Depuis Coruscant : Après plusieurs mois d’enquête, la Tribune Galactique est en mesure de révéler que les différents services de renseignements de la République ont fusionné, dans la plus totale illégalité, en une seule agence d’espionnage et de surveillance. Répondant au nom d’Ubiqtorate, cette organisation se veut un moyen de lutter contre la paralysie bureaucratique. Ce faisant, ses dirigeants n’ont pas cru devoir informer le Sénat de son existence.

Rappelons que la « communauté du renseignement » de la République se décompose en de multiples institutions, ainsi que l’a prévu le Parlement afin d’éviter toute dérive totalitaire : l’Organisation de la Sécurité Républicaine, le Bureau de Renseignement du Sénat, le Consortium Technologique Interstellaire, le Bureau des Acquisitions Spéciales de la Bibliothèque de la République. « Une telle situation n’était pas sans favoriser des rivalités interservices, commente le Sénateur Cher’Tssh, responsable de la commission sénatoriale sur les activités d’espionnage. Chacun d’entre eux répugnait à partager ses informations, ce qui a entraîné des conséquences dommageables pour la République. » Et le Sénateur de rappeler que le Bureau de la Chancellerie avait été totalement pris par surprise par le blocus de Naboo, dix ans avant le début de la Guerre des Clones... On connaît la suite.

Apparemment, quelques hauts responsables de ces différentes agences ont décidé de mettre un terme à leurs divisions, et de multiplier les actions et réflexions combinées. Mais une conférence survenue quelques mois auparavant a précipité les événements. D’après l’un de nos informateurs, le Directeur du Bureau du Renseignement du Sénat, Armand Isard, y a convié ses homologues pour leur proposer une refonte totale du système d’informations, en commençant par l’unification des organisations républicaines. Ses arguments ont du s’avérer particulièrement convaincants, puisque l’accord a été presque immédiatement conclu. Le fait que le Sénat ne soit pas tenu au courant de cette décision n’a de toute évidence pas été considéré comme étant d’une gravité suffisante. « L’adjoint du Directeur Isard avait réuni des dossiers compromettants sur chaque participant de la réunion, selon notre informateur. Ils en furent réduits à cette alternative : se soumettre ou se démettre. » Ils ont préféré se soumettre.

L’illégalité de la procédure est d’autant plus flagrante que cet Ubiqtorate estime, d’après ses propres chefs, n’avoir de compte à rendre qu’au Chancelier suprême en personne. « Isard et ses confrères méprisent les Sénateurs, a confirmé M. Cher’Tssh. Ils considèrent que le Sénat néglige ses devoirs depuis trop longtemps. Il est vrai que plusieurs Sénateurs ont eu et ont encore l’habitude de détourner ou de dissimuler à leur seul profit les renseignements collectés par les agents républicains. »

Curieusement, interrogés récemment, les représentants de ces organismes n’ont guère cherché à nier la mise sur pied de l’Ubiqtorate, comme si l’accroissement des pouvoirs de la Chancellerie leur ôtait tout scrupule à cet égard. Ils invoquent certes la nécessité d’opposer aux Séparatistes un système aussi efficace que possible, chaque information recueillie ayant son utilité dans le conflit. Mais en vérité, « ils ne font même plus l’effort de se dissimuler, regrette Trugan Jleog, ancien historien officiel du Bureau des Acquisitions Spéciales de la Bibliothèque républicaine. Ils agissent dorénavant au grand jour. Ils ne craignent plus les foudres du Sénat. Et ils savent qu’ils ont l’appui d’un Chancelier à qui les parlementaires ont confié les pleins pouvoirs. »

Le résultat est là : sous nos yeux, au mépris du Sénat et de la loi, vient de se mettre en place une véritable police politique, un Etat dans l’Etat qui surveille le moindre de nos faits et gestes. Du temps où ces bureaux étaient scindés, il existait de plus grandes possibilité de contrôle parlementaire. Face à une organisation tentaculaire de cette importance, de telles garanties deviennent illusoires. De quelque manière que la guerre finisse, il est douteux que la démocratie y survive...

Garh Yson.