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Chapitre 45
Le regard inquiet du messager présageait du pire. Anthara sentit son cœur s’accélérer tandis qu’elle s’approchait de l’homme, un lieutenant impérial dont le teint avait viré au gris, sans doute sous l’effet du stress.
— Le Grand Amiral Thrawn est en réunion avec le reste de l’état-major, lui apprit-elle en parlant à voix basse. Il a proscrit toute interruption.
— Je ne serais pas venu sans raisons valables, Capitaine, justifia le lieutenant en présentant une clé de données. J’ai avec moi un message urgent de catégorie Écarlate Suprême qui a été transmis au major Alstor par les Renseignements. Le major l’estime suffisamment important pour être remis dans les plus brefs délais au Grand Amiral, en dépit des consignes qu’il a pu donner.
C’était un récit plausible, jugea Anthara. Alstor, le responsable des communications, était le genre d’hommes qu’elle appréciait : taiseux mais efficace, pas le genre à vouloir faire parler de lui pour un rien. Un autre officier se serait déplacé en personne pour faire valoir son importance, mais lui avait préféré dépêcher un de ses assistants pour continuer la supervision de son équipe.
Toutefois, le lieutenant n’était pas habilité à entrer dans le saint des saints – la salle de réunion du Guardian. Anthara tendit la main.
— Confiez-moi ce message, ordonna-t-elle. Je vais le remettre immédiatement au Grand Amiral.
L’homme hésita.
— Je suis son aide de camp et sa subordonnée directe, rappela-t-elle d’une voix plus froide. Donnez-le-moi.
Le lieutenant sembla, l’espace de quelques instants, prêt à désobéir à cet ordre direct, mais il se ravisa et lui confia le petit cylindre métallique. Puis il salua, attendit qu’Anthara lui donne congé d’un signe de tête et repartit en direction du centre des communications.
La capitaine baissa alors les yeux sur l’objet qu’elle avait en main. Quelle catastrophe annonce-t-il encore… ? Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir.
Réempruntant la porte encadrée par deux stormtroopers par laquelle elle était sortie quelques instants plus tôt, Anthara traversa le couloir menant à la salle de conférences où s’entretenaient les officiers de la Fédération Impériale et de la Nouvelle République.
Lorsqu’elle y entra, la pièce était plongée dans l’obscurité, illuminée seulement par une projection holographique, ce qui n’était pas le cas lorsqu’elle était sortie. Elle n’eut aucun de mal à deviner de quoi il était question, même sans avoir entendu les dernières minutes de la discussion. Sur cette carte stellaire, les étoiles étaient disposées de façon particulièrement dense… Et les quelques noms qu’elle aperçut n’étaient pas hapiens, ce qui ne laissait que peu d’options sur leur origine.
Assis côte à côte, le Grand Amiral Thrawn et son homologue néo-républicain, l’Amiral de la Flotte Gial Ackbar, commentaient la vue détaillée du Noyau Profond qu’ils avaient sous les yeux.
— …difficulté est là, déclara le MonCal de sa voix râpeuse. Vos cartes sont extrêmement précieuses, mais elles datent d’au moins dix ans. Une goutte d’eau dans le grand océan du temps… Mais nous parlons d’une région galactique d’une extrême instabilité.
— Vous avez raison, confirma Thrawn. Plusieurs passages ont pu effectivement s’effondrer. Il faudra procéder à des reconnaissances avant de les emprunter, et s’assurer, pour l’accès menant à Byss, que les amplificateurs de voies hyperspatiales sont toujours opérationnels.
— La logique militaire voudrait qu’ils aient été désactivés pour isoler au mieux la capitale de l’Empereur d’éventuels attaquants.
— D’après les rapports dont j’ai eu connaissance, cela a effectivement été le cas pendant plusieurs années. Mais l’Empereur a désormais déployé une armée dans plusieurs secteurs galactiques. Il a besoin de liaisons logistiques sûres avec le reste des mondes sous son contrôle s’il veut pouvoir les contrôler efficacement. Nous pouvons supposer que la piste de Byss, au moins, demeure ouverte, à grands renforts de ces amplificateurs… Qui sont sans doute férocement protégés, bien sûr. Et il en va sans doute de même pour la voie reliant Byss à Kalist, qui est encore moins praticable.
— Faire passer notre flotte pourrait donc se révéler impossible…
— Mais nous pourrions créer notre propre voie, suggéra le Grand Amiral. Ou, en tout cas, la recréer.
Il fit un geste, et un fil écarlate se déploya sur la carte entre le Noyau et les Confins Ouest, traversant le Noyau Profond de part en part.
— Une prolongation de la piste de Byss ? questionna Ackbar.
— Mieux encore. La voie que vous voyez là part de Loedorvia et aboutit sur Coruscant en passant par Abanol, qui se trouve dans le même secteur que Byss.
— L’Empereur doit connaître cette piste… remarqua un officier néo-républicain.
— Oh, c’est certain, répondit Thrawn. La voie dont nous parlons est celle qui a été utilisée par le Général Grievous, dans les derniers jours de la République, pour frapper la capitale.
Il n’avait pas besoin de rappeler davantage de détails. Même Anthara, qui n’était pas née à l’époque, avait entendu parler de la bataille de Coruscant… Présentée par la propagande comme la première tentative des Jedi pour se débarrasser du Chancelier Suprême. C’était l’échec de la manœuvre de leur pion, Grievous, qui les avait poussés à recourir à une autre attaque, plus directe – celle qui avait justifié leur élimination.
Enfin, c’était le récit qu’elle avait longtemps cru… Et qui était probablement un tissu de mensonges. C’était ni plus ni moins que ce qu’avait dit Poldrei au Grand Amiral Thrawn, lors de leur dernier entretien. Palpatine adore accuser ses ennemis des crimes qui lui-même commet, afin d’en tirer des bénéfices une seconde fois.
— D’après les registres, la piste en question a été déclarée effondrée quelques mois après la proclamation de l’Empire. Mais j’ai suffisamment pratiqué l’exploration hyperspatiale pour savoir que ces « effondrements » ne sont jamais linéaires. Il serait sans doute possible, à grand renfort d’amplificateurs, de rouvrir cette voie et de nous en servir pour attaquer Byss.
Un commandant impérial s’avança légèrement sur son siège.
— Pardonnez cette interruption, Amiral, mais je suis sans doute le seul ici à avoir servi dans la Cinquième Armée Sectorielle dans les années qui ont suivi la Guerre des Clones, indiqua-t-il. J’ai vu Byss, et j’ai aussi patrouillé le long des stations de défense des dispositifs amplificateurs. L’endroit était déjà très fortement défendu, et je doute que l’Empereur ait laissé le moindre accès, la moindre faiblesse dans son dispositif défensif. La coupure des dispositifs amplificateurs pourrait par ailleurs piéger notre flotte tout entière dans une position dangereuse. Il s’agit sans doute d’un piège.
Il glissa un regard en direction d’Ackbar.
— Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que l’Empereur laisse une voie hyperspatiale artificielle sans surveillance pour en tendre un…
— C’est exact, concéda le non-humain. Mais il ne vous aura pas échappé que nous avons finalement remporté la bataille d’Endor.
— Notre attaque sur Byss ne pourra pas être lancée avant d’avoir fortement affaibli ses forces de défense, trancha Thrawn. Nous allons devoir affaiblir peu à peu les positions de l’Empereur en harcelant ses lignes de front. Comme vous le savez déjà, Amiral Trier, c’est à vous et à l’amiral Nantz qu’il reviendra d’intervenir dans les Confins Ouest pour y fixer des unités de l’ennemi et leur infliger des pertes handicapantes.
— Ce sera fait, promit l’officier.
— Bien. Après notre départ de Brentaal, la flotte se dispersera pour mener ces raids multiples et forcer notre ennemi à diviser ses propres forces. Il nous faudra agir avec beaucoup de flexibilité.
— Tel que nous le connaissons, il ne tardera pas à réagir, enchaîna Ackbar. Il faudra être prêts à tout.
Avec un soupir, il fit un geste et la projection disparut. Aussitôt, la lumière revint, et le regard de Thrawn se posa sur Anthara qui n’avait pas osé reprendre sa place en pleine réunion.
— Capitaine Brenko… Avez-vous des informations complémentaires à nous apporter ?
— C’est possible, Amiral, répondit-elle en saluant. Un message codé de catégorie Écarlate Suprême, précisa-t-elle en lui présentant le cylindre de données.
Elle s’approcha de lui, sous les regards des autres officiers néo-républicains et fédéraux, afin qu’il puisse s’en saisir. Il attrapa la clé cryptée et l’observa avec attention.
— Nous pouvons vous laisser, si besoin, proposa doucement Ackbar.
— Vérifions d’abord si cela s’avère nécessaire.
Le Grand Amiral inséra le cylindre dans le port informatique prévu à cet effet, et la salle replongea aussitôt dans l’obscurité. La vue de la galaxie avait été remplacée par le symbole de la Fédération Impériale.
— Communication protocole Pacte-IV, annonça une voix désincarnée. Identification requise.
Thrawn échangea un regard avec son homologue néo-républicain. Ainsi qu’il l’avait soupçonné, il s’agissait bien d’un message concernant les deux factions.
— Ici le Grand Amiral Thrawn, Stratège de la Fédération Impériale, répondit-il en s’assurant de bien prononcer chaque mot. Code de reconnaissance Dronga, Kairan, Kallis, Gyndine.
— Identification confirmée.
Le logo disparut alors pour laisser apparaître la silhouette éthérée du directeur des Renseignements Impériaux en personne, Jahan Cross.
— Mes respects, Amiral, salua l’enregistrement. Des informations préoccupantes viennent d’être transmises à mes équipes concernant les forces ennemies. La flotte des Dévastateurs de Monde a quitté Kuat à 05.30 avec son escorte, ne laissant derrière elle qu’une garnison limitée. Selon les projections, sa trajectoire pourrait la mener vers Commenor. Nous nous en remettons à vous pour prendre toutes les mesures que vous jugerez nécessaires. Cross, terminé.
Un ensemble de documents sur les Dévastateurs de Monde, y compris les dernières informations évoquées par Cross, fut alors projeté au milieu de la salle. Anthara les observa avec inquiétude. Le concept même de ces vaisseaux la terrifiait. En face d’elle, le visage d’Ackbar se durcit.
— Il semblerait que l’Empereur ait décidé de repasser à l’action avant nous.
— De toute évidence, confirma Thrawn.
Ses yeux écarlates scrutèrent avec attention l’hologramme. Anthara se demanda ce qu’il pouvait bien y déceler.
— Commenor est bien toujours indépendante ? demanda-t-il aux Néo-Républicains.
— Aux dernières nouvelles, confirma l’un de leurs généraux, un humain d’âge mur aux traits secs. Nous y avions un temps une base de formation de nos pilotes, sur la lune de Folor, mais elle a été abandonnée lors de la campagne contre Zsinj. Les Commenoréens se sont montrés particulièrement précautionneux depuis Endor. Mais leur modèle diplomatique était Corellia, et nous avons vu ce que cela avait donné…
— Commenor n’est peut-être pas l’objectif final de cette flotte, ajouta Ackbar.
Il avait parlé doucement, mais d’une voix particulièrement dure qui inquiéta Anthara.
— Tout comme Brentaal, c’est un système de transit important, où plusieurs voies se croisent, poursuivit-il. C’est l’un des accès les plus indiqués pour gagner la Bordure Médiane… Kashyyyk, et, au-delà…
— Mon Calamari, comprit Thrawn.
Immobile et silencieux, il poursuivit sa contemplation de la projection.
— Vous pourriez bien avoir raison, admit-il finalement.
— L’Empereur a toujours voulu punir notre monde pour avoir été l’un des premiers à se rebeller, rappela Ackbar. Mon Calamari était l’une des cibles désignées de la première, puis de la deuxième Étoile de la Mort. Ce sera l’un des objectifs de ces Dévastateurs de Mondes, sans doute le premier qu’ils frapperont dans cette nouvelle phase de la guerre.
— C’est plausible, en effet.
— Nous devons les arrêter.
— Oui.
Mais ils oublient un détail essentiel. Le pouls battant, Anthara se décida à intervenir.
— Nous ignorons toujours comment les arrêter, rappela-t-elle. L’amiral Rogriss n’a pas relevé le moindre dommage qui leur ait été infligé lors de leur attaque sur Kuat. C’est comme s’ils étaient indestructibles…
— Aucun vaisseau n’est indestructible, indiqua l’officier néo-républicain qui était intervenu un peu plus tôt. C’est juste que vous n’avez pas encore trouvé la faille qui permettra de les détruire.
— Auriez-vous une idée sur la question, général Crespin ? demanda Ackbar.
— Rien de probant, Amiral, répondit l’homme. Mais je suis un pilote de chasseurs, et je sais que nos appareils sont parvenus plus d’une fois à détruire des engins impériaux qui étaient réputés invincibles. Ces Dévastateurs de Mondes sont juste une Étoile de la Mort dont nous ne connaissons pas encore le point faible. Une fois que ce sera fait…
— Il est vrai qu’une attaque par des escadrons de chasseurs est sans doute notre meilleure option face à ces engins, approuva Thrawn. Leurs faiblesses intrinsèques ne sont pas difficiles à identifier : ils sont plutôt lents et peu maniables. De plus, les chasseurs ne leur offrent pas la… Disons, la « nourriture » dont ils ont besoin pour renforcer leur attaque.
— Je suis d’accord, approuva Ackbar. Mais je ne suis pas certain qu’une opération menée uniquement par des chasseurs soit la solution.
Le Grand Amiral approuva d’un bref signe de tête.
— Nous devons mettre toutes les chances de notre côté. Je propose que nous fassions des Dévastateurs notre priorité, quitte à les poursuivre jusqu’à Mon Calamari s’il le faut.
— La flotte rassemblée à la station Exis ne serait-elle pas plus appropriée pour mener à bien cette mission ? demanda l’amiral Trier. Vu son positionnement actuel, elle pourrait agir bien plus rapidement que nous…
— L’amiral Bel Iblis aura besoin de tous les vaisseaux disponibles pour exécuter son plan. De notre côté, l’offensive que nous menons est plus flexible.
Thrawn se tourna alors vers Ackbar.
— Je propose que nous ne mobilisions que le Guardian et le Home One parmi nos vaisseaux capitaux. À eux deux, ils pourront emporter au moins cinq cents chasseurs dans les plus brefs délais. Nous les utiliserons comme base de lancement pour nos opérations en les gardant hors de portée des Dévastateurs et n’interviendrons qu’une fois les fours moléculaires désactivés. Les autres vaisseaux demeureront dans le Noyau et harcèleront les positions ennemies comme nous en avons convenu.
Ce fut au tour d’Ackbar d’acquiescer. Les deux commandants en chef réglèrent ensuite les détails des deux opérations conjointes. Les forces restantes dans le Noyau seraient placées sous le commandement conjoint de l’amiral Onoma et du commodore Harbid, qui serait promu au rang d’amiral à titre temporaire. Dans les faits, Onoma gèrerait la planification des raids, tirant profit de l’expérience qu’il avait acquise lors de la traque du Seigneur de guerre Zsinj. Harbid se chargerait davantage du soutien aux opérations décidées par l’amiral MonCal.
Celui-ci avait accepté ses nouvelles responsabilités sans enthousiasme, tant il aurait préféré participer à la protection de sa planète natale. Mais Thrawn et Ackbar demeurèrent fidèles à la ligne proposée un peu plus tôt par le Grand Amiral. Ils déterminèrent ensemble une liste d’escadrons à affecter aux vastes hangars du Guardian, certains provenant de garnisons planétaires situées dans des secteurs qu’ils allaient devoir traverser pour fondre sur leur cible.
Anthara observa les échanges avec un intérêt croissant. Elle s’était attendue, au début, à quelques frictions entre les deux chefs de guerre. Mais plus le temps passait et plus une synergie s’installait ; un tourbillonnement créatif où chacun apportait sa touche personnelle. La bonhommie naturelle d’Ackbar, au-delà de son aspect parfois un peu rustre, contrastait pourtant terriblement avec la raideur et la froideur de Thrawn. Mais ils étaient bel et bien une paire, à présent, et se trouvaient entièrement dédiés à la lutte contre un ennemi dont ils n’avaient pas encore pris toute la mesure.
Quand les derniers détails furent réglés, Ackbar plissa ses énormes yeux globuleux.
— Si nous échouons, c’en est fini de la Nouvelle République et, par ricochet, de la Fédération Impériale. Mais même si nous parvenons à arrêter les Dévastateurs, il nous restera encore beaucoup de chemin à faire avant de remporter la guerre…
— Vous souvenez-vous de nos parties d’échecs ? demanda alors Thrawn. C’en est une, et l’ennemi a l’avantage. Il peut nous mettre mat à chacun de ses coups.
Il se pencha légèrement en avant, appuyé sur la table de réunion.
— Tout l’enjeu, pour nous, est de survivre tout en lui prenant les pions qu’il expose pour nous piéger, de façon à réduire ses forces jusqu’au moment où nous pourrons le frapper au cœur.
Espérons juste, songea Anthara, que nous ne perdrons pas trop de nos propres pions dans la bataille…