Sergorn a écrit:Star Wars a toujours privilégié l'émotion au reste.
L'émotion qui se dégage du premier film plus particulièrement est un
"dommage collatéral" qui s'est révélé être un + extrêmement bénéfique pour la popularité générale de l’œuvre. Je ne crois pas que Lucas ai véritablement songé à faire un film "nostalgique", bien que la rétroactivité conceptuelle du film laisse entendre qu'il existait auparavant une société civilisée qui a produit de grandes (et terribles) choses. D'où la sensation d'avoir sous les yeux un univers familier, mais "ailleurs, très loin et il y a bien longtemps". L'univers de
SW, c'est peut-être l'avenir de notre Galaxie, et peut-être pas.
Dire que l'univers de
SW doit jouer systématiquement sur l'argument de l'émotion purificatrice, c'est oublier un peu rapidement le travail titanesque d'écriture, de mise en scène et d'orchestration qui a permis de déboucher au final sur des plans d'une simplicité et d'un naturel désarmant. La nostalgie qui découle des images n'est pas l’œuvre du saint esprit, elle est le fruit d'une collaboration qui a eu la chance de produire des fruits miraculeux à une époque où l'on était en train d'inventer littéralement le cinéma populaire actuel. Mais ça ne marche pas à tous les coups : en 2015, Jurassic World joue à fond la carte de la nostalgie, et mis à part quelques notes de Johnny au début du film et à l'ouverture du parc, le reste est plombé par un discours promo un peu grossier et loin de ramener en arrière le trentenaire que je suis. Le problème de ce film ? L'absence d'identité, de scénario intelligent et des personnages mal écrits voire carrément inutiles.
Parfois, la nostalgie fonctionne, parfois non. Or, c'est bien là le problème : WD ne pourra pas nous vendre systématiquement la carotte du "Lonesome cowboy s'éloignant dans le soleil couchant" à chaque nouveau film, parce que au bout d'un moment le public réalisera l'arnaque conceptuelle et intellectuelle et finira par comparer les nouveaux films avec les anciens, qui étaient là avant par définition. J'insiste davantage sur le fait que, sans John Williams qui devra bientôt passer la main, la saga est vouée à l'extinction pure et simple. Il n'y a strictement personne dans le milieu de la BO, à l'heure actuelle, qui soit capable de composer un véritable opéra en plusieurs actes comme lui sait le faire. Mis à part quelques compositeurs comme Alan Silvestri sur Retour vers le Futur et Howard Shore sur Le Seigneur des Anneaux, qui est en mesure de tenir la distance ? Personne.
L'erreur de cet EpvII est de vouloir reproduire une formule magique bien de son temps, qui a fonctionné un peu par hasard grâce à un travail acharné pour livrer au public la vision d'un seul homme face à la pression des studios. Y a-t-il quoique ce soit dans cette définition qui ressemble un tant soit peu à ce qui nous attend pour le mois de décembre ? Je ne crois pas. Et c'est bien ce qui m'inquiète.