Merci à vous deux ! Réponses plus bas.
Et, d'ici là, un nouveau chapitre... Qui sera sans doute le seul d'ici à fin juillet, vu que je vais m'éloigner un peu de mon ordinateur.
J'espère pouvoir revenir ensuite à mon rythme hebdomadaire qui a rarement été respecté depuis le début de cette partie...
<<Chapitre précédant<< Sommaire >>Chapitre suivant>>Chapitre 50Même sans faire usage de la Force, Leia pouvait sentir croître l’agacement de Carth Poldrei.
— Je veux récupérer l’
Aventurier Errant, martela Booster Terrik pour ce qui lui semblait être la cinquantième fois.
— Je pense l’avoir compris, répondit le Consul. Mais je vous ai déjà livré ma réponse et elle ne varie pas : le
Virulence a repris du service au sein de la Flotte impériale, après d’importants travaux de réfection.
— Moi aussi, j’en avais fait, des travaux, et vos gars…
— Nos équipes ont récupéré un destroyer capturé en temps de guerre, signala Poldrei. D’accord, vous l’aviez volé à la flotte privée d’Isard, mais il compte quand même comme une possession impériale. Le
Liberté du commandant Yonka, qui était dans une situation similaire, a été remis à nos forces en vertu des accords d’échange du Pacte.
— Je ne suis pas membre de la Nouvelle République ! tonna le contrebandier. Ce qu’ils ont signé ne me regarde pas !
— Je reconsidérerais mes propos, si j’étais vous. Votre statut de citoyen de la Nouvelle République vous protège. Si vous étiez citoyen impérial, voire d’un monde indépendant, vous seriez à cette heure accusé de piraterie et enfermé dans une de nos prisons.
— Il a raison, Booster, signala alors Talon Karrde à son partenaire en affaires. Inutile d’indisposer nos amis du Conseil Provisoire.
Il inclina légèrement la tête en direction de Leia, avec une déférence qui n’était pas sans charme. Cet homme était un séducteur, elle le savait. Par certains aspects, il lui rappelait Han. Mais, comme ce dernier, il était bien davantage que ce qu’il voulait paraître. Malgré son air de mauvais garçon de l’espace rangé des vaisseaux, Karrde avait l’habileté d’un vrai politicien.
Il aurait pu être sénateur, s’il l’avait voulu, réalisa Leia.
Mais il a sans doute davantage de pouvoir – et moins d’ennuis – ainsi. Il s’était plus ou moins imposé comme conseiller de Booster Terrik dans ses négociations avec le Pacte, même s’il agissait plutôt comme un intermédiaire. La Conseillère devinait toutefois que son intervention n’avait rien de désintéressé.
— Je refuse de me faire dépouiller, insista le vieux contrebandier. J’ai des droits sur ce vaisseau, et des informations qui le valent bien.
Le problème, c’est qu’il a raison, songea Leia avec un profond embarras.
L’objectif fixé par l’amiral Bel Iblis avait été d’obtenir des codes permettant de contourner les défenses automatiques de Corellia. Mais Terrik pouvait leur offrir mieux : les plans du système de défense et des codes permettant d’en prendre le contrôle depuis une station de surveillance isolée à l’est de Coronet.
— Ça paraît trop beau pour être vrai, avait remarqué Leia.
Terrik s’était fendu d’un rire sonore.
— N’est-ce-pas ? Mais vous sous-estimez le pouvoir de la corruption, Conseillère. C’est cette vieille canaille de Flirry Vorru qui était le Moff de la planète à l’époque où ce système a été mis en service. Vous le connaissez : il a toujours eu quelques combines en route. Il travaillait déjà avec le Soleil Noir sur des opérations de contrebande qui rapportaient gros. Disposer de ce poste de contrôle dérivé était un sacré atout pour lui : il suffit d’une équipe réduite pour prendre la main sur le système de défense et assurer le passage des vaisseaux concernés. Moins de pattes à graisser parmi les contrôleurs officiels, plus de bénéfices à la sortie.
Karrde avait ensuite proposé de mettre à disposition son meilleur craqueur de codes pour reprogrammer le système de défense. Avec un peu de chance, il serait même possible de l’utiliser pour attaquer les vaisseaux palpatinistes.
Un atout inespéré, et donc inestimable.
Leia cherchait donc comment amadouer Booster Terrik et son associé ; mais Poldrei passa à l’attaque avant qu’elle n’ait pu envisager une stratégie.
— Et vous, capitaine Karrde ? Que comptez-vous retirer de cette affaire ?
— Ma participation est purement amicale et liée à l’estime que j’ai pour Booster, assura l’élégant vaurien avec un geste d’apaisement.
Terrik grommela ostensiblement.
— Lequel m’a offert une participation à son entreprise en échange de mon soutien dans cette épreuve, ajouta Karrde.
— Vous auriez donc des parts de son vaisseau, s’il parvient à l’obtenir.
— Effectivement. À dire vrai, il faut que je pense à l’avenir de mon équipe. Le commerce de fournitures indisponibles…
— La contrebande, corrigea Leia en haussant un sourcil.
— Tout juste. Cette activité s’accommode mal des régimes plutôt libéraux que vous ambitionnez, et encore moins des périodes de paix. Le commerce d’objets rares mais légaux, comme les antiquités ou les œuvres d’art, est à la fois moins risqué et bien plus lucratif. Quant au négoce d’informations, il a l’avantage de ne requérir que peu de places.
— Vous pensez donc utiliser le vaisseau du capitaine Terrik comme base d’opérations.
— Tout juste. Toutefois, un arrangement est toujours possible. J’appréciais particulièrement mon ancienne base de Myrkr…
Le visage du Consul Poldrei demeura impassible, mais Leia sentit nettement son trouble au sein de la Force. Derrière son visage impassible, le Polcaphréen était réellement inquiet.
— Myrkr est une zone d’exclusion impériale, rappela-t-il d’une voix soigneusement contrôlée.
— Ça ne m’a pas échappé.
— Je m’en doute. Et il ne vous aura pas échappé non plus, j’imagine, que les ysalamiris sont une ressource bien trop stratégique pour être accessible à tout un chacun.
— Bien sûr.
L’explication était plausible, constata Leia.
Mais je suis certaine qu’il y a autre chose. Quelque chose que Carth Poldrei tient absolument à garder secret. C’était en tout cas ce que la Force lui soufflait.
Elle avait aussi le sentiment que cela ne risquait pas de lui porter préjudice ; aussi décida-t-elle d’aller de l’avant et de remiser cette information dans un petit coin de sa tête.
— Capitaine Terrik, je crois me souvenir que vous avez géré une station spatiale, pendant la guerre du Bacta, suggéra la Conseillère. Je suis sûr que nous pourrions trouver un arrangement…
— Et me refiler ce vieux tas de ferraille ? ricana le contrebandier en désignant du pouce le plafond. Merci bien ! Je rendais service à Wedge, c’est tout. J’ai l’étoffe d’un aventurier, pas d’un administrateur casanier.
— Alors ce sera un vaisseau, lâcha Poldrei. Mais pas un destroyer impérial.
Terrik se tourna vers lui.
— Vous allez me refiler quoi ? Un Acclamator à moitié rouillé ? Un Venator datant de la Guerre des Clones ?
— Vous n’êtes pas loin, mais vous vous trompez de camp, répondit le Consul. En prenant possession du Secteur Corporatif, la Fédération a mis la main sur un ensemble de vaisseaux lourds séparatistes. Nous pouvons vous céder un classe-Lucrehulk en échange de vos informations.
Leia se mordit discrètement les joues. C’était particulièrement osé, et même assez discourtois de la part de Poldrei de proposer des vaisseaux qui, selon les termes du Pacte, ne lui appartenaient plus.
— C’est vieux, lâcha Terrik.
— Mais solide. Avec des besoins en équipage réduits… et une capacité de stockage inégalée.
— Acceptez, Booster, conseilla Karrde. Vous savez que vous n’obtiendrez pas mieux, même en insistant.
— J’aurais dû demander un cuirassé stellaire…
— Vous seriez parvenu au même résultat.
Le Corellien soupira.
— Très bien, dit-il en s’enfonçant un peu dans son siège. Vous aurez vos codes et toutes les informations qui vont avec…
Ils passèrent la demi-heure suivante à négocier les détails de la transaction, puis remirent les cartes de données récupérées aux équipes du général Cracken. Ce n’est que lorsqu’ils quittèrent le bureau de celui-ci que Leia trouva l’occasion de dire le fond de sa pensée à son homologue.
— Vous êtes très généreux avec les biens des autres, lui fit-elle remarquer.
L’ex-Moff resta silencieux pendant de longues secondes.
— La Fédération va engager un million de soldats dans la bataille de Corellia, déclara-t-il finalement. Sans compter les équipages de nos vaisseaux de guerre, qui vont au moins faire doubler ce nombre. Et tout cela pour une planète qui
vous reviendra après la bataille. Vous serez donc d’accord pour dire que ma générosité n’est pas à sens unique.
— Je ne voulais pas remettre en question votre aide, contra Leia.
— Qu’alliez-vous faire de ces vaisseaux ? Les vendre à la ferraille ? Nous savons tous deux que vous n’auriez pas pu les intégrer dans votre flotte régulière, pas au moment où vous souhaitez la moderniser. L’ère de la Rébellion est terminée.
— Tout de même…
— D’ailleurs, l’idée n’est pas de moi mais de Thrawn, poursuivit le Consul. Quand j’ai appris que Talon Karrde s’était invité aux négociations, je l’ai averti. Il avait déjà eu affaire à lui et a assez bien cerné l’homme. Ses analyses étaient remarquablement pertinentes… Comme toujours, devrais-je dire. Ah, Celric !
Leia se tourna pour regarder dans la même direction que lui et vit arriver le jeune chef des Protecteurs Impériaux, dans son armure élégante.
— Navré de vous interrompre, Excellences, les salua-t-il. Luke m’a demandé de vous signaler que la plupart des participants sont arrivés et que les derniers seront là dans quelques minutes.
— Nous arrivions justement, répondit Poldrei avec un regard en coin en direction de Leia. Passez devant.
Le Protecteur salua de façon formelle, mais un peu maladroite, comme s’il était encore mal à l’aise dans son uniforme rutilant.
Il est jeune, songea la Conseillère.
Pas autant que Luke et moi au moment de la bataille de Yavin… Mais jeune quand même pour quelqu’un qui doit porter de telles responsabilités. Elle l’appréciait néanmoins. Même s’il avait vécu des moments difficiles – mais qui n’était pas dans ce cas, après trois décennies de guerre ? –, il avait su garder une certaine naïveté, une candeur rafraîchissante, un optimisme revigorant.
— Votre mère a retrouvé certaines de ses connaissances ? lui demanda Leia avec douceur tandis qu’ils entraient sur la passerelle d’observation où la réunion devait se tenir.
— Des gens qu'elle avait croisé, répondit Celric en regardant la foule bigarrée qui s’était réunie là.
Depuis l’entrée qu’ils avaient empruntée, en surplomb, ils pouvaient l’observer en détail. Elle était principalement composée d’humains. À ce qu’elle avait compris, nombre de Jedi ayant survécu avaient appartenu à l’espèce majoritaire, se cachant parmi la foule de leurs semblables. Il y avait hommes et des femmes dans des tenues civiles et militaires, pour certains des officiers qui étaient présents en tant qu’observateurs. Elle échangea un bref signe de tête avec l’amiral Garind, qui discutait avec un Protecteur semblant encore plus jeune que Celric. Elle repéra aussi Luke, un peu plus loin, discutant avec une poignée d’inconnus.
— Quelques-uns, reprit Tavill. Mais la plupart de ses amis sont morts lors de l'assaut du Temple. Les Jedi qui sont là...
Il laissa sa phrase en suspens.
— Pour ma part, je n'en reconnais aucun, lâcha Poldrei, qui regardait la scène les mains dans le dos, une expression indéfinissable, peut-être un peu nostalgique, sur le visage. Ce qui n'a rien d'étonnant. La plupart ont l'air d'avoir mon âge, ou moins encore. Les Jedi qui se sont distingués au cours de la Guerre des Clones étaient pour la plupart des vétérans, des gens qui auraient pu servir de ralliement à un mouvement contre-impérial et que Palpatine a voulu à tout prix...
Il n'acheva pas sa phrase. Leia vit que son regard s'était fixé sur un point derrière elle ; elle se retourna et aperçut l'être qui avait surpris son homologue. Un imposant Whipid à la fourrure argentée venait de faire son entrée sur la passerelle d'observation, et sa tenue traditionnelle ne laissait aucun doute sur sa qualité.
— Oh, bon sang, souffla le Consul. Lui, je le connais.
Et ce qu'elle ressentait au sein de la Force chez le Polcaphréen confirmait bien son trouble. Sans prononcer un mot de plus, il se dirigea vers le nouvel arrivant, et Leia le suivit par curiosité.
Le Whipid les vit s'approcher et resta là à les attendre. La Conseillère connaissait un peu les êtres de son espèce pour en avoir côtoyé quelques-uns à l'époque de la Rébellion, et elle savait qu'ils avaient le sang chaud et une patience assez limitée. Mais ce n'était pas ce qu'elle percevait chez lui, bien au contraire : ce Jedi semblait parfaitement fidèle aux préceptes de sérénité de l'Ordre.
Poldrei se plaça face à lui et s'inclina légèrement.
— Vous êtes le général K'Krukh, n'est-ce pas ?
La question arracha ce qui semblait être un petit rire au Whipid.
— Il y a longtemps qu'on n'avait pas utilisé ce grade pour me désigner, répondit-il d'une voix grave aux résonances profondes.
— Les vieilles habitudes, dit le Consul avec un sourire d'excuse avant de désigner son accompagnatrice. Vous connaissez sans doute la Conseillère Leia Organa Solo de la Nouvelle République, au moins de réputation...
— J'ai passé les trois dernières décennies à me tenir aussi éloigné que possible du reste de la galaxie, répondit K'Krukh. Mais j'ai beaucoup appris depuis que j'ai quitté mon isolement ces derniers jours, et je sais qui vous êtes, ajouta-t-il avec un signe de tête en direction de la jeune femme. J'ai combattu aux côtés de votre père à quelques reprises. Savoir ce qui lui est arrivé m'attriste... Mais je me réjouis qu'il ait, finalement, retrouvé la voie de la Lumière.
— Merci, répondit Leia avec sincérité. C'est un honneur de faire votre connaissance.
— Pour ma part, je suis Carth Poldrei. J'ai servi sous vos ordres sur Saleucami, poursuivit Poldrei. Très brièvement, bien sûr. Je faisais partie du Corps de formation des officiers de terrain qui a été dépêché sur place pour sécuriser la planète après la victoire.
— À la fin de la guerre, se souvint le Jedi.
— Oui. Mais je vous connaissais déjà avant, précisa le Consul. J'étais assez admiratif de la façon dont vous aviez défié l'Ordre au début du conflit, en refusant de mener des troupes au combat dans une guerre qui vous semblait échapper à toute logique. Et la suite a démontré que vous aviez vu juste, avant les autres.
— J'aurais préféré me tromper, admit calmement K'Krukh. Mais il est impossible de changer le passé. On peut seulement s'efforcer de construire un avenir meilleur.
— C’est ce que je m’efforce de faire, assura Poldrei.
Ils échangèrent encore quelques paroles polies avant que Luke n’arrive pour accueillir le vétéran Jedi. Son intervention amusa Leia. D’ordinaire, c’était elle, la maîtresse des cérémonies dont son frère était l’invité d’honneur. Mais elle ne se plaignait pas de cette inversion des rôles. Elle savait à quel point la renaissance de l’Ordre Jedi tenait à cœur à Luke, et elle était décidée à l’y aider, à sa façon.
En organisant le rendez-vous, ils s’étaient mis d’accord sur un protocole un peu officiel, qui marquerait formellement le début de cette nouvelle aventure dans laquelle ils s’engageaient. Quelques holocams étaient présentes, avec une poignée de journalistes sélectionnés avec soin par les dirigeants du Pacte pour suivre les événements de la station Exis et ceux qui viendraient ensuite.
Les objectifs étaient fixés sur le podium et ne manquèrent rien du premier intervenant.
—
Quand je ne serai plus, le dernier des Jedi tu seras. La voix de Luke résonna clairement dans la salle devenue silencieuse.
— Voici ce que maître Yoda m’a déclaré, peu avant sa mort. C’était, vous l’imaginez bien, un poids énorme qui s’abattait sur mes jeunes épaules. Nous étions juste avant la bataille d’Endor. L’Empereur Palpatine dirigeait encore l’essentiel de la galaxie, avec mon père à ses côtés. La situation semblait désespérée.
Mais nous avions récupéré Han, songea Leia, un sourire en coin en repensant à leurs retrouvailles.
— Yoda m’avait cependant donné une instruction, reprit Luke.
Transmets ce que tu as appris. Il m’a fallu du temps pour savoir comment le faire. Du temps, et de nombreuses recherches, qui m’ont permis de trouver aussi des alliés. Aujourd’hui, me voilà devant vous : les Jedi de demain… Et ceux d’hier, aussi, qui ont retrouvé le chemin de leur devoir.
Sa gestuelle était moins celle d’un discours officiel que d’un prêche religieux, tant il croyait avec conviction à chacun des mots qu’il prononçait. En cet instant, Luke dégageait un charisme qui étonnait jusqu’à sa sœur qui l’observait avec attention.
— Je sais quelles sont vos craintes. Vous ressentez, comme moi, le sentiment d’un danger imminent, mais aussi celui d’un nouvel espoir. L’Ordre Jedi restauré – le Nouvel Ordre Jedi – durera, quelles que soient les forces des Ténèbres qui tenteront d’en éteindre la flamme. Nous tirerons la leçon des erreurs du passé, nous tenterons de ne pas en commettre d’autres à l’avenir, et nous irons de l’avant pour le bien de cette galaxie.
Une fois les applaudissements éteints – ils avaient duré plus d’une minute –, le jeune Jedi céda la place au Consul Poldrei. Leia l’écouta tout en préparant sa propre intervention.
— Je ne peux qu’approuver les propos de maître Skywalker, déclara le Polcaphréen. Nombre d’entre vous, en particulier parmi ceux qui ont survécu à l’Ordre 66, s’étonneront de voir un ancien officier impérial tel que moi parler du respect qu’il éprouve envers les Jedi. De fait, les rancunes existent et sont tenaces. C’est là tout le génie maléfique de l’homme que nous affrontons à présent. Avant la Guerre des Clones, les agents du Département Judiciaire et les Jedi travaillaient main dans la main. Je n’en faisais pas partie à cette époque, mais les vétérans que j’ai côtoyés m’en ont parlé avec une certaine nostalgie.
Il adressa un signe de tête à un homme au fond de la salle, installé avec une poignée d’autres officiers des deux camps, que Leia identifia comme étant l’amiral Pellaeon.
— Lorsque le conflit a éclaté, Palpatine a manœuvré avec une habileté remarquable. Il a fait des Jedi, qui étaient jusqu’alors les gardiens de la paix, les meneurs de cette guerre. Au sommet de la hiérarchie, sous le feu des projecteurs également. Ils sont réellement devenus les symboles du conflit, tandis qu’en arrière-plan, les soldats et les officiers qui se battaient avec autant de courage étaient rejetés dans l’oubli. De cette façon, Palpatine gagnait sur les deux tableaux : les Jedi perdaient l’affection d’une part importante de la population, tandis que le corps des officiers se mettait à éprouvait de la rancœur à leur sujet. Et il y en eut bien peu, effectivement, pour protester contre l’Ordre 66 ou pour se rebeller dans les premiers jours de l’Empire. Même ceux qui ont ouvert les yeux par la suite – cette fois, il regarda en direction de vétérans rebelles, au premier rang desquels Adar Tallon et Jan Dodonna – ont servi un temps dans les rangs de l’Empire après le massacre des Jedi. Je sais que, pour beaucoup d’entre vous, il sera difficile de passer outre les fractures nées à cette époque. Pour ceux qui ont été trahis et traqués, il sera difficile de faire à nouveau confiance à quelqu’un qui a revêtu l’uniforme gris ou l’armure blanche de l’armée impériale.
Il releva légèrement la tête.
— Mais nous devons passer outre, ensemble, si nous voulons…
Il s’interrompit, le regard tourné vers sa droite. Leia bougea légèrement pour apercevoir du mouvement dans la foule à ce niveau-là. Elle vit alors plus distinctement le visage de l’élément perturbateur ; c’était l’amiral Garind, un comlink à la main, qui se dirigeait vers le podium des orateurs.
— Excellence, nous avons un problème, annonça-t-il en émergeant de la foule.
Poldrei acquiesça brièvement.
— Une attaque ?
Leia se mordit discrètement les lèvres. Une attaque, de fait, n’aurait rien eu de surprenant. C’était même l’un des buts de la réunion : pousser l’Empereur à agir de façon inconsidérée, irréfléchie, en lançant ses forces pour détruire ses ennemis éternels. Un contingent important de la flotte avait été positionné à quelques minutes-lumières de là, prêt à intervenir pour aider les vaisseaux défendant la station Exis si le besoin s’en faisait sentir.
— Pas celle que nous attendions, répondit Garind. Les senseurs longe distance ont détecté un vaisseau, seul, petit gabarit – pas plus gros qu’une corvette, au plus.
— Un seul appareil ? répéta Poldrei, visiblement surpris.
Leia échangea un regard avec son frère. Tout cela ne lui disait rien qui vaille.
Elle se tourna vers les officiers et vit qu’ils avaient déjà réagi. L’une des baies d’observation s’opacifia pour devenir un écran représentant le point d’émergence supposé de l’ennemi.
La Conseillère se mit à compter les secondes. Elle n’avait pas atteint les dix quand l’image se brouilla pour laisser apparaître le vaisseau.
Enfin, le vaisseau… Leia sentit son cœur accélérer. Les dimensions étaient celles d’une petite corvette, et les formes rappelaient les canonnières corelliennes des débuts de la Rébellion… Mais ce n’était pas un vaisseau.
Seulement un missile.
Elle se tourna vers son frère et vit son regard résolu, tandis que Poldrei, lui, était clairement effrayé.
— Il faut le faire abattre ! ordonna-t-il à Garind.
— J’ai déjà donné des instructions, répondit l’amiral.
De fait, sur l’écran, les vaisseaux fédéraux et néo-républicains avaient ouvert le feu, tirant leurs salves plasmiques et ioniques en direction du projectile à hyperdrive.
Mais rien ne semblait pouvoir l’arrêter, et il fonçait toujours vers sa cible – la station, évidemment – en frôlant les coques des croiseurs et destroyers, sans se préoccuper de leurs attaques qui étaient comme des piqûres d’insectes sur son blindage.
— Les rayons tracteurs ! lança Poldrei.
— Ils ne serviront à rien, intervint alors K’Krukh qui s’était rapproché d’eux.
Leia le vit échanger un regard avec son frère.
— La Force, comprit Luke. Seule la Force pourra l’arrêter.
La jeune femme espéra qu’il avait vu juste. Il ferma les yeux et tendit la main devant lui, dans une direction qui aurait pu paraître approximative mais qui était – elle le ressentait – celle du missile fonçant sur eux.
K’Krukh l’imita. Puis Celric, et une poignée d’autres Jedi.
Leia repensa alors au récit que son frère lui avait fait de son entraînement avec Yoda. Le vénérable Jedi avait su montrer à Luke comment utiliser ses pouvoirs pour soulever un chasseur embourbé.
La taille ne compte pas, avait-il proclamé.
Mais il avait aussi dit autre chose, plus tard, avant de mourir. Une phrase que Luke avait lui-même répétée, sur Endor, en avouant à sa sœur ses véritables origines.
La Force est puissante dans notre famille. Leia se joignit alors aux autres Jedi, s’abandonnant pour la première fois à cet héritage qu’elle avait longtemps redouté. Elle tendit la main, ferma les yeux et sentit son esprit se joindre à celui de tous les autres êtres de Lumière présents.
Oui, je sais, je vous laisse un peu sur un cliffhanger...
sam sanglebuc a écrit:Contrairement à certaines séries, on prend ici le temps de rencontrer les personnages; ha ! Ça fait du bien.
C'est l'idée de ces chapitres un peu plus intimistes, même s'il y en a peut-être moins que dans le premier tome.
L2-D2 a écrit:Mais je m'interroge sur le devenir de Tierce à l'issue de tout ceci. Et sur Garind, aussi, qui lui rappelle donc l'aspect "courtisan" de la cour de Palpatine. Il menace juste ce qu'il faut, l'amiral. Et Tierce semble un peu fataliste, à accepter son sort avec une forme de résignation. Mais pour combien de temps ? Sera-t-il amené à recroiser Kir Kanos, tiens ?
Je dirai juste que tu te poses de très bonnes questions, mais que je ne peux y répondre au risque de spoiler la fin de ce tome.