Bonjour à tous,
Après un premier tome datant de novembre 2021 et un second en mai 2022, la trilogie Thrawn – L’Ascendance, nous narrant les premiers faits d’armes de Mitth’raw’nuruodo au sein de son peuple afin qu’il ne soit recruté par l’Empire Galactique de Palpatine se termine avec ce troisième et dernier volume, sobrement sous-titré Moindre mal. Toujours écrit par le prolixe Timothy Zahn, véritable biographe de son protagoniste préféré, ce roman est sorti en version française chez Pocket depuis fin avril dernier, mais les aléas personnels – ainsi que le nombre de pages ma foi conséquent – ont retardé ma lecture de cet ultime roman… jusqu’à maintenant ! ;-)
Je vous propose donc enfin ma critique basée sur l'exemplaire VF du roman, un exemplaire offert par Pocket que j'en profite pour remercier chaleureusement au passage.
Mais d'abord, un rappel de la, comme toujours avec cette trilogie, sublime couverture de Magali Villeneuve choisie par Pocket et du synopsis !
THRAWN L’ASCENDANCE – TOME 3
MOINDRE MAL
« Mon travail est de protéger l'Ascendance et le peuple chiss... Quel que soit le prix pour atteindre ce but, je le paierai. »
Pendant des milliers d'années, l'Ascendance chiss a été une île de tranquillité. Dirigée par les Neuf Familles Régnantes, elle se tient comme un rempart face au Chaos et aux Régions Inconnues.
Mais cette stabilité a été mise à l'épreuve par un ennemi audacieux qui fragilise les liens de confiance et de fidélité, entraînant des divisions parmi les familles. Malgré les efforts de la Flotte de Défense et d'Expansion, la guerre civile gronde.
Les Chiss ne sont pas étrangers à la guerre. Leur statut mythique au cœur du Chaos a été acquis à la suite d'actes terribles, certains enfouis depuis bien longtemps. Pour assurer l'avenir de l'Ascendance, Thrawn va devoir plonger profondément dans ce passé et dévoiler les sombres secrets entourant l'ascension de la Première Famille Régnante.
Afin d'assurer le salut de l'Ascendance, Thrawn est-il prêt à tout sacrifier ? Y compris le seul foyer qu'il ait jamais connu ?
Pocket, 792 pages, 12,40 €
La critique de L2-D2
Des personnages qui ADORENT s’écouter parler !
On le connaît, Timothy Zahn. Seize romans (oui, seize) publiés depuis plus de 30 ans, avec un style d’écriture qui est désormais familier du lecteur : Zahn est un auteur qui aime prendre son temps, et qui élabore une intrigue impliquant diverses espèces inconnues ou méconnues de l’Ascendance pour mieux plonger ses personnages dans des tourments existentiels. Le tout avec des dialogues, certes bien écrits, mais aussi et surtout longs. Beaucoup trop longs.
Les personnages passent en effet le plus clair de leur temps à être poli, à demander pardon mais serait-il possible de répéter, et je veux m’assurer que j’ai bien compris donc je vais reformuler le tout, etc etc etc... Et si ce principe devenait un peu lassant à la longue avec Thrawn (encore qu’avec lui, on pouvait mettre ça sur le compte de son intellect supérieur), voir ce même manège être reproduit avec tous les personnages face à tous leurs interlocuteurs, c’est trop. Ce choix de narration donne l’impression que tous les personnages, que toutes les peuplades, sont interchangeables. Les Paccosh, les Vaks, les Éclaireurs, les Chiss et les autres, ils sont tous d’une politesse extrême, développent sur des lignes de dialogue des raisonnements presque inutiles à la longue… au point qu’en caricaturant à peine, cela pourrait donner ceci :
- Je vous demande pardon, serait-il possible de me réexpliquer cela ?
- Bien sûr. Je vous disais que je m’occupais d’acheter le pain.
- Mais n’avions-nous pas convenu que ce serait moi qui m’en chargerait ?
- Certes, mais la boulangerie étant prêt de mon arrêt de bus, cela me permettrait de gagner un temps considérable sur le trajet.
Interlocuteur 1 regarda fixement interlocuteur 2.
- C’est une bonne idée, admit-il.
J’exagère, bien sûr. Mais à peine. Vous jugerez vous-même à la lecture…
Holmes, Watson… et Moriarty désormais ?
La comparaison entre Thrawn et Sherlock Holmes était flatteuse lorsque nous étions dans l’univers Légendes. Mais depuis que Zahn a repris son personnage dans l’Univers Officiel, la comparaison s’est amplifiée, au point que, désormais, on pourrait dire que c’est le Chiss qui a inspiré le détective de Conan Doyle, et pas l’inverse ! En effet, il passe le plus clair de son temps à expliquer ses plans, ses découvertes, à un ou des acolyte(s), forcément malin(s) mais moins que lui quand même. Nous avons donc notre Holmes, nous avons eu plusieurs Watson… Il nous fallait un Moriarty.
Moriarty, pour ceux qui ne sont pas familiers de l’univers Holmesien, est l’antagoniste ultime de Sherlock (si vous ne l’avez pas encore vue, foncez regarder la série Sherlock avec Benedict Cumberbatch, qui nous propose sans doute l’une des meilleures incarnations de Moriarty). Véritable reflet maléfique du héros, roublard, malin, c’est un Holmes du côté du mal. Ici, cette figure est incarnée par Jixtus des Grysks, véritable manipulateur derrière les événements des deux premiers tomes et qui ici… ne prend pas le premier rôle, non, mais en tout cas est véritablement présent. Et Jixtus est un méchant « raffiné », dans la droite lignée de tous les autres personnages du roman : il est poli, il est malin, il s’exprime clairement, et s’il s’agace, cela ne dure jamais bien longtemps. Au point, peut-être, de manquer un peu de personnalité ? On peut en effet le lui reprocher, tant les personnages ennemis semblent interchangeables les uns avec les autres dans cette trilogie...
Du coup, on s’ennuie dans ce troisième tome ?
Et bien non. Tout simplement parce que Zahn étant Zahn, tout cela est très bien écrit, et on sent très vite que l’intrigue est construite comme une lente montée en tension, en disputes, en escarmouches, en incidents qui font effet boule de neige les uns les autres. Le tout converge vers une bataille spatiale d’envergure, très bien décrite, dans laquelle Thrawn met tout son talent en démonstration. Mais même sans attendre ce climax, on trouvera un certain nombre de pistes intéressantes à suivre tout au long de ces presque 800 pages dans la version française !
Il en est ainsi de celle concernant Thalias, qui rencontre un personnage dont on n’imaginait même pas l’existence, et qui semble apparaître ici comme une piste pour un, j’ai envie de dire inévitable, futur roman qui sera tôt ou tard annoncé par Lucasfilm… en tout cas j’y crois, tant ce personnage représente un potentiel d’intrigue bienvenu…
Ou encore du nouveau Patriarche Thurfian, farouche adversaire de Thrawn dans les précédents romans (sans qu’on ne sache vraiment pourquoi, à l’origine, en fait), et dont la nouvelle position met autant à mal la position de son allié Irizi que sa propre haine envers Thrawn. Après tout, maintenant qu’il est Patriarche, ne pourrait-il pas changer d’avis concernant notre Chiss préféré ?
Et puis, il y a nos officiers Chiss qu’on a appris à suivre et qui ont évolué au contact de Thrawn dans les précédents romans, Ziinda et Roscu en tête, qui vont elles aussi évoluer et progresser ici. On retrouvera également avec plaisir Ar’alani, et en écrivant ces lignes, je me rends compte à quel point Zahn a mis un point d’honneur semble-t-il à développer ses personnages féminins…
Épilogue
Il faut bien raccorder les wagons avec la précédente trilogie Thrawn (mais qui se déroule en fait après, vous ne l’aviez évidemment pas oublié?). Et si la décision est un peu rapide, force est de constater que c’est fait de façon très efficace, et assez construit par l’ensemble de ce que l’on sait du fonctionnement de l’Ascendance depuis trois tomes maintenant. Et puis, le petit twist que nous réserve l’auteur dans les dernières pages est sympathique.
Et en fait, si je veux être honnête avec vous, je vous dirai que cela m’a donné envie de relire cette trilogie, dans laquelle les Grysks font leur retour, pour voir comment Zahn a finalement articulé tout cela… En tout cas, ce roman achève bien l’hexalogie consacrée au personnage par l’auteur tout en, je le disais plus haut, lançant mine de rien quelques pistes pour d’éventuelles histoires supplémentaires.
Souvenirs, souvenirs
Enfin, cette critique ne serait pas complète sans évoquer la centaine de pages de « souvenirs » disséminés dans le roman. L’intrigue qui y est développée est très intéressante, et le binôme formé par Thrawn et Thrass est d’une belle efficacité – et au passage, l’un des éléments les plus intéressants du roman y est introduit, au détour de quelques lignes. Dommage cependant que le dernier « souvenir » présent donne l’impression de sortir d’on ne sait où… sauf pour les vieux lecteurs de l’univers Légendes qui auront tôt fait d’établir un lien sur le pourquoi du comment de la situation présentée sur trois pages à peine. De là à dire que cet événement s’est également produit dans l’univers officiel, il n’y a qu’un pas !
Bilan
Ce troisième tome propose finalement un contenu similaire à celui des deux premiers tomes. L’intrigue y est certes davantage développée et l’on sent une montée des enjeux dramatiques tout au long des nombreuses centaines de pages… mais les défauts de Timothy Zahn sont de plus en plus visibles, avec ses personnages bavards et qui justifient la moindre de leur pensée, au point de parfois lasser. Les lecteurs qui ont apprécié la lecture des deux premiers opus ne devraient pas bouder leur plaisir ici ! Les autres se diront qu’enfin, Zahn a fini de nous embêter avec son Thrawn...
NOTE : 70 %
A noter que le roman porte le numéro 193 !
N'hésitez pas à nous dire ce que vous avez pensé du roman en vous rendant sur sa fiche ou bien sur le topic du forum qui lui est consacré !
Encore merci aux éditions Pocket pour l'exemplaire offert pour la critique, et on se retrouve dans quelques jours pour parler du roman Convergence de Zoraida Cordova, premier roman adulte de la Phase 2 de la Haute République et qui vient tout juste de sortir dans toutes les bonnes librairies physiques (et les autres aussi, mais préféréez les véritables boutiques, c'est mieux) !
Et à bientôt pour une prochaine ActuaLitté ! :-)
xximus a écrit:Super critique, qui redonne la foi pour lire la fin de cette trilo.