LA BATAILLE SPATIALE
De 1 H 49’03’ à 1H49’57’’
On entre « directement » dans la bataille déjà bien entamée. C’est au cours de cette séquence qu’Anakin y rentre également, d’abord, comme nous, en spectateur (témoin impuissant de l’action car il n’a pas les commandes), puis de manière active ensuite (le pilote automatique est désactivé).
C’est d’ailleurs une manière intéressante de nous faire entrer de nouveau dans cette bataille (le spectateur en a déjà vu précédemment le début) et de redémarrer l’action : en nous introduisant dans l’action elle-même par l’intermédiaire d’un personnage-spectateur, puis, une fois dedans, en nous laissant spectateur des actions de ce même personnage. C’est aussi un moyen intelligent d’introduire le rôle d’Anakin dans la bataille. Enfin, cette (r)entrée progressive permet une transition moins brutale dans la succession effrénée des différentes séquences de combats qui constituent le final, évitant la désorientation permanente du spectateur, tout en le maintenant tout de même en éveil (même si ma voisine s’était profondément endormie
).
La séquence en elle-même possède un rythme absolument frénétique : le nombre de plans qu’elle contient pour sa très courte durée ne laisse aucune place à la contemplation. Ici, c’est de l’action, du mouvement. Cet enchaînement rapide de plans courts était déjà un effet de style très utilisé dans l’OT, et si cela donnait effectivement du punch à ces séquences, c’était surtout selon les propres aveux de John Dykstra un moyen de ne pas laisser le temps nécessaire au public d’y déceler les imperfections des SFX encore approximatifs à l’époque. Dans le cas de notre séquence, il ne s’agit bien sûr que d’un effet de rythme. Pour s’en persuader, la séquence passée au ralenti nous démontre une quasi-perfection technique de tous les instants. Peut-être un peu trop, ce qui marque un certain décalage avec les batailles de l’OT, mais c’est un point difficilement critiquable, d’autant plus que les techniques employées sont globalement les mêmes (sisi).
En effet, on retrouve l’utilisation de maquettes pour le vaisseau amiral droïde (que les techniciens ont d’ailleurs « sur-éclairé » volontairement pour garder une certaine continuité avec
ANH auquel la séquence fait constamment référence), ainsi que pour les explosions des chasseurs Naboo, et ceux de la fédération. En passant, pour les détracteurs du CGI et du « tout-numérique » dans la prélo, contrairement à certaines idées préconçues, et très faussées, les effets de la prélo contiennent un nombre incroyable de maquette, et ce, de très très grande qualité, leur usage est QUASI-SYSTEMATIQUE dans ces films, et l’emploi du CGI ne vient que pour les compléter et/ou modéliser ce qui ne peut se faire par les maquettes (comme ici les chasseurs chromés N1). Ce qui change surtout par rapport à la trilo, c'est la composition des plans par des procédés infographiques, et non plus chimiques ou optiques, d’où la netteté, la propreté des plans qui, certes, dénote un peu face à la trilo. M’enfin tout ça pour dire qu’il faut arrêter de voir du CGI partout
. Et à la vision de notre séquence, on peut dire que notre astro-cameraman s’est défoncé,
). On retrouve ainsi de nombreux plans similaires : canonnières de la fédé/canonnières de la Death Star, mort de pilotes+explosions du cocpit, plans de R2, vue subjective d’Anakin (1h49’19’’) avec les chasseurs droides fonçant droit sur lui rappelle la vue subjective de Lando depuis le cockpit du faucon avec les chasseurs TIE fonçant sur lui (
ROTJ), plans sur les mains et les manettes d’Anakin ce qui n’avait pas été fait depuis
ANH où l’on a des plans similaires sur les mains de Luke, mais aussi celles de Vador (d’ailleurs les manettes sont sensiblement identiques)…
Il y a, par rapport à la séquence-référence de l’étoile noire de
ANH, plusieurs innovations subtiles. En effet, Lucas marque une inversion des rôles Méchants/Gentils pour bien montrer, le devenir de chacun dans les épisodes futurs. Ainsi, les méchant vaisseaux de la fédération tirent aux lasers rouge (dans la trilo, c’était la couleur de feux des vaisseaux rebelles) tandis que les gentils Naboo tirent au vert (couleur des lasers de l’Empire dans la trilo) . De même, l’action se déroule de gauche à droite (tous les plans de la séquence étudiée sont orientés gauche/droite), alors que la bataille finale d’
ANH était orientée droite/gauche. Dans
AOTC, il procédera de même avec la bataille de Géonosis en inversant, comme ça a déjà été dit, la répartition des deux camps Héros/Ennemis par rapport à la bataille-référence : celle de Hoth.
Tout cela pour montrer subtilement que la frontière et la répartition entre le bien et le mal est bien plus flou dans la prélo que dans la trilo.
Au niveau du son, c’est irréprochable, bien que les bruits des moteurs des vaisseaux des différents camps ne sont pas assez différenciables par rapport à la trilo. Peut-être encore la volonté de brouiller la limite entre les deux camps. On peut aussi noter qu’un effet inédit dans la trilo illustre les tris lasers des chasseurs de la fédération. On retrouve aussi deux gimmick musicaux dans la partition de John Williams : un déjà entendu dans la fin de la séquence de module rappelant ainsi le rôle de pilote confirmé d’Anakin, un autre gimmick mélodique que l’on entend dès lors que le combat entre Maul et les deux Jedi commence et que l’on retrouve par la suite dans toute les séquences de la fin, comme pour illustrer la tournure que prennent les destins (on entend de façon récurrente cette ligne mélodique dans Duel of the Fates).
Enfin, petits détails : John Knoll en cameo mourant atomisé dans son vaisseau (avec ce cri toujours identique dans les Star Wars pour les personnages mineurs frappés brutalement par la mort), et aussi le petit clin d’œil à
ANH dans le plan du cadran du vaisseau d’Anakin (1h49’27’’) où l’écran le plus à droite avec son visuel de double quadrillage 3D est identique aux cadrans des tourelles du Faucon. Comme quoi, il y a un souci de continuité jusque dans les détails.