Le chapitre 5, qui lance enfin l'action (oui, je sais, le démarrage a été long, mais la suite arrive)
Chapitre 5« Et maintenant, les infos galactiques. Ces dernières heures, le gouvernement de Korda VI a dû faire face à un nombre inquiétant de heurts sur son territoire. On soupçonne des pillards mandaloriens ; ils seraient à l’origine d’un grand nombre de meurtres. Le dernier bilan fait état de soixante sept morts, dont vingt deux enfants. Le chancelier a demandé l’envoi d’une commission d’enquête auprès du gouvernement kordien. »Keiran Hoolris, présentateur du journal d’HNE
Croiseur Consulaire CR-20
Path of Truth, espace Kordien, dix-sept jours plus tard.
Malgré son nouveau grade de colonel, Jagen se devait toujours d’obéir aux ordres. Et aujourd’hui, il le regrettait fortement.
Le
Path of Truth était l’un de ces nombreux croiseurs CR-20 dont le gouvernement disposait pour mener des missions diplomatiques en tout genre. Habituellement, Jagen était aux commandes du
Forte Tête, mais les derniers examens menés par Rendili StarDrive sur le vaisseau avaient décelés un problème au niveau du réacteur.
J’aurai mon nouveau croiseur l’année prochaine¸ pensa le jeune colonel,
mais je veux que Galieet puisse en disposer en bon état. Il pensait tout d’abord profiter de ces réparations pour accorder à tous ses hommes une permission. Le chancelier avait cependant insisté pour qu’il convoie le sénateur Valorum, nommé ambassadeur exceptionnel de la République, sur la planète Korda VI, afin de mettre un terme aux troubles occasionnés par les bandits. Et tout son équipage était de corvée.
- Le contrôle de vol nous demande nos codes d’atterrissage, colonel. Je dois les transmettre ?
- Bien sûr. Et, Horsk … ?
- Oui, colonel ?
- Profitez-en pour leur expliquer que nous venons en paix. Je n’ai pas envie de me faire accueillir comme sur Garos V. Je n'ai pas encore digéré les gardes duros.
- Bien sûr…
Les procédures étaient pour l’instant respectées ; tout allait pour le mieux. Cependant, Jagen n’était pas de cet avis.
J’ai un mauvais pressentiment… Il y a quelque chose… - Jagen ? Tout va bien ?
Finis Valorum venait d’entrer sur le pont, entouré de deux gardes en uniforme, qui n’étaient autres que Thnod et Kento, les deux artilleurs du pont. L’espace exigu était à présent complet.
- Bien sûr, sénateur. Je repensais juste à cette mission et…
Le vaisseau fut alors secoué de part et d’autre, jetant à terre tous ceux qui n’étaient pas sanglés à leur siège. Un son strident retentit alors sur le pont : l’alarme de collision.
- Galieet ! Que se passe t-il ?
- C’est un missile, monsieur ! Nous ne sommes pas les bienvenus !
- Bon sang !
- Accrochez-vous, en voilà un autre !
Quelques secondes plus tard, le vaisseau fut à nouveau bousculé, et un avertisseur s’alluma sur le panneau de commande.
- Les moteurs ne répondent plus ! Je vais tenter un atterrissage forcé !
- D’accord… Là-bas ! Une clairière ! Ralentis !
La chute continua encore quelques instants, qui donnèrent à Jagen l’impression d’être des heures. En-dessous d’eux, une vaste forêt s’étendait jusqu’à l’horizon, à l’exception de zones dégagées comme celle qu’ils rejoignaient. Le vaisseau était malheureusement trop rapide, les volets ayant été endommagés par le second missile. Au moment où il toucha terre, un nouveau choc, plus fort que les précédents, se fit sentir, puis s’atténua tandis que le vaisseau s’arrêtait.
- Argh ! Foutu vaisseau ! s'exclama Jagen en se relevant. Etat des dégâts, Galieet ?
- Les moteurs et les volets sont H.S., et la coque a été endommagée. Nos batteries de communication n’ont pas été touchées, heureusement.
- Une vraie chance, ironisa le colonel. Horsk, tu sais ce qu’il te reste à faire.
- Pour le bureau du chancelier, cette fois-ci ?
- C’est lui qui nous a fourrés dans ce pétrin. Thnod, Kento, suivez-moi. On va vérifier les alentours.
- Bien, colonel.
Le sas n’était heureusement pas obstrué par les gravats, et ils purent sortir sans difficulté. Korda VI était une planète de type I, comme il en existait tant d’autres dans la galaxie. Cependant, son soleil était assez proche d’elle, et occupait une grande partie du ciel. Au cours du briefing, Jagen avait lu que Korda, l’étoile autour de laquelle ils se trouvaient à présent, était un astre extrêmement chaud. Ainsi, malgré le fait que cinq autres planètes soient plus proches de ce soleil qu’elle, Korda VI était tempérée. Le climat automnal qui régnait donnait une impression de mélancolie sereine ; un calme à la fois reposant et inquiétant.
Ils s’éloignèrent du
Path of Truth et entrèrent dans les bois. L’ambiance vermeille des lieux enveloppait le tout de mystère. Jagen, qui avait vécu toute son enfance sur des planètes où la végétation se résumait à des serres et des pots, avait toujours trouvé ce paysage à la fois magique et inquiétant ; et, pour ne rien arranger, il avait à présent le sentiment d’être observe, d’être…
- Lâchez vos armes ! Vite ! Posez vos mains sur le sol !
Brusquement, un groupe de soldats camouflés dans la végétation surgit et les visa. Jagen, surpris par la vitesse à laquelle leurs assaillants étaient apparus, entreprit d’obéir.
- Des soldats de la République… Trois… Deux hommes et un zabrak… Voilà qui est inhabituel ! Silas ! Préviens Myles et la seconde patrouille !
Jagen se risqua à regarder les mystérieux individus qui les avaient capturés. Lorsqu’il les reconnut, il eût un haut-le-cœur.
Des mandaloriens !
L’armure caractéristique et la visière en T des mandaloriens symbolisaient dans toute la galaxie la rage du combat et la violence. Jagen n’avait encore jamais eu affaire aux enfants de Mandalore… à l’exception de Thnod. Il jeta un coup d’œil à ce dernier, et ce qu’il vit ne le rassura pas ; l’ex-mando, d’ordinaire impassible, était visiblement inquiet.
- Jango, celui du milieu… Il est colonel ! s'exclama l'un des hommes.
- Ah, une patrouille importante, alors… Relevez-le.
Des mains vigoureuses arrachèrent Jagen du sol, et il fit face à un mandalorien en armure verte et rouge, que tous les autres semblaient respecter.
Leur chef, probablement. Il a l’air de s’y connaître… - Maintenant, le rep, vous allez répondre à toutes mes questions.
- Si vous laissez mon équipage en paix.
- Cela dépendra des réponses. Que faites-vous ici ?
- Nous sommes en mission officielle pour le compte du chancelier. Le gouvernement kordien a requis notre assistance pour mener des médiations entre lui et les mercenaires mandaloriens qui massacraient sa population.
- C’est ce qu’on vous a dit ?
- Oui.
- Alors vous avez été dupés. Vous et le chancelier. Les kordiens sont les alliés du Death Watch.
- De quoi ?
- Le Death Watch. Nous sommes ce qui reste des vrais mandaloriens, ceux qui suivent le Codex des Supercommandos, établi par Jaster Mereel, le plus grand Mandalore du dernier millénaire.
- Vous, je présume ?
- Non, mon maître.
L’homme retira son casque. Il avait approximativement le même âge que Jagen, avec une épaisse tignasse foncée et bouclée. Son regard déterminé, sa posture… Aux yeux de Jagen, il faisait un ennemi redouté.
Ou un allié recherché.
- Je m’appelle Jango Fett. Jaster était mon mentor. Il est mort lorsque nous nous sommes posés sur cette fichue planète. Nous sommes tombés dans un piège. Toute l’aide est la bienvenue.
- L’aide ? Mais je croyais que…
- Le gouvernement kordien n’est qu’une marionnette au service de Vizsla, le chef des Death Watch. Ce sont eux qui vous ont abattus. Ils veulent des otages. C’est rentable, comparé aux primes sur les opposants. Et souvent moins risqué. Vous êtes ?
- Colonel Jagen Eripsa, à la tête de la Seconde Flotte. Je parie que vous êtes aussi le Mandalore, non ?
- En effet, c’est ainsi que mes hommes me nomment. Un titre hérité des traditions d’antan. Mais rien ne vaut un bon blaster quand il s’agit de montrer qui est le chef.
- Je confirme. Certains de mes supérieurs ont tendance à…
-
Mand’alor ! Il y a un
aru’e ! cria l'un des bras droits.
- Quoi ? répondit brusquement Jango. Vous avez encore beaucoup de choses à expliquer !
Jagen regarda derrière lui. La plupart des mandaloriens s’étaient regroupés autour de Thnod et le tenaient en joue. D’énormes gouttes de sueur perlaient sur son front.
- Cet homme est un ennemi ! Un Death Watch infiltré parmi vous !
- Il doit y avoir une erreur. Il est loyal, et…
- Son visage ne trompe pas. Myles, vas-y.
- Attendez ! Ce n’est pas de moi que vous voulez vous venger !
- Vraiment, Vragh ? Le fameux Jurgan, le lieutenant de Vizsla ! Le meurtrier de mes parents !
A ces mots, Jango lui cracha au visage. Jagen se maudit intérieurement ; il n’aurait jamais dû prendre Thnod avec lui pour cette mission, surtout en sachant qu’il aurait à agir avec des mandaloriens.
- Mon nom est Thnod Jurgan ! Vragh est mon frère jumeau ! J’ai fais partie des Death Watch, mais je me suis enfui il y a vingt ans ! Je ne l’ai jamais revu depuis ! Je vous le jure !
- Y a t-il quelqu’un ici qui puisse confirmer ses dires ? Personne ?
- Moi.
Tous se tournèrent vers Jagen. Celui-ci venait de se rendre compte de l’impact de ces mots : ils avaient le pouvoir de sauver Thnod… ou de les condamner tous.
- Quand avez-vous vu ce Vragh Jurgan pour la dernière fois ?
- Au début de la bataille. Il pilote le char de Vizsla.
- Combien de temps ?
- Deux mois.
- Voilà, c’est aussi simple que cela. Cela fait plus de deux mois que je vois Thnod tous les jours, depuis que je l’ai recruté sur Ord Mantell. Et c’est la première fois que je pose les pieds sur ce caillou.
- Très bien, si vous le dites… Relâchez-le…
Les mandaloriens qui enserraient les bras de Thnod le libérèrent de leur emprise. Alors qu’il se relevait, Jango s’approcha de lui.
- Je te préviens… Je te laisse la vie sauve aujourd’hui, grâce à lui, dit-il en montrant Jagen du doigt. Mais si tu trahis la confiance qu’il place en toi… Disons que je ferai comme si tu étais ton frère.
- Oui,
Mand’alor.
- Et une dernière chose… Souviens-toi qu’il a tué mes parents.
Le silence se fit alors, et le jeune colonel put sentir la menace latente dans l’air. Il fit alors son possible pour calmer la situation.
- Vous dites qu’ils veulent des otages…
- En effet. Mais je ne vois pas pourquoi la République paierait pour des soldats.
- Tout dépend de celui qui reçoit la facture. Mon supérieur… serait même prêt à payer les Death Watch pour qu’ils m’achèvent, j’en suis sûr. Mais la chancelier Kalpana ne réagirait pas ainsi. Et nous ne sommes pas que des soldats. Je suis le second homme de la flotte républicaine, et notre ambassadeur, le sénateur Valorum, est le principal conseiller de Kalpana.
- Donc vous savez pourquoi ils veulent vous capturer. Vous voyez, c’est pas plus dur.
- D’accord, d’accord… Si j’ai bien compris, ça veut dire que Vizsla est en route pour ici, non ?
- En effet. Et comme vos moteurs sont détruits, vous ne pouvez pas vous échapper. Nos vaisseaux sont repartis avec le gros des troupes, nous ne sommes plus qu’une dizaine sur Korda VI.
- Si nous nous allions, nous pouvons les vaincre.
- Vraiment… Ils sont dix fois plus nombreux que nous…
- Nous nous battrons tous les trois, et je suis sûr que les mécaniciens de bord feront de même. Le mieux est de leur tendre une embuscade.
- Je le sais. Mais de toute façon, ils sont de l’autre côté de la planète, si mes informations sont exactes. Ils seront là dans trois jours, au mieux. Ce qui nous donne le temps de nous préparer.
- Je suis d’accord. Trois jours, c’est largement suffisant.
- Que proposez-vous ?
- Vous connaissez vos hommes, vous savez ce qui est le mieux pour eux.
- On se retranche. Derrière le vaisseau.
- Et nous, on remet en état les tourelles. Elles sont pitoyables contre les chasseurs, mais elles seront très utiles.
- Ils ont un char. Il vaudrait mieux que nous évacuions rapidement la zone une fois les premiers tirs lancés.
- Un char… Pourra t-il accéder jusqu’ici ?
- Ils l’ont équipé de scies circulaires à l’avant pour nous pourchasser dans la forêt. Je ne m’inquiète pas pour eux. Par contre, cela oblige leurs soldats a être loin devant. Ce tank serait facile à saboter pour un commando.
- Je pense avoir trouvé. Rejoignons le vaisseau.
Lorsqu’ils approchèrent de l’épave du
Path of Truth, à la nuit tombante, ils furent accueillis par un Kol’yan bien méfiant, que Jagen envoya rassembler les membres d’équipages. Une fois tous réunis, Jango décréta que l’heure du repas était venue, et tous se mirent à table. C’était un spectacle étrange, se dit Jagen, que tous ces hommes, de cultures différentes, de rangs épars, qui festoyaient ensemble, comme des égaux. Le sénateur Valorum s’attira ainsi la sympathie des mandaloriens en décochant quelques blagues bien ajustées sur les sullustéens, auxquels ils rirent tous, y compris Tiken, qui répliqua ensuite par une satyre des humains vus par les natifs de Sullust, qui là encore déclencha des exclamations de joie. Alors que la fête improvisée battait son plein, Jagen vit le chef des mandaloriens s’approcher de lui.
- Si nous nous étions tous comportés ainsi durant les âges, bien des massacres auraient pu être évités.
- Vous prêchez un convaincu. Etrangement, les mandaloriens sont bien plus proches des républicains qu’ils ne veulent le faire croire. Belle nuit, n’est-ce pas ?
- Pour le moment, je suis inquiet. J’ai contacté le groupe d’éclaireurs que j’ai envoyés à l’est ce matin. Ils n’ont pas répondus.
- Les arbres, peut-être…
- Si vous le dites… Je me suis renseigné à votre sujet. Vous avez dit la vérité.
- Surprenant ?
- Vous comprenez, la Marine Républicaine n’a plus aussi bonne réputation qu’auparavant. Cette histoire de flotte qui disparaît, ces rumeurs sur un militaire pas très vertueux.
- Ce ne sont pas des rumeurs, j’en ai bien peur. Je suis comme vous, Jango ; révolté contre un homme, qui veut mettre en place des bases nouvelles, qui refuse que je suive les anciens préceptes. La seule différence, c’est que vous l’affrontez à coups de blasters, et que je n’ai pas ce plaisir.
- Je ne pense pas que ce soit réellement un bien. Avec la mort de Jaster…
Comme moi avec la disparition d’Aiden. Tous les repères sont chamboulés, on accomplit des faits dont on ne se serait pas cru capable… - Dites-moi, Jango, j’ai entendu parler d’un certain Cassus Fett, un général mandalorien des anciens temps. La famille ?
- Pas que je sache. Mes parents…
Soudain, un rugissement assourdissant se fit entendre. Trois mandaloriens en armure sortirent des arbres en courant, et semblaient fuir une menace invisible. C’est alors qu’un bruit de piétinement se fit entendre ; de la forêt émergea alors la plus formidable bête que Jagen ait jamais vu. Ce monstre, fait de muscles et d’écailles, fonçait sur les soldats en déroute.
N’écoutant que son instinct, Jagen saisit les blasters de Jango, posés à côté de lui. Il fit feu sur l’animal, qui se détourna alors de sa proie pour foncer vers lui. Jagen rassembla alors toutes ses forces et, alors que l’affreuse bête allait le percuter, bondit sur son dos. Les écailles reptiliennes de la créature étaient coupantes, mais il ne le sut que trop tard. Alors qu’il était dans cette position inconfortable, il saisit une corne de la tête de la bête, et tira dans ses oreilles proéminentes. La gueule de l’animal laissa échapper un cri plaintif, et il s’arrêta doucement. Jagen eût juste le temps de sauter avant que le monstre ne bascule, mort.
Blessé, fatigué, Jagen ne vit que les silhouettes des hommes qui arrivaient. Le noir se fit alors, et il n’entendit plus rien.
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Lorsqu’il ouvrit les yeux, il faisait face à la voûte étoilée, dont la beauté n’était atténuée que par la lumière du feu de camp. Des soldats s’affairaient autour de lui ; il eut le temps de distinguer Horsk et Kol’yan, avant qu’un des mandaloriens n’entre dans son champ de vision.
- Je ne m’attendais pas à ça d’un militaire républicain. Tout, mais pas ça.
Jango lui tendit alors une main que Jagen saisit. Son bras gauche, celui qui avait été en contact avec l’animal, lui faisait mal. Il distingua plusieurs entailles profondes.
- Un homme seul qui affronte un zakkeg, qui le tue et qui en sort vivant… Et sans armure, en plus ! Les Jedi n’auraient pas fait mieux.
- Un zakkeg ?
- Ils vivent sur Dxun, normalement, mais certains spécimens ont été apportés sur cette planète… En tout cas, vous avez sauvé la vie de tous ces éclaireurs.
- C’était naturel de faire ça, je n’allais pas les laisser mourir.
- Ne soyez pas trop modeste. D’autres se seraient contentés de fuir. Vous êtes dignes d’entrer chez les mandaloriens, mon vieux.
- J’en suis honoré, mais mon avenir est auprès de la République.
- Alors elle a de la chance. Myles, Silas… apportez mon cadeau à notre ami !
Deux mandaloriens approchèrent alors, portant chacun un paquet d’objets. Le plus grand des deux en portait un qui avait le mérité d’être reconnaissable : un
buy’ce¸ le fameux casque mandalorien.
- D’ordinaire, on conserve ces armures et on ne les offre pas aux aruetiise… Mais ce cas est particulier. C’est une armure neuve. On en a toujours une ou deux dans nos transports, au cas où... J’ai demandé à mes hommes de les emporter pour ne pas les laisser aux Death Watch.
- C’est un immense honneur que vous me faites.
- Montrez-vous en digne !
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Jagen sortit du vaisseau dès l’aube. Il avait hâte d’essayer cette magnifique armure, peinte en bleu et argent. Lorsqu’il l’avait enfilée, il s’était rendu compte qu’elle différait de toutes celles qu’il avait pu essayer : c’était une seconde peau, tout simplement. L’armure et lui ne faisaient qu’un, chacun des équipements ne semblaient être qu’une extension de ses membres. Elle était lourde, bien sûr ; et malgré sa beauté apparente, Jagen savait qu’il ne s’agissait que de duracier. Il se promit qu’il s’intéresserait au cours du cortosis en rentrant sur Coruscant.
Quant au casque… Eh bien, il s’y adapterait avec le temps. La vision à 360°, les multiples instructions… C’était extrêmement dur de parvenir à maîtriser tous ces équipements. Jagen avait aussi réussi à dénicher un jetpack dans les réserves du croiseur. Il décida de faire un vol rapide pour s’entraîner.
Alors qu’il s’élevait au-dessus de la forêt, il observa les alentours. Tout était calme… excepté au sud. Il augmenta le zoom de ses macrobinoculaires et observa. C’était sans aucun doute le char de Vizsla. Et il était bien en avance sur les prévisions de Jango.
Il se précipita vers le camp et atterrit devant un Jango surpris des progrès de sa nouvelle « recrue ».
- Ils arrivent. Dix klicks au sud. Ils seront là dans une heure.
- M…. ! Ils ont dû prendre leur cargo ! Vous pensez que…
- J’ai tout expliqué à Horsk hier soir. Dites-lui que l’heure est venue. Je vais réveiller les autres.
L’alerte fut vite donnée, et Jagen se retrouva bientôt devant tous les membres d’équipages et les mandaloriens, accompagnés d’un Finis Valorum visiblement inquiet.
- Très bien, vous êtes tous là… Je vais vous expliquer le plan. Les forces du Death Watch arrivent. Ils veulent capturer le sénateur Valorum, ici présent (le désigné sénateur lança à Jagen un regard gêné). Nous ne permettrons pas qu’ils puissent y arriver. Tern, Jos, vous prenez les commandes des tourelles du vaisseau. Les autres vont derrière. Galieet, comme tu n’es pas taillé pour le combat rapproché, tu restes avec le sénateur. A l’extérieur du vaisseau. Ils ont un char et si Horsk ne réussit pas à le détruire, nous l’aurons sur le dos. Compris ?
Rapidement, tout le monde alla à son poste. Jagen était derrière la tourelle du pont, avec à ses côtés un des éclaireurs mandaloriens qu’il avait sauvé la veille. Silencieux, le soldat observait l’orée de la forêt.
Alors que la matinée touchait à sa fin, les premiers soldats du Death Watch arrivèrent. D’abord un à un, puis par paire et enfin par groupes de dix. Les tourelles commencèrent immédiatement à rugir, mais des hommes de Vizsla apportèrent des lance-missiles. Lorsqu’ils visèrent le pont, Jagen vit que son partenaire, trop occupé à abattre les soldats ennemis, allait se faire toucher par l’explosion. Il sauta sur lui et le projeta sur la partie inférieure du vaisseau, alors que le projectile détruisait le canon. Ils touchèrent violemment la coque métallique. Le jeune mandalorien perdit alors son casque. Jagen regarda son visage et resta ébahi. C’était une femme, la plus belle qu’il ait jamais vu.
Bien que sonnée, la guerrière ne perdit pas ses esprits. Elle sauta sur son casque, le remit rapidement et reprit le tir. Jagen fit de même. Jos et Tern, les deux artilleurs, émergèrent du vaisseau par la trappe des astromechs et les rejoignirent. Cependant, les Death Watch étaient bien plus nombreux. La moitié étaient tombés ; mais les défenseurs avaient subi la perte de deux des mandaloriens et de Ren Jorvis, le mécanicien, qui avait été tué par une grenade. Après une heure de combat, les soldats de Viszsla retournèrent près des armes.
- Ils se replient ? Ils ont l’avantage ! Quelque chose ne…
Ses paroles furent interrompues par la vue d’une rangée d’arbres qui s’écoula, laissant voir un immense char blindé. Les hommes du Death Watch se regroupèrent autour.
-
Osik ! C’est Vizsla ! Mandaloriens, en avant !
- Jango, stop ! Ils vont…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Le tank se transforma en une boule de feu incandescente, qui explosa en quelques nanosecondes. Leurs ennemis, regroupés autour de ce piège mortel, furent balayés. Horsk avait réussi sa mission. La bataille était finie.
Les défenseurs descendirent alors du vaisseau. Ils furent alors rejoints par un Valorum stupéfait par le spectacle qui s’offrait à lui. La zone autrefois paisible avait été ravagée.
Les guerres sont toutes les mêmes. Aucune n’apportera jamais le bien absolu. Il y aura toujours des dommages collatéraux. Le lieutenant Horsk Tre’far sortit alors des bois, et, comme tout héros qui se respecte, fut largement acclamé et porté en triomphe. Jagen ne put s’empêcher de sourire ; alors qu’il devait détruire le char pendant sa progression dans la forêt, le rusé Horsk avait attendu afin qu’un maximum d’ennemis soient emportés par l’explosion. On fêta la victoire et on pleura les morts. Hélas, d’après Jango, Vizsla avait réussi à s’enfuir.
Jagen sentit une présence derrière lui et se retourna. La guerrière mandalorienne était là, sans son casque, et Jagen put une nouvelle fois admirer son regard bleu perçant, ses cheveux courts aussi noirs que l’espace qui tombaient sur ses oreilles, son teint chaleureux. Elle souriait, et semblait ainsi, comme toute mandalorienne qui se respecte, à la fois heureuse et dangereuse.
-
Oya, ad’ika ! Comment se fait-il qu’un rep sache si bien se battre ?
- Pardon ?
- Et modeste en plus ! Eh bien, vous m’avez sauvé la vie, non ?
- Euh… oui…
- Et deux fois ! Un dur !
Quelque chose ne tournait pas rond. Jagen, d’ordinaire si loquace, capable de remballer un Ait Convarion ivre (ce qui n’était pas rien), ne pouvait rien dire.
Je n’arrive plus à rien… D’habitude, je peux sans problème fermer le clapet de Willspawn… se pourrait-il que… oh, non… je n’ai vraiment pas besoin de ça… Pourtant, tout concordait. La conclusion était sans appel.
- Hého ! La statue ! Je te parle !
- Oui, euh.. qui êtes-vous ?
- Appelez-moi Vanya. Bon, quand vous serez plus loquace, vous me préviendrez.
Elle s’éloigna et rejoignit le groupe, laissant à Jagen le temps d’admirer sa démarche, son corps, tout ce qu’elle avait de si parfait, de si…
- Elle s’appelle Cadera, si vous voulez savoir. Vanya Cadera. Et n’espérez pas trop. Elle a brisé le cœur de la moitié de mes hommes.
Jango avait observé la scène depuis le vaisseau, et utiisa le jetpack qu’il avait emprunté pour rejoindre Jagen, encore en extase.
- Dites voir, Jagen, vous n’êtes pas un peu… amoureux ?
- Moi ? Euh… pas du tout.
- Très convaincant.
- Je ne peux pas me permettre ce genre de sentiments.
- C’est humain. Si je pouvais… mais mes hommes comptent trop sur moi. Nous avons remporté une grande victoire sur le Death Watch, mais il reste encore du chemin.
- Tout comme pour moi.
- D'un certain point de vue. Profitez-en, la guerre ne frappe pas la République. Pas encore.
************
La corvette CR-70
Infatigable rejoignit Korda VI neuf jours plus tard. Son capitaine, Jaim Helaw, aurait put contempler le spectacle désolant laissé par la bataille et le crash du
Path of Truth, mais il n’en fit rien. Cela faisait à présent dix jours que le vaisseau s’était abîmé, et il savait parfaitement qu’aucun des exilés volontaires ne souhaitait rester ici plus longtemps. Le croiseur corellien se posa sur la terre brûlée par les lasers.
- Vous êtes sûr de ne pas vouloir qu’on vous dépose ?
Jagen était devant le sas, avec Jango et la plupart de ses mandaloriens lui faisant face.
- Non merci, Jagen. Dis…
- Oui ?
- Je n’aurai jamais pensé me lier d’amitié avec un républicain convaincu.
- Et moi avoir des amis et une armure d'origine mandalorienne ! De toute façon, il ne peut ressortir que du bien de ces liens.
- Espérons-le. Mandalore n’a pas besoin d’autres malheurs, surtout après les actes de Vizsla.
- Toujours aucune nouvelle de ce lâche ?
- On va poursuivre les recherches, mais j’ai peu d’espoir. Il a déjà du rejoindre son cargo et s’enfuir.
- Prends soin de toi.
- Tire bien et vis longtemps.
- Toi aussi.
- Attendez !
La voie qui avait prononcé ce dernier mot était aisément reconnaissable. C’était une voix féminine. Celle de Vanya.
-
Mand’alor, j’ai bien réfléchi, et j’ai fait mon choix : je veux rejoindre les républicains.
- Tu ne te sens pas chez toi, avec nous ?
- C’est que… je veux poursuivre les idéaux de mes ancêtres, défendre le gouvernement de Coruscant. Je n’en reste pas moins une
mando.
- Comme tu voudras… Jagen, tu peux la prendre ?
- Euh… oui, bien sûr…
- Tu as de la place pour ton équipage, non ?
- Oui, en effet. Horsk va passer capitaine, j’ai donc besoin d’un lieutenant de communication.
- Parfait ! Jagen, tu en prendras soin ?
- Bien sûr…
- Et profites de la vie. Tant que tu le peux. Moi, je dois encore me venger de l’ordure qui a abattu mes parents.
- Fais gaffe à toi.
Jagen et Vanya rentrèrent alors à l’intérieur de la corvette, et rejoignirent côte à côte la baie d’observation latérale. Et, tandis que la planète s’éloignait, le jeune colonel Eripsa se dit qu’une part de lui ne serait plus jamais comme avant.
Chapitre 6« La situation galactique actuelle est préoccupante. Les tensions augmentent sans cesse. Regardez ce qui se passe sur Télos : c’est la deuxième crise meurtrière en dix ans. Et que dire des indépendantistes d’Haruun Kal ? Des extrémistes Quarren ? Et de la piraterie qui s’étend ? La flotte Katana avait été conçue en réponse à ces menaces. Et elle n’existe plus. »Hirib Bassot, expert en questions d’actualité d’HNE
Kuat, six mois plus tard
S’il y avait bien une situation que Jagen détestait par-dessus tout, c’était celle-là.
Le
Knight’s Blade était un croiseur de classe Arrow, une des dernières créations des Chantiers Navals de Kuat. Après la perte de la flotte Katana, le récemment promu colonel Eripsa avait hérité de la gestion d’un quart des ressources militaires de la République. Alors que son supérieur, l’amiral Willspawn, était soupçonné de se servir de ces crédits pour ses besoins personnels, Jagen s’était promis à lui-même de veiller à ce que toutes ses ressources soient utilisées au mieux. Son nouveau vaisseau amiral en était la preuve incarnée.
La classe Arrow, dont le Knight’s Blade était le premier exemplaire, appartenait à la catégorie des croiseurs d’assaut triangulaires, dont la classe Centurion avait été le plus illustre représentant lors de la Guerre Civile de Jedi, près de quatre mille ans plus tôt. A l’instar de ce dernier, le
Knight’s Blade disposait d’un vaste pont, mais il était bien mieux intégré au vaisseau. En effet, les récentes recherches en matière de défense stellaire montraient qu’une forme lisse était plus facile à protéger. La classe Arrow appliquait cette doctrine à la lettre, et presque rien ne distinguait le bloc du pont du reste du navire. C’était là une véritable lame aiguisée, prête à percer le cœur des lignes ennemies. Jagen en avait commandé dix autres, et il commençait à se dire que cet investissement, couplé avec l’achat de cinquante croiseurs Hammerhead NG-2 et d’une centaine de corvettes CR-70, permettrait de compenser rapidement la perte de la Flotte Katana.
Alors qu’il se disait que la situation s’améliorait, le sénateur de Kuat acheva son discours ennuyeux, qui avait plongé Jagen dans un torpeur telle qu’il avait cru un moment avoir été drogué.
- … et à présent, chers amis, je laisse la parole à Alcorion Kuat, notre cher directeur général, qui va vous révéler les étapes de ce laborieux projet.
- Merci, sénateur, répondit le dénommé Alcorion. Et, bien, très chers invités, ….
Jagen réprima un bâillement, et vit que d’autres personnes en faisaient autant. Cela faisait maintenant deux heures que, dans ce hall bondé, des hommes en tout genre parlaient de ce projet à tous les malheureux invités, dont Jagen faisait partie. La visite du vaisseau étant impossible pour raisons de sécurité, on les avait parqués là, dans la salle de conférences de la station Toryaz, où ils attendaient impatiemment la fin.
Non loin de lui, Jagen apercevait le sénateur Valorum, accompagné de son assistant, le délégué Tarkin. Si Finis s’était montré d’un grand secours envers lui au cours des derniers mois, son second ne s’était pas fait aussi accueillant. La tension était palpable à chaque rencontre, et l’animosité se sentait dans l’air.
Une fois encore, Jagen déplora l’absence de Galieet, Vanya et des autres. L’équipage du
Forte Tête était resté sur son navire, avec le fidèle lieutenant givin à sa tête. C’était probablement mieux ainsi, selon Jagen. Il disposerait au moins de ce navire comme soutien. Mais il ne pouvait s’empêcher de déplorer leur absence, en particulier celle de la courageuse guerrière mandalorienne.
Tout à coup, l’assistance toute entière se leva, extrayant Jagen de ses pensées. L’interminable conférence s’était achevée, et il prit immédiatement la direction de ses quartiers.
Le
Knight’s Blade avait été amarré à la station au cours de la journée. Alors que Jagen pénétrait dans le navire, il eût le plaisir de sentir cette odeur de neuf si particulière qu’il appréciait tant. Les coursives du vaisseau étaient en effervescence ; le premier voyage en hyperespace se promettait d’être mémorable. Lorsqu’il pénétra sur le pont, Jagen fut émerveillé par le magnifique panorama qui s’offrait à lui, si paisible et pourtant bien plus intéressant que la conférence à laquelle il venait d’assister. Un jeune lieutenant humain, qui ne devait pas avoir plus de vingt ans, s’approcha de lui.
- Lieutenant Tinor au rapport, colonel. Je suis votre nouveau second à bord du
Knight’s Blade. Je serai ravi de servir à vos côtés.
- Moi de même, lieutenant Tinor. Quel est votre prénom ?
- Mell, monsieur.
- Eh bien, Mell, qu’avez-vous à m’annoncer ?
- Un représentant commercial est là, monsieur. Il demande à vous voir d’urgence, il prétend avoir une offre intéressante à vous faire. Et il y a aussi votre chef de la sécurité qui est arrivé pendant votre absence, colonel. Il vous attend dans vos quartiers.
- Très bien. Je présume que le représentant est en salle de conférences ?
- Oui, monsieur.
- Je vais le rejoindre. Ensuite, nous nous préparerons à un vol inaugural. Direction Coruscant, et le Sénat. J’ai un projet à défendre.
- Je vais donner les instructions nécessaires.
- Je n’en attendais pas moins.
Le lieutenant Tinor se dirigea alors vers la console centrale et commença à distribuer les tâches à effectuer. Jagen esquissa un sourire ; son nouveau second semblait aussi compétent que Galieet pour ce qui était du commandement. Il rejoignit la salle de conférences ; deux soldats de la République en uniforme, l’un bothan et l’autre kel dor, se tenaient de part et d’autre de la porte. En le voyant, ils ouvrirent le sas, révélant une vaste salle dont le centre était occupé par une grande table. Un homme âgé se trouvait assis à l’autre bout.
Il devait avoir une cinquantaine d’années, à moins que les soucis ne l’aient vieilli prématurément. Le teint cireux, les orbites creusés, l’homme semblait connaître tous les ennuis possibles dans cette galaxie. Il devait, selon Jagen, porter toute la misère du monde sur ses épaules. Son front dégarni amplifiait la maigreur de ses traits. Jagen entra et s’installa face à lui.
- Ah, colonel Eripsa. Je suis ravi de vous rencontrer.
- Moi de même, monsieur… ?
- Deranin, colonel. Hyarus Deranin. Je suis le directeur des chantiers navals Gallofree.
- Je connais cette maison. Du travail de qualité, d’après mes souvenirs.
- Je suis flatté que vous considériez mes cargos comme tel.
- J’aime reconnaître les atouts de chaque vaisseau. Soyez assuré que certaines sociétés n’ont pas apprécié ma franchise.
- Je m’en doute.
- Qu’est-ce qui vous amène ici, sur Kuat ?
- Des problèmes, colonel. Ma société va mal.
- Vraiment ?
- Nos deux meilleurs productions, le croiseur Gozanti et le transport AA-9, subissent de plein fouet la concurrence des corelliens.
- Compréhensible. Vous avez bien racheté les plans du Gozanti à la CTC ?
- Oui, oui, en effet. Mais pour ce qui est des AA-9, notre problème est bien plus grave. C’est pour cela que nous avons décidé de faire appel à vous. Le conseil d’administration a découvert que votre père a été un des plus grands clients de notre compagnie.
- C’est exact. Mon père possède la TibCo, le plus grand exploitant de gaz Tibanna de la galaxie. Les gisements de Bespin et Ord Ibanna, notamment. Il a choisi des AA-8 comme transporteurs de gaz, et un Gozanti modifié comme vaisseau diplomatique.
- Nous le savons.
- Si j’ai bien compris, vous souhaitez que je fasse comme mon père ?
- Oui… et non.
- Expliquez-vous.
- Notre société connaît une grave crise financière. Les ventes de AA-9 sont en grand déclin. Nous avons un modèle presque opérationnel, le AA-10, mais…
- … il vous manque de l’argent.
- Oui.
- Les AA-9 ne me sont d’aucune utilité. Ils nécessitent des quais adaptés, et sont configurés pour le transport de marchandises.
- Bien sûr. Mais nous avons deux modèles, le TM-1 et le THA qui vous conviendront à merveille.
- Le TM-1, dites-vous ?
- Le transport moyen Gallofree. Solide, et conçu pour le transport de passagers. Ou de troupes.
- Et pour ce qui est du THA ?
- Un cargo atmosphérique idéal pour convoyer des hommes ou du matériel entre une zone d’atterrissage et le champ de bataille. Deux emplacements pour canons lourds. Le must des véhicules de haute altitude.
- Intéressant….
- Si vous nous en commandez un nombre suffisant, les Chantiers Navals Gallofree s’engageront à faire bénéficier les forces armées de la République de tarifs avantageux sur toute notre gamme future.
- Vraiment ? Vous savez, les corelliens et les kuatis ont également fait d’excellentes propositions sur ce secteur….
- Je… Qui… Que voulez-vous ?
- L’accès aux plans. Je souhaite être certain que ces vaisseaux seront adaptés pour l’usage auquel je les destine. Je vous assure que je ne les remettrai pas à vos concurrents. Il s’agit d’un but purement… comment dire… désintéressé ?
- Très bien. Je dois contacter mes collègues. Pour ce qui est de la commande…
- Je me rends sur Corulag pour quelques temps. Je vous recontacterai au bon moment.
Le représentant commercial se leva, salua Jagen et sortit, laissant le jeune colonel seul dans la salle. Il fit pivoter son siège, se plaçant ainsi face à une grande verrière qui lui offrait une vue imprenable sur l’espace. Il observa le flux constant de navettes en provenance de tout le Noyau qui se dirigeaient vers la surface de la planète. Il quitta son siège et se dirigea vers ses quartiers. Il inséra son passe dans le lecteur de sécurité et entra.
Alors qu’il avançait dans le salon, il perçut un bruit derrière lui. Avant qu’il n’ait eu le temps de se retourner, il sentit un blaster sur sa tempe et entendit une voix familière.
-
Su’cuy, ad’ike. Me’vaar ti gar ?
Surpris, Jagen fit volte-face.
- Van… Euh, lieutenant Cadera, que faites-vous là ?
- Je suis votre nouveau chef de la sécurité,
al’verde.
- Mais… et le Forte Tête ? Et Galieet ?
- Le capitaine Hurieegh vous envoie ses salutations. Comme j’ai demandé ma mutation à vos côtés de façon… convaincante, il a consenti à me l’accorder.
- Donc…
- Je prends les choses en main.
- Ah.
- Ne vous inquiétez pas, colonel. Je prendrais soin de votre vaisseau. Le lieutenant Tinor m’a indiqué que nous faisions route vers
Coruscanta. Vrai ?
Les nouvelles vont vite, se dit Jagen. Je dois apprendre à tenir ma langue… La visite de Jagen sur Coruscant n’avait rien d’anodin. Au cours du mois dernier, il était parvenu à obtenir l’accès aux comptes de la Marine républicaine. Les résultats étaient consternants : près de 80 % des crédits affectés à l’armée étaient utilisés pour louer des bases ou des quais spatiaux dans de nombreux systèmes. Il était temps d’y remédier.
- En effet. Je suis attendu par le Chancelier Kalpana.
************
- Ah, vous voilà, Jagen, comment allez-vous ?
Le chancelier Kalpana, toujours pareil à lui-même, était assis dans un confortable fauteuil de cuir blanc. De l’autre côté de son bureau, près du siège où Jagen allait prendre place, Finis Valorum attendait, l’air inquiet. Depuis son entrevue avec le colonel plus tôt dans la journée, il n’avait pas dû retrouver le sourire.
- Bien, Excellence. Je suis ravi que vous ayez accepté de me recevoir.
- Voyons, c’est tout naturel. Vous êtes notre meilleur militaire, quoi qu’en dise Willspawn. Par contre, vous n’avez pas été très clair sur les motifs de cette rencontre.
- Les comptes de l’armée, Excellence.
- Aïe.
- Comme vous dites.
- C’est un gouffre béant. Enfin, c’en est un à cause de la mauvaise gestion des fonds.
- Vous savez quelle pourcentage est dédié à la location de locaux inutilisés ?
- Oui. C’est aberrant, n’est-ce pas ?
- J’ai un projet pour réduire ces coûts.
- Poursuivez.
- Une base géante sur une planète appartenant aux F.A.R..
- Intéressant… Qu’en dites-vous, Finis ?
- Je suis d’accord avec vous, mais nous avons toujours un problème de taille.
- Lequel ? demanda Jagen.
- Les planètes elles-mêmes. Les gouvernements sectoriels n’accepteront jamais une telle perte de revenus.
- Nous pourrions proposer des contreparties, comme je vous l’ai déjà expliqué, sénateur Valorum, répondit le colonel. Excellence, soyez assuré que ce projet est la solution à tous nos problèmes.
- Je vous crois, Jagen. Mais les sénateurs concernés ne seront pas aussi compréhensifs, soyez-en certain.
- Je le sais. Trouvez quelque chose… Des achats de matériel, des installations publiques, des trucs dans le genre… Tout ce qui peut contenter des politiciens mécontents !
- J’en parlerai au Sénat. Cependant, si j’ai bien compris, vous souhaitez une planète ?
- Ou une lune, Excellence.
- Vous avez une idée en tête, colonel ?
- Centax II.
- Excusez-moi, mais j’ai bien peur d’avoir mal entendu… Qu’avez-vous dit, au juste ?
- Centax II, Excellence. La seconde lune de Coruscant.
- Vous avez perdu l’esprit ! Comment croyez-vous que le Sénat va réagir en apprenant que la plus grande base militaire jamais construite se trouvera si proche du District Administratif ?
- Je n’ai pas compris, Excellence.
- Nos chers sénateurs ne craignent en aucun cas une invasion, colonel. Non, leur plus grande peur est un putsch militaire qui les priverait de leur immunité diplomatique !
- Ils n’auront rien à craindre, je vous l’assure.
- Les vrais politiciens craignent toujours les hommes intègres, colonel. C’est un des critères qui font de nous de mauvais sénateurs, hein, Finis ?
- En effet… admit l'intéressé.
- J’aurai donc ma base ?
- Je ferai passer le projet. Mais attendez-vous à quelques problèmes. En attendant, je souhaiterais que vous fassiez vos preuves, avec votre nouveau croiseur rutilant.
- Il faut savoir, Jagen, reprit Finis, que le meilleur moyen de rassembler des partisans reste l’action. Si vous organisiez une campagne contre les pirates, vous deviendriez un héros.
- Qu’avez-vous à me proposer ?
- Le Soleil Noir a attaqué plusieurs convois de ravitaillement près de Yag Dhul, et j’aimerais que…
************
- …. que vous alliez y jeter un œil ? Ils t’ont vraiment dit ça ? Bande de foutus hypocrites…
- Je le sais, Ait. Mais bon, le chancelier… Je n’allais quand même pas refuser, non ?
- Bien sûr, mais il n’a pas été très honnête avec toi.
Le
White Moon était un croiseur Hammerhead tout juste sorti des chantiers rendiliens. Le manque de vaisseaux se faisant cruellement sentir après la perte de Katana, Jagen avait réquisitionné tous ceux qui l’intéressaient dans différents docks navals. Le White Moon était destiné à une société de défense arkanienne, et bénéficiait d’un arsenal bien fourni. Le capitaine Convarion avait reçu comme mission la défense du secteur de Thyferra, où était produit le fluide guérisseur connu sous le nom de bacta. Et les incursions fréquentes de pirates n’étaient pas pour l’arranger.
- Eh bien… par où dois-je commencer… ah, oui, les « visites amicales » de nos chers flibustiers du Soleil Noir. Vraiment charmants, ces gens-là. Ils ont attaqué un cargo, la semaine dernière. Ils ont pris le bacta et égorgé tous les occupants. De la cruauté gratuite. Mais le « plus » à savoir, c’est la façon dont ils coordonnent leurs attaques. Les givins ont réussi à trouver leur algorithme d’attaque. On sait quand aura lieu la prochaine.
- Vraiment ? Tu ne me racontes pas de bobards ?
- Jamais pendant le boulot. Je transmets tout cela au
Knight’s Blade ?
- Oui. J’aurai besoin de toute l’aide disponible.
- J’avais peur que tu me dises ça.
************
- Vaisseau ennemi non identifié, veuillez couper vos réacteurs et vos armes.
- Ici le
Black Eye. Allez vous faire voir.
- Vous ne nous laissez pas le choix,
Black Eye. Messieurs, ouvrez le feu.
Le lieutenant Tinor, debout sur le pont, lança les manœuvres d’approche. Le vaisseau du Soleil Noir était imposant et menaçant, et son apparence massive interpella Jagen.
Ils doivent avoir beaucoup de crédits, se dit-il.
Ou d’excellents abordeurs… Les batteries turbolasers de son propre croiseur crachaient à présent des rafales de lasers verts sur les flancs du navire ennemi. Les boucliers des pirates commençaient déjà à céder, lorsque la liaison com reprit soudainement vie.
-
Black Eye à
Knight’s Blade. Vous êtes foutus. Nos renforts sont là.
Un vaisseau, qui était apparemment un cargo SoroSuub modifié, vint se placer entre le transporteur de bacta et le destroyer de classe Arrow. Jagen, voyant la menace qui planait, n’hésita pas.
- Ouvrez le feu ! Détruisez-le !
Un déluge de tirs s’abattit sur le malheureux navire, qui n’eût même pas le temps de mettre ses boucliers. Il fut proprement réduit en cendres avant même d’avoir eu le temps d’agir. Alors que les flammes éphémères envahissaient les coursives de l’épave, le chargé des communications l’appela.
- Monsieur, le
Black Eye… Il vient de passer en hyperespace, pendant que vous étiez occupé. Il a laissé un message.
- Quoi ?... Très bien, lisez-le.
« Depuis quand vous ne vérifiez plus les transpondeurs avant d’attaquer ? En tout cas, vous remercierez les survivants de votre massacre pour nous avoir offert une si belle diversion ! »N'hésitez pas à laisser un commentaire !