Centre Impérial, Coruscant : Ce dimanche, votre journaliste préférée, Kia Lansillio, recevait dans les locaux de la Tribune Impériale Monsieur Wyp’Len Edel, directeur du très controversé organe de presse HoloPart, spécialisé dans les contre-enquêtes non officielles et les scandales en tous genres. Monsieur Edel était venu nous parler en exclusivité de son livre qui sort demain et dont le titre très évocateur est : « L’Étoile Noire : toute la vérité ! ».

Voici la retranscription intégrale de l’interview que nous avons pu avoir avec Monsieur Edel :

Tribune Impériale : Wyp’Len Edel, vous paraissez agité et vous ne cessez de regarder à droite et à gauche. Quelque chose ne va pas ?
Wyp'Len Edel : Je sais qu’on me surveille et ce depuis plusieurs jours… 
T.I. : Vous vous sentez menacé ? Par qui ?
WLE : Menacé ? Oui, peut-être… des gens qui n’aiment pas ce que HoloPart écrit et qui aimeraient bien lui river son clou. Qui ? Il y a des noms qui ne doivent pas être prononcés même en "off"… si vous voyez ce que je veux dire…
T.I. : En tout cas, ici, vous ne craignez rien. Nous pouvons donc parler en toute tranquillité de votre livre qui sort demain et dont le titre est : « L’Étoile Noire : toute la vérité ». Une première question à propos de ce livre : c’est un titre banal, sans originalité. Le pensez-vous vendeur ?
WLE : C’est voulu. C’est un titre simple qui annonce la couleur, facile à lire et qui se retient. Auriez-vous préféré : « L’Étoile Noire ou l’histoire du plus grand mensonge galactique de sa fabrication en passant par ses buts jusqu’à sa destruction ? ». Non, évidemment, c’est beaucoup trop long. Voilà pourquoi un titre, simple, bref et concis doit mieux faire l’affaire.
T.I. : Mais « toute la vérité » ? Cela dénote d’emblée un mensonge. Qui a menti sur l’Étoile Noire et en quoi ?
WLE : Si vous voulez savoir qui, il faudra lire mon livre… Menti ? Mais évidemment qu’on a menti sur l’Étoile Noire. On a menti depuis sa mise en chantier jusqu’après son explosion dans le vide sidéral. Vous ne croyez tout de même pas aux affabulations officielles sur cette… machine ? Vous croyez sincèrement qu’elle était destinée à remédier à la surpopulation comme on l’a prétendu… ou aux problème de pollution ? Ah, ah… mais n’importe quoi ! Si vous êtes capable d’avaler un truc pareil, c’est que vous êtes naïve, mademoiselle Lansillio ! Non, non… voyez-vous… depuis le début je sais à quoi elle était destinée…
T.I. : Je vous écoute monsieur Edel, à quoi était-elle destinée ?
WLE : Si vous voulez le savoir, il vous faudra lire mon livre, j’explique tout : depuis son financement occulte, jusqu’à sa vraie finalité qui croyez-moi, n’était pas humanitaire, loin de là ! Quand à sa fin… ah, parlons-en de sa fin ! Vous croyez vraiment que des métamorphes changés en officiers impériaux auraient pu faire exploser la station ? C’est comme ce journal qui a prétendu que c’était une fuite de gaz dans les cuisines qui aurait tout fait péter ! Pareil, aussi invraisemblable que toutes les autres thèses avancées. 
T.I. : Peut-être consentirez-vous à nous éclairer sur ce point sans devoir lire votre livre ?
WLE : Voyez-vous… c’est une torpille lancée dans une bouche extérieure du conduit d’aération du cœur qui a tout provoqué… une torpille lancée par des rebelles qui ont réussi à franchir toutes les défenses rapprochées de la station en se faufilant le long d’une tranchée qui…

L’interview s’est arrêtée là par suite de l’intrusion des forces du Bureau de la Sécurité Impériale qui ont pénétré dans nos studios avec l’accord de Smaugh Eskolar, le nouveau patron de la Tribune. Monsieur Edel a été promptement emmené et le commandant Kourtoi, chargé de la communication Impériale nous a fort obligeamment expliqué le bien-fondé de l’intervention des forces de l’ordre après s’être très poliment excusé auprès de nous.

Commandant Kourtoi : Nous sommes ici sur la réquisition d’un juge qui a prononcé un placement d’office immédiat à l’encontre de Monsieur Edel. Celui-ci souffre en effet d’une grave dépression doublée d’un syndrome paranoïaque et sa famille, ainsi que son docteur traitant, ont eu peur qu’il ne se mette lui-même en danger, d’où le placement d’office en hôpital spécialisé où il va recevoir les meilleurs traitements.
T.I. : Et que pensez-vous des propos de Monsieur Edel sur la destruction de l’Étoile Noire ?
Cmdt K. : (Rire) Ce sont les allégations d’un homme gravement perturbé dans son raisonnement. Je connais cette théorie fantaisiste. Comment pouvez-vous penser un seul instant qu’un pilote aussi doué soit-il, puisse passer à travers les défenses d’une telle station, longer à pleine vitesse une tranchée étroite de quelques mètres et loger une torpille dans un trou d’un mètre de diamètre ? D’autant plus que la bouche d’aération effectue un coude de quatre-vingt-dix degrés vers le bas. Soyons sérieux ! Nous ne sommes pas ici dans un holofilm ! Une torpille lancée à l’horizontale ne peut pas, j’insiste sur ce point, ne peut pas prendre un tel virage dans un tuyau aussi étroit à une pareille vitesse ! C’est ridicule comme idée ! Même un mauvais scénariste n’oserait pas utiliser une telle chose dans un holofilm ! (Nouveau rire).
T.I. : Et qu’en est-il du livre de Monsieur Edel qui sort demain ?
Cmdt K. : Malheureusement, il ne sortira pas. Quand son éditeur a vu le contenu du livre… un contenu farfelu, sans suite, extravagant… visiblement le produit du délire d’un homme très malade, il a de suite pris des dispositions pour que ce flots d’inepties sans aucun sens ne puisse être édité.
T.I. : Je comprends… et l’organe de presse HoloPart, sans Monsieur Edel que devient-il ?
Cmdt K. : (Ecartant les bras). Là aussi, malheureusement, la situation financière du journal était catastrophique… un vrai gouffre. C’est sans doute pour cette raison que son directeur est tombé en dépression… Le journal a déposé le bilan aujourd’hui et sans repreneur, il y succombera. C’est regrettable car l’Empereur lui-même tient énormément à la diversité et au pluralisme en terme de presse, dont il garantit la liberté d’expression. Mais que voulez-vous ? Un journal de perdu… dix de retrouvés ?

Là-dessus le commandant Kourtoi a pris congé de votre servante, Kia Lansillia, qui dédie cet article à un journal qui disparaît, en souhaitant un prompt rétablissement à Monsieur Wyp’Len Edel.