Fidèle compagnon de route de tous les voyageurs galactiques, le Routard hyperspatial se retrouve au coeur d’une affaire pour le moins surprenante. En effet, le guide est aujourd’hui accusé d’avoir publié de fausses informations dans son édition consacrée à la Bordure extérieure, transformant les vacances de plusieurs clients en véritables enfers. Selon les derniers rapports en date, ce manque de professionnalisme concernerait plusieurs systèmes de la région.

Parmi les guides galactiques, il est le plus fiable. Plus de 2000 voyages sont organisés tous les ans pour répertorier de nouvelles destinations et mettre à jour les déjà très nombreux guides de voyage, une véritable mine kesselienne d’informations pour tous les vacanciers. Mais la réputation du Routard hyperspatial s’est vue sévèrement entachée depuis le dépôt d’une plainte par un exploitant agricole, aujourd’hui ruiné, accusant la rédaction d’avoir abusé de son statut auprès des touristes et “réalisé une enquête inexacte, sans les outils adéquats, traduisant un manque de conscience professionnelle flagrant au détriment de la sécurité de ses nombreux lecteurs”, pour reprendre les mots de l’intéressé. 
Comment le Routard hyperspatial, ô combien respecté au sein de la communauté des agences touristiques, a-t-il pu faire preuve d’un tel manque de professionnalisme ?

Si l’affaire n’est parvenue jusqu’à nous que très récemment, les tenants de cette remise en cause remonteraient à plusieurs années. Après la proclamation de l’Ordre Nouveau par Sa bien-aimée Majesté l’Empereur Palpatine ‒ notre guide à tous ‒, le Gouvernement galactique avait souhaité renforcer ses idéaux de paix et de sécurité en ré-ouvrant les principaux axes de circulation hyperspatiaux, rendus de nouveau accessibles à la fin de la Guerre des Clones. Déjà unanimement respecté, le Routard s’était joint à l’effort avec l’intrépide réalisation d’un guide consacré aux systèmes de la Bordure extérieure. C’est à cette même période que Noo Luk, entrepreneur ambitieux et jeune père de famille, part s’installer sur la lointaine Tatooine, vivement recommandée par le guide pour son marché d’exploitations agricoles en pleine expansion. “Le portrait qu’ils en ont fait était tout à fait alléchant, confie Noo Luk, des panoramas magnifiques, un carrefour de civilisations unique, de gigantesques champs de fleurs des sables et des droïdes et des esclaves à des prix préférentiels. L’endroit parfait pour faire fructifier mon affaire”.

Mais passées l’excitation du voyage et de la perspective d’une nouvelle vie, Noo Luk et sa famille sont vite confrontés à une dure réalité : “Rien de ce qui figurait dans le guide n’y était, poursuit-il, à part les dunes de sable à perte de vue”. C’est ruiné et endeuillé par la perte de sa famille ‒ sa femme et ses trois enfants, emportés par les dures conditions de vie d’une planète qui n’avait rien du charme promis par le Routard hyperspatial ‒, que notre victime nous raconte sa terrible mésaventure. Mais à la lumière du témoignage de Noo Luk, difficile d’imaginer qu’un tel manque de vigilance soit l’objet d’une duperie orchestrée. De son côté, la direction du Routard affirme avoir bien organisé un voyage vers Tatooine, et renvoie la balle aux services de cartographie galactiques.

Nicoper Ernicas, Directeur de l’Observatoire de Coruscant, tempère les accusations faites à l’encontre de son partenaire de longue date, sans pour autant remettre en doute les préjudices portés aux lecteurs du guide galactique. “C’est une fâcheuse méprise. Toutes les informations rapportées par le Routard ont été vérifiées par nos soins et déclarées légitimes. L’erreur réside plutôt dans la route indiquée pour s’y rendre”. Noo Luk et sa famille se seraient ainsi rendus sur une planète étrangement similaire à Tatooine ‒ baptisée Jakku ‒, dans les Confins occidentaux, à des années lumières de ce que monsieur Ernicas décrit lui-même comme “l’endroit le plus éloigné du point central fictif de la Galaxie”. Le Directeur nous montre ensuite les prises de vues orbitales des deux planètes. Et la ressemblance est frappante.

Dans un communiqué adressé à la Chambre de l’Office du Tourisme, l’Observatoire se défend à son tour d’avoir manqué à ses devoirs en fournissant de fausses coordonnées à la rédaction du Routard, invoquant notamment la fait que la carte galactique de l’époque n’était pas aussi précise qu’aujourd’hui. “Il y a vingt ans, notre maigre budget ne nous permettait pas d’être très précis, raconte Ernicas, mais depuis la destruction d’Alderaan par la vermine rebelle, il a fallu effectuer des mises à jour de grande ampleur”. Le Directeur nous a ensuite assuré que la carte actuelle permettait désormais d’éviter de tels écueils.

L’affaire aurait pu s’arrêter là si elle n’avait pas relancé un débat de longue date au sein de la communauté des astronomes : Y’a-t-il trop de planètes qui se ressemblent dans la Galaxie ? Selon Nicoper Ernicas, les erreurs que cela implique restent inévitables et trop peu signalées : “Jakku, c’est un peu le vaporateur d’humidité qui cache la ferme hydroponique. En la voyant on se dit ‘Une autre planète désertique ? La Galaxie manque vraiment d’imagination’ alors qu’il existe bien d’autres exemples. Tenez, par exemple, la planète de glace Hoth (dont la vermine rebelle vient d’être délogée par notre glorieux Empire. NDLR) a sa jumelle dans les Régions Inconnues… enfin, nous le pensons… n’allez pas vérifier !” (Rire gêné)

“Rien ne ressemble plus à un astéroïde qu’un autre astéroïde. C’est aussi vrai avec les planètes, mais si l’on prend le temps de bien regarder, vous verrez des différences” nous dit-il enfin, avant de conclure : “Je pense que les gens sont de mauvaise foi, sinon nous n’aurions pas à subir des débats sans fin du style ‘Y’a-t-il trop d’air dans la Galaxie ?’ ou ‘Quelle est la planète la plus verte ?’ etc.”.

En attendant le verdict de la Chambre de l’Office du Tourisme, la rédaction du Routard hyperspatial a tenu à exprimer sa solidarité avec Noo Luk.
Il est fort probable que son cas ne soit qu'un exemple parmi tant d’autres auxquels le célèbre guide galactique devra répondre. 
Mais comme nous l’a assuré monsieur Ernicas, ce genre d’incident ne devrait plus se reproduire à l’avenir, et Jakku retrouver pareille ‒ et éphémère ‒ notoriété.