Bonjour à tous ! C'est donc la fin... Le destin de tous les personnages va être bouleversé à jamais. Eh oui, rien que ça !
En espérant susciter les impacts prévus, mais de toute façon, la suite arrivera bien vite donc... L'épilogue de ce tome 2 se trouve à la suite du chapitre, avec un petit message à la fin. Enfin, petit, vous me connaissez à force...
Anakin estimait que Brogus allait se montrer plus prudent, suite à la perte d’un morceau de sa cuirasse titanesque, révélant un point faible. Les jambes du jeune Jedi se forgèrent contre ce sol trempé, se préparant à la nouvelle charge de son adversaire. L'étendue des dégâts que Brogus venait de constater lui conféra une résolution renouvellée. Un afflux de rage plutôt... La lame rouge crépitait tout près de son crâne, seul son sabre lui permettant de subir la déferlante de coups. La riposte se révélait exclue. Il fallait encore attendre. Subir les secousses qu'il lui infligeait. L'explosion déferlante poussa le titan cuirassé à armer un coup de taille au visage.
Parfait. Esquive La brutalité de la frappe laissa son ennemi s'emporter devant l'absence de parade, laissant une ouverture plus large encore. Une simple entaille se faufila contre l'arrière de la cuisse exposée. Le grognement de douleur du titan cuirassé éclata, la pointe de son coude lui heurtant la pommette. Sa barrière de Force à peine levée ne l'empêcha pas de se cogner au sol. Un ressort instinctif poussa Anakin à mobiliser ses jambes de suite, déjà debout par simple réflexe conditionné. Un liquide chaud, différent des gouttes de pluies, coulait le long de sa joue.
Si je n'avais pas levé cette barrière, se dit-il en sentant sa mâchoire engourdie par l'impact.
Superficiel, conclut-il en ouvrant sa bouche en grand à plusieurs reprises.
Bien plus que ce que je viens de lui mettre... Les muscles atrophiés de l'arrière de la cuisse allaient altérer sa mobilité. Un titan bien plus vulnérable, un avantage décisif. Ne lui restait plus qu'à répéter la manœuvre en faisant preuve de patience. La fatigue le guettant nécessitait qu'une solution se présente sous peu.
Le crissement de cette lame bleue contre sa chair. La brûlure, blessure nette. La douleur... Brogus en savait quelque chose, de cette sensation. La dernière fois qu'il avait subit la moindre douleur physique remontait si loin...
Lui... grogna-t-il en direction du Jedi.
Il va payer... Les derniers grondements du tonnerre s'effacèrent sous ses propres grognements résonnant à travers son casque. La fumée s'échappant de sa mâchoire témoignait de cette déflagration de puissance, montant à toute vitesse.
Briser. Écharper. Éparpiller. Le sol craqua sous ses appuis déployés, lame levée au dessus du crâne. Son corps hurlait sous l'afflux de rage, dans l'impossibilité d'encaisser ce qui le traversait. Il devait l'évacuer sur le Jedi. Sa proie le fuyait, sa lame bleue encaissant deux enchaînement avant de battre en retraite. Il ne pouvait pas fuir. Il gémissait comme un petit garçon, ses bras trops faibles pour encaisser. Un saut de danseur d'opérette l'éloigna plus loin encore.
Si tu crois échapper à la sentence, grogna Brogus en fonçant à pleine vitesse. Le ressort sur lequel le Jedi se trouvait le renvoya dans les airs, à peine un pied au sol. Droit sur lui. Le sol se rapprocha de son visage, pliant sous le poids du Jedi.
Cette tactique... Des images de Jakku défilèrent sous ses yeux. La fois où son adversaire avait dépassé ses attentes. Le réduisant à l'impuissance, même pour un court instant. Lui infligeant ce léger renfoncement toujours présent sur sa protection pectorale.
Piégé par la même tactique, par manque de lucidité. Terminé. Un hiver glacial se propagea dans son corps, les braises ardentes de nouveau sous contrôle.
Savoir tirer des leçons de ses erreurs. Malgré sa position désavantageuse, chaque déviation du bras lui évita le résultat de la dernière fois. Le Jedi déployait un éventail plus varié que jamais.
Ébranler ses appuis. Le titan cuirassé déploya sa jambe, fauchant le Jedi dans un balayage puissant.
Anakin goûta de nouveau à ce sol trempé. Son adversaire venait de tomber dans le piège qu'il lui avait tendu. Avant qu'il ne fasse preuve d'une capacité d'adaptation hors norme. Retrouve son discernement plus vite qu'il ne l'avait perdu. Ce n'était pas les combinaisons pour les imbrications au sol qui lui faisaient défaut. Mais les tenter, face à lui ?! Aucun bras de levier ne pourrait faire plier sa puissance. Le combat au sol se révélait bien trop dangereux. Repoussant une disposition signifiant son arrêt de mort, Anakin se dégagea en roulant sur lui-même. Ses pieds soutenaient de nouveau son corps, Brogus de nouveau debout lui aussi. Le déferlement de rage revenait sur des standards plus classiques. Il testait l'appui de son membre blessé. S'assurant que les tendons ou les ligaments étaient saufs, il comptait ne plus s'en inquiéter...
Oublie sa blessure. Songe à ce que tu peux faire à présent. Son second souffle apparaissait enfin. Mais après cela, que lui resterait-il ? Atteindre cette jambe pour de bon, et ensuite ? Cette puissance immobilisée n'en serait pas moins dangereuse.
En le saisissant, il pourrait me broyer par sa seule force... Ses jambes fondant sur lui interrompirent ses réflexions.
Feinte. Encore une autre. Là ! Le titan cuirassé laissait volontairement la porte ouverte. Pour qu'Anakin frappe et tombe dans son piège. Il feinta une autre fois, là où son adversaire avait déjà préparé sa parade riposte.
La réelle ouverture... Anakin possédait l'embarra du choix pour faire sauter une nouvelle plaque.
Trop long. Trop énergivore. Sa lame bleue se logea contre le quillon de l'épée. La vive torsion de son poignet provoqua une contrainte structurelle telle que l'épée crépitante s'éteignit une fois hors de la main de son porteur. Le manche perdu de vue, tombé du sommet du temple, lui apporta satisfaction.
Une manœuvre parfaitement exécutée, constata Brogus.
Mais malavisée... La fatigue avait dû lui jouer des tours. Le Jedi venait de négliger un paramètre essentiel. La gestion de la distance. Que le titan cuirassé, tout juste au contact, tourna à son avantage. Le désarmant à son tour, le sabre se désactiva lorsque Brogus se saisit de son ennemi. Il le maintenait contre sa poitrine, au dessus du sol. Le verrouillage de sa constriction pouvait débuter. Le Jedi ne disposait pas du moindre moyen de s'en extirper. Cet idiot l’avait sous-estimé. Estimant qu'il ne se résumait qu'à une brute portant une cuirasse et une épée constituant ses seuls avantages. Oubliant qu'au delà de ça, les fondamentaux de l'imbrication au corps à corps demeuraient. Seul le maigre bouclier levé par ses pouvoirs sensitifs le maintenait encore en vie. D'ici quelques instants, Brogus le briserait en deux, prélevant le tribut si longtemps attendu.
C'est donc moi le meilleur, songea-t-il en grognant sous l'effort que ses puissants bras fournissaient. Les gémissements du Jedi s'étouffaient dans un souffle sourd, sa cage thoracique ne parvenant plus à se déployer.
— Brogus, arrête ça, ordonna une vois qu'il connaissait. Ne fait pas ça je t’en prie !
Il ne l'avait pas vu venir. Kyrsta... Que faisait-elle là, avec l'autre Jedi ? Il lui suffisait d'en terminer avec celui-ci, pour jouir du sang d'un Jedi supplémentaire sous les yeux de cette...
— Traitresse ! siffla le champion de l’Aube Rouge en pivotant son regard vers la Twi’lek.
La distraction qu’offrait Kyrsta déploya un afflux de souffle insoupçonné chez Anakin. Cette déflagration de puissance inattendue se propagea dans tout son corps, la laissant ensuite exploser avant que sa vie ne se trouve consumée. Le crépitement dans l'air ne provenait plus des cieux. Une concentration d'éclairs violets emprisonnèrent son adversaire avec lui, jaillissant de ses mains bloquées. Le hurlement de Brogus rejoignit le sien, son attaque se frayant un chemin à travers sa cuirasse. La prise se relâcha, Anakin s'écroulant au sol comme son tortionnaire. Dans un ressort instinctif, le jeune Jedi fit de nouveau jaillir cette explosion consumant ses mains. Brogus se résumait à un pantin victime de sa puissance, son immense corps se contorsionnant indépendamment de sa volonté propre. La fumée se collant dans ses narines poussa le jeune Jedi à stopper son déchaînement, conscient qu'il l'avait vaincu. Le sol se déroba sous ses appuis, le poussant à rester à genoux. L'air se raréfiait toujours malgré ses inspirations profondes.
Ce pouvoir... Aussi dévastateur, enivrant, que douloureux. Levant son regard avec peine, il vit Brogus dans la même position que lui. Mais dans un état déplorable... L'air empestait de sa chair brûlée sous sa cuirasse.
Seule l'urgence et l'injonction de la douleur lui intimait d'agir. Brogus n'en pouvait plus, mais ses bras déployèrent un effort considérable pour se débarrasser de son casque. Trouver de l'air, à tout prix. Mais l'air humide ne pouvaient rassasier ses poumons dans le même état que le reste de son corps. Ses mains frappèrent le sol, se tenant à quatre pattes. La douleur devait être combattue. Brogus avait mené ce conflit interminable durant toute son existence. Mais sa volonté se révélait impuissante face à l'hurlement strident de ses nerfs. Ses grognements n'invoquaient plus la rage nécessaire. La moindre parcelle de son être lui intimait d'agir pour faire cesser cette souffrance, peu importe le prix. Son seul exploit se résumait à ne pas sombrer dans la folie, et conserver sa raison.
Une douceur angélique hissa Anakin sur pied. Le contact des mains de sa cousine sur son corps raviva son énergie plus que n'importe quel remède miracle. Enfin debout, le jeune homme balaya enfin le sommet du temple d'un regard surpris. Uniquement des individus hors combat, alors que les deux femmes se tenaient sur pied.
— Oui, nous avons tous réussi, confirma Alana dans un soulagement délicat mais précipité.
Sa cousine venait de se montrer à la hauteur. Plus que lui en tout cas… Le moment était venu de faire sa part, à son tour.
— Pas tout à fait, rétorqua Anakin quand son regard croisa de nouveau le titan cuirassé.
Le jeune Jedi attira son sabre vers lui. Sa lame jaillit alors qu'il réduisait la distance.
Il ne s'agit que de terminer le travail. Mettre tout ça derrière nous. Et aussi abréger les souffrances de ce guerrier... Anakin amena son sabre au dessus de sa tête, patientant que Brogus maintienne sa position. Il fallait que ce soit net.
— Non ! Ne fait pas ça ! cria Kyrsta en l’implorant.
— Qu’est-ce que tu racontes ?! lui envoya-t-il.
Les pas affolés de la Twi'lek la placèrent entre Anakin et sa cible. Rien de réfléchi. Seul son instinct l'animait. Elle ignorait les mots à prononcer pour le convaincre. La lueur dans le regard du Jedi différait de la haine qu'il lui avait adressé lorsqu'elle lui avait pris son père. Il s'agissait d'une acceptation, celle d'achever et tuer, alors que cela ne lui plaisait pas. Mais il comptait aller au bout.
Brogus, perdre la vie... Cette perspective l'avait animée d'une intention qu'elle ne croyait pas posséder, enfoui en elle.
— Je t'en prie Anakin, ne le tue pas. Il n’est plus une menace.
— Écart… toi, cracha un Brogus à l’agonie.
La Twi’lek se retourna pour lui faire face. Évidemment qu’il comptait la mépriser pour ses actes. Préférait mourir plutôt que d’assumer la défaite. De vivre avec ce qu’il avait commis comme tout l-
Non, se rappela-t-elle.
Grand frère n'était pas ainsi. Conscient qu'il n’en réchapperait pas, il souhaitait simplement laisser Anakin terminer ce qu’il avait commencé, au nom d’une stupide fierté de guerrier. Qu’est-ce que cela lui apporterait ? Elle ne voulait pas le voir perdre la vie pour ces idioties !
— Brogus je t’en prie, accepte de te rendre, reprit-elle d'une voix tremblante. Tout n’est pas fini ! Tu n’es pas obligé de finir ainsi. Tu n’as pas à mourir.
Jugule ta respiration. Contient la douleur. Compartimente... Ses propres injonctions ne fonctionnaient pas. Sa respiration refusait de se calmer. Il fallait pourtant éviter d'offrir une satisfaction à son ennemi.
Pas question qu'ils se délectent de ma douleur ou de la rage impuissante. — Tu me dégoutes… cracha-t-il.
— Ne dis pas ça… Gabriah est encore en vie, nous l’avons épargnée.
Gabriah, songea-t-il. Cette simple pensée parvint à soulager son système nerveux à l'agonie, le déferlement de douleur laissant de l'espace à ses poumons calcinés pour s'exprimer.
Ma belle... Celle que j'aime... Pour qui je suis devenu qui je suis...— Ils l’aideront, comme ils m’ont aidé moi. Toi aussi, t-
— Elle ne vous servira jamais, grommela Brogus. Trin n’acceptera jam… vous rejoindre.
Trin ? s’étonna Kyrsta.
Que racontes-tu grand frère ? Tu es perdu, tu n’as plus les idées claires. Sa peine étreignait sa poitrine. Son état révélait qu'il avait besoin d'aide. Il en avait toujours eu besoin... Alana lui avait toujours affirmé qu'une seconde chance devait être accordée. Alors il n'était pas question que sa famille la repousse ! C'était à leur tour de suivre les pas de la jeune Twi'lek qui faisait ce qu'on lui ordonnait. Ils avaient tout à perdre à la repousser...
Même si je perds la vie ici, j'ai sauvé Trin de leur griffes, songea un Brogus perturbé.
J'ai réussi, peu importe que ce cette Twi'lek me dit. Twi'lek... Gabriah ? Kyrsta... Un gerbe de sang explosa à travers sa gorge, traversant sa bouche et ses narines calcinées.
Kyrsta, c'est Kyrsta, fille du seigneur. — Je te méprise Kyrsta, reprit-il une fois ses esprits rassemblés. Tu es deven-, commença-t-il en toussant profondément. Tout ce que nous avons… juré de combattre.
— Tu vas mourir si tu ne m’écoute pas, grand frère !
Grand frère... se rappela-t-il, conscient de ce que cela impliquait. Cette époque où son seigneur l'avait laissé entraîner sa fille.
Seigneur Maul...— Je préfère mourir pour Lui… plutôt que laisser mes ennemis faire de moi un déviant.
Brogus leva un peu plus son regard en direction des cieux. La tempête faiblissait, la couverture nuageuse commençant à se dégager. À travers ce que les gouttes lui racontaient, une vieille réminiscence de joie filtra, alors que ces eaux ne s'étaient jamais montrées aussi familière.
— J’ai enfin pu apercevoir le ciel, et je ne compte pas… compte pas le confondre avec les étoiles qui se reflètent la nuit à la surface de l’étang…
*****
Maul perdait en vivacité. Malgré sa propre fatigue, Luke ne pouvait passer à côté de ces détails. Son jeu de jambes ne faisait plus la différence depuis le déploiement de ces pouvoirs de Force oubliés. Comme un effet de compensation, le Zabrak déployait plus d'agressivité que jamais. Il puisait dans ses grognements pour combler sa maîtrise supérieure du début de combat. Ces frappes hautes au visage le contraignait à baisser son centre de gravité, Maul visant ensuite ses genoux. Luke s'efforçait d'ignorer l'urgence décrétée par son épaule blessée. Feintant une frappe au visage, le maître Jedi courba son poignet pour toucher la hanche. Ses membres mécaniques usés se déployèrent dans un saut périlleux manquant terriblement de grâce.
Ouverture, songea Luke en précipitant une large frappe au torse. La seconde lame de Maul dévia la lame vers le bas, dans un concert entaillant le sol.
Skywalker se fendit d'un moulinet pour se dégager de l'imbrication. Touché, et pourtant sa défense demeurait impénétrable. Maul ne trouvait pas la solution. Enchaînements inédits, combinaisons complexes. Sa panoplie entière mettait le Jedi à contribution, mais guère plus. Le Zabrak puisait dans ses ressources, sans obtenir de résultat. L'entaille à son épaule ne l'handicapait pas le moins du monde. Au niveau de son épaule gauche, certes. Si seulement une ouverture à la hanche s'était présentée lors de son coup gagnant, le combat serait déjà de l'histoire ancienne. Car la Réalité Obscure l'avait laissé exsangue. Skywalker l'avait remarqué, lui conférant davantage de confiance. Maul remporterait ce combat, mais la manière importait peu. Une passivité de posture le gagna, injonction contre-nature. Ses lents pas de côté le faisait contourner sa proie, dans une attente rompue par des saillies éclairs. Feintes et piques rapides ponctuaient le faux rythme qu'il installait. Maul rentrait dans la distance pour un court échange avant de se retirer. Ce qui se tramait sur le visage de Skywalker ne laissait plus le moindre doute.
De la difficulté, se réjouit-il. Le Jedi se plaisait davantage dans la défense d'un flot ininterrompu. Mais cette fois, les fines ouvertures dans sa défense s'élargissaient. Ses coups le mettaient en péril. Enfin...
Plus que quelques assauts, songea-t-il.
Maul avait vu juste à travers ses postures. Tant que le flot se maintenait, Luke n'avait plus qu'à écouter la Force lui révéler d'où viendrait la prochaine frénésie de coup du Zabrak. Mais le chef de l'Aube Rouge demeurait un duelliste d'exception. Son changement d'attitude impliquait celui de Luke. Seule une contre offensive lui éviterait sa défaite, qui se présageait. Se fondant dans la Force, Luke sentit l'attaque plus tôt cette fois. En lieu et place d'une esquive, son corps se déploya dans une roulade de côté. Conservant sa lame tendue, la rotation de son corps se transforma en attaque fulgurante. Le crissement de sa lame révéla une résistance tranchée par le sabre. De retour sur pieds, Luke vit le genou du Zabrak se replier sur lui-même, sa jambe mécanique touchée à la hanche. Le véritable coup gagnant.
Skywalker se tenait debout, triomphant, tandis que sa prothèse refusait de se déployer.
Non... Non !, fulmina Maul. Son membre artificiel demeurait sourd aux injonctions de son système nerveux envoyaient.
Il a atteint le centre névralgique des neuro-récepteurs. Son poing brisa la pierre au sol, avant de renouveller sa rage contre cette jambe refusant de l'écouter. Ses deux mains pressant son membre lâche parvinrent à déployer son genou, forçant l'articulation à obtempérer. Son visage se posa sur Skywalker.
Toi... Tu vas... Des portions minimes de sa psyché se déverrouillèrent, la rage maîtrisée déployant ses dernières ressources. Sa jambe ne tiendrait pas longtemps. Quelques mouvements et passes d’armes supplémentaires, et elle lâcherait pour de bon. Les options devinrent plus que limitées. Skywalker allait le voir venir. Mais il allait périr. Après tout, si Maul faisait le nécessaire pour l'emporter avec lui, le reste importait peu...
Luke se désolait de ce qui se passait sous ses yeux. Maul se trouvait hors jeu, pour de bon. Mais il ne comptait pas s'incliner pour autant. Il déployant ses appuis fragiles. Toute sa vitesse et son agilité venait de le fuir. Le maître Jedi dévia des coups manquant d'intensité. L'échange se termina bien vite. La nouvelle frappe se présageant lui fit entrevoir le véritable terme à cet affrontement. Cette taille haute aussi peu énergique que ses appuis lui offrir un demi-tour pour le contourner. Avant de laisser son sabre entailler le dos du Zabrak en sortie d'esquive. La lame verte le fendit d'un revers, d'une épaule à l'autre. Maul s'écroula dans un gémissement percutant. Au sol, il contenait sa douleur dans un cri sourd. Le Zabrak se retourna pour lui faire face avec toutes les peines du monde. Sa grimace profonde laissait filtrer un sourire étrange.
— C’en est fini pour vous, Maul, annonça Skywalker. Votre organisation se trouve au bord du gouffre, vos lieutenants sont en train d’être défaits, et vous êtes vaincu. Rendez les armes.
Son sourire se mua en rire des plus douloureux. Ses côtes fendues lui intimaient de rester immobile, de cesser de respirer. Mais peu importe. Seule la lucidité perçante donnant un nouveau sens à la teneur de sa vision le remplissait de satisfaction impossible à contenir. Cet artefact bien trop obscur disposait de sa propre manière de délivrer ses secrets. Maul le comprenait enfin. Ce fameux message... Il l'avait simplement interprété à sa manière. Mais il voyait juste. Son seul regret dessinait les contours d'une silhouette angélique. Une Twi'lek à la peau rouge.
Kyrsta... Si j'avais su... J'aurais davantage profité de nos instants... Sa fille survivrait. Maul accueillait cette joie. Son véritable destin n'importait plus.
Cette vision des Skywalker s'éteignant dans la Force avait toujours été juste. Elle se réalisera. C'était écrit...— Vous n'avez pu obtenir votre vengeance, reprit-il. Je suis toujours en vie.
— Vengeance ? s'étonna Maul. Tu n’as vraiment rien compris, Skywalker. Vraiment rien. Tu as confondu le ciel avec les étoiles qui se reflètent la nuit à la surface de l’étang…
— Qu’est-ce que cela signifie ?
— Tu ne tarderas pas à comprendre, crois-moi, fit-il sur un ton énigmatique. Mais il sera trop tard. Tu as perdu, Skywalker. Tu ne le sais pas encore, mais tu es déjà mort.
La résolution que Maul persistait à maintenir se révélait des plus préoccupantes. Devant lui se trouvait le véritable leader de l’Aube Rouge. Aucun subterfuge, aucune technique ou pouvoir secret à l’œuvre. Malgré tout, au bord de la défaite ultime, il se montrait sincèrement convaincu des mots qu’il déclarait. Il ne pouvait avoir sombré dans la folie. Luke se refusait à prendre ces mots à la légère. Son adversaire détenait un savoir séculaire, peut-être plus étendu que le sien. Le Zabrak pouvait en jouer, mais le maître Jedi devait tirer cela au clair.
— Ne vous montrez pas amer, rétorqua Skywalker, tentant de discerner ce que Maul ne pourrait jamais lui expliquer sans se montrer clair. Tâchez de vous montrer digne jusqu’au bout, et rendez-vous.
Un dernier effort étendit ses perceptions à travers son temple tout entier. L'effort des troupes du GSP terminait de faire la différence. Constituer ses propres fantassins n'avait jamais été qu'un échec malgré tous ses efforts. Sa garde d'élite, morts ou défaits. Sans l'obtention de pouvoirs sensitifs, il ne se trouvaient pas encore prêt face à la tâche se dressant devant eux. Mais son champion... Son combat face à ce jeune Jedi arrivait bientôt à son terme. Et comme une seconde certitude, ce que Maul avait promis à son titan cuirassé allait se réaliser. Renforçant sa foi, Maul maintint d'autant plus son sourire énigmatique.
Quel meilleur moyen de le déstabiliser qu'en lui déclarant des vérités dérangeantes... Le Zabrak n'avait besoin que de quelques instants pour déployer sa dernière carte, et saisir son poignard dissimulé.
— Quelque chose s’achève pour les Skywalker, annonça-t-il d’un ton obséquieux. Tu devrais davantage t’inquiéter pour tes protégés. Mon Brogus n’est pas un pantin inoffensif.
Luke tentait de déchiffrer un sens à travers tout cela. Il ne pouvait affirmer toutes ces choses sa- Le trouble dans la Force l'électrisa de la tête aux pieds. Son visage entier se décomposa sous l'afflux de... Ce qui allait se passer. Il fallait agir au plus vite pour l'éviter ! Ses pas s'interrompirent sous l'écho d'appuis branlants se jettant sur lui. Sa lame verte jaillit en fendant l'air. La résistance qu'elle rencontra s'écarta face à lui. Sa frappe en diagonale partant du bas heurta le corps de Maul, poignard levé, à peine surpris de ce qui lui arrivait. Partant du flanc gauche jusqu'à l'épaule droite, le corps du Zabrak se sépara en deux avant d'heurter le sol. Il ne pouvait avoir senti la douleur le parcourir une dernière fois. Plusieurs organes vitaux sectionnés, ainsi que son épuisement généralisé, stoppèrent les battements de son cœur avant de toucher terre. Dans un dernier sursaut d’orgueil et de fierté, la vie de Maul, leader incontesté de l’Aube Rouge, s’éteignit. Pour de bon cette fois. Une consolation illusoire, tant Luke devait déployer l'ensemble de son énergie, et plus encore, pour éviter ce qui venait de le traverser.
*****
— Laisse-le faire, continua de gronder Brogus. J’ai le droit de mourir dans l’honneur ! J’ai vu, et vécu tant de choses... Que vous ne pourriez imaginer. Des vaisseaux en feu, s’écrasant au sol abattus par un seul homme, la sueur dans les yeux. Ma vie... Brûlant comme une étincelle étouffée, disparaissant... Avant de renaître à nouveau. Une femme, que j’ai fait s’élever, et qui m’a offert... Son amour sincère, plus que je ne méritais. Tous ces moments se perdront dans l’oubli, comme les larmes dans la pluie. C’est l’heure pour moi de mourir, conclut-il après une longue pause.
— Non grand frère, je t’en prie, l’implora Kyrsta de nouveau.
Cela ne mènera à rien, songea Anakin.
Il accueille déjà son sort. Et cette idiote tente de le sauver, alors qu’il a déjà les deux pieds dans la tombe. Sa manière de désigner cette ordure de terroriste en l'appelant grand frère... Il suffisait. Anakin était le seul présent capable de mettre un terme à tout ceci.
— Écarte-toi ! lâcha-t-il en repoussant violemment la Twi’lek s'écroulant plus loin sous son déploiement de puissance.
— Ani, arrête ! fit Alana en s’interposant cette fois. C’est terminé !
Anakin connaissait ce regard. Si différent de cette occurrence sur la station spatiale de l’Aube Rouge, mais elle demeurait la même. La pluie trempait ses cheveux, mais sa coiffure demeurait Immaculée. Quelques mèches rebelles s'échappaient, renforçant l’harmonie se dégageant de cette moue moralisatrice. A cet instant, le jeune homme éprouvait autant l'envie de la bousculer elle aussi, pour ses bons sentiments, que de la prendre dans ses bras, pour la remercier de se battre pour le salut de son âme. De l’invectiver, qu'elle se mêlait une nouvelle fois de ce qui ne la regardait pas, que de l’écouter, ses mots constituant l'unique chose qu'il ne pourrait jamais obtenir d'elle. De l’assommer, pour être libre d’agir comme il le souhaitait, que de s’écarter. Pour que jamais il ne la perde. Imaginer qu'Anakin puisse vivre sa vie sans Alana relevait d'une illusion terrible. Il avait tant imaginé cela possible.
Dire que j'y ai cru... Les gens vivent d'impression fausses... Je n'y fais pas allusion. Anakin devait aller au bout. Trouver la force de se débarrasser de ce lien. Montrer à sa cousine, l'effrayer pour de bon. Qu'elle ait une bonne raison de ne plus venir à son secours. Elle ne pouvait rester à ses côtés que pour lui torturer l'esprit. La laisser vivre sa vie, moins de lui, telle elle était la chose qu'Anakin devait accomplir. Mais ses membres ne lui répondaient plus depuis qu'elle s'était dressée devant lui. Rien d'autre n'importait. Elle seule existait. Alana était son monde, comme il l'avait toujours vécu...
— Il est inutile de le tuer, poursuivit-elle sans avoir la moindre idée de ce qui le traversait. Nous avons enfin remporté la victoire, alo-
Sa cousine s'interrompit dans un sursaut étrange. Comme un puissant haut de cœur, prompt à faire perdre l'équilibre. Anakin se crispa en imitant sa cousine, ignorant ce qui se tramait sur ce magnifique visage. Alana baissa son regard vers le sol, Anakin l'accompagnant. Un effroi glacial le saisit. La pointe d'un poignard dépassait de la poitrine d'Alana. Son corps entier tremblait sous sa présence. Une force inconnue poussa ses yeux à rejoindre ceux de sa cousine. Le temps, suspendu, lui accorda une dernière contemplation, éternité qui prendrait prématurément fin. Une immense silhouette se dressa derrière elle. Un tache rouge grandissait sur le haut d'Alana. Le titan cuirassé extirpa sa lame, avant de s'écrouler à terre. Sa cousine tomba vers l'avant, rejoignant les bras qu'Anakin tendait dans l'affolement. Plaquée contre lui, il tenta de déposer la chose fragile et délicate qu'elle était.
— Non non non ! Alana regarde-moi ! Alana !
Le sang s’écoulait en quantité de la poitrine de la jeune femme.
— Alana ! s'écria Kyrsta.
Les bottes de la Twi'lek crissèrent contre le sol humide avant de se placer à ses côtés. Le regard perdu de sa cousine se perdit de le lointain. Ses paupières s'agitaient, cherchant une chose ne se trouvant pas ici.
Compression ! Anakin pressa ses mains sur la poitrine de sa cousine. Compresser l'hémorragie, pour la contenir. Empêcher plus de sang de se répandre. Anakin y mettait tout son poids. Toute sa force. Toute son impuissance... Rien n'y faisait. Ce liquide chaud s'étalait sur lui, s'échappant à travers ses mains plaquée sur celle qu'il aimait.
— Non Alana, trembla Kyrsta. Tu ne peux pas...
Kyrsta peinait à la soutenir. Sa panique traversait ses membres tremblant cherchant à se poser sur sa compagne dans une désespérance totale. La Twi'lek sentait la lumière d'Alana faiblir. Tout comme quelque chose d'inexplicable se dérobait dans sa propre poitrine. Ses mains se posèrent sur ce visage qu'elle voulait simplement refaire sien. Les yeux plissés d'Alana tentaient de se défaire de cette fine pluie. Sa tête bougeait mollement, ses lèvres pleines de sang l'imitant pour tenter de laisser les mots contenus s'échapper. Alana voulait lui dire quelque chose. Mais pourquoi...
— Ne parle pas, précipita Anakin dans une terreur inédite. Ton père va arriver, et va arranger ça ! Tiens le coup je t'en prie !
Anakin ne reconnaissait plus sa propre voix. Il ne comprenait pas le sourire se dessinant sur le visage de sa cousine, passant à la fois sur lui et sur Kyrsta. Comment pouvait-elle se montrer aussi apaisée alors que l'agonie ne voulait pas fuir ?! Le jeune homme leva son regard vers ce reniflement bruyant devant lui. Le visage rempli de larmes de la Twi'lek se trouvait posé sur lui. La peur et l’inquiétude grandissaient dans les yeux de son ancienne ennemie, reflet de sa propre détresse.
— Je ne sais pas comment faire, lui avoua-t-il dans une impuissance terriblement douloureuse, les mains ensanglantées. J'sais pas… J…
La toux comprima ses poumons affaiblis, son cœur ne parvenant plus à pomper le sang pour l’envoyer à tout son corps. Alana subissait cette souffrance s'emparant de tout son être. Il s'agissait simplement d'un mauvais moment à passer, avant que cela ne cesse. Ce qui allait arriver d'ici peu. Lutter pour demeurer en vie ne servait à rien. Elle souhaitait seulement les rassurer.
Ils sont si inquiets, apeurés. La jeune Jedi souhaitait simplement leur dire que ça irait. Qu’elle n’avait pas peur de partir. Elle rejoindrait la Force. Retrouverait sa mère. Son oncle. Son autre cousin qu'elle n'avait pu connaître. Les mots se bousculaient dans son esprit, mais même perçant cette douleur, sa gorge ne lui obéissait plus. Il existait tant de choses à dire à son cousin. La conversation qu'ils ne pourront avoir. Qu'il cherche à avancer, et ne reste pas bloqué sur sa mort. Il aurait besoin de soutien, mais il devait trouver la force lui-même. Et déclarer son amour une dernière fois à la femme à ses côtés. Lui assurer qu'elles se retrouveront un jour. Mais pas encore. La remercier, pour tant de choses. Et lui dire d'avancer à elle aussi. Des mots si important, refusant de percer...
— Ha ha… Ha… Pour l’honneur…
Tant occupés à se disputer. À débattre de morale, pensant qu'il était plus faible que jamais. Sans comprendre que Brogus avait rassemblé ses ultimes forces.
Un dernier coup d'éclat. Son seigneur lui avait toujours promis qu'il ôterait la vie d'un Jedi. Que son seul acte précipiterait la Nouvelle République dans le gouffre. Tout proche de sa récompense, la traîtresse lui avait volé sa victoire méritée. Mais la faiblesse morale de ses ennemis venait de causer leur perte. Son seigneur lui avait offert ce poignard, récompense de sa première mission d’importance. Il ne l’avait jamais quitté, convaincu qu’il aurait son importance le jour venu. Et tel avait été le cas… Dissimulé dans la protection de son avant bras, Brogus s'en était saisi, l'enfonçant entre les omoplates de la Jedi. Le chemin de la lame jusqu'à l'aorte avait brisé plusieurs os. Pour être sûr du résultat...
Anakin se tourna vers Brogus. Une blessure supplémentaire accoucha. Quelque chose naquit, grandissant en lui. Son regard s’attarda sur le poignard par terre, à côté du titan cuirassé. Ce dernier continuait de rire, pourtant à bout de forces. Un basculement bien différent s’opéra chez le jeune Jedi. Son instinct activa ce fameux pilote automatique. Quelqu’un qu’Anakin ne connaissait pas se rapprocha du poignard pour s'en emparer. Une fois au contact, le poignard s'enfonça brutalement à travers la gorge de du champion de l’Aube Rouge. Son rire cessa, à jamais. Il retira la lame d’un coup sec. S'étouffant tout juste dans son propre sang, Anakin le planta de nouveau. Encore, et encore. Il continuait à frapper. La douleur dans son bras ne pouvait l'arrêter, alors même que Brogus était déjà mort. La pointe du poignard se brisa en percutant le sol, traversant la gorge criblée d'impact de Brogus. Mais il devait frapper, encore. Il ne pouvait s'arrêter, pour que le reste ne l'envahisse. Ce que fit le sanglot crispé de Kyrsta. Anakin se retourna dans l'instant. La main de sa cousine se posant sur le visage de la Twi'lek glissait lentement, avant de se dérober à celles de Kyrsta qui se rendait à l'évidence. Anakin la vit agripper sa cousine, pour la serrer dans ses bras.
C'est fini, comprit-il, son cerveau faisant de nouveau le lien. Il n'avait pas été présent au dernier instant, pour profiter une dernière fois d- Son regarde posa sur la silhouette apparaissant au loin. Son oncle aussi arrivait trop tard... Il le contempla progresser en silence.
Chaque pas frissonnant de Luke ancrait encore davantage ces images. Un battement de cil après l'autre enfonçait cette douleur à travers de nouvelles meurtrissures. L'effort considérable que lui demandait de s'approcher l'assurait d'une terrible certitude. Trop tard. Cette spirale de souffrance s'intensifiait, mais il devait s'en rapprocher, s'y plonger. Car sa fille se trouvait en son centre. Ses jambes se plièrent sous le poids de son affliction. La sensation que lui renvoyait ses doigts alors qu'ils se perdaient sur son bras, sa poitrine, puis son doux visage. Sa main mécanique cherchait à déchirer les vêtements de sa fille, alors que l'autre la poussait à rejoindre son regard embué de larmes. Son dernier souffle l'avait quitté avant qu'il n'apparaisse. Seule son abyssale impuissance accompagnait cette contemplation. Voir la femme de sa vie mourrir dans ses bras. Pour la seconde fois... Il la pressa contre lui, pour tenter de... Mais elle ne bougeait pas. Son unique enfant ne bougeait plus jamais. Luke sentit la lumière d'Alana s'évacuer dans l'éclaircie qui pondait dans les cieux. Une partie de l'essence de la pauvre Twi'lek se tenant à côté de lui l'accompagna. Ses sanglots éclatèrent sous la pression. Celle qui était le centre de sa vie… Pour laquelle il aurait fait n’importe quoi… Aurait donné sa propre vie… Il la tenait dans les bras, pour la dernière fois.
Anakin détourna le regard de son oncle dévasté. De Kyrsta, le visage plongé dans ses mains, vidée d'une part d'elle-même. Une blessure de Force venait de se creuser en elle, presque visible à l'oeil nu. Une vision insupportable. Si longtemps qu'Anakin avait attendu le moment où tout ceci se terminerait. Pour que cela s’achève ainsi… Sans jamais pouvoir lui révéler la véritable place qu’elle occupait dans son cœur. A cette pensée, quelque chose lui fit horriblement mal. Une chose si profondément ancrée en lui, que l’arracher serait supprimer l’essence même de son être. Une partie de lui-même, de ce qu’il y avait de meilleur en lui, explosa, s’extirpant de son enveloppe meurtrie. Le sentiment éclata, hurlant de toutes ses forces. Ses poumons libérèrent le cri vibrant à travers tout le temple. Avant de lever son regard vers les cieux, durant une éternité.
Jusqu'à ce que l'arrivée des autres ne le ramène à la réalité. Winna, en tête, se stoppa comme tous les soldats qui la suivait. Crail et Dyna se soutenaient, arrivant plus en arrière. Son ami la confia à la Togruta, saisissant tout juste. Crail déploya ce qu'il restait de ses forces, avant de s'écrouler à genoux. Après une fixation désespérée sur le corps d'Alana, il tenta de trouver le regard d'Anakin. Le jeune Jedi ne disposait que d'un vide abyssal à offrir à son ami. Des larmes saisissait Crail, Anakin ne l'ayant jamais vu dans cet état, prenant pleinement la mesure des évènements. Il expérimentait ce que le jeune Jedi venait de vivre, en accéléré. Le fil des émotions se dénouait. L'incompréhension, devant la perte. Le chagrin et la tristesse, face à ce couperet. Sans rien comprendre du déroulé des évènements. Mais cette douleur palpable, concrète...
Winna soutenait Dyna qui tentait de le rejoindre. La gorge du jeune homme se noua devant ce qui habitait le visage de cette femme. Elle venait de comprendre, et voulait... Pour tenter de lui... Rejoignant son regard un infime instant, Anakin pivota, tournant les talons face à cette compassion débordante. Son instinct lui intima de se fermer à ce qu'elle tentait de lui témoigner dans un instant aussi difficile. Dyna n'était pas idiote. Cela la blesserait, et elle se trouvait en droit de le lui reprocher. Mais Anakin devait se murer, seul, coupé des autres. L'unique solution envisageable. La plus grande douleur de son existence, une nouvelle fois. La peine de son oncle le touchait, autant que celle de son ancienne ennemie. Voir son meilleur ami aussi abattu le déchirait. Et apercevoir cette femme, unique moyen de s'abandonner dans de l'affection, de trouver le moindre réconfort... Une image insupportable. L'heure ne se trouvait pas au réconfort des êtres aimés. L'Aube Rouge, en grande partie détruite... Mais cela ne tenait en rien d'un succès. Anakin avait failli. Il ne s'était pas montré à la hauteur. Parvenant à pourfendre le titan cuirassé, ce malheur ne se serait pas produit. Mais songer ainsi se révélait bien illusoire... Les regrets s'estompaient dans le flot de tristesse coulant sur son visage, pour laisser leur place à autre chose. Une résolution acceptant de laisser sa place à la tristesse pour l'instant. Un fin crachin ruisselait toujours, l'eau mêlée aux larmes s'évacuant de son visage meurtri.
Épilogue
Le lendemain de la bataille, l'abattement imprégnait toujours les esprits. Le cuirassé de Leia s’était posé à proximité du temple, l'ensemble des troupes embarquées et encore présentes sur place désormais installées. Les infirmeries mobiles prenaient en charge les blessés, récupérant également les corps des braves tombés au combat. Un repos pertinent mais peu réparateur, dans l'impossibilité de panser les coeurs meurtris. L'éternité passée au sommet du temple de l'Aube Rouge la veille... Crail avait pu compter sur Winna, cette flamme refusant de s'éteindre face la tempête les laissant exsangue. La Togruta lui avait suggéré de s'occuper de ses amis, tandis qu'elle et Dyna se chargeaient du reste. Mais l'impuissance de Crail à remobiliser son meilleur ami le blessait plus encore. Se rabattant sur Luke et Kyrsta, avec peu de succès. Il avait insisté pour qu'Alana ne reste pas ici, dans cet état, et qu'il fallait s'occuper de la suite. Le maître Jedi s'était finalement levé, assisté par la Twi'lek. Anakin avait tout de même suivi, se murant dans le silence, sans adresser un mot à qui que ce soit. Après une cérémonie d'une tristesse infinie, et une mélancolie pesante, Lando avait pris les choses en main, seul véritablement en mesure de le faire. Leia pleurait sa nièce tout en soutenant son frère abattu. Kyrsta s'enfonçait dans une solitude pénible à contempler, conservant son chagrin pour elle, dans son coin. Et Anakin...
Winna, sa douceur, sa compassion, son soutien, dont Crail avait tant besoin. Dans une invitation au mouvement, elle lui proposa d'explorer le temple, à la recherche d'informations ou d'autres renseignements, et d'étendre la proposition aux autres officiers. La suite devait être envisagée, car cette victoire ne signifiait pas la fin de l'Aube Rouge. Une branche majeure demeurait en activité, dans ses actions de déstabilisation et de terrorisme. Peu impactante sans la structure principale ainsi que la perte de Maul. Mais il fallait aller au bout. Sa proposition se focalisait sur Anakin et Kyrsta. Le maître Jedi ne quittait plus sa tente depuis qu'il avait quitté le sommet du temple. Dyna se trouvait forcée au repos, faute ne de pas s'être ménagée. La Togruta avait trouvé Kyrsta. La perte d'Alana... Winna ne la connaissait pas autant que d'autres. Mais elle avait bien vite considérée la jeune humaine comme une amie, quelqu'un de bien. Si ce n'était pour Crail, elle se laisserait glisser contre sa propre peine, ne quittant plus sa tente elle non plus. Mais Crail... Il le fallait, pour lui. La Twi'lek n'avait pas le cœur à refuser. Une ancienne ennemie, certes. Mais la souffrance ayant ponctué sa vie, sans que personne ne lui tende véritablement la main... Excepté Alana. Accepter le décès de sa bien aimée se révélait précipité, si tant est qu'elle y parvienne un jour. Mais la main que lui tendait Winna la poussa à se lever. Toutes deux savaient que refuser les condamneraient.
Crail se trouvait chargé de consulter son ami, toujours muré dans son économie totale de mots. Un simple signe de tête matérialisait son accord pour le suivre. Se raccrochant au moindre signe, Crail tenta d'ouvrir le dialogue une fois tous les quatre dans le temple. Il devait tenter quelque chose, n'importe quoi.
— Hé vieux… Je pense qu’il faudrait qu’on parle, tous les deux… On n’en n’a pas eu l’occasion, et je pense que t’en as besoin. En tout cas, je sais que moi, j’en ai besoin…
Le jeune Jedi ne répondait pas. Le repli sur lui-même de son meilleur ami ne l’étonnait pas. Du moins la nature de ce besoin. Mais l'inquiétude demeurait. Une telle tragédie, cette meurtrissure qui allait le ronger… Anakin était plus qu'un simple ami. Toutes ces choses partagées... Elles lui laissaient présager de ce qu'il traversait. Les pas de Crail réduisirent la distance, cherchant à percer ce rempart qui n'avait pas lieu d'exister entre eux. Sa main se dirigeant sur l'épaule du jeune homme fut interceptée par une poigne aussi vive que puissante. Crail ne reconnaissait pas le regard de son ami. S'y trouvait une lueur inédite. Demeurait toujours cette part de ce jeune Jedi. Celui qui faisait maladroitement ce qu’il pouvait, avec les cartes que la vie lui avait donné. Ayant toujours un bon fond, malgré ses nombreux défauts et erreurs. Mais quelque chose d’autre apparaissait. Ou plutôt empiétait sur l’homme qu’il connaissait. Une froideur étrangère. Une volonté résolue de le maintenir à l’écart, de dresser des murailles infranchissables. Quitte à brusquer voir violenter ceux ayant l’intention de s’en approcher.
— Hé ça va, c’est bon je te laisse tranquille, finit-il par dire. Tu peux me lâcher maintenant ?
Anakin s’exécuta, s'éloignant sans un mot, seul en direction d’autres pièces. Kyrsta en avait elle aussi profité pour s’éclipser. Cette occurrence s’ajoutant au décès d’Alana plongeait Crail dans un effondrement de sens, d'une inutilité profond. S'il ne parvenait plus à apaiser son ami, comment lui-même allait-il s'extirper de ce puits sans fond ?
— Laisse-lui du temps, le rassura Winna. Sa peine l’empêche de voir autre chose pour l’instant. C’est ton ami, il finira par revenir vers toi.
Sans même la regarder, la main de Crail trouva la chaleur de la douce Togruta. Oui, Crail parviendrait à s’en sortir. Une des épreuves les plus difficiles de sa vie, certes. Mais tant que Winna se montrera présente, cette lueur dans l’obscurité qui s’annonçait l'empêcherait de défaillir.
*****
Anakin errait, sans but particulier. La compassion que Crail venait de lui témoigner l’avait blessé. Son ami ne lui voulait que du bien, une évidence. Mais cette souffrance l’avait poussé droit vers l’abime. Anakin survivait survécu car il se maintenait accroché au bord, se tenant au dessus de précipice à bout de bras. Tomber signifierait tout oublier, mais aussi tout perdre. Y comprit le doux souvenir d’Alana. L'immense douleur de la savoir partie à jamais ne pouvait le pousser à négliger son existence pour se délivrer de cette souffrance. Il devait vivre, pour conserver le souvenir de sa cousine. Se suspendre de ses deux bras contre cette fosse consistait à traverser cette épreuve. Mais Crail lui tendait la main. L'unique moyen pour Anakin de la saisir consistait à lâcher le bord de l'abîme. Pour peut-être tomber dans une chute dont il ne se relèverait jamais. Un risque bien trop grand. Sans oublier la possibilité d'emporter son ami dans sa propre chute. Alors le repousser, pour son propre bien. Crail comprendrait. Ou pas, mais cela importait peu. Il s'agissait d'un mal nécessaire.
L'orée d'une salle attira son attention. Ne sachant pas où il se trouvait, le sobre raffinement de ce large bureau lui dévoilait la teneur de ce lieu. Seul des quartiers réservés à Maul pouvait rassembler des gravures sur les parois des murs, tapisseries sombres, ainsi qu'une fonctionnalité technologique moderne. Sans mentionner cette sensation étrange, sorte de bourdonnement provoquant une démangeaison singulière. Qui s'intensifiait à mesure que le jeune homme se rapprochait d'un tableau accroché au mur. Ce son aiguë estompant le reste, dans un début de douleur... Accueillant. Anakin ignorait ce qui se tramait, mais éprouver cette sensation, de plus en plus forte, ne le dérangeait pas. Il s'agissait plutôt du contraire.
Un coffre dissimulé se dévoila une fois le tableau décroché. La Force arracha les verrous magnétiques, pour se plonger dans la découverte d'une pile de datapads et autres documents d'importance. Les autres y trouveraient leur bonheur. Un bloc d'une illustration finement ouvragée se trouvait également présente. L'image de Maul, assis sur un trône, une jeune Twi'lek à la peau rouge se tenant droite et fière à ses côtés. Mais pas aussi intriguant que ce bibelot pyramidal. Celui d'où provenait le bourdonnement. Un courant électrique l'envahit au contact de ses doigts.
Lié à la Force de manière incroyable, et cette puissance... Une sensation inédite, sans pareille. Écho de la douce douleur ressentie lorsqu'Anakin recourait à ces fameux éclairs. Artefact du côté obscur ? Peu importe. Côté obscur, lumineux... Ces choses n'avaient jamais importé. Son oncle affichait un discours ainsi que des leçons bien plus ouvertes et nuancées que celles des anciens Jedi. Anakin s’en était rapidement aperçu durant sa formation, lors de l’étude des anciens textes. Mais que lui avait apporté la voie de son oncle ? Une autre présence dans la pièce interrompit ses pensées.
— Tu as trouvé quelque chose ? demanda à mi-voix une Kyrsta aussi abattue que lui.
Il ne répondait toujours pas, alors qu'elle s'interrogeait sur son envie de lui adresser la parole. Pourquoi ? Comment ? Kyrsta s’approcha à pas mesurés, poussant ensuite le jeune homme à se tourner dans un mouvement trop vif pour elle. Elle s'attendait à tout. Au pire. Qu'il la tue. Non, qu'il la violente. La tuer serait bien trop clément... Elle n'aurait jamais riposté, l'envie et la volonté lui faisait défaut. En lieu et place d'un châtiment en mesure d'éloigner sa peine, le jeune humain lui tendit quelque chose. Dépassant sa surprise, elle l'accepta avant que les tremblements n'apparaissent.
Ce fameux jour... Les souffrances et douleurs traversées à travers des épreuves plus éprouvantes que jamais. Avant que son père ne lui promette un ultime défi, la laissant imaginer toute sorte de scénario. Mais il lui avait demandé de se laver, soigner son apparence avec ce qu'il lui avait offert. Pour un moment particulier, avait-il dit.
L'expression gravée sur le visage de cette adolescente exprimait cette joie. Ce bonheur capturé, le turbo-élévateur émotionnel en passant du pire à l'un de ses plus beau souvenirs. Sa timidité ne l'avait empêchée de manifester toute sa joie possible.
Ce que père voulait faire ressortir chez moi, pour conserver cet instant... Parmi tout un tas de choses capitales pour la cause, il l'avait conservé.
— Merci, parvint-elle à traduire entre deux sanglots, le visage fixé sur ce bout de bonheur.
Anakin décida de sortir de la pièce. Pour la laisser. Kyrsta se rappelait toujours de ce jour là. Le témoignage de l’amour que son père lui portait, à sa manière. Avant que les regrets ne la saisissent, ouragan emportant tout sur son passage.
Père ne m'a pas choisie...Anakin trouva un moment à l'écart après avoir laissé la Twi'lek seule avec ses souffrances. Il devait se trouver en paix pour examiner l'objet pyramidal qu'il venait de récupérer. Sans le moindre dérangement possible. Un élément de cette importance devait contenir une réponse, ou bien une solution au plus grand problème de sa vie. Mettre un terme aux conflits provoqués par l'Aube Rouge pour de bon. Anakin pouvait bien y laisser sa santé en touchant ce pouvoir. Il fallait simplement qu'il lui serve à prémunir ce qu'il lui restait d'êtres aimés. Son père, sa cousine... Et qui ensuite ? Non, plus personne ne perdra la vie. Peu importe que lui la perde. Lui seul devait payer le prochain tribut.
Eh bien, 'n'a plus d'Aube Rouge ? Comment qu'on fait ? Lol pas d'inquiétude, le tome 3 est déjà prêt à débarquer...
Merci à vous tous, pour m'avoir accompagné durant la publication de ce tome 2 ! Un tome qui a vu mon logiciel se modifier à jamais, et donc évoluer dans la forme plus concrètement. Merci à tous pour les retours et les échanges qui m'ont permis de progresser une nouvelle fois ! Un petit regret tout de même, d'avoir perdu plusieurs lecteurs faisant des retours réguliers. Un peu frustrant, sachant que mon tome précédent suscitait davantage d'attention, alors qu'il était moins qualitatif globalement. En espérant conquérir de nouvelles têtes à l'avenir, et de pousser des lecteurs silencieux à se manifester à l'avenir. Même si vous avez peu de choses à dire, l'auteur d'une fic sera toujours ravi d'entendre quelques mots de votre part, ça représente bien plus que vous ne le pensez. Je sais que je ne suis pas facile comme bougre, les pavés d'échanges à côté des chapitres le montrent bien je crois, mais l'invitation demeure.
La suite arrivera vendredi prochain, on garde les bases. Des annonces seront faites d'ici quelques jours. Sur la présentation du tome 3, et... D'autres choses encore...? Encore merci à tous !