Hello ! Un peu de retard pour cette fois (et peut-être certaines autres vu les semaines intenses qui s'annoncent au boulot), mais voici le chapitre 21. Je vous souhaite une bonne lecture !
Chapitre 21 : Lorin Pelton
8BBY
Coruscant, Système de CoruscantDes défilés, des discours, des festivités à n’en plus pouvoir et tout cela en l’honneur de l’Empire Galactique et de sa grandeur. Tant de dépenses inutiles que le lieutenant Lorin Pelton de la marine impériale ne pouvait que regretter. Depuis son poste, il pouvait entendre les encouragements de la foule, la marche régulière des stormtroopers et le sifflement des moteurs ioniques des chasseurs stellaires, mais il ne pouvait les voir. Seules les troupes combattantes avaient l’honneur de s’exhiber devant le public en liesse. Il n’avait pas servi durant la Guerre des Clones, car il n’était qu’un enfant à cette époque et il le regrettait amèrement.
Depuis que le vieux est arrivé au pouvoir, tout n’est que parades et démonstrations de force.Positionné à l’accueil d’une des stations de communications la plus rapprochée du Palais Impérial, il passait régulièrement ses journées à maugréer et à rêver d’une vie plus palpitante. Lorsqu’il s’était engagé au sein de la glorieuse armée impériale, il avait envisagé une vie d’aventures et de privilèges. Il s’était vu secourir des mondes lointains de la vermine qui s’opposait à l’ordre établi ou pourchasser les traîtres à l’Empire dans d’excitantes escarmouches aux quatre coins de la galaxie. Il avait été fortement déçu lorsqu’il avait constaté la triste vérité : Les forces impériales ne souffraient d’aucun rival de taille. Certes, il y avait quelques petits conflits ici et là. Des planètes ne comprenant par leur chance de faire partie d’un système aussi parfaitement fonctionnel se révoltaient de temps à autres, mais étaient rapidement matées. Ces insignifiants affrontements ne valaient pas la peine de dépêcher plus d’une fraction de la flotte dans la galaxie pour l’instant. Ainsi, Lorin Pelton, qui avait sacrifié plusieurs années de sa vie à l’école d’officier, s’était retrouvé coincé au Centre Impérial à gérer une petite équipe d’hommes et de femmes sans ambition dans une station de communication banale à quelques pas du Palais de leur vieillard d’Empereur. Il aurait pu laisser la tâche ingrate de rester à l’accueil à un subordonné, mais les visiteurs étaient tellement rares que cela lui laissait au moins l’occasion d’éviter les autres loques qui lui obéissaient.
En plus, l’uniforme d’un officier de communication n’a pas l’effet escompté sur les femmes. Quand je pense, à cet enfoiré de Somos et son uniforme noir de stormtrooper… Il n’y a aucune justice.Kayn Somos était un sadique, mais un sadique efficace. Toujours parmi les soldats les plus actifs, il ne lui avait pas été difficile d’être affecté en tant que lieutenant d’une compagnie de stormtroopers. Pelton, quant à lui, était maigre comme un clou et pas particulièrement musclé et il avait fortement regretté cet état de fait lorsque cela l’avait mené aux transmissions sur la capitale. Cependant, être positionné ici avait ses avantages. On entendait toutes sortes de discussions lorsqu’on était placé en permanence à côté d’un holocom. Il y avait les habituels échanges inintéressants, d’un soldat qui transmettait des nouvelles larmoyantes à sa famille ou d’un officier supérieur qui effectuait une commande de nourriture immonde pour ses bleus. Pourtant, il arrivait quelques fois qu’une information d’importance filtra, lui donnant quelques ficelles supplémentaires à tirer. Il avait fini par en accumuler quelques-unes qu’il n’attendait que de pouvoir utiliser. Récemment, celles-ci s’étaient même révélée de plus en plus fascinantes. Partout dans la galaxie, on signalait des actes terroristes à l’encontre de l’Empire. Ils avaient tout d’abord été mis sur les comptes des divers cartels et organisations criminelles fourmillants tels une peste jusque dans la Bordure Extérieure.
Vermine grouillante et puante.Il haïssait ces ordures qui avaient fait le choix de ne vivre que pour eux-mêmes et pour l’argent. Ils n’avaient d’autre cause que la leur et refusaient de se conformer à un système qui ne pourrait qu’amener à plus de stabilité. Ils étaient des cafards voulant s’attaquer à un fruit gorgé de sucre et il rêvait de les écraser. Toutefois, ils ne semblaient plus être les seuls, car d’autres groupes avaient émergé. Pelton avait beau mépriser les membres de ces organisations de meurtriers et de mercenaires, il leur accordait le mérite d’avoir été capables de s’entretuer par eux-mêmes. En revanche, les nouveaux rapports multipliant des attaques directes contre l’Empire l’inquiétaient beaucoup plus. Les assauts, toujours menées par des gangs ou de petites escouades, étaient anodines au début, puis elles avaient gagné en intensité. Il n’en avait pas encore discuté avec sa hiérarchie. Il connaissait son supérieur, un bureaucrate installé bien trop confortablement à son bureau, il se serait moqué de lui et l’aurait renvoyé avec une nouvelle mission encore plus humiliante que la précédente. En conséquence, il attendait, rassemblait des preuves et montait un rapport étoffé. Il tenait quelque chose, il en était persuadé. Ces assauts étaient trop bien coordonnés et trop identiques pour n’être que de simples assauts de divers cartels. Il avait même découvert un certain pattern dans le cryptage de certaines communications, trop brèves pour être décodées. Quelqu’un, un individu ou un groupe, était derrière tout cela et il pourrait bientôt le prouver.
Et ce jour-là, j’en aurai fini de toutes ces foutaises, de cette attente inutile.Il entendait toujours les cris de la foule, le pas régulier des premiers cortèges qui avaient débuté il y a peu. Bientôt, il les rejoindrait. Il en était sûr et, ce jour-là, il réaliserait ses désirs. Il servirait son Empire avec autre chose qu’un holocom et un datapad. Il verrait d’autres planètes que le Centre Impérial. Néanmoins, il grimaça. Ses yeux venaient de le rappeler à la réalité et son travail ingrat. Au loin, un officier en uniforme noir escorté par trois soldats de choc. Visiblement, l’homme, qui avait une stature relativement fine, était important ou pensait l’être étant donné le nombre de stormtroopers qui l’accompagnaient. Il se demanda alors s’il s’agissait d’une bonne nouvelle pour lui.
Je parie qu’ils sont là pour une inspection surprise… Encore… Quelle vie excitante…Le quator continua son inexorable marche dans sa direction, prêt à animer légèrement sa journée d’inutiles procédures, puis il distingua plus en détails l’officier qui les menait. Enfin, l’officière, car il s’agissait d’une femme. De corpulence assez mince, elle se mouvait avec cette rigueur impériale qui caractérisait la plupart des gradés de l’armée. L’uniforme n’épousait pas particulièrement ses formes aussi ne pouvait-il que se limiter à quelques détails comme sa taille, un peu plus petite que la moyenne ou sa démarche qui trahissait légèrement ses origines. Elle venait très certainement de l’un des mondes du Noyau. Plus elle se rapprochait, plus il pouvait voir la finesse de ses traits, son teint pâle et ses lèvres légèrement rosées. Deux yeux de la couleur des émeraudes brillaient du reflet de la lumière du jour et il devinait des cheveux d’un blond très clair dissimulés sous une casquette noire. Elle faisait partie de ces beautés froides qu’il aimait observer de loin dans la marine, mais qu’il ne pouvait atteindre et il se surprit à faire légèrement descendre son regard, jusqu’au col de son uniforme, puis ses galons et une décharge d’adrénaline le frappa comme un impact de blaster en plein sternum.
— Major ! signala-t-il en se mettant au garde-à-vous.
Sous le coup de la surprise, il avait salué bien trop tôt et espérait qu’elle n’interpréterait pas sa réaction de manière trop pointue.
Espèce d’imbécile !La gradée arriva enfin à sa hauteur et les trois stormtroopers qui la suivaient s’arrêtèrent d’un coup dans un claquement de bottes moins synchronisé que ceux auxquels on les entrainait régulièrement à l’Académie, mais il n’oserait pas leur faire la remarque. Il déglutit très péniblement, continuant de prier pour qu’il n’ait pas été pris en train de la dévisager.
— Major, répéta-t-il.
La femme officier maintenait une posture extrêmement droite, presque trop. Elle avait beau être plus petite que lui, elle lui donnait l’impression de le regarder de haut. Ses yeux d’un vert sombre le toisèrent de la tête aux pieds. Elle avait cette expression arrogante et hautaine de ces militaires appartenant à une famille noble des mondes centraux. Il n’avait aucun doute là-dessus, car il détestait ce genre de personnage qui pensait que tout leur appartenait de par leur naissance. Il avait beau la trouver séduisante, il ne pouvait s’empêcher de la détester. Elle dont le regard venait de s’arrêter sur son grade.
— Lieutenant, annonça-t-elle d’un ton désintéressé. J’ai été chargé d’inspecter la sécurité de votre centre.
Lorin se retint de lever les yeux au ciel. Il avait vu juste. En un sens, il était particulièrement fier de sa capacité à détecter les inspections surprises. Toutefois, vu le nombre de visiteurs qu’il recevait chaque semaine, cela devenait de moins en moins compliqué de voir juste. Il ne soupira pas lorsqu’il s’apprêta à débiter le même discours qu’il avait l’habitude de faire à chaque fois que l’un de ses supérieurs débarquait à l’improviste.
— J’ai besoin de votre ordre de mission et de votre autorisation, major.
La blonde se raidit. Il l’avait vexée. Il les vexait toujours lorsqu’il leur montrait qu’ils n’avaient pas le pouvoir absolu, mais la situation se résolvait toujours de la même façon.
Il tend une main en direction de l’un de ses larbins et me file ce que j’ai demandé en reniflant avec dédain. C’est toujours la même rengaine.Pourtant, cette fois-ci, elle se contenta de le fixer intensément. Cette réaction n’était pas habituelle et il eut un léger doute, qu’il restreignit immédiatement et se contenta de lui retourner son regard en campant sur ses positions. Ce fut une erreur. Les deux iris vertes semblèrent s’enflammer d’une lueur intense et il ne put s’empêcher d’avoir un mouvement de recul. La femme s’approcha et il réalisa qu’elle avait l’air beaucoup plus jeune que son grade ne le laissait penser. Elle paraissait avoir la vingtaine à peine entamée.
— Un ordre de mission ?
Lorin commença à comprendre qu’il allait découvrir à ses dépens ce qui expliquait le statut élevé de cette jeune femme. L’intonation dans la voix de la major était cassante, presque glaçante.
— Une autorisation ? Vous désireriez également que je revienne demain et en prenant rendez-vous ?
L’Impérial se râcla la gorge.
— Madame, c’est la procédure.
— Oh, je vois, siffla-t-elle. J’ai l’impression que vous essayez de m’expliquer mon travail,
lieutenant.
Elle avait particulièrement appuyé le dernier mot en épelant clairement chaque syllabe. Elle se faisait un malin plaisir à lui rappeler son infériorité et il exécrait cela.
— Non, madame, annonça-t-il d’une voix plus faible qu’il n’en avait l’intention. Cependant, vous n’êtes pas sans savoir que c’est la procédure.
Elle le foudroya du regard, mais il tint bon. Il avait des ordres et il les respecterait.
— Vous savez quel jour nous sommes, pourtant, grinça-t-elle. Vous croyez vraiment que j’ai envie de perdre mon temps ?
Il hésita un instant, puis décida qu’il avait sûrement atteint un point de non-retour. Il se redressa, planta ses yeux dans le regard froid de la major et inspira.
— Raison de plus, madame. La sécurité se doit d’être impeccable afin de préserver l’Empire de toute menace extérieure.
Elle ne le lâcha pas et il tenta de se persuader qu’il ne venait pas de se mettre un officier supérieur à dos. Néanmoins, il faisait son devoir. Il en était convaincu, du moins l’espérait-il. C’est alors qu’un faible sourire se dessina sur le visage de la femme en uniforme noir. Un peu déstabilisé, il ne put retenir un léger froncement de sourcils.
— Félicitations, lieutenant, déclara l’autre. C’est de soldats droits et compétents comme vous dont notre Empire a besoin.
C’était un test ? Et je l’ai passé ?La major fit signe à l’un de ses hommes et un petit droïde ID8 se détacha du dos de l’un de ses hommes en armure blanche. Il se connecta au terminal et un fichier s’ouvrit. Il le parcourut et s’attarda un court instant sur l’ordre mission qu’il venait de lui transmettre.
— Je pense que je pourrai même transmettre votre rigueur à votre supérieur, ajouta l’Impériale aux cheveux blonds. Un officier comme vous ne devrait pas rester dans un simple poste de communications.
Malgré lui, il sourit. Elle avait raison. Il méritait mieux et un mot de la part d’un major stormtrooper quant à son sang-froid lors du Jour de l’Empire ne pourrait qu’apparaître favorablement dans son dossier. Il ferma le fichier et dévoila son expression la plus accueillante à sa supérieure.
— Tout est en règle, major. Je peux vous assurer que votre visite se passera de la meilleure manière qui soit et que vous trouverez notre station plus que performante.
Il ouvrit une fréquence de communication auprès de l’un de ses subordonnés. Une frêle voix lui répondit et il donna ses propres instructions :
— Caporal Brelin, je vous charge de présenter notre poste à l’équipe d’inspection. Vous répondrez à toute demande de la part de leur officier supérieur, évidemment.
Le sous-officier acquiesça et Lorin mit fin à la communication. Il déverrouilla l’accès à la station, avant de faire signe à l’escouade. La major et ses stormtroopers le saluèrent et passèrent la porte afin d’effectuer leur mission, puis celle-ci se referma dans un claquement sourd. Au loin, les bruits de la parade des forces impériales avaient redoublé. Pendant que d’autres ne pensaient qu’à célébrer, Lorin Pelton effectuait son devoir auprès de son Empire. Il était responsable d’une station de communications au cœur de la plus grande puissance que cette galaxie connaissait. Pourtant, il s’appuya sur son bureau en soupirant. Il n’y avait pas d’ennemi de l’Empire ici et cette journée allait, une fois encore, se résumer à attendre la fin d’un contrôle inopinément régulier et espérer que la responsable vante bel et bien ses louanges au haut commandement. Il réactiva son poste de contrôle et ouvrit un fichier sur lequel il travaillait depuis des mois. Il était temps de travailler sur ces communications qu’il surveillait depuis quelques temps. Une nouvelle communication, dont le cryptage caractéristique ressemblait fortement à celui qu’il suivait de près, venait de s’ajouter. Plus intéressant encore, elle provenait du système de Toydaria.
Ainsi, cette racaille agirait maintenant même au cœur de l’Empire.