Bonsoir, comment allez-vous ?
Allez retour sur Corellia où l'on va revoir un Jedi corellien de retour de Korriban

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Chapitre 8 Corellia, château familial des Tissan, non loin de CoronetAlan Tissan se concentra sur la conduite de son landspeeder décapotable, oubliant ce qui l’avait conduit sur Korriban quelques jours auparavant. Mais le pouvait-il vraiment ? Devait-il passer à côté des signes d’un retour des Sith ?
Il était un Jedi corellien, il avait fondé une famille qu’il était sur le point de rejoindre dans le domaine ancestral qui appartenait aux Tissan depuis des millénaires. Son véhicule parvenait au sommet d’une colline d’où il pouvait admirer la silhouette de la demeure, qui avait été bâti au milieu d’un ancien champ viticole. Il freina, regardant la pile de cadeaux empaquetés qu’il avait achetés en chemin pour donner le change, sur les conseils de Maître Halcyon. Personne ne devait se douter des véritables raisons de son voyage.
Il respira plus sereinement, impatient de retrouver la paix auprès des siens, loin des préoccupations ordinaires d’un Jedi. Il remit les moteurs en marche, s’élançant de plus belle sur le sentier pavé, entouré d’arbres et de haies qui poussaient à l’état sauvage, préservant une nature authentique et rude, fidèle à l’esprit corellien, hors de la grande mégapole de Coronet qui n’était distante que de vingt kilomètres.
Mais il ne pouvait oublier les prédications de l’esprit de Marka Ragnos qui lui avait promis le retour des Sith. Et le rôle considérable que lui-même y jouerait, malgré lui.
Tu es la clé de notre victoire. Les Tissan ont servi l’obscurité et ils continueront de servir.L’alarme de proximité stridente résonna à ses tympans, lorsque le landspeeder dérivait peu à peu hors de sa trajectoire en ligne droite. Émergeant de sa distraction, il braqua brusquement les manettes pour se remettre dans le droit chemin.
Se maudissant au passage, d’avoir manqué de provoquer un stupide accident de circulation si près de son foyer. Il aurait été humiliant d’être projeté dans le paysage et d’être ensuite la proie d’une bande de Vlerd.
Une enceinte fortifiée datant de la lointaine Ère Ductavis, protégeait le domaine de toute intrusion. Remise en état et plaquée de duracier, elle suffisait à convaincre les indésirables de ne pas porter leur curiosité malsaine au-delà des limites. Le landspeeder fit face au grand portail qui barrait l’entrée. Une sonde gardienne s’approcha pour scanner sa rétine, l’aveuglant de sa lueur bleue ardente.
- Alan Tissan, identité confirmée.
Les épais battants en bois de wroshyyyr s’écartèrent pour se rabattre sur le flanc, laissant passer le véhicule qui s’engagea sur l’allée. Un chemin de gravier qui traversait un jardin de roses et d’arbres aux essences rares et millénaires que les Tissan avaient acquis au gré de leur notoriété croissante au sein de la haute société corellienne, depuis qu’un Te’hissan, représentant d’une antique famille noble, avait émigré de Alsakan pour s’établir sur Corellia.
Au milieu du domaine, se dressait le château de sa famille. Un bâtiment à l’architecture aussi vieille que la planète elle-même, à l’origine constituée de flèches et de voûtes, figées dans du marbre ancien. Appartenant à la Maison Royale des Koldyr, ce domaine viticole avait traversé les tourments du Système Corellien avant de tomber dans l’oubli puis d’être racheté à vil prix par Pilko Tissan, le premier d’une nouvelle génération de notables corelliens.
Fragilisé par l’usure du temps et de l’érosion, la demeure avait subi une métamorphose pour devenir un bien plus fonctionnel et plus anonyme.
Devant les quelques marches qui menaient à l’entrée, un droïde protocolaire à la carapace argentée l’attendait pour l’accueillir.
Alan gara son landspeeder avant que le droïde ne le salua :
- Monsieur Alan, j’espère que votre séjour sur Anaxès s’est bien déroulé.
- Bonjour, Pégase, répondit le Jedi corellien. Oui, le voyage a été… enrichissant.
- Madame Mingrid et vos enfants vous attendent avec impatience. Je vais vous aider à porter vos bagages.
- Ce ne sera pas nécessaire.
Alan se tourna vers le véhicule et usa de la Force pour soulever à distance les cadeaux, qu’il emmena ensuite dans son sillage.
Sa femme et trois de ses enfants trépignaient d’impatience dans le salon, se précipitant vers lui pour l’étreindre avec chaleur. Sans lâcher les cadeaux qu’il leur apportait, il accepta de les laisser le serrer contre eux. Le Jedi oublia temporairement ses inquiétudes d’un avenir promis aux Sith, la malédiction promise par le fantôme de Marka Ragnos, sa vision troublante du grand vaisseau en flammes naufragé, cet étrange sceptre mortel qui l’aidait à précipiter tous les Sith dans un grand précipice infini.
Il savoura d’être réuni avec sa famille.
- Papa, tu es revenu avec des cadeaux ! s’écriait un petit garçon brun du nom de Deneth, âgé de six ans.
Ses deux autre frères plus vieux, respectivement huit ans et dix ans, fixaient les cadeaux avec une grande envie. Lelas et Docun s’écartèrent de lui tout comme Deneth, car leur curiosité ne demandait qu’à être satisfaite.
Il croisa le regard de son épouse Mingrid, qui l’encouragea avec un sourire malicieux.
- Tu devrais commencer la distribution.
- Tu crois ? Fit-il en faisant semblant de réfléchir.
- Allez, papa ! Cria sa progéniture.
Il laissa les cadeaux reposer doucement sur le marbre du salon, là où étaient dessinés un oiseau moqueur à deux têtes, emblème de la famille Koldyr, autrefois souveraine de ces lieux chargés d’histoire.
Chacun des paquets était marqué du nom d’un des enfants à qui il revenait. Les bambins se jetèrent dessus, identifiant ce qui leur appartenait puis arrachèrent sans se retenir, les rubans qui les enveloppaient. Alan en profita pour rejoindre sa femme qu’il embrassa sur les lèvres avant de lui demander :
- Valena est dans la Salle d’Armes ?
- Avec maître Tal’etha, répondit-elle. Il faudrait qu’on parle de ton voyage.
Alan fronça les sourcils, percevant la distance qui perçait dans sa voix cristalline. Son irritation contenue infusait les courants de la Force tandis que la corellienne, une femme à la peau mate de petite taille aux cheveux bruns taillés en nattes, le dévisageait sévèrement.
Son visage rondelet masquait ses émotions, seulement trahies par les yeux verts ardents qui le fixaient avec intensité. L’uniforme de cadre de la Corporation Technique Corellienne qu’elle portait encore, indiquait qu’elle venait de rentrer du travail.
- Qu’est-ce qui te met en colère ?
- Maître Halcyon m’a raconté ce qui s’est passé.
Mingrid lui prit tout à coup le coude.
- Va saluer Valena. Nous parlerons dehors après.
- Merci.
Alan la contourna pour se diriger vers l’aile ouest du château, non sans soulagement. Il entendit peu après, les bruits de scie à métaux familiers, de sabres-laser qui s’entrechoquaient avec vigueur depuis la salle d’armes.
Le Jedi s’arrêta sur le seuil du dojo, où ferraillaient une jeune fille blonde de douze ans et une sélonienne qui l’entraînait. Les deux duellistes ne lui accordèrent aucune attention, concentrés sur le combat en cours. Alan vit sa fille tenter une frappe de taille avec le sabre d’entraînement, vers le bassin de la sélonienne qui se cambra tout à coup et balaya les chevilles de son élève avec sa puissante queue.
Valena Tissan tomba lourdement avant d’agiter ses jambes dans un mouvement tournoyant pour se remettre sur ses appuis.
- Ce n’était pas loyal, maître Tal’etha.
- Dans ce cas, apprends à mieux esquiver, padawan.
La sélonienne retroussa ses babines pour dévoiler ses crocs, en guise de sourire intimidant. La jeune apprentie à la peau cuivrée, grimaça.
- Facile pour vous.
- Aucun combat ne l’est, Valena. Tu dois apprendre à ne pas te fier à l’apparence de tes ennemis, ou tu les grandis au lieu de les voir tels qu’ils sont.
Les mots de Tal’etha agitèrent un étrange écho chez Alan. Craignait-il les Sith parce qu’il les voyait invincibles ? L’étrange sceptre avec lequel il terrassait ces ennemis, l’obsédait.
- Je vous vois telle que vous êtes, maître Tal’etha.
- Et que vois-tu, jeune humaine ?
- Vous êtes une sélonienne.
- Tu as une bonne vue, répliqua la non humaine avec sarcasme.
Valena baissa son arme.
- Vous êtes grande, vous êtes plus robuste et plus rapide que moi.
La sélonnienne ronronna.
- Hum, voilà qui me flatte beaucoup. Penses-tu que cela justifie ton échec ?
- Je ne vois pas comment je peux réussir à vous vaincre. Mais c’est bien pour cela que vous m’entraînez, non ?
Tal’etha hocha la tête, satisfaite.
- Bien répondu. C’est pour cela que nous nous entraînons. L’échec n’est pas une fin en soi, car c’est la voie qui te mènera au succès. Tu dois t’entraîner et échouer jusqu’à ce que tu réussisses, Valena. C’est ce qui te permettra de devenir une grande Jedi.
La jeune corellienne désactiva son sabre d’entraînement puis s’inclina devant la sélonnienne, en témoignage de son respect. Tal’etha la salua en retour, en levant son arme devant sa figure.
- Il y a un temps pour les devoirs de Jedi et un temps pour la famille, jeune fille. N’est-ce pas, Alan ? Ajouta-t-elle en direction de l’intéressé.
- Entièrement d’accord.
Valena qui avait senti la présence de son père, pivota vers lui avec la joie qui illuminait ses traits juvéniles.
- Salut papa.
- Coucou, ma grande.
Elle se précipita dans ses bras ouverts. Tal’etha ne montra aucune émotion devant cette scène attendrissante du père serrant sa fille contre lui. Elle se contenta de quitter la salle d’armes en lançant au corellien :
- Je vous attends dans le salon, Alan.
- Merci, Tal’etha.
Ils attendirent le départ de la sélonnienne avant de s’écarter.
- Je t’ai déjà dit que je n’aimais pas les cadeaux, tu sais.
Alan ne se départit de son sourire paternel.
- Je penses que ce cadeau te plaira pourtant, insista-t-il.
Dans la paume de sa main, venait d’apparaître une étrange pierre étincelante d’une lumière orange. Valena écarquilla les yeux, fascinée.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Un Cœur de Feu, expliqua le Jedi. Cela vient de Kiffex et les légendes des Kiffars racontent que ce talisman contient à la fois un peu de l’esprit de celui qui le possède et de celui à qui on l’offre.
- Tu veux dire qu’on peut utiliser la Force pour…
- Je n’ai jamais essayé mais c’est peut-être possible. Cette pierre peut se séparer en deux. Tu pourras en garder une pour toi et tu accorderas l’autre moitié pour la personne qui aura conquis ton cœur.
Après une brève hésitation, elle prit la précieuse pierre entre ses doigts, ressentant la chaleur qui s’en dégageait.
- Nous sommes les Jedi de Corellia. Servir la Force est aussi important que de servir la famille, ne l’oublies pas. Puisse ce Cœur de Feu te rappeler ces obligations lorsque tu en éprouveras le besoin.
Sans lâcher le talisman, elle se serra de nouveau contre lui.
- C’est très beau, merci p’pa.
- De rien, ma chérie. Allons rejoindre tes frères et ta mère.
- Chouette, je pourrais leur dire que leurs cadeaux par rapport au mien, c’est que de la bouse de Vlerd.
Ils gagnèrent ensemble le salon là où les trois frères de Valena, s’amusaient à comparer leurs cadeaux respectifs avec force cris et taquinerie. Ils exhibaient pêle-mêle, des figurines de monstres, de vaisseaux spatiaux ou des hologrammes des plus célèbres personnages de l’histoire de la République ayant marqué les mémoires.
Valena leur montra alors son Cœur de Feu, les faisant plonger dans un silence assourdissant. Son cadet Deneth se plaignit alors :
- Hé, pourquoi j’ai pas eu le même ?
- Je le méritais plus que toi, répliqua la jeune fille.
Un autre de ses frères, Lelas, tendit subitement la main pour le lui prendre. Mais il ne gagna qu’à se faire balayer les chevilles d’un coup de pied glissant au sol, qui le fit chuter rudement sur le marbre.
- Pas assez rapide, Lelas, ricana Docun.
Le garçon corellien se releva et lança un regard furibond vers sa sœur qui l’avait ridiculisé.
- Peuh… tu n’as eu qu’un caillou, de toute façon.
- Oui, mais moins moche que toi.
Il lui tira la langue, ce qui lui vaut d’être réprimandé par sa mère.
- Lelas, en voilà des manières !
Mingrid le convoqua sous le regard de la Jedi sélonienne, à côté de qui Alan venait de se ranger. Il entendit son épouse faire la leçon à son fils avant de revenir vers lui, les yeux emplis de détermination.
- Maintenant, nous devons parler.
Il comprit qu’il n’y couperait pas.
- D’accord, allons-y. Tal’etha, Pégase, nous vous laissons nos trésors.
- Soyez tranquilles, Alan. Je veillerais à ce qu’ils ne se tapent pas trop dessus, répondit la sélonnienne.
- Madame Mingrid, en prévision de l’arrivée de nos invités ce soir, permettez-moi de prendre les dispositions pour le dîner, proposa le droïde.
- Fais donc, Pégase.
Mingrid emmena par le coude, son mari, à l’extérieur où le soleil commençait à décliner, allongeant l’ombre des plantes et des arbres. Les deux parents arpentèrent l’allée de gravier à pied, profitant pour humer les parfums épicés que leur apportait le vent léger.
Attendant d’être à bonne distance du château où s’épanouissaient leurs enfants, Alan rompit la glace le premier.
- Comment se passe ton travail à la Corporation Technique Corellienne ?
- Nous avons reçu de nombreuses commandes des plus grandes corporations commerciales, pour renouveler leur flotte de cargos et en réarmer certains face aux attaques de pirates le long des grandes voies hyperspatiales. La concurrence est rude, lui confia-t-elle.
- Les kuati vont vous donner du fil à retordre.
- Si seulement il n’y avait qu’eux.
Ils se hasardèrent hors du sentier, pour se mettre à l’abri du soleil, sous le feuillage généreux d’un grand saule.
- Nous recevons donc des invités ce soir, de qui s’agit-il ? Demanda-t-il.
- C’est censé rester une surprise, pour l’instant. Mais tu seras intéressé, lui affirma-t-elle avec un sous-entendu malicieux.
Alan se plaça face à elle et ses doigts s’enroulèrent autour des siens, comme le jour où il l’avait demandé en mariage, dix ans auparavant.
- Maître Tal’etha m’a assurée que Valena faisait d’énormes progrès, fit-elle.
- Elle deviendra une grande Jedi, appuya le corellien non sans fierté.
- Comme toi.
Malgré lui, les paroles assassines de l’esprit Sith de Korriban qu’il avait affronté, lui revinrent aussitôt. Les Tissan ont servi l’obscurité et ils continueront de servir.
- Elle sera meilleure que moi.
Du moins il l’espérait. Certains de ses ancêtres avaient succombé du Côté Obscur et avaient rallié les Sith. Il agirait pour préserver sa fille de cette malédiction familiale qui ternissait la réputation des siens depuis des générations.
Et si pour cela, il devait voyager au cœur des ténèbres pour sauver l’avenir de ceux qu’il aimait, il paierait volontiers ce prix. Oui, il se sentait prêt.
- Alan ?
Malgré lui, sa main avait tremblé.
- Tu vas bien ? s’inquiéta sa femme. Tu sembles inquiet.
Il lui témoigna son affection en lui caressant la joue.
- Je m’inquiète pour ceux qui comptent pour moi, Mingrid. Je ne laisserai personne vous faire du mal.
- C’est justement de ça dont je voudrais parler. Que cherchais-tu sur Korriban, au juste ?
Il soupira car ils abordaient la partie la moins agréable de leur conversation.
- Des réponses, se borna-t-il à répondre.
Il sentait dans la Force que Mingrid n’en était pas satisfaite.
- Alan, tu dois t’arrêter. Peu importe pourquoi tu le fais.
- Mingrid, je t’aime comme j’aime mes enfants. La Force m’a envoyé des Visions et je ne peux pas les ignorer comme si elles n’existaient pas.
- Maître Halcyon m’a expliqué que les Visions de Force n’étaient pas des prémonitions qui se réalisaient. Tu es un Jedi et tu as une famille, cesse d’être obsédé par les Sith !
Elle le prenait par les épaules, pour appuyer ses propos. Alan soutint son regard implorant pendant quelques instants avant de détourner les yeux, mal à l’aise.
- Tu comptes beaucoup pour moi et je ne supporterai pas que tu nous délaisses pour des chimères.
Il secoua la tête, se rangeant à ses arguments. Et pour le prouver, il l’embrassa passionnément sur les lèvres.
- Vous serez toujours présents dans mon cœur, toi et les enfants.
Elle lui sourit en lâchant un rire nerveux.
- Alors rentrons préparer le dîner. Il commence à faire frais ici.
Voilà, j'espère que cela vous a plu !
Allez, à samedi prochain

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