Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 3
Posté: Mar 10 Fév 2015 - 22:59
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Vers chapitre 10 : Explications (début 1/2)
Vers chapitre 11 : Mission sur Corellia (début 1/2)
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Vers chapitre 10 : Explications (début 1/2)
CHAPITRE 10 - Explications (fin - 2/2)
— Là, nous devons faire preuve d’imagination, Valin. Ma théorie est la suivante : Remus détenait l’artéfact de longévité. On peut supposer qu’il s’est servi de la force d’attraction du trou noir comme d’une fronde pour passer en hyperespace ce qui l’a catapulté on ne sait où… peut-être très loin de la galaxie. Dès lors, je vois deux possibilités. La première c’est qu’effectivement le Ragnarok a été projeté infiniment loin et a mis trois siècles à revenir. L’artéfact aurait alors rendu les hommes quasi immortels en stoppant leur vieillissement et leur métabolisme… La seconde, le passage si près du trou noir et l’hyperespace conjugués au pouvoir de l’artéfact a enveloppé l’équipage d’une forme de stase temporelle qui leur a permis de se projeter dans le temps, ou d’attendre trois siècles que l’artéfact reprenne vie… au moment où votre artéfact en se réveillant a lancé l’émission que nous savons…
— Cette onde puissante que le Defiance a émise ?
— Oui… sans doute une sorte de signal de l’artéfact pour retrouver les autres… un « cri » qui aurait alors réactivé l’artéfact de Remus et sorti l’équipage de sa stase… mais là, on ne peut qu’élaborer toutes sortes de conjectures. Ce qui est certain, c’est que le signal émis par votre artéfact a mis Remus sur votre piste.
— Qu’est-il advenu du Terreur Noire après sa fuite ? demanda Isil qui entrevoyait déjà la réponse.
— Il fut capturé peu de temps après par la République, réarmé et renommé… Defiance.
Quelques murmures de surprise prouvèrent à la jeune femme que tous les auditeurs de Darillian n’avaient pas entraperçu la solution de l’énigme.
— Ainsi le Defiance est l’ancien vaisseau de Remus, murmura Narcassan pensif.
— Oui, et si on s’en réfère au personnage, il essaiera de vous détruire même si vous n’avez plus l’artéfact à bord, annonça Darillian presque sentencieusement.
— Voilà qui est fâcheux.
— À moins que nous ne parvenions à le détruire avant.
Narcassan observa un instant son hôte en essayant de déchiffrer l’énigmatique expression de son visage.
— Vous suggérez une alliance de circonstance ?
— Exactement. Nous œuvrons ensemble pour retrouver les deux derniers artéfacts et nous allons sur Mahon pour les détruire. Nous attirons ainsi Remus et nous l’éliminons à son tour.
— Vous pensez venir à bout de ce prototype invisible avec le Fulgurant et le Defiance ?
Darillian grimaça d’un air embarrassé.
— Pas vraiment… mais il se trouve que depuis que le Ragnarok est réapparu, j’ai rassemblé une flotte qui me suit de loin, à quelques minutes d’hyperespace… au cas où…
— Au cas où le Ragnarok vous aurait attaqué ? Vous n’aviez aucun artéfact, pourquoi s’en serait-il pris à vous ?
Dark Dalius eut de nouveau un geste vague.
— À présent j’en ai un et je compte bien trouver les autres… Mais ne craignez rien, je ne cherche pas à m’en emparer pour moi… seule leur destruction est au programme.
— Jaster, faut-il que je doive vous croire sur parole ?
Les deux hommes se jaugèrent un long moment les yeux dans les yeux.
— Vous me cachez encore quelque chose, lâcha Narcassan.
Darillian parut encore plus embarrassé. Isil enchaîna :
— Comment Remus a-t-il su que le Defiance était le Terreur Noire… il y a trois siècle que ce changement est intervenu ! Et comment a-t-il pu nous trouver si vite après la destruction de vos croiseurs impériaux ?
Keraviss Sayyham continua :
— Vous semblez tout connaître de ce qui se passe à bord du Defiance… nous avons trouvé à bord un espion travaillant sans doute pour vous, peut-être y’en a-t-il d’autres ?
— Pourquoi notre bâtiment vous intéresse-t-il autant, Jaster ? renchérit Narcassan. L’objet de cet… intérêt est-il présent autour de cette table ?
Darillian cacha mal son agacement sur ce feu roulant de questions.
— Vous connaissez l’intérêt des renseignements… et le commandant Sayyham doit parfaitement me comprendre. Le but est d’avoir toujours un coup d’avance sur l’adversaire. L’intérêt de l’Empire est de surveiller la flotte de la République.
— Allons, Jaster, ne me dites pas que vous avez placé des espions sur tous les bâtiments républicains… pourquoi le Defiance en particulier ? Est-ce que cela a un rapport avec la présence de la Jedi Valdarra à bord ?
Darillian commençait à perdre patience.
— Mais enfin, pourquoi voulez-vous que je m’intéresse particulièrement à elle ?
Isil souffla longuement et assez bruyamment pour attirer l’attention.
— C’est une affaire de famille… laissa-t-elle tomber d’un ton monocorde. Il prétend qu’il est mon père biologique.
Un silence de stupeur frappa le groupe. Diverses expressions purent se lire sur les visages. Maître Torve fronça les sourcils, visiblement préoccupé par la révélation et ses implications ; l’amiral ne put cacher son étonnement comme la plupart des autres personnes ; le commandant Sayyham afficha un sourire énigmatique tandis qu’Argail lançait un regard meurtrier à son hôte. Darillian se retourna vers la jeune femme :
— Je ne crois pas qu’il était nécessaire d’en arriver là, Isil…
Puis se retournant vers Narcassan :
— Écoutez, Valin, j’ai plusieurs choses à dire. Entre Isil et moi, c’est une affaire privée. Laissons-la de côté. J’admets avoir gardé l’œil sur elle… surtout depuis que Dal-Karven a failli s’en débarrasser dans mon dos. Mais ceci a été réglé. Isil n’a plus rien à craindre de moi ni du Fulgurant et je veux sincèrement son bien. Nous en reparlerons à l’occasion si vous le souhaitez mais pour l’instant, concentrons-nous sur Remus. Je dois vous avouer que j’ai mis le Ragnarok sur les traces du Defiance… il fallait que je vous force la main en vous montrant à qui vous aviez à faire. Je serais intervenu avec ma flotte s’il l’avait fallu… vous avez plongé vers cette nébuleuse au moment où je comptais intervenir. J’ai vite compris que le Defiance s’en tirerait sans trop de dommages et que nous pourrions alors aller de l’avant ensemble.
Un nouveau silence lourd de sous-entendus régna de nouveau autour de la table. Narcassan reprit d’une voix blanche :
— Des hommes sont morts dans l’affrontement, Jaster !
— C’est la guerre, Valin, on ne gagne pas une guerre sans dommage collatéraux. Et croyez-moi, il y en aura d’autres sous peu. Vous êtes un militaire, vous le savez !
La voix de Darillian s’était raffermie. Il montait à présent à l’assaut.
— C’était nécessaire ! Nous ne serions pas autour de cette table à avoir cette discussion si Remus ne s’en était pas pris au Defiance… et croyez-moi, tôt ou tard, il vous aurait trouvé. Et il aurait trouvé l’artéfact même sur Tython ! Avez-vous pensé aux effets qu’un bombardement orbital du Ragnarok aurait pu avoir sur le Temple Jedi, tout cela pour récupérer un artéfact ? Croyez-moi, mieux vaut choisir notre terrain avant de l’affronter et avoir un plan solide pour cela. Nous devons avoir tous les atouts en main !
L’amiral échangea un regard avec Maître Torve.
— Je vous accorde le bénéfice du doute, Jaster. Mais nous en reparlerons un jour prochain.
— Si vous voulez, Valin. Et croyez-le ou non, je suis sincèrement désolé de vous avoir mis dans cette situation… mais je savais que vous seriez à la hauteur de votre réputation. Et puis avec Isil à bord, jamais je n’aurais laissé Remus détruire le Defiance !
— Je ne sais pas si je dois en être rassurée, grommela Isil qui pour la première fois depuis le début de l’échange avait perdu de l’assurance dans le ton.
Darillian lui prit la main. Elle la retira vivement.
— Oublions cela, voulez-vous ? fit-elle sèchement cependant que Shalo Torve levait un sourcil en la regardant.
La jeune femme croisa le regard du Maître Jedi et baissa les paupières.
— Voilà ce que je vous propose, reprit Jaster Darillian. Il faut aller sur Corellia à la recherche de l’artéfact du Vindicator. Ceci veut dire qu’il faut retrouver l’emplacement où ce dernier a coulé.
— Pourquoi ne pas y aller vous-même ? grinça Isil.
— Corellia est au bord d’un gouffre… politiquement et militairement. Le Traité de Coruscant est mort et la guerre reprend un peu partout. Un vaisseau du genre du Fulgurant en orbite autour de Corellia serait du plus mauvais effet et politiquement je ne peux me le permettre. Par ailleurs, des impériaux ont peu de chance d’apprendre quoi que ce soit sur le sujet. Il faut qu’une ou deux personnes y aille pour rencontrer le professeur Indus Janhahonus. Il passe son temps entre le département d’histoire et d’archéologie de l’université et la bibliothèque de Coronet City où il consulte des ouvrages pour l’écriture de son prochain livre. C’est un grand spécialiste de l’histoire ancienne corellienne et notamment de la période qui nous préoccupe. Il sera sans doute d’un grand secours pour aider à localiser l’épave du Vindicator. Je pense que tu dois y aller. Avec ta maîtrise de la Force, tu pourras surmonter les épreuves qui t’attendent.
— Je vais avec elle, lança Lillaia d’un air décidé après un discret mais impérieux coup d’œil de Dark Dalius.
— Je les accompagne, renchérit Argail d’un ton qui ne supportait pas la contradiction.
Darillian se tourna vers Valin Narcassan.
— Je pense que trois personnes seront suffisantes pour mener à bien cette mission.
L’amiral se tourna vers Maître Torve puis vers le colonel Vellaryn qui approuvèrent l’un et l’autre d’un hochement de tête.
— C’est entendu, conclut l’amiral. Le reste de l’équipe revient sur le Defiance.
Darillian écarta ses bras.
— Évidemment, Valin, ils ne sont pas prisonniers ici !
Isil avait été priée de rejoindre le Defiance à bord de la navette de l’amiral, elle-même suivie par celle initialement affrétée pour Tython et qui ramenait les autres membres de la CPM. Elle tenait sur ses genoux le coffret spécial construit par Darillian pour enfermer le cas échéant l’artéfact de la passion. Un compartiment central pour l’accueillir doublé d’une matière censée stopper tout rayonnement et de chaque côté, un espace renfermant des pierres de lumière irradiant de la Force vive destinée à amoindrir sinon annuler les émanations obscures de l’artéfact rakata. Une serrure d’un haut degré de complexité capable de se brouiller automatiquement complétait le tout. Certes, comme l’avait fait remarquer Darillian, Isil était capable avec sa puissance dans la Force de passer outre le système de fermeture mais il comptait sur elle pour parvenir à résister au côté obscur diffusé par l’objet.
Lorsque l’amiral le lui demanda, Isil donna sans se faire prier mais sobrement, des explications sur les éventuels liens qui pouvaient exister entre elle et l’ancien Conseiller à la Sécurité, ajoutant que pour sa part, elle n’avait jamais cherché confirmation de ses assertions.
Ils l’écoutèrent gravement, en silence, la laissant parler jusqu’au bout sans l’interrompre. La jeune femme raconta son histoire familiale telle que sa mémoire l’avait retrouvée au fil des mois après la mort de Beno Mahr, le Maître Jedi qui l’avait formée. Ce fut Maître Torve qui fit la première réflexion.
— Mais enfin, Isil, pourquoi n’en as-tu rien dit au Conseil ? Pourquoi ne pas l’avoir dit à Maître Satele lorsqu’elle t’a interrogée sur Tython ?
La jeune femme leva un regard dur vers Shalo Torve et répondit d’un ton ferme que l’amiral nota mentalement :
— Je n’en ai pas vu la pertinence… après tout, Darillian avait pu fort bien inventer cette histoire pour simplement me déstabiliser lors de notre affrontement. Et même actuellement, nous n’avons aucune preuve de ce qu’il avance.
— Et tu n’as pas envie de le savoir ?
— Pourquoi ? Qu’est-ce ce cela changerait ? Mon père est et restera à tout jamais Jann Valdarra, tué par celui qui se fait appeler Dark Dalius…
Sa tête se baissa et sa voix ajouta amèrement :
— Et qui a également tué ma mère.
Maître Torve se racla la gorge.
— Ce sont là tout de même des choses lourdes à porter, même pour un Jedi. Te confier à un Maître aurait pu t’aider.
De nouveau elle leva ses yeux teintés d’acier vers le Jedi.
— J’ai passé l’âge qu’on me tienne la main, répondit-elle sans animosité mais d’une voix assurée. Je ne suis plus une enfant, ni même une Padawan.
Les officiers se regardèrent muettement. Shalo Torve parut un rien embarrassé.
— En effet, tu as raison, Isil. Tu es un chevalier Jedi à présent, apte à prendre ses décisions.
— Et je n’ai pas besoin du Conseil pour mener ma vie privée à bien.
À son tour le regard du Maître Jedi se durcit.
— Tant que tu te conformes aux préceptes de l’Ordre, tu as raison, Isil. Mais mon devoir de Maître est de te rappeler que tu peux compter sur le Conseil si tu sentais le besoin d’être épaulée. Il ne faudrait pas que la passion t’envahisse.
Isil hocha la tête.
— C’est noté, Maître Torve, et j’en suis consciente. Ne vous inquiétez pas pour moi.
Un silence lourd suivit l’échange jusqu’à ce que le colonel Vellaryn rompe le charme.
— Tout de même, il ne me plaît guère que ce Sith mène la danse et pense pouvoir se servir de la CPM comme il l’entend.
— Pareil pour moi, renchérit Keraviss Sayyham en écho.
L’amiral eut un geste d’apaisement.
— Nous ne ferons rien que nous n’aurons décidé par nous-mêmes. Il faudra avoir notre nouvel allié à l’œil lorsque nous entrerons en possession des artéfacts.
— Ne devrions-nous pas mettre l’État-major au courant et demander l’aide de la flotte ? proposa Vellaryn.
Narcassan secoua la tête.
— Non, cette histoire d’artéfacts rakata ne doit pas s’ébruiter… et plus il y aura du monde mêlé à cette histoire, plus le Ragnarok risque de faire des dégâts et des victimes. Tant qu’il nous cherche et cherche les artéfacts, il se concentre sur une cible restreinte. À nous de l’assumer.
— J’espère que Dark Dalius est vraiment prêt à nous aider en cas de confrontation avec Remus, soupira la Loordienne. Aussi bien commandé que soit le Defiance, il est moins lourdement armé que ce prototype d’Interdictor géant.
— Le moment venu, il faudra peut-être le battre de l’intérieur, murmura Isil.
— À quoi penses-tu ? interrogea l’amiral intrigué.
— À rien de particulier pour l’instant, amiral. Une citadelle n’est imprenable que de l’extérieur. Mais il est trop tôt pour y penser. Il faut nous concentrer sur la recherche de ces artéfacts. Je vais aller sur Corellia avec mon vaisseau pour tenter de découvrir l’épave du Vindicator et vous ramener l’artéfact rakata s’il est encore à l’intérieur depuis toutes ces années.
— Il vous faudra redoubler de volonté et de prudence, intervint Maître Torve. Il ne s’agit pas de renouveler l’expérience de la navette pour Tython.
— Hum, l’artéfact de la passion… murmura Isil. Il n’y a pas de passion, il y a la sérénité…
— Que la Force vous accompagne, renchérit Torve.
(à suivre... )
— Cette onde puissante que le Defiance a émise ?
— Oui… sans doute une sorte de signal de l’artéfact pour retrouver les autres… un « cri » qui aurait alors réactivé l’artéfact de Remus et sorti l’équipage de sa stase… mais là, on ne peut qu’élaborer toutes sortes de conjectures. Ce qui est certain, c’est que le signal émis par votre artéfact a mis Remus sur votre piste.
— Qu’est-il advenu du Terreur Noire après sa fuite ? demanda Isil qui entrevoyait déjà la réponse.
— Il fut capturé peu de temps après par la République, réarmé et renommé… Defiance.
Quelques murmures de surprise prouvèrent à la jeune femme que tous les auditeurs de Darillian n’avaient pas entraperçu la solution de l’énigme.
— Ainsi le Defiance est l’ancien vaisseau de Remus, murmura Narcassan pensif.
— Oui, et si on s’en réfère au personnage, il essaiera de vous détruire même si vous n’avez plus l’artéfact à bord, annonça Darillian presque sentencieusement.
— Voilà qui est fâcheux.
— À moins que nous ne parvenions à le détruire avant.
Narcassan observa un instant son hôte en essayant de déchiffrer l’énigmatique expression de son visage.
— Vous suggérez une alliance de circonstance ?
— Exactement. Nous œuvrons ensemble pour retrouver les deux derniers artéfacts et nous allons sur Mahon pour les détruire. Nous attirons ainsi Remus et nous l’éliminons à son tour.
— Vous pensez venir à bout de ce prototype invisible avec le Fulgurant et le Defiance ?
Darillian grimaça d’un air embarrassé.
— Pas vraiment… mais il se trouve que depuis que le Ragnarok est réapparu, j’ai rassemblé une flotte qui me suit de loin, à quelques minutes d’hyperespace… au cas où…
— Au cas où le Ragnarok vous aurait attaqué ? Vous n’aviez aucun artéfact, pourquoi s’en serait-il pris à vous ?
Dark Dalius eut de nouveau un geste vague.
— À présent j’en ai un et je compte bien trouver les autres… Mais ne craignez rien, je ne cherche pas à m’en emparer pour moi… seule leur destruction est au programme.
— Jaster, faut-il que je doive vous croire sur parole ?
Les deux hommes se jaugèrent un long moment les yeux dans les yeux.
— Vous me cachez encore quelque chose, lâcha Narcassan.
Darillian parut encore plus embarrassé. Isil enchaîna :
— Comment Remus a-t-il su que le Defiance était le Terreur Noire… il y a trois siècle que ce changement est intervenu ! Et comment a-t-il pu nous trouver si vite après la destruction de vos croiseurs impériaux ?
Keraviss Sayyham continua :
— Vous semblez tout connaître de ce qui se passe à bord du Defiance… nous avons trouvé à bord un espion travaillant sans doute pour vous, peut-être y’en a-t-il d’autres ?
— Pourquoi notre bâtiment vous intéresse-t-il autant, Jaster ? renchérit Narcassan. L’objet de cet… intérêt est-il présent autour de cette table ?
Darillian cacha mal son agacement sur ce feu roulant de questions.
— Vous connaissez l’intérêt des renseignements… et le commandant Sayyham doit parfaitement me comprendre. Le but est d’avoir toujours un coup d’avance sur l’adversaire. L’intérêt de l’Empire est de surveiller la flotte de la République.
— Allons, Jaster, ne me dites pas que vous avez placé des espions sur tous les bâtiments républicains… pourquoi le Defiance en particulier ? Est-ce que cela a un rapport avec la présence de la Jedi Valdarra à bord ?
Darillian commençait à perdre patience.
— Mais enfin, pourquoi voulez-vous que je m’intéresse particulièrement à elle ?
Isil souffla longuement et assez bruyamment pour attirer l’attention.
— C’est une affaire de famille… laissa-t-elle tomber d’un ton monocorde. Il prétend qu’il est mon père biologique.
Un silence de stupeur frappa le groupe. Diverses expressions purent se lire sur les visages. Maître Torve fronça les sourcils, visiblement préoccupé par la révélation et ses implications ; l’amiral ne put cacher son étonnement comme la plupart des autres personnes ; le commandant Sayyham afficha un sourire énigmatique tandis qu’Argail lançait un regard meurtrier à son hôte. Darillian se retourna vers la jeune femme :
— Je ne crois pas qu’il était nécessaire d’en arriver là, Isil…
Puis se retournant vers Narcassan :
— Écoutez, Valin, j’ai plusieurs choses à dire. Entre Isil et moi, c’est une affaire privée. Laissons-la de côté. J’admets avoir gardé l’œil sur elle… surtout depuis que Dal-Karven a failli s’en débarrasser dans mon dos. Mais ceci a été réglé. Isil n’a plus rien à craindre de moi ni du Fulgurant et je veux sincèrement son bien. Nous en reparlerons à l’occasion si vous le souhaitez mais pour l’instant, concentrons-nous sur Remus. Je dois vous avouer que j’ai mis le Ragnarok sur les traces du Defiance… il fallait que je vous force la main en vous montrant à qui vous aviez à faire. Je serais intervenu avec ma flotte s’il l’avait fallu… vous avez plongé vers cette nébuleuse au moment où je comptais intervenir. J’ai vite compris que le Defiance s’en tirerait sans trop de dommages et que nous pourrions alors aller de l’avant ensemble.
Un nouveau silence lourd de sous-entendus régna de nouveau autour de la table. Narcassan reprit d’une voix blanche :
— Des hommes sont morts dans l’affrontement, Jaster !
— C’est la guerre, Valin, on ne gagne pas une guerre sans dommage collatéraux. Et croyez-moi, il y en aura d’autres sous peu. Vous êtes un militaire, vous le savez !
La voix de Darillian s’était raffermie. Il montait à présent à l’assaut.
— C’était nécessaire ! Nous ne serions pas autour de cette table à avoir cette discussion si Remus ne s’en était pas pris au Defiance… et croyez-moi, tôt ou tard, il vous aurait trouvé. Et il aurait trouvé l’artéfact même sur Tython ! Avez-vous pensé aux effets qu’un bombardement orbital du Ragnarok aurait pu avoir sur le Temple Jedi, tout cela pour récupérer un artéfact ? Croyez-moi, mieux vaut choisir notre terrain avant de l’affronter et avoir un plan solide pour cela. Nous devons avoir tous les atouts en main !
L’amiral échangea un regard avec Maître Torve.
— Je vous accorde le bénéfice du doute, Jaster. Mais nous en reparlerons un jour prochain.
— Si vous voulez, Valin. Et croyez-le ou non, je suis sincèrement désolé de vous avoir mis dans cette situation… mais je savais que vous seriez à la hauteur de votre réputation. Et puis avec Isil à bord, jamais je n’aurais laissé Remus détruire le Defiance !
— Je ne sais pas si je dois en être rassurée, grommela Isil qui pour la première fois depuis le début de l’échange avait perdu de l’assurance dans le ton.
Darillian lui prit la main. Elle la retira vivement.
— Oublions cela, voulez-vous ? fit-elle sèchement cependant que Shalo Torve levait un sourcil en la regardant.
La jeune femme croisa le regard du Maître Jedi et baissa les paupières.
— Voilà ce que je vous propose, reprit Jaster Darillian. Il faut aller sur Corellia à la recherche de l’artéfact du Vindicator. Ceci veut dire qu’il faut retrouver l’emplacement où ce dernier a coulé.
— Pourquoi ne pas y aller vous-même ? grinça Isil.
— Corellia est au bord d’un gouffre… politiquement et militairement. Le Traité de Coruscant est mort et la guerre reprend un peu partout. Un vaisseau du genre du Fulgurant en orbite autour de Corellia serait du plus mauvais effet et politiquement je ne peux me le permettre. Par ailleurs, des impériaux ont peu de chance d’apprendre quoi que ce soit sur le sujet. Il faut qu’une ou deux personnes y aille pour rencontrer le professeur Indus Janhahonus. Il passe son temps entre le département d’histoire et d’archéologie de l’université et la bibliothèque de Coronet City où il consulte des ouvrages pour l’écriture de son prochain livre. C’est un grand spécialiste de l’histoire ancienne corellienne et notamment de la période qui nous préoccupe. Il sera sans doute d’un grand secours pour aider à localiser l’épave du Vindicator. Je pense que tu dois y aller. Avec ta maîtrise de la Force, tu pourras surmonter les épreuves qui t’attendent.
— Je vais avec elle, lança Lillaia d’un air décidé après un discret mais impérieux coup d’œil de Dark Dalius.
— Je les accompagne, renchérit Argail d’un ton qui ne supportait pas la contradiction.
Darillian se tourna vers Valin Narcassan.
— Je pense que trois personnes seront suffisantes pour mener à bien cette mission.
L’amiral se tourna vers Maître Torve puis vers le colonel Vellaryn qui approuvèrent l’un et l’autre d’un hochement de tête.
— C’est entendu, conclut l’amiral. Le reste de l’équipe revient sur le Defiance.
Darillian écarta ses bras.
— Évidemment, Valin, ils ne sont pas prisonniers ici !
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Isil avait été priée de rejoindre le Defiance à bord de la navette de l’amiral, elle-même suivie par celle initialement affrétée pour Tython et qui ramenait les autres membres de la CPM. Elle tenait sur ses genoux le coffret spécial construit par Darillian pour enfermer le cas échéant l’artéfact de la passion. Un compartiment central pour l’accueillir doublé d’une matière censée stopper tout rayonnement et de chaque côté, un espace renfermant des pierres de lumière irradiant de la Force vive destinée à amoindrir sinon annuler les émanations obscures de l’artéfact rakata. Une serrure d’un haut degré de complexité capable de se brouiller automatiquement complétait le tout. Certes, comme l’avait fait remarquer Darillian, Isil était capable avec sa puissance dans la Force de passer outre le système de fermeture mais il comptait sur elle pour parvenir à résister au côté obscur diffusé par l’objet.
Lorsque l’amiral le lui demanda, Isil donna sans se faire prier mais sobrement, des explications sur les éventuels liens qui pouvaient exister entre elle et l’ancien Conseiller à la Sécurité, ajoutant que pour sa part, elle n’avait jamais cherché confirmation de ses assertions.
Ils l’écoutèrent gravement, en silence, la laissant parler jusqu’au bout sans l’interrompre. La jeune femme raconta son histoire familiale telle que sa mémoire l’avait retrouvée au fil des mois après la mort de Beno Mahr, le Maître Jedi qui l’avait formée. Ce fut Maître Torve qui fit la première réflexion.
— Mais enfin, Isil, pourquoi n’en as-tu rien dit au Conseil ? Pourquoi ne pas l’avoir dit à Maître Satele lorsqu’elle t’a interrogée sur Tython ?
La jeune femme leva un regard dur vers Shalo Torve et répondit d’un ton ferme que l’amiral nota mentalement :
— Je n’en ai pas vu la pertinence… après tout, Darillian avait pu fort bien inventer cette histoire pour simplement me déstabiliser lors de notre affrontement. Et même actuellement, nous n’avons aucune preuve de ce qu’il avance.
— Et tu n’as pas envie de le savoir ?
— Pourquoi ? Qu’est-ce ce cela changerait ? Mon père est et restera à tout jamais Jann Valdarra, tué par celui qui se fait appeler Dark Dalius…
Sa tête se baissa et sa voix ajouta amèrement :
— Et qui a également tué ma mère.
Maître Torve se racla la gorge.
— Ce sont là tout de même des choses lourdes à porter, même pour un Jedi. Te confier à un Maître aurait pu t’aider.
De nouveau elle leva ses yeux teintés d’acier vers le Jedi.
— J’ai passé l’âge qu’on me tienne la main, répondit-elle sans animosité mais d’une voix assurée. Je ne suis plus une enfant, ni même une Padawan.
Les officiers se regardèrent muettement. Shalo Torve parut un rien embarrassé.
— En effet, tu as raison, Isil. Tu es un chevalier Jedi à présent, apte à prendre ses décisions.
— Et je n’ai pas besoin du Conseil pour mener ma vie privée à bien.
À son tour le regard du Maître Jedi se durcit.
— Tant que tu te conformes aux préceptes de l’Ordre, tu as raison, Isil. Mais mon devoir de Maître est de te rappeler que tu peux compter sur le Conseil si tu sentais le besoin d’être épaulée. Il ne faudrait pas que la passion t’envahisse.
Isil hocha la tête.
— C’est noté, Maître Torve, et j’en suis consciente. Ne vous inquiétez pas pour moi.
Un silence lourd suivit l’échange jusqu’à ce que le colonel Vellaryn rompe le charme.
— Tout de même, il ne me plaît guère que ce Sith mène la danse et pense pouvoir se servir de la CPM comme il l’entend.
— Pareil pour moi, renchérit Keraviss Sayyham en écho.
L’amiral eut un geste d’apaisement.
— Nous ne ferons rien que nous n’aurons décidé par nous-mêmes. Il faudra avoir notre nouvel allié à l’œil lorsque nous entrerons en possession des artéfacts.
— Ne devrions-nous pas mettre l’État-major au courant et demander l’aide de la flotte ? proposa Vellaryn.
Narcassan secoua la tête.
— Non, cette histoire d’artéfacts rakata ne doit pas s’ébruiter… et plus il y aura du monde mêlé à cette histoire, plus le Ragnarok risque de faire des dégâts et des victimes. Tant qu’il nous cherche et cherche les artéfacts, il se concentre sur une cible restreinte. À nous de l’assumer.
— J’espère que Dark Dalius est vraiment prêt à nous aider en cas de confrontation avec Remus, soupira la Loordienne. Aussi bien commandé que soit le Defiance, il est moins lourdement armé que ce prototype d’Interdictor géant.
— Le moment venu, il faudra peut-être le battre de l’intérieur, murmura Isil.
— À quoi penses-tu ? interrogea l’amiral intrigué.
— À rien de particulier pour l’instant, amiral. Une citadelle n’est imprenable que de l’extérieur. Mais il est trop tôt pour y penser. Il faut nous concentrer sur la recherche de ces artéfacts. Je vais aller sur Corellia avec mon vaisseau pour tenter de découvrir l’épave du Vindicator et vous ramener l’artéfact rakata s’il est encore à l’intérieur depuis toutes ces années.
— Il vous faudra redoubler de volonté et de prudence, intervint Maître Torve. Il ne s’agit pas de renouveler l’expérience de la navette pour Tython.
— Hum, l’artéfact de la passion… murmura Isil. Il n’y a pas de passion, il y a la sérénité…
— Que la Force vous accompagne, renchérit Torve.
(à suivre... )
Vers chapitre 11 : Mission sur Corellia (début 1/2)
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