Bonsoir comment allez-vous
?
Allez, c'est l'heure de la suite et de retrouver notre petite Zeviya
!
Chapitre 6 Coruscant, monde capital de la RépubliqueLorsque le Verpine Fougueux avait émergé de l’hyperespace, Zeviya avait manqué de défaillir à l’instant où ses perceptions sensorielles avaient été submergées par le fourmillement des milliards d’étincelles qui grouillaient sur Coruscant. Les feux de la Cité Galactique étaient visibles à des années lumière et à travers le poste de pilotage du vaisseau de la contrebandière, la petite zeltronne ne se privait guère de les admirer.
Belva Sang ne cessait de lui couler des regards attendris, amusée par l’insouciance dont faisait preuve l’enfant. La devaronnienne se glissa ensuite dans les principaux couloirs aériens de la capitale de la République. Les flèches des tours de duracier hautes de plusieurs kilomètres perçaient les couches nuageuses, symbole de l’opulence et de la puissance d’une République sûre de ses principes sur lesquels elle avait été fondée, des millénaires auparavant.
Belva poussa les manettes loin d’elle, faisant plonger le vaisseau à pic. Zeviya ne protesta pas contre la rudesse de la manœuvre, la contrebande étant déclarée illégale sur la plupart des mondes civilisés.
La zeltronne comprit rapidement que Coruscant ne représentait pas seulement la lumière. Au fur et à mesure de leur descente, les ombres prirent le dessus. Après avoir franchi plusieurs niveaux, la lumière du jour disparaissait totalement au profit d’une nuit permanente et glauque. Mais cela n’intimidait pas Zeviya.
Si elle voulait accomplir son destin, elle devait en saisir toutes les nuances. Alors, elle projeta davantage sa conscience autour d’elle, son esprit touchant les moindres effluves et ruisseaux obscurs d’un monde où les lois de la République et des nantis n’avaient plus cours. Après tout, elle y avait baigné lors de ses escales forcées à Nar Shaddaa, pendant sa vie d’esclave. Elle sentit que sa compagne Belva ne partageait pas cet enthousiasme.
La Force lui indiquait que si la devaronnienne était soulagée de s’y réfugier, elle répugnait à s’y perdre pour autant. Elle se servait des ténèbres des Bas Fonds pour y mener ses affaires et gagner sa vie. Mais elle n’était pas prête à renoncer à la lumière.
Zeviya l’appréciait mais la méprisait aussi pour cela. À son jeune âge, elle avait compris que les flambeaux des étoiles étaient une illusion à laquelle beaucoup se raccrochaient pour ne pas voir la réalité en face.
Les ténèbres étaient la vérité, car elles révélaient ce que les gens étaient vraiment. Des animaux vils, obéissant à leurs plus bas instincts.
Belva surprit l’avidité dans les yeux mauves de la gamine.
- Les Bas Fonds ne sont pas un paradis. Mais au moins, nous ne serons pas inquiétées par les autorités, confia-t-elle.
Zeviya ressentait son appréhension alors qu’elle entamait la phase d’atterrissage sur un quai clandestin géré par un gang local. Le Verpine Fougueux se posa puis Belva déverrouilla l’écoutille. Elle se leva de son siège en intimant à Déglingué de rester à bord, tout comme la zeltronne qui lui emboîta le pas. Au bas de la rampe d’accès qui s’était déployée, les attendaient trois individus peu recommandables. Une weequay avait pris la tête deux humains, à la figure parsemés de boutons purulents. Quelque soit l’allégeance des percepteurs d’impôts locaux, l’hygiène était quelque peu sommaire, à l’image des conditions de vie de ceux qui survivaient plus qu’ils ne vivaient, loin des flambeaux et du prestige de la haute classe.
La weequay tendit la paume ouverte vers le haut et Belva, rompue par l’habitude, lui versa une poignée de crédits. Pour sa protection et un peu de tranquillité éphémère dans un lieu qui avalait les existences comme une glouton.
- Dans deux heures, tu dégages, lui fit l’un des hommes qui l’accompagnait.
La devaronnienne serra les dents.
- Deux heures suffiront.
Les malfrats quittèrent le quai, au grand soulagement de la contrebandière dont la zeltronne avait perçu l’angoisse. Zeviya l’appréciait suffisamment pour ressentir de la colère devant l’agressivité verbale que sa protectrice temporaire avait essuyé des percepteurs locaux.
- Ils mériteraient qu’on leur écrabouille cette face de rat womp qui leur sert de visage, marmonna-t-elle.
Elle rendit le sourire à Belva, qui lui caressa les cheveux coiffés en tresses légères.
- Tu as raison, frangine. On pourrait même les barbouiller avec nos excréments.
Elles laissèrent le Verpine Fougueux pour gagner quelques rues plus loin, un des turboascenseurs qui les menaient aux niveaux supérieurs. Sur le chemin, Belva garda constamment la main sur son holster, prête à dégainer son blaster en cas d’ennuis. Zeviya faisait de même avec son arme, s’immergeant dans la Force pour anticiper les mouvements des résidents qu’ils croisaient. Heureusement, personne ne leur accorda la moindre attention.
Belva avait superposé sur son pantalon, sa chemise et sa veste de pilote, un poncho tout comme Zeviya.
Elles entrèrent dans le turboascenseur, remontant d’une vingtaine de niveaux. Lorsqu’elles en émergèrent, elles empruntèrent ensuite une avenue souterraine mais qui leur paraissait bien plus fréquentable que les Bas Fonds, malgré que la lumière des niveaux supérieurs leur soit encore interdite.
Des agents de sécurité patrouillaient, Zeviya remarqua que les badauds insouciants se baladaient sans armes. La petite zeltronne tira Belva par la manche pour le lui montrer sans un dire un mot. La contrebandière le comprit et retira le blaster de sa ceinture pour l’enfouir sous sa veste. Zeviya l’imita peu après.
Les enseignes étaient bien plus lumineuses et n’indiquaient pas des lieux de divertissement douteux avec des créatures exotiques. Tout était bien plus propre et mieux entretenu que les Bas Fonds, sans cette odeur rance et acide qui donnait des hauts de cœur.
Remontant l’avenue, Belva repéra un chauffeur d’aérotaxi, un gran aux trois yeux pédonculés qui était désœuvré.
- Par ici, fit-elle.
Elle aborda le chauffeur qui était assis sur le capot de son véhicule décapotable et lui demanda s’il pouvait les emmener aux niveaux supérieurs.
- Me faudrait une destination plus précise, madame.
La contrebandière se tourna vers la gamine.
- Je le saurai en cours de route, lui assura la zeltronne.
- Commencez par nous emmener, on vous guidera, conclut Belva.
Le gran haussa finalement les épaules.
- Tant que vous avez les moyens de payer la course, fit-il.
Il les invita à monter à bord avant de démarrer. Installées sur la banquette arrière, les courants d’air fouettèrent leur figure tandis qu’ils prenaient de la vitesse. Ils s’enfoncèrent dans un corridor qui les amena dans l’un des canyons de duracier de la Cité Galactique.
Zeviya était émerveillée et cligna des yeux lorsque la lumière du soleil la frappa. Elle sentit la chaleur sur sa peau qui la réchauffait alors que leur taxi prenait de l’altitude et s’intégrait dans un couloir de circulation.
Les niveaux supérieurs lui dévoilèrent des multitudes de nuances, des reflets vivants d’un ballet sur-agité d’engins de toutes sortes, de toutes tailles. Elle prit conscience du sentiment de supériorité qui pouvait s’emparer de n’importe qui, lorsqu’on dominait ce spectacle depuis le sommet des grandes tours qui hérissaient la Cité Galactique.
Zeviya s’immergea dans les courants de la Force, se fiant à son intuition pour repérer la signature de la Sith au milieu des mille milliards d’habitants que comptait la planète oecuménopole. Elle donnait ses instructions au fur et à mesure, au chauffeur gran. Ce dernier s’aperçut peu après qu’elle l’orientait vers le 500 Republica, qui abritait les prestigieuses places diplomatiques et le siège de plusieurs grandes corporations.
- Hé, vous êtes sûres de votre destination finale ?
Belva prit conscience que leurs vêtements bien que corrects et anonymes, ne correspondaient pas en effet à l’idée que l’on se faisait de la haute société.
- Zeviya ?
- Faites-moi confiance, martela la zeltronne impavide.
Le gran se concentra sur la conduite et le taxi quitta le couloir aérien pour freiner sur une plate-forme en lévitation qui menait à l’entrée d’un immeuble, parmi les plus hauts de la capitale.
- C’est l’ambassade de Muunilinst, qui abrite aussi le siège du Clan Bancaire Intergalactique, expliqua leur chauffeur.
Le gran semblait peu à l’aise en ces lieux.
- Si j’étais vous, je me méfierais des muuns. Question avarice, ils sont bien plus usuriers que ces foutus Hutt.
- Zeviya, tu es sûr que l’ami de tes parents habite ici ? Insista la dévaronnienne.
La zeltronne projeta ses perceptions et ressentit tout à coup un vide, comme un rocher qui casserait net le flux d’un torrent tumultueux.
- C’est bien là.
Sans hésiter, la zeltronne sauta au bas du véhicule, suivie par Belva. Celle-ci la prit dans ses bras, prise par l’émotion d’une séparation inexorable. Bien que leur amitié soit récente, la devaronnienne s’était attachée à elle.
Zeviya sentit sa tristesse et elle usa encore de ses phéromones pour apaiser sa peine, après avoir surpris les larmes qui embuaient ses yeux.
- Tu vas me manquer, petite. J’aurais aimé te garder avec moi, t’adopter, avoua-t-elle.
Zeviya fut surprise par ces derniers mots et elle ne sut d’abord que répondre.
- Je ne suis pas faite pour cette vie-là, Belva, fit-elle.
La contrebandière en convenait à son tour.
- C’est vrai, tu mérites mieux. Désolée d’être égoïste.
- C’est rien.
Au cours du trajet qui les avait amenées au cœur de la République, Zeviya et la contrebandière avaient nourri une complicité, comme si elles avaient été sœurs. Pendant ce temps, la zeltronne était déchirée par ce conflit entre deux possibilités.
Rester avec Belva ou monter encore plus haut, auprès de cette Sith. Avec la devaronnienne, elle aurait connu le bonheur d’une vie précaire et aventureuse, flirtant avec nombre de dangers dans un milieu qui ne tolérait pas la faiblesse.
La Sith ne lui offrirait aucune affection contrairement à Belva mais pouvait lui permettre d’exploiter pleinement le potentiel qui sommeillait en elle.
Son choix fut arrêté quand il devint certain que le bonheur était une illusion et que seul importait le pouvoir de changer son destin en un idéal bien plus grand, plus étendu. Sans autres limites que ses propres faiblesses.
Elle devait se séparer de Belva même si cela lui faisait mal. Même si elle ne l’oublierait pas vraiment, au fonds d’elle-même.
- Il faut que je te donne ça, fit tout à coup la devaronnienne.
Elle lui offrit un pendentif et un comlink qu’elle lui glissa ensuite dans sa paume.
- Le comlink contient ma fréquence personnelle, si jamais tu as besoin de me contacter pour de l’aide… ou pour manger un morceau. Ce médaillon appartenait à ma petite sœur, j’espère qu’il te portera chance.
- Je ne t’oublierai pas, Belva. Merci pour tout.
Elles s’étreignirent une dernière fois avant de s’écarter. Bien que tremblante, la zeltronne se dirigea sur la passerelle après avoir rendu son blaster à la contrebandière. Celle-ci la regarda avant de monter dans le taxi, en essuyant ses larmes.
Jusqu’à ce qu’elle parvint devant les gardes muuns, elle ne se retourna pas. Elle ne pouvait pas revenir en arrière. Elle n’était pas certaine de revoir la contrebandière. Cette conversation était sans doute la dernière.
Les non humains s’avancèrent pour lui barrer le chemin et la fouiller scrupuleusement à l’aide de leurs scanners portatifs, lui demander d’écarter bras et jambes.
- Vous pouvez passer, lui annonça l’un d’eux après la fin du contrôle.
Elle pénétra dans le hall, qui affichait un formalisme pragmatique à l’image de la culture muun dont quelques représentants profitaient de leur pause pour continuer de parler affaires. Ces derniers se détournèrent les uns des autres pour la dévisager avec une curiosité distante. Zeviya soutint leurs regards avant qu’ils ne se désintéressent d’elle.
Elle se dirigea vers le guichet principal, tenu par un droïde secrétaire.
- En quoi puis-je vous aider, très jeune demoiselle ?
- Je dois voir quelqu’un, répondit-elle avec assurance.
- À quel nom ?
Pour la première fois, la zeltronne masqua son incertitude. La Sith ne lui avait pas dit son nom, ce qui l’entravait pour confirmer cette piste.
- Je ne connais pas son nom mais nous avons déjà parlé. Elle m’a encouragé à venir la retrouver pour… me permettre d’étudier. En tout cas, m’en donner les moyens. Si vous pouvez me montrer les holos du personnel, je pourrais vous l’indiquer.
- Je suis navré mais je ne suis pas habilité à vous les montrer.
Zeviya joua la comédie, en prenant un air malheureux.
- S’il vous plaît, je dois absolument la trouver.
- Y a-t-il un problème ? Intervint un jeune muun.
Elle se tourna vers l’employé de l’ambassade qui la toisait de sa hauteur longiligne et effilée.
- Je dois parler à l’une de vos congénères mais j’ai oublié son nom.
À son insu, elle secréta des phéromones pour influer son attitude envers elle. Elle entendit le muun tousser, signe que cela commençait à agir.
- N’avez-vous pas de documents ou de datapads officiels qui permettraient d’identifier la personne que vous recherchez ?
- Je… non, je les ai oubliés. Je suis désolée, monsieur.
Elle le sentait sous son emprise chimique.
- Très bien, céda-t-il à son soulagement. DZ-7, montre les holos de tout le personnel.
- Oui, monsieur.
Les images tridimensionnelles apparurent au-dessus du comptoir, devant la figure de la gamine qui les examinait au fur et à mesure qu’elles défilaient. Elle laissa son instinct la guider, pointant finalement son index triomphant vers la muun dont elle reconnut sans peine les traits froids et calculateurs.
- Là, c’est elle que je dois rencontrer.
L’employé se pencha, intrigué.
- Il s’agit de la sous-directrice Setcha Damask. En êtes-vous sûre, jeune fille ?
- Tout à fait.
Le muun saisit alors son comlink.
- Qui dois-je lui annoncer ?
Zeviya laissa un fin sourire étirer ses lèvres.
Voilà, j'espère que cela vous a plu !
Allez, à l'année prochaine pour la suite
!