Aujourd'hui je poste le chapitre en entier car j'ai un peu d'avance
Chapitre 9
Premier contact
Pour la dixième fois en trois jours, Méra se repassa le message laissé par Venge juste avant qu’il ne quitte Ondéron.
La Cathar ne tenait plus en place pour plusieurs raisons. En premier lieu, les rapports des éclaireurs des Forces Alliées révélaient sans ambiguïté l’imminence de l’arrivée de la flotte Sith. Elle avait déjà connu maintes batailles contre eux, mais celle-ci serait la plus meurtrière, car les Sith n’hésiteraient plus à user de leurs dernières cartes. Et les Jedi trouveraient sans doute des adversaires à leur mesure sur le lieu d’affrontement : les Prêtres. Deuxièmement, elle s’inquiétait pour son Maître.
La nouvelle de la fuite de Venge s’était répandue comme une traînée de poudre malgré l’ordre de Taveel de ne pas ébruiter l’affaire. Méra faisait désormais partie des rares personnes à encore avoir confiance en lui. Si elle ajoutait à cela que les Sith le prenaient en chasse, elle se demandait comment tout ceci pourrait tourner à leur avantage.
Un groupe de Jedi et de soldats, dont Jetrian Skyran et Kalin Notsun, étaient partis dans la Galaxie pour secourir l’Élu. Il s’agissait là de la mission officielle, mais étant donné l’atmosphère qui régnait à Iziz, elle doutait. Serait-il arrêté pour haute trahison ? Chaque faction des Forces Alliées avait tenu à participer en y envoyant ses meilleurs éléments. Qui pouvait deviner la nature des motivations de chacun ?
La seule raison pour laquelle Méra demeurait sur Ondéron est que Venge le lui avait ordonné.
La femme-chat alluma l’appareil holographique de sa chambre du palais royal. La silhouette élancée de son Maître ne tarda pas à apparaître dans un léger vacillement.
– Méra... j’espère que tu as la prudence de lire ce message seule. Il fut un temps où j’accordais ma confiance plus facilement, mais ce temps est révolu. Les enjeux sont devenus trop grands pour que je prenne le risque d’être trahi par mon entourage. Méfie-toi Méra, les plus graves dangers peuvent parfois résider dans ton dos, non en face. Sois particulièrement attentive aux agissements du Commandeur Suprême de la flotte de la République. Son revirement de dernière minute ne laisse rien présager de bon.
L’hologramme de Venge inspira un instant avant de continuer sur une note plus personnelle :
– Comme tu dois déjà le savoir, j’ai quitté Ondéron. Ce que tu ignores en revanche, c’est pourquoi je l’ai fait. Au sein de la mesa d’Iziz, j’ai découvert seul le Sanctuaire, mais ses défenses m’ont repoussé sans que je ne puisse me rendre auprès de la Carte Stellaire. J’ai pris conscience de mon incapacité à vaincre un adversaire de la trempe de Dark Proyus. Par conséquent, j’entreprends un voyage sur ma planète natale située en Bordure Extérieure. J’espère bien trouver un moyen de rattraper mon retard. La traversée sera longue et la bataille d’Ondéron sera probablement bien entamée lors de mon retour. Je compte sur toi pour repousser les Sith grâce à mon enseignement. N’oublie jamais qu’en ces temps troublés, il n’y a que la fin qui soit importante... Lorsque je reviendrai Méra, je te garantis que nous gagnerons la paix que nous recherchons. Sois forte mon amie et digne de l’instruction de Redempt. Que la Force soit avec toi...
Ragaillardie comme à chaque fois qu’elle entendait le message, Mérhétéla décida cette fois-ci de l’effacer pour ne plus douter. Une fois sa besogne accomplie, quelqu’un sonna à sa porte en la faisant sursauter.
«
Calme-toi Méra... »
- Qui est-ce ? demanda-t-elle à travers la porte.
– Vala !
– C’est bon, entre.
La Jedi pénétra dans la pièce, mais elle n’était pas la seule. Un Mandalorien vêtu d’une armure blanche la suivait de près.
– J’espère que tu ne vois pas d’inconvénient à ce que je participe à votre conversation, annonça Brandon en enlevant son casque de Mandalore.
– Pas de soucis. Tu as des nouvelles fraîches ?
– Pas vraiment... une partie de ma flotte s’est postée derrière Dxun. Elle sera prête à prendre en tenaille les Sith à tout moment. Je voulais surtout vous dire que les Mandaloriens sont là pour se battre et qu’ils ne prêtent aucune attention à la rumeur concernant Venge.
Mérhétéla soupira.
Le pragmatisme légendaire du peuple des hommes en armure avait au moins ça de positif.
– Bien que j’ai des doutes sur Venge, je ne crois pas qu’il soit capable de nous trahir. J’ai usé de tout mon savoir pour convaincre les autres factions, mais elles commencent à se questionner sur l’utilité de défendre cette planète. Maître Taveel est furieux depuis que la fuite de Venge a été ébruitée. Il soupçonne les Jedi Vengeurs d’avoir fait cela, ce qui ne favorisera pas la confiance mutuelle, annonça Vala en guettant la réaction de Méra.
– J’ai ma petite idée là-dessus. Skyran n’apprécie guère Venge et il était le premier à clamer sa trahison. Cela dit, il fait partie de la mission de secours alors il est probable qu’un de ses alliés s’en soit chargé à sa place, argumenta Méra en invitant ses amis à s’asseoir sur un canapé.
Brandon se servit un verre d’alcool et le but d’un trait sous l’œil des deux femmes.
– Aaah... pas mal cette bière d’Iziz. Si j’avais mon mot à dire, je noterais que vous vous prenez beaucoup trop la tête pour des détails insignifiants. La guerre est là et dès les premiers tirs de turbolasers, croyez-moi quand je vous dis que les Ondéroniens, les Hapiens, les Chiss oublieront vite ça. Quant à la République, elle représentera l’inconnue de cette équation.
Une alarme retentit à cet instant précédant de peu une perturbation dans la Force. Méra ne pouvait se tromper quant à son interprétation, une immense masse en provenance de l’espace venait de surgir parmi les étoiles. L’ennemi était pile à l’heure...
*****************
Maître de tous les Vengeurs et parmi l’un des précurseurs du mouvement, Baoth observait sans broncher l’armada Sith débarquer de l’hyperespace. Les secondes s’égrenaient... mais les vaisseaux continuaient à arriver par vagues successives. Les senseurs du Démocrate, le bâtiment amiral de la Troisième flotte de la République, calculaient à vitesse V les différents tonnages des navires ennemis. Autour de lui, les officiers aboyaient des ordres aux canonniers et aux artilleurs avec leur raideur toute militaire.
Il repéra diverses sortes de corvettes et frégates en grand nombre entourant les croiseurs scorpions et les cuirassés.
«
50... 51... »
En arrivant à la minute, la flotte ennemie parut enfin complète. Le vieux Maître avait participé à bien des batailles spatiales, mais jamais face à une armada aussi conséquente. Les bâtiments Sith se comptaient par centaines, bien inférieur en nombre à ceux des Forces Alliées toutefois. La puissance de cette armada redoutable ne se mesurait pas par ce genre de considération. Des frégates aux cuirassés, tous bénéficiaient de ce que Twick avait découvert : la Technoforce... Produite par des milliers d’esclaves sensibles à la Force et asservis par le Côté Obscur, elle représentait le lien entre la technologie et l’entité mystique et augmentait au-delà du concevable les capacités offensives et défensives des vaisseaux Sith.
Maître Baoth avait observé ses effets durant ces années de guerre, mais il n’en avait jamais compris la provenance jusqu’à maintenant. Twick, le compagnon de Venge et ses amis, avait mis sa vie en jeu pour découvrir la vérité sur l’avancée technologique des Sith. Un soutien qui lui faisait cruellement défaut depuis que le Rodien se trouvait dans le coma. D’après les guérisseurs de l’Ordre Jedi, il se réveillerait bientôt grâce à leurs soins.
– Les senseurs ont repéré un vaisseau de forme ovoïde sensiblement plus grand que leurs cuirassés, annonça l’Amiral Shake.
Ce bâtiment atypique n’avait pas échappé au vieil homme non plus.
– Je ressens une force noire s’en dégager comme le feraient des vapeurs putrides d’un marécage, murmura-t-il avec dégoût.
Regroupée à l’endroit de sa sortie d’hyperespace, la flotte ennemie restait immobile pour l’instant. Baoth sentait l’odeur suave de la transpiration des hommes présents sur la passerelle tandis qu’ils attendaient un quelconque signe pour passer à l’action.
- Nous recevons une transmission audio de la part des Sith ! annonça l’officier des communications. Elle est émise sur toutes les fréquences !
– Mettez-là sur haut-parleur, répondit l’Amiral Shake, mains jointes au bas du dos.
– Bien Amiral !
«
Évidemment... » Songea Baoth.
Les Sith procédaient de la même manière depuis le début de la guerre et il n’y avait aucune raison qu’ils changent de tactique d’intimidation. En règle générale, Baoth s’était habitué à entendre la voix des Commandants Ixtab ou Tlaloc, mais celle-ci lui fut inconnue.
– Forces Alliées, votre résistance face à l’Empire Sith se révèle plus admirable que je l’ai pensé. Même après avoir vu nos capacités, vous n’avez jamais cessé de nous combattre avec détermination et courage. Je loue ces qualités et c’est pourquoi je vous donne une chance de vous rendre. Que le Commandant de votre flotte convienne d’une réponse immédiatement.
Le vieil humain à la longue barbe blanche remarqua que le mystérieux Sith avait omis de se présenter. Était-ce volontaire ? De toute façon, Baoth allait mener la bataille spatiale et toutes les factions avaient approuvé ce choix.
– Enseigne Vamyer, ouvrez un canal en direction du vaisseau émetteur, dit-il.
Le soldat s’exécuta sans broncher.
– Je suis le Maître Vengeur Baoth, Commandant de la flotte des Forces Alliées. Vos exigences nécessitent quelques instants de réflexion. Je vous demande dix minutes... déclara le Jedi en songeant avant tout à gagner du temps.
– Voilà donc le nom de l’épine qui dirige les Vengeurs face à mes troupes. Vous avez cinq minutes pour m’annoncer votre reddition complète... répliqua la voix chargée de menaces.
***************
Sous le commandement du Général Spoliakov, un Bothan, Dxun représentait un bastion défensif crucial pour faire face aux Sith. La lune remplie de jungles avait été bardée de DCA et de hangars à chasseurs en seulement quelques semaines. Nul doute que les Sith tenteraient de s’en emparer avant de se tourner vers Ondéron.
Venant d’atterrir en navette sur la base principale, Mérhétéla jouissait du grade de Colonel au sein de l’armée des Forces Alliées. Son rôle consistait à diriger les troupes de Jedi Vengeurs qui, elles-mêmes, commanderaient différentes escouades de soldats. Évidemment, les Mandaloriens et les Chiss avaient refusé ces conditions, préférant se battre dans leur côté, du moins localement. Quant aux Hapiens, leur inexpérience aux batailles terrestres à grandes échelles ne leur avait guère donné le choix. En tant que descendants de pirates, leurs forces se situaient en grande partie dans la qualité de leurs vaisseaux.
Vêtue d’une armure légère d’une teinte pourpre par-dessus sa bure de Vengeur, Méra débarqua dans le hangar de fortune.
Les pilotes stellaires préparaient leurs matériels avec l’aide de droïdes manutentionnaires. Il y avait là une grande partie de chasseurs aureks de la République, mais Méra repéra quelques rangées d’intercepteurs ondéroniens légèrement plus imposants.
Un Sergent l’accueillit à son arrivée et s’empressa de la conduire sur le lieu de rassemblement. Elle ne tarda pas à voir le Général Spoliakov, perché sur un aérochar, qui venait apparemment de terminer son discours. Une soixantaine de Mandaloriens rejoignaient leur poste, certains se dirigeaient vers des quadripodes à tête cubique. Jadis, Méra avait affronté ces monstres d’acier nommés Basilisks et elle était désormais plus que ravie de les compter à ses côtés.
Une autre étrange machine attira son attention.
Appartenant aux Chiss, une sphère volante d’environ trois mètres de diamètres lévitait à quelques centimètres du sol. Méra avait brièvement étudié les plans d’une Orulusk comme tous les officiers des Forces Alliées, mais ne s’était jamais retrouvée en face. Représentant un avantage tactique inestimable, elle produisait un bouclier infranchissable pour tout projectile extérieur alors que les soldats situés dans son champ d’action pouvaient tirer à foison.
Elle se rendit auprès de l’aérochar de Spoliakov. Baissant les yeux vers elles, le Bothan la toisa d’un regard sévère.
– Vous voilà enfin, Colonel ! Notre flotte négocie en ce moment avec les envahisseurs, mais cela ne durera pas. Vos Jedi Vengeurs sont-ils prêts à défendre cette base ?
– Ils le sont depuis longtemps... Qui se charge de la protection des autres camps, Général ? demanda-t-elle.
Le Bothan fronça légèrement les sourcils.
– Il a été décidé de laisser la base Alpha au Général Vaslek, un Chiss, et la Bêta est aux ordres de Lammiu, la Commandante des forces terrestres d’Ondéron.
La Cathar acquiesça en silence.
– Vous êtes un bon élément, Vengeur Mérhétéla. Vous avez participé à diverses batailles aux côtés du Général Zod et du Commandant Mayn. Sur Nubia entre autres si je ne m’abuse ? ajouta Spoliakov d’une voix puissante.
– En effet, mais à l’époque nous combattions les Mandaloriens et nous savions à quoi nous attendre...
Jetant un coup d’œil vers le ciel, la Jedi continua :
– … Qui peut soupçonner ce que les Sith préparent.
*****************
À la seconde même où le délai accordé par le Sith inconnu prit fin, le Démocrate reçut une communication entrante, audiovisuelle cette fois-ci. Une silhouette encapuchonnée apparut au-dessus de l’appareil holographique, juste en face de Baoth.
Le regard fier, le Jedi n’avait pas peur de son ennemi et comptait bien le lui montrer.
– Alors vieil homme, quelle est ta réponse ? siffla le Sith dont le visage n’était pas visible.
– Nous nous battrons jusqu’au bout afin de vous empêcher de découvrir la localisation de l’Arme Ultime. Même vous, vous aurez du mal face à la puissance combinée de toutes les Forces Alliées. Vous et votre empire tyrannique n’irez pas plus loin ! déclara Maître Baoth d’une voix sereine, mais ferme.
La silhouette eut un ricanement aigu qui lui fit froid dans le dos.
– Inconscients ! Vous osez défier l’Empereur des Sith ? Rien de ce que vous pourrez faire ne changera mes plans ! Cependant, je vais me montrer magnanime en exauçant ton vœu. Battez-vous de toutes vos forces, puis périssez !
La communication cessa dans un silence assourdissant. Baoth se doutait bien que ce mystérieux interlocuteur pouvait être l’Empereur lui-même, mais en avoir la confirmation ne faisait que renforcer sa détermination. Il se retourna vers l’Amiral Shake.
– Les négociations sont terminées. Faites ce que vous avez faire.
– De toute évidence... Vamyer, informez les Forces Alliées du début de la bataille ! Artilleur Williams, faites chauffer les turbolasers !
Baoth n’avait aucune instruction à donner. Les Jedi Vengeurs et de l’Ordre présents dans les vaisseaux de la flotte connaissaient tout de la tactique prévue. Fermant les yeux, le vénérable Humain enfonça son esprit au sein de la Force et quitta son enveloppe charnelle. L’entité tourbillonnait au cœur des deux armadas tandis que des centaines de Jedi mettaient en œuvre leur méditation de combat. De l’autre côté, des milliers d’abominations usaient du Côté Obscur pour créer de la Technoforce. De sa longue vie, le Jedi n’avait encore jamais vu des êtres vivants influencer la Force à ce point. Le nombre d’utilisateurs y était pour quelque chose. Que se passerait-il lorsque les deux flottes entreraient en contact en même temps que les deux maelströms ?
Même si Baoth n’en avait aucune idée, il ne pouvait rien faire pour empêcher cela. Il revint à la réalité matérielle alors que les canons Sith commençaient à s’illuminer.
– La Troisième et l’escadre hapienne sont coordonnées. Elles se dirigent vers la première vague Sith et vont ouvrir le feu dans quelques instants.
Soupirant intérieurement, Baoth songea que les deux tourbillons n’entreraient pas de suite en contact dans toute leur puissance si seulement une partie des forces en présence s’affrontaient.
«
Pour le moment... »
Plusieurs Dragons Hapiens doublèrent le Démocrate de leur forme élancée. Légèrement plus grands que les croiseurs Hammerhead, ils représentaient le gros des forces navales des anciens pirates de l’espace. Les puissants Destroyers Centurion de la République ne tardèrent pas à les suivre en compagnie de nombreuses corvettes. Sortant des hangars comme un essaim d’abeilles, les chasseurs fusaient déjà en direction des escadrilles ennemies lorsque les échanges de salves débutèrent.
Véritables fossoyeurs de l’espace lors de cette guerre, trois Destroyers Sith activèrent leur canon principal et annihilèrent plusieurs croiseurs et Dragons. Baoth vit un tir continuer sa route jusqu’à rencontrer les boucliers d’un Centurion, les endommageant gravement. Même si son cœur se serrait en sentant la disparition de plusieurs centaines de vies, il avait l’habitude de voir des vaisseaux s’effacer aussi facilement dans de brèves explosions colorées.
Conformément aux ordres, les offensives des Forces Alliées ne visaient que les cibles esseulées et concentraient leur puissance de feu dessus. Il s’agissait de l’unique tactique valable permettant de détruire un bâtiment bénéficiant de la Technoforce.
L’Amiral Shake, les yeux rivés sur le champ de bataille virtuel, surveillait les manœuvres Sith. Leur premier objectif serait certainement de prendre d’assaut Dxun afin de s’emparer d’une base militaire stratégique chargée entre autres de ravitailler la flotte. L’armada ennemie en retrait ne montrait pour l’instant aucun signe d’hostilité vers le satellite.
**************
Confortablement installé dans un lit, Twick reprit conscience en ayant l’impression de sortir d’un mauvais rêve.
Ses souvenirs les plus récents demeuraient assez flous. Seules quelques bribes de la mission sur Korriban lui revenaient en tête.
«
Oui, c’est vrai... j’ai découvert l’origine du pouvoir des Sith... la Technoforce... »
Le Rodien releva doucement son buste en clignant ses énormes yeux globuleux et jeta un regard autour de lui.
Hormis de nombreuses couchettes vides et du matériel médical à son chevet, il repéra un alien cornu, probablement un Ikotchi. Celui-ci dut sentir son regard puisqu’il se retourna avec une expression de ravissement sur le visage.
– Aaaah... mon patient préféré de ces derniers jours daigne enfin à se réveiller. Je n’attendais plus cet événement même si je l’avais prédit à quelques heures près.
Masto Zele s’approcha de lui.
– Padawan Twick, comment vous sentez-vous ? Nausées ? Maux de tête ? Embrumement de l’esprit ? Dites-moi tout...
– Qui êtes-vous et où suis-je ? Que s’est-il passé ? demanda le Rodien, désorienté.
– Votre psyché fonctionne bien de toute évidence. Je suis Maître Zele, chef des guérisseurs de l’Ordre Jedi et vous vous trouvez actuellement dans une infirmerie sur Ondéron. Quant à ce qui vous est arrivé, votre Maître sera plus à même que moi de vous le conter, annonça le vieil Ikotchi d’une voix enjouée.
Suivant son regard, Twick eut un sursaut de joie en découvrant le visage soulagé de Vala à l’entrée de la tente.
– Tu as pris ton temps pour revenir dans le monde des vivants, dit-elle. Je t’ai cru perdu lorsque tu t’es sacrifié pour nous sauver de la fureur de Dark Proyus.
– Alors j’ai réussi à me servir de la Technoforce... réalisa Twick, hébété.
L’expression de Vala devint soudainement plus grave.
– Désolée de te mettre la pression dès le réveil, mais beaucoup de choses se sont passées depuis ton absence. Les Sith attaquent Ondéron et il est absolument vital que tu nous aides à comprendre la Technoforce. C’est notre seule chance si nous voulons repousser leur armada.
– Même si vous appréhendez le principe, vous ne pourrez pas... commença le Rodien avant de s’interrompre.
Deux personnes se trouvaient juste derrière Vala. De sexe masculin, le premier représentait l’archétype même d’une armoire glace avec des muscles volumineux et une taille approchant les deux mètres. L’autre était une jeune femme aussi fine que Vala, mais plus petite.
– Qui êtes-vous ? demanda la Jedi en faisant volte-face.
L’étrangère répondit d’une voix professionnelle.
– Les agents Stallys et Deadwalker, des Services de Renseignements de la République. Nous sommes mandatés par les plus hautes instances afin d’organiser le transfert du Rodien Twick.
– Euh... c’est une plaisanterie ? s’étonna Vala, décontenancée.
– Malheureusement non... j’ai les papiers ici même, continua l’agent Deadwalker en ajoutant cette fois-ci un sourire satisfait.
Reprenant ses esprits, la jeune Jedi fit marcher son cerveau.
– Peu importe vos fichus papiers, Twick est un élément essentiel si nous voulons gagner cette bataille. Vos dirigeants ont aussi donné leur accord que je sache ?
– Vous ne comprenez pas, Vala Loosu la Négociatrice. Votre avis ne nous intéresse guère et nous sommes dans notre droit. Dois-je vous rappeler que les Jedi Vengeurs ont été placés sous le contrôle de la République depuis qu’ils ont décidé d’intégrer notre armée ? Vous opposez à nous serait considéré comme un acte de trahison. Désirez-vous prendre ce risque au vu du contexte actuel ?
Twick ne comprenait rien à la situation. Pour quelle raison des personnes importantes s’intéresseraient-elles à lui si brusquement ? La réponse lui vint naturellement...
– Vous voulez m’utiliser pour que je vous délivre ma connaissance sur la Technoforce ? Je le ferai, mais ici, avec mes amis, et certainement pas loin de tout.
– Bon Stallys, emporte le Rodien avec toi. Cette Jedi ne fera rien pour nous empêcher, n’est-ce pas ? lança Deadwalker, une expression narquoise se dessinant sur sa face.
Serrant les dents, Vala ne répondit pas et laissa passer l’agent Stallys devant elle. Twick, lui, se demandait ce qu’elle avait en tête. Jamais il ne l’avait vu aussi pâle qu’en cet instant.
– Foi de Rodien, je ne vous révèlerai jamais rien !
– Un instant... il semblerait que vous oubliiez ce bon vieux Masto Zele, agents, intervint l’Ikotchi en se plaçant devant Twick, bras croisés.
Dépassant le guérisseur d’une tête, Stallys le prévint d’une voix monocorde :
– Si vous vous opposez à la réalisation de notre mission, nous emploierons la force.
– J’en ai vu des choses étranges au cours de mes pérégrinations dans la Galaxie et toi et ton binôme me rappelez l’une d’entre elles. Sur Tatooine, un ami Jedi m’a mis sur la piste d’une sorte de secte dont les membres seraient entièrement coupés de la Force. Je n’ai réussi à débusquer qu’un zélote, lequel m’a donné un certain fil à retordre. Sans mes connaissances médicales, je n’aurais plus fait qu’un avec la Force.
Twick tenta de sonder ces mystérieux agents, mais il n’avait jamais été à l’aise dans cet exercice. Troublé, le Rodien crut deviner la raison du comportement de Vala et les explications de Maître Zele.
Il ne ressentait pas leur présence, car il n’y avait rien. À la place, une ombre noire indistincte semblable au néant trônait, décontenançant le Padawan.
– Vala, je ne comprends pas... ils sont comme absents de la Force. Serait-ce mes sens qui me tromperaient ?
– Non, tu as raison, répliqua Vala en posant sa main sur le manche de son sabre. Nous sommes incapables de ressentir leurs émotions ou leurs intentions. À quel jeu joue la République ?
Masto Zele activa une double-lame à la teinte bleutée et la présenta entre l’agent Stallys et Twick.
– Tant que ce patient est à l’infirmerie, je le considère sous ma responsabilité et il n’est pas question que vous l’emmeniez contre son grès.
Le visage figé comme un automate, Stallys esquissa un geste vers sa ceinture.
– Arrête ! Nous partons... je ne tiens pas à me mettre l’Ordre Jedi à dos. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est que partie remise, signala froidement Deadwalker.
Les deux agents secrets quittèrent la tente, mais lorsque Vala voulut les suivre, il n’y avait plus aucune trace d’eux. Dehors, seul un régiment de soldats chiss en train de préparer leurs disrupteurs s’activait. Pendant ce temps, Twick commença à se vêtir, conscient du rôle primordial qu’il aurait à jouer dans les prochaines heures. La bataille d’Ondéron venait de débuter et il n’avait pas de temps à perdre. L’existence de créatures absentes de la Force le terrifiait toutefois. Pire encore, la présence des deux agents n’était due qu’à la sienne. Que pouvaient donc manigancer les hautes instances de la République à un moment aussi crucial ? Ne voulait-elle pas que Twick aide les Forces Alliées à vaincre la menace Sith ? Le silence de Zele était tout aussi éloquent que son histoire. Lui aussi réfléchissait probablement aux implications de cette manœuvre.
*********