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Duel de Soldats
IV-La Centrale
 
La neige avait cessé de tomber sur la capitale Nolvanienne. A la place, un ciel déchiré entre de gros nuages noirs et de timides percées bleutées produisait une luminosité étrange aux teintes surnaturelles. La ville était plongée dans un calme précaire car aucune attaque de la République n’avait été signalée durant les vingt dernières heures. Et comme les Nolvaniens préféraient consolider leurs positions et rassembler leurs forces plutôt que de se lancer dans une contre-attaque, le statu quo s’était installé.

Toutefois, les autorités Nolvaniennes devaient faire face à un autre problème : les pillages qui se multipliaient. En effet, à chaque accalmie, des habitants sales et vêtus de haillons sortaient des égouts répugnants de la ville pour se livrer à des pillages en règle. Toutes les demeures cossues et les commerces jadis prospères étaient systématiquement visités et mis à sac. Bien sûr, la police ne pouvait pratiquement rien faire car la plupart de ses membres avaient été réquisitionnés par l’armée afin de participer à l’effort de guerre. Les pertes étant très lourdes, le Général Zelekyn avait d’abord mobilisé tous ceux capables de porter une arme. Mais très vite, face à l’étendue du conflit et à la nécessité vitale de tenir le centre névralgique de la capitale, Zelekyn avait forcé des boulangers, des épiciers, des industriels à venir se battre sous les drapeaux. Des camps d’entraînement avaient été créés à la va-vite afin de donner à ces civils un minimum de connaissance militaire, mais cela ne suffisait jamais à leur fournir une expérience des combats. Face à des clones surentraînés et nés pour tuer, ils n’avaient aucune chance. Tant de jeunes Nolvaniens prometteurs avaient déjà été envoyés à la mort…

***

La mort… Ce mot me semble tellement familier à présent, comme si j’avais appris à vivre avec lui au quotidien, comme si je m’y habituais. A vrai dire, je suis un soldat, j’ai vu des gens mourir alors que j’étais très jeune, mais cette guerre modifie considérablement la perception que l’on a de certaines choses. C’est comme si la mort était toujours autour de moi, prête à m’enlacer et à m’engloutir. Elle veille sur moi mais d’une façon malfaisante, car elle attend que je faute, elle espère me voir céder à la fatigue, au désespoir, à la résignation. Mais je prends un malin plaisir à la faire attendre, alors la mort s’attaque aux autres, elle les avale les uns après les autres, me laissant toujours plus seul, plus isolé ! Et je sais au fond de moi que Tomek finira par lui succomber, il est trop jeune, c’est une proie facile pour elle ! Tellement facile…

Je me trouvais près d’une des rares fenêtres du rez-de-chaussée du Palais Gouvernemental qui n’avait jamais été soufflée par une explosion. Je me tenais bien droit, le regard dans le vague, mon fusil tenu à une main et le bout de la crosse posée sur le sol. Je regardais avec admiration la luminosité décliner à mesure que la nuit s’avançait, implacablement. Bientôt, la capitale serait plongée dans le noir le plus total et seules des torches tenteraient de venir lui disputer le contrôle de la ville. Je n’aimais pas la nuit, peut-être parce que c’est le royaume préféré de la mort, là où elle est la plus fourbe et la plus vicieuse.

Je savais pertinemment qu’une grande agitation régnait tout autour de moi, mais je n’y faisais pas attention, préférant me concentrer sur ce que je ressentais. Je considérais qu’il fallait toujours s’écouter, analyser ses sentiments, surtout avant de partir en mission. Au combat, rien ne doit venir nous perturber, rien ne doit nous détourner de notre objectif. La dispersion mentale est une des armes de la mort pour nous faire sombrer… Mais je l’ai compris depuis longtemps.
C’est alors que je sentis la main froide de Tomek se poser sur mon épaule. Il me glissa de sa voix juvénile :
- "Endrik… Le briefing va commencer ! Tu viens ?"
Je me retournais presque aussitôt et regardais Tomek droit dans les yeux. Le jeune homme semblait effrayé. Mais comment pouvais-je lui en vouloir ? Il allait participer à une mission cruciale alors que trois mois auparavant, il ne savait même pas se servir d’un blaster. D’ailleurs, je me demandais parfois pourquoi la mort l’épargnait encore…
- "J’arrive", lui répondis-je.

Nous nous dirigeâmes vers la grande table qui servait de lieu de décision à l’Etat Major Nolvanien et nous nous approchâmes de la vingtaine de soldats qui entouraient l’imposant Général Zelekyn. Alors que je rejoignais le cercle, je sentais les regards admiratifs des autres soldats ainsi que leur confiance en mes capacités. Bien que j’eu du mal à l’accepter, j’étais devenu pour eux une sorte de leader, un symbole même, comme aimait à me le rappeler Tomek.
Zelekyn caressa sa longue barbe pendant d’interminables secondes avant de commencer d’une voix posée et assurée :
- "Soldats, demain sera un grand jour. Demain, nous mènerons à bien une mission cruciale pour l’avenir de Nolvana. Comme vous le savez déjà, la quasi totalité de la capitale est d’habitude alimentée en électricité par la Centrale du Quartier Industriel qui se trouve au Sud de la ville. Selon les informations glanées par nos informateurs, les forces de la République contrôleraient actuellement cette centrale."
Un murmure de surprise traversa les rangs des soldats. Beaucoup pensaient que c’était toute la capitale qui résistait encore à l’envahisseur ; penser que certaines zones étaient aux mains de l’ennemi avait de quoi plomber le moral. Voilà pourquoi Zelekyn poursuivit aussitôt :
- "Rassurez-vous, ce ne sont que des éclaireurs qui occupent ce quartier et leur progression a donc été endiguée. La centrale électrique est à quatre kilomètres de notre position et constitue le lieu où se déroulera votre mission. Celle-ci est simple messieurs, vous devez réparer la centrale afin de relancer la production d’électricité. De nombreuses choses en dépendent, comme notre capacité à filtrer de nouveau l’eau, à nous chauffer, mais surtout à relancer nos industries, particulièrement celles de production d’armes ! Voilà pourquoi cette mission est cruciale, car de sa réussite ou de son échec dépend notre effort de guerre. Si nous ne parvenons pas à reprendre cette centrale et à la réparer, nous n’aurons bientôt plus d’armes et de munitions. Nous serons écrasés par l’ennemi par manque de moyens pour nous battre. Personne ne veut une fin comme celle-ci ! Nous n’avons pas combattu aussi farouchement jusqu’ici pour en arriver là !"
Cette fois-ci, ce furent des murmures d’approbation qui accompagnèrent le discours du général. Celui-ci regarda un à un ses soldats avec bienveillance avant de poursuivre :
- "Mais plus encore que la reconquête de la centrale, il s’agit pour nous de chasser la République de notre capitale ! Cette ville doit rester un sanctuaire inviolé par leurs maudits clones et leurs immondes machines de guerre."
Il fit une nouvelle pause et continua :
- "Je vous ai choisi parce que vous êtes les meilleurs. Je sais que vous ferez tout pour réussir cette mission, pour porter haut les couleurs et les valeurs de Nolvana. Je crois en vous parce que je sens que vous n’abandonnerez jamais ! Vous ne vous rendrez jamais. Vous êtes vingt pour cette mission et vous gagnerez à vingt, en prenant par surprise les éclaireurs de la République. Il n’y a pas de doute à avoir, il n’y a que de l’espoir. L’espoir de remporter la bataille. L’espoir de sauver notre peuple !"
Le discours de Zelekyn semblait galvaniser les soldats qui retrouvaient confiance en eux à vue d’œil. Le général, profitant de son avantage, poursuivit :
- "Deux hommes du génie électrique vous accompagneront pour cette mission. Ce sont eux qui devront diagnostiquer ce qui dysfonctionne au sein de la centrale et qui devront la remettre en marche. Ces hommes ne sont pas militaires, ils devront donc être protégés tout au long de leur mission, quoi qu’il arrive, quoi qu’il en coûte !"
Et il martela :
- "Quoi qu’il en coûte !"
Zelekyn me regarda alors d’un air paternel et ajouta :
- "Endrik les surveillera ! Il devra les protéger et garantir le succès de leur opération. Tout le reste en dépend."
Je gonflais ma poitrine d’orgueil devant l’honneur qui m’était fait. Mais en même temps, je sentais tout à coup le poids des responsabilités s’abattre sur mes épaules.
- "Messieurs, je pense que vous avez compris ce que j’attends de vous. Redonnez de l’espoir aux autres, soyez les symboles de la lutte contre l’envahisseur et plus que des soldats, vous deviendrez des héros ! Vous partirez demain matin à l’aube."
Alors, Zelekyn défourailla sa vibro-épée et la brandit au dessus de lui en hurlant :
- "Pour Nolvana !"
Et aussitôt, les membres du commando reprirent en levant bien haut leurs imposants fusils blasters :
- "Pour Nolvana !"
Et une immense fierté s’empara de moi.

***
La nuit avait envahi la capitale, la plongeant dans l’incertitude et le doute. La nuit était le règne de tous les maux, surtout en temps de guerre. Mais la nuit était aussi le moment privilégié par la République pour bombarder la capitale.

Cette nuit là, allongé sur ma paillasse inconfortable, drapé dans une couverture usée, j’entendais avec horreur les bombes ennemies qui s’abattaient avec une effrayante régularité sur le nord de la ville. Les impacts étaient sourds et produisaient une aveuglante lumière blanche, pareille à des éclairs.

Je me levais, et me dirigeais vers une fenêtre, prenant soin au passage de ne pas heurter d’autres soldats qui dormaient à même le sol. Par la fenêtre, je vis au loin d’immenses flammes qui grimpaient vers le ciel, dévorant des habitations entières. Quant à l’épaisse fumée, son gris clair se détachait de la noirceur de la nuit. Et les bombes continuaient de pleuvoir, meurtrissant des quartiers entiers, ensevelissant des centaines de civils sous les décombres. Les éclairs étaient innombrables et en tendant l’oreille, je pouvais discerner les bruits des turbines des bombardiers. L’attaque dura près d’une heure. Enfin, un calme précaire revînt, tandis que d’immenses incendies continuaient leur parcours dévastateur. Bientôt, à ce rythme là, la totalité de la capitale serait réduite en cendres. Il ne resterait plus rien à défendre. C’est la rage au ventre que je retournais me coucher. Je parvins enfin à m’endormir et fus plongé dans un sommeil plein de cauchemars.

***

Le padawan Jedi Garek Tonel attendait bien droit dans la pénombre que son contact daigne se manifester. Il avait été envoyé par son maître pour récolter des informations sur Endrik Sel et sur ses prochains déplacements. Si Epsilon devait abattre ce sniper, autant qu’il puisse lui tendre le piège parfait.

Garek était à la limite Sud de la ville, n’osant pas s’aventurer d’avantage dans ce quartier industriel qui bien que désert pouvait se révéler être un véritable coupe-gorge. Garek commençait à s’impatienter, et avait du mal à ne pas grelotter de froid. Il observa pendant quelques secondes la neige qui se transformait peu à peu en glace et fut surpris de voir qu’il pouvait s’émerveiller encore de telles futilités. La guerre l’avait profondément changé, il le savait parfaitement. Plus jamais il ne serait le jeune homme insouciant qui riait avec ses amis dans le dédale de couloirs du Temple Jedi. Ce temps était révolu. A présent, il se devait d’être un guerrier et un meneur d’hommes.

Un bruit l’alerta. Il releva prestement la tête et saisit par réflexe le pommeau de son sabre laser. Une silhouette se détacha de l’obscurité et s’avança prudemment avant de s’immobiliser à dix mètres environ du Jedi. Garek ne bougea pas non plus, cette distance de sécurité lui convenant parfaitement :
- "Vous en avez mis du temps."
- "J’ai eu du mal à m’éclipser."
- "Vous avez ce que le Général Tuul vous a demandé ?"
Il y eut un blanc avant que la voix chevrotante de son interlocuteur ne se fasse de nouveau entendre :
- "Oui… Je… Nous allons attaquer la Centrale Electrique du Quartier Industriel demain matin à l’aube. Endrik fera partie de la mission."
- "Quel est l’objectif ?"
- "Remettre en état de marche la centrale et vous chasser de la ville."
Garek se contenta de hocher de la tête, puis continua :
- "Vous comprenez que nous ne pouvons vous laisser mener à bien cette mission."
L’homme ne dit rien, Garek enchaîna :
- "Demain…Endrik mourra, nous allons nous en assurer. Un de nos meilleurs tireurs est chargé de le tuer et il n’échouera pas. Vous venez de nous donner le moyen de parvenir à nos fins."
- "C’est vous qui me forcez à faire ça !" s’emporta le Nolvanien
- "Vous avez fait votre choix ! Nous tiendrons parole. Si Endrik est tué, vous n’entendrez plus jamais parler de nous et vous obtiendrez ce que vous voulez. Mais en attendant, vous allez devoir vivre avec cette idée, vous êtes un traître !"
Garek fit alors demi-tour et quitta la ville, laissant le Nolvanien à ses remords et ses sanglots.

La guerre est vraiment horrible, pensa le padawan en regagnant son camp.

***

L’aube commençait à s’imposer dans le ciel Nolvanien, lui conférant des teintes rosâtres. Bien que l’air fût particulièrement frais, les soldats clones qui prenaient position autour de la centrale électrique ne semblaient nullement gênés. C’est avec professionnalisme et expérience qu’ils se dissimulèrent habilement, prêts à resserrer l’étau autour du commando Nolvanien. Les clones ne se parlèrent même pas, il suffit qu’ils se fassent quelques gestes pour se comprendre et mettre au point une stratégie. Ils allaient attendre que les Nolvaniens aient pénétré dans la centrale avant de lancer leur assaut, ne laissant ainsi aucune chance à leurs ennemis.

Alors que je regardais les miens se mettre en position de combat, je m’installais moi-même pour attendre ma proie. La centrale était un gros bâtiment de forme cubique qui avait été construit au milieu d’une grande zone d’entrepôts et d’immeubles, aujourd’hui déserts ou détruits.
J’avais pris quelques minutes pour choisir ma position de tir avant de me décider pour le toit plat d’un grand et haut hangar qui se trouvait tout à côté de la centrale. A vrai dire, seule une rue de huit mètres de large environ séparait les deux bâtiments. L’avantage de ma position était que j’étais plus haut que la centrale, ce qui faisait que j’avais une vue plongeante sur l’intérieur de celle-ci, par l’intermédiaire des grandes baies vitrées qu’elle possédait. En fait, les murs extérieurs de la centrale étaient environ de trois mètres, surplombés par des vitres de la même taille. D’où j’étais, je pouvais facilement cibler et abattre quelqu’un se trouvant à l’intérieur du bâtiment. Le sniper Nolvanien ne serait pas dans mon axe de tir uniquement s’il longeait le mur le plus proche de moi. Mais dans toute autre situation, il n’aurait aucune chance.
Je m’allongeais donc sur le toit de l’immeuble voisin, déploya et posa mon fusil à lunette sur le rebord, régla le système de visée et mit mon œil droit devant. Je m’assurais rapidement que j’avais un bon angle de tir avant de m’immobiliser complètement. Je n’avais plus qu’à attendre. Le piège était tendu. Bientôt, je tuerai Endrik Sel.

***

Les soldats Nolvaniens arrivèrent à proximité de la centrale électrique. Le soleil brillait maintenant dans le ciel, même si de gros nuages blancs étaient apparus. Sous les bottes des membres du commando, la neige de la veille se transformait en une boue collante. Les Nolvaniens avançaient rapidement, le dos courbé, laissant une distance de trois mètres environ entre eux. Au cœur de la formation, les deux hommes du génie électrique semblaient particulièrement inquiets.

Je regardais autour de moi, laissant mes yeux errer sur les nombreux hangars qui encerclaient la centrale. Je pensais alors que c’était là un lieu idéal pour une embuscade. Je m’étonnais surtout de ne n’avoir toujours pas rencontré le moindre éclaireur de la République, ceux là même que nos espions avaient signalé. Peut-être étaient-ils retournés à leur camp de base ?

Menant la formation, je m’immobilisais à l’angle d’un bâtiment et faisais signe à mes hommes d’en faire de même. J’écoutais alors, prêt à réagir au moindre bruit suspect. Mais rien ne vint m’alerter, tout semblait désert. Un coup d’œil vers la centrale me permis de constater que sa double porte d’entrée était encore à une trentaine de mètres. Mais il faudrait les parcourir à découvert, ce qui fit monter l’adrénaline en moi. Bien que la zone sembla déserte, je ne pouvais m’empêcher d’être inquiet. C’était dans ma nature, et ce genre de sentiment avait l’habitude de s’exacerber lors des combats.
Je pris enfin la décision de nous lancer à l’assaut de la centrale. Tout en maintenant mon fusil sniper dans ma main droite, j’agitais ma main gauche vers la centrale, donnant l’ordre à mes soldats de se mettre en mouvement, ce qu’ils firent aussitôt. Me rapprochant des deux hommes du génie, je leur murmurai :
- "Allons-y, et ne perdons pas de temps."
Je m’élançai à mon tour, avalant le plus rapidement possible les mètres qui me séparaient de la centrale.

***
Je vis les Nolvaniens se mettre en mouvement et se précipiter avec rapidité et agilité vers la centrale. Je les regardai faire dans ma lunette de visée, cherchant avec ardeur le visage d’Endrik Sel. Mais au premier passage, je ne parvins pas à l’identifier et avant que je n’aie pu recommencer mon étude, les commandos étaient parvenus à s’agglutiner contre le mur extérieur de la centrale, se mettant hors de portée. Mais ce n’était pas bien grave, j’allais avoir rapidement une autre opportunité. J’entendis alors mon unité COM intégrée dans mon casque grésiller avant que la voix d’un lieutenant ne se fasse entendre :
- "Nous allons bientôt passer à l’attaque, préparez vous !"
- "Négatif, je n’ai pas encore pu identifier la cible", répondis-je en chuchotant.
- "Nous n’allons pas pouvoir attendre longtemps, ils ne doivent pas nous filer entre les doigts."
- "Ma mission est prioritaire lieutenant."
- "Epsilon, nous n’avons pas le choix. Vous avez encore deux minutes pour trouver et éliminer votre homme."

***

Protégeant toujours les ingénieurs, je me dirigeais vers la lourde porte métallique de la centrale que j’ouvris lentement. Elle grinça quelque peu mais n’émit aucune difficulté à nous laisser pénétrer dans le bâtiment.
- "Déployez-vous", ordonnai-je aux autres soldats.
Je jetai un regard plein de bienveillance à Tomek alors que celui-ci passait à mes côtés, puis j’observais avec attention la disposition des lieux.
La centrale était en fait une immense pièce, profonde d’une cinquantaine de mètre, large d’une quarantaine. Les murs étaient hauts et surplombés de larges fenêtres qui donnaient une vue imprenable sur les immeubles voisins. La pièce était composée d’un nombre impressionnant d’ordinateurs, de matériels, d’armoire électroniques, de consoles, de relais, de générateurs, de câbles et de bien d’autres choses dont j’aurai été incapable de définir l’utilisation. En tout cas, les ingénieurs semblaient savoir ce qu’ils faisaient puisqu’ils se dirigèrent au pas de course vers une petite plateforme de bureau, s’assirent dans des sièges recouverts de poussière et commencèrent à pianoter frénétiquement sur des ordinateurs. Avant même que je ne pus poser la moindre question, un des hommes du génie me lança :
- "La centrale dispose d’un générateur de secours pour son fonctionnement interne, ce qui explique que nos ordinateurs peuvent toujours fonctionner. Grâce à eux, nous allons pouvoir diagnostiquer d’où vient le problème et peut-être de le réparer."
- "Ca va prendre combien de temps ?", demandai-je en m’approchant d’eux.
- "Quelques minutes."
- "Alors, dépêchez vous, je n’aime pas trop ça…"
- "Et bien quoi, nous sommes tous seuls non ? La République a abandonné le quartier industriel !"
Je ne répondis rien, trop occupé à analyser ce qu’il se passait. Je sentais quelque chose au fond de moi qui me disait que tout ceci n’était pas normal. Quelque chose se tramait, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus.
- "Endrik ?" m’interpella Tomek
- "Restez tous vigilants ! Prêts à tirer !"
Les soldats obtempérèrent, mais Tomek poursuivit :
- "Pourquoi, qu’est ce qu’il se passe ?"
- "C’est un piège…", me contentai-je de répondre.

***

Grâce à ma lunette de visée, je pouvais discerner avec précision les traits des soldats Nolvaniens présents dans la centrale. J’essayais de procéder vite, gardant dans un coin de ma mémoire le visage de Sel que j’avais vu sur une photo de piètre qualité. Mon unité COM grésilla de nouveau :
- "Ils se doutent de quelque chose ! On passe à l’attaque !"
- "Non, non, je ne l’ai pas encore identifié ! Attendez !"
- "On ne peut plus, désolé !"
Je vis alors les soldats clones sortir de leurs cachettes avec une rapidité fulgurante et se ruer à l’assaut de la centrale.
- "Et merde !" jurai-je en frappant de rage contre le sol

***

- "Comment ça un piège ?", s’étonna Tomek
Je n’eus même pas le temps de répondre. Soudain, l’autre grande porte de la centrale vola en éclats, dévoilant une escouade entière de clones qui pénétra dans le bâtiment, armes à la main. Ils ne tardèrent pas à ouvrir le feu, nous noyant sous un déluge de lasers.
- "Dispersion et riposte !", hurlai-je
Je me jetai derrière un bureau et me mis aussitôt en position de tir. A mes côtés, les deux hommes du génie continuaient de travailler, bien que leurs mains se mirent à trembler.
- "Poursuivez et faites vite !", leur criai-je
Je glissai mon œil droit devant mon réticule de visée et ouvris le feu sans attendre. Un premier clone bascula à la renverse, s’étalant de tout son long. Je modifiai imperceptiblement mon angle de tir et ouvrais une nouvelle fois le feu. Cette fois ci, j’explosai le casque d’un ennemi et l’envoyais dans la mort. Je bougeais une nouvelle fois mon fusil et tirais une troisième fois. L’impact transperça l’armure du clone qui se mit les mains sur la poitrine avant de s’effondrer.

Mais les clones étaient nombreux et semblaient prendre le dessus. Ils avançaient avec rapidité et étaient de fins tireurs, atteignant systématiquement les Nolvaniens qui n’avaient pas pu s’abriter. Cinq d’entre eux étaient déjà morts, leurs dépouilles jonchant le sol. Un bruit infernal avait envahi la centrale et les tirs striaient la pièce dans tous les sens. Je vis que Tomek s’étai dissimulé derrière une armoire métallique et tirait avec précision. Il parvînt à faucher un clone au niveau du genou droit. Celui-ci prit un angle étrange et le soldat vacilla en hurlant de douleur.
- "Alors, ça vient ?", hurlai-je aux ingénieurs
- "On a presque identifié la source du pro…"
Tout à coup, une rafale ennemie atteignit l’un des ordinateurs qui explosa violemment, créant une boule de flammes qui avala le visage d’un des deux ingénieurs. Son corps décapité fut catapulté en arrière, tandis que son collègue hurlait de terreur. Avisant de la situation, je lui criais :
- "Ne vous arrêtez pas, où nous sommes tous morts !"
A peine avais-je fini ma phrase que je me remettais à tirer, prenant à peine le temps de respirer entre chaque décharge. Les clones tombaient les uns après les autres, je les tuais avec une effrayante régularité. Mais je devais me rendre à l’évidence, les membres du commando Nolvaniens subissaient également de lourdes pertes et nous serions bientôt débordés. Il fallait fuir de ce guet-apens…et vite !

***

Je suivais avec attention la bataille qui se déroulait dans la centrale, à quelques mètres en contrebas de ma position. Je pouvais discerner la luminosité des lasers ainsi que dénombrer les corps qui s’affalaient. Mais je n’étais toujours pas parvenu à identifier ma cible. J’aurai pu abattre n’importe quel Nolvanien afin d’aider les miens, mais je ne pouvais me permettre de dévoiler ma position. Si Endrik parvenait à me repérer, je n’étais pas prêt à subir le risque d’une contre attaque. Si tout ce qu’on disait sur ce type était vrai, il serait un redoutable adversaire.
Toutefois, mon regard fut attiré par un Nolvanien qui se battait avec une farouche détermination et dont les tirs faisaient mouche à chaque fois. Je regardais son visage pendant d’interminables secondes… Et je sus que c’était lui. Endrik Sel ! Je l’avais là, dans mon réticule de visée. Je n’avais plus qu’à l’abattre. Les battements de mon cœur s’accélérèrent et mon doigt se dirigea vers ma gâchette. Bientôt, tout serait fini.

***

Dans la centrale, les clones accentuaient leur progression, forçant les rescapés Nolvaniens à toujours reculer d’avantage vers la sortie. Moi-même, je n’étais pas dans une position enviable, car bien que dissimulé en partie par le bureau, ma tête était exposée si je voulais riposter. Je fus sorti de mes pensées par la voix de l’ingénieur survivant qui s’exclama en se jetant sur le sol à mes côtés :
- "Ca y’est j’ai trouvé ! Je pense pouvoir réparer. Mais je dois intervenir sur le générateur A1."
- "Et où se trouve t-il ?"
- "De l’autre côté de la pièce !"
- "Génial…", murmurai-je.
Tout à coup, je vis un clone activer un détonateur thermique et s’apprêter à l’envoyer. Avisant du danger de la situation, je le visai et tirai en une fraction de seconde. Mon tir lui traversa la gorge, propulsant un jet de sang abondant. Le détonateur tomba et roula sur le sol, s’arrêtant à peu près au milieu de la grande pièce.
- "Couchez vous !", m’époumonai-je en appuyant sur la tête de l’ingénieur.

***

Retenant mon souffle, je vis soudain ma proie tirer avec une extraordinaire dextérité, puis tout à coup, il se dissimula complètement derrière le bureau. Je retirai brusquement mon doigt de la gâchette, me maudissant pour mon manque de rapidité.
Tout à coup, une puissante explosion ébranla la centrale, faisant vibrer ses murs, et désintégrant avec fracas l’ensemble des fenêtres de la structure. Alors que des milliers de débris de verre étaient propagés en tout sens, une impressionnante boule de flamme se propagea avant de se rétracter aussi vite.
Ebloui par la lumière vive, je détournais le regard.

***

Profitant du chaos qui régnait dans la centrale, je me relevai précipitamment, emmenant avec moi l’homme du génie électrique, qui semblait totalement déboussolé :
- "Allez, allez, allez !"
Nous traversâmes à vive allure la centrale, sautant par-dessus les flammes persistantes et parvînmes au générateur A1 avant que les hostilités ne reprennent. Alors que l’ingénieur se mettait à travailler à toute allure, je dégainais un blaster noir et posais un genou à terre. Je me mis alors à tirer, mon fusil dans la main gauche, mon blaster dans la droite. Ne m’arrêtant que pour empêcher mes armes de surchauffer, j’expédiais un véritable déluge de feu sur les clones qui ripostèrent tant bien que mal. Faisant barrage avec mon corps, je parvenais pour l’instant à protéger l’homme qui s’acharnait dans mon dos à relancer la centrale.
Les Nolvaniens survivants, dont Tomek, sentant l’importante cruciale de la situation, rassemblèrent leur courage et ouvrirent tous le feu, tentant de repousser les clones. Mais je vis alors avec horreur des renforts pénétrer dans le grand bâtiment, certains munis de lance missiles.
- "Putain, on va être submergé", criai-je
- "J’ai presque fini !", répondit l’ingénieur
Me débarrassant de mon blaster, je reprenais à deux mains mon fusil à lunette et visais avec application les clones portant les lances missiles. Et fis feu :
-"Et de un…"
Nouveau tir.
- "Et de deux…"
Troisième impact.
- "Et de trois."

***

La fumée de l’explosion s’étant enfin dispersée, je pus de nouveau observer ce qu’il se passait à l’intérieur de la centrale. J’avais perdu Endrik mais je savais parfaitement que son incroyable efficacité n’allait pas tarder à me sauter aux yeux et que je le retrouverai ainsi. Et justement, je remarquai rapidement les morts consécutives de clones portant des armes lourdes. Je n’eus aucun mal à retrouver le tireur.
Endrik était agenouillé devant un homme qui semblait s’affairer sur un grand générateur. Le sniper Nolvanien le protégeait coûte que coûte, repoussant les clones qui s’intéressaient de trop près à lui.
- "Cette fois-ci, je te tiens."

***

- "J’ai fini", hurla l’ingénieur.
- "Alors, on dégage", répondis-je.
Je donnais aussitôt le signal du repli, même si peu de Nolvaniens étaient encore en vie pour pouvoir exécuter l’ordre.

***

Je positionnais précautionneusement la tête d’Endrik Sel dans ma ligne de mire et retins aussitôt mon souffle. Puis mon doigt se crispa sur la gâchette :
- "Ca n’avait rien de personnel !", murmurai-je
Et mon tir fusa…
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