Tout est dans le titre, je vous laisse découvrir.
Le Trésor Oublié de George Lucas
Tatooine, un après-midi
Je dois avouer que cette cantina est une oasis bien salutaire et rafraichissante. Même si je suis né sur cette planète, je sais que le souffle brûlant et tourbillonnant du désert pourrait venir à bout du plus endurci des autochtones.
Étonnant donc, que lui, étranger à ce monde, ait pu survivre. La chaleur écrasante qui règne au dehors ne semble même pas l'avoir affecté.
La musique qui monte de la scène trouve un écho naturel dans chaque alcôve et, je crois, un autre dans le cœur de chaque client de ce repaire étonnamment fréquentable pour une planète si hostile. Heureusement qu'il n'a pas eu la mauvaise idée de s'écraser près de Mos Eisley; il n'aurait vu que des monstres là-bas.
Ce qu'il nomme 'jazz' a des sonorités décidément bien entraînantes et chaleureuses, et il semble comme moi l'apprécier. Car quoique la mélancolie des notes de piano qui se dégage de ce troisième morceau contraste froidement avec la sonorité des cuivres, le Trotter Trio sait habiller ses compositions de toutes les couleurs des cocktails exotiques qui ornent les tables de ce lieu. Cela réchauffe l'âme, juste ce qu'il faut cette fois. De quoi vous faire oublier l'aridité qui au dehors dessèche ces murs.
En entendant ces notes tristes, je me prends à penser à quelque princesse dans son vaisseau spatial, seule et pourchassée au milieu des étoiles, loin, très loin au dessus de nos inhospitalières étendues désertiques, où seuls les vaporateurs d'humidité abandonnés au sable témoigneraient d'une présence depuis longtemps disparue, et d'un vide qui serait l'unique règle absolue de cet univers. Cela me donne quelques frissons.
A quoi peut-il bien penser, lui, qui est assis à côté de moi? Il s'est retourné sur l'un des rares clients présents aujourd'hui, un vieil homme à la barbe blanche portant un large manteau à capuche, un type étrange, un ermite, dit-on dans le coin. Ce dernier ne lui a prêté aucune attention.
Moi aussi je suis vieux. Vieux et racorni. Mon visage buriné a été modelé par ce monde sur lequel je vis depuis trop longtemps et mes yeux fatigués ont vu tant de choses que je pensais tout connaître, mais cet homme est si étrange...
Il dit s'appeler George. George Lucas. Quel sorte de nom est-ce là? Je n'en ai jamais entendu de pareil.
Je l'ai trouvé plus tôt dans la matinée, qui s'était écrasé quelque part en pleine Mer de Dunes, à bord du vaisseau le plus antique et le plus primitif qui m'ait jamais été donné de voir, même en ma qualité d'antiquaire! Sa machine décrivait un long cône qui se termine par quatre ailerons et parcouru par autant de tuyères, et surmonté d'une ogive d'où pointe une courte antenne ainsi que deux ailettes. Trois roues, deux à l'avant et une unique à l'arrière, formaient le train d'atterrissage.
Il m'a été impossible de déterminer le fragile matériau brillant dans lequel on avait fabriqué ce... Mais ce quoi d'ailleurs? Comment a-t-il dit que cela s'appelait? Ah oui, une fusée !
Le mode de propulsion de l'engin m'était également inconnu. De loin bien sûr, j'avais pu voir une épaisse fumée s'élever, ce qui m'avait permis de me rapprocher de l'objet. Une fois à sa hauteur, je remarquai que les tuyères crachaient encore de grandes étincelles alors que l'astronef gisait immobilisé dans le sable, le nez pointant en direction du sol; il s'était enlisé.
Le pilote avait réussi à s'extirper du cockpit par une trappe en forme d'escalier située sur le cône. Il n'avait pas fallu longtemps pour que le sable le recouvrit; un grand bout de tissu enroulé autour de son cou et s'agitant frénétiquement sous l'impulsion du sable tourbillonnant signalait la position d'un corps à moitié enseveli.
L'infini de la Mer de Dunes s'étendait tout autour de nous, ne me laissant pas le répit d'un rocher où j'aurais pu nous abriter. J'ai donc utilisé la carlingue de son étrange vaisseau spatial pour nous mettre à l'abri de la tempête, le temps qu'il reprenne connaissance.
Ce faisant, je regardai alentour. D'étranges objets de toutes sortes qui s'étaient échappés de sa besace jonchaient le sable sur une dizaine de mètres. Ayant donné à boire à notre visiteur, je le laissai adossé à son appareil et je suis allé réunir ce qui s'était éparpillé. Chaque objet était une trouvaille qui me plongeait dans un abîme de perplexité, mais j'entrepris de réserver mes questions pour plus tard. La fumée n'allait pas manquer d'attirer des ferrailleurs ou des mercenaires, voire même les Hommes des Sables; il me fallait faire vite.
Comme je le disais, c'est un individu bien singulier qui est assis à cette table. Il était revenu à lui alors que la tempête se calmait et je lui dis qu'il fallait tout de suite nous mettre en route pour gagner la ville au plus vite. Il me semblait qu'il n'écoutait pas. Son regard était comme perdu, à contempler fixement une dune devant nous. Dans ses yeux se lisait comme une intense perplexité qui semblait ne jamais devoir finir, tel le sable.
Comme il n'était pas blessé, nous avons marché d'un bon pas jusqu'à Anchorhead. Chemin faisant, il se mit à me parler de l'endroit d'où il venait, d'une planète qui m'était inconnue et qu'il appelait la Terre. Était-elle située près des Régions Inconnues? Ou bien dans l'Espace Sauvage? Peut-être le Bras de Tingel? Essayant de trouver un point de repère, je lui énumérai un certain nombre de systèmes susceptibles de servir de point de référence: Zhar, Anoth, Nirauan, Belkadan, Toola, Mon Calamari.
Je ne sais lequel de nous deux a été le plus confus. Moi qui n'arrivait pas à situer sa planète sur la carte d'une galaxie dans laquelle j'avais pourtant beaucoup voyagé, ou lui qui semblait perdu un peu davantage à chaque fois que je lui donnait le nom d'un système. Plus déroutant encore, il me révéla enfin que, selon lui, nous étions en... 1972?
Qu'est-ce que c'est? Une date? Un code? Devant mon incrédulité il changea de sujet, tandis que nous rentrions dans cette cantina après un périple qui nous avait laissé la gorge en feu; en effet, nous nous étions partagé le contenu de l'unique gourde que j'avais emmené avec moi.
Quelques tables dans un établissement propre car bien entretenu, dans une rafraichissante pénombre qui confine la poussière et le sable aux seuls abords de l'entrée, à peine baignée des soleils ravageurs que nous venions de traverser. Nous nous installons au milieu de la salle, et personne ne fait attention à cet homme dont l'allure ne manque pas de souligner qu'il était fort étranger à nos contrées.
L'ambiance qui règne ici le fait sans doute oublier la bizarrerie de notre rencontre, mais il est vrai que la jeunesse permet de s'acclimater plus vite au changement. Je ne suis pas si prompt à considérer mon compagnon autre que sous un angle un peu méfiant, je le reconnais, décontenancé que je suis à le voir si bien s'intégrer à l'atmosphère du lieu. La faute peut-être également à la bière d'Aldéraan que l'on nous a servi à tous deux; un peu ivre car il s'agit de son troisième verre, il considère sa boisson d'un air triste en me disant:
«une telle chose, si bonne, n'est pas faite pour durer».
Je ne sais ce que je dois comprendre. Il ne lève pas le nez de la table. Le reste de l'après-midi passe ainsi, moi, silencieux, à ruminer mes interrogations, et lui, profitant de la musique et de quelques autres tournées que je lui paye, car dans ses poches il n'a pour toute monnaie que des 'dollars', qui n'ont pas cours ici, si tant est que ce soit le cas ailleurs.
Nous décidons de quitter l'établissement avant que ne tombe la nuit, car il veut repartir au plus vite chez lui. Les nuits de Tatooine peuvent être très froides mais cela ne lui fait manifestement pas peur, et il me demande de le raccompagner jusqu'à son vaisseau, le pédalo de l'espace, ainsi que le surnomme certains de ses amis qui ne croient pas qu'un tel engin puisse voler, et moi non plus d'ailleurs.
A la faveur des étoiles, m'étant muni d'une arme pour nous protéger d'éventuelles embûches, nous entreprenons de retraverser le désert. Par chance, le frêle vaisseau n'a subi aucun dommage et nous ne mettons pas longtemps à le renflouer. Des centaines de questions assaillent mon esprit, et se pressent d'autant plus que je sais que je ne vais pas le revoir. Mais à quoi servent les réponses si on ne les comprend pas?
Arrive le moment du départ, il me serre la main à la manière d'un pilote vétéran qui s'en va reprendre sa mission puis, rétractant la passerelle je le vois qui entreprend quelques vérifications des systèmes de navigation d'un vaisseau qui crache plus dangereusement que la pire des antiquités qui m'ait été donnée de voir. Je ne dis mot. Je le regarde ensuite s'élever vers les étoiles scintillantes, que la fumée de ses moteurs me cache quelque peu, le temps que disparaissent le voyageur égaré et son improbable véhicule. Plus jamais je ne le revis.
------------------------------------------
Tatooine, le lendemain.
«Bienvenue, Puissant Jabba, dans ma modeste boutique. Entrez, entrez».
Le Hutt entra dans ma boutique avec moins de grâce qu'il ne l'aurait voulu; les bords de sa barge flottante frottaient dans l'encadrement de la porte. Quelques uns des gardes du corps qui l'accompagnaient l'aidèrent à franchir le seuil; je levai les yeux au ciel.
Déstabilisé mais voulant visiblement faire oublier l'embarras de son entrée, il se redressa de toute sa hauteur et jeta un œil alentour.
«[Modeste... Le mot est bien choisi. On m'a dit que tu voulais me voir, Antiquaire. Penses-tu donc avoir quelque chose pour moi, qui possède des trésors auxquels tu ne pourrais même pas rêver?]».
«Oui, votre Extrême Fatuité, j'ai là un article qui ne manquera pas de vous intéresser.»
Jabba s'esclaffa, si fort que le garde du corps sur sa droite fut obligé de se couvrir le tympan gauche avec sa main. La hardiesse du geste fit s'interrompre le Hutt balourd, qui considéra son sous-fifre avec réprobation avant de reporter son attention sur moi.
«[Je te trouve bien présomptueux, vieil homme. Ne sais-tu pas qui je suis? Je suis Jabba, qui de ses yeux a vu les jardins de Nuswatta, qui a pillé la chambre secrète du poborandurannum de Natinati. J'ai même survécu aux orgies de Spunchina! Peut-être pour t'enseigner l'humilité devrais-je faire de toi mon esclave, et jusqu'à ton dernier souffle te forcer à nettoyer la fabuleuse collection qui est la mienne. J'ai justement besoin d'un serviteur qui aurait soin de gérer et d'entretenir mes inestimables richesses. Le dernier qui a occupé ce poste s'est montré moins... efficace que je l'espérais. Tu devrais considérer cette offre. Tu apprendrais beaucoup. Mais revenons-en à notre affaire. Pourquoi devrais-je te croire?]»
«Parce que, Rondouillarde Terreur de Tatooine, je prends des risques à craindre votre déplaisir.», avançai-je prudemment.
Jabba parut satisfait de cette réponse. Il redressa un peu plus encore et déclara:
«[C'est la bonne façon de voir les choses, Antiquaire. Il faut toujours savoir prendre des risques. C'est ainsi que je me suis débarrassé de beaucoup de rivaux. Et Jabba sait se montrer généreux avec ceux qui l'aident. Continue.]»
«Oh, Sirupeuse Obésité, j'ai fait hier la rencontre d'un voyageur étrange, vraiment très étrange, A ce point même, qu'il me semble possible qu'il venait d'une autre galaxie. Je l'ai trouvé, perdu dans le désert et il transportait avec lui plusieurs objets que je n'avais encore jamais vu, dont celui-ci.»
Je tendis au Hutt un appareil que j'avais 'oublié' de restituer à son propriétaire venu des étoiles. Il me fallait conserver une trace de son passage. Et parmi tous les incroyables articles que j'avais trouvé dans sa besace, j'avais choisi celui-ci en raison de sa forme familière. Et à voir l'expression dubitative qu'arborait cette grosse limace baveuse, je sus qu'il en tirait les mêmes conclusions que moi.
«[On dirait un blaster... Mais d'un genre bien primitif. Et d'une taille particulièrement imposante. Sais-tu comment il fonctionne?]»
«Ma foi, non, votre Empâtement Astronomique. Mais je me permets d'attirer votre attention sur ce câble qui dépasse de la crosse. On dirait qu'il est conçu pour accueillir une unité d'alimentation, un peu à la manière des sabres lasers des Jedi au temps de l'Impératrice Têta.»
Le Hutt sembla impressionné.
«[Ooohh. A l'époque pourtant, les armes à énergie disposaient déjà d'une batterie d'alimentation autonome. Tu crois donc que ceci serait encore plus ancien?]»
«Je n'ai aucune certitude, votre Grasse (dis-je en insistant bien sur le double -s) De même que je n'ai pu identifier ces symboles, gravés tout contre la détente. Voyez:
- Un rond bleu – Jabba: «[hum]».
- Puis un rond rouge – Jabba: «[hum, hum]».
- Et encore en dessous deux ronds rouges – les bandits, en chœur: «hum, hum», et la détente coulisse entre ces différentes positions – tous ensemble: «Ooohh!».
Cela laisse suggérer que cet appareil possède plusieurs cadences de tir, ne croyez-vous pas? Je pense, votre Impressionnante et Mollissime Carcasse Rampante, que les rayons envoyés doivent être puissants, car refroidis par ce petit système de soufflerie, là, à l'arrière de l'appareil.
«[Impressionnant. On peut donc supposer que cet engin serait d'une grande puissance.]», répéta le Hutt, davantage pour lui-même..
Je m'empressai d'ajouter:
«D'autant plus, Huttissime Altesse, qu'il m'apparaît évident que ce n'est pas un modèle de série. Cette arme, sans doute modifiée, porte l'inscription du guerrier qui l'a conçu, un certain... Calor.»
«[Ah... Je n'ai jamais entendu parler d'un tel guerrier.]»
«Moi non plus. Et ce n'est pas le nom de celui à qui je l'ai pris.»
Les yeux désormais pétillants de convoitise devant l'archaïque objet que je lui présentai, Jabba finit par demander:
«[Combien veux-tu pour cette relique, Antiquaire?]».
«3000 crédits me semblent raisonnables, Prince Adipeux aux Mille Replis de Graisse. Étant donné le caractère unique de cet article, que nul autre que vous n'aura dans sa collection, notez bien – vous pourrez rendre jaloux les Hutts des autres clans – et s'il sied à votre Débordante Magnanimité d'y ajouter un petit supplément en guise de... compensation, pour mon entrée que vous avez quelque peu bousculé.»
Le Hutt considéra mon offre puis de nouveau l'objet qu'il soupesait dans sa main.
«[Je t'en donne 2500 crédits. Et pour ta porte, vieil homme, tu aurais dû prévoir qu'un jour, Jabba t'aurait fait l'honneur de sa visite. Ceci te servira de leçon. Quant à cet objet, il trouvera sa place à mon palais, lorsque celui-ci redeviendra habitable]».
Jabba se tourna vers l'un de ses subalternes et ajouta:
«[Un de mes loyaux.. serviteurs a eu en effet la maladresse d'y laisser entrer toute une colonie de rats Womps qui ont infesté les lieux. Et je dois attendre la fin de la dératisation pour pouvoir retourner chez moi. Mais au moins, moi je le pourrai.]».
En entendant ces mots, l'homme de main concerné déglutit et trouva soudain fort intéressant l'exemplaire unique sous vitrine d'un livre qui relatait les mémoires d'un certain Yoda au sujet de l'entrainement laborieux de son apprenti sur une planète marécageuse dont j'ai oublié le nom. Peut-être que je pourrai persuader le Hutt d'acheter aussi cet article...
Je savais que je ne pouvais pas discuter du prix donné. Qui d'autre aurait voulu me donner quelque chose pour une antiquité dont j'ignorais l'usage et l'état de fonctionnement? Surtout sur une planète comme Tatooine. Cela ressemblait davantage au genre de choses qu'on pouvait mettre ou au contraire trouver dans un rebut.
«Je vous remercie, Ô Inaltérable Boursouflure qui fait de l'ombre aux Soleils Jumeaux. J'apprécie et j'accepte l'offre que vous me faites et j'espère vous voir de nouveau bientôt dans ma boutique. Cette fois, je vous l'assure, l'entrée sera à la hauteur de votre généreuse...»
Jabba ne m'écoutait déjà plus. Tout à la joie de sa nouvelle acquisition, il adressa un signe à ses gardes et tous quittèrent la boutique, sous l'éclatante chaleur du désert.
!!!?%/*£$ si 
Je corrige de suite (j'ai vraiment honte sur ce coup-là... 
)
Et j'attends ta prochaine fanfic avec impatience.
Mais pour moi, c'est un compliment... 
