CORUSCANT : Pori Nate* est comme beaucoup d’adolescents. Après un seul pas dans sa chambre, au domicile de ses parents, Jrade District, on a une idée de ses passions. Une syth-viole nonchalamment étendue sur son lit. Des posters du dernier concert de D.T. Spool et les Skroaches sur chaque mur. Son databloc scolaire allumé avec ses devoirs non faits – il s’en occupera au dernier moment, comme toujours.

Et pourtant, Pori Nate n’est pas comme les autres. Il a un vice. Un vice mortel.

Pori a 15 ans et il est un consommateur de bâtons de la Mort.

« Ce n’est pas une grosse conso d’accro défoncé ! », dit-il. « Juste un tube ou deux par semaine. Ce n’est pas comme si j’en étais totalement dépendant. Juste pour passer une bonne journée. Tu saisis ? »

Je saisis. L’Office de la Santé de Coruscant estime à plusieurs millions le nombres de jeunes drogués, dont fait partie Pori, et à plusieurs milliers de nouveaux consommateurs par mois. Et ce fléau ne reste plus confiné dans l’obscurité et l’humidité des bas-fonds de Coruscant, il s’élève, pareil à la rouille rongeant les plus belles tours, autant par le nombre que par la classe sociale de ses victimes.

Les jeunes gens blasés et lassés trouvent dans la drogue un moyen efficace pour tromper l’ennui, s’enfonçant dans les profondeurs de la Capitale Galactique, là où l’âge s’oublie facilement à la vue d’une poignée de crédits. Ces adolescents ont des fonds importants à consacrer aux bâtons de la Mort, souvent bien plus que le salaire entiers de ceux d’en bas.

« Les aliens ne voient jamais que nous sommes jeunes. », raconte Pori. « Va t’en reconnaître un Humain âgé d’un jeune Humain pour un Duros ! Du coup, on ne nous regarde jamais de trop prêt et on n’est même jamais scanné. » Ainsi, c’est dans un bar tenu par un Chev que Pori a rencontré son premier fourgue-slyth

Les fourgues-slyth sont des dealers de narcotique. Ils trafiquent les bâtons de la Mort de pharmaciens ratés ou radiés, qui les fabriquent dans des laboratoires clandestins des bas-fonds. La plupart n’ont aucune idée des ingrédients qui constituent les bâtons de la Mort, et la plupart en font d’ailleurs consommation. Dans les labos des cités souterraines, on utilise souvent bien plus que la simple et traditionnelle Epice.

Le bâton de la Mort, à base d’extrait d’Ixetal cilona qui offre des instants euphoriques et réduit à chaque prise l’espérance de vie, est bien le plus grand fléau des night-clubs des Bas-fonds. Disponible sous diverses formes, en tube ou en cachet, à boire, à avaler, à inhaler ou à fumer, il peut être indétectable dans une boisson.

Pori s’en prépare un. « Je ne peux pas vous dire où je l’ai eu, je veux pas qu’on me grille. », nous dit-il en agitant son cylindre de drogue et en s’ouvrant une canette de soda Fizzyglug. « C’est plus rapide avec des bulles. Ca doit passer plus vite dans le sang, je pense… ». Pori est maintenant complètement drogué. Chaque prise fait naître en lui le désir d’une sensation plus forte, plus puissante, et donc de prendre encore plus de drogue. Chaque prise diminue sa capacité à se contrôler, bien qu’il ait encore l’illusion d’être maître de lui-même.

« C’est l’ennui, la solitude, le mal-être qui pousse ces jeunes à absorber ces substances, et ils deviennent encore plus ennuyés, seuls et mal dans leur peau après chaque prise… Un terrible cercle vicieux. », explique Moleese, directeur du programme Sortir-de-l’ombre lancé par les autorités. « C’est vraiment très dur pour eux de sortir de cette spirale infernale sans une aide médicale. Presque impossible… »

Moleese souligne le rôle capital qu’ont à jouer les parents dans la prévention contre les bâtons de la Mort, et autres substances narcotiques, et dans la détection des premiers symptômes. « Observez soigneusement vos enfants, leur comportement ou leurs habitudes, s’ils changent ou non. Sachez où ils vont quand ils sortent la nuit, en quoi ils dépensent leurs crédits, avec qui ils passent leur temps. Si les parents ne prêtent pas attention à leurs enfants et ne sont pas capables de répondre à ces questions, alors il y a de fortes chances qu’ils soient déjà intoxiqués… ».

* Pori Nate est un nom d’emprunt.