Collision imminente (The High Republic Adventures #01 à 05), par Daniel José Older et Harvey Tolibao
La Grande Catastrophe n’est pas terminée. Et lorsqu’elle affecte le monde de Trymant IV, et que par-dessus le marché les Nihil menés par l'Oeil lui-même font irruption pour emmener avec eux l’Ancien de la population locale, le seul vaisseau disponible ne contient qu’une poignée de padawans Jedi en direction du Flambeau Stellaire, fort heureusement sous la tutelle du Maître Jedi Yoda !
Nouveau titre dédié à la Haute République,
The High Republic Adventures est cette fois publiée chez l’éditeur IDW, plutôt spécialisé dans les comics « tout public », comprenez par là jeunesse. Et c’est Daniel José Older qui s’y colle, lui qu’on retrouvera ensuite sur le roman jeunesse La tour des Trompe-la-mort (et qui d’ailleurs reprend certains personnages de ce premier arc). Cette série régulière est semble-t-il son premier travail régulier sur un comics… et cela se voit.
Sur la gestion du rythme, par exemple, largement perfectible. Sur l’intrigue en elle-même : bien que lisible par les lecteurs de tous âges, force est de constater que l’ensemble reste très jeunesse tout de même, notamment tout ce qui a trait à l’amitié entre Krix et Zeen. Yoda est fidèle à lui-même, quoique plus « actif » que ce que l’on verra par la suite dans les films (mais il a une excuse : il a dans les 650 ans, là, il est encore en forme physiquement !).
Cela se voit aussi sur le système de double narration, de double bulle de pensées. Une idée bienvenue pour montrer la progression en parallèle des deux amis, chacun dans des camps opposés, une idée qui rappellerait presque la mini-série Jedi vs Sith de Dark Horse il y a bien longtemps. Et naturellement, nos deux camarades prendront de bien mauvaises décisions…
Enfin, sur l’utilisation des Nihil ici, et notamment l’implication de l’Oeil lui-même : Marchion Ro, rien que cela ! Oui, mais il ne sort pas vraiment grandi de l’affaire : dans
La Lumière des Jedi, il était impressionnant, fin tacticien, agissant dans l’ombre… là, il opère au grand jour (enfin, sous son masque, mais vous m’avez compris), et la menace semble baisser d’un cran. Du coup, je suis partagé sur son utilisation. Elle est bienvenue, c’est vrai, mais si c’est pour en faire ça...
Ah, un bon point en revanche sur le running-gag autour de la pâtisserie !
Par contre, le délire sur « Bouquet de sang » m’a laissé totalement insensible, et je ne suis pas certain de l’avoir compris, d’ailleurs...
Aux dessins, c’est Harvey Tolibao qui fait un retour remarqué dans la licence après une poignée d’épisodes de la série
KoTOR il y a près de 15 ans chez Dark Horse ! Et dans l’ensemble, il s’en tire plutôt bien même si tout n’est pas parfait. Déjà parce que, à plusieurs reprises, on aurait presque l’impression que ce n’est pas lui aux dessins de telle ou telle page (changement ponctuel de dessinateur ? de coloriste ? d’encreur ? Toujours est-il que cela saute parfois aux yeux). Ensuite car le designs des personnages, s’ils sont tous inédits – à l’exception notable de Yoda, quoiqu’un peu rajeuni pour l’occasion (ça fait plaisir de le voir dans la force de l’âge et marcher d’un bon pas!), font tous un peu trop enfantins pour leur âge supposé. C’est à dire que ce sont tous des padawans, qu’ils sont tous supposés avoir une quinzaine d’années, mais que souvent, ils ont des gabarits de novices pour des visages plus matures. Peut-être est-ce là le style du dessinateur ?
En tout cas, on est à des années-lumière du trait enfantin et des décors vides de Derek Charm sur la série
Star Wars Adventures du même éditeur pour, en théorie, le même public. Le visuel du titre ne dénote absolument pas dans la collection 100 % STAR WARS de Panini !
Cette nouvelle série régulière démarre donc avec une ambition certaine. Le titre est encore perfectible, tant scénaristiquement que visuellement, mais c’est un début sympathique, qui remplit sa mission de titre « tout public », avec forcément les défauts qui vont avec pour le lecteur adulte plus aguerri aux comics. Reste à voir ce que les prochains arcs réserveront à nos jeunes padawans !
Note : 70 %
Oh, un dernier point : je ne sais pas si ça a déjà été relevé, mais de voir Marchion Ro et son casque m’a fait immédiatement à penser à Ren, le leader des Chevaliers du même nom. Alors oui, je sais : ce qui est gravé sur le casque n’est pas la même chose. Mais tout de même : les formes sont similaires, ils jouent le même rôle de chef des antagonistes, masqués tous les deux, les stratèges de leur groupe, scénarisés essentiellement par Charles Soule dans les deux cas… D’ici à ce qu’on nous explique que, d’une façon ou d’une autre, Ren et ses ouailles soient les « descendants » des Nihil ou inspirés par eux, il n’y a qu’un pas !