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[Point de vue] George Lucas a eu raison de ne pas écouter les fans aigris
 
[Point de Vue] Par PiccoloJr.
27/10/2015
La rubrique "Point de Vue" permet à nos staffeurs et invités de prendre position sur les grands débats concernant les films Star Wars. 

L'opinion exprimée ici n'engage en aucun cas l'ensemble du staff SWU. 

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Depuis le début de la promotion du Réveil de la Force, une petite musique revient constamment. Omniprésente dans les médias anglo-saxons, elle est parfois reprise par des journalistes et blogueurs français. À les lire, l'heure de la revanche aurait sonné. Après plus de quinze ans de mépris, les "vrais fans" de Star Wars seraient enfin entendus. Suite au départ de George Lucas en 2012, Lucasfilm et Disney auraient décidé de se fier à leurs conseils avisés. Tout ce qui rappellerait la Prélogie et les retouches numériques des premiers films serait banni. Avec la bénédiction des studios, J.J. Abrams ressusciterait "l'esprit de la trilogie originale", ranimant ainsi une licence massacrée par son créateur. L'équipe du film ne fait rien pour démentir cette thèse, et l'entretient même par divers clins d'oeil. Une telle promotion gratuite ne se refuse pas.

Bien sûr, chacun a le droit de ne pas aimer ce qu'a produit le créateur de Star Wars pendant la quinzaine d'années précédant son départ. Toutefois, quand des journalistes nous font croire que la licence avait sombré, lorsqu'ils font passer les fans les plus aigris pour des visionnaires ayant sonné l'alarme, il s'agit tout simplement d'une énorme blague. La réalité est beaucoup moins reluisante : les détracteurs n'ont pas hurlé contre l'échec de Lucas, mais contre son succès. Malgré les polémiques, le créateur de Star Wars a toujours géré son oeuvre comme il le voulait, et ses projets successifs ont toujours fait un carton. 

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Des détracteurs à la légitimité douteuse

À écouter les détracteurs et leurs relais médiatiques, Lucas aurait du faire profil bas et se laisser guider par les fans, au motif que Star Wars "leur appartient". Venant de gens qui ne cessent d'invoquer "l'esprit de la trilogie originale", cette exigence est particulièrement contradictoire.

Contrairement aux romans ou comics Star Wars destinés à un public de niche, la saga a toujours été conçue comme une oeuvre universelle. En concevant La Guerre des Etoiles, L'Empire Contre-Attaque et Le Retour du Jedi, jamais Lucas n'avait érigé comme priorité de se plier aux exigences d'un fan-club (qui existait déjà). Ni Irvin Kershner, ni Richard Marquand, ni Lawrence Kasdan n'ont tapé du poing sur la table en exigeant de consulter les fans. Tout comme Lucas, ils suivaient leurs propres intuitions et cherchaient à toucher l'imaginaire d'un large public, principalement parmi les jeunes garçons. 

Mais admettons que pour une raison obscure, les fans de Star Wars seraient les seuls à devoir fixer le cap de la licence. Seul un journaliste ignare peut croire qu'ils seraient unanimes. Quiconque a approché cette bulle sait qu'il existe d'innombrables divisions. "Trilogistes", "sagaïstes", "UEistes", "prélogistes", partisans ou détracteurs de Disney, d'Abrams, des séries animées, du nouveau canon... Tous défendent leur propre vision de la licence. Citons également la masse de fans capables d'apprécier des projets très divers, et qu'on ne peut enfermer dans aucune de ces cases.

Pourtant, dès qu'un média prétend relayer la parole des "fans", cette complexité disparaît. Seuls existent ceux qui ne jurent que par la trilogie originale, et généralement les plus aigris d'entre eux. Les nombreux fans qui n'aiment pas la prélogie mais qui tolèrent parfaitement son existence sont eux aussi écartés. Trop lisses pour faire du buzz !

De nombreux journalistes et blogueurs ont martelé cette caricature pendant des années, notamment depuis la sortie de La Menace Fantôme en 1999. Cela leur fournissait deux avantages : d'une part, flatter leur égo en se faisant les portes-paroles d'une révolte fantasmée, d'autre part, entretenir un suspense permanent autour de Star Wars, sur le thème : "George Lucas va-t-il enfin se réconcilier avec les fans ?"

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Le plus comique dans cet acharnement est que beaucoup de médias américains ont du renier leurs critiques positives (sans parler de leurs innombrables couvertures accompagnant chaque film). Il faut en effet rappeler que les Episodes I, II et III ont été globalement bien reçus à leur sortie par la presse (en France aussi). Aux Etats-Unis, ils ont même été mieux notés que L'Empire Contre-Attaque et Le Retour du Jedi à leur époque. Mais après chaque sortie, la tentation devenait trop forte : il fallait faire du buzz en relayant à nouveau les complaintes des fans aigris. Pour justifier ce retournement de veste, certains invoquent le "recul" qui aurait fait réaliser aux journalistes que les "vrais fans" avaient raison. Piètre excuse : un critique professionnel est censé se faire son propre avis sans attendre qu'on pense pour lui.

En plus de n'avoir aucune légitimité pour exiger quoi que ce soit de Lucas, les fans aigris et les médias étaient donc d'une inconstance rare. Le créateur de Star Wars avait toutes les raisons de persévérer dans sa voie, et à chaque fois, le public a répondu présent. 

Le Star Wars de Lucas : un succès massif et durable

À force de lire des journalistes et blogueurs prenant leurs rêves pour la réalité, on finirait par croire que "tout le monde déteste la prélogie". Un simple rappel des faits permet de constater l'ampleur de ce mensonge.

Aux Etats-Unis, les Episodes I, II et III pris ensemble ont battu au box-office la trilogie du Seigneur des Anneaux et les trois premiers Harry Potter, qui étaient les grosses licences concurrentes de l'époque. L'Episode I - La Menace Fantôme (1999) a vendu plus de 84 millions de places, surpassant L'Empire Contre-Attaque et Le Retour du Jedi à leur première sortie. Bien que l'Episode II - L'Attaque des Clones (2002) ait fait 30% de moins au box-office (une baisse similaire à celle qu'avait connu L'Empire Contre-Attaque), le succès est reparti de plus belle avec l'Episode III - La Revanche des Sith (2005) qui surpassa de 20% son prédécesseur.

En France, même si le phénomène Star Wars était déjà installé auparavant, c'est avec les Editions Spéciales (1997) et la Prélogie qu'il a atteint son paroxysme. Dans l'hexagone, les Episodes I, II et III ont vendu dix millions de places de plus que les films de la trilogie originale à leur première sortie.

Frustrés par le succès populaire de films qu'ils détestent, les fans aigris ont tenté une pirouette en affirmant que c'était une simple question de marketing. Les spectateurs auraient certes payé leur place, mais seraient repartis dégoûtés de leur séance. Pour prouver l'absurdité de cette thèse, il suffit de rappeler que le public est retourné en masse voir les suites de La Menace Fantôme. On peut également rappeler que les DVD (et la K7 de l'Episode I) ont battu des records de démarrage. Début 2012, alors que La Menace Fantôme pouvait être vu chez soi en qualité Blu-ray, des dizaines de millions de personnes se sont tout de même déplacées au cinéma pour la re-sortie en 3D. Etrange pour des films censés être universellement détestés !

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Cerise sur le gâteau, Lucas lança en 2008 la série animée The Clone Wars, qui reprenait le contexte et les personnages de la Prélogie (même Jar Jar Binks). La série devint un des plus grands succès de Cartoon Network, et resta le programme le plus regardé par les garçons américains de 9-14 ans jusqu'à son arrêt.

En ce qui concerne les modifications de la trilogie originale, l'hostilité d'une partie des fans eut une influence tout aussi nulle. En 2011, avant la sortie du coffret Blu-ray de la saga, un appel au boycott fut lancé à cause de l'absence des versions non modifiées. Comme d'habitude, certains médias en firent des tonnes, y voyant une possible entrave au succès du coffret. Comme d'habitude, ils se trompèrent lamentablement : ce fut un record mondial de démarrage.

Le but de cette démonstration n'est évidemment pas de balayer toute critique négative. Beaucoup de gens ont sincèrement été déçus par un ou plusieurs projets de Lucas, et l'ont exprimé sans prétention, mensonge ou volonté de nuire. J'invite simplement à regarder l'ensemble du tableau. Il est indéniable que le succès de Star Wars sous la direction de George Lucas ne s'est jamais démenti. Les fans qui annonçaient la mort de la licence depuis La Menace Fantôme (voire depuis les Editions Spéciales) se sont complètement trompés. Ce ne fut pas un coup de chance ou une mode éphémère : cela a duré de 1999 à 2014, l'année de la dernière saison de The Clone Wars

Les détracteurs de Lucas tiennent-ils vraiment leur revanche ?

"Esprit des films originels", "vrais décors", "effets spéciaux pratiques"...
 Depuis 2013, la présidente de Lucasfilm Kathleen Kennedy et l'équipe du Réveil de la Force font les yeux doux aux fans déçus par Lucas. Les médias anglo-saxons (et certains de leurs homologues français) ont-ils raison d'annoncer le triomphe de la volonté des "vrais fans" ?

Il y a de quoi en douter. Tout d'abord, malgré un discours à la limite de la critique, le Lucasfilm de Kennedy a complètement légitimé l'univers de la Prélogie et de The Clone Wars. Depuis le lancement des nouveaux projets en 2014, il n'est pas un seul roman ou comics qui ne fasse référence à l'ère prélogique. La série animée Rebels a même fait revenir Ahsoka Tano et le Capitaine Rex, deux héros emblématiques de The Clone Wars. En piochant dans l'héritage controversé de Lucas, le nouveau Lucasfilm fait clairement savoir qu'il ne partage pas l'aversion de ses détracteurs. Etrangement, les médias restent très discrets sur ce choix artistique qui contredit leur analyse, préférant garder les yeux rivés sur les X-Wings du Réveil de la Force.

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En réalité, ce n'est pas la dévotion aux fans mais le pragmatisme qui semble guider Kennedy et ses collaborateurs. La trilogie originale est leur référence : ils font donc des histoires s'en rapprochant. L'Univers Etendu gêne leur liberté de création : ils l'éliminent sans ménagement. La prélogie et The Clone Wars ne les gênent pas : ils les gardent dans le canon et y piochent ce qu'ils aiment. Les médias réclament des petites piques envers Lucas : ils leur accordent ce plaisir, et obtiennent en échange des articles louangeurs.

Avec ou sans Lucas, les fans aigris et leurs porte-paroles médiatiques ne sont donc pas près d'imposer leur volonté. La seule différence est que Kennedy et Abrams partagent certaines de leurs préoccupations et savent leur parler, quand Lucas n'en avait pas grand-chose à faire. Mais tout comme le créateur de Star Wars, Lucasfilm et Disney savent très bien que la saga ne peut perdurer qu'en touchant le grand public, et particulièrement les jeunes générations. Contrairement à ce que certains espèrent, cet objectif sera toujours prioritaire. Reste maintenant à voir combien de temps passera avant qu'un journaliste ne hurle à la rupture entre Disney-Lucasfilm et les fans. 

-PiccoloJr

Parution : 27/10/2015
Source : -
Validé par : PiccoloJr
Section : Films > La Saga