étonnement et leva la tête vers la façade de l’immeuble rutilant dont l’entrée était surmontée d’un immense « Z » cerclé d’or. L’enseigne étincelait de mille feux au soleil du matin. L’homme la précéda jusqu’au sommet du perron et l’invita à entrer dans le riche hall de la société. Une vingtaine d’employés se tenaient impeccablement alignés de chaque côté d’un tapis rouge au centre duquel attendait un homme âgé et chenu vêtu d’un costume bleu sombre irréprochable. Machinalement, Isil tira vers le bas la courte jupe de sa tunique de Jedi et arrangea les manches de sa bure. Le vieil homme s’inclina profondément et tendit la main à sa visiteuse.
— Mademoiselle Valdarra, s’exclama-t-il. Enfin, je vous retrouve après toutes ces années !
— Retrouve ?
— Vous étiez si jeune, la dernière fois que je vous ai vue que vous ne devez pas vous souvenir de moi.
— En effet… je suis désolée.

Isil serra la main offerte. L’homme reprit :
— Je suis Madus Orfeus, votre administrateur de biens. Nous nous sommes parlé hier par communicateur vocal.
— Oui, fit Isil, je reconnais votre voix. Je suis enchantée de faire… ou de refaire votre connaissance.
— Tout le plaisir est pour moi, croyez-le, Mademoiselle Valdarra…
— Isil… Appelez-moi, Isil… je vous prie.

Le vieil homme se courba de nouveau.
— Bien sûr, comme vous le souhaitez… Mademoiselle Isil. Bienvenue au siège du consortium Zilar… créé à la mort de vos parents pour fédérer les biens de votre père et l’empire fondé il y a quelques cent-dix ans par votre arrière grand-père maternel, le grand Theodore Zilar, deuxième du nom.

Il l’avait prise familièrement par le bras et l’avait guidée jusqu’à une galerie d’honneur où s’alignaient des holoportraits des fondateurs et autres membres importants du consortium. Quatre hommes les suivaient, visiblement du service de sécurité. Isil s’arrêta longuement devant le portrait de ses parents en refoulant une évidente émotion.
Le vieux Madus observait la jeune femme avec une affection non feinte.
— J’ai veillé sur votre patrimoine durant tant d’années, sans trop bien savoir si vous étiez réellement encore de ce monde, balbutia-t-il en l’invitant à pénétrer dans un vaste ascenseur que surveillaient plusieurs gardes du corps. Et j’ai tant de choses à vous raconter.
— J’imagine, répondit Isil touchée par le vieil homme. Et beaucoup d’autres à m’expliquer je suppose ?
— Oui… beaucoup… Le Conseil d’Administration au grand complet est réuni et vous attend. Mais, nous allons prendre quelques minutes pour que je vous présente l’essentiel de ce que vous devez savoir sur votre héritage. L’ami de vos parents, l’ancien Conseiller à la Sécurité de la République, Jaster Darillian, avait pris à leur mort toutes les dispositions juridiques nécessaires à l’administration de leurs biens et la conservation de votre héritage en attendant que vous en preniez possession. Je dois avouer que nombreux étaient les administrateurs convaincus de votre propre mort et qui pensaient que tout cela ne servait à rien…


La journée était bien avancée lorsque la Jedi prit congé du vieil homme après avoir promis de revenir rapidement. Tant d’informations assimilées en si peu d’heures ! Isil avait l’impression que sa tête allait éclater. Les perspectives futures se bousculaient dans son esprit. L’Ordre avait toujours prôné le dépouillement des biens et voilà qu’elle se retrouvait à la tête d’un empire financier et industriel s’étendant sur de multiples planètes. Une question lui vint : était-ce pour cela que sa personne intéressait le Cercle Sombre et Jaster Darillian en particulier ? Dans ce cas, pourquoi n’avait-il pas proclamé sa mort et fait main basse sur son héritage au lieu de le maintenir en l’état ? Il s’était prétendu son père biologique et cette idée la taraudait depuis lors. Il lui fallait en avoir le cœur net. D’un pas décidé, elle se rendit au Centre des Archives Génétiques de Corellia pour vérifier les résultats des analyses qu’elle avait demandé à Maître Lansil d’effectuer sur la dépouille de son père. Chemin faisant, elle se demanda quoi faire de la fortune dont elle venait d’hériter. Il y avait des précédents dans l’Ordre Jedi de Maîtres riches et puissants. L’Ordre ne crachait jamais sur les sources de revenus que de tels membres pouvaient lui apporter. Il en serait de même pour elle si elle décidait de faire reverser ses propres dividendes au temple de Tython.
Cependant, c’était là un problème supplémentaire à gérer en plus de l’attachement qu’elle vouait au capitaine Inolmo.


Une heure plus tard, Isil ressortait du Centre des Archives Génétiques de Corellia à pas lents. Alors qu’elle traversait pensivement le grand hall d’entrée du bâtiment, les paroles du conseiller en recherches génétiques résonnaient dans sa tête. Un sourire perplexe errait sur ses lèvres rosées. Soudain une voix la figea :
— Isil !

Elle n’avait pas besoin de se retourner pour savoir qui l’interpelait ainsi. Son sourire s’accentua et elle pivota vivement sur ses jambes.
— Hiivsha !

Elle cria presque le nom de son compagnon, cri mêlé à la fois d’exclamation et d’interrogation incrédules. Un élan spontané la transporta et elle manqua de peu de se jeter dans ses bras. Mais à la dernière seconde, au prix d’un violent effort de volonté, elle se maîtrisa et demeura sur place, se contentant d’ajouter d’une voix redevenue neutre :
— Tu es revenu ?

Il se tenait à deux pas d’elle, beau et souriant comme lors de leur première rencontre sur Balmorra, les cheveux légèrement en bataille, le teint hâlé, les dents éclatantes, les yeux pétillant de malice. Lui non plus ne bougea pas. C’était son plan : il tenait à savoir.
Ils restèrent ainsi de longues secondes à se dévisager, le visage illuminé par un sentiment intense puis les yeux de la jeune femme furetèrent à droite et à gauche, sans doute pour observer les personnes dans le hall. Hiivsha pensa un rien dépité :
Belle domination de soi-même ! On voit bien que le Jedi est toujours là.
Il répondit un banal :
— Comme tu le vois. J’espère que je ne t’ai pas trop manqué ?

Isil ouvrit la bouche et passa le bout de la langue sur ses lèvres subitement sèches. Le moment du choix décisif était venu, il n’y en aurait pas d’autre et elle en était consciente. Rejeter ses émotions comme le stipulait le Code Jedi et étouffer définitivement l’amour qu’elle portait dans son cœur, ou laisser ses sentiments s’exprimer, les assumer et faire avec en supportant les conséquences futures, telle était l’alternative.
— Un peu, parvint-elle à articuler avec difficulté.

Elle mobilisa ses jambes de plomb au prix d’un violent effort pour accomplir les deux pas la séparant de lui. Elle eut un moment d’hésitation puis, de façon aussi soudaine qu’inattendue, la jeune femme agrippa un pan du blouson du contrebandier pour le remorquer vers une série de portes donnant sur le hall. Elle en ouvrit une après l’avoir rapidement déverrouillée avec la Force, exercice dans lequel elle était passée maître. C’était un placard d’entretien presque vide, dans lequel dormait un robot de nettoyage de surface. Sur quelques étagères étaient stockés des produits ménagers.
— Qu’est-ce que tu fais ? demanda Hiivsha sceptique et surpris.

Sans répondre, Isil referma la porte derrière lui et le plaqua d’un bras ferme contre un mur.
— Mais… eut-il juste le temps de protester avant que la jeune femme ne se jette avec force dans ses bras, s’emparant avidement de sa bouche avec la sienne.

Un instant déstabilisé par cette fougue inattendue, les bras du contrebandier battirent l’air quelques secondes avant de se refermer sur le corps de braise de sa compagne. Une série d’ardents et passionnés baisers s’ensuivit dans un silence ponctué de gémissements goulus.
Hiivsha alla de surprise en surprise lorsqu’il entendit la jeune femme souffler à son oreille :
— Je t’aime… je t’aime…

Leurs cœurs s’accélérèrent à l’unisson.
— J’ai envie de toi, chuchota-t-elle subitement le corps parcouru par une brise de plaisir.

Tout en disant ces mots, elle se débarrassa prestement de sa bure et il entendit le bruit de sa ceinture multifonction tombant sur le sol.
— Mais… essaya-t-il d’articuler entre deux baisers. Enfin… ici ? On risque de nous surprendre… un Jedi et un vilain garçon comme moi…

Pour toute réponse, elle fit un geste de la main et il entendit nettement la serrure de la porte se verrouiller dans un clic éloquent.
— On ne nous dérangera pas, haleta-t-elle en jetant sa tunique puis sa brassière sur le robot endormi.

Il sentit les rondeurs fermes de sa poitrine brûlante s’écraser contre son torse alors qu’elle se plaquait de nouveau contre lui pour une nouvelle série de torrides baisers. Quand leur étreinte se desserra un peu, il promena avec enchantement ses doigts tremblants sur le buste palpitant et sentit sous la chair frémissante le cœur d’Isil qui battait à tout rompre.
— Mais… le Code… bafouilla-t-il, l’esprit embrouillé.
— Tais-toi et aime-moi, murmura-t-elle en pivotant avant de le faire tomber en arrière d’un crochet aux jambes.
— Outch ! lâcha-t-il en atterrissant rudement sur le dos.

Elle n’avait plus que ses bottes lorsqu’elle se jeta littéralement sur lui.
— Hé, doucement, parvint-il à articuler en la réceptionnant entre ses bras. Si tu me tues maintenant, tu n’obtiendras rien de moi.
— Pas question de te tuer, j’ai trop besoin de toi, répondit-elle d’une voix vibrante tout en lui défaisant ses vêtements. Mais ce que tu peux être long à te déshabiller ! s’exclama-t-elle une lumière éclatante sur son visage si doux.


Lorsqu’ils sortirent du placard, Hiivsha regarda avec anxiété autour de lui tout en rectifiant au mieux sa chevelure. Il lui semblait que toutes les personnes traversant le hall les observaient, lui en particulier, d’un regard désapprobateur. Isil était aux anges et rayonnait comme un soleil de printemps dans un ciel azur. Ses longs cheveux blonds légèrement entremêlés lui donnaient un air espiègle.
— Tu as l’air emprunté, se moqua-t-elle d’une voix douce en enfonçant son coude dans son flanc. On dirait que tu viens de dévaliser une banque. Sois plus détendu !

Il réajusta son blouson et arrangea les pans de sa chemise dans son pantalon.
— C’est que je n’ai pas l’habitude de me faire sauter dessus dans un placard à balais, protesta-t-il un sourire en biais.
— J’espère bien, riposta la jeune femme en le tirant par la main pour le mettre en route. Mais à propos, comment as-tu su où me trouver ?
— J’arrive du Defiance. Valin m’a fait un topo détaillé sur la fiesta que j’ai ratée ces dernières semaines. Je suis profondément navré pour Torve et Lillaia. Ce sont tous deux de grandes pertes…

Il conserva le silence un instant avant de continuer :
— Ensuite Valin m’a dit que tu étais partie sur Corellia, à Coronet City, trouver des réponses à certaines questions. J’ai donc utilisé ton localisateur pour te trouver. Alors, ces réponses ?

Isil fit semblant de ne pas comprendre.
— Quelles réponses ?
— Darillian.

La jeune femme baissa la tête, une ombre sur le visage.
— C’est bien ton père ? en conclut Hiivsha.
— Mon géniteur, corrigea la Jedi avec un léger accent d’agressivité dans la voix. Mon père restera à jamais l’homme qui m’a élevée et aimée.
— Bien sûr, ma chérie… Comment te sens-tu ?

Elle leva vers lui ses grands yeux bleus légèrement troublés.
— Je ne sais pas trop et puis je ne veux plus y penser… maintenant que tu es revenu.

Ils traversaient le hall en direction de la sortie lorsqu’il sentit le bras d’Isil passer autour de sa taille et son flanc se coller contre le sien. Après une seconde d’hésitation, il dodelina du chef en souriant et passa à son tour le bras autour des épaules de la jeune femme dont la tête retomba contre lui.
— Tu n’as pas peur qu’on nous voit comme ça en public ? demanda-t-il.
— Je m’en fiche, répondit-elle. C’est bien comme ça que se promènent les amoureux, non ? Les gens peuvent penser ce qu’ils veulent.

Ils descendirent des marches conduisant vers une grande esplanade.
— Tu es consciente que cela va finir par arriver aux oreilles du Conseil, continua-t-il préoccupé.
— Je sais… un jour ou l’autre… mais nous ne sommes pas non plus obligés d’envoyer un faire-part sur Tython.
— Oui… mais un jour ou l’autre… Que vont dire tes Maîtres ?

Il sentit le corps d’Isil se serrer encore plus contre lui.
— Je n’en sais rien. Mais si je dois choisir entre l’Ordre et toi, ce sera toi. Peut-être l’accepteront-ils ?
— Et si ce n’est pas le cas ? Si l’Ordre te renvoie ?
— Ce serait dommage pour lui… j’ai hérité une véritable fortune de mes parents et je pourrais toujours en faire bénéficier le Temple.
— Mais si tout de même, le Conseil te renvoyait ?

Elle leva son joli minois vers lui et il put constater qu’aucune ombre n’atténuait le rayonnement qui émanait d’elle. La jeune Jedi n’était tout simplement pas inquiète. Elle venait de faire un choix serein et mûrement réfléchi et après tout, n’était-ce pas ce qu’il avait souhaité en s’éloignant d’elle durant plusieurs mois ?
— Dans ce cas, nous partirons faire le tour de la galaxie… à moins que nous ne regagnions les rangs des Jedi corelliens.
— Les Jedi verts ?
— Oui. Ils nous attendent les bras ouverts le cas échéant… même en tant que mari et femme.

Hiivsha frissonna de bonheur à l’énoncé de ces trois mots.
— Vraiment ? Comme mari et femme ?

Isil secoua la tête de haut en bas en faisant voler ses mèches dorées.
— Absolument, monsieur le contrebandier. Pourquoi faire les choses à moitié ? Et qui sait, tu pourrais peut-être devenir officier de la CorSec ? On travaillerait ensemble à rétablir l’ordre sur Corellia…

Tout cela allait très vite pour Hiivsha qui n’avait jamais pensé à un retour aussi atypique. Voilà qui dépassait soudain ses plus folles espérances. Il avait du mal à gérer le bonheur qui l’envahissait à cet instant précis. Levant le bras, il héla un speeder-taxi et ouvrit la portière à Isil lorsque ce dernier s’arrêta devant eux.
— Monte.
— On va où ?
— À l’astroport, lança Hiivsha à l’attention du chauffeur.
— On retourne sur le Defiance… déjà ? s’inquiéta Isil d’un ton où pointait une once de dépit.
— Pas du tout, j’ai obtenu de Valin une permission d’un mois pour toi et moi.
— Une permission ? Pour faire quoi ?
— Pour aller où, plutôt.
— D’accord, pour aller où ? s’enquit la jeune femme en lui serrant la main.
— C’est un secret, répondit-il d’un ton malicieux.
— Je veux savoir, se plaignit Isil.

Hiivsha secoua la tête.
— Plus tard.

La jeune Jedi croisa les bras.
— De toutes façons, j’ai mon vaisseau à l’astroport. Je ne peux pas le laisser là.
— Tu ne l’as plus, ma chérie, répliqua joyeusement son compagnon. Je l’ai renvoyé sur le Defiance.
— Mais pourquoi ?
— Parce que je savais que tu n’en aurais plus besoin.

Isil le fusilla du regard.
— Comment pouvais-tu le savoir ? Tu savais que je tomberais dans tes bras ?

Il lui caressa doucement la joue d’un revers de main avec un sourire apaisant.
— Non, ma chérie, mais je l’espérais sincèrement… de tout mon cœur.
— Pff… arrogance masculine.

D’un doigt, il dessina la courbure de ses lèvres et en releva un coin pour la forcer à sourire, ce qu’elle fit sans tarder. Puis ils s’embrassèrent de nouveau sous l’œil attendri du taxi.
— Désolé de vous interrompre, fit celui-ci. Nous arrivons à l’astroport… mais vous pouvez prendre le temps de finir.

Hiivsha paya la course en ajoutant un généreux pourboire et tira Isil par la main.
— Viens, Choupy nous attend.
Ils traversèrent d’un pas vif une partie de l’astrogare jusqu’aux hangars abritant les vaisseaux particuliers. Déjà se profilait devant eux la silhouette familière de l’YT1100 d’Hiivsha. Au pied de la rampe déployée, un droïde astromécano trépignait d’impatience en les observant s’approcher.
— P2-A2 ! s’exclama Isil.
— Il n’était pas question qu’on parte sans lui, affirma Hiivsha.
— Merci…

Elle l’embrassa encore une fois et compléta à son oreille :
— … mon amour.

Puis elle frotta affectueusement le dôme du droïde qui émit une longue série de bips excités avant de les suivre à l’intérieur du vaisseau.
Isil se jeta dans le siège du copilote et bascula une série d’interrupteurs pour lancer les moteurs avant de tester les commandes.
— Bon, dit-elle joyeusement, alors on va où ?
— Décolle, on verra.

Les moteurs rugirent et le cargo s’éleva bientôt dans le ciel de Coronet City avant de se lancer à l’assaut de l’atmosphère corellienne.
— Et maintenant, on va où ? répéta Isil comme le ciel disparaissait pour laisser place à l’obscurité de l’espace.
Hiivsha jeta vers elle un coup d’œil rempli de malice tout en entrant des coordonnées dans le calculateur d’hyperdrive.
— Tout droit, se contenta-t-il de dire.
— Allez, ce n’est pas drôle ! protesta la jeune femme en passant une main devant son visage avant de répéter avec l’aide de la Force : dis-moi où on va !

Hiivsha éclata de rire, lui prit la main qu’il baisa affectueusement.
— Tes tours de passe-passe ne fonctionnent que sur les esprits faibles. Sur moi, tu n’as aucune chance.

La lèvre d’Isil se fit boudeuse.
— Si tu ne me dis pas où on va, je ne t’adresse plus la parole durant tout le voyage…
— J’adore le calme, se contenta de répondre le contrebandier au comble de l’amusement.

Il se rencogna dans son siège en croisant les mains derrière la nuque et étendit les jambes avant de se mettre à siffloter. La bouche d’Isil s’étira en faisant naître des fossettes sur ses joues. Elle murmura d’une voix torride :
— Si tu me dis où on va… je te promets de mettre ta cabine sens dessus-dessous pendant toute la durée de l’hyperespace. Je suis capable de choses que tu ne peux même pas soupçonner. Faire l’amour avec une Jedi passionnée va te réserver bien des surprises ! J’ai d’ailleurs une armure hyper sexy que m’a donnée mon géniteur et qui va te faire fantasmer…

Hiivsha souleva un sourcil, l’air subitement intéressé.
— Vraiment ? J’ai hâte de voir ça. Tu peux aller la mettre ?
— D’abord tu me dis où on va et ensuite je la mets rien que pour toi.
— Ils vont t’adorer, se contenta de répliquer son compagnon en la couvant du regard.
— Qui ça « ils » ?

Le sourire du contrebandier s’accentua.
— Mes parents, pardi !

L’espace fit soudain place à une succession de lignes bleutées comme Hiivsha venait d’activer l’hyperdrive.
— Tes parents ? s’exclama Isil sidérée. Tu veux me présenter à tes parents ? On va sur Adarlon ?
— Exactement !

Au même moment, Choupy disparut de l’orbite de Corellia et entra dans l’hyperespace.

FIN


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Messagepar Jagen Eripsa » Mer 06 Avr 2016 - 13:59   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

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Messagepar Hiivsha » Mer 06 Avr 2016 - 16:52   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Chez moi, on ne peut pas télécharger les fichiers :

Fichiers à télécharger
[phpBB Debug] PHP Warning: in file /home/swu/public_html/www/fans/fan-fictions/sommaire.php on line 339: filesize(): stat failed for /home/swu/public_html/www/images/fans/fan-fictions/hiivsha/ladjj3_v6.pdf
[phpBB Debug] PHP Warning: in file /home/swu/public_html/www/fans/fan-fictions/sommaire.php on line 355: filesize(): stat failed for /home/swu/public_html/www/images/fans/fan-fictions/hiivsha/ladjj3_v6.epub
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Messagepar Jagen Eripsa » Mer 06 Avr 2016 - 19:17   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Effectivement ! Il s'agissait d'un problème de majuscules, c'est corrigé, merci. ;)
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Messagepar Notsil » Mar 03 Mai 2016 - 9:47   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Hello !
Non je ne t'ai pas oublié mais j'ai juste eu pas mal d'occupations :p
Je me suis arrêtée au chapitre 10, du coup j'ai téléchargé le epub comme ça je pourrais lire sur la liseuse pendant mes 2h de pause active de l'aprem. Je vais juste tenter de comprendre comment je pourrais accéder directement au chapitre 10, parce que c'est une fonctionnalité dont je n'ai encore jamais eu besoin ^^
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Messagepar Hiivsha » Mar 03 Mai 2016 - 10:38   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Par la table des matières du livre. Mais ça dépend de chaque liseuse pour y accéder (en haut, en bas...)
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Messagepar Notsil » Mar 03 Mai 2016 - 22:25   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Yep j'ai découvert cette fonction très pratique du coup !

Bon, récit terminé, très chouette ! J'ai lu du mieux, mais aussi bien pire côté style d'autres auteurs publiés, alors j'espère que la chance te sourira pour tes autres récits :)

Il reste quelques coquilles, mais sur liseuse je n'ai pas pu/su relever :s (mention spéciale au "python rocheux" du chapitre 15 je crois, même si la novélisation de l'épisode 7 a fait bien pire avec son "océan de débris de céramiques" sur Jakku ^^).

J'ai beaucoup aimé les péripéties d'Isil et des autres membres du Défiance, tu as su l'entourer de chouettes personnages secondaires (et même si je n'aime pas ça, tu sais aussi laisser mourir tes personnages pour renforcer ton récit dans sa crédibilité).
On sent beaucoup de réflexion sur le précepte de l'attachement des Jedi, des Sith pas si méchants, des Jedi pas si gentils... c'est bien ^^ (ou plutôt : ça me plait :p).

J'ai adoré l'épilogue :p

Bon courage pour la suite de tes projets ;)
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Messagepar Hiivsha » Mer 04 Mai 2016 - 9:36   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

"(mention spéciale au "python rocheux" du chapitre 15"

Rhoooo ! :shock: :oops:

En effet, un
Spoiler: Afficher
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c'est pas pareil qu'un

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Image


Même si dans Google si tu cherches le second tu as plus d'images du premier :pfff: :sournois:

Errare humanum est, mais je vais même te dire mieux, dans le livre que je suis en train d'achever, j'ai fais une recherche Word et j'ai trouvé un nouveau "python rocheux" :paf: que je me suis empressé de corriger : perseverare diabolicum ! :transpire:
Je crois que maintenant, grâce à toi, je ne ferai plus cette énoooorme étourderie ! :oui:

En tout cas, merci de ton retour. :jap: Je vais te dire une chose : ce n'est pas facile de faire mourir un personnage, même "secondaire central" - encore moins plusieurs - a fortiori s'il arrive des livres précédents. J'ai longuement hésité surtout pour celui de la fin et ça m'a brisé le cœur de le faire :cry: . En même temps, cela apporte un "plus" presque logique à l'histoire... :neutre: l'un comme l'autre d'ailleurs.

Pour finir, j'avoue humblement que mes romans SW ne bénéficient pas de la même qualité de correction/reprise que les romans que je destine à l'édition même si je les ai relus plusieurs fois. Je sais que si je les reprenais, je corrigerais encore et encore plein de choses... mais comme il est impossible d'envisager une édition, c'est de l'énergie à fournir un peu "gratuitement".

J'espère repartir un jour prochain sur un tome 4... Des idées me trottent en tête qu'il me faudra mûrir et développer au fil des mois jusqu'au jour où... :idea: :cute:
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Messagepar Notsil » Mer 04 Mai 2016 - 13:16   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3

Oui on sent que la porte reste ouverte pour des suites éventuelles ;) Et je comprends tout à fait qu'une FF soit moins corrigée qu'un roman normal, j'y passe moins de temps également pour les mêmes raisons. J'espère être encore dans le coin le jour où le tome 4 pointera le bout de son nez !

J'adore les petites coquilles d'erreur orthographique (on a tous nos ptites faiblesses ^^), déjà croisé ailleurs des ancre/encre ou asthénosphère/atmosphère, c'est mignon je trouve ^^
Tiens, j'y ai repensé après coup, j'ai pas rêvé, j'ai bien vu dans ton texte une allusion à Dolarn Sarkan ? (j'ai vu un Zilar aussi, coïncidence ou juste même bon feeling sur les sonorités ? ^^).

(question subsidiaire, ton topic ne devrait pas être en coin Bibliothèque des récits achevés d'ailleurs, ou y'a une subtilité sur les classements qui m'échappe ? ^^).
"Qui se soumet n'est pas toujours faible." Kushiel.
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