Bonjour à tous ! On a déjà abordé Seth Jorke, le nouveau leader de ce qu'il reste de l'Aube Rouge. Mais qui est-il vraiment ? Il est temps de découvrir de quelle manière il occupe ses journées. Et à quel point le bougre est vilain... Ensuite, on repasse faire un tour auprès du GSP, pour terminer un chapitre sur une note un peu plus douce pour une fois...
— Patron, ils sont tous là ! toqua une voix masculine qu'il connaissait bien.
Seth Jorke déplia ses longs segments hors de son fauteuil luxueux, avant de se présenter face à la glace devant lui. Cette dernière lui renvoyait l'image d'un humain grand, mince et élancé. Son costume bordeau cintré était surmonté d'une fine cape où figurait toujours un nuage rouge sur fond noir. La raie de ses cheveux gominés bien placée sur le côté, révisant l'alignement de ses sourcils. Avant dépoussiérer des manches déjà comme neuves. Tant qu'il se trouvait seul dans son bureau, le nouveau leader de l'Aube Rouge pouvait laisser son attention maladive aux détails s'exprimer sans gêne. Pour retenir cette habitude devant ses hommes. L'intérêt même de renvoyer cette image. Costume hors de prix, soigneusement choisi pour combler la prestance d'un physique somme toute banal à l'origine. L'idéal de montrer qu'il n'était qu'un homme peu assuré prompt à compenser sa moindre faille. Rien de tel que les apparts de luxe affichés, pour dissimuler son intelligence manifeste l'ayant mené jusqu'ici. Là où personne ne l'avait cru capable d'arriver.
Sans renier d'où il venait au fond de lui. Durant sa jeunesse,
Jorke s'était plié aux codes de son milieu. Claquer le moindre crédits dans les gadgets derniers cris ou vêtements à la mode dans les cercles criminels. Suivre les tendances. Montant en grade en tant que narco, il avait ensuite soigné son apparence. Jusqu'à se tailler la réputation d'un homme assoiffé de luxe compensatoire mal choisi plutôt que d'être un businessman dévoué. Mais un homme puissant l'avait repéré. Décelé son potentiel. En mesure de voir au delà. Que Seth Jorke contenait son ambition, pour qu'elle ne le dévore pas comme tant d'autres. Un non-humain mythique à la tête de son propre cartel l'avait contacté, avec un besoin d'hommes capables de gérer des pôles entiers. Seth Jorke s'était rendu à cet entretien avec l'intention de refuser, préférant travailler pour lui seul avant tout. Mais la prestance de Maul avait bouleversé sa galaxie. Il habitait chaque pièce où il se trouvait par sa seule présence, sans aucun effort. L'humain n'avait jamais connu cela. Il était conquis. Ce Zabrak ne ressemblait à nulle autre.
Seth Jorke était devenu un nouvel homme. Sachant se comporter et se vêtir avec goût. Maul lui avait apporté une capacité de discernement, une sagesse même, le rendant bien meilleur. Une loyauté indéfectible, rejoignant ensuite le Zabrak dans sa croisade contre la Nouvelle République. Ces considérations politiques ne l'intéressaient guère. Pour Jorke, seuls les crédits, la position et le pouvoir comptait. Avec l’opportunité d’en jouir autant que possible, de profiter de la vie et de ses plaisirs, nombreux et variés. Le seigneur Maul lui avait offert ce don d’anticiper les évènements, le goût de percer les secrets de ses subordonnés. Mettant à profit son problème de confiance envers ses hommes. Il se devait de tout connaître d'eux. Les cerner, obtenir un levier pour les manipuler au besoin. Connaître leurs habitudes, leurs points faibles. Pour éviter que ce besoin de contrôle ne lui échappe. Et maintenir cette image d'homme digne et serein.
Sa contemplation, énième plongée dans ses souvenirs, ne lui apporterait plus rien. Il ouvrit la porte, saluant en silence le Dévaronien venu l'interpeller. Hando, son bras droit, seul homme digne de confiance. Ce que Jorke avait fait pour lui garantissait cette confiance. Il le conduisit jusqu'à la grande salle, arpentant des murs terreux à peine décapés. Une fois à destination, l'humain se dressa que une estrade, extension d'un poste surrélevé. Loin d'une disposition laissée au hasard. Cet entrepôt austère reconvertit en centre de commandement possédait à présent un début d'allure certaine. Jorke avait à cœur de soigner ses effets après tout. Un large groupe d’individu éparses se tenait devant lui. Choisis, sélectionnés pour une bonne raison. Leur réputation n'était plus à faire. Le regard de l'humain les balaya, ne trahissant pas la satisfaction qu'il ressentait.
Ronik, un assassin Twi’lek. Connu pour ses tendances sadiques, se laissant prendre au jeu lorsqu'il est trop en confiance. Irane Uresa, voleuse multirécidiviste. Humaine occasionnellement sollicitée par Blacktower pour leur opérations dans la Bordure. Triko et Vriko, deux frères Weequay. Des assassins notoires qui opéraient toujours ensemble. Cunderas, un pirate, renégat banni de son clan. Un type agile trouvant toujours un moyen de se faire sa place. Kalnar, un terroriste Duro. Spécialisé dans les attentats à la bombe, son compteur de morts comme seul ancrage dans la vie. Torke, un Falleen imposant. Meurtrier notoire passé professionnel par simple goût pour le métier. C'était plus ou moins la même chose pour les autres.
Tous les mêmes, se réjouit Jorke.
Confrérie universelle, au sein de laquelle ils se confondent bientôt au bout du dixième meurtre. Leur langage corporel, façon de réagir aux mouvements brusques. La facilité avec laquelle ils basculent dans le désir de pourfendre le premier venu. Le goût du sang qui les animent. Et leur regard… Un sang froid, impassible, dont même la pire des horreurs n’altèrere en rien l’expression. — Alors patron ? lui demanda son second.
— Pas mal Hando, dit-il sincèrement. Pas mal du tout même… J’avais cependant insisté pour que certains d’entre eux se trouvent au fait des capacités de nos ennemis. Je ne voudrais pas que tous s’enfuient au premier tour de passe-passe Jedi.
— Je n’ai pas oublié patron, rappela Hando en les désignant d’un geste discret. Il y a Aarogus, Jerner, et la grande Zeltronne là-bas. Ils viennent de clans ou de groupes qui ont fait face aux Jedi durant la guerre des clones.
Jorke salivait déjà.
Une Zeltronne... Comme un hasard des plus heureux... Son appétance pour ces proches humaines exquises était connue de tous.
— Excellent. Amène-les moi dans mes quartiers une fois terminé ici.
Jorke ne s’inquiétait pas. Conscient qu’Hando ne le décevrait pas, même en constituant ce groupe en si peu de temps. Son second était plus petit que lui. Plus robuste également. Il n’était pas nécessaire de s’attarder sur cet homme pour comprendre que, sous ces vêtements nouvellement raffinés, se cachait un professionnel du corps à corps. Les stigmates... Cicatrices au visage, une corne partiellement brisée, les oreilles abimées, un nez déformé par plusieurs fractures. Un homme rompu aux imbrications violentes. Il s’était assagi au contact de Jorke, voyant en lui bien plus qu’un autre minion sans cervelle. Et à maintes reprises, Hando lui avait prouvé que cette intuition s’était révélée forte à propos.
Jorke s’avança, s’éclaircissant la voix avant de prendre la parole.
— Bienvenue à tous, déclara-t-il d’un ton fort et assuré. Je suis Seth Jorke, commandant en chef de l’Aube Rouge. Vous me connaissez pour la plupart de réputation. Pour les autres... Sachez simplement que tant que vous obéissez aux ordres et respectez mes consignes, vous n’aurez aucun souci à vous faire. Hando vous a certainement expliqué les raisons qui m’ont poussé à faire appel à des professionnels affutés tels que vous, fit-il en parcourant l’assemblée. Nous comptons à nos trousses une initiative appelée le Groupement Spécial des Protecteurs, créé pour stopper notre organisation. Mais ce GSP, comme on le nomme, ne compte pas s’arrêter là. Cette organisation n’aura de cesse de traquer les criminels et les hors la loi dans la galaxie. J’ai donc décidé de me préparer, débaucher les meilleurs avant que la concurrence ne le fasse. Je parle bien entendu de vous, précisa-t-il d’un léger sourire poli. J’ai de grandes ambitions, et vous serez tous gagnants à me suivre. Si c’est du sang et de la violence que vous recherchez, vous vous trouvez au bon endroit. Si ce sont les crédits, vous n’aurez pas à vous plaindre non plus. Installez-vous, et mettez-vous à l’aise.
Jorke fit un simple signe de la main avant de se retirer dans ses quartiers. Hando, son second, s’exécuta dans l’instant. Il descendit de l’estrade, pour interpeller les trois individus cité précédemment, les invitant à le suivre jusqu’aux quartiers de son supérieur. Ils obtempérèrent sans discuter, se dirigeant vers le bureau de Seth Jorke.
— Merci, tu peux nous laisser, fit Jorke une fois au complet dans son bureau.
Il attendit qu’Hando sorte, et prit la parole. Il préférait faire face seul aux nouveaux venus. Son seul jugement devait importer en premier lieu. L'humain se contenta de sa position assise sans inviter les trois assassins à faire de même. Faire savoir qui dirigeait les choses. Geste au premier abord inconscient, mais en réalité calculé à l’avance. Jerner, un humain plutôt bien bâti, envoyait le message d’une férocité toute contenue. Aarogus était un Nautolan. Il n’avait pas besoin d’envoyer un quelconque message avec sa carrure, effet renforcé par les tentacules retombant sur ses épaules. Une force physique était un atout, mais pourrait ne pas forcément suffire. Il suffisait de songer au souvenir de Brogus tombé face à des Jedi. Seth Jorke ne tomberait jamais sur un guerrier pouvant s'assoir à la table d'un homme comme Le Fléau.
Mais la troisième accaparait son attention. Dévorait déjà ses pensées plutôt. Une femme, longiligne, proportionnée, plutôt grande. Elle laissait trop peu de peau visible avec un pareil climat, l'empêchant de se délecter de cette teinte rouge sombre au delà de son visage. Mais ses courbes dissimulée ne pouvaient contrer l'imagination de l'humain.
Elle a tout ce qu'il faut, là où il faut... — Jerner, Aarogus, et… Je n’ai pas saisi votre nom, mademoiselle ?
— Gale, lui répondit-elle avec détachement. Juste Gale.
Personne ne pouvait se permettre pareille familiarité, surtout lors d'un premier entretien. Mais au lieu de l'exacerber, cette insolence lui plaisait. Son estomac fourmillait à la simple idée de la corriger comme il aimait le faire.
— J’ai ouï dire que vous possédiez les compétences nécessaires pour combattre des Jedi ?
Les deux hommes acquiescèrent d’un simple geste de la tête. Sobre, convenu. La créature à la peau rouge semblait décidée à développer son propos.
— Je n’ai jamais fait face à un Jedi directement, même si je sais comment faire, développa-t-elle. Ils sont puissants, mais avec les bonnes tactiques, ce ne sont que des adversaires comme les autres, une fois qu’on connait leurs faiblesses.
Les deux autres molosses à ses côtés se crispèrent. Étonnés de son impudence. La Zeltronne s'en fichait. Personne n’appréciait les minions qui s’étendait en palabres inutiles, certes. Mais Gale n'était pas une pauvre plante. Elle parlait lorsqu'elle avait quelque chose à dire. Et se taisait dans le cas contraire. A quoi bon dissimuler l'opinion qu'elle avait à son propre sujet ? Si elle se prétendait capable d'une chose, on pouvait la prendre au mot. Et si elle ne se sentait pas à la hauteur, elle le signifiait. Ce milieu manquait de simplicité. Cette manière de balancer une assurance bancale rien que pour l'image... C'était sans elle. Aucun intérêt. Il n'y avait aucune honte à avoir dans ce genre de métier. Mais c'était bien un truc d'homme et de ce qu'ils traînaient entre leur jambes ça...
— Bien, retint Jorke en masquant sa désapprobation. J’aimerais que vous formiez les non-initiés. Je ne vous demande pas de dévoiler toutes vos techniques secrètes, ancestrales, ou que sais-je encore, fit-il avec un dédain évident. Simplement, des tactiques simples et basiques, qui permettent de les acculer pour les avoir par le nombre et l’usure. Est-ce clair ?
— Ce n’est pas en si peu de temps qu’ils retiendront quelque chose…
Elle ne comptait pas se discipliner cette gourgandine... Jorke laissa passer un bref silence de mesure. Son geste intima aux deux hommes de sortir, avant de joindre ses mains sur la table de son bureau.
— Pas toi, Gale, déclara-t-il d’un ton acerbe. J’ai deux mots à te dire.
Il patienta que les deux autres aient quitté la pièce. Son silence le laissait se plonger dans son étude. Ces courbes vibraient jusqu'à son entrejambe.
Tension à retenir. La conserver pour plus tard... — Pourquoi vous ? lui demanda-t-il d’un ton feignant l’indifférence.
— Pardon ? s’étonna-t-elle ouvertement.
— Vous ne comprenez pas la question ?
— C’est plutôt son intérêt que je ne comprends pas, contra Gale dans la seconde.
Et voilà qu'elle continuait. Jorke balaya l'ordonnance lui brûlant la langue. Elle aurait pu refuser de se défaire de ses vêtements, et il était trop tôt pour cela. Si longtemps qu'il n'avait pu se délecter d'une telle beauté... Les femmes des autochtones n’étaient pas ce qui se faisait de mieux. Un simple moyen de satisfaire un besoin primaire, mais lui laissait cet arrière goût amer en bouche à chaque reprise. Celle-ci... Tout d'abord agir au sujet de son comportement. Le plaisir viendrait ensuite…
— Vous m’avez été chaudement recommandée, et semblez plus que capable. De la même manière que tous les autres ceci dit. Vous ne semblez pas le moins du monde intimidée. Je dirais même effrontée, glissa-t-il dans son sourire. Alors pour quelles raisons devrais-je vous garder ?
— Vous faites ce que vous voulez, lui répondit-elle, toujours sur le même ton. J’étais en manque de crédits et votre lieutenant m’a assuré que je me renflouerais en vous rejoignant. J’avais besoin d’un travail, vous aviez besoin de talents comme les miens. L’explication se suffit à elle-même, non ?
C'était au delà du rafraîchissement. Son cerveau se trouvait en ébullition sous l'action de la chaleur contenue en lui. Plus elle ouvrait sa grande bouche, plus l'humain imaginait des moyens acharnés de la lui remplir avec délice...
— J’en conviens. Même si elle frôle l’insubordination, j’apprécie votre honnêteté, ainsi que votre sincérité. Toujours plus que les compliments trop intéressés. Il n’y a rien de déshonorant à combattre pour les crédits. Pour la plupart, il est avilissant d’utiliser la violence autrement que pour ses principes. Je n’adhère pas à ce point de vue, étant moi-même un de ces hommes, précisa-t-il, avant d’ajouter. J’apprécie tout autant lorsque qu’un de mes soldats adhère à ce raisonnement. Encore davantage lorsqu’il l’assume et le revendique. Et si tout cela provient d'une jeune femme des plus charmantes, conclut-il d'un ton affamé.
Elle ne réagissait pas. Contenant ses pensées. Feignant de ne pas avoir saisit allusion si évidente pourtant, car elle n'était pas idiote. Pas question d'en rester là.
— Approchez, je vous prie, lui dit-il tout en s’installant plus confortablement dans son fauteuil, affichant un air carnassier.
Gale détestait cela. Se faire violence, ignorer ses propres injonctions. Pas le choix, pour s'exécuter, et garantir sa place ici. La Zeltronne demeurait consciente de pénétrer dans un registre qu’elle avait ardemment souhaité éviter. Ses pas se stoppèrent avant de se trouver à portée de main. Mais l'image demeurait... Ces installations vétustes n’avaient rien de bien particulier. Mais ce bureau empestait le luxe qu’elle avait appris à mépriser. Une couverture, comme s'il s'agissait d'un voile prévu pour cacher quelque chose d’odieux. C'était le cas. Probablement plus que ce dont Gale connaissait déjà au sujet de cet humain. Ces frissons lorsqu'elle le voyait, qu'elle entendait le son de sa voix... Jorke la dégoûtait. Il empestait le vice. La Zeltronne se sentait sale rien qu'à occuper la même pièce que lui.
— Eh bien, de quoi avons-nous peur ? fit-il sur un ton qui se voulait innocent.
— Je ne suis pas ce genre de femme, lui répondit-elle pour lui faire comprendre qu’elle avait bien saisi. Je suis une professionnelle. Je n’ai pas besoin de cela pour me faire bien voir de mes supérieurs. Si cela pose un problème, je préfèrerais vous quitter sans heurt, en termes courtois.
Vraiment remarquable, se réjouit Jorke. Gale était ce genre de femme possédant un physique bien trop avantageux pour ce corps de métier. Harmonieux, de même que les traits de son visage. Des pommettes bien hautes, une ligne de sourcils fine et symétrique. Des lèvres invitant à y goûter. Le tout figé sur cette peau glissant vers un rouge enivrant. Les Zeltronnes, au même titre que les Twi’leks, avaient cette réputation d’être définies comme des canons de beauté. Et selon l’avis de l'humain, il s’agissait bien plus que d’une simple réputation… Jorke ne comptait plus les Zeltronnes qu'il avait goûté dans sa vie. Cette dernier avait un faux air renvoyant à plusieurs anciennes conquêtes. Mais lesquelles, ça... Trop de temps passé en mission sur des mondes réglementés pour Maul. Moins d'accès à des mets succulents comme ce spécimen.
Son goût pour les Zeltronnes n'est pas une légende, songea Gale, agressée du regard. Jorke appréciait surtout les femmes capables de lui résister. Cela l'excitait, ce pervers narcissique... Malgré tout ses efforts, elle ne pouvait lui paraître plus séduisante qu'à cet instant. Constamment entourée d’hommes en proie à leurs plus bas instincts, dissimuler ses atouts devenait une habitude. Une tresse nattée, plutôt que de laisser sa longue chevelure brune libre. Des vêtements tactiques avec des poches utilitaires au niveau de la poitrine ou de son postérieur, pour casser l'harmonie des courbes. Couvrir le maximum d'épiderme possible, pour éviter la moindre invitation qui n'en était pas une. Pour un effet lamentable face aux plus vils de ces hommes... Croiser des mâles nobles ou honorables, Gale en avait fait le deuil en se vouant à sa tâche. Elle se trouvait animée d'une motivation bien plus profonde.
— Soit, restons-en là pour aujourd’hui, dit-il simplement en dissimulant sa déception. Veuillez indiquer à Hando que je l’attends. Vous pouvez disposer.
Elle le salua cordialement, avant de quitter la pièce sans cérémonie. Un panorama dont Jorke capta le moindre fragment, qui lui tiendrait compagnie le temps d'en découvrir davantage au sujet de cette créature. Ce postérieur bombé... Le bout de ses doigts fourmillait rien qu'à l'idée de le saisir pour y plonger son visage. Gale, avachie sur son bureau. À genou, en train de le supplier... Avec son consentement ou non, cela se produirait.
Simple question de temps, fit-il en contenant le gonflement dans son entrejambe.
Car j'obtiens toujours ce que je désire... — Vous vouliez me voir patron ?
Hando. Je lui avais dit de passer, j'avais oublié... — Entre. Tu as fait du bon travail, cette petite bande me plaît beaucoup.
Son bras droit avait travaillé d’arrache-pied depuis qu'il lui avait ordonné la constitution d’un nouveau commando. Sans parler des freins. Manque de temps, de moyens, ou même des contacts nécessaires ici pour cela. Et malgré tout, peu auraient fait mieux que lui. Et surtout, il se gardait de le rappeler. Hando n'était pas un idiot fini. Il avait conscience que Jorke lui demandait l'impossible. Mais ne s'en plaignait jamais. Le genre d'homme méritant des récompenses.
— Merci patron, sourit-il avec une fierté à peine contenue. Alors c’est le retour au business ? Terminé les conquêtes politiques et idéologiques ?
— Je crois qu’on peut dire ça, en effet. L’Aube Rouge est morte en même temps que Maul. C’était un bon leader, mais trop obséquieux et dogmatique, paix à son âme.
— Vous pensez que le GSP va mettre longtemps à nous retrouver ?
— Aucune idée… Le fait de revenir s’installer sur Jakku va nous faire gagner du temps. Jamais ils ne nous penserons capable de revenir s’installer si près de nos précédentes opérations, après notre dernier revers. Plutôt que nous cacher sous les radars, nous allons les attendre. Le temps que nos troupes s’habituent à travailler ensemble, nous leur donnerons un test grandeur nature…
— Ah… se satisfit Hando qui comprenait l’allusion. Conquête de territoire ? J’aime toujours la période où on déblaye la concurrence patron.
Et il n'était pas le seul... La pègre sur Jakku n'avait rien de féroce. Son talent tactique et décisionnel allait redéfinir la criminalité présente dans ce trou paumé. La bande rassemblée ici suffirait pour imposer une nouvelle oligarchie. Ce monde allait se voir offrir une criminalité de premier ordre, celle qu’un monde désolé méritait réellement. Une fois le contrôle verrouillé, les minions et autres reliquats de la concurrence rejoindraient ses rangs. Et Jorke disposerait à nouveau d'une armée complète. Qui manquerait certes quelque peu de discipline, mais bien structuré, son cartel établirait un paradigme inédit.
Dommage que ce soit sur Jakku en revanche... Ces étendues de sable, qui s'infiltrait partout... Mais il fallait s'adapter, dans l'attente de jours meilleurs. Les mœurs étaient différentes, les femmes plus accessibles. Les civils plus aisément manipulables. Crédits, pouvoir, et l’occasion de les dépenser comme il lui plaisait. L’Aube Rouge était morte, mais Seth Jorke vivait plus fort que jamais.
— Je le sais bien. C’est pourquoi tu vas aller me faire un tour du propriétaire, établir un topo des forces en présences. Il faut actualiser nos sources de renseignements. Ne te préoccupe pas de nos nouvelles recrues. Ceux-là sont assez grands et capables pour que tu n’ais pas à les materner comme les précédents. Prends en deux ou trois avec toi, juste au cas où.
— Bien reçu patron.
— Parmi les cimetières et autres décombres présents ici, je gage que du matériel intéressant puisse encore s’y trouver. LandoMilitech n’a pu s’accaparer la totalité des vestiges que nous réserve ce désert. Une telle puissance de feu ne serait pas négligeable. Tente donc de te renseigner sur la présence d’armes lourdes, de bombardiers, ce genre de matériel.
Hando lui offrit un sourire mauvais pour toute réponse. Son patron savait récompenser ses efforts. Savoir qu'il se préparait déjà pour du grabuge l'excitait comme une puce. Lui-même n’était pas le dernier pour la castagne. Et sous l’égide d’un tel commandant, les troupes du GSP n’auraient qu’à bien se tenir. Ils avaient été pris par surprise la dernière fois. Mais ils s’en étaient tout de même sortis. Terminé de titiller la Nouvelle République par derrière. Il était temps pour la bagarre, déploiement de violence sans concessions. Et Seth Jorke, son mentor, lui garantissait cela. La situation s’inverserait à présent. C’était à leur tour de se préparer pour recevoir le GSP. Et ils étaient en mesure de leur réserver un accueil digne de ce nom…
*****
Anakin arpentait les couloirs de la base, direction la salle d’entraînement. Sa première séance matinale additionnée à celle de l'après-midi n'avaient pas suffit. L'épuisement physique pouvait-il le purger des souvenirs récents ? Il ne possédait pas d'autre alternative. Ce nouveau poids alourdissant ses épaules... Ce qui s'était produit la nuit passé avec Dyna, au meilleur moment possible... Se réveiller seul dans son lit... Il l'avait voulu. Le temps était venu de l'assumer. De passer à autre chose surtout. Cette récente désillusion, après avoir cru que les choses pouvaient s’améliorer. Il allait le faire d'une autre manière. La salle allait être occupée à cette heure. Anakin préférait s'entraîner seul si possible. La plupart des soldats jalousaient ses performances et sa nouvelle condition physique. Ils ne saisissaient pas que la comparaison n'avait pas lieu d'être. Elle n'apporterait rien, à personne. Son niveau de détermination évacuait tout cela. Chaque nouvel objectif atteint signifiait un nouveau plus difficile à dépasser encore. Amener le dépassement de soi plus haut que jamais. Unique moyen d'atteindre les limites de ses capacités. Le tintement des pas à ses côtés le ramena à des procurations plus concrètes.
— Tu sais que je vais simplement m’entrainer HK, indiqua Anakin. Pas besoin de me coller en permanence.
— Je n’ai pas le choix, maître, rétorqua le droïde. Maintenant que vous êtes mon maître, je dois vous suivre partout !
Les moments où l’unité HK ne le suivait pas à la trace au sein de l’installation se raréfiaient.
— Heureusement que j’arrive à te maintenir hors de ma chambre, murmura-t-il.
— Vous dites, maître ?
— Non, rien, balaya-t-il pour éviter de créer un nouveau débat.
Et se rassurer en voyant la personne en approche. Sa bouche s'étira en voyant son ami le rejoindre, reflet de sa satisfaction.
— On va à la salle, et accompagné à ce que je vois, constata Crail.
— C’est ça…
— Bonjour capitaine ! fit HK-47 d’un ton enjoué. Votre entretien s’est-il bien passé ?
Entretien ? Quel entretien ? se demanda Anakin en conservant ses questions pour lui.
— Comment il sait ça, lui ? s’étonna Crail.
Anakin décrypta le visage de son ami. L'insinuation de son droïde était déjà intrigante. Mais les traits de Crail laissaient peu de place au doute.
— L’entretien, hein, souffla Anakin en saisissant. Tu vas toujours l’interroger ?
— Oui, on ne sait jamais. Je ne veux rien mettre de côté.
Crail s'y rendait pour autre chose. S'en rendait-il compte ? Le voulait-il d'ailleurs ? Les choses se révélaient plus simples pour Anakin. Lui faire face lors du tout premier entretien lui avait suffit. Il n’y était plus retourné depuis. En avait tiré le maximum dès le début. Cette Twi'lek n'était pas liée à Seth Jorke ou sa cellule. Inutile, de même que la conserver ici. Sa place se trouvait dans un pénitencier ordinaire, condamnée à y passer le restant de ses pauvres jours, sans possibilité de ne jamais retrouver la liberté. Un sort plus clément que ce qu'elle méritait réellement.
— C’est une perte de temps, lâcha Anakin.
— Vous avez raison maître ! rétorqua l’unité HK. Si seulement j’avais encore mes protocoles… Ah, je lui aurais montré à cette organique dévergondée, à quel point on me trouve quand on me cherche !
— Elle ne t’a pourtant rien fait personnellement, remarqua Crail.
— Laisse tomber, répliqua Anakin. Frustré d’être inutile, c’est tout.
Anakin rejoignit son ami dans l'amusement qu'il venait de propager.
— Maître, vous me froissez sans raison ! Je suis encore très utile, objecta HK-47 à travers les rires.
— Tiens donc, j’aimerai bien savoir en quoi…
— Bien sûr ! Je vous escorte partout où vous allez, je peux vous aider pour votre préparation physique… Et je vous protège !
— Mouais… A part comme bouclier humain…
— Bouclier synthétique maître ! gronda HK-47 tel un rappel nécessaire.
— Oui, c’est vrai, c'est vrai, admit Anakin.
Il échangea un regard avec Crail. Les mots ne venaient pas vraiment, alors que son ami cherchait une petit pique à lui envoyer. Lui dire qu'avec son droïde, ils ressemblaient à un vrai petit couple, ou quelque chose du genre .. Peut-être qu'il n'osait pas parce qu'il savait avec propos de lui et Dyna ? Ou que c'était trop tôt po-
— Toujours aussi susceptible, à ce que je vois, ironisa Crail.
Anakin lui répondit d’un haussement de sourcil évocateur, ne souhaitant pas déclarer quelque chose qui pourrait être repris par son droïde.
Il n'a pas l'air de savoir, non... Est-ce que je devrais le lui dire ? Il a l'air crevé, à bout. Ça peut attendre, il n'a pas besoin de ça...— Bon je vais vous laissez, relança Crail devant le silence. J’ai encore pas mal de choses à faire. On se dit à plus tard.
— Ça marche Crail, répondit-il en soignant son ton au possible, qu'une décontraction filtre.
Le capitaine les dépassa et s’éloigna. HK-47 le laissa partir, mais ne comptait pas en rester là. Cet organique persistait à lui manquer de respect. Il ne le faisait pas autant à l’époque. Il avait même commencé à lui témoigner ce respect que tout le monde négligeait. Mais ces derniers temps… Évidemment, comme si cela pouvait être autre chose ! Visiblement, ils avaient tous à cœur d’en profiter tant qu’il était inoffensif…
— Susceptible hein… grommela-t-il. On verra bien qui sera susceptible quand j’aurai récupéré mes protocoles. Un peu de réorganisation anatomique, voilà ce qu’il lui faut à ce sac à viande. Il ne verra rien venir, héhéhé…
— Tu sais que je suis juste à côté de toi ? lui rappela Anakin. Et que tu n’es pas particulièrement discret ?
— Nom d'un écrou… Ahem ! Je voulais simplement relever que le capitaine avait tendance à se montrer trop familier avec moi, maître.
Anakin ne releva pas les délires de son droïde. Bien assez habitué à ses lubies, anciennes et nouvelles. Il parvenait tout de même à le surprendre, mais le jeune homme savait qu’il ne fallait pas toujours prêter une attention trop importante à son sujet. La perte de ses protocoles d’assassinat et sa capacité à nuire aux organiques le rendait chafouin. Tandis que l’unité HK se renfrognait, la salle d’entraînement se présenta déjà. Anakin connaissait déjà la suite du programme.
— Bon assez perdu de temps.
Pas d'échauffement. Il allait directement commencer avec les poids pour se lester. Et une fois que cela ne suffirait plus, il utiliserait d’autres éléments en tant que charge additionnelle. Arrivé à son niveau, il devait innover pour augmenter la difficulté. Son premier circuit physique terminé, il passa au prochain atelier. Bouillonnant et trempé, il se délesta de son t shirt manquant d'exploser, pour se rapprocher du matelas automoulant. Saisissant le marteau lesté, Anakin frappa sans ménagement dans la cible. L'amorti étudié du matelas évitait de briser le sol ou de se blesser, tout en laissant sa puissance de frappe se déchaîner. Il cognait sans cesse contre le sol matelassé, le poids des regards autour de lui le motivant plus encore. Il n'avait jamais été aussi puissant, rapide ou endurant. Mais ce n'était pas assez. Jamais il ne s'estimerait prêt d'ici la prochaine opération. Mais sa focalisation demeurait. Le visage de Dyna, Crail ou sa cousine passait sous ses yeux lorsqu'il manquait de flancher. Mais cet atelier différait. Le visage de Maul ou celui de Brogus passait sous son marteau. Le poussant à ne faiblir sous aucun prétexte. Il n'y avait qu'ainsi qu'il accomplirait l'impossible.
*****
— Je suis épuisé, s’exclama Crail en rentrant dans ses quartiers.
Comme après chaque journée bien remplie, ses pas usé le trainèrent jusqu'au du canapé de coin. A peine à distance, tout son poids s'écroula comme une masse informe. Désormais officier le plus haut gradé après Lando, Crail devait se charger du rôle de liaison entre différents pôles de structure. Le général Calrissian était surchargé lui aussi. Il se retrouvait avec les fonctions et charge de travail prévues pour trois généraux à l'origine. Crail s'était naturellement proposé pour le soulager. Le GSP gagnait en stabilité. Mais il était vraiment temps que le combat contre l'Aube Rouge arrive à son terme. Pour que les Protecteurs jouissent enfin d'une vraie légitimité, les effectifs et les moyens qui viendraient avec. Une fois le personnel combattant mis de côté, les postes d'usages pourvus demeuraient trop faibles. L'appel du combat face aux terroristes motivait les soldats avant tout. Mais l'entretien, la gestion quotidienne... Maintenance du matériel, communication ou administratif... Le privé promettait toujours de meilleurs avantages. Il fallait détruire l'Aube Rouge pour que les gens optent pour le GSP plutôt que le salaire.
Au delà de cette charge de travail, Crail pouvait compter sur plusieurs avantages à son poste. Ses quartiers bien plus spacieux et pourvus n'avaient rien à envier à un petit appartement. De quoi s'y installer avec Winna. La chose n'était pas officielle, mais ils y vivaient ensemble désormais. Cette simple idée et la vision de cette Togruta en train de s'approcher de lui étira ses lèvres fatiguées. Le reflet de cette joie sur cette femme magnifique ne lui était pas étranger.
Elle ne va quand-même p- Et elle choisit effectivement de se jeter sur lui.
— Humpf, t’es sérieuse là ? lui envoya-t-il, son ton peu crédible dépassé par son sourire en coin.
— Pas de repos pour les héros et les sauveurs de la galaxie, souffla-t-elle d’une voix douce après avoir goûté ses lèvres. Quoi de neuf ?
— Pas grand-chose, répondit-il tandis qu'elle se blottisait plus encore contre lui. Beaucoup d’entretiens, de paperasse… La routine. Et toi ?
— A peu près pareil. Mais en moins fatiguant. Aujourd’hui, c’était mise à jour des serveurs, alors j’ai pu discuter avec les gars de l’équipe technique.
— Je vois, déclara Crail, saisissant l’allusion. Un prétendant dont je devrais me méfier ?
— Oh, si seulement tu savais…
D’humeur taquine... Crail aurait préféré se relaxer. Mais elle savait lui donner le goût pour les espiègleries. Winna souhaitait lancer les hostilités ? Très bien... La main de Crail glissa le long des flancs de la Togruta. Avant de lui pincer les hanches. Elle détestait ça. Winna répliqua, lui agrippant le nez pour le tirer. Crail évita la prise. Imbriqué aussi proche, il parvint à saisir sa prise. Les mains bloquées, il commença à lui mordiller le cou.
Capitule, femme ! s'amusa-t-il en laissant ses dents déguster cette douce peau orangée.
— Non non, pas de ça, pas maintenant, argua-t-elle, partagée entre un rire irrépressible et une injonction sérieuse. Ça va encore mal finir...
Crail finit par s'incliner. Avoir la tête sur les épaules ne l'empêchait pas de retomber dans leur jeunesse. Crail se souvenait à quel point Winna aimait se chamailler de cette manière à l'époque de l'Académie. Et il y avait tant pris goût qu'il avait incité sa compagne à reprendre leurs bonnes habitudes, un soir où elle n'avait la tête à rien. Tant que Crail pouvait sentir la chaleur de la Togruta le coller de tout son long...
— Et Anakin ? reprit-elle avec sérieux.
Le regard de Crail examina le plafond comme s'il contenait les certitudes lui faisant défaut. Avant que la lumière dans ses bras ne le pousse à répondre.
— Plutôt bien je pense. On n’a pas vraiment reparlé depuis la dernière fois, mais ça semble bien rouler. Du moins avec moi. Après, pour le reste…
Je pensais que jouer un peu allait le détendre, regretta Winna.
Mais les temps ne sont pas faciles...— Ce n’est pas grave si tu ne veux pas me dire…
— Non ce n’est pas ça, j-, commença-t-il avant de s’interrompre en voyant l’expression sur son visage. Attends, tu sais quelque chose que j'ignore ?
— Je sais des tas de choses que tu ignores…
La mine sincèrement étonnée de son compagnon... Winna exultait à l'intérieur. Toujours aussi aisé de le faire tourner en bourrique...
— Beau gosse, tu crois vraiment que les filles ne se disent rien entre elles ?
— Je ne savais pas que toi et Dyna étiez amies, c’est tout.
Amies ? Le mot provoqua un déclic chez elle. Ce n'était pas tout à fait le cas. Combattre ensemble, connaître la douleur... Ça aidait, resserrait les liens. Mais la Togruta avait davantage accroché avec Alana en comparaison. Dyna... Difficile de trouver du temps au calme pour bien sympathiser. Cette idiote se négligeait beaucoup trop, rien que pour les beaux yeux d'Anakin...
— On n’est pas devenues les meilleures amies non plus, précisa-t-elle. Mais on s’entend bien. Ça aide, de traverser ce genre de choses ensemble. Et ça nous arrive de parler d’autres choses que du GSP tu sais…
Un silence commença à s’installer. Winna se délectait de l’effet créé. Se montrer responsable, forte et déterminée... En particulier dans un milieu militaire, entourée d'hommes en majorité, l'empêchait d'être elle-même. Cette fibre adolescente ne l'avait jamais quitté. Plus Winna gagnait en maturité, plus elle ressentait ce besoin de nourrir cette part en elle. Peut-être puéril, futile... Mais elle l'avait accepté. C'était présent de toute manière. Et puis ça fonctionnait tellement bien avec Crail. Il s'en agaçait à chaque fois, mais il adorait ça au fond de lui...
— Tu comptes me le dire un jour ? s’impatienta Crail.
— Relax, fit-elle d’un ton détendu, se redressant pour lui faire face. Je ne sais pas réellement ce qu’il s’est passé. Dyna s’est refusé à me raconter les détails. Mais je sais qu’ils ont eu un souci dans un moment, disons… intime.
— Ah, ça je sais déjà ! Mais c’était il y a quelques temps. Tes infos datent, ma beauté. Tu n’es pas aussi bien informée que tu ne le penses…
— Je ne parle pas de la fois où il était… triste. Je parle d’un évènement plus récent. Tu n’as pas remarqué ? fit-elle en voyant l’expression pour le moins interrogative sur le visage de Crail. Dyna est retournée s’installer dans sa propre chambre…
Ah... Crail ne pouvait rien présager de cela. Surtout pas depuis la conversation où il avait rétabli le contact avec Anakin. Son meilleur ami n'était pas des plus habiles avec les femmes ou ses sentiments. Et la période actuelle ne le poussait pas à s'améliorer sur ce point. Mais Dyna avait tant fournis d'effort pour lui, pourquoi tout lâcher à présent ? Était-elle arrivée au bout de ses limites ?
Dyna, avoir des limites... Le mystère le laissait sans solution.
— Vraiment ? Non, je n’ai rien remarqué, dit-il en remarquant la mine moqueuse de sa compagne. Oui bon, je me suis un peu avancé, j’avoue… Donc il se serait passé une deuxième embrouille ?
— A priori. J'ignore à quel propos. Plutôt sérieux. Dyna accepte de discuter, mais elle évite certains sujets avec soin. Par honte, ou de craindre des choses qu'elle ne veut pas entendre. Mais je crois qui c'est Anakin qui l'a voulu et la faite partir.
— Qu’est-ce qui te faire dire ça ?
— Mon intuition féminine, suggéra Winna.
Crail soupira. Cette expression sans fondement... Sans compter qu’elle se faisait un malin plaisir à l’utiliser dès qu’elle en avait l’occasion. Mais il ne relevait pas, trop occupé à chercher des réponses. Il avait croisé Anakin un peu plus tôt, mais il semblait apaisé. Toujours un peu tendu, ayant du mal à alimenter la conversation. Mais c'était plus que les mois précédents. Son regard se posa sur Winna. Elle avait abandonné son espièglerie, pour se vêtir de sa douce bienveillance.
Je suis tellement lisible pour elle... Et c'est bien mieux ainsi.— Quoiqu’il en soit, je crois qu’une autre discussion entre meilleurs amis s’impose, lui dit-elle d’un ton sincère. Parce que si c’est sérieux… Profite d’avoir renoué le dialogue avec lui, avant qu’il ne soit trop tard.
— Bien sûr, j’irai lui parler, acquiesça Crail. Mais quand même, je pens-
Le son strident de son comlink l'interrompit. Il jeta un coup d’œil rapide.
Transcription en provenance de Lando. Il n'avait pas besoin de regarder Winna pour sentir l'écho de son propre agacement.
— A cette heure là général, vraiment ? soupira-t-il pour lui-même.
— Pas de repos pour les héros, lui fit-elle avec ce regard en mesure de lui faire accepter n’importe quoi. Vas-y, sauveur de la galaxie. Je resterais là, à t’attendre. On reprendra où on en était…
Il s’approcha d’elle, saisissant ses lèvres avec appétit. Cette sensation humide n'avait aucun pareil. Lui faisant oublier les regrets de ne pouvoir goûter davantage de sa compagne. Même habitué, il savourait toujours autant cette sensation. Tant de temps perdu avant de se retrouver... Crail l'avait toujours aimé. Malgré la séparation, et sa tentative de verrouiller tout cela... Ils ne s'étaient jamais séparés parce qu'ils ne se désiraient plus. Se délecter chaque instant passés ensemble. Faire fonctionner un couple durant ce conflit ne les effrayait pas malgré la difficulté. Leur lien se montrait assez fort pour passer au delà. Crail avait la force de se lever. Mais son regard se perdait sur cette beauté désarmante. Elle avait si peu changé depuis l'Académie... Winna s'embellissait avec l'âge. Chose possible ou non, Crail ne voyait rien d'autre. Et il s'y perdrait des journées durant...
— Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, lui déclara-t-il une fois debout, prêt de la porte. Je t’aime.
— Je t’aime aussi.