PROLOGUE
La jeune fillette se replia sur elle-même, en position fœtus, alors que l'animal lui montra ses crocs luisants dans l'obscurité. La bête était un quadrupède mesurant deux bons mètres de hauteur pour autant – voir trois – de long. La peau noire, les yeux rouges et les griffes acérées, elle se campa sur ses pattes arrières, prête à sauter à la gorge de la jeune fille.
Mais cela ne se passa pas comme ça.
Alors qu'elle prit son envol et qu'elle lança ses dents sur la fillette, une branche longue de cinq mètres traversa la broussaille et la frappa de plein fouet. Projeté à quelques mètres de là, un léger filet de sang s'écoulant de sa bouche, l'animal eut l'air sonné. Il regarda la jeune fille et voulut insister. Il secoua la tête, renifla l'air de la nuit, et banda ses muscles pour une nouvelle tentative. Sans vraiment réfléchir, il chargea. Une pierre grosse comme une tête humaine fusa dans l'air et frappa le monstre à la nuque. Dans un couinement, il s'étala à terre. Il était mort.
Après quelques minutes de silences, la jeune fillette se leva doucement. Elle avait les cheveux blonds, les yeux verts et portait une simple robe de chambre pour vêtement. Sa peau était écorchée au niveau des bras et de son visage. Son genou droit était rouge sang. Elle regarda tout autour d'elle, comme pour espérer qu'elle n'était pas vraiment là.
Partout où ses yeux se posaient, l'obscurité dessinait ses formes sur les arbres. Il n'y avait que ça. Des arbres. La nuit était bien présente maintenant et insectes et autres animaux étranges laissaient échapper quelques bruits, perçant le silence pesant.
La fillette s'étira et repéra un grand arbre après avoir balayé la scène du regard. Elle enjamba l'animal mort et se pressa de se blottir contre le tronc de l'arbre. Elle ne savait pas si elle pourrait tenir jusqu'au matin, mais espérait au moins ne pas se faire attaquer pour d'autres animaux. Trop d'êtres étaient morts pour aujourd'hui. Trop de sang.
Prise par la fatigue, elle ne put empêcher ses paupières de se refermer et sombra dans le sommeil.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, les rayons du soleil venaient à peine de percer le ciel de Balmorra. La planète commençait tout juste à se réveiller.
Soupirant à l'idée de savoir qu'elle était bien là où elle pensait, la jeune fille se leva et s'étira. Deux craquements retentirent dans son dos, témoignage de sa dure nuit. Même si elle avait combattu une bête qui voulait vraiment la tuer la veille, la fillette n'avait pas l'habitude de ce genre de balade nocturne. C'était la première fois qu'elle dormait à la belle étoile, dans une immense forêt remplie de bêtes qui voudraient la tuer. Elle se frotta les yeux avec son index et son pouce et, sans réfléchir, se remit en marche.
La forêt était vraiment grande, mais elle n'en était pas moins dense pour autant. Des arbres s'élançaient avec leurs grandes branches un peu partout et des lianes se battaient pour savoir laquelle aura prit le plus de place. À plusieurs reprises, la fillette dut se baisser pour éviter les toiles d'araignées et autres filets dégoutants. Au bout de quelques heures de marche, son ventre se mit à gargouiller. C'est à ce moment-là qu'elle se souvenu qu'elle n'avait rien avalé depuis presque une journée et une nuit. Elle devait trouver quelque chose à grignoter.
Arrivée dans une grande clairière, la fille regarda au ciel pour apprécier les rayons du soleil. L'humidité de cet endroit était vraiment étouffante. Elle coulait sur la peau et aux vêtements. La fillette remarqua que les arbres étaient un peu plus espacés à un endroit, comme s'ils étaient une porte. Ne sachant pas par où aller, elle décida de s'engouffrer là.
Dans cette partie-ci de la forêt, le soleil ne perçait pratiquement pas à travers les arbres tellement il y avait de feuilles. Une sinistre émotion pénétra le corps de la fillette, et elle ne se sentit pas rassuré du tout. Comme si elle n'était pas la bienvenue ici. La Force – ou du moins c'est ce qu'elle pensait avoir – lui lança un message dans son esprit. Elle essayait de lui dire quelque chose. Mais la fillette ne sut quoi faire et décida donc de suivre le sentier.
Le reste de la journée, elle le passa à éviter le plus possible de s'écarter du chemin tout tracé à même le sol. Elle espérait qu'il ne la mènerait pas à tourner en rond... En plein après-midi, elle fut attaquée par un groupe d'insectes mesurant quelques centimètres. Elle avait eut l'audace d'attaquer une de leur ruche pour récolter un peu de nourriture, en vain. Après avoir essuyé cette attaque, la fillette ne remarqua pas que le terrain descendait subitement en une pente abrupte, et elle la dévala sur quelques vingtaines de mètres avant de se ressaisir. Pour finir, le sol étant recouvert de fines pierres, elle glissa et tomba à plusieurs reprises sur les cailloux, s'écorchant çà et là sur son corps de jeune fille. Et elle avait faim, très faim. Elle sentait ses forces la quitter en fin d'après-midi.
Soudain, alors qu'elle marchait péniblement vers l'endroit où les arbres étaient espacés comme lorsqu'elle avait entreprit de prendre le sentier, la fillette fut happée par une énorme patte qui la projeta à deux mètres de là. Elle se cogna la tête contre le sol. Lorsqu'elle se releva, sa vision était trouble et ses muscles étaient vraiment fatigués. Mais elle peut observer son agresseur. Ou plutôt
ses agresseurs. Deux bêtes semblables à celle affrontée la veille étaient postées devant elle, crocs et griffes sorties. Mais elle paraissait un peu moins grandes, comme si elles n'étaient encore que des adolescentes. Elle n'en demeurait pas moins très effrayantes, surtout comparées à la jeune fille qui manquait de force. Après quelques grognements, les deux animaux passèrent à l'attaque. Ils attaquèrent en même temps : les deux chargèrent droit sur la fille, les yeux rouges comme des rubis. La fillette se recroquevilla sur elle-même, complètement paniquée. Elle pensa simplement qu'elle aurait aimé de tout cœur que les deux animaux soient projetés contre un arbre. Et cela se produisit. Elle ne sut comment, mais une espèce d'énergie émana de son corps et repoussa les deux bêtes contre un arbre, à quelques cinq ou six mètres de là. L'une d'entre elle se brisa la nuque sur le coup, raide morte elle tomba au sol. L'autre, visiblement plus tenace, se releva en titubant et en secouant la tête, puis chargea de nouveau. La fillette aurait bien aimé réitéré l'exploit, mais elle ne savait comment faire. Elle repensa de toutes ses forces à la même chose, mais rien ne se passa. Elle se crut fichue.
Puis d'un seul coup, un éclair bleuté sembla traverser l'air derrière la bête. Celle-ci fut visiblement frappée par l'enchevêtrement d'énergie et s'écroula sur le sol, presque morte. Lorsque l'individu qui avait provoqué cela s'approcha de l'animal, une lame rouge typique d'un sabre laser traversa la tête du quadrupède, ce qui eut pour effet de le tuer sur le coup, achevé.
Le visage de cette personne apparut enfin à la fille après beaucoup d'effort pour vaincre sa vue troublée : c'était un homme aux yeux jaunes brûlant, comme des pierres précieuses. Il était habillé d'une longue tunique noire et portait un pantalon en soie de la même couleur ainsi que deux bottes marrons. Une fine armure sombre était disposée sur son torse et quelques éléments importants du corps – avant-bras, tibias, cuisses – sans pour autant que cela soit laid ou lourd. L'homme semblait agile et plein de vélocité. Une longue cape noire était dans son dos, tombante sur le sol avec grâce.
Le sabre laser s'éteignit et la poignée se rangea à la ceinture de l'homme sans qu'il ne la touche. Ne pouvant plus tenir, la jeune fille tomba dans l'herbe, trop fatiguée. L'homme qui l'avait sauvé se rapprocha d'elle et saisit un comlink dissimulé sous sa tunique.
— Je l'ai trouvé, dit-il. La fillette est en vie.
Lorsque la fillette ouvrit les yeux, elle se trouvait dans une salle d'environ six mètres carrés dans laquelle deux lits simples étaient disposés. L'un – celui sur lequel elle était couchée – était installé non loin de la porte, juste à côté du mur, et l'autre au même niveau, contre l'autre mur. De couleur grisâtre, ceux-ci affichaient une pointe de sobriété dans l'environnement ambiant. Mis à part ça, il n'y avait rien d'autre dans la pièce, à part la porte.
La fille se frotta les yeux et cligna avant de doucement se relever. Sa tenue avait été changée. Elle portait un tee-shirt manches longues noires avec un jogging de même couleur. Les vêtements amples et propres, elle devait avouer qu'elle se sentait à son aise. Elle posa ses pieds au sol – pieds qui étaient dans deux bottes noires – et scruta la salle. Après s'être aperçue qu'il n'y avait rien d'autre que quatre murs, une porte et deux lits, elle se leva et repensa à ce qu'elle avait vécue dans la forêt. Les souvenirs étaient troubles, mais pas totalement incompréhensibles. Le visage de l'homme lui apparu dans sa tête et elle repensa à ces éclairs qui avaient fusé pour venir s'abattre sur l'animal. Était-ce lui qui avait fait cela ? Une chose était sûre : c'est bien lui qui l'avait sauvé.
Alors qu'elle se remettait de son expérience passée, la porte s'ouvrit et deux soldats en armure apparurent. Ils portaient les armures noires typiques de l'Empire avec l'insigne impérial blancs sur leurs épaules. Tout deux étaient armés de fusils, très probablement chargés et prêts à faire feu. La fillette tenta de les dévisager mais elle ne put rien voir. Les visières sombres dissimulaient leur visage. L'un deux – celui sur sa droite – pointa son arme sur elle, doigt sur la gâchette.
— Vient avec nous, et sans discuter, dit-il d'un ton neutre.
La fillette ne chercha pas à réclamer quoi que ce soit et avança vers eux.
La salle donnait sur un long couloir d'une dizaine de mètres. Plusieurs autres portes pareilles à celle qu'elle venait de franchir étaient des deux côtés, et s'étendaient jusqu'à deux turbo-ascenseurs, aux deux extrémités du couloir. Elle pensa qu'elle devait être dans une cellule ou quelque chose comme ça. Le crime qu'elle avait commit était-il si terrible que même l'Empire la recherchait ? Ça, elle en doutait. Il devait y avoir autre chose.
Les deux soldats l'escortèrent jusqu'à l'un des deux ascenseurs. Deux autres soldats montaient la garde et laissèrent passer leurs frères d'armes impériaux. Les portes se refermèrent et le turbo-ascenseur commença sa montée – du moins c'est ce qu'elle pensait. À côté des deux soldats, la fillette paraissait toute fragile et insignifiante. Les deux portaient une épaisse armure de l'Empire et étaient assez grands. Alors qu'elle, elle n'avait rien pour se protéger.
Lorsque la porte s'ouvrit enfin, l'atmosphère un peu agité de la salle pénétra les oreilles de la jeune fille. Des hommes dispersés ici et là discutaient sur diverses stratégies et autres plans d'attaque. Tous portaient l'uniforme impérial vert de l'Empire. Des écrans disposaient contre les murs affichaient des données tactiques sur Balmorra, histoire d'affronter au mieux la résistance insignifiante de la République et des balmoréens. En face d'elle, la fille constata qu'une autre porte fermée donnait sur la salle – celle de l'autre turbo-ascenseur – et une autre, bien plus grande, était à sa gauche. Le paysage de la planète se dessina devant ses yeux puisque la porte était vitrée. L'endroit où elle se trouvait était non loin de la forêt qu'elle avait traversée deux jours plus tôt. Il faisait jour, probablement le matin.
À sa droite, un grand comptoir avec deux officiers et quelques soldats s'occupaient de la paperasse, les yeux fixant parfois les écrans devant eux, avant de reprendre leurs tâches. L'immense comptoir s'étendait sur pratiquement toute la longueur du mur, soit environ cinq ou six mètres. Des deux côtés, deux portes étaient disposés. Elles étaient assez larges – peut-être un mètre cinquante – et deux soldats gardaient chacune d'elle. Il semblait plus tenus et plus droits que les autres.
Les deux soldats qui emmenaient la fille l'entraînèrent jusqu'au comptoir. Le soldat à sa gauche donna un petit coup de pied contre la paroi pour attirer l'attention de l'officier, juste en face de lui.
— Le Seigneur Sekat veut la voir. C'est elle-même qui l'a demandé.
Au début, l'officier ne semblait pas prêter attention aux paroles du soldat. Mais en fait, il regardait sur son écran. Il le scruta quelques secondes sans rien dire puis une porte à côté du comptoir s'ouvrit.
— Vous avez confirmation, répondit simplement l'officier.
Puis il retourna à sa tâche, comme si le soldat n'avait jamais été là. Il ne l'avait même pas regardé.
La fillette fut conduite jusqu'à l'ascenseur mais les deux soldats ne l'accompagnèrent pas plus loin. En un léger soupir, la jeune fille vue les portes se refermer devant elle et le turbo-ascenseur grimpa.
Une étrange sensation lui envahit tout le corps.
Lorsque la porte s'ouvrit, la jeune fille n'en croyait pas ses yeux. Deux soldats menaient la garde mais devant elle, à environ quinze mètres, deux lames rouges s'entrechoquaient avec rage. Des gerbes d'étincelles fusaient dans l'air.
La fille s'approcha davantage et reconnut l'homme qui l'avait sauvé. Il se battait avec force face à une dame – la quarantaine – mais semblait tout de même à avoir du mal à lutter. Lui ne se battait que d'un sabre simple alors que son adversaire utilisait un sabre-laser à double lame cramoisie. Équipée de cette arme, la femme dégageait vélocité et agressivité. Elle semblait jouer avec l'homme, pourtant plus jeune que lui.
La fille observa alors les lieux. Elle se trouvait dans une grande salle où, au centre, le combat aux sabres-laser faisait rage. Plus loin, tout au fond, une immense baie-vitrée donnait sur la forêt que la fille avait traversé, avec à quelques mètres, un siège, comme si la personne qui s'asseyait là ne faisait qu'admirer la vue à longueur de journée. Elle semblait s'étendre à des centaines de kilomètres.
À sa gauche et sa droite, des écrans étaient alignés contre les murs, avec pour chacun, un officier impérial qui le scrutait avec attention. Ils ne semblaient pas distraits le moins du monde par le combat entre les deux...
Des Sith ? pensa la jeune fille.
Alors qu'elle observait les lieux, la lame de l'homme lui échappa des mains, et il fut projeté six mètres en arrière, encore loin pourtant de la fille. Il essaya de se relever, mais la femme lui fit non de la tête. Pourtant, le Sith se mit sur ses deux pieds, titubants très légèrement. Il tendit alors sa main droite vers l'autre Sith, et les mêmes éclairs bleus que ceux dans la forêt sortirent de ses doigts. Tels des serpents, ils chargèrent la Sith en ondulant dans l'air. Mais elle bloqua avec facilité et commença à avancer vers son adversaire. Une fois à quelques mètres de lui, celui-ci stoppa son geste et chargea la femme en courant. À une cinquantaine de centimètres de celle-ci, il sauta en saut périlleux arrière et dans la volée, saisit son sabre-laser grâce à la Force, pour finalement atterrir juste derrière la Sith. La lame rouge se déploya de nouveau, horizontalement, pour décapiter la femme. Mais celle-ci se baissa juste à temps et riposta par un coup de pied sauté en plein dans la poitrine du Sith. L'homme se reçut quelques mètres plus loin avec dureté. La Sith envoya à son tour des éclairs, mais l'homme ne put les parer. Sa lame quitta sa main au contact de la foudre et celle-ci le percuta de plein fouet. Il fut soulevé et de nouveau envoyer au sol. L'action ne dura qu'une vingtaine de secondes, tout au plus. Elle était d'une telle intensité que la petite fille en avait retenue son souffle jusqu'à ce que l'homme tombe finalement à terre.
Celui-ci se releva avec difficulté et son sabre retourna dans sa main. La femme appuya sur un bouton de son arme et les deux lames laser retournèrent dans la poignée. Le combat était fini.
— Fin de l'entraînement. Persévère et tu pourras peut-être espérer me rendre essoufflée, dit-elle avec froideur.
Maintenant que le combat était terminé, le visage de la femme était enfin visible. Elle était brune, cheveux mi-longs, et deux yeux jaune ardents composaient son regard. Elle avait une attitude hautaine et en même temps cruelle. Elle ne portait pas d'armure, simplement une tunique rouge sang avec un pantalon moulant de couleur noire. Deux bottes noires lui montaient jusqu'aux genoux et se perdaient avec le reste de ses jambes. Le sabre-laser se rangea de lui-même à la ceinture de la dame.
Le Sith s'inclina et rangea lui aussi son sabre, qui se dissimula dans les pans de sa tunique noire – la même que lorsqu'il avait sauvé la fille dans la forêt.
— Ma cape, ordonna la Sith , comme si elle n'avait pas remarqué la petite.
Un officier qui était resté en retrait, dissimulé dans l'ombre du combat, apporta une longue cape noire. Il s'inclina une fois à la même hauteur que sa Maîtresse. La Sith lui prit sans douceur des mains et l'enfila en l'enroulant autour de son corps. Une fine chaîne d'argent servait à tenir ladite cape. Elle était maintenant mise autour du cou de la femme et la cape traînait légèrement sur le sol.
La petite espérait que personne ne l'avait vu, mais elle remarqua qu'elle s'était trop avancée pour admirer les échanges mortels entre les deux Sith. Elle rebroussa soudain chemin, mais la voie de la femme résonna dans toute la salle jusqu'à ses oreilles. Elle savait que ça lui était destinée.
— Toi.
La fille se retourna et son regard croisa celui de la femme. Cela la terrifia.
— Vient ici. J'ai à te parler, déclara la Sith.
La jeune fille se dirigea vers elle avec lenteur, comme pour repousser ce moment inévitable. Une fois arrivée à quelques mètres de la femme, elle s'arrêta. Elle sentait cette chose qu'elle aussi avait en elle, circuler partout dans la pièce. Une aura de puissance émergeait de la femme et de l'homme. Mais celle de la Sith était bien plus grande. Écrasante presque.
— Vient donc. Je ne te ferais pas de mal.
Mais la petite fille avait trop peur, elle était tétanisée. Elle repensa aux monstres qu'elle avait affrontés dans la forêt et constata que cela avait été une partie de plaisir. Là, elle sentait quelque chose. Quelque chose de grand et de puissant qui émanait de son interlocutrice.
— Vas-tu te dépêcher de répondre ! Insolente !
L'homme s'approcha de la jeune fille en dégainant son sabre à la vitesse de l'éclair. La lame rouge fusa dans l'air et semblait prête à s'abattre sur la fille.
— Silence ! gronda la Sith tout en mettant une main sur le torse de l'homme, pour le retenir. Je ne t'ai pas autorisé.
Le Sith toisa la fille du regard.
— Range ce sabre ! tonna la voie de la Sith.
L'homme s'exécuta et la sabre retourna aussi rapidement qu'il était arrivé à la ceinture de Sith. La femme reporta son regard sur celui de la petite fille blonde. Un léger sourire étrangement doux se dessina sur les lèvres de la Sith. Elle s'avança, mais la fille recula, trop apeurée.
— Je ne veux pas te faire de mal. Dis-moi simplement ton nom, petite.
La jeune fille regarda le double sabre-laser rangé qui pendait à la ceinture de la femme. Il semblait lui ordonner de répondre, prêt à la décapiter à n'importe quel moment.
Puis elle croisa de nouveau les yeux de la femme. Ils avaient l'air moins... Agités. Et le sourire qu'elle assurait ne semblait pas mauvais, mais juste réconfortant.
— Le... Lelga. Je m'appelle Lelga. Ne me faites pas de mal, pitié.
La Sith parue satisfaite et pouffa de rire dès que la petite eut terminé de répondre.
— Ha ! Rassure-toi, tu ne mourras pas ce soir, Lelga. Pas ce soir.
Lelga se montra déconcentrée. Mais que lui voulait l'Empire dans ce cas ?
— Mais pourquoi m'avoir capturé alors ? Je ne suis qu'une petite fille.
— Après t'avoir
sauvé, rectifia l'homme derrière la Sith. Ce fut un plaisir.
La femme fit taire la remarque d'un geste de la main. Elle s'avança de nouveau vers la petite qui cette fois, ne recula pas. La Sith devait faire au moins un mètre quatre-vingt, si ce n'est plus. Elle dominait Lelga d'au moins cinq têtes.
— Je me nomme Dark Sekat. C'est moi qui suis chargée de vaincre la République sur Balmorra, ainsi que cette pitoyable résistance que ton peuple nous offres. J'ai à te parler, Lelga.
Sekat tourna autour de la petite fille et s'arrêta derrière elle.
— Que âge as-tu, dis-moi ?
Lelga se tourna vivement vers la Sith. Elle fronça les sourcils.
— Douze ans. Que me voulez-vous à la fin ?
Sekat lui adressa un sourire moqueur et compléta le cercle autour de Lelga. Elle se retrouva finalement à la même place qu'avant. Elle croisa les doigts et ses index se rejoignirent, ainsi que ses pouces. Elle pointa la fille de ses doigts.
— Toi, rien de plus.
Elle croisa les bras.
— Tu es importante, Lelga. Assez pour que la Force coule en toit à un point que tu puisses la maîtriser. Je suis au courant pour Boke Hatille. Pourquoi as-tu décidé de le tuer ?
Le souvenir de son camarade, enfin
ancien, remonta jusqu'au cerveau de Lelga.
Deux jours auparavant, elle l'avait tué sans le vouloir. Il l'avait accusé d'avoir frappé un professeur alors que ça n'était pas vrai. Elle avait pensé très fort au cou du petit garçon qui se tordait. Il l'imaginait, gisant sur le sol, dans une marre de sang. Et quand elle avait ouvert les yeux, la réalité l'avait rattrapé. Boke gisait vraiment sur le sol. Elle l'avait tué.
—Je.... Ce n'était pas voulu ! Je ne l'ai pas fait exprès ! hurla la petite. J'y ai juste...
— Pensé ? la coupa Sekat. N'ait-ce pas suffisant ? Bien-sûr que si, c'était voulu. Tu lui as simplement infligé la mort, rien de bien surprenant.
Sekat tourna le dos à Lelga et se dirigea vers le fauteuil situé en face de la baie-vitrée. Elle marchait avec lenteur, mais d'un pas certain.
— Je ne...
— Ne te cherche pas d'excuse, jeune fille. Voilà ce qui s'est passé : tu possèdes le rare don de contrôler la Force, et tu l'as utilisé. Ton camarade est mort, point.
Lelga vacilla sur place. Elle se prit la tête dans les mains.
— Je suis tellement désolé, murmura-t-elle.
— Pourquoi ? demanda la Sith qui marchait toujours en direction du siège.
La réponse étonna Lelga. Elle se demanda comment elle avait pu entendre sa réponse.
Sith, pensa-t-elle.
— Parce que tuer est horrible ! C'est monstrueux ! J'ai tué quelqu'un.
— Moi aussi, j'ai tué. Cela n'a fait que me rendre plus forte, répondit Sekat. Tu le comprendras, ne t'en fais pas.
La Sith finit par atteindre son fauteuil. Elle contempla la forêt avant de s'asseoir, et le siège se tourna vers la fille, dos à la baie-vitrée. Sekat semblait avoir l'air de contrôler la galaxie, vue comme ça.
— Mais, dis-moi, que faisais-tu dans cette forêt ? Ce n'est pas un endroit pour les jeunes filles. Même celles qui maîtrisent très légèrement la Force.
Lelga ferma nerveusement les yeux, comme pour essayer de chasser les mauvais souvenirs.
— Je, euh... Je me suis enfuie. J'avais peur.
Sekat lui répondit avec un sourire sadique.
— Mensonge.
— Comment le savez-vous ?
— Je suis Seigneur Sith. Personne ne peut me mentir, et encore moins une fillette, expliqua-t-elle. Que s'est-il passé ?
Lelga dévisagea le Sith qui se trouvait maintenant à côté d'elle. Il avait l'air d'apprécier l'interrogatoire.
Elle s'avança vers la Sith à grands pas.
— Mes parents... Ils... Ils m'ont abandonné. Enfin je crois. Ils ont dit que... Que j'étais un monstre... réussit à articuler la petite. Ils ont eu peur de moi.
Sa voix s'est brisée lorsqu'elle arriva devant Sekat. Celle-ci afficha un nouveau sourire.
— Et ils ont raison. Oui, tu as tué. Mais tu n'es pas un monstre, simplement une fillette qui ne sait comment utiliser sa force.
Lelga éclata en sanglots, ce qui arracha une expression ravie à Sekat. La Sith semblait vraiment ravie.
Après quelques minutes, Lelga se redressa et regarda la Sith droit dans les yeux.
— Qu'allez-vous faire de moi ? Me tuer ?
— Allons, l'Empire ne fait pas de gaspillage. Tu possèdes la Force. Et nous, nous avons le moyen de t'amener à mieux la maîtriser. Nous avons le moyen de faire de toi un véritable monstre. Nous te rendrons puissante, Lelga.
— Qu... Quoi ?
— Une navette t'attends, juste devant ce poste de commandement. Elle te mènera vers Korriban. J'ai déjà prévenue le directeur de l'Académie Sith. Tu pars dans une demi-heure.
La vie de Lelga repassa devant ses yeux. Ses quelques amis, sa famille, Balmorra. Tout ce qu'elle savait venait de cette planète. Et là, on lui annonce qu'elle part pour rejoindre les rangs de l'Empire. C'était impossible.
— Je ne... Je ne peux pas ! Je ne veux pas ! Comment pouvez-vous me faire ça ?!
— Je ne suis pas un monstre, Lelga. Je suis Seigneur Sith. Je t'impose ma volonté. Tes parents ne t'aimes pas, ils t'ont abandonné, rétorqua-t-elle d'un ton glacial. Tu as tué quelqu'un à l'école, un garçon innocent.
Plus la Sith parlait, et plus les souvenirs remontaient à la surface.
— Personne ne veut de toi ici. Balmorra t'a vue naître. Elle désire maintenant que tu partes, sur le champ.
Lelga secoua la tête.
— Non.
Non.
— Ça suffit ! cria la Sith.
Elle envoya Lelga voltiger sur deux mètres. Celle-ci se reçut durement sur le durabéton froid de la salle.
— Apprenti ! Débarrasse-moi de cette pleurnicharde ! Qu'elle quitte cette planète immédiatement.
Sur ces mots, le Sith se rua sur la petite fille et la mit sur pied avec rudesse. Bien qu'elle résistait, il n'eut aucun mal à la faire sortir de la pièce.
Dark Sekat se tourna vers la baie-vitrée. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
La vue était magnifique.
Lorsqu'elle sortit de la salle, Lelga comprit qu'il était inutile de se débattre. Elle se laissa donc transporter jusqu'à la navette.
Après avoir traversé le hall qui menait au « bureau » de Dark Sekat, la jeune fille fut placée sous la surveillance de deux soldats impériaux. Impossible de savoir s'ils étaient les mêmes que tout à l'heure. Ils se ressemblaient tous. Ils l'escortèrent jusqu'à la grande porte vitrée qu'elle avait aperçue en arrivant. La porte s'ouvrit et le turbo-ascenseur, lui aussi vitré, les emmenèrent jusqu'en bas. La descente dura assez de temps pour faire comprendre à Lelga que le poste de commandement impérial était vraiment haut. Elle n'imaginait même pas à quelle hauteur se trouvait la salle du Seigneur Sith.
Enfin, lorsqu'elle traversa les portes, elle se trouva à l'air libre. Elle constata qu'elle se trouvait dans une enceinte sécurisée. Des soldats s'entraînaient çà et là à divers stands de tirs, tandis que d'autre réparaient leurs armures.
Lelga parvint à se retourner et elle observa derrière elle. Une immense tour s'élevait à une centaine de mètres au-dessus de sa tête. Sekat étant Seigneur Sith, Lelga se demanda si elle se situait tout en haut.
Évidemment, pensa-telle.
Quand elle reposa sa vue devant elle, elle aperçue une navette impériale, rampe déployée, qui était gardée par deux soldats. Les moteurs étaient déjà allumés.
Lelga traîna le pied mais un des deux soldats la poussa, lui signifiant qu'il valait mieux éviter. Elle se laissa donc aller et marcha vers le vaisseau. Avant de monter, elle regarda une dernière fois le ciel de Balmorra, apprécia les rayons du soleil, les cris des oiseaux, puis entra. La rampe se referma après que les deux soldats qui l'a gardé eut pénétrés à leur tour dans la navette. L'appareil gronda, et Lelga sentit qu'elle s'envolait déjà. Elle fut assise sur une des banquettes.
Un projecteur HoloNet était allumé. Les informations parlaient de la nouvelle planète tout juste prise par l'Empire : Coruscant.
« ... en effet, c'est aujourd'hui même que la capitale galactique a été attaquée par l'Empire Sith, alors que les délégations de la République et de l'Empire négocies en ce moment même sur Alderaan ! L'attaque fut absolument... »
Lelga détourna son attention du projecteur et observa les deux soldats. Ils étaient assis sur la baquette, face à elle, et semblait ravis des dernières informations.
L'Empire venait d'organiser le Sac de Coruscant.