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Introduction
 

Quoi de plus cruel que de mourir pris par surprise, lâchement assassiné par les hommes auxquels on vouait une entière confiance. La mort de Aayla Secura reflète à merveille la cruauté dont ont pu faire preuve les clones durant l’Ordre 66. Mais le plus violent de tous fut certainement Dark Vador qui massacra dans le Temple Jedi tous ceux qui se trouvaient sur sa route, maîtres comme Younglings. Et que dire des futurs sbires de l’Empire, irrémédiablement attirés par la supériorité des Humains sur les autres races…

Éradication - Dolarn Sarkan
 

Le croiseur Éradication était en orbite de Bestine pour une mission très simple : exterminer toute trace d’hostilité vis-à-vis de la pluriséculaire République Galactique. Placé sous le commandement de l’amiral Zeidan Kahn-Hagen, officier médical et commandeur de la Marine, le classe Venator venait de sortir de l’hyperespace accompagné de deux autres vaisseaux du même type lorsqu’ils se retrouvèrent nez à nez avec une flottille Séparatiste…

— Ouvrez le feu dès que nous serons à portée Lieutenant, lança Kahn-Hagen.

— Mais… Amiral, des cargos civils sont…

— Dans notre ligne de mire, oui. Gardez à l’esprit qu’au royaume des traîtres, il n’y a pas de civil, tout au plus des coupables qui s’ignorent, coupa l’officier supérieur sur un ton glacial.

— Selon vos ordres Amiral ! S’exclama le jeune lieutenant Needa.

Le regard bleu arctique, Kahn-Hagen contemplait toute la majesté des rayons écarlates qui filaient à travers l’espace. Les escadrilles de V-wings et la puissance colossale des destroyers faisaient ployer un peu plus à chaque instant les forces adverses. Des gerbes de flammes s’échappaient des flancs des navires séparatistes tandis que les chasseurs républicains se chargeaient d’asséner le coup de grâce. Lorsque la proue d’un vaisseau adverse se désolidarisa du reste pour aller heurter un autre croiseur ennemi, l’amiral eut un rictus diabolique et étouffa un rire.

La passerelle de commandement baignait dans l’atmosphère rougeoyante de l’éclairage de secours et seuls les signaux sonores effrénés des senseurs de proximité venaient troubler le silence pesant qui régnait à bord. Sortant du poste des communications, le capitaine Vernan Wiker se dirigea vers la passerelle d’observation où se trouvait le commandant du Venator. Le bruit caractéristique des bottes sur le sol en plastacier résonna jusqu’aux oreilles de Kahn-Hagen qui se retourna immédiatement.

 

— Oui, Capitaine ?

— Amiral, le Rectification nous signale des avaries au niveau des boucliers et le Pacification a perdu soixante pour cent de ses chasseurs. Le commandant Harbuik nous demande de soutenir son flanc tribord le temps que ses boucliers se rechargent.

— Détachez un tiers de nos chasseurs comme soutien, les deux tiers restants se réorganisent en trois nouveaux groupes. Informez le lieutenant Kendral qu’il prend la tête de l’escadrille affectée au Pacification.

— À vos ordres, Amiral, conclut Wiker en claquant les talons avant de retourner aux communications.

Le reste de la bataille fut une formalité pour la Marine Républicaine. Celle-ci aurait tout au plus à déplorer des dégâts matériels qui seraient rapidement réparés dans un des nombreux chantiers navals de la galaxie.

L’amiral Kahn-Hagen, qui se tenait toujours droit, les mains jointes dans le dos, face à la baie d’observation, restait les yeux fixés sur les dépouilles métalliques des navires séparatistes qui flottaient dans l’espace.

 

Nous sommes la République, nous sommes la Démocratie. Nul ne doit en douter. Jamais.

 

Une goutte de sueur perla sur son front, parcourant l’arrête parfaite de son nez avant de glisser sur ses lèvres pincées par la haine qui bouillonnait en lui. Il passa sa langue sur celles-ci dans un sourire carnassier, dernier signe lancé aux dizaines d’hommes d’équipages séparatistes qui venaient de périr il y a quelques minutes à peine puis se retourna. Immédiatement, les regards se tournèrent vers l’officier, s’attendant à exécuter le moindre ordre. Ce dernier se contenta de parcourir d’une marche lente et rigoureuse la passerelle de commandement et se dirigea vers le chargé des communications, faisant fi du capitaine Wiker juste à côté.

— Établissez une communication avec le bureau du Chancelier et transférez-la dans mes quartiers, ordonna Kahn-Hagen.

— Bien reçu, Amiral ! répondit l’officier.

Wiker voulu interroger l’amiral sur le pourquoi de cette communication mais se ravisa bien vite, comprenant qu’il n’avait pas l’autorité nécessaire pour formuler ce genre de requêtes. Il laissa ainsi le passage libre à l’officier médical et se mit immédiatement en poste sur la passerelle de commandement pour parer à toute éventualité.

Zeidan Kahn-Hagen ouvrit la porte de sa salle de communication privée et s’assit dans son fauteuil tout en pianotant les protocoles de sécurité sur son datacom. Quelques secondes après le lancement de la communication, l’hologramme du dirigeant de la galaxie se matérialisa au double de sa taille devant l’officier.

— Chancelier Palpatine, nos vaisseaux ont réduit à néant la flotte séparatiste en orbite de Bestine. Nos pertes sont négligeables et les dommages infligés à nos navires quasi nuls.

Bien, bien. Mes services de renseignement m’ont appris qu’une équipe de Jedi se trouve sur la planète. J’exige que vous restiez sur place et que vous vous occupiez de les maintenir là où ils se trouvent.

— Il en sera ainsi, Chancelier. Kahn-Hagen hésita un instant. Qu’en ferons-nous après ?

Le sort des Jedi sera bientôt révélé. La galaxie connaîtra à nouveau la paix.

La silhouette bleutée du chancelier suprême disparut dans le crépitement d’une fin de communication imprévue, laissant un grand vide à la place. L’amiral Kahn-Hagen, se demandant ce qui avait contraint le chancelier à écourter la conversation, put alors exprimer sa satisfaction par un sourire meurtrier. A cet instant, il savait que la République était promise à un grand bouleversement. Il savait que ce qu’ils avaient prévu allait enfin arriver. Il se leva de son siège et se dirigea vers la baie d’observation à l’autre bout de la pièce. De là, il pouvait apercevoir le flanc tribord de son navire, l’Éradication, le Rectification naviguer en léger retrait et, des centaines de kilomètres en dessous, la surface verdoyante de Bestine.

 

Nous étions la République, nous étions la Démocratie. Nul ne devait en douter. Jamais.

 

Un signal sonore fit sortir Kahn-Hagen de ses pensées. Le capitaine Wiker voulait s’entretenir avec lui d’un fait nouveau. Immédiatement, l’amiral sortit de ses quartiers, négligeant les officiers subalternes qui le saluaient sur son passage. Parvenu sur la passerelle de commandement, il distingua Wiker en pleine discussion avec d’autres officiers près du poste d’observation.

— Amiral, commença le capitaine Wiker, nos senseurs ont détecté une navette de la république qui a décollé de l’astroport d’Ylihne, la capitale, il y a quelques minutes. Selon nos analyses, il s’agit du vaisseau des jedi.

— Assurez-vous que cette navette soit dans nos hangars dans les prochaines minutes. Il ne faut pas que ce vaisseau nous échappe, Capitaine Wiker.

— Devons-nous préparer les systèmes de sécurité antijedi ?

— Oui, je veux également que la zone d’arrimage soit encadrée par quatre unités de clones. Une fois que la navette sera à bord, prévenez-moi.

— A vos ordres, Amiral !

Sur ces mots, Kahn-Hagen retourna dans ses appartements, se vêtit de son uniforme de cérémonie, mit son blaster dans son holster d’officier et pour achever sa préparation, plaça sur une petite plateforme à répulseurs, un petit animal agrippé à une branche dans une cage finement ouvragée. La soucoupe était commandée pour suivre l’officier à une distance proche. Il entreprit alors de se rendre dans les laboratoires médicaux qu’il y avait à bord de l’Éradication. Sur place, il consulta l’état des différents sujets d’études qu’il avait soustraits à leurs vies paisibles : plantes, animaux et quelques créatures pensantes dont un mâle wookiee à la stature imposante. Il s’approcha de la cage.

— Brave Rrowrrik, ta race ne connaît pas toutes les affres de la politique. Ta civilisation inférieure ignore tout des complots et des malversations. Il en est ainsi de la galaxie, les humains sont là pour dominer et vous êtes là pour obéir. Une chance que tu ne sois pas en plus né Jedi, conclut Kahn-Hagen en riant.

Il se pencha sur la console située sur la paroi de la cage en transparacier et pressa un bouton. Dans la seconde qui suivit, un gaz mortel se répandit dans la prison transparente. Le wookiee mit ses mains sur son cou mais rien n’y fit et Rrowrrik agonisa dans d’atroces convulsions, se projetant contre les murs de son cercueil. Le regard plein de dégoût, le professeur Zeidan Kahn-Hagen, semblait jubiler du spectacle macabre qu’il avait déclenché.

— Pitoyable monstre, lança-t-il au corps du wookiee.

Récupérant un comlink qu’il glissa dans son oreille, l’amiral de l’Éradication prit la direction des hangars sans attendre le signal de Wiker. Sur place, il fendit la colonne de soldats clones qui en quelques secondes à peine lui formèrent un rang d’honneur menant directement à la passerelle de la navette républicaine. Le petit vaisseau, paré des traditionnelles et diplomatiques bandes rouges, laissait encore échapper des jets de vapeurs lorsque les trois Jedi, deux chevaliers et un maître, descendirent.

En un éclair, les troupes de la République ôtèrent leurs sabres lasers aux Jedi, surpris par ce geste.

— Que se passe-t-il, Amiral ? demanda le maître Zhenter, un humain.

— Sur ordre de la Chancellerie, tous les Jedi doivent être contrôlés.

— C’est aberrant ! s’exclama un des deux chevaliers, un jeune céréen. Il tendit le bras pour tenter de récupérer son arme des mains d’un sergent clone mais n’y parvint pas, consterné.

— Très mauvaise manœuvre, jeune padawan, fit Kahn-Hagen. Je me suis assuré que votre Force soit inutilisable ici. Mettez-les en joue ! ordonna-t-il aux soldats.

Les trois membres de l’Ordre furent rassemblés dos à dos et mis à genoux. Tout autour d’eux, les fiers militaires de la République tenaient au bout de leurs fusils ceux avec qui ils avaient défendus les mêmes idéaux durant tant de mois de guerre. Zeidan Kahn-Hagen, quant à lui, mit le canon de son blaster sur le front du maître Zhenter, et l’observait, plein de haine.

 

Nous serons l’Empire, nous serons l’Ordre. Nul ne devra en douter.

Jamais.

 

Dans le creux de son oreille, il entendit une voix profonde et déterminée.

 

Exécutez l’Ordre 66.

 

Il pressa la détente.
Requiem pour Aayla - Kamocato007
 

Là-bas, sur Felucia, une lame bleutée brise la plainte sadique de la vigueur du vent, dans un bruit de vacarme qui s’éteignait dans un écho lointain, à la surface de ses terres couvertes d’une verdure luxuriante et colorée. La main qui porte le sabre est guidée par la Force, celle-là même qui s’étend à travers toute la galaxie, et au-delà des yeux de la nuit. La main est celle d’Aayla Secura, et la bataille a commencé le matin même, alors que les premiers rayons du soleil perçaient la coque solide d’un ciel embrumé d’une couche orageuse.

 Plus tard, Aayla et le Capitaine Bly s’étaient retrouvés côte à côté, l’une frappant l’ennemi avec sa foudre bleue, l’autre balayant le paysage de ses blasters et de son armée de clone. Les droides séparatistes les avaient encerclés, et le ciel grouillait de vaisseaux, de flammes et de morts, comme un halo fantôme au milieu de nulle part... Le réseau Holonet venait juste d’annoncer la victoire sur Utapau, et la nouvelle avait réchauffé les cœurs des Clones de la République.

La pluie drue qui s’abattait sur le vaste champ de bataille effleura le corps parfait de la twi’lek. Son sabre toujours allumé, fumant un peu dans l’épais brouillard mystique, elle avança lentement vers la carcasse d’un walker républicain. Un clone la rejoignit, son casque ruisselant d’eau, venant tout juste d’échapper au carnage du front Est.

— On se fait canarder, là-bas, générale, dit-il. La situation s’est un peu aggravée…

— Le front Ouest est sécurisé, les troupes séparatistes préparent une offensive au Nord et à l’Est, dit Aayla, sa voix se perdant dans le vacarme de la bataille.

— Sauf votre respect, ils ont fini de la préparer depuis longtemps ! Bly a perdu la moitié de ces hommes, il est déjà au Nord avec ses escadrons !

— Il reste des walkers ?

À quelques mètres d’eux, un obus venait d’éclater, emportant plusieurs clones dans les airs, puis mêlant sur le no man’s land les carcasses des walkers à celles des soldats.

— Il faut faire vite ! criait le clone, mais Aayla ne l’écoutait pas.

Elle venait d’apercevoir Bly et ses hommes à travers un trou dans la coque de l’armature du vaisseau qui les abritait.

— Repartez avec vos hommes à l’est, je rejoins Bly !

Le clone sortit de la carcasse du walker, tirant à l’aveuglette sur quelques droides qui semblaient s’être égarés au delà de la bataille. Les trois droids explosèrent en un monticule de ferraille, et Aayla perdit le capitaine clone de son champ de vision. Elle préféra se plonger dans la Force, oubliant un peu le charivari de la bataille qui grouillait de flammes en dehors. Ce n’était plus qu’un lointain sifflement d’obus, de lasers, d’explosions, qui murmurait comme un écho lointain et résonnant dans son esprit. Dans la Force, elle sentit un walker géonosien et une troupe de droides séparatistes qui la séparaient de Bly.

En ouvrant les yeux, elle se retrouva dehors. Le vent froid caressait sa peau douce et son corps magnifique. Le bruit assourdissant commença à devenir plus présent, et lui perça bientôt les tympans. Ses pieds plongés dans la boue, son beau regard se perdit loin devant elle, et,  allumant son sabre laser, sa délicieuse silhouette de rêve et son charme aux contours érotiques perdus dans la sauvagerie de la guerre, elle regarda une dernière fois le paysage qu’elle aurait trouvé magnifique par ses teintes pastelles, par temps de paix.

 

Elle contourna la carcasse du vaisseau, ses pas cognant le sol boueux comme les percussions d’un tambour, comme les battements de son cœur affolé et le compte à rebours d’une bombe. Devant elle se dressait le champ de bataille nord, jonché de carcasses de droids, walkers, arcs… Il était presque vide (la brume cachait la lointaine offensive des séparatistes, mais Aayla sentait distinctement à travers la Force que le combat battait son plein). Seule une sentinelle AT du Techno Syndicat errait sur les nombreux débris qui voilait la surface de la planète. Elle était semblable au TB-TT clone, mais le dépassait de plusieurs mètres. Ses longues pattes désarticulées déambulaient parfaitement sur le sol, approchant de la belle twi’lek, s’arrêtant au milieu de la nuit, le vent glacial caressant toujours, oppressant et ténébreux, sa peau douce, cajolant sa tenue moulante…  

Aayla vit ses yeux rougeâtres se poser sur elle, le sifflement strident de la sentinelle venant à ses oreilles, lui annonçant que ses canons s’apprêtaient à l’usage.

 

Instinctivement, elle sauta sur les côtés, plongea dans la terre et les débris de fer, et la torpille de la sentinelle explosa dans une onde de choc spectaculaire. Aayla n’attendit pas plus longtemps pour courir vers elle, sentant à peine ses jambes marteler le sol. Le temps qu’elle rouvre ses yeux, elle était sous la coque du vaisseau, entre ses longues pattes graisseuses. Elle aperçut du coin de l’œil la bataille plus proche que la brume laissa présager. A nouveau, elle se plongea dans la Force.

Sa lame bleue brisa les quatre pieds de la sentinelle, le magnifique corps d’Aayla se courba en une galipette, et le haut de la sentinelle s’écrasa lourdement sur le sol.

 

Lorsqu’elle arriva au pied d’une dune d’herbe et de champignons géants, la bataille n’était plus qu’une lutte intimiste entre le Capitaine Bly et ses hommes, et une dizaine de droides de la Fédération. Les clones n’eurent aucun mal à s’en défaire, et le combat cessa dans un brouhaha d’exclamations victorieuses de l’escadron.

 

Enlevant son casque pour respirer un peu d’air pur, Bly courut vers Aayla avec une expression satisfaite.

— Ah, Générale Secura, enfin vous voilà, on vous croyait morte !

— J’ai eu du mal à en découdre avec les walkers de la Fédération.

— M’en parlez pas, s’écria Bly avec un léger sourire. Ils m’ont massacré la moitié de mon commandement, et une dizaine de vaisseau n’ont pas suffi pour tuer le dernier, il a fallu y aller à la naturelle, si vous voyez ce que je veux dire, ajouta-t-il en caressant son blaster d’un air frénétique.

— Bien, approuva Aayla. Que ferais-je sans vous, Bly ? Mettez vos hommes en rang, la zone grouille encore de séparatistes. Le front Est est pillé, ils n’ont pas réussi à les faire reculer, notre aide ne serait pas refusée.

Le Capitaine Bly approuva (« O.K »), remit son casque (« C’est reparti ») et avança d’un pas rapide vers une sorte de forêt violette et bucolique qui menait au Front de l’Est (« Escouade, allons-y »)

 

Aayla menait sa troupe, le sabre éteint, mais toujours dans sa main, le caressant de temps à autre de ses mains moites. L’escadron de clones la suivait depuis vingt minutes dans la forêt luxuriante, accompagné par toutes sortes de cris étranges qui perçaient le silence de part en part.

Soudain, Aayla s’arrêta. Tous les hommes l’imitèrent. La respiration haletante, elle sentit dans la Force une aura qu’elle ne comprit pas tout de suite. Les yeux et les tympans à l’affût du moindre détail, elle se tourna vers Bly et lui murmura :

— C’est un piège. Avancez, doucement, doucement…

Elle se retourna et vit Bly éteindre son intercom, et une silhouette bleutée disparut du socle holographique greffé à son bras.

— Bly, pensez-vous qu’il s’agisse de droides ?

Bly eut l’air de faire un signe de tête à ses hommes. Il s’avança derrière Aayla, le blaster prêt à l’usage. Elle fit quelques pas vers l’avant, ses yeux n’étant plus que deux fentes aiguisées qui scrutaient attentivement le paysage. Elle sentait l’aura de la Force se resserrer sur elle, comme un étau. Elle étouffait. Une grimace déchira son beau visage. Derrière elle, elle entendit Bly lui parler d’une voix calme, satisfaite :

— Non.

Un éclair passa dans son esprit. Son cœur s’arrêta de battre. Elle alluma son sabre, mais trop tard.

 

Elle sentit dans son dos les lasers de ses propres hommes, le magnifique paysage autour d’elle disparut peu à peu.

Elle tomba lourdement sur le sol, comme ses paupières sur ses yeux.

Les lasers continuèrent à zébrer l’horizon, perçant violemment la chair de son corps.

Parce que, sur Coruscant, une voix inhumaine avait retenti dans les ténèbres : Exécutez l’Ordre 66.

La Mort de Darco - Kano
 

Le tir de blaster le percuta à l’épaule et le projeta violemment en arrière. Une habile roulade lui permit malgré tout de retomber sur ses pieds et d’esquiver la salve suivante, qui fusa à quelques centimètres de son visage. Hésitant entre le combat et la fuite, il opta pour la seconde solution quand il s’aperçut que l’un des clones avait récupéré son sabre laser tombé au sol.

Lorsqu’il constata que les clones avaient cessé le feu, il comprit enfin qu’avoir perdu son arme jouait en sa faveur : ces traîtres allaient essayer de le capturer, et il tenait là sa seule chance de s’enfuir. Il fit quelques pas en arrière, réprima un gémissement et tenta d’ignorer sa blessure à l’épaule.

— Pas un geste ! ordonna un clone d’une voix qui parut plus inhumaine au Jedi que jamais.

Pour seule et unique réponse, Darco appela la Force à lui et bondit à toute vitesse, atteignant avec grâce une passerelle de la salle d’entraînement. La réaction ne se fit pas tarder, les clones ouvrirent le feu sans retenue, semant le chaos autour du Jedi. Il prit soin de rester baissé et courut aussi vite que possible vers l’un des accès à la salle adjacente. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se placer hors de portée du feu ennemi… pour le moment.

— Ici Unité 8, hostile bothan dans le secteur AX7. Je répète, hostile bothan dans secteur AX7.

Un grésillement indiqua au sergent clone que l’information était bien passée.

— Bien reçu, restez en position, on s’en charge.

— Roger.

C’est impossible. C’est un malentendu, c’est la seule explication. Un malentendu.

Darco courait avec toute l’énergie qui lui restait et la conscience que les clones ne tarderaient pas à retrouver sa trace. Emprunter les passerelles surélevées avait été une idée judicieuse mais il devait désormais emprunter les couloirs du centre tactique. La salle du Conseil avait sans doute déjà été prise d’assaut et le seul endroit où les Jedi pouvaient résister devait être la salle de planification tactique.

Il y serait dans quelques instants et espérait y trouver un peu de soutien. Il fallait communiquer avec les clones, essayer de déterminer la source du malentendu et arrêter cette tragédie au plus vite.

Darco s’arrêta net en entendant des voix au détour d’un couloir. Il se plaqua d’instinct contre le mur et s’efforça de masquer sa respiration, de plus en plus bruyante à mesure que sa blessure l’élançait. Il y jeta un œil et fronça le museau en sentant l’odeur de poils brûlés qui émanait de sa fourrure. Par chance, son épaule gauche avait été touchée et son bras droit restait d’attaque pour manier un sabre laser, ou tout objet qui l’aiderait à se défendre.

— Nous traquons les derniers fuyards, mais tout sera bientôt terminé, fit une des voix.

— Bien. Bon travail, répondit une autre.

Le Jedi bothan s’avança en silence et risqua un coup d’œil derrière l’angle du couloir. Six clones étaient en faction devant la porte de la salle tactique, d’où ne s’échappait aucun bruit. Aucun combat. Darco s’en voulut d’avoir cru trouver de l’aide ici alors que les autres Jedi avaient certainement été plus malins que lui et s’étaient regroupés à un endroit moins évident.

Décidé à faire cesser ce cauchemar, Darco rassembla son courage et se plaça en vue des clones, mains en l’air.

— Ne tirez pas ! fit-il avant même d’être repéré.

Les clones braquèrent leurs fusils blaster dans un même ensemble et le mirent en joue. Son sang se glaça en réalisant qu’il suffirait d’un tir pour l’abattre, mais il comptait prendre le risque.

— Ne bouge pas ! cria le leader des clones. Face contre terre, maintenant !

— Attendez ! Attendez, ne tirez pas ! C’est un malentendu, nous sommes dans le même camp ! insista Darco en avançant vers eux.

— Encore un pas et nous ouvrons le feu, Jedi.

Darco s’arrêta et profita de sa nouvelle position pour jeter un œil par l’embrasure de la porte de la pièce. Il écarquilla les yeux en découvrant le triste spectacle d’un amoncellement de corps Jedi et clones. Il s’était trompé du tout au tout : les Jedi étaient bien venus ici, et ils étaient tous morts à présent. Tout cela n’avait rien d’un malentendu. Les clones étaient venus pour tuer. Uniquement pour tuer.

Sans perdre une seconde de plus, Darco se concentra et un sabre laser tombé au côté de son propriétaire vola en un éclair dans sa patte. Darco ne payait pas de mine et les clones ne s’étaient pas méfiés ; c’était leur problème. La lame verte s’activa dans un crépitement et Darco bondit sur le leader des clones, dont il trancha la tête d’un coup vif.

D’une petite pression de la Force, il envoya le corps décapité dans les jambes de deux autres clones, mais ne parvint qu’à les occuper quelques instants. Il sauta en arrière, dévia habilement les tirs des trois autres et parvint même à en abattre un par ricochet, un exploit auquel il n’était encore jamais parvenu à l’entraînement.

Noyant sa douleur dans les flux de la Force, il repassa à l’assaut en plongeant sous les tirs ennemis, et atteignit les clones. Profitant de sa petite taille, il sectionna les jambes de deux clones d’un mouvement ample et les laissa s’effondrer tandis qu’il se relevait pour en embrocher un troisième. Il ne s’attarda pas et fit volte-face pour combattre les deux derniers, qui venaient de manquer l’occasion de lui tirer dans le dos.

— Tu as eu ta chance, Jedi. Maintenant lâche ton arme.

— À vos ordres.

Le sabre laser vola hors de la main de Darco et fonça vers les clones. L’un d’entre eux fut suffisamment rapide pour reculer d’un pas, mais l’autre vit sa main tranchée par la lame. Profitant de l’effet de surprise, Darco courut vers eux et sauta pour envoyer ses pattes arrière dans le torse du clone valide. Le coup le fit tomber sur le dos pendant que Darco attrapait son sabre en plein vol. Il retomba sur ses pattes pour planter sa lame dans la poitrine du clone.

Conscient que trois d’entre eux étaient en vie bien que blessés, le bothan se redressa souplement, sabre au point, et en pointa la lame sur la gorge du clone amputé.

— Qui a donné cet ordre ? demanda-t-il la gorge nouée.

— Nous faisons notre boulot, Jedi. Vous auriez dû faire le vôtre au lieu de trahir la République.

La réponse du clone, étouffée sous son casque, trahissait la douleur subie par le clone dont le bras avait été tranché au-dessous du coude.

— Les Jedi n’ont jamais trahi qui…

Darco ne finit pas sa phrase, interrompu par un pressentiment qui le fit se retourner. L’un des deux clones dont il avait tranché les jambes gisait toujours sur le dos mais braquait son blaster dans sa direction. Le laser partit trop vite pour être paré, Darco se contenta d’un pas de côté qui le mit hors de portée.

L’odeur de chair calcinée qu’il sentit immédiatement après lui indiqua que le tir n’avait pas touché la bonne cible. Il n’eut pas besoin de se retourner pour entendre le corps du soldat amputé s’effondrer, abattu par son camarade.

Serrant les dents, Darco leva sa lame pour bloquer d’autres tirs et atteignit en une enjambée les deux clones à terre. Celui qui avait tiré leva à nouveau son arme mais Darco abaissa sa lame pour le transpercer en pleine poitrine. Il ne perdit pas un instant de plus et s’approcha du dernier, privé lui aussi de ses jambes. Ignorant si le soldat était encore conscient, Darco se pencha et ôta son casque. Ce qu’il vit l’ébranla plus que le tir qui avait touché son épaule.

Abattre des clones casqués ne lui avait posé aucun problème, mais découvrir le véritable visage de ses adversaires le choqua beaucoup plus. Le clone transpirait et souffrait visiblement, ce qui rendait ses traits encore plus humains que ne l’aurait soupçonné Darco.

— Finissons-en, Jedi. De toute façon tu ne sortiras jamais d’ici. Les traîtres que vous êtes ne sortirez jamais…

— Pourquoi ? demanda Darco en éclatant en sanglots. Nous n’avons rien fait, rien !

— Et nous, nous faisons notre devoir.

— Non ! cria le bothan en laissant place à la rage. Non !!!

Avec un hurlement, il se redressa et ficha sa lame dans la gorge du clone. Ce dernier émit un bref grognement lorsque sa trachée fut calcinée, puis le filet de fumée qui s’échappa de sa gorge fut la seule chose encore en mouvement dans le couloir.

Darco resta immobile quelques instants, ses larmes roulant sur son museau pour finir sur le visage inanimé du clone.

— Non… répéta-t-il une dernière fois.

Il sursauta lorsque le comlink du leader s’activa et qu’un message en parvint.

— Unité 17, au rapport. Quelle est votre position ?

Le Jedi bondit sur ses pieds et eut la bonne idée de quitter les lieux, s’efforçant de ne pas jeter un dernier regard au massacre dans la pièce. Il ignorait quels Jedi y avaient péri et n’avait pas le courage de regarder. Dans l’immédiat, l’important était de trouver un moyen de quitter le Temple, ou de retrouver d’autres survivants.

Il courut à perdre haleine dans les couloirs déserts du Temple, découvrant ici et là les cadavres des clones et Jedi qui s’étaient affrontés. Il lui fallut quelques minutes pour atteindre l’une des salles de méditation de cette aile du Temple. Sa blessure se faisait de plus en plus douloureuse à mesure que l’adrénaline retombait, et il dut revoir son rythme à la baisse. Perdre conscience ne l’aiderait certainement pas à s’en tirer.

Il eut la première bonne nouvelle de cette journée de cauchemar lorsqu’il vit une silhouette encapuchonnée qui se tenait debout au milieu de la pièce. Un Jedi, sans le moindre doute. Darco tituba dans sa direction et avisa les cadavres de Jedi qui jonchaient les lieux. La posture du grand Jedi au milieu semblait exprimer toute sa tristesse face au spectacle qu’il découvrait en même temps que Darco.

La silhouette entendit arriver le bothan et leva son visage dans sa direction. Darco fixa le regard triste de l’individu avec espoir, et retint un cri de joie en le reconnaissant.

— Maître Skywalker !

Les yeux sombres de Darco s’embuèrent une nouvelle fois de larmes et il se précipita vers Anakin Skywalker. Le Héros Sans Peur était là, l’un des plus grands guerriers de la Guerre des Clones, celui qui serait capable de le sauver et de rétablir l’ordre dans le Temple.

Darco se laissa aller à son soulagement et étreignit le Chevalier Jedi qu’il venait de rejoindre. Il enfouit sa tête contre le ventre d’Anakin et laissa aller ses larmes. Il avisa alors le corps qui gisait à côté d’eux. Le corps de Maître Shaak Ti.

— Oh… Maître Anakin, c’est Maître Ti, elle est…

— Je sais, répondit simplement Skywalker sans le regarder.

C’est à ce moment que Darco constata qu’aucune trace de tir de blaster ne semblait justifier la mort de Shaak Ti. Il plissa les yeux pour mieux voir au travers de ses larmes et resta bouche bée lorsqu’il vit la blessure déjà cautérisée dans sa poitrine. La marque d’un sabre laser.

Il leva les yeux vers Skywalker et ne parvint toujours pas à attirer son regard.

— Maître, qu’est-ce que…

La détonation le fit sursauter et lui fit oublier un instant la décharge de douleur qui s’était emparée de son dos. Il écarquilla les yeux quand cette douleur se répandit dans tout son corps et en tétanisa tous les muscles. Seuls ceux de ses pattes se crispèrent et agrippèrent fermement la tunique d’Anakin Skywalker.

Ce dernier baissa enfin son regard et croisa les yeux noirs du bothan qui le fixaient désespérément, avec un mélange de surprise et de souffrance.

— Lâche-moi, fit Skywalker d’un ton neutre.

Darco lui obéit involontairement et glissa à terre, malgré ses efforts pour rester suspendu aux vêtements de son camarade Jedi. Le bothan tomba en arrière et heurta le sol du Temple Jedi où il avait grandi.

— Vous n’avez rien, Seigneur Vader ? fit une voix de clone derrière Darco.

— Je m’en occupe, fut la seule réponse d’Anakin.

— Oui, Seigneur.

Cloué au sol, Darco était trop faible pour chercher à comprendre, envahi qu’il était par la douleur et l’obscurité qui tentait de l’envelopper. Il prêta à peine attention au son qu’émit la lame du sabre laser bleu de Skywalker en se déployant. Invoquant son semblant de dernières forces, Darco parvint à se retourner sur le ventre et entreprit de ramper là où son instinct le guidait : loin de Skywalker.

Il vit du coin de l’œil la silhouette blanche du clone qui lui avait sans aucun doute tiré dans le dos et comprit qu’il n’avait nulle part où aller. Il rampa tant bien que mal, sans réaliser qu’il ne parvenait à parcourir que quelques misérables centimètres.

Il sentit au dessus de lui la présence de Skywalker qui l’avait rattrapé et brandissait son sabre laser. Darco tourna légèrement la tête pour essayer de voir le Jedi mais sa vision était devenue trop trouble pour qu’il voit quoi que ce soit. Il se retourna à nouveau et resta allongé sur le dos, aux pieds de Skywalker. Il devina plus qu’autre chose les traits de ce Jedi, modèle de tant de Padawans, avec qui il avait joué plusieurs fois pendant son enfance. Pourquoi ne combattait-il pas les clones ?

— Maître Anakin, parvint-il à murmurer. S’il vous plaît…

Skywalker s’accroupit à ses côtés, sabre toujours au poing, et ne lui répondit pas.

— S’il vous plaît… je ne veux pas… mourir.

Le Chevalier Jedi mit quelques secondes avant de répondre.

— Ce n’est pas mon choix, fit Anakin dans un souffle rauque. Ce n’est pas ma faute. Ca a toujours été… la vôtre.

Darco ne répondit pas et comprit encore moins. Le jeune bothan, la veille de ses dix ans, sentit la Force le quitter à tout jamais lorsqu’une lame de sabre laser traversa sa gorge.

La Mort de Shaak Ti - Lionel001
 

Alors que Shaak Ti explorait les méandres de la Force dans l’une des innombrables salles dédiées à la méditation au sein du Temple, tentant désespérément de capter l’origine de la perturbation que tous les Jedi avaient ressenti plusieurs minutes plus tôt, elle perçut un léger bruit. Elle stoppa sa réflexion et écouta plus attentivement. Le bruit augmentait régulièrement et semblait se rapprocher. La Togruta se leva et se dirigea vers la fenêtre afin de déterminer son origine et, à travers la pluie fine qui tombait dans les cieux de Coruscant, elle aperçut d’immenses rectangles blancs qui avançaient vers la Grande Porte du Temple d’où s’échappait un mince rayon de lumière, ce qui signifiait que la Porte était ouverte. Elle comprit soudain que le bruit qui l’avait tirée de sa méditation était le martèlement sur le durabéton d’hommes marchant au pas, et que ces rectangles blancs étaient constitués en réalité de soldats clones.

Des milliers de soldats clones avançant vers le Temple Jedi.

Shaak Ti se maudit intérieurement de son manque de réactivité. Dès qu’elle avait senti dans la Force la mort de plusieurs Maîtres, elle s’était préparée à ce que Palpatine contre-attaque. Mais elle ne s’attendait pas à une riposte aussi rapide. Elle vérifia que son sabre laser était bien accroché à sa ceinture et s’engagea dans les couloirs sombres du Temple. Elle nota mentalement que les clones avaient déjà coupé l’alimentation principale du Temple, et elle se mit à courir.

Au loin, les premières détonations des fusils blasters résonnaient.

— Maître Ti !

Shaak Ti se retourna vivement, le sabre laser à la main, prête à l’activer au moindre mouvement suspect. Elle laissa échapper un soupir de soulagement lorsqu’elle découvrit qui l’avait appelée. Ramor Shok venait d’apparaître au détour d’un couloir, son visage adolescent éclairé par la lueur verdâtre que projetait la lame de son sabre laser. Il était suivi d’une demi-douzaine de padawans, dont le plus vieux ne devait pas dépasser les huit années standard.

— Qu’y a-t-il ? demanda Shaak Ti.

— Les soldats clones, Maître, répondit Shok d’une voix paniquée. Ils nous abattent !

— Je sais, murmura-t-elle.

— Ils sont en train de tuer des Jedi ! hurla Shok. Au nom de la Force, qu’est-ce qu’il leur prend ?

Shaak Ti ne répondit rien et se tourna vers le plus âgé du groupe de padawan qui suivait Shok.  Elle s’agenouilla, le prit par les épaules, et lui dit :

— Allez m’attendre dans la Chambre du Conseil. Et ne la quittez sous aucun prétexte, c’est bien compris ?

Les padawans acquiescèrent et disparurent dans le turbo-élévateur.    Ramor Shok les regarda jusqu’à ce qu’ils soient hors de vue,  puis demanda :

— Qu’allons-nous faire à présent, Maître ?

Avant que Shaak Ti ne puisse répondre, des bruits de pas se firent entendre. Shok leva son sabre laser, prêt à se battre et la Togruta empoigna le manche du sien, le doigt à portée du bouton d’activation. L’écho des pas qui résonnait dans les couloirs vides donnait l’impression que le nouvel arrivant n’était pas seul et, dans l’allée où se tenaient les deux Jedi, il leur était impossible de prédire où arriverait l’inconnu. Enfin, l’écho des pas mourut lorsque Anakin Skywalker apparut dans le champ de vision des deux Jedi. L’Élu fit encore quelques pas et s’arrêta, son visage masqué par l’ample capuche de son manteau de Jedi.

— Anakin... commença Shaak Ti.

Derrière Anakin apparurent huit soldats clones, leurs armures blanches étincelantes dans la pénombre. Shaak Ti les vit se positionner en ligne droite face à elle, mais en retrait d’un pas par rapport à Anakin, et elle comprit soudain que si les clones n’avaient pas encore ouvert le feu, c’est parce qu’Anakin était là.

Parce qu'Anakin était avec eux.

Ramor Shok semblait être arrivé à la même conclusion. Son corps se mit à trembler sous le coup de la colère qui le gagnait, et il se mit en garde, sabre laser levé.

— Toi... gronda-t-il.

— Garde ton calme, Padawan, ordonna Shaak Ti.

Mais Ramor Shok n’écoutait plus. Tout son être était tourné vers Anakin.

— Traître... Tu mérites la mort !

Et il s’élança vers Anakin. Les clones levèrent leurs blasters, prêt à abattre le jeune homme mais, d’un simple geste de la main, Skywalker leur intima l’ordre de ne pas tirer. L’Élu resta là, ne semblant pas voir la lame verte qui se rapprochait dangereusement de lui. Shok fit un bond amplifié avec la Force et se jeta sur Anakin.

Qui se décida enfin à réagir.

Il fit un pas sur le côté et tourna sur lui-même, son manteau se soulevant comme une cape et, alors qu’il faisait de nouveau face à Shok, il activa son propre sabre laser. Une lame de plasma bleu transperça le cœur de l’adolescent et le stoppa net. D’une pression dans la Force, Anakin envoya le corps de Shok à plusieurs mètres sur le côté et l’observa distraitement s’écraser contre une colonne de l’allée et tomber au sol. Shaak Ti regarda un instant le corps du padawan et croisa son regard, ses yeux figés pour l’éternité dans une expression mêlant surprise et horreur. Elle revint à la réalité en entendant Anakin lui adresser la parole, avec une voix beaucoup plus dure et grave que la dernière fois qu’elle l’avait vu, deux heures plus tôt :

— C’est de votre faute s’il est mort, Shaak Ti. J’ai du mal à croire que vous ayez laissé un enfant tenter ce que seul un membre du Conseil aurait pu espérer accomplir...

Shaak Ti l’observa. Anakin avait retiré sa capuche, et son manteau gisait désormais sur le sol. Pendant quelques instants, rien ne troubla le silence pesant, à l’exception du bourdonnement du sabre laser que Skywalker tenait en main, et par les tirs lointains des blasters des soldats clones. Anakin et Shaak Ti se regardèrent, chacun se préparant à l’inévitable confrontation.  L’Élu se tourna vers les soldats clones qui l’accompagnaient :

— N’intervenez pas. Shaak Ti est à moi.

Sans attendre de confirmation de leur part, il se retourna vers la Togruta et eut un sourire mauvais lorsqu’il vit apparaître entre ses mains une lame du même bleu que la sienne. Le jeune homme fit quelques pas en avant pour s’éloigner des soldats clones. Il s’arrêta, fixant Shaak Ti, attendant son attaque. Mais, fidèle à la doctrine Jedi, celle-ci refusa de porter le premier coup. Anakin se mit alors à courir, la lame de son sabre laser parallèle au sol, en direction du la Jedi. Au dernier instant, il changea son angle d’attaque, mais Shaak Ti avait anticipé le mouvement, et sa lame rencontra celle de son adversaire avec fracas, le choc projetant de multiples étincelles dans le sombre corridor. Nullement découragé, Anakin poursuivit son assaut, forçant Shaak Ti à reculer, coup après coup, chaque frappe plus puissante que la précédente. La Maître Jedi se laissa faire et, alors qu’Anakin abattait de nouveau sa lame, elle esquiva et concentra la Force dans son poing pour frapper son adversaire et l’Élu, ne s’attendant pas à une telle riposte de la part de la Togruta, fut projeté plusieurs mètres en arrière. Tandis qu’il se relevait, essuyant d’une main la traînée de sang qui coulait de sa bouche, il vit Shaak Ti utiliser de nouveau la Force, cette fois-ci pour attirer à elle le sabre laser de Ramor Shok. Il se releva, se rua sur la Jedi et, alors que Shaak Ti croisait ses deux sabres pour contrer son attaque, il frappa avec sa jambe le genou de son adversaire. Étouffant un gémissement de douleur, la Maître Jedi para un coup qui aurait pu lui être fatal et elle fit plonger la lame bleue de son sabre vers la tête d’Anakin.

Mais les réflexes de Skywalker étaient tels qu’il évita aisément l’attaque de la Togruta et Shaak Ti frappa dans le vide. Dans la seconde qui lui fallut pour retirer son bras tendu, Anakin sut ce qu’il allait faire. Avec une vitesse fulgurante, il fit tournoyer son sabre laser et l’abattit sur le bras de la Jedi. Le plasma bleu traversa la chair et l’os, et la main tranchée de Shaak Ti tomba au sol, tenant toujours son sabre activé. Avec l’aide de la Force, la Jedi blessée fit un bond en arrière et regarda son adversaire détruire, presque négligemment, le sabre qui se trouvait toujours au sol. Le regard d’Anakin se porta ensuite sur elle et elle comprit à cet instant qu’elle ne pourrait pas le vaincre. Qu’elle n’avait jamais eu la moindre chance. Alors que son regard croisait celui de l’Élu, elle vit dans ses yeux la promesse de sa mort imminente. Skywalker bondit à nouveau sur elle et, après quelques échanges au sabre, il décida qu’il était temps d’en finir. Avec sa main de duracier, il saisit le bras armé de Shaak Ti et exerça une pression si forte qu’au bout de quelques secondes seulement, la Jedi sentit les os de son poignet se craqueler et elle laissa échapper le sabre qu’elle tenait. Anakin eut un sourire mauvais et, du bout de son sabre, il transperça de part en part l’épaule de son adversaire. Il relâcha son étreinte, et Shaak Ti tomba à genoux, dominée de toute sa hauteur par l’Élu. Elle croisa de nouveau le regard d’Anakin et, l’espace d’un instant, elle constata que ses yeux étaient rouges et que son visage était plus creusé que dans le souvenir qu’elle avait de lui. Avait-il pleuré ?

— Anakin, murmura-t-elle. Pourquoi ?

— Tais-toi ! hurla-t-il.

Anakin leva sa main de duracier, et Shaak Ti se sentit soudain soulevée dans les airs. Skywalker resserra ses doigts et aussitôt la maître Jedi eut du mal à respirer. Elle porta sa main brisée à sa gorge et tenta, sans succès, d’écarter les doigts invisibles qui l’étranglaient.

— Je ne suis pas Anakin Skywalker. Je ne le suis plus.

Anakin s’approcha lentement d’elle, sa main de chair tenant la poignée de son sabre désactivé. Il plaça son arme au contact de la gorge de la Togruta, se pencha vers elle et lui dit, comme s’il souhaitait que personne d’autre ne l’entende :

— Je suis Dark Vador.

Il appuya sur le bouton d’activation et une colonne de plasma bleu traversa le cou de Shaak Ti. Il exécuta ensuite un balayage rapide, de droite à gauche, relâcha son poing qui était resté tendu, et la tête et le corps de la Jedi, désormais séparés, tombèrent sur le sol. Anakin éteignit son arme et se tourna vers le clone qui approchait.

— Seigneur Vador, dit celui-ci, on vient de nous signaler que des enfants Jedi se trouvent dans la Chambre du Conseil.

— Bien.

Un autre clone approcha et tendit à Anakin son long manteau noir. Après l’avoir remis, il se détourna des soldats clones et se dirigea vers le turbo élévateur qui se trouvait au bout du couloir. Il s’y engouffra et composa le code d’accès menant au sommet du Temple.

— Je m’en occupe personnellement.

Et, alors que les clones saluaient, les portes se refermèrent et le turbo élévateur démarra, emmenant Dark Vador, le Seigneur Noir des Sith, poursuivre sa sinistre tâche.

La Mort de Cin Drallig - Darkwilliam
 

Tout était calme dans le Temple Jedi, tout semblait… trop calme. Cin Drallig s’approcha lentement d’une des vastes vitres du Temple et admira, les mains croisées dans le dos, la nuit qui tombait comme un voile sombre sur Coruscant. Drallig n’entendait pas un bruit, pas un son et pourtant il sentait comme des tumultes violents dans la Force, comme si quelque part, la Force était entrée en ébullition, non loin de là, sur Coruscant même.

Le maître d’arme Jedi se retourna pour découvrir les visages radieux des deux padawans qui l’avaient accompagné une bonne partie de la journée et qui s’étaient entraînés avec lui au maniement du sabre laser. L’un d’eux, nommé Whie, regarda le vieux maître pendant quelques secondes avant de demander:

— Quelque chose ne va pas, Maître ?

— La nuit s’abat sur nous, les enfants.

— Comme chaque soir.

Drallig dévisagea le jeune Whie et répondit d’une voix calme :

— Non, ce soir, elle tombe sur la Force.

Soudain, des bruits d’agitation se firent entendre, venant de l’extérieur du Temple. Drallig se plongea dans la Force et écouta. Les bruits s’amplifiaient, se rapprochaient inéluctablement. Tout à coup, des crépitements de laser se firent distincts et Drallig crut que la Force hurlait de douleur. Il rouvrit les yeux et fit aux deux enfants:

— Venez !

Ils s’engagèrent dans les couloirs sombres du Temple, marchant à la hâte. Drallig, les traits tirés, dut s’arrêter quand une douleur horrible vrilla dans sa tête. Il s’adossa au mur blanc et attendit que ses perceptions reviennent.

— Que se passe-t-il ? demanda inquiet Bene, la deuxième padawan.

— Des...Jedi...meurent.

— Mais où ? interrogea Whie d’une voix tremblante.

— Ici même.

C’est alors que des bruits de carnage se firent de nouveau entendre, troublant le silence paisible du Temple. Pire, Cin Drallig discerna distinctement le cri d’agonie d’un Jedi qui se trouvait dans la vaste salle des statues.

— Prenez vos sabres lasers, les enfants. Il va falloir combattre.

Alors qu’ils se dirigeaient à présent vers la salle des statues, ils s’arrêtèrent nets quand le grondement continu des impacts de pas sur le sol parvinrent à leurs oreilles.

— Sabre en main ! cria Drallig.

Aussitôt, les trois lames resplendissantes se déployèrent, illuminant cette partie du Temple. Drallig, le sabre tenu devant lui, se posta en protection des deux jeunes younglings qui paraissaient déboussolés.

— Qu’est-ce qui se passe ? murmura Whie.

Alors que Drallig regardait fixement devant lui, attendant l’inéluctable, il répondit :

— Le Temple est attaqué.

— Mais… mais qui peut en vouloir aux Jedi ?

Drallig n’eut pas le temps de répondre car tout à coup, sortant de la pénombre, des dizaines de clones apparurent, marchant en rangs, blasters à la main. L’un d’eux qui portait une épaulette bleue fit d’une voix calme:

— Voici trois autres Jedi, tuez-les!

Un déluge de laser rougeoyant s’abattit sur les Jedi qui ripostèrent. Drallig fit tournoyer sa lame avec aisance, parant les coups habilement, parvenant même à les renvoyer vers les clones. Plusieurs s’écroulèrent ainsi quand des impacts leur traversèrent la poitrine. Whie et Bene, le coeur battant la chamade, s’étaient collés dos à dos pour pouvoir mieux se défendre. Ils réussirent à parer les salves qui leur étaient destinés et se jetèrent à l’attaque quand les clones furent assez près. Tourbillonnant, Drallig se retrouva au coeur de la meute de clones, tranchant leurs membres, transperçant leurs torses. Des corps tombaient tout autour de lui mais il dut bientôt se rendre à l’évidence, des renforts arrivaient.

C’est alors que la Force s’emplit d’une teinte d’obscurité, de haine et de colère. Drallig releva les yeux et vit sortir de la nuit un individu drapé dans une tunique de Jedi sombre. La capuche lui recouvrant le visage, il avançait avec détermination. Drallig sentit que cet homme était entouré par le Côté Obscur, pire, qu’il était le Côté Obscur! Il s’avança, telle une ombre, et activa son sabre laser. Une lame bleue étincelante apparut, illuminant le visage de l’ombre. Drallig distingua alors les traits...d’Anakin Skywalker. Mais ce n’était plus Anakin, non, il avait cessé d’exister pour laisser la place à ce soldat du côté obscur au regard si cruel, si teinté de colère.

— Anakin...qu’as-tu fait ? murmura Drallig.

Il ne répondit pas, il se contenta de se diriger vers Whie et Bene et de lever son arme. Les deux padawans, apeurés, les yeux remplis d’incompréhension face à la violence d’Anakin, tentèrent de se défendre, en vain. L’ombre les découpa sans hésitation avec aisance et plaisir, leur ôtant en quelques instants leurs jeunes vies. Alors que les petits corps s’affaissaient sur le sol froid du Temple, Drallig se précipita à l’attaque et mit sa lame en opposition à celle de l’ombre. Mais celle-ci puisait dans le côté obscur pour y trouver une puissance incommensurable. Devant ses assauts répétés, le vieux maître d’armes recula, s’épuisant peu à peu. L’ombre le dévisagea avec haine et proféra:

— Maintenant... C’est moi le maître.

Alors que les ténèbres engloutissaient Drallig, l’ombre pointa à une vitesse fulgurante son sabre laser vers l’épaule du Jedi. Celle ci émit un craquement sinistre quand la lame la transperça. Drallig hurla de douleur et tomba à genoux. Sa vision se brouilla, la Force sembla disparaître autour de lui. Une autre douleur se fit ressentir au niveau de son estomac quand l’ombre l’acheva. Drallig lâcha son sabre laser qui se rétracta et roula sur le sol dans un bruissement métallique. Le Jedi tomba lourdement alors que ses yeux se fermaient lentement. Entouré par la noirceur du côté obscur, Drallig ne voyait pratiquement plus rien, à part la souffrance et la peine. Les pas de l’ombre résonnant dans le temple s’éloignèrent enfin. L’obscurité se retira mais une autre nuit s’abattit sur Drallig, celle de la mort. Alors qu’il croyait entendre de nouveaux cris lointains, la dernière chose que le maître d’arme vit, ce furent les deux corps sans vie des deux innocents padawans. Il avait échoué à les protéger.

Quelques secondes plus tard, la lumière de Cin Drallig dans la Force s’éteignit à jamais alors que l’obscurité se déversait inexorablement dans tout le Temple.

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