Un peu de contexte : je suis écrivain amateur, et j'écris beaucoup de romans fantasy et un peu de science-fiction. Récemment, je me suis replongé dans l'univers Star Wars et j'ai décidé de changer mes habitudes et d'écrire ma première fan-fiction, sous la forme d'une nouvelle !
C'est assez court, ça ne défie par les limites de l'originalité mais je l'ai écrite en quelques semaines. Je la partage ici en espérant qu'elle vous plaise !
Pour le contexte de l'histoire, celle-ci se passe aux environs de 18/17 BBY, sur une planète au delà de la bordure extérieure que j'ai inventée de toute pièce.
Bonne lecture !
PréludeLe robinet émit une petite bouffée de fumée et Tel’ka coupa la vanne et arrêta le liquide d’un bleu électrique qui en coulait.
Puis elle récupéra la choppe et la posa sur le comptoir devant l'énorme Ithorien, qui bredouilla un ‘merci’ maladroit depuis ses quatre bouches et l’entoura de ses doigts gigantesques.
La cantina n’était pas remplie, loin de là. Pas à cette heure-ci. L’affluence viendrait plus tard, dans quelques heures, quand le soleil rouge se coucherait sur les montagnes qui entouraient Theshlesh, la capitale de la planète Thjern.
Tout en passant un coup de chiffon sur le bar, l’élomin promena son regard sur les clients pour tuer le temps.
Il y avait une table de rodiens qui parlaient à voix basse dans un coin, et qui avaient l’allure de trafiquants de drogues ou de revendeurs de contrebande. C’était la première fois qu’elle les voyait ici, mais tant qu’ils ne causaient pas de problèmes, elle les laissait mener leurs affaires.
Un peu plus loin, une zeltronne semblait vouloir noyer dans l’alcool une peine de cœur, et pleurait parfois en silence entre deux verres. Son maquillage avait coulé et deux rivières noires s’étendaient sous ses yeux.
Dans une alcôve, deux frères zabrak, des habitués, jouaient comme à leur habitude au pazaak avec des fèves en guise de mise.
Dans le coin le plus reculé, un jeune humain était avachi sur une table, le visage dans les bras. Tel’ka se serait inquiété sur son état ou se serait demandé s’il ne s’était pas endormi si elle ne le voyait pas de temps en temps se relever pour boire une gorgée de sa boisson.
Lui aussi était nouveau à la cantina, et si elle avait dû deviner, elle aurait dit : sur cette planète.
On ne devenait pas barman pendant aussi longtemps qu’elle sans développer un second sens pour jauger les gens. Aussitôt avait-il franchi la porte du bar, Tel’ka s’était fait son idée sur lui.
Il semblait hanté, comme si la vie lui avait donné trop de coups. Maigre, usé pour un homme aussi jeune, les affres de son combat contre les ténèbres de son esprit se voyaient sur son visage et dans les cernes sombres sous ses yeux.
Il marchait comme si chaque pas lui coûtait un effort suprême, il avait néanmoins fait preuve d’une politesse surprenante en la saluant et lui commandant “un verre de la boisson la plus forte qu’elle pouvait avoir”, avant de la remercier et d’aller s’effondrer dans le fond. À son accent, elle avait identifié qu’il ne venait pas de la bordure extérieure, et il avait le parlé élégant des personnages provenant des mondes du noyau dans les holofilms.
Il avait la dégaine d’un mercenaire, mais d’un qui serait passé sous les répulseurs d’un char avant d’être avalé et recraché par un sarlaac. Elle se demanda ce qui avait bien pu l’amener sur Thjern, et plus précisément dans les faubourgs de la cité.
La même chose que tous les autres, sans doute. Un asile.
Il n’y avait pas de lois sur Thjern, autre que celle du plus fort. Et le plus fort s’avérait en ce moment être le seigneur de guerre Rujik. La cité était gouvernée par les sbires de Rujik, qui la partageaient avec les autres gangs.
A condition de ne pas avoir d’ennemis parmi eux, Thjern était un abri sûr contre tout le reste de la galaxie. Loin des hypervoies officielles et des surpercorporations, dénué de ressources précieuses, c’était un monde pirate parfait pour ceux qui souhaitaient disparaître.
C’était la raison pour laquelle elle y était venue, elle aussi, bien des années auparavant.
La nuit tombait, et avec elle le bar se remplissait.
Maintenant bien occupée, Tel’ka avait chassé l’humain de son esprit et avait même oublié sa présence. Jusqu’à ce que Denrm et sa bande ne franchissent les portes…
Le devaronien était grand pour son espèce, il frôlait les deux mètres d’arrogance et de méchanceté, mais Tel’ka pouvait gérer un type seul, même une ordure comme lui. Non, le problème venait de sa clique d’une demi-douzaine de meurtriers, d’ivrognes et de bagarreurs qu’il traînait partout avec lui.
Par réflexe, la main de Tel’ka se posa sur la crosse du fusil blaster sous le comptoir, mais elle se força à le lâcher et à la place foudroya le devaronien d'un regard dur.
- Je t’ai déja dit que toi et ta bande n’étaient plus les bienvenus pour boire ici ! lança-t-elle. Fichez le camp !
Denrm sourit de toutes ses dents pointues.
- C’est dommage, c’est le seul tripot qui serve des boissons correctes dans tous les faubourgs. Donc je crois qu’on va rester, hein les gars ?
Les autres approuvèrent, tous arborant des expressions plus ou moins menaçantes.
- Si t’es pas contente, la vieille, reprit-il en passant devant le comptoir. Tu pourras aller te plaindre à Gaxo Thej.
Elle ravala sa fierté et les laissa entrer. Comme si elle pouvait dire quoi que ce soit à Gaxo. Il était le chef de gang local et contrôlait cette partie des faubourg; Tel’ka lui payait comme tous les commerçant une taxe de protection, mais elle regrettait que cela ne la protège pas contre les propres hommes du criminel.
Elle les laissa à contrecœur se servir dans le bar et retourna s’occuper de ses clients, tout en gardant les criminels à l'œil.
Au bout d’un moment, ceux-ci se lassèrent de leurs boissons volées, et se mirent à étudier les clients.
Tel’ka les avait déjà vu faire. Comme des prédateurs, ils cherchaient une proie. Elle aurait voulu intervenir mais elle ne put que les regarder faire en serrant les dents. Cependant, elle ne restait jamais loin de son fusil dissimulé.
La barman se rappela soudain de l’humain lorsque l’un des sbires du gangster le désigna à leur meneur et que le groupe se dirigea vers sa table.
Il semblait toujours dormir, la tête contre la table, et ne parut même pas s'apercevoir que le devaronien s’asseyait lourdement en face de lui, ni entendre les sbires ricanant derrière leur chef.
Il leva néanmoins la tête lorsque le criminel devant lui tapota la table à quelques centimètres de son oreille avec ses ongles taillées en pointes.
- Eh, t’es nouveau, non ? Tu sais pas que pour venir ici il faut payer une taxe au propriétaire des lieux ?
L’humain avait les traits tirés, mais sa fatigue ne paraissait pas tant physique que mentale, comme si le simple fait d’avoir à parler le soumettait au supplice.
- Je croyais l’avoir déjà fait en payant mon verre, fit-il d’une voix traînante sans lever les yeux.
Les criminels s’agitèrent. Leur victime ne semblait pas avoir peur, comme à l’accoutumée, et cela les perturbait. Et les mettait en colère…
- Pas à la vieille, corrigea la brute. A celui qui dirige le quartier. Le baron Gaxo Thej Dherghy.
L’humain soupira, et croisa enfin le regard du gangster devant lui.
- Écoutez, fit-il lentement. J’ai passé une très mauvaise journée… semaine… année. Je n’ai vraiment pas envie de faire ça maintenant. Alors je crois que vous feriez mieux de me laisser tranquille.
Tel’ka crut que les yeux de Denrm allaient lui sortir des orbites tant il fut surpris. Personne n’avait jamais osé le menacer ainsi, et surtout pas un humain chétif, seul face à un groupe armé.
La brute sortit un épais couteau, qu’il posa entre eux deux.
- Je crois qu’on s’est mal compris. Ce n’était pas une option.
L’humain fit un signe de la main qui capta l’attention du groupe.
- Vous allez me laisser tranquille, fit-il avec intensité.
Les sbires se regardèrent un instant, avant d’éclater de rire.
- C’est un magicien, lança l’un d’entre eux.
- Il essaie de nous hypnotiser ! ricana un autre.
Ça n'avait pas l’air d’amuser Denrm, en revanche. Il saisit l’humain par le col de sa veste élimée et le souleva de terre.
- Tu t’es échappé d’un cirque, c’est ça ? gronda-t-il. Eh bien ici on aime pas trop les plaisantins.
Il voulut saisir son couteau, mais le bruit d’un fusil qu’on armait l’interrompit net.
Il se retourna pour voir Tel’ka braquer son arme sur lui depuis le bar et il se figea.
- Relâche le tout de suite, exigea-t-elle.
- T’es en train de faire une connerie, la vieille, fit-il en s'exécutant néanmoins.
L’humain retomba lourdement sur son siège, mais il ne paraissait pas blessé.
- Tu crois ? répliqua-t-elle. Je vais peut-être aller voir Gaxo, finalement. Pour lui dire que tu menace mes clients et que tu gênes mes affaires. Comment ton patron va réagir en sachant que tu diminues la part qu’il tire de mes revenus pour une soi-disant taxe qui ne quitte jamais ta poche, hein ?
Le devaronien gronda, mais ne répondit pas. Il se savait vaincu.
- C’est pas fini, la vieille. On en reparlera, tu verras.
Il fit signe à ses hommes.
- Allez les gars, on fout le camp. On trouvera un meilleur endroit ailleurs.
- C’est ça, fit-elle en les raccompagnant jusqu’à la porte du canon de son blaster. On ne veut pas de racailles comme vous ici.
Quand ils furent tous partis, elle rangea son arme, et après avoir reçu les félicitations des habitués qui en avaient marre, eux aussi, de vivre dans la peur de Denrm et sa bande, elle se tourna vers l’humain, qui était venu au comptoir.
- Ça va, mon garçon ?
Il ne paraissait pas tant ébranlé que las.
- Ça va, je vous remercie. Et merci aussi pour votre aide.
- Oh, ça faisait longtemps que j’avais envie de faire ça !
L’ombre d’un sourire apparut sur les lèvres du jeune homme.
- Peut-être, mais ça va sans doute vous valoir quelques ennuis.
- Possible, fit-elle en haussant les épaules, mais ils ne feront rien de trop stupide. Ils ont trop peur qu’on leur demande des comptes pour l’argent qu’ils feront perdre à leur patron.
- Je vais y aller, je crois. Je vous ai causé assez de problèmes pour la soirée.
Il posa sur le comptoir une pièce brillante. Tel’ka retint son souffle. De l’aurodium.
- Pour le service impeccable. Merci encore.
Sur ces mots, il sortit, laissant la barman avec la pièce et l’esprit plein de questions.