Sélène réfléchissait à une solution pour se sortir de cette situation. Maintenant que le vaisseau avait décollé, quelques heures auparavant d'après elle, elle savait qu'elle serait prise au piège jusqu'à ce qu'ils aient atteins leur destination. Ignorant ce que pouvait bien être le projet des Sentinels, la jeune femme n'avait aucune idée de leur destination. Pour ce qu'elle en savait, ils pouvaient très bien se diriger vers l'autre bout de la galaxie. À ce compte là, elle resterait bloquée pendant des jours.
D'un autre côté, je ne suis pas attachée. Il a fermé la porte mais je suis sûre que je pourrais la déverrouiller avec une épingle si j'essayais. Sauf que je n'ai pas franchement envie de retomber sur ce type, il n'est pas rassurant avec son énorme canon-blaster.
Sélène soupira et se laissa tomber sur le petit lit qui se trouvait là. Outre ce dernier et une table et une chaise, la pièce était vide et froide. Elle espérait vraiment qu'elle n'aurait pas à passer trop de temps dedans.
« Et tu penses qu'elle va nous dire quelque chose ?
- C'est toi qui nous a dit qu'elle pourrait avoir des infos intéressantes.
- Oui mais bon, j'ai dit ça parce qu'apparement c'est la fille d'un type important et une Sénatrice. Si ça se trouve elle ne sait rien du tout et je vais avoir l'air bête.
- Mais non, elle sait forcément quelque chose. Peut-être pas tout mais bon, toute info est bonne à prendre. »
Matylda était assise en tailleur, dos à Cassiopea qui avait pris la même position. Quelques temps après leur départ précipité de Coruscant, Cassiopea avait voulu se retirer dans ses appartements pour réfléchir à la situ ation et elle avait entrainé Matylda avec elle.
« Et donc, pourquoi on est assises comme ça ?, demanda Matylda qui ne comprenait pas vraiment l'intérêt de l'affaire.
- Première règle de ton enseignement de Jedi. En cas de coup dur, il faut se recentrer sur l'essentiel. Pour ça, méditation.
- Méditation ?
- Oui, c'est l'une des premières choses qu'on nous apprend. Tu te souviens de cette histoire de sentiments interdits ?
- Complètement ridicule.
- Voilà, donc quand on arrive au Temple, on nous enseigne le contrôle des émotions. L'idée c'est qu'elles ne prennent pas le dessus sur tes " vraies " priorités.
- Et pour ça on doit méditer ?
- Oui, ce n'est pas de la méditation classique comme tout le monde peut la pratiquer. C'est une véritable communion avec la Force. C'est pour ça que je voulais qu'on commence par là. Comme tu ignores tout de tes capacités, il faut que tu commences par apprendre à sentir la Force. D'abord autour de toi, puis en toi. Ensuite, quand ta signature sera plus marquée, on pourra passer à la manipulation de la Force.
- Et pour ce qui est de la maîtrise des émotions ?
- Ça, c'est accessoire.
- Ça sert à rien tu veux dire…
- Pas à ce point. Dans une situation extrême, par exemple si tu es vraiment furieuse, la méditation va te permettre de te calmer et de ne pas agir sur le coup de l'émotion ce qui va t'éviter de faire des choses que tu regrettera.
- Ah oui, vu comme ça.
- Enfant, j'étais une élève très assidue au cours de méditation de Maître Yoda. J'étais douée, je pouvais même canaliser les autres avec l'énergie que je dégageais pendant les séances. Mais j'ai grandi, je suis devenue Padawan et mon Maître… comment dire, n'était pas très fan de méditation. Donc, il se peut que j'ai un peu perdu la main et que mes cours ne soient pas les plus complets du monde. Mais, pour les premières leçons je devrais bien m'en sortir.
- On va voir si je suis une bonne élève. Qu'est-ce-que je dois faire ?
- Commence par fermer les yeux et essaies de ne penser à rien.
- D'accord, Matylda se concentra.
- Ne pense vraiment pas, comme si tu voulais t'endormir. Une fois que tu y es, concentres-toi sur ton environnement. D'abord représentes-toi la pièce telle que tu l'as vue avant et ensuite, essaies de percevoir l'énergie qui y circule.
- Et comment je fais ça ?
- Imagine que des fils lumineux traversent la pièce dans tous les sens.
- Ah !, Matylda se redressa et rouvrit les yeux.
- Tu les as vus ?
- Je crois, mais c'est assez flou.
- C'est normal, tu débutes. On recommence, restes bien concentrée et ne dit rien. Parler n'aide pas vraiment dans cette situation. »
De longues minutes silencieuses s'écoulèrent. Tandis que Matylda, bonne élève, se concentrait sur les énergies qui l'entouraient et qu'elle avait encore bien du mal à percevoir, Cassiopea était quant à elle déjà plongée dans sa bulle méditative. Elle commença par évacuer toutes les ondes négatives qu'elle avait accumulées au cours des derniers jours. Ce n'est qu'une fois totalement calme qu'elle pourrait chercher des réponses dans la Force.
La Force n'était pas coopérative. Sérieusement ? Rien du tout? Même pas à petit conseil mystérieux et totalement incompréhensible à la Maître Yoda ? Je vais aller loin moi.
Cassiopea poussa un profond soupir. Depuis le massacre des Jedi quatre ans plus tôt, elle avait de plus en plus de mal à percevoir les vibrations de la Force et à les comprendre. Elle la sentait toujours de la même manière mais elle ne l'entendait plus. Avant, la Force se nourrissait des méditations de tous les Jedi de la galaxie et elle transmettait aussi bien leurs doutes que leurs succès. Tous ceux qui communiquaient avec la Force pouvaient donc trouver des réponses à leurs interrogations grâce à leurs semblables. Mais, maintenant que les Jedi avaient presque tous disparus, la Force restait silencieuse. On y détectait encore parfois des bribes de vie mais, ceux qui comme Cassiopea avaient échappé à la purge, avaient plutôt tendance à masquer leur signature pour se protéger.
Et le côté obscur prend de plus en plus d'ampleur.
Avant, les signatures des Jedi envahissaient la Force et il était presque impossible de discerner de l'obscurité dans cet enchevêtrement de puissances lumineuses. Désormais, quand Cassiopea fermait les yeux, elle pouvait voir les ténèbres. Si elle n'entendait plus les voix de ses semblables, elle discernait très nettement celles des serviteurs de l'obscur et cela l'effrayait. Au départ, ce n'était rien. Juste une goutte d'eau dans l'immensité de la Force. Mais, quatre ans plus tard, la goutte d'eau s'était muée en océan et Cassiopea avait peur qu'un jour, elle finisse par s'y noyer.
La jeune femme esquissa un sourire. Matylda devenait impatiente, peu habituée qu'elle était à garder une concentration aussi élevée durant une aussi longue période. Étant donné qu'elle n'arrivait à rien, elle décida d'abréger les souffrances de son amie et de mettre fin à cette session. Elle y reviendrait plus tard, dans la solitude de sa chambre.
« Alors ?, demanda Cassiopea amusée. Tu t'en sors ?
- À vrai dire, pas tellement. Je ne crois pas que j'arrive à sentir quoi que ce soit, je veux dire, je vois les fils dont tu parles mais je ne ressens rien de particulier.
- Apprendre à ressentir la Force est un long processus, Matylda. Ce n'est pas pour rien qu'on ne devient Padawan qu'à l'adolescence, on passe toute notre enfance à travailler sur nous même jusqu'à ce que ça devienne comme une seconde nature. Tu verras qu'au bout d'un moment tu n'auras même plus besoin de te concentrer pour communier dans la Force. Ça viendra tout seul.
- Mais vous avez des années pour vous préparer. Moi je n'ai pas eu tout ça. Peut-être que je n'y arriverais jamais.
- Bien sûr que si, c'est en toi. Peu importe l'âge auquel tu commences, si tu travailles tu y arriveras. Si tu constates que cette méthode ne fonctionne pas, si tu ne vois aucun progrès au bout de plusieurs séances, alors je changerais de technique.
- Comment ça ?
- On n'est pas tous faits pareil. La méditation a très bien marché sur moi durant mon apprentissage mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Mon meilleur ami par exemple, et bien il était incapable de rester assis plus de deux minutes. Autant dire que la méditation c'était pas trop son truc. Mais il a appris autrement, et toi aussi tu trouveras la méthode qui te convient le mieux.
- Je suppose qu'une séance ne peut pas produire de résultats prodigieux.
- De toute façon il va falloir réitérer l'expérience plusieurs fois pour avoir une idée de l'effet que ça a sur toi. Mais je trouve que c'est déjà pas mal pour une première fois.
- À bon ?
- Mais oui, tu as pris conscience de l'énergie qui t'entoure. Maintenant il va falloir travailler sur cette conscience et tu verras, tu feras vite des progrès.
- D'accord, peut-être qu'il faut aussi un environnement plus calme.
- Évidemment, les plus jeunes pratiquaient dans les jardins du Temple qui sont complètement isolés du reste de la cité. On n'y perçoit aucun bruit, aucune onde en provenance de la ville. Pour moi, c'était l'endroit le plus paisible du monde.
- Ça à l'air génial.
- On a quelque chose de similaire à la base. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai choisi Kidron, cette planète dégage des ondes de calme et de positivité qui aident à maintenir le moral des troupes à flot. On y est très bien pour méditer.
- J'ai hâte de voir à quoi ressemble la base.
- On te fera visiter, Cassiopea se releva. Et je te présenterai aux autres aussi, les nouveaux membres sont toujours accueillis en grande pompe. Valdez est le pro des fêtes d'intégration.
- Valdez ?, les deux jeunes femmes se dirigeaient à nouveau vers le cockpit.
- Wolf Valdez, c'est l'un de mes meilleurs pilotes, Cassiopea lui fit un clin d'oeil. Je dirais bien le meilleur mais Sor le prendrait probablement mal.
- C'est vrai qu'il est plutôt susceptible, Matylda pouffa de rire. Et donc ce Valdez organise des soirées ?
- Oui, il s'est auto-proclamé le roi de la fiesta, ses mots pas les miens. Autant que je te prévienne tout de suite, tu ne couperas pas à la soirée d'intégration. Et il mettra le paquet parce que ça fait un moment qu'on n'a pas accueilli de nouveau membre et qu'il désespère d'en organiser une.
- Pourquoi pas, ça peut être sympa. Ça change des combats contre les troopers.
- C'est pour ça que tout le monde adore Wolf. Déjà parce que c'est un excellent chef d'escadron qui prend soin de ses hommes mais aussi parce qu'il arrive toujours à transmettre des émotions positives aux autres. C'est un type génial, tu vas l'adorer.
- Elle va adorer qui ?, elles avaient atteint le cockpit et Sor se mêla à la conversation.
- Valdez, lui répondit Cassiopea en se perchant à nouveau sur l'accoudoir de son fauteuil.
- Ah Wolf ! J'adore ce mec, c'est le roi de la fiesta ! Et le seul qui puisse rivaliser avec moi derrière les commandes d'un vaisseau. Me regarde pas comme ça Cass, toi tu comptes pas tu voles carrément dans une autre catégorie.
- Comprendre, reprit Cassiopea ravie. Que je suis imbattable et qu'il ne s'en remet pas.
- Dis plutôt que t'es une folle du volant !
- N'importe quoi ! C'est toi qui est trop lent.
- Lent ?! Comment oses-tu… »
Tandis que les deux amis continuaient de se chamailler, Matylda les observait en se demandant qu'elle histoire se cachait derrière cette amitié. Elle ne savait rien sur Sor, ou sur les autres Sentinels qui les accompagnaient. Tout ce que Cassiopea lui avait dit c'était qu'elle les avait rencontrés dans des situations particulières et qu'ils avaient formé les Sentinels ensemble, tous les quatre. La jeune femme aurait bien aimé connaître les détails de ces rencontres et les aventures qui y étaient liées.
Revenant du poste de contrôle, Navo lui posa la main sur l'épaule.
« Nous avons tous des histoires compliquées, c'est ce qui fait les Sentinels.
- Comment ça ?
- Comme Cassiopea, on a tous eu une vie avant de rejoindre le groupe et en devenant des Sentinels, on a décidé d'en changer. D'oublier un passé souvent dur et douloureux pour se concentrer sur un avenir qu'on aimerait meilleur. Cass a su rassembler autour d'elle des gens qui, d'une manière ou d'une autre, lui ressemblent énormément. Même toi d'ailleurs, tu veux aussi changer de vie en devenant une Sentinel.
- Oui mais, je n'ai pas eu d'aventure terrifiante ou quoi que ce soit du genre…
- Ça n'a rien à voir, la nature de ton passé compte peu et d'ailleurs, on n'en parle pas vraiment. Ce qui compte c'est que tu sois prête à le laisser derrière toi pour te tourner vers un autre futur. C'est ce qui fait l'âme des Sentinels.
- J'aimerais bien connaître vos histoires.
- Je te raconterai la mienne si tu veux, ça ne me dérange pas, je suis en paix avec mon passé. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde et tu rencontreras de nombreuses personnes qui ne te parleront jamais de leur ancienne vie.
- Je comprends, Cassiopea ne m'a pas tout dit non plus.
- Personne ne sait vraiment ce qu'il s'est passé pour qu'elle décide de tout abandonner.
- Vous non plus ?, Matylda était vraiment surprise. Je veux dire, vous êtes visiblement très proches et je pensais qu'elle vous en avait parlé.
- Elle n'en parle presque pas et, quand elle le fait, c'est pour raconter le strict minimum. Je pense que c'est pour ça que cette mission la préoccupe autant, parce que c'est en rapport avec son passé.
- Tu penses que des choses vont ressurgir ?
- J'en suis certaine, mais on n'en sait pas encore assez pour savoir quoi. En tout cas, tu en sauras plus sur nous quand on arrivera à la base. On a tous pris l'habitude de nous raconter des anecdotes pendant les soirées de Wolf et je sais que Sor adore parler de son glorieux passé de pirate.
- Pardon, de quoi ?
- Je lui laisse le plaisir de te raconter, lui répondit Navo en riant. On arrivera dans deux jours, d'ci là je te laisse imaginer. »
*****
Pourquoi est-ce-qu'ils rigolent comme ça ? Depuis la pièce qui lui servait de prison, Sélène percevait des bribes de conversation en provenance de l'avant du vaisseau. Peut-être qu'ils célèbrent leur victoire et qu'ils se moquent de moi. Après tout c'est vrai, ma capture était plutôt ridicule. Quelle personne censée va se diriger consciemment dans la direction que des dizaines d'autres sont clairement entrain de fuir ? À part moi, je ne vois pas.
Plus le temps passait, plus la jeune femme perdait espoir. Elle pensait sincèrement que son père ignorerait les avertissements des Sentinels et qu'il les prendrait quand même en chasse pour la secourir. Mais visiblement, il n'avait rien fait de tel, il les aurait déjà rattrapés sinon. Maintenant qu'elle y réfléchissait, Sélène ne savait pas grand chose des Sentinels. Depuis plusieurs mois, des avis de recherche aux noms de certains membres avaient été placardés partout dans Coruscant et c'est à ce moment là qu'elle avait commencé à s'intéresser un peu à cette bande de rebelles. Elle était au courant de leur existence depuis plus longtemps mais elle n'avait jamais daigné leur accorder une attention particulière. Après tout, ils n'étaient rien d'autre qu'une bande de renégats, de parjures traîtres à l'Empire. Ils ne valaient pas la peine que l'on s'intéresse à eux. Pour faire bonne figure au Sénat, les Sénateurs adoraient ramener le sujet des Sentinels sur le tapis à chaque session, elle s'était un peu penchée sur les avis de recherche dont ils disposaient et cela n'avait fait que la conforter dans ses certitudes. Ces gens étaient des ennemis qu'il fallait éliminer à tout prix afin de ramener le calme et la paix dans la galaxie.
J'aurais peut-être du étudier ce dossier finalement. Ça aurait pu m'être utile. La jeune femme commençait à regretter de ne pas s'être penchée avec plus d'attention sur le cas des Sentinels. Elle aurait peut-être une idée de l'endroit où ils l'emmenaient. De toute évidence, son père était bien plus au courant qu'elle. S'il avait pris les demandes de Cassiopea El-Solar au sérieux, c'est qu'il savait qu'elle risquait de mettre ses menaces à exécution. Cette femme doit être terrifiante. Sélène se demandait combien de temps ils lui laisseraient la vie sauve. Elle n'avait aucune confiance en eux et savait très bien qu'ils avaient garanti sa sécurité uniquement pour que son père ne lance pas d'escadron à leur poursuite. Une fois qu'ils seraient hors de danger d'une éventuelle attaque, ils se débarrasseraient d'elle sans l'ombre d'un remord. Elle ne représentait rien d'autre qu'un poids mort pour eux et ils devaient sûrement déjà se demander de quelle façon ils mettraient un terme à son existence. Sélène n'avait aucun espoir, elle était tombée entre les mains des pires terroristes de la galaxie et elle savait comment ses barbares fonctionnaient.
Anéantie, elle en était là de ses sombres réflexions quand elle entendit soudain le bruit du déverrouillage de la serrure. L'instant d'après, la porte s'ouvrait laissant entrer Cassiopea El-Solar.
Ça y est, c'est la fin. Sélène ferma les yeux. Elle entendit le bruit d'une chaise que l'on tire puis plus rien. Elle rouvrit alors lentement les yeux. En face d'elle, la jeune femme avait retourné la chaise et s'était assise à califourchon dessus. Elle la fixait les sourcils froncés, l'air inquiète.
« Je ne prends jamais de prisonnier, dit-elle soudain. Ça va contre tous mes principes et je déteste ça.
- Je…, Sélène ne savait pas vraiment quoi répondre.
- On ne vous fera aucun mal, vous savez. Je n'ai pas pour habitude de m'en prendre aux innocents et, aux dernières nouvelles, vous n'êtes coupable de rien.
- Alors, qu'est-ce-que vous allez faire de moi ?
- On vous garde avec nous, le temps de résoudre quelques problèmes liés à notre dernière mission et on vous rendra à votre père.
- C'est tout ?, Sélène ne pouvait y croire.
- Bien sûr, je suis désolée que ça soit tombé sur vous. Comme dit, je ne prends pas d'otage mais là je n'avais pas le choix.
- Vous auriez pu vous rendre, lui répondit sèchement Sélène.
- Je l'aurais fait, dit Cassiopea avec aplomb. Si j'avais été seule je l'aurais fait sans hésitation. Mais tout le problème est là, je n'étais pas seule. Et je ne mettrai jamais la vie de mes amis en danger. Je ne sais pas ce que vous vous imaginez, mais ils nous auraient tués. Pas devant tous les Sénateurs sur les marches du perron, mais quelques kilomètres plus loin dans un coin tranquille.
- C'est faux. Vous seriez allés en prison pour y attendre votre procès. Vous auriez été traités selon les règles de la justice pénale impériale et votre jugement aurait été des plus équitable.
- Bien sûr, Cassiopea sourit tristement. L'Empire est bon et juste. »
Cassiopea se leva et se dirigea vers la porte sous le regard interrogatif de Sélène. Mais qu'est-ce-qu'elle veut dire par là ? Évidemment qu'il l'est ! La peine de mort est une sanction barbare appliquée par les anciens républicains, nous sommes bien plus justes qu'ils ne l'étaient.
Cassiopea s'arrêta sur le pas de la porte.
« Je suppose que cette toge ne doit pas être très confortable. Si vous voulez vous changer et vous rafraîchir un peu, la salle de douche est au bout du couloir. Vous y trouverez des vêtements de rechange. Et si vous avez faim, le garde-manger se trouve juste à côté. Nous serons tous dans le cockpit si vous deviez avoir un problème.
- Vous… vous me laissez circuler dans le vaisseau ?, Sélène ne comprenait plus rien.
- Ce n'est pas comme si vous pouviez vous enfuir. Et je vous l'ai dit, je ne prends pas d'otage alors il n'y a aucune raison pour que je vous traite comme si vous en étiez une. »
Sur ces mots, elle quitta définitivement la pièce, laissant la porte grande ouverte derrière elle. Sélène resta un moment sans bouger à fixer la porte, sans vraiment comprendre ce qu'il venait de se passer. Finalement, elle décida de se lever. On lui donnait la possibilité d'explorer un peu le vaisseau, elle n'allait pas sans priver. De plus, si par un quelconque miracle Cassiopea El-Solar lui avait dit la vérité, elle finirait par retourner sur Coruscant et elle y récupérerait ses fonctions. Elle pouvait toujours essayer de trouver quelque chose à bord qui aurait de la valeur pour les enquêteurs. Aider à faire arrêter et juger ces criminels serait pour elle extrêmement gratifiant.
Le couloir était désert. Plusieurs portes, toutes fermées par des codes, se trouvaient de part et d'autre et tout au bout elle trouva la salle de douche et le garde-manger. C'est vrai que cette toge est lourde et je commence à avoir chaud. Il y avait des casiers à l'entrée de la salle de douche et elle y trouva des vêtements féminins visiblement à sa taille. Je n'ai aucune envie de porter les vêtements de cette femme, mais je ne peux pas rester comme ça. Finalement, elle se décida à enfiler une tenue plus confortable. Elle fit un rapide tour dans le garde-manger pour grignoter, puis elle reprit ses explorations.
Le vaisseau était grand, vraiment très grand. Leur départ de Coruscant avait été tellement précipité et ils l'avaient fait monter tellement vite qu'elle n'avait pas eu le temps de voir le genre d'appareil dans lequel elle embarquait. Après avoir tourné plusieurs fois, elle du se rendre à l'évidence. Elle s'était perdue. Elle se décida à revenir sur ses pas quand elle entendit une voix, elle se dirigea dans cette direction. Rapidement, elle se retrouva à l'avant du vaisseau, à quelques pas du cockpit où il semblait régner une étrange agitation. Curieuse, elle s'approcha.
« Cassiopea, Navo pianotait à toute vitesse sur ses claviers. On capte un signal.
- Quel genre ?, elle se pencha derrière Navo.
- Aucune idée, je n'ai jamais rien vu de pareil. Ça ne vient pas d'un vaisseau, j'en suis sûre.
- Ivan, demanda Cassiopea. Lances un scan des environs, il y a peut-être quelque chose dans le coin.
- Oh non.
- Quoi ?
- Un Destroyer et pas un petit. Il est tout près d'ici mais, il n'a pas l'air d'être en mouvement attends. Oui, c'est bien ce que je pensais. On approche d'un système et il est clairement stationné au-dessus. Il est en stand-by mais ils ne le restent jamais bien longtemps.
- L'Empire prépare une attaque ?, s'interrogea Sor. S'ils envoient un seul Destroyer ce n'est sûrement pas une opération officielle. Normalement, ils envoient toute une armada.
- Mais il est énorme !, s'exclama Matylda en observant les radars. Qu'est-ce-qu'un truc aussi gros fait là ?
- Quel système Ivan ?, demanda Cassiopea.
- Cirius. Je lance une recherche, il se passe peut-être quelque chose ici.
- Je connais ce système, dit Sor. On y était passés avec l'équipage à l'époque. C'est Caamas la planète mère, membre de la Guilde du commerce et…
- Et grand soutien de la République, termina Cassiopea. Je sais, j'y suis allée aussi pendant la Guerre des Clones. Tu tires quelque chose de ce signal, Navo ?
- C'est une fréquence cryptée. Très astucieux, celui qui la mise au point est vraiment doué. Je pense qu'elle a été inventée pour passer inaperçue sur certains scanners.
- Des scanners impériaux par exemple ?
- Si tu me dis que le Destroyer est en stand-by au-dessus d'un ex-soutien de la République alors oui, c'est tout à fait possible.
- Oh mon… Cassiopea, intervint Ivan. J'ai lancé une recherche sur Caamas dans les bases de données impériales, la planète a été violemment attaquée par l'Empire il y a quelques années et depuis plus rien. Dans leurs fichiers c'est comme s'ils étaient morts.
- On ne peut pas s'arrêter Cass, dit doucement Sor qui lisait presque dans les pensées de son amie. Pas après ce qu'il s'est passé sur Coruscant. Et tu oublies les Archives, on a une mission à remplir.
- Mais on ne peut pas juste passer à côté, dit Matylda. Il y a peut-être des gens en danger et c'est ce que vous faites n'est-ce-pas ? Vous aidez les populations victimes de l'Empire.
- Matylda a raison, confirma Navo. Il faut au moins qu'on se rapproche pour voir de quoi il retourne plus précisément.
- Bon, Sor n'avait pas l'air emballé. Mais juste un tour alors, s'il n'y a rien de concluant on repart fissa. »
Sor désactiva les capteurs du vaisseau et entra dans le système. Rapidement, ils se retrouvèrent en orbite de Caamas et purent constater que le Destroyer était très nettement stationné en position d'attaque au-dessus de la planète. Les radars de Navo ne détectaient rien d'autre que les signalements du Croiseur, comme si la planète était en sommeil. En temps normal, une planète aussi vaste que l'était Caamas aurait dû émettre des milliers de signaux différents mais celle-ci demeurait silencieuse. Sor s'approcha d'avantage, en prenant soin d'éviter les détecteurs du Croiseur jusqu'à ce que Navo l'arrête.
« Stop !, s'écria-t-elle en se levant. Je l'ai, le signal crypté provient bien de Caamas. Je ne peux pas le tracer avec précision mais je suis sûre de moi. Je pense que c'est un appel à l'aide, je détecte quelques fréquences en morse mais elles sont éparses. Ce sont les signaux de détresse habituels, mais ils sont incomplets.
- C'est normal, conclut Ivan. S'ils en mettent trop, le signal ne pourra pas rester crypté.
- Bon, soupira Sor. Je suppose qu'on peut faire une croix sur notre projet de rentrer chez nous.
- Désolé mon pote, Ivan lui tapa sur l'épaule. Mais le devoir nous appelle.
- Entre les coordonnées de Navo, Sor. Il faut qu'on se pose le plus près possible de la source du signal.
- À tes ordres boss. »
Tandis que les Sentinels s'équipaient pour une éventuelle intervention, Sélène était retournée vers le fond du vaisseau. À travers un sas, elle voyait le sol de la planète se rapprocher. À l'école, elle avait appris que Caamas était la planète la plus verte du Noyau mais sous ses yeux, il n'y avait que de la poussière. Mon dieu, qu'est-ce-qu'il s'est passé ici ?