Re: Ahch-To ou le mythe de l'Ile-Femme
Posté: Ven 19 Oct 2018 - 12:01
Oui c'est sûr. Voire quand même que le canon nous sorte pas un truc un jour sur la période entre l'épisode VI et VII
Le Conseil Jedi
https://www.starwars-universe.com/forum/
DRIII a écrit:Il y a quand même une question en suspens chez Luke comme chez Leïa, c'est le rapport à la mère. Autant on a traité en long et en large du rapport au père (surtout chez Luke en fait), autant le rapport à la mère se limite à leur bref échange sur Endor dans ROTJ.
La BD Poe Dameron montre que Leïa a récupére la garde-robes de Padmé, donc qu'elle assume cette filiation (à défaut d'assumer celle avec Anakin / Vader). Mais chez Luke, le rapport à la mère est assez abstrait. Beru a joué ce rôle, dans son enfance, mais quel rapport Luke peut-il bien entretenir avec la figure de Padmé ?
Certaines rumeurs laissaient entendre que l'Episode IX pourrait retourner sur Naboo donc cet aspect du rapport des Skywalker à leur mère pourrait être évoqué.
Padmé Jakku a écrit:DRIII a écrit:Il y a quand même une question en suspens chez Luke comme chez Leïa, c'est le rapport à la mère. Autant on a traité en long et en large du rapport au père (surtout chez Luke en fait), autant le rapport à la mère se limite à leur bref échange sur Endor dans ROTJ.
La BD Poe Dameron montre que Leïa a récupére la garde-robes de Padmé, donc qu'elle assume cette filiation (à défaut d'assumer celle avec Anakin / Vader). Mais chez Luke, le rapport à la mère est assez abstrait. Beru a joué ce rôle, dans son enfance, mais quel rapport Luke peut-il bien entretenir avec la figure de Padmé ?
Certaines rumeurs laissaient entendre que l'Episode IX pourrait retourner sur Naboo donc cet aspect du rapport des Skywalker à leur mère pourrait être évoqué.
Luke et Leia connaissent donc l'identité de leur mère biologique ? C'est une question qui me turlupine car, comme tu l'as dit, à part une brève mention sur Endor, le souvenir de Padmé n'est jamais évoqué. Hors de la Prélogie, notre pauvre sénatrice semble s'être dissoute dans les esprits. Alors qu'elle a quand même été une figure majeure de la République. Et sa liaison avec Anakin/Vador aurait pu soulever l'incompréhension, voir le scandale : la plus fervente défenseuse de la Démocratie a fait des bébés avec le chevalier noir de l'Empire !!!!
Sokraw a écrit:le name dropping ne sauve pas du fait qu'il y a un postulat de départ et que tout est interpreté pour aller dans ce sens en occultant le reste. En soi ce n'est pas grave car on n'a pas affaire là à un travail universitaire et scientifique, mais à une digression personnelle, avec ce que ça comporte de lubie et de biais. J'ai simplement du mal avec le fait de tordre les choses pour les faire rentrer dans le moule, comme c'était le cas avec la théorie "vice versa" de TFA, même si encore une fois, c'est une gymnastique amusante.
Un problème aussi est de souvent mélanger archétypes et clichés, et à ne prendre que trop peu en compte une éventuelle volonté de renverser les archétypes.
Là où je reconnait qqch, c'est que Ryan Johnson, dans sa filmo, a des personnages de femmes qui vont dans ce sens et qu'il a malheureusement pas tant suivi la caractérisation de Rey dans TFA (personnage presque agenre, très proche de Luke dans ANH) que considéré qu'elle n'était qu'une chrysalide dans TFA pour la mettre sur le chemin d'un cliché de femme comme il les voit. C'est à mes yeux un écueil que n'évite pas TLJ, mais c'est un autre sujet (la naiserie d'un film qui se veut profond, simplement parce qu'il cumule les symboles).
DRIII a écrit: Si j'aime Star Wars, c'est parce que ce sont des films qui offrent des niveaux de lecture différents qui vont bien au-delà de la narration littérale. Ce sont des films qu'on apprend aussi à redécouvrir en vieillissant. Par exemple, je n'ai pas du tout la même lecture de ROTJ aujourd'hui que lorsque j'ai vu ce film pour la première fois au cinéma, à sa sortie, quand j'avais 6 ans, ou lorsque je l'ai revu plusieurs fois ensuite ado ou jeune adulte. Ce sont des films qui offrent quasiment une vision nouvelle à chaque visionnage, ce qui est très rares dans des grosses productions grand public. Et c'est d'autant plus rare dans des films qu'on pense connaître par coeur depuis des années, voire des décennies.
Sur la volonté de renverser les archétypes, je pense en tenir compte... quand elle est visible.
Avec le personnage de Leïa, par exemple, Lucas a clairement cherché à renverser les archétypes, mais y est-il parvenu pour autant ? Ca me paraît très discutable au regard de l'arc du personnage sur les trois films de l'OT. Il y a des intentions manifestes mais le traitement même du personnage, son rôle, sa place dans le récit vont pratiquement à l'encontre de ces intentions.
Même chose pour le personnage de Padmé dans la prélo. La façon dont les héroïnes de Star Wars semblent se vider de leur substance dès qu'elles deviennent amoureuses interpelle. Dans AOTC et ROTS, Lucas retombe dans certaines facilités, en faisant des femmes, la cause de la déchéance du héros (l'idée du pêché originel est quand même solidement ancrée dans son imaginaire, quand on voit déjà que Luke manque de basculer dans le côté obscur à la simple évocation de sa soeur) ou en associant grossesse et faiblesse (là pour le coup, on est plus dans le cliché que dans l'archétype).
Tu me reproches plus haut de "tordre les choses pour les faire rentrer dans le moule" ou de faire dans "la digression personnelle, avec ce que ça comporte de lubie et de biais". Mais ce que tu écris me semble aussi relever de ta propre perception/conception des questions de genres. Que tu ais une préférence personnelle pour les personnages "agenres", c'est tout à fait ton droit. Mais ce n'est pas à moi qu'il faut reprocher le fait que Johnson ait eu une approche différente du personnage.
Ca me rappelle un peu la discussion que j'ai eue avec Blue sur Joseph Campbell ou la psychanalyse. Qu'on valide ou non personnellement les théories de Campbell ou celle de Freud ou Jung importe peu. L'important, c'est de comprendre et analyser en quoi ces théories ont pu influencer un film et le sens que le ou les auteurs ont voulu donner. Quitte à en débattre dans un second temps.
Là j'ai l'impression, en gros, que tu me reproches de mettre en exergue ou de faire ressortir des éléments qui t'ont en fait déplu dans le film. Alors que ma démarche vise aussi à essayer de déceler ce qui rend TLJ aussi clivant.
Un personnage "agenre", pour représenter une héroïne, n'est pas forcément une transgression ni un retournement d'archétype. Je pense à Leeloo dans le Cinquième Elément par exemple, Ripley dans la saga Alien, Lisbeth Salander dans Millenium ou le mythe de Jeanne d'Arc. L'androgyne est aussi un archétype. C'est le mythe représentant un rêve d’unité originelle selon le récit d’Aristophane dans "Le Banquet" de Platon. L'androgyne incarne une sorte d'idéal, de pureté.
On en revient au débat qui divise depuis toujours celles et ceux qui se disent "féministes". Est-ce que l'émancipation des femmes passe par une masculinisation (être l'égale des hommes), la négation du genre (une autre façon d'être l'égale des hommes) ou au contraire dans la différenciation, l'affirmation de la spécificité du genre (l'égale des hommes dans l'affirmation sociale de soi, de sa nature) ? C'est le débat qui existe par exemple sur la nudité : pour certains, c'est réduire la femme à son corps pour d'autres au contraire, c'est un moyen d'affirmer, d'assumer, de proclamer même sa féminité.
Sokraw a écrit:Là je trouve que tu sur-interprète ; Luke se caractérise par le fait qu'il tient aux siens (comme lui dit l'Empereur, "ta foi en tes amis est ta faille"), sa soeur étant son plus proche parent avant d'être "une femme" (dans cet exemple). Et quand bien même on serait dans ce schéma, c'est avant tout la faiblesse du personnage masculin plutôt qu'un trait inhérent aux femmes qu'il souhaite nous montrer. Le problème c'est qu'on a si peu de femmes qu'elles sont forcément liées à ces personnages faillible ,et dès lors on peu légitimement voir ce que tu décris.
Tu me reproches plus haut de "tordre les choses pour les faire rentrer dans le moule" ou de faire dans "la digression personnelle, avec ce que ça comporte de lubie et de biais". Mais ce que tu écris me semble aussi relever de ta propre perception/conception des questions de genres. Que tu ais une préférence personnelle pour les personnages "agenres", c'est tout à fait ton droit. Mais ce n'est pas à moi qu'il faut reprocher le fait que Johnson ait eu une approche différente du personnage.
non, il y a méprise, je ne reproche pas ça à RJ, Lucas avait une vision complètement essentialiste aussi. Et je n'ai jamais dit que je préférais les personnages androgynes ou agenres, tu fais des raccourcis.
Ce que je pourrais reprocher à RJ (mais c'est un autre sujet je pense), c'est de faire SON FILM et de trop peu l'inscrire dans une saga pré-existante. Il a le mérite d'avoir des idées nouvelles et un traitement personnel, et je pense qu'il croit en ce qu'il fait, mais je trouve important de s'inscrire dans une continuité lorsqu'on participe au travail collectif qu'est la saga SW, même si on est le leader suprême le temps d'un film.
le fait que Rey soit une femme n'est pas une donnée réellement importante dans TFA, tout comme la possibilité d'une histoire entre Luke et Leia dans ANH n'est jamais réellement envisagée
On en revient au débat qui divise depuis toujours celles et ceux qui se disent "féministes". Est-ce que l'émancipation des femmes passe par une masculinisation (être l'égale des hommes), la négation du genre (une autre façon d'être l'égale des hommes) ou au contraire dans la différenciation, l'affirmation de la spécificité du genre (l'égale des hommes dans l'affirmation sociale de soi, de sa nature) ? C'est le débat qui existe par exemple sur la nudité : pour certains, c'est réduire la femme à son corps pour d'autres au contraire, c'est un moyen d'affirmer, d'assumer, de proclamer même sa féminité.
Là encore, il n'y a rien qui allait sur ce terrain dans mes propos, et je trouve le débat non seulement posé en de mauvais termes, mais inapproprié et complètement hors sujet
DRIII a écrit:Sur la relation Luke / Leïa, je crois que jusqu'à la révélation que Leïa est la soeur de Luke, Lucas laisse la possibilité d'une histoire d'amour entre eux. Dans ANH, on est clairement dans la mise en place d'un triangle amoureux. Leïa m'a toujours semblé partagée. Elle semble davantage attirée par Han, son côté bad boy au grand coeur, mais le côté bon garçon de Luke la séduit aussi, la rassure, ce dernier semble davantage titiller aussi sa fibre maternelle, protectrice. Mais paradoxalement, malgré cette proximité, cette affection presque naturelle, instinctive qu'elle ressent pour Luke, ce dernier lui paraît aussi plus inaccessible en raison de ses aptitudes hors normes ("You have a power I don't understand and could never have..." lui dit Leïa dans ROTJ... le "don't understand" a son importance).
Pour ma part, ce triangle amoureux - ses paradoxes, sa part de non-dit et d'irrationalité - ont toujours constitué un élément fort de l'OT. Peut-être qu'aujourd'hui, 40 ans après, on a tellement intégré que Leïa est la soeur de Luke, qu'on n'y prête plus vraiment attention. Cette incertitude dans leur relation est devenue quasiment accessoire, voire anecdotique. J'ai l'impression que beaucoup l'ont intégrée comme un simple trompe-l'oeil, un leurre scénaristique. Et c'est dommage.
Alo a écrit:DRIII, tu es bien le seul qui ose faire ce genre d'analyse sur ce forum, et je t'applaudis des deux mains. Le travail fourni ci dessus est remarquable, même si je ne suis pas d'accord partout (je préfère celle sur Rey & l'héroïne).
Ne te laisse pas "guider" par certain qui prétendent que tu déformes la réalité avec des analyses de comptoirs (le jour où ils pondront une analyse, on ira se marrer aussi tiens ).
Avangion a écrit:Mais Drill lui répondra sans doute avec sa courtoisie habituelle.
xximus a écrit:
Et d'une voix claire et sans toux.
Superpingouinthe13th a écrit:Pandisha, les rapports de Luke avec les figures paternelles et l'autorité ne sont pas incompatibles avec un rapport contrarié avec les femmes. Une analyse peut porter sur divers sujets, sous divers angles. Perso mon angle préférentiel est le parallèle entre SW et l'Histoire du monde réel. DRIII en a choisi un qui n'invalide pas les autres.
Pandisha a écrit:1- Je commencerai par poser une question simple. L'OT est elle une série de film qui porte et pose comme sujet et question le rapport aux femmes de ses personnages. J'entends par là que la symbolique dans un film sert un propos et un discours. Il est difficilement imaginable de mettre en place des symboles sans aucun lien avec le sujet abordé dans le film. Par exemple, l'apparition du visage de Luke dans le masque de Vador dans la scène de la grotte de ESB a une valeur symbolique quand au fait que le côté obscur est en chacun de nous (et donc qu'il pourrait devenir un nouveau "Vador"), tout autant qu'une préparation symbolique à la révélation finale de sa filiation avec Vador.
Je ne me hasarderai pas quand au sujet et au discours porté par TLJ, mais en ce qui concerne ESB, il n'y a a aucun moment du film un sujet ou un discours portant sur le rapport aux femmes au travers du personnage de Luke.
2- Le manque de rigueur. Je l'ai déjà dit, DRIII, dans sa volonté de développer son discours tord la réalité du film afin qu'il épouse son propos tout à fait personnel. Mais pour ce faire, il fait preuve d'un grave manque de rigueur analytique. Le texte a beau être une longue logorrhée psychanalytique, il n'en reste pas moins qu'il est parfaitement discutable d'affirmer ainsi, sur la base d'UN SEUL exemple, la fine psychologie de Luke.
Ainsi d'un SEUL ET UNIQUE personnage féminin, DRIII développe une théorie sur "un rapport au féminin compliqué, voire contrarié. Une mère morte à sa naissance qu'il n'a pas connue, une soeur dont il a été amoureux.... on ne sait même pas, à l'issue de TLJ, s'il a connu ou fréquenté une autre femme" (on rappellera que l'UEL n'a jamais eu de problème à développer le rapport au féminin de Luke en la personne de Mara Jade, donc l'OT n'a jamais été un frein psychanalytique pour ces auteurs, sous la supervision de Lucas qui plus est, dans leurs récits).
Pour développer une telle approche, concrètement, il faudrait encore pouvoir avoir plusieurs exemple du rapport de Luke avec les femmes à l'écran. Afin de pouvoir justement faire une série de comparaison qui mettraient en avant que Luke a un rapport effectivement compliqué avec le sexe opposé. La psychanalyse de comptoir ici fait en sorte de faire une généralité d'un cas particulier...
Et ce faisant, omet d'ailleurs l'existence d'une autre femme dans l’existence de Luke envers qui Luke n'a aucun rapport incestueux et qui remplit en plus à merveille l'absence maternelle que l'analyse de DRIII sous entend pour soutenir son argumentaire.
Il est en effet peu rigoureux d'omettre l'existence de tante Béru qui s'est occupé du jeune Luke depuis sa naissance, remplissant à tous égard le rôle de mère de substitution d'un jeune orphelin ayant perdu sa mère biologique (n'est ce pas d'ailleurs elle qui défend notre jeune héros face à l'oncle Owen lorsque celui ci refuse à Luke de quitter le nid familial ? Et ce avec la bienveillance naturelle d'une mère ?).
3- Tant qu'à faire de la psychologie, je m'étonne que notre auteur préfère ici tordre la réalité du film pour développer une analyse biaisée sur le supposé rapport contrarié de Luke aux femmes en survolant et omettant ce qui me semble plus évident et plus factuel, à savoir le rapport conflictuel de Luke envers l'autorité.
On notera enfin en passant, que Luke n'a aucun rapport conflictuelle avec la seule figure d'autorité féminine de l'OT, à savoir Mon Mothma (ni là encore aucun rapport de nature à laisser penser qu'il a un problème quel qu'il soit avec elle en raison de son genre).
Et ce qui est étrange, c'est que le film raconte les aventures d'un jeune homme et son passage à l'age adulte et que justement Georges Lucas, dans cette période équivalente (et qui a mis beaucoup de lui dans ce personnage) s'avère avoir été en conflit et en opposition avec son père...
Superpingouinthe13th a écrit:Certes on n'a peu de ressources quant au rapport de Luke aux femmes dans les films mais visiblement en 30 ans il n'a pas eu de compagne assez importante pour être citée par ses amis ni d'enfants pour la raison simple qu'on ne parle que de son neveu. Des indices. Pas des preuves mais dès indices. Est-ce que Luke a pu vivre un amour heureux avec une femme durant ces 30 ans ? Oui. Mais à ce jour les indices fournis vont dans l'autre sens. Celui qu'analyse DRIII.
xximus a écrit:Avangion a écrit:Mais Drill lui répondra sans doute avec sa courtoisie habituelle.
Et d'une voix claire et sans toux.
DRIII a écrit:C'est un point de désaccord entre nous car pour moi TLJ est sans doute un des films les plus cohérents de la saga. Rien, absolument rien dans l'OT, n'empêche de penser que Luke puisse traverser une dépression, une régression, surtout au terme d'une ellipse de 35 ans. Même si la fin de ROTJ marque le triomphe du héros, on peut penser que le personnage, dans sa nature, comme dans ses aspirations, n'a pas forcément tout réglé.
Sur la relation Luke / Leïa, je crois que jusqu'à la révélation que Leïa est la soeur de Luke, Lucas laisse la possibilité d'une histoire d'amour entre eux. Dans ANH, on est clairement dans la mise en place d'un triangle amoureux. Leïa m'a toujours semblé partagée.
Sokraw a écrit:Je pense qu'il est impossible de parler de Luke sans parler de Lucas, et si RJ a mis de côté ce lien pour monter "son Luke" dans TLJ, je considère que c'est une erreur ; il aurait pu faire e Luke son double à lui, mais je n'ai pas l'impression que ce soit le cas. Ou peut être son Luke est il toujours inspiré de Lucas, le premier brûlant les textes Jedi alors que le 2eme vend sa saga à Disney et ne veut plus en entendre parler ? Ce serait une piste intéressante, même si je n'y crois pas trop.
Lucas a un rapport aux femmes particulier, dans ses films elles fortes mais trop peu présente. Il y a une vision à la fois progressiste mais essentialiste. Leia est une icone, mais elle est seule dans la trilo. Si on veut parler de Luke et des femmes, la clé est, je pense, dans la personnalité de Lucas plutot que dans de la symbolique un peu usée.
Le problème étant que lorsqu'on parle de Luke dans TLJ on est à cheval sur deux visions du personnages, deux motivations différentes difficilement réconciliables.
Sokraw a écrit:quand je dis "irréconciliable" c'est parce que dès lors que le personnage est écrit par qqn d'autre, trop de paramètres changent.
C'est ce que j'aime par exemple avec Filoni qui respecte à mort l'univers mais y amène ses personnages à lui. Ce n'est pas tant une critique envers RJ que le sentiment que qqch est biaisé dès le départ, même avec la meilleure volontée du monde. Rien que le fait de "reprendre le flambeau" change la donne et l'intention. Et c'est d'ailleurs "drôle" de se rappeler que Lucas voulait donner aux big Three un rôle bien moindre si il avait chapeauté la postlogie.
Sokraw a écrit:oui, j'ai vu le film aussi
je partage ton point de vue sur cette lecture, mais même si je trouve ça très parlant (tant pour Kylo que tu citais juste avant) que pour le passage de relais (ou même l'échec, qu'en mauvaise langue on pourrait lier aux réals de la postlogie!), je trouve ça assez vain. Le film fini par ne parler que de lui même.
Que TFA soit volontairement un écho de ANH et que TLJ ou la postlogie parle du fait que c'est dur de faire du neuf et de reprendre le flambeau, je trouve ça super pauvre, voir incestueux, ou plutot consanguin. A l'image de Finn qui dit "Rebel Scum", comme si lui même avait vu ROTJ. Je trouve ça faible et pas nécessaire comme métaphore ou sous texte global.
Alors heureusement, TLJ n'aborde pas que ça, loin de là, il y a tout le discours sur le fait d'enseigner, mais c'est tellement expédié dans le film... vraiment, je trouve que ce film a le mérite d'essayer mais qu'il est au final nombriliste et ne propose pas grand chose
DRIII a écrit:c'est comme le "I have a really bad feeling about this" utilisé à gogo dans la prélo.
Sokraw a écrit:DRIII a écrit:c'est comme le "I have a really bad feeling about this" utilisé à gogo dans la prélo.
rien à voir. Ce qui pousse les persos à dire "I have a bad feeling..." c'est qu'ils ont un mauvais pressentiment, comme on pourrait le faire à leur place ; la phrase pourrait ne renvoyer à rien du tout elle fonctionnerait quand même, au delà du clin d'oeil et de la répétition.
Par contre, se fait traiter de "racaille", et répondre "racaille rebelle!", outre le clin d'oeil, je ne saisi pas la logique. Surtout que, comme RJ a semblé l'oublier à plusieurs reprise dans les dialogues, on n'a plus affaire aux Rebelles mais à la Résistance dans ce film ! Faire des coups de coude au spectateur, ok, mais pas en brisant le 4eme mur ou avec ce genre de réplique sortie de nulle part.
le fait que Luke évoque "le sang des Skywalker", ça va plus loin. Il signifie ainsi que le lien avec Ben est aussi biologique.
Leïa a, en quelque sorte, transférer la paternité de Ben de Han à Luke qui l'a accepté comme tel. On comprend que Han n'était pas vraiment "fond about it", qu'il n'ait pas vraiment apprécié ce choix de Leïa.
Sokraw a écrit:pourquoi Luke, en prenant Kylo comme apprenti, remplacerait-il Han et pas Leia (qui elle aussi s'en remet à Luke pour le former) ?
De plus, elle dit à Han dans TFA "Luke's a Jedi, you're his father", tempérant le rôle de Luke.
Non, c'est une interprétation possible, qui encore une fois se base plus sur ton postulat de base que sur cette phrase en elle même ; ce que ça signifie surtout c'est que la lignée Skywalker est puissante (on nous le dit et le redit dans plusieurs épisodes) et que Ben Skywalker, dernier né de cette lignée, est destiné à être puissant dans la Force, et donc nécessite une formation que seul Luke peut offrir en tant que dernier Jedi en activité (pas en temps que frère de Leia ou amant incestueux).
Han était réticent parce que depuis le premier film on le montre comme un bougon qui préfère se tenir loin des histoires de Jedi et de Force, auxquelles il ne croyait pas vraiment ou du moins ne comprend pas tout, n'y étant pas sensible.
DRIII a écrit:Parce que Luke est un homme. Donc il se substitue au père. Comme Owen Lars et Obi-Wan ont incarné des figures paternelles pour Luke. Ou Qui-Gon et Palpatine pour Anakin.
on voit bien que le fait de confier Ben à Luke a provoqué une dissension au sein du couple Han/Leïa qui a fini par se séparer (même si on ne sait pas clairement si la séparation s'est faîte à ce moment là ou lorsque Ben a basculé).
Oui, une lecture littérale reste tout à fait possible.
enfin Han a quand même été témoin des événements de l'OT, ce qui a changé sa perception des choses. C'est ce qu'il explique à Rey et Finn dans le Faucon.
Sokraw a écrit:DRIII a écrit:Parce que Luke est un homme. Donc il se substitue au père. Comme Owen Lars et Obi-Wan ont incarné des figures paternelles pour Luke. Ou Qui-Gon et Palpatine pour Anakin.
Qui-Gon et Palpy (et obiWan, Anakin le dit lui même dans AOTC) font office de père parce qu'Anakin a bel et bien une mère, il n'y a donc rien à remplacer. Ca amoindrirait d'ailleurs la séparation.
On pourrait très bien dire que Luke remplace Han ET Leia auprès de Ben, car son entrainement et ses voyages avec Luke le prive des deux. Et Leia étant forceuse (même si pas entrainée) on pourra dire que Luke remplace Leia en tant que parent forceux.
Ce que je veux montrer c'est que le film ne nous montre ni ne nous DIT ça, c'est une interprétation valable que tu as, mais c'est une interprétation, et le faire passer pour un fait établi dans le film car ça cadre avec ta théorie serait malhonnête
Kregwitch a écrit:Merci pour cette analyse intéressante et d'un type qu'on aimerait croiser plus souvent ; n'hésite pas à en faire d'autres car on sera nombreux à les lire avec intérêt (j'imagine qu'il y a beaucoup à faire avec cette postologie et la matière de Bretagne).
J'imagine que la base de l'analyse est l'article «L’Ile-Femme» de P. Brunel (dir.), Dictionnaire des mythes féminins, Éditions du Rocher, déc. 2002 ? Je pense qu'on peut renvoyer aux autres travaux de Marie-Françoise Bosquet :
http://siefar.org/marie-francoise-bosquet/