Rogue One : A Star Wars Story... Je ne sais pas si c’est utile mais je précise que mon visionnage du film s’est fait en IMAX 3D VOSTFR.
Préambule
Je ne sais jamais vraiment comment critiquer un film, enfin si je sais mais si je voulais le faire j’écrirais littéralement un petit roman. Il faut parler de l’histoire, des acteurs, des décors, des costumes, des effets spéciaux, des CGI, de la réalisation et donc du réalisateur, et de la musique. Je vais donc éluder rapidement les quelques domaines que je ne maîtrise pas.
Les acteurs sont tous très bons dans leur rôle, ils apportent tous un petit quelque chose. On a pour une fois l’impression que la galaxie est vaste et que même les humains qui y vivent sont différents les uns des autres, ils ont tous un accent particulier car finalement ils viennent de planètes différentes. J’ai toujours du mal à faire attention à la musique, mais de ce que j’ai retenu ce n’est pas la musique d’un Star Wars, ce qui tombe très bien car ce n’est pas un épisode numéroté de Star Wars. Il y a des échos aux grands thèmes mais aucun n’est repris dans son ensemble ou de manière trop bruyante : ils sont là mais en fond sonore très diffus. Les décors, costumes et effets spéciaux en tous genres sont excellents et ils le sont pour une bonne raison : ils donnent un côté « sale » au film ce qui colle parfaitement à son ambiance sombre, chaotique, triste et tragique. C’est même encore plus sale que dans la trilogie originale qui avait déjà un côté propre (encore plus présent dans la prélogie), Disney, bon enfant. On ne s’inquiétait jamais pour nos héros naïfs, courageux, idéalistes... Quand on fait la même chose, avec des héros tourmentés, ça change tout.
La réalisation Gareth Edwards
Depuis Monsters je suis un fervent défenseur et adorateur de Gareth Edwards. Lors de l’interview que nous avons faite de lui, il nous a parlé des décors à 360°, de la caméra à l’épaule, du côté documentaire et film de guerre ; aucun doute, son pari est réussi. Ce n’est pas un Star Wars classique qu’il nous livre, et c’est tant mieux : grâce à ça, on a le temps de se reposer entre deux productions aseptisées Disney, ce qui nous permettra d’aimer davantage l’Episode VIII. Edwards va au-devant de ses acteurs, on voit littéralement la caméra bouger, et on ne décèle presque jamais l’utilisation de trépied ou de grue. Bien qu'il utilise des décors grandioses, la réalisation est très intimiste, presque intrusive par moment. Il nous file la chair de poule et nous donne une empathie impressionnante pour certains personnages. Le tour de force c’est qu’on réalise qu’on éprouvait cette empathie alors qu’il est déjà trop tard.
En allant au-devant de ses acteurs il nous signe donc un film documentaire de survie intimiste comme il l’avait fait pour Monsters pour finalement bifurquer sur le film de guerre comme il l’a fait pour Godzilla. D’ailleurs il faut noter que comme pour Godzilla et Monsters,on voit toujours la menace, la destruction et la mort de loin. Parfois, elles ne nous sont carrément pas montrées directement. Sur le coup, j'ai pensé que c’était le côté Disney, pour ne pas choquer, mais en y repensant je me rends compte que j’avais tort : ça peut aussi être ça, une approche plus subtile. Il nous montre ces événements à la fois du point de vue impérial, qui est indifférent et n’a cure des tueries de masse, mais aussi du point de vue d'un film de guerre et d’histoire. Dans les livres, il n’y a pas de photo de la destruction d’Hiroshima du point de vue d’Hiroshima, de la mort d’Hitler ou des chasseurs de Pearl Harbor. Cela nous a été relaté, ou cela a été vu de loin c’est donc reproduit ici. Pas pour éviter de suciter des sentiments chez nous, mais au contraire pour les accentuer en montrant que c’est un jour comme les autres au sein de l’Empire et que la petite bande de rebelles est insignifiante à leurs yeux. Les deux seules fois où il nous montrera de tels éléments de près, c’est parce qu’un autre personnage les vit et sera changé en les vivants ; c'est donc pour servir l’histoire.
C’est un tour de force audacieux auquel on adhère ou pas. Si vous aimez le film, parce qu'il est différent des autres Star Wars, sans doute apprécierez-vous cette technique. Le reste de votre approbation venant bien évidement de l’histoire …
Rogue One, THE Star Wars Story
Ne cherchez pas, vous ne devinerez pas comment se finit le film. Pour être franc, j’avais imaginé une fin légèrement comme celle-ci, avant de me dire « Non, y a aucun moyen que ça marche et que ce soit raccord avec l’Épisode IV »... Eh bien si ! Et pourtant on le savait :
It is a period of civil war. Rebel spaceships, striking from a hidden base, have won their first victory against the evil Galactic Empire. During the battle, Rebel spies managed to steal secret plans to the Empire's ultimate weapon, the Death Star.
Les mots-clés étaient là, mais on a refusé de le voir. Mais Lucasfilm, lui, les a vus et suit cette directive prophétique à la lettre ! Bon, avant d’arriver à la fin, il faut parler du thème du film qui est finalement le même que celui de la trilogie et de, je pense, la postlogie : la rédemption. Pour ça, aucun doute, nous sommes dans un Star Wars. Mais là où la saga principale s’attarde sur la rédemption de membres de la famille Skywalker/Solo, ici, chaque personnage, figurant ou non, doit racheter ses fautes ou ceux de son père. C’est en ça que le film est très sombre et tragique car chaque héros, du pilote impérial qui regrette sa loyauté à l’Empire au rebelle qui regrette ce qu’il a dû faire en tant qu’espion est tourmenté. Donc oui, avant le film, malgré le texte de l’Épisode IV, nous ne savions pas comment il finirait, et pendant le film, malgré le thème de celui-ci, on ne le devinait pas forcément plus, ou on le refusait.
Dans son ensemble, le film est long à démarrer, mais c’est nécessaire vu le grand nombre de personnages à introduire. Edwards, comme il l’avait dit dans l’interview, a essayé de caser le plus de choses possible de ses films Star Wars préférés et ça se voit, il y a des allusions et des clins d’œil partout ! Des personnages qui reviennent juste en figurant, d’autre qui sont mentionnés dans un haut-parleur (Je ne sais pas encore ce que je dois penser de la grosse référence à Rebels…). Ça peut être lourd par moment, mais en réalité on ne peut pas lui en vouloir : à sa place on ferait exactement la même chose, on en ferait peut-être même plus. Et puis ici c’est fait de manière directe pas comme avec le Réveil de la Force qui le faisait de manière indirecte en copiant le schéma narratif de l’Épisode IV. Le seul problème étant : cela cause-t-il des incohérences ?
Les défauts
Il y en a peu, très peu. Personnellement j’ai noté deux incohérences, une avec le roman Tarkin qui peut trouver sans problème une explication et une autre liée au fait qu’Edwards a voulu mettre trop de clins d’œil. J’attends de revoir le film mais je vois déjà les haters s’appuyer sur ce problème pour critiquer le film alors qu’il s’agit de cinq secondes de film absolument pas représentatives de l’ensemble. Finalement, on apprécie davantage le roman Catalyst après visionnage. Je serais même tenté de réhausser ma note. J’avais raison dans ma critique dudit livre : des fois, en voyant des éléments dans le film, on pense : « ça je le savais déjà » ! Un dernier défaut, Edwards a décidé, comme dans tous les films de guerre, d’écrire le nom de la base et de la planète à chaque fois qu’il en introduit une nouvelle. À chaque fois ? Non, il y en a une dont on aimerait vraiment voir le nom pour être sûr que c’est celle à laquelle on pense mais il n’est pas renseigné… C’est frustrant car je crois qu’en plus c’est un bâtiment présent dans The Clone Wars, on attendra la novélisation vendredi pour en savoir plus.
On pourrait dire que ces noms de planètes remplacent le texte défilant, bien que la petite phrase « Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine » soit présente. D’ailleurs, même là le film se démarque en jouant magnifiquement sur les codes, la scène d’ouverture du film se fait bien dans l’espace avec un triangle crevant l’écran, mais on est dans un spin-off donc il ne faut pas que ce soit le copycat des ouvertures des autres films. Le triangle n’en est pas un, bref vous verrez ;)
Une fin : WHAOU !
Je sais le paragraphe du dessus s’appelle défauts mais le plus gros défaut du film a sa place ici : un très grands nombre de scènes, et surtout des scènes finales, présentes dans le trailers, bande annonces, making-of ne sont pas présentes dans le film. C’est très frustrant car vu comment le film se déroule, en se souvenant de ces scènes, on a une idée de la fin, mais je vous rappelle que des reshots ont eu lieu et je pense que ces reshots ont radicalement changé la fin car deux scènes très marquantes des teasers sont absentes du film mais surtout ne peuvent s’y dérouler. Encore une fois les pistes sont brouillées pour pas qu’on ne devine rien, mais mon Dieu que c’est frustrant, moi qui voulait voir cette scène de Jyn courant au ralenti sur la plage ou celle de Krennic et des stomtroopers les pieds dans l’eau des Maldives je suis déçu ! Mais grâce à ça, on a un final auquel on ne s’attendait pas, grâce à ça on a LA bataille spatiale de Star Wars (bon Endor reste ma préférée), grâce à ça on assiste à l’acte stratégique le plus fou des films Star Wars et mon Dieu que c’est jouissif juste qu’à la dernière seconde sur Scarif (Que j'ai aimé la symbolique, résumant entièrement le film, de la dernière scène où apparaît Krennic !).
Et quand c’est fini et que la poussière et l’eau retombent, Rogue One passent le flambeau symbolique. La rédemption des uns devient celle déjà bien connue d'un autre dans les épisodes numérotés de Star Wars. Les dernières minutes du film n'appartiennent plus à Rogue One, mais au personnage masqué qui en fera la suite.
Finalement, dans la course haletante de fin de film, on est estomaqué en découvrant où l'on est, on se dit que la boucle est parfaitement bouclée et on vole après le chaos et la tragédie de ce film en direction d’Un Nouvel Espoir pour la galaxie.