Bonsoir à tous, comment allez-vous ?
L'heure est venue pour Alan Tissan d'affronter son destin sur Dathomir
!
Chapitre 69Les rancors leur permirent de parcourir une grande distance, à grandes foulées. Yoda qui se dressait sur la nuque du rancor de Lokia, juste derrière elle, sentait la perturbation dans la Force grandir peu à peu. Une perturbation liée à Alan Tissan.
Bien que impavide, la jeune femme ne pouvait maîtriser une angoisse palpable, pressant sa monture de presser le galop à travers la forêt de pins à l’aide d’un chant impérieux. Elle semblait redouter, non pas un danger mais plutôt une catastrophe. Cela suscita la curiosité du petit être vert aux oreilles pointues dont elle ressentait la puissante magie.
- La peur je perçois en vous, Sœur Lokia.
Elle tourna la tête par-dessus son épaule, pour croiser son regard perçant.
- Mon clan garde une chose terrible, qui existait bien avant l’arrivée de Allya. Elle-même nous a mis en garde contre cet artefact maléfique. Si quiconque s’en approchait et parvenait à s’en emparer, une grande calamité s’abattrait sur notre monde et au-delà des étoiles. N’amenant que chaos, mort et folie.
Yoda grogna :
- Tout me dire, vous devez. Tout ce que vous savez.
La matriarche sentait son désir de l’aider, malgré toutes les différences qui les séparaient. Peu lui importait à présent, si la présence de sorciers des étoiles allait à l’encontre de leurs croyances et de leur mode de vie. Elle n’avait pas le choix si elle voulait sauver son clan et tout ce qu’elle aimait de ce monde.
Alors elle lui raconta tout ce qu’elle savait sur le Bâton Maudit. Tout ce que Allya en personne avait enseigné à ses filles, sur la menace de cet artefact qui datait des dernières Guerres Sith. Sur les incessantes mises en garde transmises de génération en génération et sur les interdictions d’approche maintenues par le clan de la Montagne Qui Chante, qui en assurait la garde nécessaire et impérative.
Yoda comprit que ce fut ainsi que la sauvegarde de Dathomir a été maintenue. Alan Tissan menaçait maintenant cet équilibre. Ce dernier devait être retrouvé et arrêté à tout prix, car l’artefact était clairement son objectif.
Alors qu’ils se trouvaient bientôt aux pieds des contreforts montagneux, au début du sentier qui menait à la forteresse, un déferlement d’obscurité submergea brutalement leurs perceptions, les prenant au dépourvu. Yoda parvint à maintenir sa concentration tandis que Lokia garda tant bien que mal le contrôle de son rancor qui se cabra en rugissant, à l’image de ses congénères. Les autres Sorcières échangeaient dans leur dialecte, partageant leur inquiétude collective.
- Soeur Lokia ?
- J’ai senti le Bâton Maudit comme s’il était très proche de nous, souffla-t-elle visiblement secouée par cette sensation dérangeante.
- Trop tard il est, déclara le Grand Maître.
Tout à coup, une voix stridente s’éleva à quelques dizaines de mètres d’eux, au-dessus des pins, provenant d’une petite fille.
- Lâchez-moi !
Le visage de la matriarche se décomposa, car elle avait reconnu la voix de sa progéniture.
- Rell !
Elle fit pivoter son rancor dans la direction des hurlements de détresse pendant que Yoda décrocha le sabre-laser de sa ceinture tout en s’accrochant au dos de la jeune femme. Celle-ci se jeta à bride abattue au secours de sa fille, tout en haranguant ses consœurs qui se préparaient au combat. Ils débouchèrent en force dans une clairière où un Jedi corellien venait de rattraper une enfant dathomirienne pour l’entraîner par les cheveux avec une poigne féroce.
Alan lâcha immédiatement son otage, lorsqu’il dut faire face à une dizaine de rancors montées par des cavalières désireuses d’en découdre. Un petit gnome vert aux oreilles pointues aux habits de Jedi, bondit de la nuque du rancor de la matriarche pour atterrir sous le nez du Jedi corellien, qui avait pointé l’étrange sceptre orné d’un pommeau mauve. L’air se comprima autour de lui avant qu’un filin invisible ne le tracta subitement en arrière pour l’écarter de la petite fille.
Il se redressa puis fut admonesté par le Grand Maître :
- S’en prendre à un enfant… indigne d’un Jedi cela est, Maître Tissan.
Rell observait fascinée, cet étrange petit être vert qui faisait face à son ravisseur pour le confronter. Celui-ci leva pointa le Bâton Obscur vers le non humain, un éclair fourcha du pommeau pour le foudroyer. Mais Yoda leva la paume pour absorber l’attaque fourbe. Ensuite, une étrange aura entoura le corellien renégat avant qu’il ne disparaisse dans un craquement de tonnerre.
Sa disparition devint un répit pendant lequel Lokia profita pour sauter de sa monture et serrer sa fille entre ses bras musclés.
- Rell, tu n’as rien ?
Les larmes aux yeux, l’enfant avoua :
- Le méchant sorcier a tué papa.
- Tu es sûre ?
Lokia chanta un sort pour sentir la présence de son mari. Absent, malgré tous les efforts qu’elle prodiguait… la dure réalité s’imposa à elle.
- Litvek, lâcha-t-elle à son tour en sanglots.
La mère et la fille restaient entrelacés, rejointes par Yoda qui souffla avec le plus de tact possible.
- À votre chagrin, je compatis Soeur Lokia et petite Rell. Mais à la folie d’un homme, il nous faut mettre un terme définitif.
Lokia se redressa, les traits résolus de nouveau résolus.
- Tu vas tuer le méchant sorcier, maman ?
- Je vais en finir, je te le promets.
Lokia ordonna à une de ses guerrières de la ramener à la forteresse.
- Épuisé par l’usage du Bâton Obscur, Maître Tissan est. Proche de notre position, il demeure.
- Que devons-nous faire, Yoda ?
- L’encercler vous devez, conseilla-t-il. De l’affronter, vous devez éviter. Cette tâche à moi seul… revient.
Il tenait enfin entre ses mains, cet artefact dont il avait perçu la puissante signature lorsqu'il avait posé le pied sur cette planète inhospitalière en compagnie de Maître Yoda et des dizaines de frères et sœurs Jedi, chargés de récupérer ce que contenait l'épave du Chu'unthor. Mais les Sorcières de Dathomir les attendaient de pied ferme.
La bataille s'était engagée et il en avait profité pour s'éclipser. Pour trouver le Bâton Obscur et s'en emparer.
Il avait d'abord nourri des remords d'avoir déserté le champ de bataille mais ces nobles sentiments s'étaient estompés lorsqu'il réalisa le pouvoir qu'il tenait entre ses mains. Un savoir ancien et inconnu.
Un savoir dangereux selon le Haut Conseil Jedi.
Mais il était convaincu que ce savoir pouvait être utilisé à bon escient pour sauver des millions de vies, des milliards de vie en changeant le cours des choses. En influant le temps, le cours des ères, l'époque des Empires.
Bien que natif de Corellia, il était un Jedi. N'était-ce pas son devoir de sauver des vies présentes, passées et de celles à venir ? Il lui suffisait de remonter le temps et de se téléporter en un lieu choisi.
Il ignorait comment le manier précisément mais il était persuadé que si Maître Yoda pouvait comprendre ses motivations…
Alors tout deviendrait possible. L'obscurité qui se tapissait au cœur de la République menaçait de s'étendre dans la galaxie. La République et l'Ordre Jedi s'effondreraient tôt ou tard. Mais il pouvait changer le cours des choses.
Il avait traversé la forêt pour gravir les pentes de ce pic qui les surplombaient. Trouver cette caverne sombre et anonyme, pour répondre à cet appel qui le harcelait dans la Force.
Il ne pouvait plus reculer. Si lui n'avait pas récupéré le Bâton Obscur, quelqu'un d'autre de moins bien intentionné l'aurait fait. Il n'avait pas eu de prise sur les combats en cours qui se déroulaient près de l'épave du Chu'unthor entre ses camarades et les magiciennes autochtones, voilà pourquoi il devait se mettre en sécurité.
En temps voulu, il ferait entendre raison à Yoda et aux autres membres du Haut Conseil.
Les ombres sous lesquels il s'était abrité s'allongèrent peu à peu. Il faudrait songer à trouver un meilleur refuge plus confortable. Mais il sut bientôt qu'il n'aurait jamais ce luxe.
On le traquait.
Des échos remuaient ses perceptions, qui résonnaient à diverses intensités. Des Sorcières de Dathomir qui s'approchaient.
Il fronça les sourcils, indécis. Lorsqu'il avait déserté ses pairs, ils s'étripaient férocement sans aucune retenue avec les Sorcières. Les retrouver en compagnie de Yoda, l’avait grandement perturbé.
Et maintenant ils semblaient agir de concert, concentrés sur un seul et même objectif. Lui. Si seulement il n’avait pas échoué à emmener cette gamine dathomirienne qui possédait un statut important dans son clan.
- Par les neufs enfers de Corellia, jura-t-il dans sa barbe.
Alors Rivan se rappela à lui dans ce moment critique, sa voix râpa dans les méandres de son esprit, insidieusement.
Il est temps de conclure ce marché que je t’ai proposé, Jedi. Le temps commence à te manquer.- Jamais, je ne conclurai de pacte avec un Sith.
La rage de l’antique Seigneur Noir explosa dans son crâne.
Pauvre idiot. Tu ne comprends pas le pouvoir que tu rejettes !- Aucune importance. Je m’accaparerais votre pouvoir d’une manière ou d’une autre.
Sache une chose, Alan Tissan. Si tu refuses de me servir, un autre Tissan le fera. Car ta famille a toujours servi l’obscurité et elle continuera de servir. Laisse-moi te montrer l’avenir de ta dynastie.Une migraine traversa subitement le cerveau du corellien. Des images parcoururent son esprit, illustrant un futur sombre pour ses descendants. Il vit d’abord l’un d’entre eux, un jeune Chevalier grand et maigre, entrer dans la même caverne pour s’emparer à son tour du Bâton Obscur et accepter le marché proposé par Rivan. Pour devenir à jamais son pantin servile et devenir le Jedi Noir de Dathomir.
La Force lui murmura le nom de Oreste.
Un autre flash effaça celui-ci pour faire apparaître un jeune adolescent malingre, durement éprouvé par les tortures dans un sombre cachot. Dévoré par la haine, il acceptait de s’agenouiller devant une Sith encapuchonnée qui avait réussi à briser sa volonté. Lorsqu’il se redressait, il devenait son apprenti, voué au Côté Obscur.
La Force lui murmura le nom de Liars.
Alan refusait de croire que c’était ce destin qui guettait sa famille, son sang.
- Je me débarrasserai de vous !
Il est temps de faire face à ton destin. Adieu.La voix disparut, le laissant hésitant et confus. Une puissante présence juste dans son dos le força à pivoter d'une pièce. Un gnome vert aux oreilles pointues le fixa avec une lueur de tristesse dans le regard.
- Perdu vous semblez être, Maître Tissan.
- J'ai fait ce qui devait être nécessaire, Maître Yoda. Pour le bien de la galaxie.
L'intransigeance du corellien paraissait contrarier le petit non humain.
- Abandonné en pleine adversité vos camarades vous avez, indigne d'un Jedi cela est.
- Je ne suis plus l'un de vos étudiants, rétorqua Alan. J'ai agi comme le ferait un Jedi, le Bâton Obscur ne pouvait rester entre les mains du premier profane venu.
- Avec les Sorcières de Dathomir, un accord conclu j'ai. De l'honorer, je vous le demande humblement.
Une grimace de dépit déforma les traits du Jedi corellien.
- Vous me demandez d'honorer une trêve dont je ne connais pas les termes. Et pourquoi avez-vous pactisé avec ces mégères ? Ce sont elles qui nous ont attaqué les premières !
- Récupérer nos morts et nos prisonniers elles nous permettent. En échange, obtenu la garde du Chu'unthor et de ce qu'il contient elles ont. Y compris ce que vous tenez à la main, mon ami.
Alan Tissan étudia sa situation et comprit qu'il ne posséderait pas un rapport de force favorable. Mais il s'obstina.
- Non.
Yoda s’inquiéta de voir une étrange flamme de haine briller dans ses prunelles, signe de la certitude absolue qui l'habitait.
- Maître Tissan, mon devoir ne m'obligez pas à accomplir.
- Vous ignorez ce que je tiens entre les mains. Je vous défie d'essayer de me le prendre. Ne comprenez-vous pas que le Bâton Obscur peut sauver la République du retour des Sith ? Ne sentez-vous pas que la Force perd peu à peu de sa vitalité lumineuse ?
- Peut-être vrai cela pourrait. Mais souillé par Dark Rivan cet artefact est. Ne pas s'abaisser à de telles extrémités un Jedi devrait. Revenir à la raison je vous supplie. Combattez cette peur qui vous a submergé.
- C'est ce que je n'ai jamais cessé de faire jusqu'ici. Mais vous sur Coruscant, vous avez peur de vous salir les mains et vous vous croyez ensuite le mieux placé pour donner des leçons ? Les Jedi méritent mieux.
- Alors vous contraindre à obéir je dois.
Une courte lame crépitante verte naquit dans la pénombre et Alan Tissan se raidit à son tour, allumant son sabre laser. Tout en empoignant plus fermement le Bâton Obscur.
- Ce bâton contient plus de pouvoir que vous ne l'imaginez, Maître Yoda. Le pouvoir de distordre le temps, l'espace et la Force. Dark Rivan l'a appris à ses dépens et vous allez l'apprendre aussi.
Le corellien passa à l'attaque et frappa le Grand Maître de l'Ordre Jedi en titre de haut en bas, usant de son sabre laser et du Bâton Obscur comme des massues. Yoda esquiva toutes ces attaques brutales avant de se lancer dans des acrobaties compliquées, étonnantes pour quelqu'un d'aussi âgé que lui.
Alan fut forcé à battre précipitamment en retraite, et fut heureux que le Bâton Obscur soit résistant aux coups de sabre laser. Sinon le combat se serait achevé bien plus tôt. Néanmoins il n'était pas possible de prendre le dessus par des moyens conventionnels.
Il était temps de tester d'autres options. Il s'écarta d'un Saut de Force de l'antagoniste qui n'appuya pas son avantage.
Yoda voulait le ménager.
- Rendez-vous, Alan.
- Je suis allé trop loin pour rebrousser chemin. Il est trop tard pour moi.
- Ne m'obligez pas…
Une détermination froide noya la lumière verte et grise qui inondait les iris du natif de Corellia.
- Je vais remonter le temps jusqu'à la bataille de Ruusan. Peu après le moment où la bombe psychique a été déclenchée par Kaan, et je veillerai à ce qu'aucun Sith n'en ait réchappé.
Yoda secoua la tête, témoignage de sa lassitude.
- Même si fondées vos raisons sont, les conséquences de cet acte vous ne mesurez pas. En prétendant vouloir faire le bien, le mal vous engendrerez.
- Quel mal y a-t-il à vouloir arranger le cours de l'histoire ? Si nous ne faisons rien pour contrer la survie des Sith, les conséquences seront bien pires encore !
- Alan, le sort de milliards d'innocents risquer vous allez…
- Nous savons tous les deux qu'il n'y a qu'un seul moyen de m'arrêter, Yoda.
Cette fois une étrange sérénité apaisa les traits crispés du corellien. Ce qui ne rendit que plus amère la décision que Yoda accepta tout juste de prendre.
- Ne faites pas ça, tenta-t-il de le prier une dernière fois.
Alan connecta son esprit avec l'artefact et la Force se convulsa violemment sous l'effet d'une tempête qui s'amoncelait au-dessus de leur tête. Autour d'eux, les pins tremblèrent de la tête aux pieds, fouettés par un tourbillon d'air incontrôlable.
Et le pommeau du Bâton Obscur se mit à briller d'un éclat peu rassurant. Yoda savait qu'il ne pouvait tarder davantage à agir.
Il connaissait très bien l'histoire de Dark Rivan et de sa fin lorsque sa forteresse d'Almas était tombée pendant les Nouvelles Guerres Sith.
Il avait lu l'histoire des souffrances de ses victimes, infligées à l'aide du Bâton Obscur qui avait drainé leur essence vitale. Voilà pourquoi Alan Tissan devait être arrêté. À n'importe quel prix. Le Grand Maître savait ce que coûterait ce sacrifice.
Alors Yoda s'élança sur le corellien et bondit par dessus lui, le frappant mortellement entre les omoplates, avant de retomber sur ses appuis avec souplesse. Il rangea son sabre laser alors que le Jedi corellien tituba quelques instants, avant de s'écrouler au sol.
Pour ne plus jamais se relever.
La tristesse étreignit le cœur de Yoda lorsqu'il perçut sa présence se noyer dans la Force, empreinte de colère et de confusion.
Mais il n'eut pas l'occasion de s'appesantir sur son chagrin. Un rugissement rauque précéda l'irruption d'un monstre massif tassé sur lui-même dont le poids suffit à déraciner deux sapins sur son passage dans un gémissement de bois brisé.
Le Jedi savait qu'il n'avait rien à craindre du rancor qui le dominait de sa hauteur, car sa bestialité était contrôlée par une femme blonde athlétique qui était assise à califourchon sur sa nuque épaisse. Elle fixait la scène de son regard farouche et défiant avant d'abaisser sa lance.
Elle sauta au bas de sa monture et s'inclina respectueusement devant le Grand Maître de l'Ordre Jedi.
- Je suis navrée que vous ayez dû en venir à de telles extrémités.
- Merci Sœur Lokia. Une grande perte pour nous la mort d'Alan Tissan est.
- Soyez sans crainte. Malgré ce qui vient de se passer, notre accord tient.
À l'aide de sa télékinésie, Yoda souleva le Bâton Obscur au niveau de son visage. Il ferma son esprit à la voix tentatrice qui l’encourageait à profiter pleinement de ce pouvoir.
- La garde de cet artefact vous revient de plein droit.
- Nous nous assurerons que personne d'autre ne le trouve, lui assura la Sorcière de Dathomir. Qu'avez-vous ensuite l'intention de faire ?
- Pleurer nos morts nous allons. Et nous assurer que les Tissan à jamais préservés de l'obscurité soient…
Deux jours plus tardLa majorité des navettes envoyées par la flotte de soutien, avait rejoint l’orbite. Il ne restait plus qu’un seul véhicule républicain à la surface de Dathomir, celui qui devait ramener Yoda, qui se tenait devant l’épave du Chu’unthor. Il avait tu les circonstances exactes qui avait impliqué le Bâton Obscur dans la chute de Alan Tissan. En accord avec les Sorcières et Lokia Djo, personne d’autre y compris parmi les Jedi et les autres Tissan, ne devait savoir ce qui s’était véritablement passé.
Car la galaxie toute entière devait garder confiance chez les Jedi, même si les répercussions politiques du naufrage du Chu’unthor commençaient à se faire douloureusement ressentir. Les prochaines sessions du Sénat promettaient d’être délicates.
Le Grand Maître fit face au groupe de Sorcières menés par Lokia. Cette dernière était venue avec sa fille Rell.
- Je tenais à vous remercier d’avoir sauvé ma fille, dit la matriarche. Mon clan a une dette envers vous.
Yoda s’inclina devant les paroles de reconnaissance. Avant de s’avancer pour faire face à la petite Rell, à qui il avait forte impression. C’est à cet instant, qu’il lui confia la Prophétie du Chu’unthor, que Luke Skywalker réalisera quatre siècles plus tard.
- L’obscurité un jour sur ce monde, s’étendra. Mais un Jedi viendra des étoiles pour en délivrer les Filles d’Allya. La paix et la lumière, il apportera.
Il posa sa petite main griffue sur l’épaule de la jeune fille.
- Jusqu’à ce que ce jour vienne, garder les trésors du Chu’unthor tu devras, Rell. Pour que tu les lui remettes en mains propres.
La dathomirienne le regarda sans vraiment comprendre.
- Un autre sorcier des étoiles viendra ? Qui est-ce ?
Seul un sourire énigmatique lui répondit. Ce qui lui fit perdre patience.
- Si vous ne me le dites pas, comment pourrais-je savoir à qui les remettre ?
- Le temps te révélera la vérité, mon enfant. D’une grande patience, il te faudra faire preuve. Une longue vie, très longue vie t’attend.
Puis il se détourna pour regagner le vaisseau à petit pas, appuyé sur sa canne. La rampe d’accès fut remontée, l’écoutille verrouillée. Les dathomiriennes assistèrent au décollage avant que Rell ne déclara :
- Il est plutôt bizarre, ce sorcier des Étoiles, maman.
- Ce qu’il t’a dit est important, Rell. J’enverrai des Sœurs fouiller le grand Wuffa pour récupérer tout ce qui a de la valeur et entreposer en sécurité le trésor dont Yoda t’a parlé.
Toutes deux rentrèrent finalement au village, à dos de rancor.
Corellia, Château familial des Tissan, cinq jours après la mort de Alan TissanLa Jedi Tal’etha descendit de l’aérotaxi devant l’entrée du domaine de la famille Tissan. La sélonienne attendit que les lourdes portes s’ouvrirent à son attention avant d’entrer. Quelques droïdes s’occupaient les champs de fleurs et d’arbres, qui encadraient l’allée à l’antique édifice qui remontait à l’ère Pius Dea.
Elle fut reçue sur le perron par le droïde protocolaire Pégase, majordome éternel de la famille depuis l’arrivée du premier ancêtre sur Corellia, Tilko Tissan, qui avait racheté ces terres pour s’intégrer dans la haute société corellienne. Pégase l’invita à entrer après qu’elle ait expliqué le motif de sa venue.
Introduite dans le salon, la sélonienne observa d’un air distrait la petite fontaine dont l’eau ruisselait doucement avec un chant doux et léger. Cela l’aida à apaiser les sentiments qui l’agitaient depuis que l’expédition menée par Yoda sur cette lointaine planète de la Bordure Extérieure, était revenue sur Coruscant. Les survivants du naufrage avaient été ramenés mais les Jedi n’étaient pas parvenus à renflouer l’épave jugée irrécupérable. L’Ordre et les Rangers Antariens qui faisaient partie de l’expédition, avaient subi de lourdes pertes lors de combats acharnés contre les autochtones. Quatorze Jedi étaient péri et un Jedi corellien était dans cette rubrique nécrologique. Le corps de celui-ci était conservé à la morgue de Coronet, avant qu’il ne soit rendu à ses proches. En attendant, elle était chargée d’annoncer la mauvaise nouvelle.
Mingrid Tissan entra dans le salon, suivie de sa fille Valena en habits traditionnels verts marécage, devenue un Chevalier Jedi respecté et reconnu par ses compatriotes. La matronne et épouse de Alan, accueillit dignement la sélonienne.
- Tal’etha, bienvenue.
- Merci Mingrid. Bonjour, Valena.
- Maître.
La jeune femme gardait l’expression fermée, car elle connaissait le motif de la visite de la non humaine. Elle l’avait senti dans la Force, au moment où le drame s’est produit. Tal’etha montra alors un sabre-laser qu’elle leur tendit après hésitation.
Mingrid se figea en reconnaissant l’arme de son mari. Elle avait compris ce que cela signifiait.
- Je suis désolée, Mingrid.
D’une main tremblante, la veuve accepta de prendre le sabre, qu’elle serra contre elle, dans un élan de tendresse et d’affection pour un mari qu’elle avait trop longtemps négligé.
- Comment ? Souffla-t-elle, accablée.
- Il est mort en brave, en tentant de libérer les prisonniers dans un raid solitaire, au plus fort de la bataille.
Valena percevait que quelque chose sonnait faux dans le ton de la sélonienne mais elle demeura silencieuse. Parfois un mensonge doux et bien intentionné valait mieux qu’une vérité âpre et cruelle.
- Il a succombé en affrontant plusieurs ennemis.
- A-t-il réussi ? Demanda fiévreusement Mingrid.
- L’objectif a été atteint.
Valena prit alors sa mère par les épaules, qui se voûtait sous le poids de la tristesse.
- Maître, nous devons nous recueillir en privé.
- Je comprends, Valena, accepta la sélonienne. Je repasserai prochainement.
La non humaine s’inclina puis quitta la demeure, raccompagnée par Pégase. Le majordome revint peu après.
- Avez-vous besoin de mes services ? Peut-être devrais-je avertir le reste de la famille, de la nouvelle tragique que nous venons d’apprendre.
- Attends, Pégase, fit Valena.
La jeune femme n’avait pas lâché sa génitrice qui semblait de plus en plus tenir difficilement sur ses appuis.
- Maman, qu’est-ce qui ne va pas ? Tu n’as pas l’air d’aller bien.
- Alan, ton père… il était tout pour moi… il était…
La veuve éclata en sanglots, cachant sa tête entre ses bras. Elle se laissa tomber à genoux, relevée péniblement par la Jedi corellienne qui tentait de la réconforter comme elle le pouvait.
- Il représentait beaucoup pour moi aussi, maman.
Valena ressentait un grand trouble dans la Force qui provenait de l’essence de sa mère. Elle ignorait de quoi il s’agissait jusqu’à ce que Pégase l’avertisse.
- Maîtresse Valena, les signes vitaux de madame Mingrid montrent un ralentissement important de son rythme cardiaque.
Alarmée, la Jedi l’aida à s’asseoir sur le canapé avant de s’occuper d’elle. Elle lui ouvrit le col de la chemise pour l’aider à mieux respirer avant d’user de la Force pour masser son cœur, et aider à maintenir ses battements.
- Reste avec moi, maman.
- Ne m’en… veux pas…
- Pégase, va chercher de l’aide !
Elle se sentait impuissante de ne pas pouvoir empêcher l’inéluctable, aidant sa mère à s’allonger de travers. Elle continuait d’envelopper son cœur dans un filet invisible pour le garder en activité.
- Maman, des secours vont arriver… on va prendre soin de toi, d’accord ? Ta famille a besoin de toi, suppliait-elle.
- Non, Valena. Toi et tes frères n’avez plus besoin de moi. Vous êtes ma plus grande fierté. Vous perpétuerez… le nom et le souvenir des Tissan.
Mingrid souriait, malgré ses traits livides.
- Je sais que tu utilises la Force… laisse-moi partir et rejoindre ton père. Je veux me tenir à ses côtés pour l’éternité… rattraper le temps perdu.
Pégase revint à cet instant, après avoir passé un appel comlink.
- Les secours arrivent dans quelques minutes, maîtresse Valena.
- S’il te plaît, Valena. Tout… ira bien. Je ne serai plus… malheureuse.
La Jedi versait des larmes, luttant contre la vérité qu’elle refusait d’accepter. Mais elle défit son emprise sur le cœur de sa mère, le laissant peu à peu ralentir avant de cesser de battre définitivement sous le poids d’un trop lourd chagrin. Même elle, une Jedi issue d’une grande lignée corellienne, ne pouvait sauver des gens contre leur gré, y compris ceux qu’elle aimait. Mingrid Tissan avait rejoint la Force, foudroyée par la tristesse mais l’esprit apaisé d’avoir permis à sa dynastie de continuer son histoire.
Mais cette perspective ne calma pas la douleur de la jeune femme inconsolable, allongée sur le corps refroidi de sa génitrice.
À cet instant, une Jedi sélonienne fit irruption après être revenue précipitamment sur ses pas.
- Valena, tout va bien ? J’ai senti que…
Tal’etha comprit la scène à laquelle elle assistait. Le naufrage du Chu’unthor avait rajouté une victime de plus à sa liste.
Voilà, j'espère que ce long chapitre vous a plu !
Allez, à la prochaine
!