Page 1 sur 1

L'abandon

MessagePosté: Lun 27 Mai 2019 - 13:28
par isuldof
Voici une courte nouvelle, faite pour un concours de nouvelles sur l'Univers Étendu Légendes, mettant en scène les derniers moments de K'Sheek, l'épouse de Sharad Hett et mère d'A'Sharad Hett. Je l'ai amélioré depuis le concours, en fonction des conseils reçu par la communauté SWU:

L'abandon

Perforant la voûte céleste, un vaisseau rejoignit les astres avec vacarme, ses moteurs brisant le calme de la nuit. Rêvant une fois de plus aux luxurieux mondes à découvrir par delà les étoiles, la jeune K'Sheek sortit une fois de plus de sa couche, pour admirer les constellations qui illuminèrent le ciel. Soudain, un élan de courage envahit cette récente mère de famille, la poussant à rejoindre la civilisation pour s'échapper de cette prison de sables, avant le levé des deux soleils de Tatooine. Regardant une dernière fois son fils et son époux, des larmes commencèrent à sortir de ses yeux, mais finirent par être absorbées par les bandes de tissus recouvrant son visage. La culpabilité de la Tusken à s'enfuir du foyer où logeaient les siens, s'évapora au fur et à mesure qu'elle s'approchait de l'enclos à Bantha. Non qu'elle ne portait aucun amour envers ses proches, bien au contraire, mais il était temps pour cette fille du désert, de mettre fin à cette vie de violence et de regret. Le garde qui veillait à la sécurité des montures, ne dit rien en la voyant s'approcher, se contentant d'observer l'épouse de son chef de guerre, monter sur le mastodonte nommé Yuuk. Tel était le privilège de cette grande guerrière, qui arborait un statut des plus confortables dans les rudes plaines du Jundland.

Ger'Honk était encore jeune, mais sa valeur fut prouvée comme le voulait la coutume, lors de son affrontement contre un Dragon Krayt quelques jours auparavant. Après avoir laissé K'Sheek partir avec le Bantha, de nombreuses questions vinrent lui torturer l'esprit. Qu'aurait-il pu faire d'autre ? Lui interdire d'accéder à l'enclos ? L’empêcher de partir avant de savoir où elle allait ? Il était courant que les femmes Tuskens partaient de temps en temps à la recherche d'eau, avant que l'accablante chaleur de la planète ne soit à son apogée. Mais pourquoi la femme du chef irait faire une telle tâche toute seule, sans qu'il ne soit averti? De toute façon, il était hors de question de s'opposer à cette dernière, de peur de causer la colère du puissant et charismatique sorcier qui servait de guide à sa tribu. Sharad Hett était-il au courant du départ de sa compagne ? Ger'Honk finit par se dire intérieurement, que sa réaction fut la plus sage. Malgré cela, il ne pouvait apaiser sa nervosité en pensant aux conséquences de son inaction. Il espéra le retour de K'Sheek saine et sauve au plus vite, tout en appréhendant que le courroux de Sharad Hett ne s'abatte sur lui. Après tout, il était trop jeune pour mourir et n'avait que peu de sang séché sur son gaderffii, l'arme traditionnelle des Pilleurs Tuskens.

Longeant le Ravin de Xelric pour rejoindre l'astroport de Mos Espa, K'Sheek se mit à enlever petit à petit les bandages qu'elle portait sur son corps, ainsi que la ferraille disséminée un peu partout autour du crâne. Pour les pillards du désert, il était interdit de montrer sa peau, au risque d'être jugé et puni par les divinités solaires. Les enfants n'échappaient pas non plus à cette règle, tel son fils A'Sharad, qui fut recouvert de la tête aux pieds après sa sortie du ventre maternelle. K'Sheek ne put apercevoir le visage du nouveau né qu'un bref instant, mais il resta gravé dans sa mémoire depuis ce temps. L'occultation des éléments qui faisait d'elle une femme et une humaine, ne la dérangeait pas tant que ça, du moins tout au début. Plus jeune, elle fut souillée en tant qu'esclave par des yeux et des mains d'une profonde cruauté, avant de se faire délivrer par les Tuskens, suite à un raid contre ses anciens maîtres. Les bandes de tissu lui permirent de se purger de toute les saletés endurées, sa nouvelle vie dans le désert lui faisant acquérir une confiance en elle inexistante lors de sa vie de servitude. Mais il était temps de faire le deuil de tout ses choses et d'aller de l'avant, espérant une vie plus prospère dans un proche futur. Bien évidement qu'elle regretterait de ne pas voir grandir son enfant et de ne plus côtoyer sa sœur de cœur A'yark, avec qui elle avait appris à se battre avant d'être mariée à Sharad Hett. Mais pour K'Sheek, le jeu en valait la chandelle. Tandis que les soleils se mirent à éclairer un par un l'horizon, qui selon la légende, furent des frères qui se pourchassaient continuellement pour s’entre-tuer, la guerrière commença à sentir une violente sensation l'envahir. Au même moment, elle vit au nord le ciel se couvrir, ainsi que d'étranges volutes de sable s'élever dans les airs. Pourtant, ce n'était pas encore la saison des tempêtes de sables. Rien n'indiquait ces dernières heures qu'un phénomène semblable pouvait se produire.

Les cries du petit réveillèrent son père, du lourd sommeil causé par la fatigue du raid de la veille. Le Tusken sentit via la Force, la détresse de cet enfant prodigue, qui sut montrer depuis sa naissance, des talents évidents dans cette puissance cosmique. Chose qui inquiétait son épouse, car elle n'acceptait pas qu'A'Sharad soit formé à utiliser ce genre de pouvoir dans les temps à venir. K'Sheek aimait passer du temps avec sa progéniture, mais en avait peur dès que cette dernière utilisait ses pouvoirs.

-Calme toi fils, dit Sharad en se penchant au dessus de l'amas de peaux de bêtes, qui servait de couffin à sa progéniture.

Un voile d’obscurité s'abattit d'un coup dans la tente familiale. L'ancien Jedi, reconvertit en pilleur des sables, sentit l'émanation du côté obscur autour de lui. Tant de rage et de souffrance pouvaient-elles sortir d'un si petit être ? Sharad sortit de sa demeure et comprit alors ce qu'il se passait. Il vit la panique du garde venu l'avertir du départ de son épouse, en direction de cette tempête surnaturelle. L'alerte fut donnée pour que son peuple puisse se mettre à l'abri au plus vite, tandis qu'il tentait d'apaiser son fils en utilisant la Force. Le nourrisson ne se calma pas pour autant. Peut-être que comme son père, ce-dernier ressentait-il le danger et la fatalité dont serait victime sa mère ?

Surprise par la vitesse à laquelle les vents se déplaçaient, pétrifiée par les émotions contradictoires d'amour et de haine qui martelaient ses pensés, K'Sheek finit par accepter son destin sur ce monde désertique. Elle se laissa emporter par ce maelstrom de rage et de sable venu la punir de sa fuite. Avant le choc contre ce rocher qu'elle ne put éviter, elle eut une terrible vision quand à l'avenir de son fils, le voyant baigner dans le sang et les ténèbres. Lors de son agonie, pendant qu'elle fut ensevelie peu à peu dans les abysses, cette mère se sentit coupable pour son enfant et émit ses dernières paroles :

- Je comprends ta vengeance A'Sharad...puisse-tu un jour me pardonner...



Isuldof