Bonjour à toutes et à tous. La rédaction de mon mémoire de fin d'études me prend pas mal de temps (et c'est un euphémisme) donc cela fait un bail que je ne suis pas revenu en ces lieux. Mais je continu tout de même la correction/l'écriture de ma fanfic. Donc voici le chapitre 9. Comme d'habitude, tout vos feedbacks sont les bienvenus
Valem se réveilla en sursaut. Il venait de voir Alancia en rêve. Il n’avait à aucun moment vu son visage, mais il savait que c’était elle, il l’avait ressenti au plus profond de lui même. Celle-ci parlait sans qu’il puisse comprendre ce qu’elle disait, et avait l’air excédée. Elle criait et des larmes coulaient sur ses joues pendant qu’une ombre émergeait de nulle part pour finalement l’entourer jusqu’à la faire totalement disparaitre. Puis, deux yeux étaient sortis de cette masse noire surnaturelle et avaient fixé le Padawan, provoquant en lui une angoisse telle qu’il s’en était réveillé. Valem se sentait très mal à l’aise, le tout accompagné d’un léger mal de tête, et se demanda un long moment si ce rêve pouvait être plus que cela, une sorte de souvenir ou même une vision liée à la Force. Mais plus il essayait de se souvenir des détails du rêve, plus ce dernier lui échappait, et plus sa tête le lançait.
Sachant qu’il n’arriverait plus à se rendormir, il se leva. La petite chambre d’hôpital dans lequel il se trouvait était située en haut d’une tour de la bordure de la cité et donnait de fait sur la strate supérieure des nuages de la géante gazeuse. Il observa longtemps le petit matin se propager lentement dans les épais moutons d’eau et de gaz, leur faisant prendre des teintes allant de l’ocre au jaune pâle, et se rendit compte qu’il n’avait plus mal, ne sentant plus qu’une légère gêne quand il bougeait. Il était arrivé à l’hôpital dans un état tel qu’il avait dû passer quatre journées entières en cuve de bacta. La majeure partie de ses blessures étaient maintenant guéries, et seul son tympan demandait encore un peu de soins. Mais les médecins lui avaient assuré qu’il retrouverait une audition parfaite d’ici moins d’une semaine, et en attendant ils lui avaient donné une petite prothèse auditive qui passait inaperçue et qui palliait parfaitement le problème. En passant la main sur sa cuisse, Valem sentit le tissu du patch de bacta que l’on lui avait mis. Il le retira et constata avec joie que sa blessure ne laisserait qu’une petite trace brillante, seule témoin de l’imposante vis s’y étant enfoncée. Ses deux côtes fracturées s’étaient entièrement recalcifiées et son épaule ainsi que son genou étaient déjà remis.
Toujours aussi efficace le bacta.Pendant son traitement, les membres de la milice de Bespin avaient suivit la demande de Valem en contactant l’académie Jedi, qui avait pu leur confirmer qu’il était bien un Jedi. Le fait d’avoir Luke Skywalker comme interlocuteur avait apparemment provoqué son petit effet et le Capitaine tête-de-serpe - comme Valem aimait l’appeler - s’était montré beaucoup moins intransigeant et cassant que lors de son entrée fracassante dans le hangar. Toujours est-il que le grand Maître de L’Ordre Jedi avait promis son entière coopération en échange de la libération provisoire de Valem. La police s’était montrée réticente, mais comme les preuves recueillies allaient dans le sens de l’alibi du Jedi, elle ne s’y était pas opposée. Valem était donc libre, mais pouvait être appelé à revenir sur Bespin pour témoigner ou comparaitre selon l’évolution de l’enquête.
Lorsqu’il était sorti de la cuve de Bacta, une journée auparavant, la première chose qu’avait demandée Valem fut de parler au Maître Jedi. Et, ayant sûrement devancé sa demande, il l’avait trouvé en train de l’attendre sur l’écran de l’intercom longue distance de l’hôpital. Même séparée de milliers d’années lumières et couverte par le grésillement de l'intercom, la voix du maître Skywalker laissait transparaitre qu’il était perturbé. Sa stature impeccablement droite, les mains croisées dans son dos, ne pouvaient cacher totalement son malaise et ses questionnements. Valem lui avait alors tout raconté, depuis le moment où il avait dû couper sa transmission avec lui jusqu'au dénouement du combat, à l’exception notable d’un détail : il n’avait rapporté le fait que la Twi’lek avait qualifié Alancia de « Favorite du Maître Zaar ». Cela perturbait déjà assez le Padawan, et même si le dire à Luke Skywalker et avoir ainsi un point de vue extérieur aurait été la meilleure chose à faire, Valem ne l’avait pas fait. Ou plus exactement, il s’était refusé à le faire. Cela impliquait trop de choses. Trop de conclusions. Trop de mauvaises conclusions.
Non. Peut-importe ce que cette Twi’Lek a dit. Elle a cherché à m’embrouiller, à me déstabiliser. Son aura, son sabre… C’était une Sith. Et les Sith ne font que mentir. Ils ne font que…Valem fut sorti de sa réflexion par la voix de Luke Skywalker.
- Tout cela est vraiment très inquiétant, avait répondu le Maître Jedi. Trop même. D'après ce que Toomba Dorno t’avait dit, je soupçonnais l'existence d'un individu connaissant la Force et s'en servant à des fins personnelles, mais maintenant l'éclairage sur cette affaire est tout autre. Tu viens d'affronter un utilisateur de la Force ressemblant à s’y méprendre à un Sith, et la personne qui l'a tué du haut du toit devait lui être liée d’une manière ou d’une autre.
Skywalker s’était arrêté un moment de parler et Valem avait très facilement visualisé les sombres pensées qui devaient tourner dans la tête du Maître Jedi, car lui aussi en était empli. L’annonce de l’apparition de ce qui pouvait peut-être s’apparenter à un culte Sith, un maître et un ou plusieurs apprentis, était vraiment la dernière des choses que Maître Skywalker devait vouloir entendre.
- Cela est bien plus grave que ce que je n’aurais cru. J’ai besoin de temps pour méditer et questionner la Force, lancer des recherches dans nos bases de données pour savoir ce qu’est « Tmildoran », et aussi pour prévenir l’Ordre entier de ce qui se passe. Le tireur doit être loin à présent, rien ne sert de partir à sa recherche dans ton état. Rentre à l’académie dès que tu seras complètement rétabli et nous verrons les mesures à prendre.
- Bien, Maître Skywalker.
Le Padawan avait mis fin à la conversation, et avait suivi les recommandations des médecins en prenant une journée supplémentaire pour se reposer et laisser à son corps le temps de reprendre ses marques.
Maintenant complètement réveillé, il s’habilla rapidement et s’en alla de l’hôpital en remerciant courtoisement le personnel de garde qu’il rencontra à cette heure plus que matinale. Il prit la direction de son vaisseau en ayant la ferme intention de repartir au plus vite pour l’académie, mais il s’arrêta à mi-chemin : il avait la sensation d’oublier quelque chose. Il ferma les yeux et laissa la Force pénétrer en lui. Il arrêta momentanément de penser et s’en remit totalement à elle pour guider ses pas. Il prit plusieurs petites rues, quelques passerelles et même un turbo-ascenseur avant d’arriver à destination, dix minutes plus tard, et de rouvrir les yeux. Il était devant un hangar qu’il n’avait jamais vu auparavant. Se repérant grâce à un petit datapad qu’il sortit de sa poche, il se rendit compte qu’il s’était enfoncé assez profondément dans les niveaux de la cité, quittant les quartiers touristiques et résidentiels où il avait combattu la Twi’lek pour arriver à la sinistrement connue Port Town.
Intrigué, il décida d’y entrer. La porte était verrouillée, et Valem, sachant pertinemment que le crackage informatique n’était pas son fort, renonça et chercha un autre moyen. Il ne tarda pas à trouver une imposante pile de caisse adossées au mur du hangar et la gravit prestement en trois sauts aidé de la Force. Arrivé en haut de l’édifice, il inspecta des yeux la piste d’atterrissage qui était devant lui et ne remarqua rien d’intéressant. Du regard tout du moins.
Un sentiment obscur… De la haine ? De la colère. Non, c’est plus subtil que cela. C’est un profond dédain accompagné d’une joie sourde, presque tranchante…Valem frissonna en sentant cette vague de sentiments complexes dans la Force. Quelqu’un ici avait été vraiment content à propos de quelque chose d’horrible, il le savait. Mais des sentiments similaires à ceux-là pouvaient se rencontrer dans tous les recoins de la galaxie, et ils ne constituaient pas une preuve. Ni même un indice.
Valem souffla d’exaspération en se disant que la Force était parfois bien difficile à comprendre. En désespoir de cause, il nota le numéro du hangar dans son datapad, 88-02A, en se disant qu’il vérifierait qui était son propriétaire, au cas où. Il repartit ensuite en direction de son aile A, en espérant vivement que les recherches de maître Skywalker soient plus fructueuses que les siennes.
* * *
Quand il avait écouté le message, Peter Rorec avait d’abord cru reconnaitre la voix de Toomba. Mais quand son petit frère, Reym, s’était annoncé et avait dit que cela
concernait son grand frère, Peter avait de suite su que quelque-chose de grave s’était passé. Cela faisait plus deux ans qu’il n’avait pas eu de nouvelles des deux Zabraks, et cela signifiait en substance que tout allait bien. Dans le monde des chasseurs de prime et de la contrebande, faire profil bas était signe de bonne santé. Le jeune contrebandier avait alors immédiatement pris la direction de Bespin, interrompant momentanément la commande qu’il était en train d’honorer pour un de ses commanditaires réguliers.
Les toxicos de Tatooine devront se passer d’une cargaison de carsunum pour le moment. Meh’ me pardonnera sûrement. Son voyage jusqu’à la cité volante avait duré à peine trois jour et il était maintenant assis devant un caf chaud, le dégustant tout en regardant consciencieusement tous les clients de la cantina dans laquelle il se trouvait. Située dans les niveaux intermédiaires de la cité, cette cantina offrait un bon compromis entre sa propreté, son aspect anonyme et son prix. Peter était dans une arrière salle de taille moyenne réservée aux VIP, c’est-à-dire à ceux qui pouvaient se permettre de payer leur tranquillité. Sa longue expérience lui avait appris qu’il était toujours préférable de payer un peu plus cher pour ne pas s’attirer les regards interrogateurs des clients. Ce n’était pas qu’il se dénotait particulièrement des clients normaux par son physique - un bon mètre quatre-vingt, des cheveux châtains coupés cours, un visage inspirant la sympathie et un blaster pendant à sa ceinture disant qu’il ne fallait pas s’y fier - mais dès que quelqu’un reconnaissait son espèce, il se mettait à en parler avec ses voisins de tablée. En effet, il était rare de voir un Falleen loin de sa planète natale, et Peter devenait immanquablement le centre d’attention pendant dix petites secondes avant que les conversations normales ne reprennent. Et dix secondes, pour un contrebandier, pouvaient souvent être cruciales.
Seules deux tables étaient occupées à part la sienne. Près de l’entrée de la salle, deux hommes et un Rodien discutaient âprement et Peter pouvait voir plusieurs crédits et une petite pochette opaque sur la table.
Il doit aussi y avoir des amateurs d’épices sur Bespin en fait… Ma cargaison n’est peut être pas perdue pour tout le monde.Sur l’autre table, à une dizaine de mètres sur sa droite, une Zeltron plus qu’attrayante se collait ostensiblement à un grand Wookiee à la fourrure couleur cuir zébrée de blanc qui avait l’air d’être plutôt réceptif à son approche directe.
- Toujours à la recherche de sensations fortes ces Zeltrons, hein ?
Peter se retourna instinctivement, sa peau devenant rouge vif et sa main se planquant sur le holster de son blaster, pour immédiatement la retirer en reconnaissant la personne qui venait de parler par-dessus son épaule. Malgré la remarque acerbe que Reym venait de lâcher, Peter remarqua de suite que le ton n’y était pas. Il se leva et lui serra la main vigoureusement puis s’écarta pour qu’il puisse s’assoir, tout en faisant reprendre à sa peau une teinte plus neutre, couleur chair humaine. Il fit signe au barman de lui apporter un second caf et se rassit à son tour.
- Toomba est mort.
Peter s’était longuement demandé comment il allait pouvoir parler à Reym sans remuer plus le couteau dans la plaie, mais il se rendait maintenant compte qu’il ne servait à rien de prendre le Zabrak avec des pincettes.
Il a bien grandi en deux ans. C’est un adulte maintenant, il ne faut pas que je l’oublie.
- Ouais, je sais, se contenta-t-il de répondre d’une voix neutre. J’en ai entendu parler en arrivant. Comment cela s’est… Je veux dire… Qu’est ce qui est arrivé pour qu’un gars comme ton frère se fasse avoir ? J’ai déjà eu l’occasion de chasser du criminel avec lui, et c’est un des meilleurs que j’ai jamais vu.
On a chacun frôlé la mort une bonne dizaine de fois lorsqu’on était ensemble, et à chaque fois on s’en est sorti. En fait, je me rends compte que je le croyais vraiment immortel à force… - Un Jedi. Toomba s’est fait assassiner par un Jedi. Ou un Sith, je n’en sais rien. C’est pareil. D’après ce que j’ai réussi à récolter comme information, je peux dire qu’un mec encapuchonné est sorti de nulle part dans la cantina dans lequel il était, l’a plaqué au mur avec un de ses tours mentaux, et l’a… L’a…
La voix de Reym se perdit dans sa gorge et il ne termina jamais sa phrase. Peter pouvait le voir serrer des poings et sa mâchoire tressaillir, mais à aucun moment des larmes ne perlèrent à ses yeux. Son regard n’était pas embrumé par le chagrin, mais dur et froid : celui de l’homme qui cherche la vengeance.
- Il ne méritait pas cette mort. Pas cette exécution ! Il aurait dû mourir en mission en emportant ses adversaires avec lui. Son nom a été sali.
Le «
Nom ». Un concept très important aux yeux des Zabrak de la famille des Dorno, et que Peter avait appris à estimer lors de l’année qu’il avait passée en compagnie de Toomba. Il avait vu le chasseur de prime s’engager dans des bagarres de cantina contre trois, voire même quatre adversaires en même temps pour ce qui passait à ses yeux pour de simples railleries. Et le plus surprenant, c’est que Toomba n’avait jamais voulu qu’il vienne l’aider. Même s’il n’en avait jamais eu besoin au final, cet entêtement avait montré à Peter à quel point le «
Nom » et la «
Lignée » étaient importants aux yeux du Zabrak, autant que le fait de laver personnellement son honneur. Et c’était précisément ce qui troublait le plus le contrebandier ici. Pourquoi Reym l’avait-il appelé s’il ne voulait pas de son aide ?
Le second caf arriva et Reym attendit que le barman soit parti avant de reprendre.
- Peter Tabree Rorec-Siny.
Le contrebandier interrompit momentanément ses pensées et ses suppositions en entendant ses deux prénoms et son nom complet sortir de la bouche du Zabrak.
- Transporteur, pilote et contrebandier répondant aussi aux surnoms de
Mynoc,
Ombre Rouge,
Passe Blocus et
La Descente.
Tout cela devient vraiment étrange… Mais surtout, comment diable a-t-il appris tous mes surnoms ? Même celui de beuverie… - Mon frère m’a beaucoup parlé de l’année que vous avez passée à pourchasser/ être pourchassé par le tueur à gage Besalik Darlas Uelman. Et à chaque fois, il m’a parlé de vous en des termes élogieux. Et même, après une mission où il avait retrouvé un des associés de Darlas, il m’a confié qu’il vous considérait comme un membre de la famille. En conséquence, voudrez-vous m’aider à traquer le meurtrier de mon frère, et ainsi laver son honneur ?
Reym posa le coude sur la table et tendit sa main droite au-dessus de celle-ci. Peter avait déjà vu son frère faire ce geste longtemps auparavant et resta sans voix un instant en comprenant tout ce que cela signifiait. C’était la poignée de main des frères de sang, celle de la famille Dorno.
Ah… Toomba, espèce de crétin ! Tu ne me contactes jamais pendant deux ans, faisant le mort, et c’est seulement une fois canné que j’apprends que tu me considérais comme de la famille ? Tu restes aussi têtu qu’un Wookiee, même après la mort hein ? Crétin… Cette fois-ci, ce fut le contrebandier qui dut retenir son chagrin, forçant sa peau à garder la même teinte sans blêmir. Il regarda Reym droit dans les yeux et empoigna vigoureusement la main du Zabrak.
- Evidemment que j’accepte. Toomba m’a sauvé les fesses avec Uelman, et il n’est pas question que je ne lui rende la pareille.
Reym hocha de la tête et se leva.
- Parfait, maintenant suivez-moi dans la chambre de mon hôtel, je vais vous montrer ce que j’ai comme infos concrètes pour le moment.
Peter lui emboita le pas en laissant ce qu’il fallait de crédits sur la table en duracier. Il rattrapa Reym en sortant de la cantina et le suivit dans les rues passantes de la cité. Ils marchèrent cinq bonnes minutes en suivant les axes principaux avant que Reym ne prenne finalement une petite allée mal éclairée au coin d’une borne d’astro-taxi. Ils tournèrent de nouveau et arrivèrent finalement dans une petite impasse. Le Zabrak se retourna alors en positionnant ses mains près des deux balsters situés à sa taille.
Qu’est-ce que c’est que cette arnaque ?? - Qu’est-ce que tu fais Re…
- Chut, nous sommes suivis le coupa-t-il.
Effectivement, avant même que le contrebandier ne lui réponde, une grande silhouette élancée vêtue d’un long manteau de voyage et d’un chapeau dont l’ombre masquait son visage apparut au coin de la rue. Reym dégaina et tendit ses deux blasters dans la direction du nouvel arrivant en un mouvement rapide, et Peter eut juste le temps d’étouffer un juron en le bousculant de l’épaule. Deux faisceaux d’énergie percutèrent le plafond en duracier du niveau dans lequel ils se trouvaient, le bruit des détonations se répercutant dans toute l’allée.
- Peter Tabree Rorec-Siny ! Que faites-vous ?! hurla le Zabrak en se relevant et en ramassant à la hâte les blasters qu’il venait de lâcher sous le choc.
- Woh woh woh… Pas la peine de s’énerver. Reym, je te présente la pilote de mon vaisseau, Wollunile Sael. Wolly pour les intimes.
L’arrivant approcha en enlevant son chapeau, dévoilant un visage fin entouré d’une imposante crinière nacre. Ses yeux bleus contrastaient fortement avec sa peau rouge et rendait son regard d’autant plus captivant, en parfaite adéquation avec son sourire en coin.
- Une Dévaronienne ?
- Précisément. Je suis même surpris que tu saches ça, on en croise pas souvent.
- J’ai déjà eu l’occasion d’aller une fois sur Devaron. Mais là n’est pas la question ! Pourquoi nous suivait-elle ?
Reym n’avait toujours pas rangé ses blasters et était visiblement toujours troublé d’avoir été pris en filature. Peter tapota l’épaule du Zabrak en signe d’apaisement.
- Désolé que tu le prennes si mal, j’aurais dû te prévenir. Quand un membre de mon équipage sort du vaisseau, il y en a toujours un autre qui vient avec lui en le suivant de loin, au cas où il arriverait quelques désagréments. Encore une fois désolé, mais nous sommes tellement habitués à faire ça qu’on en oublie que cela peut paraitre étrange. Et puis, je ne pensais même pas que tu t’en rendrais compte.
Reym regarda successivement le contrebandier et la pilote avant de ranger ses blasters en un grognement de désapprobation.
- Bon, ne me refaites plus jamais ça. Venez, nous sommes à cinq minutes de l’hôtel, leur dit-il d’une voix un peu moins froide que quelques secondes auparavant. Mais tout de même, une Dévaronienne et un Falleen, quel équipage inattendu. Déjà que voir un membre d’une de vos deux espèces en dehors de leur planète natale est assez rare…
- Je sais je sais. Mais attend de voir Vax, notre mécano. C’est un Chadra-fan.
- Un Chadra-fan ? Mais il n’en reste presque plus aucun dans la galaxie !
Peter lui répondit en un léger sourire, sa peau prenant une teinte tirant inconsciemment vers le bleu azur en signe de fierté.
- Ce n’est pas pour rien que notre Patrouilleur RX4 s’appelle
L’Incroyable.
* * *
Gilam redoutait ce moment. Il était un genou à terre, tête tournée vers le sol devant le Maître en signe de respect et d’obéissance, et il n’appréciait pas du tout de laisser sa nuque en évidence ; surtout parce qu’il venait de lui rapporter la nouvelle de la mort de Knel’tu’la. Comme le Maître n’avait toujours rien dit, Gilam osa relever légèrement la tête pour le regarder. Zaar n’avait toujours pas bougé de son siège et son regard blanc se perdait derrière son disciple. Son visage, celui d’un homme dont seule la peau mate avec trois petites cornes et de discrets tatouages trahissaient son métissage, ne reflétait nulle colère. Il ne reflétait en fait aucune émotion et cela rendit Gilam encore plus mal à l’aise : il était impossible que le Maître ne réagisse pas face à l’échec de la Twi’lek, et cet apparente absence de réaction ne présageait rien de bon.
Comme en réponse à ses peurs, Zaar sortit de sa torpeur et fixa son élève dans les yeux : Gilam sentit soudain un poids énorme tomber sur lui et dut rabaisser la tête pour ne pas avoir le cou brisé.
- C’est inadmissible. Knel’tu’la était une grande combattante et une pièce essentielle aux changements à venir. Elle n’avait pas le
droit de s’engager dans un combat dont l’issue lui était incertaine. Elle n’avait pas le pouvoir de prendre cette décision.
L’habituelle voix si particulière de Zaar, chargée de sagesse et d’expérience, pénétrant au plus profond des cœurs de ceux qui l’écoutaient, avait laissé place à un ton tranchant et glacial comme les griffes d’un rancor, et une aura noire surnaturelle flottait autour de la silhouette du Maître Sith. Pendant ce temps, Gilam sentait la pression de Force que le Maître exerçait sur lui augmenter, et il dut mettre ses deux mains au sol pour ne pas être plaqué à terre.
- Sa mission était pourtant plus que simple. Tuer un simple chasseur de primes qui aurait pu avoir des informations sur nous, et ensuite revenir. Pourquoi a-t-il fallu qu’un petit Jedi s’en mêle et qu’elle aille bêtement l’affronter au lieu de le semer proprement !
Les bras de Gilam cédèrent et il chuta durement sur les coudes, laissant échapper une légère exclamation de douleur.
- Maître…
- Pendant dix longues années je l'ai entraînée, je l'ai préparée à son destin. Je lui ai fait l’honneur de lui donner son propre sabre laser, lui signifiant ainsi qu’elle avait fini son apprentissage auprès de moi, qu’elle était maintenant un membre du culte et qu’elle pouvait avoir un apprenti, et c’est comme cela qu’elle me remercie ? Je suis allé chercher personnellement chaque cristal de chaque sabre laser que je donne à mes disciples, et elle se permet de détruire le sien ! Pour qui diable se prend-elle ?
Les murs de la petite pièce qui servait de salle de méditation au Maître se mirent à légèrement trembler, de la poussière à tomber des interstices présents entre les pierres millénaires, et le grand miroir situé derrière Zaar se fissura. Gilam ne pouvait plus attendre que le Maître desserre son emprise, et tenta vainement de la repousser dans la Force. Cet ultime effort le vida de son énergie : il fut complètement plaqué au sol et sentir du sang couler dans sa bouche.
- Je n’aurais même pas dû lui donner un sabre. Elle ne le méritait pas. Elle ne…
- Maître !!
Zaar baissa son regard blanc sur son élève et haussa les sourcils en le voyant aplati sur le sol. D’un revers de la main il le libéra, avant de retourner s’asseoir. Gilam reprit bruyamment sa respiration et se releva péniblement. La chape d’ombre qui entourait le Maître à peine quelques secondes auparavant avait complètement disparu et seule une légère plissure sur son front était le témoin de ce qui venait de se passer.
- Gilam, repris Zaar, sa voix si envoûtante étant revenue, j’espère que maintenant que ton maître est mort, tu comprends que c’est à toi de reprendre les tâches qui lui étaient dévolues. Le monde a bien changé depuis ma dernière
existence, et j’ai besoin de quelqu’un qui le comprend pour y exercer ma volonté.
Gilam remit un genou à terre avant de répondre.
- Oui Maître, je comprends.
- Bien. Il est essentiel que tous nos mouvements restent discrets jusqu’à ce que nous soyons fin prêts, sous peine d’être arrêtés avant même d’avoir pu accomplir notre destin. Et j’ose espérer que tu ne failliras pas comme ton maître. Inutile d’essayer de retrouver le Jedi qui a tué Knel’tu’la, ni tout autre Jedi d’ailleurs.
- Je ne vous décevrai pas.
- Je te crois. Maintenant va, et prouve-moi ta valeur. Tu sais que la récompense est à la hauteur de tes actes. Selon tes résultats, tu pourras toi aussi avoir l’honneur de posséder un sabre laser et de prendre un apprenti. Pour l’instant, comme ton maître s’est fait tuer, et que je n’ai pas le temps de te prendre personnellement sous mon aile, tu seras un agent libre. J’ose espérer que tu te rends compte de ce que cela signifie : je te pense maintenant capable d’agir seul. Ne me déçois pas comme ton maître l’a fait, et le pouvoir que tu cherches tant sera
tien.
Gilam baissa la tête pour signifier qu’il avait pleinement compris l’importance de la tâche qu’il venait de lui confier et se releva quand Zaar lui fit un signe de main pour lui demander de partir.
- Et au lieu d’attendre dehors, entre donc Alancia, dit ensuite Zaar en haussant le ton.
Gilam se tourna et prit la direction de la sortie. Alancia venait de passer le pas de la porte et se dirigeait droit vers le Maître. En la croisant, l’apprenti Sith ne put s’empêcher de lui envoyer le regard le plus dédaigneux qu’il pouvait. Cette Jedi était rentrée dans le culte il y avait moins d’un an, et elle était déjà sur le point d’obtenir son sabre laser personnel, signe de son approbation par Zaar. Et en plus, pour rajouter à cette injustice, elle était avantagée car elle possédait déjà un sabre laser alors que Gilam devait se contenter de blasters et d’un bâton électrique.
Je suis devenu un des apprentis de Zaar depuis près de quatre ans et ma chance de devenir un réel membre du culte ne se présente que maintenant. Le Maître fait une erreur en lui accordant sa confiance et je réussirai à le lui prouver tôt ou tard. Mais de toute façon, elle a déjà raté une fois le test final que le Maître lui avait donné. Knel’tu’la avait dû tuer sa propre sœur, cette Jedi devait tuer son ancien disciple… Elle n’y est pas arrivée la première fois, elle n’y arrivera pas la deuxième ! Et le Maître comprendra enfin qu’elle ne sert à rien ici. Elle n’aura pas de troisième chance ! Gilam sortit de la pièce le sourire aux lèvres. Il était sûr d’une chose : cette Jedi ne repartirait pas du culte intacte.